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lieux communs (et autres fadaises)
21 mai 2020

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l'esprit des murs 1 :

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"LE CULTE ENTRE DEUX CHAISES Hier, le Conseil d’Etat a enfin demandé au gouvernement de lever l’interdiction «générale et absolue» de réunion dans les lieux de culte. Fantastique aubaine! Dans huit jours à peine, les concerts pourront reprendre! Le concert en église est largement pratiqué aux Etats-Unis, pas de raison qu’on échoue à l’imposer en France. Certains lieux ont d’ailleurs déjà pris leur part du défrichage, telle l’église Saint-Merry dans le IVe arrondissement de Paris accueillant ces dernières années des artistes aussi peu commodes que Michael Gira, le leader des Swans, ou le terroriste noise japonais Merzbow. Pourquoi ça ne fonctionnerait donc pas ailleurs! Enfin la rentrée pour les artistes, musiciens, intermittents! Au boulot! Pour le cinéma, rien de plus simple: on tend un écran le long du transept, on pousse les breloques de l’autel pour éviter qu’elles fassent de l’ombre et voilà, on relance le festival de Cannes avec montée des marches sur le parvis – pour rester dans l’ambiance, on demandera aux photographes de jeter du riz! Allez quoi, les célébrités, c’est le monde d’après, un peu de détente, on vous a vus en survêt', ça va, fini les chichis! Bon, pour les films de plus de trois heures, vous négocierez seuls avec votre derrière, on ne va pas enlever les bancs, ça reste un lieu sacré. 

D’ailleurs, niveau sport collectif, on ne pourra rien faire, il faudra attendre encore un peu. Hors de question qu’on pousse le mobilier pour un foot en salle. En revanche, une reprise du 100 mètres et du saut en longueur n’est pas à exclure dans l’allée centrale: la question mérite d’être étudiée. Les promeneurs et les touristes seront évidemment toujours les bienvenus. Pensons aussi à accueillir les étudiants, ils ont quelques cours magistraux à rattraper. Et, en fin de soirée, demandons au Christ d’être un peu moins Lumière, tamisons un peu tout ça et servons à boire! On vous promet qu’au bout de deux jours, vous ne penserez plus aux parcs fermés ou aux salles de cinéma condamnées. L’église: solution de tout, ou presque, c’était tout simple, il suffisait d’y penser. Merci au Conseil d’Etat, merci à nos parlementaires. Vous savez comment sont les Français: ils ne veulent voir que le négatif, les 2500 fidèles contaminés du rassemblement évangélique de Mulhouse, les messes clandestines de Saint-André-de-l’Europe. L’église a pourtant tant à offrir! Il ne tient qu’à nous de le saisir." (LibéCulture)

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l'esprit des murs 2 :

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"DÉCONFINONS NOS BONHEURS COLLECTIFS
Une image frappe, celle du 11 mai. De jeunes Français sur le canal Saint-Martin sont heureux de se retrouver après avoir été assignés à résidence pendant cinquante-cinq jours. Quelques minutes après les réprimandes d’experts médiatisés, la police intervenait devant les caméras des chaînes d’information en continu, rendant visible l’interdiction de cet hédonisme social. La pénalisation du bonheur collectif aurait dû nous paraître sortie des films d’anticipation. Mais la réprimande nous a semblé légitime, tant on nous avait répété le danger que nous encourions à nous rapprocher, pour rire, chanter et nous enivrer… sans masque ! Presque à regretter l’image proposée il y a deux millénaires par Ovide ? Dans les Métamorphoses, il donnait à voir le suicide par pendaison comme réponse à la peur collective de la peste…

Si cette image questionne, c’est que nous avons besoin de cette sociabilité joyeuse pour nous en sortir. Car c’est elle qui a été le levier qui a permis de surmonter les tragédies du passé. On peut prendre l’exemple de la pandémie grippale de 1918-1919, quand 50 millions de personnes avaient perdu la vie et que 500 millions – 27% de la population mondiale – avaient été contaminés. Nous avions déjà interdit les divertissements publics. Mais la réouverture rapide des lieux de loisir a offert des années de bonheur, d’insouciance et de prospérité, qualifiées de Roaring Twenties aux Etats-Unis, d’Happy Twenties au Royaume-Uni. En France, ce sont les Années folles. Imagine-t-on les Parisiens alors avec la Coupole, la Rotonde, la Closerie des lilas restées confinées ? Imagine-t-on les Français surmontant les années difficiles sans la danse, le music-hall, le cinéma, les sports ? C’est à partir des notes qu’il écrit dans ces années-là qu’Ernest Hemingway publiera Paris est une fête…

Plus près de nous, après le 11 septembre 2001, le président américain incitait les Américains à se relever en investissant les lieux de loisirs : «Allez chez Disneyland !» Après le Bataclan, les Français ont également réagi en reconquérant les terrasses des cafés, pourtant premières visées par les terroristes. Aujourd’hui, en dépit des propos d’Emmanuel Macron sur «l’art de vivre à la française», la fermeture des lieux de loisirs témoigne d’une stratégie de sortie de crise polarisée par le seul redémarrage économique. Si nous sommes en mesure de déconfiner les lieux de labeur, nous devrions être capables de déconfiner les lieux permettant de s’en reposer.

Au-delà, c’est la santé du corps social qui est en jeu. La perte des êtres chers, l’isolement subi, la précarisation économique ont fait monter l’angoisse, la dépréciation, le stress psychique, décrits par les spécialistes de notre santé mentale. Cette anxiété grandit à mesure de l’impossibilité de se rassurer et de se distraire ensemble. La crise économique imminente accentue les risques d’une augmentation des taux de suicide. En 1932, il avait atteint un niveau record de 22 pour 100 000, au plus fort de la Grande Dépression. Au moment où l’attention des autorités se concentre sur le redémarrage de l’économie, la santé du corps social ne doit pas être négligée. A tout le moins, l’Etat ne doit pas aggraver le mal en maintenant des mesures qui empêchent le corps social de produire ses propres anticorps.

De nombreux psychologues ont été sollicités en télévision pour délivrer leurs conseils sur notre bien-être en dépit du confinement. Mais la résilience ne peut être pensée à la seule échelle individuelle. Pour les Athéniens, l’épanouissement de l’homme se trouvait dans sa participation à la vie de la cité. Etre heureux, c’était se retrouver pour échanger des opinions, partager des valeurs, débattre et jouir de la vie. Notre bonheur, comme le leur, ne pouvait se vivre confiné. A interdire les bonheurs collectifs, on participe au repli de chacun sur sa seule cellule familiale. On détruit le lien civique. Une société où chacun se plonge dans ses ouvrages de développement personnel, indifférent à la vie de sa cité, ne prépare pas un monde meilleur.

Or, nous avons vu dans cette période émerger cette République des balcons, qui nous a rappelé chaque soir notre besoin de lien et d’allégresse. Les jeunes du canal Saint-Martin, comme ceux qui réclament la réouverture des parcs, des cinémas, des restaurants, ne sont pas des inconscients. Ils ne sont pas non plus des militants du bonheur, avant-garde d’un «monde d’après»… Ils sont les simples citoyens de nos sociétés démocratiques, rappelant que la déclaration d’indépendance américaine plaçait la «recherche du bonheur» comme droit inaliénable aux côtés de la vie et de la liberté, et que le «bonheur pour tous» était le projet des révolutionnaires français." (François Durpaire, historien / Libé)

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l'esprit des murs 3 :

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(transmis par Pépin)

"On n'est déjà plus dans la vie, pas encore dans la survie. Bienvenue dans la demi-vie."

Mickaël FERRIER (FUKUSHIMA Récit d'un désastre)

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je n'ai rien à faire (en particulier)
alors je ne fais rien (en particulier)

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(asperges sauvages)
j'avais tellement peur qu'elles soient trop cuites qu'en fin de compte elles l'étaient presque juste pas  tout à fait assez (al dente)

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21

J+10

 

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