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lieux communs (et autres fadaises)
24 février 2020

vive le vent vive le vent...

048
ECHO
de Rúnar Rúnarsson

J'aime beaucoup le cinéma islandais. Et je ne suis pas surpris d'aimer aussi beaucoup ce film, même s'il obéit à une logique différente de la plupart des autres. On part d'un carwash pour finir sur le pont d'un bateau en haute mer. Entre les deux (il s'agit à chaque fois d'un plan fixe, la caméra est posée et enregistre la scène qui se déroule) on aura presque une soixantaine d'autres plans-séquences, chacun racontant une petite histoire - sa petite histoire-, sans rapport avec celle qui précède ni celle qui suit, à part le lieu (l'Islande), l'époque (le "temps des fêtes", de Noël au Nouvel An grosso-modo), et une vague chronologie qui relie entre eux les micro-événements de cette saga nordique.
Le film est court (1h19) et on aurait adoré qu'il continue encore, tant ce coq-à-l'âne est plaisant. Il est sorti (quelle drôle d'idée du distributeur, qui s'appelle, justement, Jour2Fête !) le 1er janvier, a donc été peu -et mal- chroniqué, le plus souvent même "expédié" en quelques lignes, entre le boudin blanc et les huîtres (la palme de l'acidité gastrique, de la mauvaise foi,  et du n'importe quoi "juste pour le plaisir de dézinguer" à une "journaliste" des Zinrocks, qui aurait mérité qu'on fasse le déplacement pour aller la gifler).
J'ai d'autant plus adoré ces presque soixante historiettes que j'honnis ce, justement, fameux "temps des fêtes", et que le réalisateur nous en offre autant d'éclats (de miroir), qui nous renvoient chacun, à sa manière, à notre triste et humaine condition. La structure (et la situation géographique) font évidemment penser à Roy Andersson (de la Suède à la Norvège il n'y a qu'un pas) et à son Nous les vivants (que j'avais, déjà, adoré en son temps), à la seule (petite) différence qu'ici, chez Rúnarsson, on joue plutôt sur le flottement entre réalité et fiction, entre documentaire et scénario (alors que chez Andersson tout relevait clairement de la scénarisation). Et que c'est la plupart du temps beaucoup moins caustique (cynique) a priori. Si méchanceté il y a, c'est davantage celle des personnages entre eux que celle du réalisateur envers ses personnages, qu'on sent même parfois -souvent ?- empreint  d'une certaine bienveillance -ou objectivité ?- à leur égard.
C'est un peu le principe, aussi des Microfictions de Régis Jauffret, mais, encore une fois, en beaucoup beaucoup moins méchant. Cinquante et quelques histoires qu'on saisit, comme ça, au vol, certaines dont on ne fait qu'une bouchée, d'autres qu'on savoure plus longuement. Des plans magnifiques, aussi, certains "typiquemen" islandais et d'autres plus anonymes... Mais tout ça fait du bien à l'oeil, indiscutablement.
Encore, donc, une excellente nouvelle de là-bas...

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