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lieux communs (et autres fadaises)
18 janvier 2020

take a chance on me

004
ET PUIS NOUS DANSERONS
de Levan Akin

C'est Zabetta qui l'avait proposé parce que (entregent oblige) elle l'avait déjà vu et beaucoup aimé, elle avait l'air de beaucoup y tenir, et, finalement, grâce au festival Téléramuche (un film que nous avions programmé et qui s'est avéré y avoir été choisi et a donc été déprogrammer pour laisser la place à un autre), il a réussi à intégrer in extremis notre programmation.
Quel bonheur!
Zabetta me connaît bien, et elle s'est bien doutée que, comme je le lui ai écrit par sms à la sortie de la salle, "c'est le genre de film qui ne pouvait que me tournebouler..." Un film géorgien, déjà, pas si fréquent (et ceux que j'ai déjà vus m'ont en général beaucoup plu), situé dans le milieu de "danse géorgienne" (une discipline virilissime), une des grandes spécialités du pays, avec les chants géorgiens, sans oublier l'ultime spécificité locale (mais c'est le cas pour beaucoup d'autres pays) : figurez-vous que l'homosexualité n'y existe tout simplement pas. Si tu nais géorgien tu nais forcément hétéro et viril. Rendez-vous compte, un pays peuplé d'hommes, des vrais... Trop beau pour l'être, justement, vrai.
Merab est un jeune danseur qui répète d'arrache-pied alors que le maître de ballet semble s'acharner sur lui et lui répéter qu'il est trop ceci, pas assez cela, bref le fait tourner en bourrique. Alors que lui semble prêt à tout donner (tout accepter) pour réussir. On comprend que 1) c'est lui notre héros et 2) qu'il peut être étiqueté "jeune homme sensible" (j'adore cette expression), même s'il a une "copine officielle" et qu'il fait tout pour s'intégrer ressembler aux autres co-religionnaires. Il est, de plus, doté d'un frangin, danseur lui aussi, mais qui passe ses nuits à boire (et, on le suppose, à forniquer) et rentre tous les matins avec la gueule de bois, juste avant de repartir pour les répétitions. un homme, un vrai, quoi.
Les deux frangins s'asticotent mais se soutiennent. QUAND SOUDAIN (je mets en majuscule parce qu'il faut que ça sonne, que ça tonne) tadam! arrive dans la troupe Irakli, un nouveau danseur ("un vrai"), duquel Merab, notre héros (tadam!) va tomber amoureux. Commence alors (pour moi) la partie la plus délicieuse du film : oh l'amour! (J'ai toujours conservé, vous avez dû vous en rendre compte si vous me lisez, ce genre de candeur adolescente dans ma conception des rapports amoureux, le style crapaud amoureux d'une étoile, vous voyez bien, non...)
C'est merveilleux de voir ce qui se noue entre ces deux jeunes gens, comme ça progresse à petits pas, tranquillou, vers la cristallisation du rêve, le climax, amour courtois et chevaleresque (d'abord un délicieux baiser, cachés tous les deux derrière une grosse pierre), puis on passe à la suite (plus "virile") une étreinte fiévreuse (et très interdite, puisqu'elle n'existe pas officiellement...) toujours derrière la même grosse pierre.
Bon ils se sont rencontrés, ils se sont reconnus, ils ont concrétisé, et donc comment va-ce se continuer ? J'ai pensé à Maurice, de James ivory, qui m'avait, en son temps (74? 75 ?) tout autant tourneboulé, par la similitude des thèmes, une histoire d'amour naissante entre deux garçons, les carcans et les interdits - victoriens ou géorgiens c'est kif-kif, mais peut-être bien encore pire qd c'est géorgien -il y avait dans la salle une jeune fille géorgienne, justement, qui m'a expliqué que le film, lors de sa projection là-bas, avait créé un énorme scandale, à cause de sa remise en cause des standards de virilisme locaux, et que les spectateurs avaient tout cassé pour exprimer leur désaccord... Aïe!-).
Merab aime Irakli (et visiblement c'est réciproque) mais les choses ne sont pas si simples (et c'est là que se confirme(nt) le parallèle avec Maurice, et toutes les craintes que je nourrissais sur la suite de cette relation). D'autant plus qu'il est question d'une audition pour une place dans le Ballet National où tout les prétendants se retrouvent au coude à coude (au corps à corps -de ballet bien sûr!-), mais, qui, étrangement passe au second plan vu la tournure que prennent les choses...
Merab va sortir grandi de cette histoire, (littéralement) il va passer du statut de vieux gamin à ce celui de jeune adulte, de la désillusion à l'affirmation de soi. Les scènes de la fin sont toutes plus fortes et plus réussies les une que les autres (avec le maître de ballet, avec la "copine" avec le frère -là j'ai carrément pleuré-) et il semblerait envisageable que nous repassions le film à l'occasion de notre semaine LGBT à venir...
Un film touchant, à la fois viril et tendre, documentaire et romancé, fort et doux (non ce n'est pas incompatible), doudou mais pas mièvre (pas de ça en Géorgie, eh oh, de la mèvrerierie, et puis quoi encore?) bref à hyper recommander...

3443611

l'affiche

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le réalisateur...
(ce monsieur est -clic clic- très MIMI, non ?)

Commentaires
C
Mais bien sur que tu as bien fait! Et ce n'était pas du tout "lourdement"... Moi aussi j'ai tendance à faire pareil quand j'ai TRES envie de voir un film!
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Z
Je pensais que ce film n'était même pas sorti en Georgie... je l'ai revu et toujours autant aimé !!! Je suis donc pardonnée d'avoir insisté aussi LOURDEMENT pour qu'il fasse partie de la programmation ???
Répondre
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