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lieux communs (et autres fadaises)
29 septembre 2020

açores

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CITOYENS DU MONDE
de Gianni di Gregorio

Première séance de la Settima Settimana Italiana, mercredi à 18h avec une salle plus qu'honorablement remplie (presqu'une trentaine de personnes), avec ce film très sympathique d'un réalisateur à qui on a déjà fait appel une ou deux fois, dans le cadre de notre Settimana Italiana... Une comédie du troisième âge (comme souvent chez le réalisateur) avec en plus un chouïa de préoccupations sociales, que demander de mieux pour démarrer, comme ça, tout en douceur, et le sourire aux lèvres.
Trois papys : deux pensionnés (Il professore et Giorgetto) , qui tirent le diable par la queue avec les pensions maigrichonnes, et un troisième, (Attilio), sans pension mais avec beaucoup de bagoût, un antiquaire traficoteur, aqu'ils vont intégrer dans leur projet de quitter l'Italie pour aller finir leur vie ailleurs...
Les conseils avisés d'un quatrème larron, encore plus cacochyme, vont les aiguiller vers les Açores, et les voilà qui commencent à prendre leurs dispositions (des scènes hilarantes avec des fonctionnaires pas dans les meilleures dispositions dirons-nous) avant le fameux grand départ, qui en même temps leur fait envie et leur flanque la frousse...
Une comédie plaisante, ritalissime, où ces papys italiens vont nous faire rire avec leurs problème de papys et d'italiens (ce qui redouble la difficulté), mais aussi réussir nous toucher, en prenant -grâce à Attilio- la décision qui s'imposait...
Une très bonne façon de s'embarquer pour l'Italie, en tout cas, dans la salle 3 (c'est là que, visiblement, ça se passera toute la semaine...)

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les compères

28 septembre 2020

patrick

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ANTOINETTE DANS LES CÉVENNES
de Caroline Vignal

Un film... charmant. On aime bien Laure Calamy et on la suit, au cinéma, depuis 2011 (Ce qu'il restera de nous, de Vincent Macaigne, et Un Monde sans femmes, de Guillaume Brac) et on est content de l'avoir vue à la télé dans Dix pour cent... Et on l'est encore plus (content) de la voir en tête de distribution dans cette plaisante comédie... (Qui, contrairement à ce qu'annonçait, par exemple Enorme, de Sophie Letourneur, est une vraie comédie). Une maîtresse de CM2 qui en pince pour un papa d'une élève de sa classe (et s'arrange pour l'exprimer à la face du monde -et des parents d'élèves- lors de la fête de l'école et du pestacle de fin d'année), qui se réjouissait de profiter des vacances qui arrivent pour passer quelques jours avec lui, et voilà qu'il lui annonce qu'il part avec femme et enfant dans les Cévennes pour faire comme Stevenson, une rando avec âne... Ni une ni deux l'amoureuse transie réagit en décidant de faire la même chose, espérant l'y retouver, ce qu'elle va illico raconter aux autres randonneurs pendant le repas,  le soir de son arrivée (et on est alors  enchanté, vraiment, de reconnaître, au milieu de l'assistance attablée, en muse tutélaire des sentiments tire-bouchonnés l'exquise Marie Rivière (Le rayon vert), qui a toujours d'aussi beaux yeux, et place bien sûr immédiatement le film dans un sillage rohmérien.
Antoinette va d'abord devoir faire connaissance avec Patrick, l'âne qu'elle a choisi pour faire son périple, et, rien que ça, ça vaut le coup d'oeil... Bon an mal an, elle parvient à apprivoiser l'animal (mais se faire, dans le même temps, apprivoiser par lui) et à boucler plusieurs étapes, même si elle prend du retard, et bien lui en a pris, d'ailleurs, de prendre du retard puisque bingo! le hasard va faire en sorte que l'élu de son coeur  débarque dans le même refuge, avec sa femme, sa fille, son âne...
Evidemment, les choses vont se compliquer... Antoinette c'est Laure Calamy, le chéri c'est Benjamin Lavernhe (ne pas oublier le rituel "de la Comédie française), absolument parfait dans le rôle du petit mâle pris entre deux feux (le conjugal et l'extra-), et l'épouse c'est la toujours plaisante Olivia Côte (j'aime son acidité) ils vont s'en donner à coeur-joie lors des rebondissements scénaristiques et le passage par toutes les nuances de l'arc-en-ciel du tendre : l'amour, le désir, le respect, la tendresse, le refus...)
N'oublions pas non plus l'âne, qui aura son rôle -important- à jouer lors desdits rebondissements (En plus c'est malin cette ombre tutélaire de Stevenson, dont on apprendra au passage pourquoi justement il avait fait ce fameux voyage avec un âne dans les Cévennes).
Un film malin, drôle, touchant, ensoleillé, optimiste... allez-y, quoi!

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après...

27 septembre 2020

lance-flammes

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EMA
de Pablo Larrain

Ema est un film duel (et c'est lui qui choisit les armes). Hétérogène (mais pas hétéronormé, hihi). Et la bande-annonce l'a bien compris, avec son mash-up de mélodrame familial et de danse contemporaine, qui, déjà, laisse perplexe. Du lard ou du cochon ? C'est rare, en plus, de voir dans un film argentin (ou, carrément, latino) une demoiselle aussi peroxydée et aussi... opaque. Dans une histoire qui, pendant un certain temps, l'est tout autant. Et ce n'est qu'à la fin que tout se met en place (la toute dernière scène est jubilatoire, mais ni Téléramuche ni Libéchounet, par exemple, n'ont jubilé).
Ce qu'on comprend, petit à petit : Ema (Mariana Di Girólamo, -incandescente à plus d'un titre-, impressionnante oui oui) est une jeune danseuse, mariée à Gaston un chorégraphe célèbre (Gabriel Garcia Bernal, que j'ai trouvé, comment dit-on ici... "reintri"). Ils ont adopté un jeune garçon (Polo) qu'ils ont fini par rendre (ça m'a fait penser à une planche des Frustrés, de Claire Brétécher), à cause de la violence du môme (il a notamment brûlé au visage la soeur d'Ema). Mais Ema regrette cet abandon, et ne va pas hésiter à faire tout ce qu'elle peut (payer de sa personne par tous les bouts) pour récupérer Polo.
Je penserai pendant longtemps que le fameux Polo est comme le quatrième homme de Police, d'Anne Fontaine, un prétexte, un leurre, un macguffin, jusqu'à ce que le film finisse par vraiment le prendre en compte, et le traiter en tant que "vrai" personnage, mais il faudra du temps...)
Le film, pendant un certain temps, est quasiment abstrait, et propre (propice) à toutes les interprétations, comme peut l'être, justement, une chorégraphie. Où le spectateur se raconte l'histoire qu'il veut bien se raconter. Par les couleurs, par l'éclairage, par la musique (très bonne scène où Garcia Bernal explique sa vision de la musique techno et son rapport avec la prison) par le montage, on a souvent l'impression de se trouver dans un clip géant. Géant comme le soleil qui trône en fond de scène lors d'un ballet récurrent.
Le film n'est pas aimable pendant un certain temps (les visages sont souvent fermés, les scènes de sexe sont filmées comme des bagarres, notamment une, essoufflante -presque terrifiante- où tout le monde baise littéralement avec tout le monde),  comme un rubik's cube dont on aurait pendant une heure quarante tournicoté et re les faces (violemment) colorées dans tous les sens, et qui finirait in extremis par reconstituer une image unie -et plausible- (et compréhensible).
Le film est excessif, agressif, rentre-dedans, (entre facticité et toxicité) mais Pablo Larrain ne nous a jamais habitués à la douceur (je frémis encore en repensant à El Club, que j'avais adoré), et, comme il est prouvé ici, la fin justifie les moyens...

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24 septembre 2020

je désire le désir de l'autre

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LES CHOSES QU'ON DIT, LES CHOSES QU'ON FAIT
d'Emmanuel Mouret

Un film de sentiments, plutôt qu'un film d'amour. Emmanuel Mouret (qu'on aime beaucoup ici et dont on a programmé quasiment tous les films) met en place une charmante (et impeccable) mécanique, comme ces boites à musique qui se mettent à jouer lorsqu'on en souléve le couvercle, où des figurines en porcelaine tournent et tournent encore sur la petite musique en rejouant sans fin la même ronde...Oui, à mi-chemin entre La Ronde (justement) de Max Ophüls, et, disons... Tu me fais tourner la tête d'Edith Piaf. Tourner, danser, ivresse...
Le mot de mécanique peut sembler mal choisi, avec ce qu'il évoque, à tort, d'artificiel, de rigoureux, d'inhumain, mais il est plutôt ici employé au sens que j'ai trouvé ici dans ce très cher wikipédioche :
"La mécanique (du grec ancien Μηχανική / mèchanikê, « l'art de construire une machine ») est une branche de la physique dont l'objet est l'étude du mouvement, des déformations ou des états d'équilibre des systèmes physiques. Cette science vise ainsi à décrire les mouvements de différentes sortes de corps, depuis les particules subatomiques avec la mécanique quantique, jusqu'aux galaxies avec la mécanique céleste."
Emmanuel Mouret se place au juste milieu, ni quantique ni cosmique, un entre-deux humain (trop humain)  qu'on pourrait nommer mécanique romantique (ou sentimentale). Cet homme progresse à chacun de ses films, dans l'avant-dernier il nous avait sidérés par le récit de la vengeance d'une femme (Mademoiselle de Joncquières) -déjà une mécanique, mais ici implacable-, ici il met en scène (sans pour autant, jstement se mettre en scène) un récit en forme de manège, avec, dans la boîte à musique évoquée plus haut, plusieurs couples qui  se font, et se défont, -échangez vos cavalières- et se refont, et tournent tournent follement (mais, dans le même mouvement très sagement pourrait-on dire) jusqu'à ce que le mécanisme s'arrête, et la musique aussi. Tout cela en fonction de la circulation du désir. Désir qui naît, (ou qui n'est pas hi hi) désir qu'on observe, qu'on décortique, qu'on espère, qu'on refuse, qu'on provoque, et même, oui, qu'on désire.
C'est... délicieux. comme de feuilleter Fragments d'un discours amoureux, mais avec des images, et des gens, des "vrais" gens (vrais gens de cinéma, s'entend) qui parlent parlent (comme des gens de cinéma) racontent se dévoilent s'interrogent, (le film est très écrit, autant qu'il est très musiqué), et la distribution de cet orchestre de chambre(s) ne pouvait qu'être chère à mon coeur : Vincent Macaigne, Guillaume Gouix, Niels Schneider côté garçons (à tous seigneurs tout honneur) et, chez les filles, Camélia Jordana (qui bâtit mène une jolie carrière), la toujours excellente Emilie Dequenne, et la débutante Jenna Thiam (découverte dans Les Revenants).  (Mais je me dois aussi de citer, même s'ils sont moins connus, Julia Piaton et Jean-Baptiste Anoumon qui bouclent divinement la boucle de ce quatuor de sentimentaux...)
Au départ, un garçon (Schneider) vient passer quelques jours chez son cousin (Macaigne) qui est absent mais à confié à sa compagne (Jordana) le soin de l'accueillir, et les voilà tous deux qui sympathisent, et commencent à se raconter leurs histoires sentimentales, qui son bonheur, qui son malheur. Et la ronde démarre. L'un commence à raconter, l'autre suit et raconte, ce qui nous offre l'occasion de suivre l'histoire de chacun et celle aussi des deux (car bien sûr il est question de sentiments, et de circulation du désir). L'histoire dans l'histoire (et parfois même dans l'histoire de dans l'histoire...)
Entre ce qu'on sent, ce qu'on pressent, et ce qu'on n'avait pas du tout vu venir, le spectateur est tout entier à son bonheur de spectateur.
C'est... jubilatoire. C'est drôle, émouvant, raffiné, sentimental, pudique, effronté, et ce fut pour moi un plaisir de chaque instant

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avec un petit côté rohmérien (entre contes pas tout à fait moraux, mais presque pas encore tout à fait immoraux)

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mais non qu'allez-vous donc vous imaginer tss tss tout ici est très hétéronormé, (mais ça ne me dérange absolument pas) : les filles aiment les garçons, et les garçons aiment les filles, et, même moi, avec la meilleure volonté du monde, n'ai pas réussi à y dégotter le plus riquiqui SSTG (à part peut-être, lorsque Guigui Gouix, en kimono, vient poser sa tête sur l'épaule compréhensive de Nielsounet, en plein questionnement amoureux, mais c'est vraiment fugace...)
Bref un très grand bonheur de cinéma
(top 10 sans doute)

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23 septembre 2020

la pianiste

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ÉNORME
de Sophie Letourneur

Letourneur ça rime avec esprit frondeur, et, jusqu'ici j'avais plutôt aimé les travaux de la dame.
Mais là, arghhhhh! (râle de désespoir) ça ne m'a pas plu. Mais alors, pas plu pas plu. Je l'ai vu juste après La daronne, pensant que celui-ci serait encore plus drôle (le film est présenté partout comme une réjouissante comédie) eh bien pas du tout. Du tout du tout.
Et je l'ai senti dès le démarrage, dès la première scène, où, déjà, tout est en place, tout est joué (c'est triste, mais ça restera comme ça juste à la fin) Marina Foïs joue une pianiste virtuose, et Jonathan Coen son mari, impresario, attaché de presse, directeur de cabinet, décontractant sexuel, intendant en chef, etc. Il fait tout. Et lorsque l'employée de l'hôtel (ou qui que ce soit d'autre) s'adresse à la pianiste, c'est lui qui répond. La pauvre pianiste (qui est tout de même censée être une pianiste de génie) est présentée comme une petite chose grisâtre et rabougrie, presque autiste, sans autre envie dans la vie que jouer du piano et basta.
Et voilà que le mari a soudain envie d'un bébé (on repense à Marcello Mastroianni et à L'événement le plus important...) et va tout mettre en oeuvre (avec les conseils de sa mère) pour que sa femme tombe enceinte.
Le début était agaçant (j'avais pourtant adoré Jonathan Cohen dans Terrible jungle, mais là il est beaucoup moins intéressant, parce que beaucoup plus en roue libre) mais la suite -la grossesse- va l'être bien plus encore. (J'ai même envisagé à un moment de quitter la salle tellement ça m'agaçait...) Le film reste sur son parti-pris de départ (elle derrière et lui devant) et réitère le même fonctionnement dans  les mêmes scènes, avec la gynéco, avec l'infirmière, avec la dame qui donne les cours d'accouchement etc (c'est toujours lui qui parle à la place de sa femme, ok on a compris, hein, c'est bon) et ça devient de plus en plus pesant. (Comédie ah bon ? Je n'ai pas ri du tout.)
Lorsque le ventre de Marina Foïs devient vraiment énorme, comme il est dit sur l'affiche, le film en devient même quasiment déplaisant, et de filmer un accouchement quasiment "en réel" ne va pas le rendre plus attachant, loin de là...
Peut-être que c'est simplement le sujet qui m'en est très étranger. En tout cas, je préférais Sophie Letourneur avant.

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ps : il y a juste un scène que j'adore, une seule, dans la cuisine, le soir, quand Jonathan Cohen revient et que sa femme lui annonce qu'elle a fumé, qu'elle a bu et qu'elle a mangé du fromage, et qu'il se met à lui hurler dessus avec une voix aigue en répétant que le fromage "c'est du poison!"

22 septembre 2020

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(je me souviens de Michael Lonsdale)

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je me souviens que j'avais été insupportable à la projection d'India Song, au Centre St Pierre, tellement le film m'avait agacé / je me souviens du terrible "Donnant donnant..." prononcé par Bertrand Hanes-Pearson dans Les Jeux de la Comtesse Dolingen de Gratz / Je me souviens de la voix de Michael Lonsdale disant "Robert..." dans Monsieur Klein / je me souviens que dans Le fantôme de la liberté Michael Lonsdale se fait fouetter cul-nu avec un pantalon spécialement taillé pour ça / je me souviens que dans Maestro il joue grosso-modo le rôle d'Eric Rohmer / je me souviens que Michael Lonsdale fait une apparition avec Max von Sidow dans Les premiers et les derniers de Bouli Lanners / je me souviens que je l'avais trouvé très touchant dans Des hommes et des dieux, où Xavier Beauvois changeait vraiment de style / je me souviens que je n'ai pas eu envie de voir Moonraker, ni Une sale histoire /

LES JEUX DE LA COMTESSE DOLINGEN DE GRATZ

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les hasards de la programmation font que, dans notre prochain Mois du Doc, nous avons programmé Dieu sait quoi, (qui n'est pas du tout un truc catho mais parle de Francis Ponge) de Jean-Daniel Pollet, où c'est la voix de Michael Lonsdale qu'on entend (et que, donc, je ne peux que vous recommander, à partir du mercredi 18 novembre)

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20 septembre 2020

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L'ENVOLÉE
de Eva Riley

Au début, on pense à Ken Loach bien sûr (avec un chouïa du Stephen Frears des débuts) prolos anglais, familles dysfonctionnelles, pères immatures et largués, combines pour s'en sortir, puis on pense davantage à Andrea Arnold (et son vigoureux Fishtank, portrait au cutter d'une adote révoltée), puisqu'il est ici, avant tout, question de Leigh, jeune fille en révolte, elle aussi, à qui Eva Riley, la réalisatrice,  consacre un tout aussi vigoureux portrait, dans un premier film emballant.
Au début, je l'avoue, je m'apprêtais à ronchonouiller du style "encore une kenloacherie... je vais encore m'apitoyer et sans doute pleurer un peu à la fin...". La situation de départ prête à l'amalgame : Leigh une adolescente qui pratique la gym dans une équipe où elle a été admise parce que la coach l'a à la bonne, est donc mal intégrée par rapport aux autres girls, n'a pas l'argent nécessaire pour payer son inscription à un concours prochain (50 livres) et qui, lorsqu'elle rentre à la maison pour les demander à son père (au chomedu), non seulement celui-ci est en train de s'envoyer en l'air avec une nana, mais, en plus, lui répond qu'il n'a pas un rond et ne peut rien lui donner... Leigh s'en va en claquant la porte.
Et voilà que débarque à la maison un ado, britonnissime (un blond à la peau laiteuse et à l'accent marqué) qui lui dit être son frère, et venir s'installer quelques temps à la maison parce qu'il a été viré de chez sa mère. Leigh a du mal au départ à accepter ce demi-frère, qui empiète sur son territoire, et, au début, les relations vont être tendues (elle lui a quand même piqué les 50£ nécessaires pour son inscription).
Le jeunot en question, à peine plus âgé qu'elle, traficote dans une bande où il pique des mobs pour le compte du chef... Leigh va découvrir cet univers, "pour le meilleur et pour le pire", et tenter d'y faire sa place... de la trouver aussi, entre la terre et l'air. La pesanteur et la grâce. Les certitudes et les suppositions. C'est très british, les relations entre les membres de cette famille dysfonctionnelle ne sont pas faciles, nitroglycérine, ça menace à tout moment, ça démarre au quart de tour, ça s'engueule souvent, ça part faire la gueule dans un coin, ça revient mine de rien pour se réconcilier (le papa n'est pas plus mature que ses enfants, au contraire, ce qui complique encore les choses...)
Mais l'élément central du film est bien la jeune Leigh (et la jeune actrice qui l'interprète mérite tous les éloges...) et la façon dont on va la voir  "grandir". Le moment un peu étrange et indistinct où finit l'enfance. Le contraste entre la jeune personne hérissée  contre tout (au quotidien) et la gymnaste qui livre une performance impressionnante (le Perfect 10 du titre original), la chrysalide et le papillon, tout ça, ok on a déjà vu mais c'est ici extrêmement bien mis en place et en scène... Et ça n'est pas si fréquent, cette relation qui se (dé) noue mine de rien entre frérot et soeurette...
Avant d'avoir vu le film, j'avais copié /collé pour notre prog la fin de la critique de Libé, que je trouve encore plus juste et que je me permets donc de re-citer :
"On aura beau avoir vu cent dix fois ce plan "à faire" de jeunesse sur deux roues, cheveux au vent, regards au ciel, sourire naissant ivre de vitesse et de sentir son corps collé à l’autre, il arrive qu’à la cent onzième fois, ça passe autrement qu’un cliché navrant. Grâce à ce qui advient avant, après, autour, l’Envolée se situe loin de la mignardise vériste, dans la mesure où sa cinéaste sait qu’adopter le point de vue d’une enfant, c’est savoir se cabrer, rester dure et faire front, contre l’insignifiant réel et tout ce qui nous retient d’y danser. "

 

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17 septembre 2020

la dame qui aboie

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L'INFIRMIERE
de Kôji Fukada

Un film japonais très japonais, avec les courbettes de rigueur les moshi moshi, les sumimasen et les arigato, le sens de l'honneur, de la famille, des conventions, le poids  du regard des autres, des médias, du qu'en-dira-t-on (et tout le malaise que ça peut générer...)
Une mise en route du récit plutôt dense, où le spectateur (moi en l'occurence) se doit d'être très attentif pour identifier, d'abord, puis reconnaître, les différents personnages féminins et leurs places respectives (et leurs liens) dans cette histoire (il y en avait une qui me posait problème, la "dame qui aboie" mais Emma vient juste de m'expliquer que c'était juste un problème de temporalité, et que c'est bien la même que celle à laquelle je pensais -je ne vais pas vous mâcher tout le boulot, hein non mais ho).
Ichiko est l'infirmière du titre, et sa vie va complètement basculer, à cause d'un évènement avec lequel elle n'a finalement que peu de choses à voir : l'adolescente qui a été enlevée et séquestrée se trouve être la cadette de la famille chez qui Ichiko travaille au chevet de la grand-mère, et le kidnappeur va s'avérer être le neveu d'Ichiko... Et Ichiko n'a pas pensé à informer la mère de la jeune fille enlevée, et que les médias s'emballent à cause d'une indiscrétion de la soeur aînée de la jeune fille enlevée, qui est amoureuse de l'infirmière sans que ses sentiments soient réciproques...
Et voilà comment pour un (presque) rien, une vie peut basculer et complètement se désagréger. Ouch!
Nous avons déjà programmé deux films du réalisateur (qui, aux dernières nouvelles, devrait avoir l'honneur (faire l'objet) d'une rétrospective au prochain ficââââ -sous réserve que celui-ci puisse avoir lieu, bien entendu-), Harmonium (janvier 2017) et Sayonara (mai 2017, cet homme est prolifique), qui, eux aussi étaient tout aussi empreints de cette japonitude que de cette force (tranquille) malaisante...
Un film puissant, qui vous laisse à la fin comme un arrière-goût un peu amer. Impressionnant, incontestablement, et tout autant réussi.

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16 septembre 2020

chamonix orange

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LA DARONNE
de Jean-Paul Salomé

Jean-Paul Salomé est un réalisateur dont j'ai vu un seul film (Je fais le mort) et dont je n'ai pas eu l'envie (ou l'occasion) de voir les autres,  (Arsène Lupin, Belphégor) c'est comme ça. Un réalisateur, comme dirait mon ami Philou, sur lequel je n'ai aucune opinion. On peut l'étiqueter comme réalisateur de films "grand public", ce qui fait de La Daronne un film... questionnant. Et donc intéressant. D'autant plus que déséquilibré : d'un côté "la " Huppert (que je continue d'aimer contres vents et marées), je devrais d'ailleurs plutôt dire "au centre", tant elle est le pivot de l'histoire, et de l'autre, tout le reste. Et elle parvient sans peine à faire contrepoids, à elle toute seule (alors qu'elle est toujours gaulée comme une crevette ou une brindille, au choix...) Elle règne, sur l'histoire, sur les autres personnages, probablement aussi sur le réalisateur, bref sur le film tout entier.
Et comme c'est une comédie, elle se lâche, sans en faire des caisses, mais parfois c'est vrai juste à la lisière du surjeu. a la lisière (àla légère chantait Birkin), pas besoin de plus. Le look qu'elle a sur l'affiche (et donc, dans le film) est une des raisons qui m'a (m'ont ?) donné envie d'y aller (allez savoir pourquoi, justement, la toute première fois que j'ai vu l'affiche en question, -il y a assez très longtemps d'ailleurs, le film devait sortir initialement mi-mars je crois- j'ai cru que c'était l'autre Isabelle, la copine Adjani qui s'y collait -qu'on a bien plus souvent l'habitude de voir avec des lunettes de soleil format roues de brouette-, mais non c'était bien elle, cette très chère Isabelle H.)

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(elle est magnifique, non ?)


Le film est l'adaptation de La daronne, de Hannelore Cayre, que je n'ai toujours pas lu, malgré les critiques élogieuses, notamment de mon blog polar préféré (des nouvelles du noir, là).
L'histoire d'une veuve à petits revenus, employée par la police comme interprète (elle est bilingue franco-arabe) pour traduire les conversations de, principalement, ceux qui dealent et qui trafiquent (les rebeus, donc, ne refaisons pas le monde). Elle contribue à leurs arrestations, avec le minimum d'états d'âme requis, beaucoup plus investie qu'elle est dans le bouclage de son budget mensuel (notamment le règlement mensuel de l'EHPAD où a été "accueillie" sa mère -Liliane Rovère, qu'on a toujours autant de plaisir à retrouver...-).
Jusqu'au jour où un enchaînement de circonstances (et un franchissement de ligne blanche éthique, mais visiblement pas trop difficile à effectuer pour elle) va la mettre en possession d'une quantité énorme de shit, qu'elle va s'employer à écouler aussi vite qu'elle le peut (mais il y en a vraiment beaucoup hein), en utilisant sa connaissance de la langue arabe, et des réseaux de ceux qui la pratiquent. La voilà devenue La Daronne, poursuivie par la police (et notamment le commissaire de la brigade où elle bosse -joué par le toujours bien Hyppolite Girardot- qui la pousuit même deux fois : une en tant que Daronne (mais sans savoir que c'est elle) et l'autre en tant que Patience, qu'il poursuit, là, de ses assiduités...) mais aussi les gros méchants trafiquants, investissant (comme s'il s'agissait d'un cours de sophrologie ou de macramé) le créneau du petit grand banditisme "de proximité" en caftan haute-couture  et foulard léopard -et lunettes fumées-, elle va se frotter d'abord aux petits dealers, Scotch et Chocapic (une paire d'adorables idiots, Laurel et Hardy beurs avec toute la panoplie sape et tchatche) , pour écouler la marchandise, mais aussi -et plus brutalement- aux grands méchants vénères et brutaux -ceux qu'elle a, par la force des choses, dépouillés, et qui entendent bien récupérer "leur" bien-,  et, bien sûr, plus le film avance et plus l'étau se resserre autour de notre Daronne adorée, et plus les menaces diverses se rapprochent et se précisent.
Mais on est dans un dispositif narratif équilibré -comme une glace à deux boules (50% polar et 50% comédie)-, les flics se comportent en flics, enquêtes poursuites filatures et tout le tralala (c'est patience qui assure les écoutes) mais on sait d'avance que ça va se terminer en Caramba! Encore raté! à chaque fois, et c'est agréable, cette forme de polar qui ricane plutôt que de rouler des mécaniques, et la fantaisie l'emporte sur le pathos, bien sûr. Et le film fonctionne, incontestablement (grâce à Huppert bien sûr, mais il yne faudrait pas oublier madame Fo, la logeuse chinoise de l'immeuble, en même temps très philosophe ("Parler ne fait pas cuire le riz...") et très... pragmatique (notamment sur les techniques de blanchiment de l'argent de la drogue, et, par exemple, de l'opportunité ou pas d'appeler la police ("Il ne viennent jamais...")), et, enfin, ADN, un chien de la Brigade des Stups, prématurément mis à la retraite, à qui Patience va permettre de reprendre du service... (et qui va l'aider à faire ses petites affaires...
Le polar et la comédie vont leur cours, on se laisse aller dans le fauteuil, ça va bon train, c'est bon enfant, et voilà-t-y pas que même on nous rajoute un chouïa de constat social (la mère du jeune dealer qui a perdu sa cargaison de shit est aussi l'infirmière qui bichonne la maman de patience à l'EHPAD, voyez-vous ça...)
Bref un film plus que plaisant, mais qui, avec un réalisateur plus... couillu aurait pu être encore plus fort... (et nous ravir bien davantage)

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 ps : (juste pour le plaisir) le film est produit par Les films de la greluche...

 

13 septembre 2020

au moins 3 bonnes raisons

3 bonnes raisons pour vous offrir ce post de Jacky Durand (vous savez l'estime en laquelle je tiens cet homme) dans le Ca mitonne du Libé du 10 septembre :
1) Rodolphe Burger
2) le Super U
3) le gâteau au chocolat

 

"Cher monsieur Burger,

On a pas mal de reproches à vous faire. D’abord de hanter notre cuisine quand vos mots, vos mélodies flottent au-dessus de la cocotte en fonte noire où mijote le bœuf-carottes, virevoltent sur la planche à découper où l’on cisèle le persil plat. Combien de frichtis ont démarré furieusement dans les poêles pressées chez de Buyer dans le Val-d’Ajol en écoutant Eisbar composé avec l’écrivain Olivier Cadiot et chanté avec Stephan Eicher ? Combien de cafés dans le vieux mug en tôle ont été sirotés juste avant l’aube, bercés par Good : "Good/I’m alone/In the present/As where I’m still/This is winter" ? Combien de minuits rugueux dans le creux du lit se sont perdus dans votre interrogation : "Que sera votre vie quand ?" extrait de l’album éponyme enregistré avec votre bande de Kat Onoma en 2001.

File de gauche

Ne vous en déplaise de l’intitulé monsieur Burger, mais vous êtes notre musique d’autoroutes. Et pas à n’importe quelle heure. Non, on aime vous faire rugir nuitamment sur la file de gauche. Avec le moulin qui balance dans les tours. Délicieuse transgression d’un vagabondage sur le bitume. Qui nous a valu de balancer quelques points du permis et de récolter quelques prunes. A force de savourer le plaisir de vous écouter en boucle vous et quelques autres compères : Lou Reed, Led Zep, Leonard Cohen, Kate Bush, Massive Attack, Lemmy Kilmister… A vous en particulier, on doit de s’être fait flasher une nuit d’automne dans l’Yonne. On était trop pressé d’aller aux cèpes du côté du bois de la Crochère. Quelques heures auparavant, le Vieux avait braillé dans le bigophone : "Viens vite, sinon tu seras cocu avec ton panier vide." Alors on roulait, chargé à s’en faire péter les essieux et les oreilles comme un routier sur l’autoroute Bagdad-Mossoul écoutant Oum Kalthoum. Nous, on s’était perfusé avec votre Poème en or quand le radar nous a fait le coup du photomaton. Et nous d’égrener votre refrain plutôt que les points perdus : "Quand reviendras-tu? / Quand? / Oh, tourne-toi vers moi / Moi, petit, si seul / Oh oui, ah / Louez ya."

Andouillette froide

On aurait aimé croiser votre haute carcasse sur une aire d’autoroute avec cantine imbouffable. Peut-être qu’entre les frites molles, l’andouillette froide et le café amer, on aurait osé vous aborder. Peut-être que non, c’est comme dans Valse hésitation, l’un des titres de votre dernier album Environs qui nous hante comme une mélopée: "Nous pourrions / Je vous l’avais proposé, nous pourrions mais / Aussi bien / Nous pourrions ne pas / A moins que peut-être vous vouliez ?"

Relais de poste

Alors, l’autre jour, quand l’ami Emmanuel Pierrot nous a dit que vous donniez un concert sur le parking du Super U de Sainte-Marie-aux-Mines sur vos terres du Haut-Rhin, on a été un peu jaloux de ne pouvoir y assister. C’est que ça nous cause le Super U. C’est notre repère dans les chefs-lieux de canton. Maintenant que l’on peut faire 50 bornes sans rencontrer une boucherie, une épicerie, c’est devenu notre relais de poste où l’on change les chevaux. Où il y a un Super U, il y a souvent un rond-point. C’est pas pour rien que les gilets jaunes en ont fait leur QG. Dans la diagonale du vide qui court des Ardennes aux Pyrénées, le supermarché s’est imposé comme le barycentre de la vie commune entre les lotissements dortoirs et les centres-bourgs aux vitrines abandonnées.

Macron

On se croise au Super U, on cause au Super U. On prend des nouvelles de la famille, on parle de son taux de cholestérol, de la dernière battue au sanglier, du mildiou sur les tomates, de la nouvelle maîtresse de l’école maternelle, du temps qu’il a fait et qu’il fera, de Macron, de la fracture du col du fémur de la belle-mère, etc. Bref, de tout, de rien. Nous, on mate les caddies qui racontent la rentrée frénétique, les hautes solitudes, les fins de mois un peu raides, les caprices du petit dernier, les marottes sucrées et salées, les bitures à venir, les menus tracés au cordeau pour la semaine. On est intrigué par la poissonnière si loin de la mer et qui pourtant fait si bien l’article pour le cabillaud en promo. On écoute le boucher pour qui il ne peut y avoir de pot-au-feu sans la macreuse de bœuf qui donne une viande gélatineuse. Et puis, on s’en va bouffer notre salade de museau et notre tablette de chocolat sur le parking. A regarder ces vies qui défilent une fois le coffre de la bagnole plein.

Vélo électrique

A la lecture des Dernières Nouvelles d’Alsace, on a appris que l’idée de ce concert vous était venue durant le confinement alors que vous alliez vous ravitailler au Super U de Sainte-Marie-aux-Mines en faisant le plein de chocolat suisse dans les sacoches de votre vélo électrique. Vous avez confié au quotidien alsacien : "Même si je ne suis pas un grand fan de supermarchés, c’est quand même l’endroit où tout le monde se croise ! Il nous assure une relative autonomie. Dans ces circonstances, on est sensible à ça. S’il n’y avait pas eu le Super U, le personnel… tous les gens qui ont travaillé… Alors j’ai proposé un petit concert pour les saluer. Je ne le conçois pas comme un truc de promo, c’est un clin d’œil local, un remerciement à tout le personnel, et par extension à tout le monde qui a travaillé durant cette période, aussi bien aux Tournesols [établissement médico-social local, ndlr], à l’hôpital, etc."

Honnête homme

Alors samedi dernier, le 5 septembre, vous avez joué gratos devant 500 personnes sur le parking du Super U qui s’est chargé de l’organisation du concert. Et vous savez quoi, on s’est dit, encore une fois, que vous êtes un honnête homme.

On s’est dit que le gâteau aux petits-beurre et au chocolat de notre enfance valait bien une virée au Super U. Voici la recette de Maya Barakat-Nuq dans son délicieux Gâteaux sans cuisson.
Pour six personnes, il vous faut : 2 paquets de biscuits type petits-beurre ; 2 tablettes de chocolat noir de 100 g ; 1 verre de lait ; 50 cl de crème fraîche liquide.
Coupez le chocolat en petits morceaux, mettez-le dans une casserole et ajoutez le verre de lait. Faites fondre le chocolat tout en remuant. Tapissez un moule carré ou rectangulaire – c’est plus facile – de petits-beurre. Ajoutez la crème fraîche sur le chocolat fondu et mélangez. Versez quelques cuillères de crème au chocolat sur les biscuits et étalez bien de façon à les recouvrir. Recouvrez d’une deuxième couche de biscuits et étalez par-dessus le chocolat fondu. Continuez jusqu’à épuisement des ingrédients et en fonction de la taille du moule. Terminez par une couche de crème.
Placez le gâteau au congélateur pendant quelques heures ou, mieux encore, préparez-le la veille. Sortez-le du congélateur trente minutes avant de servir.
Maya Barakat-Nuq explique : "Vous pouvez réaliser ce gâteau avec n’importe quels biscuits que vous avez dans vos placards. Il est idéal pour finir des paquets ouverts depuis quelque temps et dont les biscuits ont perdu leur croustillant. Rien ne vous empêche de mélanger plusieurs sortes, au contraire.""
Jacky Durand

 

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