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lieux communs (et autres fadaises)
17 janvier 2021

poulailler 15

(donc si j'ai bien compté, cette rubrique (NC-F pour nouveau couvre-feu) devrait donc courir (sur ses petites pattes de poulette) au moins jusqu'au n°30 (et certaines mauvaises langues caquètent sur le ouaibe en évoquant déjà le rereconcon (3ème du nom, donc), pour février, affirmant le tenir de "sources bien informées", m'en fous j'ai assez de PQ, de masques, de gel, de pâtes, de guinness, et au moins cinquante (50!) livres à lire, mais ce ne sont peut-être que des paroles en l'air, ô, mauvaises langues... Qui vivra verra, s'pas?)

poule-qui-court

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"Ce gouvernement a décidément un sérieux problème avec l’image et la photographie. Qu’on en juge : c’est en catimini que le 31 décembre au matin a été publié au Journal officiel un décret de réorganisation du ministère de la Culture reléguant la délégation à la photographie au rang de simple "bureau". Une sous-catégorie dans les arcanes ministériels.

Après avoir vu sa liberté d’informer malmenée dans la rue par la loi sécurité globale, la photographie voit maintenant son statut en prendre un sérieux coup. Il a fallu des années pour que la Culture, se rendant peu à peu compte de l’importance des enjeux et des difficultés d’une profession en voie de paupérisation, finisse par créer un département en son sein qui lui est dédié, au même titre que la danse, la musique ou le théâtre. L’initiative lancée par Frédéric Mitterrand avait mis cinq ans pour se concrétiser sous Françoise Nyssen. Elle est finalement balayée d’un revers de main trois ans plus tard par Roselyne Bachelot.

Photographes et agences ont pourtant multiplié les tribunes pour alerter les pouvoirs publics et nous les avons abondamment relayées dans nos pages. Pour essayer de comprendre les maux qui rongent la profession, les gouvernements ont successivement lancé des assises, des observatoires et dernièrement un "parlement de la photographie". La réponse à ce branle-bas de combat est cinglante : la photographie est reléguée au rang de sous-catégorie, de sous-art. Au moins, cela a le mérite de clore cet éternel débat : la photographie est-elle un art ? Le photographe Gustave Legray, fondateur de la Société française de photographie, qui a participé à la première grande commande française en 1851 (la mission héliographique), émettait le voeu que "la photographie, au lieu de tomber dans le domaine de l’industrie, du commerce, rentre dans celui de l’art". Il doit se retourner dans sa tombe et tous les photographes avec lui." (Libé)

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Ils ont le droit eux, de se serrer de se papouiller et de s'embrasser comme ça ?

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incroyable : pendant que je jouais au tarot avec Malou, il a neigé, et j'ai rien entendu!

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"Des drones qui quadrillent le ciel de plusieurs villes françaises pour faire respecter le confinement, des robots-quadrupèdes qui trottent à côté des joggeurs pour leur rappeler les règles de distanciation sociale à Singapour, des caméras thermiques à l’entrée des bâtiments et d’autres utilisées pour vérifier le respect du port du masque : l’industrie de la surveillance se souviendra sans doute de 2020 comme de l’année de tous les possibles. Même si, bien sûr, le déploiement de cette kyrielle de dispositifs ne s’est pas fait sans contestation. On peut penser au débat autour de l’application de tracing StopCovid (devenue TousAntiCovid), aux interdictions par le Conseil d’Etat de la surveillance des populations par drone, sous la pression d’associations telles que Quadrature du Net et la Ligue des droits de l’homme (LDH), ou aux manifestations contre la proposition de loi relative à la sécurité globale, comme ce samedi dans plusieurs villes de France. A mesure que la surveillance s’est développée pour gérer la crise sanitaire, elle s’est rappelée à chacun dans ce qu’elle a de plus matériel : entre savoir qu’on est "surveillés" sur le web à cause des trackers et être rappelé à l’ordre par un drone pour non-respect du confinement, il y a un monde.

"Nous vivons en ce moment un retour de la surveillance dans ce qu’elle a de plus archaïque, puisqu’il s’agit très explicitement de gérer des corps", fait remarquer Olivier Aïm, maître de conférences au Celsa, qui vient de publier un manuel destiné à faire date, les Théories de la surveillance. Du panoptique aux surveillance studies (Armand Colin). Car ce qu’étudient les théories de la surveillance est précisément la manière dont ces dispositifs exercent un pouvoir sur les populations dans ce qu’elles ont de plus physique et organique, leur ordonnancement dans l’espace public, leur mise à distance les uns des autres, présentés aujourd’hui comme autant d’armes pour lutter contre le virus.

Né dans les années 2000, c’est un véritable champ disciplinaire qui arrive à maturation, à l’occasion de la numérisation accélérée produite par la pandémie. Le philosophe Michel Foucault, référence tutélaire en la matière, avait déjà souligné l’obsession du contrôle des corps à des fins sécuritaires. Celui-ci investit désormais tous les recoins du quotidien, à tel point que la prise en compte de la surveillance constitue une "culture visuelle, médiatique et sociale à elle toute seule", explique encore Olivier Aïm. C’est que pour surveiller les comportements déviants, tous les moyens sont bons, qu’ils soient géographiques, juridiques, informatiques ou algorithmiques. Si la Cnil, comme le Conseil d’Etat, mettent en garde sur la balance coût-bénéfice en matière de sécurité, la critique peine à se faire entendre, et c’est compréhensible, lorsqu’il s’agit de juguler une pandémie.

On observe alors que la propagation d’un virus est une aubaine pour valoriser des entreprises qui se développaient jusque-là en faisant profil bas. Et de redorer leur blason : Palantir, l’entreprise controversée de surveillance américaine, a récemment été mobilisée pour superviser le déploiement des vaccins aux Etats-Unis. "On a rarement pu aussi bien discerner le paysage de la surveillance", relève le journaliste Olivier Tesquet, qui en proposait une cartographie dans A la trace (Premiers Parallèles, 2020). Le thème s’est d’ailleurs imposé dans le débat en octobre en France, avec la proposition de loi relative à la sécurité globale et qui permettrait entre autres l’utilisation de drones pour filmer les rassemblements. Adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale, la proposition de loi doit être examinée par le Sénat en mars. "On est en droit de se demander : est-ce que le meilleur moment pour parler de ce que nous sommes prêts à concéder de nos libertés individuelles, c’est au milieu d’un confinement ?" s’interroge Olivier Tesquet.

(…)

"Surveillance studies"

Qui observe les surveillants ? Comme toujours, les sciences sociales. A peine formé au tournant des années 2000, le champ de recherche interdisciplinaire, qui considère la surveillance comme une pratique culturelle, a vu son objet devenir omniprésent après les attentats du 11 septembre 2001. Il s’est ensuite métamorphosé au gré des mutations de la "nouvelle surveillance", intégrant des notions comme le surveillance cinema développé par Catherine Zimmer ou le "capitalisme de surveillance" analysé par Shoshana Zuboff. Mais c’est Michel Foucault qui reste la figure incontournable des surveillance studies, ainsi nommées en hommage au philosophe français. Dans son texte fondateur, Surveiller et Punir (1975), il a rendu célèbre le dispositif carcéral du "panoptique" grâce auquel un geôlier unique est capable de surveiller tous les détenus. Foucault montrait que la simple possibilité que le détenu soit surveillé suffisait à modifier son comportement : ce "biopouvoir" rend possible un "gouvernement des vivants". Depuis plusieurs années, les chercheurs s’intéressent à une nouvelle forme de gouvernementalité : la "gouvernementalité algorithmique".

Coronoptique

Néologisme composé de "coronavirus" et du "panoptique", les coronoptiques désignent les dispositifs de surveillance de gestion des épidémies. "Portés par des acteurs variés, ils contribuent à rendre visible le virus, sa propagation et les déplacements de la population", selon Antoine Courmont, sociologue du numérique, docteur en science politique et chargé d’études prospectives à la Cnil. Partant du constat de l’explosion des initiatives techniques intrusives (TousAntiCovid, vidéosurveillance, etc.) aussi bien publiques que privées, locales que nationales, afin de gérer la pandémie de coronavirus, le chercheur estime qu’il est "nécessaire de s’interroger sur la légitimité de ces dispositifs", le respect des libertés fondamentales et de la vie privée des individus. Comme souvent, l’équilibre est précaire entre ce qui doit être surveillé, au nom de quoi et par qui, et ce qui ne doit pas l’être…

Sousveillance

Le geste du manifestant qui filme un policier l’exprime bien : aujourd’hui, le surveillé peut surveiller le surveillant. Cette idée est peut-être née dans l’atelier de l’ingénieur canadien Steve Mann, à l’origine du terme de "sousveillance" et qui, dès le début des années 2000, avait bricolé des petites caméras portatives. Vingt ans plus tard, la faculté de s’approprier des dispositifs de surveillance et de les retourner contre ceux qui incarnent le pouvoir est devenue un enjeu de luttes. Pour le philosophe Jean-Paul Fourmentraux, qui vient de publier AntiData : la désobéissance numérique - Art et hacktivisme technocritique (Presses du Réel), si le gouvernement souhaitait interdire la captation d’images de policiers via l’article 24 de la loi "sécurité globale", c’est qu’il mène une "bataille des images : il veut s’accaparer le droit exclusif de voir et de montrer". Attestation et applications anti-Covid montrent selon lui que le pouvoir reste dans une «conception pyramidale» de la manière dont doit être exercée la surveillance : un regard venu d’en haut, qui impose la transparence en se permettant l’opacité.

Société d’exposition

Sur Internet, on n’a jamais autant accepté la privatisation de nos données personnelles, sans que l’on ne s’en rende vraiment compte. C’est que nous sommes entrés dans la "société d’exposition", d’après le philosophe Bernard Harcourt, professeur de droit à la Columbia university et auteur de la Société d’exposition (Seuil, 2020). Et nous avons sauté dedans à pieds joints à mesure que la numérisation de nos vies s’est accélérée. Plus besoin de nous surveiller puisque nous y prenons part activement avec des likes, des tweets, des partages sur Facebook et des posts sur Instagram ; bref tous nos passages sur des applications où des algorithmes tracent nos moindres mouvements, achats, goûts et habitudes de vie quotidienne. "La société numérique repose sur la folle divulgation de nous-mêmes", expliquait dans Libération Bernard Harcourt. Autrement dit, une société de "servitude volontaire par la séduction". Quand le Big Brother d’Orwell veut interdire et éradiquer tout plaisir, l’économie numérique opère de façon radicalement opposée : chaque internaute, vous, nous, prend plaisir à se montrer tel un exhibitionniste qui s’ignore."(Libé)

 

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