dieu en personne
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JUNK HEAD
de Takahide Hori
J'ai été ravi d'apprendre qu'il était programmé au Victor Hugo en deuxième semaine d'exploitation (pour 4 séances maigrichonnes, le programmateur de cette salle est décidément très doué pour faire les choses en dépit du bon sens...) et j'y suis donc allé, à la seule séance "accessible" pour moi, celle de mercredi à 14h.
On était quatre (que des garçons) dans la salle 2 (que je n'aime pas trop), prêts à tenter l'expérience, car c'est bien d'expérience qu'on peut parler. Le réalisateur a mis 7 ans à réaliser ça tout seul, et les critiques ont évoqué une certaine parenté avec ERASERHEAD de David Lynch, autre film "ahurissant" réalisé dans les mêmes conditions... un mec tout seul qui bosse dans son grenier, invente un univers à la fois très personnel et plutôt déviant (souvent dérangeant) dans une histoire où on ne comprend pas forcément tout, mais dont la force et l'originalité contrebalancent l'éventuelle perplexité dans la quelle elle plonge le spectateur.
Un humain est envoyé sous terre (très profondément) avec mission de ramener l'adn d'une certaine créature nécessaire aux humains (d'en haut) qui, désormais immortels, ont perdu les secrets de la reproduction... En descendant, il va être intercepté par des gens du dessous, et "éparpillé façon puzzle" avant que d'être reconstituer en mode monstre de Frankenstein (un robot articulé à tête ronde) et d'être carrément pris par les autochtones pour "dieu en personne"... Notre héros va beaucoup déambuler dans les galeries de ce monde souterrain, raconter beaucoup de créatures pas toujours très bien intentionnées (rarement, en fait), subir plusieurs modifications d'apparence, pour que finalement son histoire s'interrompe suffisamment brusquement pour qu'on évoque un JUNK HEAD 2 , (en fait, il s'agirait même d'une trilogie...)
Un film de geek et d'aficionado (mais bon j'ai un peu passé l'âge) absolument digne d'éloges et de compliments pour la somme de travail démentielle qu'il représente (non seulement le réal' a fait toute l'animation mais il fait aussi toutes lés voix -ou presque- et a même été jusqu'à inventer une langue, et des "accents" (ou défauts de prononciation) pour caractériser chacun des personnages... Un tour de force...
Le personnage principal est éminemment sympathique (j'ai pensé à Wall-E), dans ses différentes apparences successives, mais le film contient suffisamment de bestioles dégueulasses pour que je n'ai pas trop envie d'y retourner...