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lieux communs (et autres fadaises)
31 octobre 2020

RCC1

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Pour faire un clin d'oeil amical à Erri de Luca (vous comprendrez pourquoi le 1er novembre ei vous lisez mon calendrier d'octobre) il ne sera question que de petits bonheurs, à chaque jour suffira le sien, hein...
Aujourd'hui il sera question de l'inauguration du CDADR (calendrier d'avent du reconcon)

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Quand j'aurai fini la boîte (à raison de 1 par jour, n'est-ce pas, Dominique ?) quatre semaines seront passées...
Le chocolat d'aujour'hui était blanc à la noix de coco... (celui que vous voyez au-dessus sur la photo), je l'ai savouré en buvant le premier café fait avec ma nouvelle petite cafetière (ils recommandaient de sacrifier les premières tasses, je ne l'ai pas fait, mais bon ça n'était pas si terrible...)

*
Malou a cuit ce jour son premier gâteau, moi ce fut ma première quiche, dans mon nouveau four (merci encore Manue!), pour lequel j'ai inauguré une cette de pâte à tarte sans matière grasse (200g de farine / 1 yaourt / un jaune d'oeuf et hop!) pas mal du tout...

*

et je ne pouvais pas ne pas vous faire profiter de ce texte beau et juste de Philippe Lançon, aujourd'hui dans le supplément culture de Libé, sous le titre LES LIVRES DANS LA JUNGLE :

"Lorsqu’elle est, à tort ou à raison, considérée comme peu légitime ou mal justifiée, l’autorité a toujours des relents de jésuitisme, autrement dit, de casuistique et d’hypocrisie plus ou moins consciente. La casuistique par temps viral consiste par exemple à décider quels commerces sont essentiels à la vie des citoyens-enfants et lesquels ne le sont pas. Elle apparaît aussitôt pour ce qu’elle n’est pas forcément. D’une part, un bricolage montant les uns contre les autres, comme en cours de récré, sur le thème: «Pourquoi lui il a le droit d’ouvrir et pas moi?» D’autre part, et contradictoirement, un rouleau compresseur cohérent reconduisant chacun vers un durcissement de l’increvable slogan (travail, famille réduite au plus strict noyau, patrie en danger), et, puisque l’économie de guerre doit rester plus que jamais libérale et de masse, vers ce banal eldorado industriel qui fit rêver et continue de nourrir la plupart d’entre nous : les grandes surfaces.

Nous savions depuis mars que, pour les contremaîtres affolés qui gouvernent les démocraties mal en point, les librairies appartiennent à la catégorie des commerces dispensables en temps de guerre (virale). L’homme travailleur et confiné, cette fourmi nerveuse, doit pouvoir se passer de livres, ou, plus exactement, de cette curiosité propre à qui entre dans une librairie avec une idée en tête, mais l’esprit assez flottant pour suivre un conseil ou ce que le hasard lui met sous les yeux. On n’ose plus dire: sous la main, alors même que toucher un livre, le feuilleter, le flairer, lire sa quatrième de couverture, en apprécier le format, la mise en pages, tout ce travail propre à l’objet qu’effectuent encore tant de «petits éditeurs», annoncent le plaisir de lire qu’ils enveloppent et enluminent.

Après une réunion de crise et une journée de protestations des librairies indépendantes, Bercy a choisi non de rouvrir ces dernières mais de corriger la distorsion de concurrence en demandant aux grandes enseignes comme la Fnac d’interdire l’accès de leurs clients au rayon livres. Un mauvais esprit dirait qu’une vertu secondaire de la Covid est qu’en fermant les librairies, elle tue enfin les prix; mais les prix s’adaptent, et plusieurs jurys (Goncourt et d’autres) ont annoncé qu’ils reportaient leurs distributions à des jours meilleurs. Ils savent que leur survie dépend autant des librairies que celles-ci dépendent d’eux.

Il ne faut pas être grand clerc, ni bien original, pour conclure de tout ça que si ce virus darwinien n’existait pas, le capitalisme culturel et le bon sens propre au poujadisme auraient pu l’inventer. Il semble accentuer le glissement, en chacun de nous, vers les écrans, les commandes en ligne, les produits de consommation de masse, tous phénomènes qui contribuent, entre autres, à dissoudre cet individu autonome, silencieux et récalcitrant: le lecteur. On parle beaucoup du respect dû aux minorités. Le lecteur reste un être minoritaire. Il est toujours seul quand il lit. Grâce aux libraires, il l’est aussi quand il choisit. Non pas seul face au vide et dans le vide que cette société effroyablement bruyante fait en lui, mais librement, intensément, richement seul. Il a aussi une petite chance d’y échapper à la brutale caricature de lui-même que ce monde ne cesse de lui renvoyer. Ces petits océans de mots, de nuances, d’images fixes et de papier sont désormais fermés." Philippe Lançon

*

Et voilà pour ce J1 (et c'est déjà pas mal, eh oh)

 

30 octobre 2020

RCC0

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"prendre ses dispositions"

(brimborions)

* Derniers préparatifs pour le nouveau grand raoût (je n'ai pas dit Raoult eh oh) mégafun ultrafestif hyper joyeux qu'on nous annonce (impose, en fait on n'a pas vraiment le choix) pour ce novembre 2020.
* les cinémas seront fermés mais les cimetières restent ouverts.
* Manue est passée ce matin m'apporter un "vrai" four (à moi les gratins les gougères les teurgoules etc) d'une de ses filles, et on a bu ensemble un "dernier café avant la route"
* Emma m'a demandé par sms si j'allais aller au cinéma aujourd'hui et j'ai répondu non non autant s'habituer tout de suite à ne pas
* J'ai envoyé par whatsapp à mes correspondant(e)s cette image (enfin, la version originale) qui sera celle de ce reconcon (fini Coco et le Capitaine Haddock donc) et que j'ai retravaillé (a minima) pour chaque jour avec un "effet spécial" de ce cher Picasa
* J'ai retrouvé les deux "oiseaux d'Emma" qui étaient accrochés à ma petite fenêtre de cuisine à Coulevon, et que je pensais avoir perdus pendant le déménagement : ils étaient dans la boîte du mixer de Séverine et de ses accessoires (c'est dire si je m'en sers souvent) et ça m'a fait très plaisir
* Hier j'ai demandé à madame Quévy (ma chocolatière préférée) un "calendrier d'avent du recon(con)finement" un chocolat par jour (4x7) et je lui ai dit qu'ainsi je penserais à elle tous les jours
* La soupe de courge/pomme de terre d'hier que je trouvais assez inintéressante gustativement a pris ce midi un virage inattendu avec le reste de sauce des râbles d'hier (champignons / crème / vin blanc) avec lequel je l'ai mixée
* Je suis allé refaire quelques coursinettes ce matin à Monop' dès 8h30, (lait, café, purée,entre autres) où désormais il est recommandé, en plus de se geler les mains, d'effectuer la même chose avec la poignée du chariot ou l'anse du sac
* J'ai garé ma 'oiture exactement au même endroit que lors du con(con)finement : juste sous mes fenêtres
* J'ai pris la résolution de ne plus regarder dans la mesure du possible aucun journal télévisé ni chaîne d'info en continu et ce jusqu'au 1er décembre
* réinstallé scrabble pro et recommencé à jouer en ligne avec Catherine P.
* refait le plein d'efferalgan à la pharmacie
* racheté une "plus petite" cafetière
* "fin prêt" quoi...
* que le spectacle commence!

29 octobre 2020

RCC-1

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reconcon (finement) 1

Ben voilà on y est (plutôt on y rest, du verbe rêtre), on ne l'a pas vraiment vu arriver, enfin pas arriver si vite. Il y a quelques jours encore nous étions gais légers et insouciants, des lucioles dans la nuit d'été, et bam voilà que ça nous tombe sur le coin du museau. On regardait la couleur des départements (ouf pour une foi on n'était pas rouges) histoire de se rassurer, on sentait bien que ça frémissait, que ça se rapprochait, on entendait parler de couvre-feu, d'abord là-bas, très loin, comme une vague rumeur, un ronron, un bruit de guêpes lointain, faut dire que depuis mai, hein, on s'y était habitué, on était ressorti, à petits pas, on avait rangé la cabane et son syndrome au grenier (et au rayon des accessoires), on avait même fait des livres-photos sur le temps du con(con)finement, on avait remisé aussi (au fond de sa poche et avec son mouchoir par dessus) les prédictions -dès mai- de ceux qui jouaient les Cassandre (ainsi les catégorisait-on), en parlant de nouvelle vague (oups, de deuxième vague voulais-je dire), au changement de saison, de "plus dure encore", mais bref, la vie comme dit l'autre avait repris tous ses droits (merci Georges!), enfin, "presque" tous, hein, sérieusement rognés les droits en question, surtout le secteur de la night et de ses environs (spectacles vivants et concerts surtout avaient bien morflé) on avait repris tant bien que mal le chemin du dehors et des autres, histoire de re-vivre, on avait retrouvé des habitudes, le ciné, le fjt, la libre circulation, les spectacles, l'insouciance presque, tout ça en prenant et respectant les nouvelles consignes, et le masque, et le gel, et la distance, en s'y conformant, aux règles de cette nouvelle vie qui essayait désespérément de ressembler à l'ancienne mais qui n'y réussissait pas tout à fait, on faisait comme si, il le fallait bien, et pourtant on sentait bien que les Cassandre gémissaient de plus en plus fort, et les journaux télévisés aussi se mettaient à hululer au diapason, les choses n'allaient pas si bien que ça, les choses n'allaient pas bien, les choses allaient de mal en pis, et c'était bien sûr de la faute des gens, et pas de l'incurie de la gestion de la crise par les hautes instances en escarpins vernis qui nous gouvernent, et on constatait l'impuissance des médecins et des scientifiques et du personnel hospitalier face à cette... chose, cette maladie ce virus machin qu'on ne comprend pas, qu'on n'arrive pas à cerner, et donc alors qu'il y a deux trois jours on évoquait ce fameux couvre-feu à venir (cela semblait inévitable) -Zabetta m'avait prévenu, le tenant de J-Y qui le tenait de la préfecture du Doubs, ce serait couvre-feu pour le Doubs en fin de semaine et couvre-feu pour nous en fin de semaine suivante-, voilà-t-y pas qu'en une journée à peine le mot ("reconcon-finement") est soudain apparu, ex nihilo, d'abord chuchoté infinitésimalement par on ne sait qui puis de plus en plus fort jusqu'à tonitruer partout, à l'unisson, de tous les côtés, alors qu'on ne devrait -en principe- être prévenus que ce soir par Son Eminence...
Reconcon! Reconcon! Bon, allez, on y retourne!
(C'est drôle, quand même, il me semble que, quand j'ai dit à Dominique, il y a deux jours que "j'aurais du mal à supporter un nouveau confinement", tout ça me semblait à des années-lumières... Ben faut croire que non, puisqu'on y est...)

27 octobre 2020

autruche

Covid à l'école, l'omerta et le déni
Par Christian Lehmann, médecin et écrivain — 26 octobre 2020 à 14:52

 

"Depuis le début de la pandémie j’ai gardé contact avec des soignants sur l’ensemble du territoire, jusqu’en Guyane, et dans des services et des lieux auxquels je n’ai pas accès au quotidien (réanimation, urgences, Ehpad, soins palliatifs). J’ai recueilli des témoignages édifiants, j’en ai publié certains. Je croyais avoir un peu fait le tour des émotions. L’incrédulité, le désarroi, la colère. Et puis la semaine dernière, j’ai demandé aux personnels de l’Education nationale de témoigner. Et je vais vous dire un truc. Je n’étais pas prêt.

Après avoir milité pour le port du masque en lieu clos à cause des risques d’aérosolisation, en s’inspirant des exemples de pays ayant mieux préparé leur rentrée, un collectif de professionnels de santé dont je fais partie, ducotedelascience.org, avait alerté dans une tribune le 29 août sur les failles prévisibles du protocole sanitaire mis en place pour l’école.

«Le protocole prévu pour la rentrée du 1er septembre ne protège ni les personnels ni les élèves et leurs familles, et est insuffisant pour ralentir l’augmentation actuelle du nombre de nouveaux cas de Covid-19, écrivions-nous alors. Nous proposons de recommander le port du masque en lieu clos pour tous les élèves de plus de 6 ans et de leur distribuer des masques […], d’appliquer les mesures d’aération préconisées pour les lieux clos professionnels en s’aidant notamment d’appareils de mesure de qualité de l’air […], de mettre en place au plus vite des procédures dédiées dans les zones de forte circulation virale (allègement des classes en alternant présentiel et enseignement à distance, limitation des contacts entre les classes, échelonnement des récréations et de la cantine) […], de préciser la conduite à tenir lorsqu’un enfant ou un adulte est testé positif ou a été en contact avec un cas positif, et d’instaurer un système réactif et transparent de remontées des données concernant le nombre de sujets positifs, les écoles et classes fermées, le nombre d’enfants testés, les délais des tests et des résultats.»

A ces recommandations, Jean-Michel Blanquer opposait une mâle assurance : «Nous sommes préparés à tout.» Le 1er septembre, la rentrée a lieu avec un protocole sanitaire allégé : alors que les effectifs en France sont les plus bondés d’Europe, il est mis fin à la distanciation physique en classe si elle ne permet pas de faire rentrer tous les élèves. Le 10 septembre, les agences régionales de santé indiquent que les quelques masques en tissu distribués aux enseignants et aux élèves pauvres sont insuffisamment protecteurs et ne dispensent pas d’être déclaré cas contact (à la différence des masques chirurgicaux). Le 21 septembre, alors que les classes ferment par dizaines, Blanquer allège le protocole. Il faut maintenant trois cas positifs la même semaine dans des fratries différentes pour fermer une classe. Au vu de la difficulté à obtenir les résultats de PCR à cette époque, cela contribue à casser le thermomètre, à afficher une normalité de façade en laissant flamber l’épidémie. Le 25 septembre, sans surprise, le milieu scolaire et universitaire devient la première source de clusters en France.

Le 29 septembre, dans un entretien au Figaro, Jean-Michel Blanquer assure : «L’école n’est pas le nid du virus. On ne doit pas engourdir la société.» Conforté par la Société française de pédiatrie, qui s’arc-boute depuis le début sur la doctrine selon laquelle «le Covid-19 concerne vraiment très peu les enfants» et s’indigne que parmi les auteurs de notre tribune demandant le port du masque dès 6 ans, ne figurerait «aucun médecin ou soignant d’enfant» (seulement neuf sur vingt et un…), le ministre ment : «Quelques médecins ne voulaient pas que l’école reprenne, moi j’écoute le Haut Conseil de santé publique et les sociétés de pédiatrie.» C’est un choix, alors que s’accumulent les études internationales démontrant la place des enfants dans les chaînes de contamination…

Un mois plus tard, la France est en échec, le Covid-19 est en passe de déborder à nouveau les hôpitaux. Le gouvernement instaure un couvre-feu, prône timidement le télétravail, commence péniblement à parler d’aération des locaux… et prépare la rentrée scolaire du 2 novembre, comme si de rien n’était. Alors j’ai demandé aux personnels de témoigner, anonymement bien sûr, puisque, obligation de neutralité, devoir de réserve, et école de la confiance obligent, les personnels de l’Education nationale se sentent contraints à l’omerta.

L’omerta sur les contaminations

«Quasiment aucune information ne circule, ni vers les profs, ni vers les familles.»

«Quand il s’agit d’un cas de gale, oui on doit le dire, mais là…»

«Une élève de 5e attend les résultats de son test (après un cas positif dans la famille). Cours d’EPS, sans masque. Ses parents appellent pour prévenir que le test est positif. Elle est tout de suite sortie de cours mais comme elle était asymptomatique, personne n’a été considéré cas contact dans la classe.»

«On a su après coup que certains élèves cas contacts sont venus quand même sans le dire parce qu’ils ne voulaient pas manquer sept jours de cours. Les élèves sont très perplexes de ne pas être déclarés cas contact quand un élève de leur classe est positif alors qu’ils font sport sans masque. J’ai eu des cas positifs dans mes nombreuses classes et n’ai jamais été déclarée contact, les élèves non plus vu qu’ils ont tous des masques. Masques non fournis par la région ou le ministère, donc la plupart des élèves gardent le même masque plusieurs jours, voire une semaine, voire plus.»

«Le virus se propage dans d’autres classes et la vie scolaire avertit de moins en moins le personnel à chaque cas (seulement les profs intervenants dans une classe concernée et avec plusieurs jours de retard). Ce sont les élèves restant en classe qui avertissent leurs profs et tiennent les comptes. La communication est beaucoup plus efficace sur leurs réseaux qu’entre personnels d’éducation.»

«Un cas de Covid chez un élève, qui n’a impliqué le confinement que de la moitié de la classe (il ne s’agissait que des noms que l’élève positif a donnés), alors qu’ils font sport ensemble et mangent ensemble sans masque. La direction n’a parlé du cas de l’élève, uniquement contrainte et forcée, car la colère grondait : on étouffe les cas, il faut faire illusion auprès du rectorat que la direction gère la crise et n’a aucun cas. Les élèves n’ont pas été prévenus, ni les familles, ce qui pourtant aurait été incitatif à mettre les masques correctement.» «En début d’année scolaire, l’équipe enseignante a été mise en quarantaine suite à la présence d’un cas positif parmi les enseignants. Ils ont ensuite été rappelés au travail car il n’y avait plus assez de remplaçants, on leur a simplement demandé s’ils avaient des symptômes. Ils ont repris la classe sans avoir les résultats des prélèvements. Sur les quatorze enseignants, huit ont ensuite eu des résultats positifs et tous avaient repris la classe.»

Des mesures barrière fantômes

«La prévention, c’est le néant : plus de gel depuis mi-septembre (sauf à l’entrée où les assistants d’éducation mettent trois gouttes sur les mains des entrants), salles nettoyées une fois par quinzaine, fenêtres vissées, aucune distanciation dans les classes (36 élèves dans 43 m2).»

«Prof de SVT, je suis obligé d’acheter moi-même des masques FFP2 pour travailler avec les élèves en TP. En effet nous sommes obligés d’être en contact étroit avec les élèves sur leur poste de travail : démonstration, manipulation du microscope, etc. Comme beaucoup d’élèves ont des masques de qualité douteuse et qu’ils portent souvent très mal malgré les nombreux rappels et que j’ai plus de 50 ans, j’ai choisi de m’offrir la sécurité que mon employeur refuse de me donner.»

«Je suis prof en lycée professionnel. En juin, film plastique sur les claviers, sens de circulation dans les couloirs, virucide dans les classes, et gel hydro, les élèves restent dans la même salle. Depuis septembre, film plastique et virucides supprimés, classes complètes à 26, qui changent de salle toutes les heures, emplois du temps des profs mal faits qui imposent qu’eux aussi changent de salle toutes les heures. Résultat : 500 personnes se croisent dans les couloirs.»

«Dans mon établissement, depuis mi-septembre c’est comme si le Covid avait disparu. Plus de désinfection car on interdit l’utilisation de l’eau de Javel aux personnels d’entretien. A part le gel en entrant dans la classe (que l’on a à notre disposition), aucune désinfection des salles et des tables. Certaines salles n’ont pas la possibilité d’avoir des ouvertures de fenêtre car bloquées pour des raisons de sécurité. Les profs portent leurs propres masques car aucun n’est fourni par le lycée.»

«En tant que parents, nous nous battons pour la mise en place de purificateurs d’airs (on a même réussi à négocier des prix à la place de la mairie) pour ventiler au mieux les salles de classe… Mais on se heurte à une mairie qui semble avancer avec des œillères.»

«Aucune sanction pour les élèves qui ne cessent d’enlever le masque en cours toutes les dix secondes. Les profs sont livrés à eux-mêmes, et n’ont que l’aération possible des salles, quand il y a des fenêtres, car certaines salles n’en ont pas. Pourtant, elles sont bondées toute la semaine, sous prétexte qu’il y a une aération, puisque VMC. Quand d’autres salles avec fenêtres sont libres certains jours.»

Sans oublier le facteur humain, et le déni

«Les collègues n’ont pas été formés aux gestes barrières, n’avaient pas le temps ou l’envie de se renseigner et s’étaient souvent résignés à l’idée de la contamination générale "parce qu’il faut vivre avec le virus". J’essaye d’être constructif et de trouver des compromis sans passer pour un illuminé… Je suis dépité que nous ne fassions pas tout notre possible pour travailler en demi-groupes et alterner présentiel et distanciel afin de préserver la santé de chacun et aussi le personnel de santé, mais je sens être arrivé au bout de ce que je peux faire seul.»

«Au retour d’une des Atsem [agent territorial spécialisé des écoles maternelles] malade, l’institutrice avec laquelle elle travaille lui reproche de l’avoir "dénoncée" à l’ARS.»

«Le protocole est d’évacuer les élèves au premier signe clinique de Covid. Et comment dire… Tout est un signe clinique de Covid. On passe notre temps à appeler les parents, qui nous pourrissent joyeusement (parce que c’est vrai que quitter son taf dès que son môme tousse, c’est compliqué pour beaucoup) et à essayer de placer les élèves à l’isolement en attendant qu’ils partent.»

«Lorsqu’on renvoie un élève qui joue au petit malin en ôtant son masque, on nous le renvoie…»

«Les réunions de travail ont lieu le midi, en mangeant… sans masque et sans aération. J’envisage de faire jouer mon droit de retrait. Pour l’instant, j’y ai assisté masquée en ayant mangé avant.»

«Mon principal m’a demandé de "ne pas angoisser les collègues" bien que je montre un "souci louable de les éclairer avec de vrais arguments". "Gardez vos angoisses, ne sombrons pas dans la psychose." Et surtout pas de vague.»

«Je pourrais aussi parler des collègues qui viennent bosser alors qu’ils sont manifestement malades (personne n’a envie de perdre son jour de carence…).»

«Quand on demande aux enfants pourquoi ils viennent alors qu’ils sont malades, la réponse est : "Mes parents m’obligent." J’ai même eu "Ma mère veut que je vienne et ne veut pas me faire tester."»

Pas de protocole cohérent, juste la bonne volonté et la résilience individuelles

«Avec des petits CP, j’ai retrouvé toutes mes habitudes de travail. Il n’y a pas de respect de la distanciation car… comment faire des lacets ? Ouvrir un bouton de pantalon trop difficile à défaire ? Aider à gommer sans faire de rature ? Accompagner un geste d’écriture ? Bref, c’est impossible et inhumain pour moi d’envisager de ne plus faire ces gestes du quotidien qui font partie de ma relation à mes élèves. Je prends donc des risques, consciemment, en espérant ne pas être contaminée à nouveau…»

«L’immense majorité de mes collègues et moi-même pensons que les cours en présentiel, malgré toutes les contraintes, sont infiniment plus productifs que les cours à distance, qui nous ont laissés, ainsi qu’aux étudiants, un souvenir atroce de mars à juin (j’ai dû m’arrêter trois jours, épuisé, première fois de ma carrière de seize ans et avec la culpabilité supplémentaire de savoir que ce que les soignants vivaient à l’hôpital était infiniment plus difficile que notre situation, mais bon, ce que l’esprit sait, le corps ne voulait vraisemblablement pas l’entendre). Nous nous plierions bien entendu à un reconfinement s’il était décidé, mais les mensonges du ministre, le "prof-bashing" à outrance nous ont rendu amers et nous ne sommes plus prêts à compenser avec la même énergie les "Nous sommes prêts" mensongers de Blanquer pour ensuite nous faire insulter par des connards qui ne feraient notre boulot pour rien au monde. Enfin, vous le savez très bien vous-même, c’est exactement la même chose, en pire, pour vous les soignants.»

«Les adaptations que je fais sont les suivantes : je porte mon masque correctement et en continu. Je mange le plus possible à la maison pour éviter les moments où nous ne portons pas les masques. Jusqu’à présent, j’ai laissé deux fenêtres opposées ouvertes pour assurer l’aération de la classe. J’adapterai en fonction de la température extérieure, mais j’ai d’ores et déjà prévenu les familles et conseillé aux enfants de laisser un gilet en classe afin que nous puissions aérer au mieux.»

«Après sept semaines de cours, je continue de lutter afin que tous les enseignants consentent à aérer, ne serait-ce qu’une minute, leur salle de classe entre deux cours. Beaucoup sont encore hermétiques au concept. D’autant que le ménage est purement factice dans cet établissement. Des années que dure le conflit avec l’entreprise de nettoyage, que la crasse s’incruste, un coup de balai en guise de désinfection des locaux, seuls les toilettes, les bureaux, le réfectoire semblent propres. Nous sommes entassés avec une moyenne de 32 élèves et 2 adultes dans des salles parfois minuscules et pour certaines pleines à craquer, totalement inadaptées à des classes entières. Je parle ici d’un établissement scolaire privé sous contrat public. Lutter aussi pour obtenir des masques papier pour les collègues sachant que certains ont des difficultés financières, que les profs ont été servis mais qu’eux n’osent pas demander. De toute façon, c’était juste pour la rentrée, trop onéreux sur le long terme. La précarité peut faire trembler, je le comprends parfaitement.»

«Nombreux sont les élèves qui viennent en classe avec des symptômes. Donc je n’ai pas particulièrement peur aujourd’hui mais je réclame ce qui me semble un minimum. La transparence des cas positifs, des masques non toxiques gratuits pour tout le personnel et obligatoires pour tous les élèves – ils côtoient des adultes, certains sont vulnérables (autre scandale) –, de l’air dans des classes propres… Bref un protocole sanitaire décent. Ils ont eu des mois pour y songer et pour mettre en place les adaptations nécessaires lorsque le virus circule très activement. Pour prévenir, puisque guérir reste très aléatoire. Parce que rien ne va dans les établissements scolaires, tout se dégrade. Parce que rien n’a été mis en place pour tenter de protéger au mieux les élèves comme les adultes. Pas de quoi susciter des vocations. Et c’est tellement dommage. Parce que j’adore ces gosses, ceux qui sont en marge et avec lesquels se construit une forme de pacte. Parce que ce métier utile et humble, peut être sous ses meilleurs aspects, très enrichissant. Parce que je côtoie aussi des profs et des instits extras. Le chouette quotidien d’une accompagnante d’élève en situation de handicap, un vrai sport de combat et tout ça pour un salaire dérisoire.»

Lors d’un hommage à Samuel Paty devant l’Assemblée nationale, Jean Castex, Premier ministre et monsieur déconfinement, a eu ce mot : «L’Education nationale, notre majorité l’a particulièrement choyée, et nous allons continuer de le faire.» Et bien apparemment, c’est dur d’être choyé par des incompétents.
(Libération)

 

25 octobre 2020

coiffeuse

099
ADIEU LES CONS
d'Albert Dupontel

On l'avait en sortie nationale et donc, rituellement, j'y suis allé le premier jour à la première séance, d'autant plus vite que j'avais entr'aperçu quelques critiques assez dézingueuses (Libé, les Inrocks, Téléramuche) l'une d'elle allant carrément jusqu'à qualifier le film de moisi, j'ai donc voulu en avoir le coeur net le plus vite possible.
Et j'ai drôlement bien fait. Contrairement aux pisse-froid et aux culs-serrés susnommés (c'est peut-être eux les cons auxquels le titre dit adieu), je me suis tout de suite senti à l'aise dans ce conte moderne qui met en scène un trio plutôt dézingué : une coiffeuse qui apprend qu'elle n'a plus beaucoup de temps à vivre (et veut en profiter pour retrouver son fils qu'elle a dû abandonner à la naissance, ayant accouché à 15 ans), un informaticien burn-outé que son suicide raté va faire prendre à tort pour l'ennemi public numéro un (et qui souhaite rétablir la vérité), et un aveugle relégué dans d'obscures archives suite à un accident de flashball qui lui a ôté la vue (et collé une sainte frousse de la police), qui  demande aux deux autres de l'emmener avec eux. (Dans le rôle, Nicolas Marié est extraordinaire...)
Chacun cherche quelque chose, et chacun a besoin des deux autres, dans une fuite effrénée à la fois pour trouver ce qu'ils (re)cherchent, mais aussi pour échapper aux flics (on se souvient que Dupontel ne les aime pas, mais là il a encore plus mis le paquet, tellement  ceux-là sont spécialement cons, bourrins, violents, gueulards, bref, juste comme on aime les détester...)
Dupontel a toujours le filmage survolté, il se délecte des éclairages polychromes, des cadrages biscornus, des scènes-choc (dans tous les sens du terme, ça fait boum! à plusieurs reprises) et n'aime rien tant que zigzaguer (louvoyer) entre la comédie noire, le mélo tire-larmes, la comédie tendre-doudou, et le blockbuster pyrotechnique à effets spéciaux, en prenant soin de pousser les curseurs toujours un poil trop loin... Ceux de la folie souvent, ceux de la facilité quelque fois, mais ça fait du bien.
Car ça fonctionne, indiscutablement.
Bien entendu, la quête de Suze Trappet (placement de produit ? Hihi)- incarnée par une Virginie Effira délicieusement délicieuse- va aboutir (grâce notamment à un Jackie Berroyer paradisiaque qui redonnerait l'espoir à tous les malades d'Alzheimer -ou plus précisément à ceux qui doivent gérer ce type de malades-, dans une séquence merveilleusement irréaliste et délicieusement à larmichettes, je l'avoue oui là j'ai fondu...), elle va retrouver son fiston perdu, mais le film ne va pas s'arrêter là, heureusement, et après une brève pause (le temps de reprendre son souffle ?) ça va redémarrer, doucement d'abord, puis en mettant les gaz à fond jusqu'à un final à la fois très attendu et très surprenant, où Dupontel va jusqu'au bout (du polar, du mélo, de la love story) et réussit à nous emporter (nous émouvoir) avec cet ultime Adieu les cons... Et bam bam.

2680092

 

 

24 octobre 2020

haut-fourneau

LEURS ENFANTS APRES EUX
de Nicolas Mathieu

Je viens de terminer ce roman, qui restera comme un grand plaisir de lecture de ces derniers mois (voire de cette année), un roman dont Pépin m'avait parlé (il m'en avait même fait lire la première page, je me rappelle que ça parlait de tartines de Vache qui rit...), dont j'avais rangé le titre dans un recoin de ma mémoire, et que les hasards du commerce ouébesque ont rappelé à mon bon souvenir, puisqu'il me manquait 3€ dans ma commande chez Gibertuche pour ne pas payer de frais d'envoi et que celui-ci -pourtant en grande belle édition chez Actes Sud, dans un état impeccable et tout - était à 3€ et des brouettes... Hop donc dans le panier!
Je ne l'ai d'ailleurs pas attaqué immédiatement, mais, dès que j'ai lu les premières pages, l'effet de séduction a été immédiat, et ne s'est plus démenti jusqu'à la fin.
Je dois dire que je m'en méfiais un peu car c'est une habitude chez moi : je me défie des Prix Goncourt. Oui je sais, c'est assez con mais c'est comme ça. Ca doit être mon côté snob, je n'ai pas envie de lire le bouquin que des centaines de milliers de gens ont offert à d'autre centaines de milliers d'autre pour Noël (et je serais très triste si on me l'offrait d'ailleurs). Les seuls Goncourt(s) que j'ai lus, c'est des bouquins que j'avais lus -et aimés- avant que, justement, ils ne soient couronnés (Le jardin d'acclimatation, Je m'en vais, Au revoir là-haut), et j'ai rarement (voire jamais) fait la chose en sens inverse : lire un livre parce qu'il avait eu le Goncourt. En matière de prix, mon préféré est, et restera, indiscutablement le Médicis.
Le livre est divisé en quatre parties, d'inégale longueur, quatre étés (92, 94, 96, 98) au cours desquels on va suivre à chaque fois plusieurs adolescents, mais deux plus précisément, Anthony et Hacine, et ceux qui les entourent : leurs potes, leurs familles, leurs copines). Une narration chronologique, rectiligne, dans une belle écriture qui mêle la langue parlée, (j'adore les roman où l'on appelle un chat un chat et une queue une queue), la narration "objective" et la chronique sociétale (l'auteur a inventé une ville qui n'existe pas, Heillange, un endroit sinistré économiquement qui ne doit pas être très loin (ni très différent) de ceux qu'il connaît vraiment.
Un roman incroyablement fort et attachant, fort bien goupillé, alternant les scènes fortes -voire très fortes- et les moments plus simples, plus vides, parfois juste d'ennui (des diverses manières de s'(in)occuper quand on a 14, 16, 18 ans...). un coup de foudre de lecteur, incontestablement (peut-être -merci Pépin de m'en avoir parlé!- "mon" livre de 2020.), un livre incandescent, assourdissant, fascinant.
Et quand on pense qu'il ne s'agissait "que" du deuxième roman de l'auteur (je viens de me commander son premier, un polar, Aux animaux la guerre) on est impatient de lire la suite...

Leurs-enfants-apres-eux

21 octobre 2020

je jarte

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GARCON CHIFFON
de Nicolas Maury

Ca y est on a réussi à la faire notre Soirée d'Ouverture de Saison, luttant bravement contre l'adversité (film oublié dans le flyer hebdomadaire de programmation du cinéma, et donc personne à part nous, en gros, ne pouvait le savoir) qui a réuni environ 70 personnes -masquées et distance-socialées- dans une salle "pas trop grande" qui du coup s'est retrouvée bien bien remplie (je n'aime pas trop me retrouver au 3ème rang, heureusement il n'y avait pas de sous-titres, et, donc, on risquait moins le torticolis!)
Un film en avant-première, qu'on avait souhaité à l'origine chacun avec ses raisons personnelles (Hervé parce que Maud Ameline était co-scénariste, et moi-même juste parce que Nicolas Maury...) et que le distributeur (les films du Losange) a accepté de nous "prêter" à une semaine de sa sortie officielle, qu'il en soit remercié...
Nicolas Maury, donc, est un acteur qu'on peut qualifier de "singulier", et on a déjà programmé quelques-uns de ses films  en commençant par Les Rencontres d'après minuit, de Yann Gonzalez, (2013) film tout aussi singulier, où il crevait l'écran en donnant naissance à un personnage... troublant de "soubretton" (qui m'avait fort impressionné) :

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Il est ensuite apparu dans plusieurs films que j'ai beaucoup aimés (Le dos rouge, Jacky au royaume des filles, Un couteau dans le coeur, Perdrix, Les envoûtés) alternant  personnages flamboyants et d'autres plus... neutres de l'au-delà à l'en-deça), et surtout est apparu à la télévision dans la série Dix pour cent (qui, coïncidence, tiens, redémarre, justement, ce mercredi, sa saison 4...)
Et le voilà qui réapparaît ici avec la double casquette d'acteur et de réalisateur (Nicolas Maury dans un film de Nicolas Maury...) portrait, en plus, d'un acteur dont le personnage ressemble beaucoup à ce qu'on connaît déjà de lui. Ce qui fait déjà, au départ, un peu beaucoup (trop) de Nicolas Maury...
D'où le premier reproche qu'on a pu faire au film, en discutant ensuite dehors devant le cinéma, comme Dominique (mais j'ai partagé son avis, au moins dans un premier temps) qui l'a nommé complaisance. Ca m'a un peu gêné dès le début, c'est vrai, justement, cette omniprésence de Nicolas Maury (et c'est le mot que j'avais moi-aussi utilisé). Jérémie Meyer (le personnage du film) est un jeune acteur, à la voix et au phrasé immédiatement reconnaissables, avec une certaine tendance à l'auto-apitoiement et à la pâmoison. Un jeune homme maladivement jaloux (ce en quoi il a ma bénédiction, car il fut des temps où je fonctionnai un peu de la même façon, même si le traitement de la jalousié au cinéma - El, L'Enfer- ne m'a jamais totalement convaincu...) qui a du mal à trouver sa place, affectivement et professionnellement (il ne s'est pas choisi n'importe quel mari, hein, Arnaud Valois, tout de même...) et qui après une rupture douloureuse (entièrement de sa faute) décide de partir à la campagne pour prendre un peu de distance et répéter un rôle pour une audition, celui de Moritz dans l'Eveil du printemps de Franck Wedekind), et retourne chez sa mère (Nathalie baye, qui est MAGNIFIQUE, les majuscules sont de rigueur).
A partir de ce moment, le film, qui, jusque là, pour moi cahotait, patinait, brinquebalait, sans véritablement trouver ni son ton ni son rythme, passe -miraculeusement- à un niveau supérieur, à partir de la scène dite "de la piscine", que je trouve d'une précision et d'une rigueur -d'une intensité- absolument inespérées, et qui fait basculer le film -plouf!- dans mon adhésion totale et inconditionnelle, pour tout ce qui va suivre, même si, de ci de là quelques stridences narratives peuvent encore de temps en temps me crier dans les oreilles, mais, à partir de ce moment, je lui pardonne tout, tout, absolument tout, à partir de cette cristallisation qui a lieu au tour de cette italienne du texte de Wedekind (que le film donne d'ailleurs furieusement envie de lire), une scène pour moi anthologique, et suivie bam bam d'une autre scène d'anthologie (qui a d'ailleurs donné son affiche au film) celle entre la mère et le fils (je redis combien j'ai énormément aimé Nathalie Baye dans ce film.).
On pourrait, par exemple,  se dire que l'idée du chiot était un peu too much (comme dit un des -beaux- personnages : "Là c'est trop girly pour moi...") mais, sans lui, les deux dernières scènes auraient sans doute été moins fortes...
Un film, donc, à la progression dosée, qui démarre dans le  cafouillage (j'ai au départ très peur de l'accident industriel, (et de l'immense déception qu'il aurait généré), comme avait pu l'être en son temps Merveilles à Montfermeil de ma très chérie chérie Jeanne Balibar) et chemine ensuite vers la sérénité et l'harmonie. Et on se dit que, finalement, il avait raison de se filmer, car je n'imagine pas vraiment qui d'autre aurait pu jouer son rôle, tellement le créneau qu'il occupe est particulier...
Oui, Nicolas Maury (malgré sa coiffure affreuse, ses pulls épouvantables et ses poses récurrentes de diva) a réussi son coup brillamment (et je suis du coup rassuré dans mon coeur de midinet...) et je vais donc ce soir regarder les épisodes 1 et 2 de Dix pour Cent.4

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l'affiche (qui, allez savoir pourquoi, m'a fait penser à celle de Mommy, non ?)

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"ce mec est too much, ce mec est trop..."
(et, pour faire le lien, coucou Hong sang Soo!)

20 octobre 2020

amertume (passagère)

Le monde est plein (de plus en plus je trouve) de merveilleux enculés (ou connards, ou salopards ou empaffés, ou trous-du-cul, ou appelez-les bien comme ça vous plaît) et je voudrais dédier ce post à deux (allez, trois, non allez, quatre) d'entre eux : le premier enculé c'est le policier municipal qui m'a fait coller une prune de 35€ pour "non-affichage du certificat d'assurance" alors que j'étais sûr de l'avoir apposé, mais non après vérification, il m'a été piqué par le deuxième enculé (qui a bien pris soin de laisser en place le périmé, qui était derrière -pour que je ne me rende compte de rien-) profitant du fait que la portière passager de ma voiture est restée inverrouillable pendant trois semaines après que le troisième enculé de mécano m'ait malencontreusement (et inexplicablement) perdu la clé (et donc le "verrouillage centralisé") de ladite voiture, et le temps que son quatrième enculé de patron (dit "mon gros garagiste") se décide -enfin- à la faire refaire à ses frais (ce qui semblait tout de même la moindre des choses). Aujourd'hui ça doit être la St Enculé (ou la St Trou-du-cul, ce qui revient au même), et je me retiens de mettre une illustration (et pourtant ça me démange).
J'ai payé le p-v, rédigé mon chèque, en me retenant de rajouter DE MES COUILLES après avoir écrit TRESOR PUBLIC, j'ai cacheté l'enveloppe, et j'ai même mis un joli timbre (qui me semblait résumer assez bien la situation)

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20 octobre 2020

makgeolli

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LA FEMME QUI S'EST ENFUIE
de Hong Sang Soo

Le film s'ouvre sur des poules caquetant dans leur poulailler, ce qui est plutôt inhabituel dans les films de HSS, et, le précédent étant sorti à peine il y a quelques mois, on se dit que c'est comme s'il nous faisait un clin d'oeil et nous évoquait le nouvel oeuf -cotcot- qu'il venait de pondre. Je m'égare. Le très beau noir et blanc hivernal et graphique de Hotel by the river a laissé la place à des couleurs plus chaudes, nous voici à Séoul, une nouvelle fois sur les pas de Kim Min-Hee (comme dans à peu près les dix derniers films du cher Hong), qui va profiter d'une journée où elle est seule (alors qu'avec son mari, elle le dira et le redira, ils n'ont jamais été séparés même une journée, parce que "les amants doivent rester proches") pour aller ici, puis là, et encore là, discuter avec des copines (le film est en trois parties, trois récits, toujours avec ces dialogues entre femmes, avec à chaque fois l'intervention plus ou moins bienvenue (plus souvent moins que plus) d'un homme qui vient s'interposer dans la conversation...
C'est simple, c'est joli, c'est délicat, très agréable,  c'est... ajouré, dentelle, passementerie, un ouvrage de dames en tout cas, indiscutablement. On en avait eu un avant-goût dans Hotel by the river, où hommes et femmes faisaient fifty-fifty, chacun le plus souvent dans son quant-à-soi (le père et ses deux fils/ les deux copines entre elles), mais là c'est encore plus flagrant : c'est un film de femmes, les hommes sont à l'arrière-plan, plus ou moins silhouettés, et du coup avec moins de scènes de beuveries entre mecs, la preuve, il n'est cette fois plus question de soju, mais de makgeolli (je l'ai saisi au vol dans un sous-titre), qui est aussi un alcool mais, parce que sucré, blanc et laiteux est plutôt considéré comme un alcool de filles...
J'ai parlé de dentelle et c'est bien ça qui m'a plus dans le film : les trous dans la trame, les blancs, les manques (comme en poésie, le silence entre les mots, ou, en calligraphie le visible de l'écriture et le blanc du papier). J'ai beaucoup aimé ce film-là, la place -l'importance- qui est donnée aux femmes, et la façon dont l'histoire de celle qui sert de fil blanc entre les différentes séquences émerge -se construit- progressivement. Sans que rien ne soit vraiment dit ou explicité davantage. J'aime aussi énormément que certaines scènes, touchantes, soient montrées comme mine de rien, à distance, recadrées par des caméras de surveillance, histoire dans l'histoire.
Oui c'est un film très simple (et juste) et qui m'a ravi. Parce que les poules, parce que une pomme qu'on épluche (puis une autre) parce que le goût de la viande grillée, parce qu'il faut bien nourrir les chats, parce qu'on finit dans une salle de cinéma, où est projeté (je n'avais pas reconnu, ce sont les critiques qui l'ont écrit) Woman on the beach, de HSS (la scène finale et son très beau plan de mer au crépuscule...), parce que les manteaux des héroïnes (si j'étais une femme j'aimerais être actrice dans un film de Hong Sang Soo) que je trouve à chaque fois d'une folle élégance, parce que, finalement, c'est un film qui existe pour lui même, qui donne l'impression d'avancer légèrement comme s'il n'avait pas d'enjeu dramatique (s'il n'avait rien à vendre) et vous harponne irrémédiablement avec élégance (je le redis) et délicatesse... Plus qu'un "film de filles" (aïe!) un "film de copines"... Et un titre qu'on peut comprendre à deuxième vue. Encore une merveille de Tonton Hong, quoi.

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copines avec pomme

19 octobre 2020

new-york new-yooooork

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NEVER RARELY SOMETIMES ALWAYS
de Eliza Hittman

On connaissait "un temps de Toussaint", voici à présent un film de Toussaint.
Un film... peu aimable, mais plutôt efficace dans son genre, avec une longue partie de zone dans un New-York nocturne, moche, peu accueillant, anxiogène et froid (un New-york de Toussaint, quoi...). Où se retrouvent Autumn (c'est l'héroïne, normal, une héroïne de Toussaint) et sa cousine qui l'accompagne. Autumn (qu'on a découverte -c'est le début du film- sur scène guitare à la main et yeux maquillés avec des paillettes chanter une chanson d'amour et se faire traiter par un jeune con dans le public) qui découvre qu'elle est enceinte (elle pense que c'est de 10 semaines mais en réalité on l'a trompée, et c'est plutôt de 18) et qui vient là pour se faire avorter...La jeune fille en question a un physique spécialement lisse et atone (mais -je viens de re-regarder les photos sur allocinoche-, la jeune fille qui l'interprète, Sydney Flanigan, dont c'est le premier rôle au cinéma, mérite tous les éloges, tant elle est capable de mettre une troublante intensité à jouer presque rien, vraiment on est bluffé). Je ne pense pas qu'on la voit sourire une seule fois dans le film (bon la situation ne s'y prête guère hein, mais, hein, il y a quand même de la joie, oh même un petit peu, en ce bas-monde, non ?)
Un film glacé, (glaçant), opaque, parce que clinique, documentaire, où la part de fiction culmine dans une séquence impressionnante d'entretien avec QCM (Never Rarely Sometimes Always), répété comme un mantra et qui donne son titre au film) où la demoiselle laisse de fissurer son masque (sa carapace) d'impassibilité pour laisser passer quelques larmes..
Si je résume en disant que c'est "un film de filles", je risque encore de me faire taper par mes copines et pourtant c'est le cas (j'ai pensé, de loin, à Christian Mungiu et à son 4 mois, 3 semaines, 2 jours, au moins pour la situation de départ, même si la Roumanie de 1987 est bien plus glauquissime que le New-York de 2020 -on met d'ailleurs un certain temps avant de pouvoir dater l'action de ce film-ci).
C'est drôle (!) j'étais un peu resté arc-bouté sur ces sensations d'un film froid, et, en regardant les photos sur allo-cinoche, je le re-découvre, via ses deux interprètes féminines (les mâles, je le redis n'ont pas grand-chose à y voir) comme profondément humain, touchant, émouvant (comme si l'émotion avait mis son temps pour infuser...)

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les deux cousines (Autumn à droite -mais si elle sourit, tu vois bien...)

PS : sans rapport ou presque avec ce qui précède, un extrait de la critique dégueulasse de Libé, celui qui est cité par allocinoche :
"Le troisième long d’Eliza Hittman est de ces films qui se déroulent tout seuls et sans nous. Autosuffisants et complets, sous leurs airs frêles ce sont des bulldozers. La bonne conscience du cinéma à sujet, limité, mal contraint, d’une paresse politique qu’évince son esprit de sérieux." Si quelqu'un peut me traduire et m'expliquer la phrase en gras, je suis tout ouÏe.

 

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