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lieux communs (et autres fadaises)
2 janvier 2020

mouette

208
THE LIGHTHOUSE
de Robert Eggers

Celui-là, soyons franc, j'appréhendais un peu... d'une part à cause de ce que les critiques annonçaient, et d'autre part parce que je n'avais pas vraiment aimé son premier film THE VVITCH -chroniqué ici- (malgré une critique unaniment laudative), et que j'avais donc un peu peur de renouveler l'expérience...
Dominique m'y a gentiment accompagné...
Et alors ? Le film est halluciné, et Robert Pattinson hallucinant (mais le contraire est aussi vrai) -Willem Dafoe, on a plus l'habitude, ça ne fait pas le même effet...- Mais Robert P., waouh!!! J'aime de plus en plus le gaillard (et l'audace de ses choix cinématographiques : High Life, Good Time, Maps to the stars...). Filmé, en plus ici , par le réalisateur (je n'ai pas eu la berlue) comme un objet de désir, et, en même temps, parfaitement méconnaissable.
Le film est "vendu" comme un film d'"épouvante-horreur" (dixit allocinoche), un peu abusivement je trouve (les gens qui y vont pour du "bouh! fais moi peur" risquent d'être déçus), mais j'aurais du mal à définir exactement de quel genre le film relève, (film excessif ? film barré ? film cintré ?) mais c'est en tout cas vraiment efficace dans le foutage de jetons. Plastiquement, déjà, c'est grandiose : c'est en noir et blanc, dans un format presque carré (j'appréhende déjà que le bôô cinéma ne dispose pas de l'objectif adéquat, comme ça s'est déjà vu par le passé...), avec une bande-son surpuissante, et un récit... "tourmenté" dirons-nous, qui grimpe en spirale comme l'escalier dans le phare où se situe le plus gros de l'action, et des vraies rabasses de tempête furibardes (ce sont les rabasses qui sont furibardes) qui viennent assez régulièrement éclabousser le scénario et le secouer furieusement, avant, météo marine oblige, la prochaine accalmie, qui permet de reprendre son souffle mais ne sert qu'à nous faire appréhender le déchaînement suivant.
C'est très impressionnant (beaucoup plus que ne l'était -ou ne prétendait l'être- THE VVITCH). On ne comprend jamais vraiment tout à fait ce qui se passe, ce qui se dit, on n'est jamais sûr de rien, comme si le socle de la narration était instable, mouvant... Deux mecs dans un phare, à la fin du XIXème siècle, un vieux (Dafoe), habitué des lieux, qui éructe et qui pète, et un petit nouveau (Pattinson) qui vient juste de débarquer, et n'en finit pas d'astiquer (de s'astiquer aussi), et tous deux sont censés passer quatre semaines ensemble avant la prochaine relève. L'ancien prend le jeunot pour son larbin, et, surtout, lui interdit l'accès à la lumière, le tout dernier étage du phare, auquel il a décidé qu'il était le seul à pouvoir accéder, ce qui rend le jeune homme fou de rage. mais pas que ça. Ni que pour ça.
La mer est omniprésente, tout comme les références au monde marin, à ses légendes, à ses abysses, à ses créatures, ses divinités, et tout ça se mêle en un furieux maelström dont le fameux phare constituerait l'oeil du cyclone... Comme dans la série des Contes et Légendes... que je lisais quand j'étais plus jeune.
Mythes, mytho, mythologie... Autant dire qu'il va y avoir, sérieux, du tangage et du roulis... De la violence et de la folie. Furieuse. Comme l'a dit Dominique en sortant : "Heureusement que c'était en noir et blanc..." tellement certaines giclures ou éclaboussures auraient été beaucoup plus saisissantes (effrayantes) en couleurs, c'est vrai.
La narration aurait quelque chose à voir avec la tempête (ou, du moins, la météo marine) avec des pics d'une violence (d'une intensité) éprouvante(s), et on a parfois la sensation d'être à l'intérieur de tambour de machine à laver en position "essorage furieux" tellement ça part dans tous les sens, et le récit et le cadrage et la bande-son, et puis le calme revient, on reprend un peu pied , on avance prudemment, jusqu'au coup de grisou suivant.
Le réalisateur fait ça très bien, et on en redemande encore de son train-fantôme maritime, surtout quand c'est Robertchounet Pattinson qui conduit...
Et c'est un film qui, forcément, bous donnera envie de discuter à la sortie, au moins pour confronter ce que vous aurez pensé en avoir compris (et qui n'est pas forcément, du tout même, ce que votre voisin(e) aura pensé... Tout est possible, oui.

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"Le noir et blanc est à la fois charbonneux et éblouissant, l’image, au format carré, rappelle l’expressionnisme muet, ça suinte la crasse, la sueur et les pulsions libidinales. « Quand deux hommes, résume le réalisateur, sont laissés seuls dans un phallus géant, cela n’augure rien de bon. »" (nouvelobs.com)

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