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lieux communs (et autres fadaises)
13 septembre 2020

au moins 3 bonnes raisons

3 bonnes raisons pour vous offrir ce post de Jacky Durand (vous savez l'estime en laquelle je tiens cet homme) dans le Ca mitonne du Libé du 10 septembre :
1) Rodolphe Burger
2) le Super U
3) le gâteau au chocolat

 

"Cher monsieur Burger,

On a pas mal de reproches à vous faire. D’abord de hanter notre cuisine quand vos mots, vos mélodies flottent au-dessus de la cocotte en fonte noire où mijote le bœuf-carottes, virevoltent sur la planche à découper où l’on cisèle le persil plat. Combien de frichtis ont démarré furieusement dans les poêles pressées chez de Buyer dans le Val-d’Ajol en écoutant Eisbar composé avec l’écrivain Olivier Cadiot et chanté avec Stephan Eicher ? Combien de cafés dans le vieux mug en tôle ont été sirotés juste avant l’aube, bercés par Good : "Good/I’m alone/In the present/As where I’m still/This is winter" ? Combien de minuits rugueux dans le creux du lit se sont perdus dans votre interrogation : "Que sera votre vie quand ?" extrait de l’album éponyme enregistré avec votre bande de Kat Onoma en 2001.

File de gauche

Ne vous en déplaise de l’intitulé monsieur Burger, mais vous êtes notre musique d’autoroutes. Et pas à n’importe quelle heure. Non, on aime vous faire rugir nuitamment sur la file de gauche. Avec le moulin qui balance dans les tours. Délicieuse transgression d’un vagabondage sur le bitume. Qui nous a valu de balancer quelques points du permis et de récolter quelques prunes. A force de savourer le plaisir de vous écouter en boucle vous et quelques autres compères : Lou Reed, Led Zep, Leonard Cohen, Kate Bush, Massive Attack, Lemmy Kilmister… A vous en particulier, on doit de s’être fait flasher une nuit d’automne dans l’Yonne. On était trop pressé d’aller aux cèpes du côté du bois de la Crochère. Quelques heures auparavant, le Vieux avait braillé dans le bigophone : "Viens vite, sinon tu seras cocu avec ton panier vide." Alors on roulait, chargé à s’en faire péter les essieux et les oreilles comme un routier sur l’autoroute Bagdad-Mossoul écoutant Oum Kalthoum. Nous, on s’était perfusé avec votre Poème en or quand le radar nous a fait le coup du photomaton. Et nous d’égrener votre refrain plutôt que les points perdus : "Quand reviendras-tu? / Quand? / Oh, tourne-toi vers moi / Moi, petit, si seul / Oh oui, ah / Louez ya."

Andouillette froide

On aurait aimé croiser votre haute carcasse sur une aire d’autoroute avec cantine imbouffable. Peut-être qu’entre les frites molles, l’andouillette froide et le café amer, on aurait osé vous aborder. Peut-être que non, c’est comme dans Valse hésitation, l’un des titres de votre dernier album Environs qui nous hante comme une mélopée: "Nous pourrions / Je vous l’avais proposé, nous pourrions mais / Aussi bien / Nous pourrions ne pas / A moins que peut-être vous vouliez ?"

Relais de poste

Alors, l’autre jour, quand l’ami Emmanuel Pierrot nous a dit que vous donniez un concert sur le parking du Super U de Sainte-Marie-aux-Mines sur vos terres du Haut-Rhin, on a été un peu jaloux de ne pouvoir y assister. C’est que ça nous cause le Super U. C’est notre repère dans les chefs-lieux de canton. Maintenant que l’on peut faire 50 bornes sans rencontrer une boucherie, une épicerie, c’est devenu notre relais de poste où l’on change les chevaux. Où il y a un Super U, il y a souvent un rond-point. C’est pas pour rien que les gilets jaunes en ont fait leur QG. Dans la diagonale du vide qui court des Ardennes aux Pyrénées, le supermarché s’est imposé comme le barycentre de la vie commune entre les lotissements dortoirs et les centres-bourgs aux vitrines abandonnées.

Macron

On se croise au Super U, on cause au Super U. On prend des nouvelles de la famille, on parle de son taux de cholestérol, de la dernière battue au sanglier, du mildiou sur les tomates, de la nouvelle maîtresse de l’école maternelle, du temps qu’il a fait et qu’il fera, de Macron, de la fracture du col du fémur de la belle-mère, etc. Bref, de tout, de rien. Nous, on mate les caddies qui racontent la rentrée frénétique, les hautes solitudes, les fins de mois un peu raides, les caprices du petit dernier, les marottes sucrées et salées, les bitures à venir, les menus tracés au cordeau pour la semaine. On est intrigué par la poissonnière si loin de la mer et qui pourtant fait si bien l’article pour le cabillaud en promo. On écoute le boucher pour qui il ne peut y avoir de pot-au-feu sans la macreuse de bœuf qui donne une viande gélatineuse. Et puis, on s’en va bouffer notre salade de museau et notre tablette de chocolat sur le parking. A regarder ces vies qui défilent une fois le coffre de la bagnole plein.

Vélo électrique

A la lecture des Dernières Nouvelles d’Alsace, on a appris que l’idée de ce concert vous était venue durant le confinement alors que vous alliez vous ravitailler au Super U de Sainte-Marie-aux-Mines en faisant le plein de chocolat suisse dans les sacoches de votre vélo électrique. Vous avez confié au quotidien alsacien : "Même si je ne suis pas un grand fan de supermarchés, c’est quand même l’endroit où tout le monde se croise ! Il nous assure une relative autonomie. Dans ces circonstances, on est sensible à ça. S’il n’y avait pas eu le Super U, le personnel… tous les gens qui ont travaillé… Alors j’ai proposé un petit concert pour les saluer. Je ne le conçois pas comme un truc de promo, c’est un clin d’œil local, un remerciement à tout le personnel, et par extension à tout le monde qui a travaillé durant cette période, aussi bien aux Tournesols [établissement médico-social local, ndlr], à l’hôpital, etc."

Honnête homme

Alors samedi dernier, le 5 septembre, vous avez joué gratos devant 500 personnes sur le parking du Super U qui s’est chargé de l’organisation du concert. Et vous savez quoi, on s’est dit, encore une fois, que vous êtes un honnête homme.

On s’est dit que le gâteau aux petits-beurre et au chocolat de notre enfance valait bien une virée au Super U. Voici la recette de Maya Barakat-Nuq dans son délicieux Gâteaux sans cuisson.
Pour six personnes, il vous faut : 2 paquets de biscuits type petits-beurre ; 2 tablettes de chocolat noir de 100 g ; 1 verre de lait ; 50 cl de crème fraîche liquide.
Coupez le chocolat en petits morceaux, mettez-le dans une casserole et ajoutez le verre de lait. Faites fondre le chocolat tout en remuant. Tapissez un moule carré ou rectangulaire – c’est plus facile – de petits-beurre. Ajoutez la crème fraîche sur le chocolat fondu et mélangez. Versez quelques cuillères de crème au chocolat sur les biscuits et étalez bien de façon à les recouvrir. Recouvrez d’une deuxième couche de biscuits et étalez par-dessus le chocolat fondu. Continuez jusqu’à épuisement des ingrédients et en fonction de la taille du moule. Terminez par une couche de crème.
Placez le gâteau au congélateur pendant quelques heures ou, mieux encore, préparez-le la veille. Sortez-le du congélateur trente minutes avant de servir.
Maya Barakat-Nuq explique : "Vous pouvez réaliser ce gâteau avec n’importe quels biscuits que vous avez dans vos placards. Il est idéal pour finir des paquets ouverts depuis quelque temps et dont les biscuits ont perdu leur croustillant. Rien ne vous empêche de mélanger plusieurs sortes, au contraire.""
Jacky Durand

 

Commentaires
D
Je me suis acheté une poêle acier chez De Buyer au Val d'Ajol le mois dernier... J'en suis encore au "culottage" de la bête..... Elle noircit peu à peu...<br /> <br /> C'est comme par chez nous, à un autre endroit de la diagonale du vide.... Le "Linter" à la place du Super U.....
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