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lieux communs (et autres fadaises)
24 janvier 2020

à la faux

005
UNE VIE CACHEE
de Terrence Malick

Le dernier film de Terrence Malick est absolument magnifique. 
Le dernier film de Terrence Malick est parfaitement exaspérant.
J'ai arrêté de voir ses films après la semi-déception de The tree of Life, et le fait que je sois tombé, en zappant, sur un extrait de Voyage of time, avec des dinosaures en images de synthèse (ou assimilés) qui nagent, accompagnés par une voix féminine sententieuse et furieusement mystico-new-age, ne m'a pas franchement rassuré (je me souviens avoir pensé "Oh lala ce coup-ci on l'a définitivement perdu, Terrencechounet...").
Mais bon, celui-là était programmé pour deux séances dans le bôô cinéma, et je me suis dit "allons-y!". Première surprise, dans la salle 3 (une des plus petites, bien sûr) nous étions au moins une quarantaine... Deuxième surprise : on enchaîne le début du film (des images de propagande sur la montée au pouvoir d'Hitler) après la bande-annonce d'un film nommé Jojo Rabbit, l'histoire d'un gamin qui s'est choisi comme ami imaginaire le même Adolf H... l'effet marabout-de-ficelle est surprenant.
Ces images sont en format carré, occupant un petit espace au centre de l'écran, qui va bientôt s'agrandir et s'agrandir encore jusqu'au bout jusqu'au bout (je reconnais là l'aspect beyond the limits du réalisateur - ou, comme dirait Buzz l'Eclair de Toy Story "Vers l'infini et au-delà!", ça marche aussi-) pour narrer en archi-grand format, l'histoire (vraie) de Franz Jägerstätter, un paysan autrichien qui refusa de prêter allégeance à ce même Adolf, et fut pour cela guillottiné (d'après une histoire vraie, d'un personnage qui force l'admiration, et auquel on ne peut qu'avoir envie de s'identifier).
Malick filme ça avec un grand-angle (voire un très grand-angle), qui a juste l'inconvénient de déformer l'image plus on s'approche des choses (ou des gens) que l'on filme, ce qui est sans doute pratique pour filmer les paysages, mais provoque une première gêne (avec régulièrement des effets sur les visages des comédiens dont les déformations prêteraient quasiment à sourire, ce qui n'est visiblement pas du tout le but avoué du film) doublée, quand ça va vite, d'un léger mal au coeur (comme sur les manèges quand on était petit). Je veux desceeeeeendre!.
Ensuite, on réalise vite, autre gêne aux entournures,  que ce paysan -autrichien-, sa femme, ses filles, sa mère, sa belle-soeur, tout ce monde parle anglais... sauf que, ach! pas tout le monde, justement : les soldats allemands parlent allemand (ou plutôt ils le vocifèrent), -et sans sous-titres, tout comme les villageois, lorsqu'ils deviennent hostiles à notre héros quand ils apprennent qu'il n'a pas voulu jurer fidélité à AH. Oui, ça m'a plutôt dérangé, qu'ensuite, à part les soldats, tout le monde parle anglais (selon l'équation "parle en anglais = gentil"), et on est même étonné que le juge au tribunal (Bruno Ganz, tout de même) quand il s'entretient avec notre héros lors d'une suspension de séance qu'il a demandée, le fasse dans la langue de Shakespeare plutôt que celle de Goëthe,(on se dit alors "gentil ?") mais la scène suivante, il le condamne tout de même à mort (après avoir -en privé- un peu hésité il est vrai auparavant).
Après une première partie bucoliquissime (Malick a le sens du paysage qui fait mouche et de la musique qui va bien avec), qui m'a, et c'est plutôt bon signe, fait penser au très aimé Heimat (l'histoire via le petit peuple, les saisons et les travaux des champs), très lyrique, très verte, la deuxième sera beaucoup moins... guillerette, avec d'un côté, dedans, le mari transbahuté de prison en prison (de pire en pire, à la manière de ce film sud-américain, comment s'appelait-il déjà ? ah oui, Compañeros) et, dehors, la vaillante épouse qui multiplie les démarches auprès des autorités pour réussir à le voir.
Et ça ne va pas aller en s'arrangeant... La routine carcérale suit son cours, l'avocat ne cesse de jouer les Méphistos en tendant son papier et en répétant "Signez, et vous serez libéré!" , les gardiens sont infects, les soldats idem, mais tout ça est bien insistant et répétitif (heureusement, on a la surprise (le plaisir) de voir passer Matthias Schoenaerts en officier -me semble-t-il- et, plus tard,  le très plaisant Franz Rogowski (merci allocinoche) en prisonnier, sans oublier, j'en ai déjà parlé plus haut le très aimé Bruno Ganz (dont ce fut je pense le dernier tournage) en juge...)
Bon ne m'empêchera pas de trouver tout cela grandiloquent et par moments presque pompeux (boursouflé) mais je sais que certains adorent et en ont fait quasiment leur film de l'année (nous somme tous, différents, hein, c'est ça qui est bien...)
(Mais, bon sang, Terrence, si tu nous lâchais un peu avec dieu, hein ?).

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