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lieux communs (et autres fadaises)
29 juin 2022

PARLONS D'AMOURS 1

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MOFFIE
d'Olivier Hermanus

Ca faisait un certain temps qu'il figurait sur ma liste de souhaits de programmation (depuis juillet 2021 pour être précis), avec rajouté au bout Semaine gay ?
Et bien voilà, mes voeux ont été doublement exaucés :
1) cinq jours de films LGBT dans le bôô cinéma (organisés par Zabetta)
2) et le film était programmé cet après-midi à la première séance!
Nous avions déjà programmé son premier film, BEAUTY (2011) que j'avais qualifié de glacé (et glaçant).

Moffie n'est pas le (sur)nom du héros, c'est juste un mot du dialecte local qui signifie pédé. les choses donc sont claires. Notre jeune héros part faire son service militaire (nous sommes en 1981), censé "faire lui un homme un vrai". Et c'est vrai que ça ne rigole pas et qu'on se retrouve quasiment en plein FULL METAL JACKET, avec sergent instructeur spécialement gueulard et sadique (la "mise en route est si éprouvante que j'ai même envisagé à un moment de quitter la salle.
(je n'y avais pas vraiment pensé, mais en lisant les Inrocks je me dis mais oui bon sang mais c'est bien sûr, qui qualifient MOFFIE de 'film regardant un autre film" (en l'occurence, ledit FULL METAL JACKET), et c'est vrai que les structures des films sont assez semblables : (la préparation des recrues / un suicide / l'épreuve du feu) même si Olivier Hermanus réussit à tirer, heureusement, sa coda vers un je ne sais quoi de plus... affectif (affectueux ?) -mais bon l'eau est froide... Un film dur (que la fascination homo-érotique générée par les ambiances de chambrées "bourrins entre eux" rend -honteusement ?- plus facilement regardable) mais, bon, en Afrique du Sud ça ne rigole pas trop avec la gayitude...

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107
LE CHOIX D'ALI
d'Amor Hakkar

Je suis venu mi par "solidarité" (et aussi parce qu'on avait déjà programmé le film, en présence du réalisateur, mais que je n'avais pas pu y assister) et mi par curiosité : bonne surprise, il y a finalement eu une trentaine de spectateurs (dont certains étaient venus aussi pour David Belliard, qui dédicaçait son roman)). Le film est, curieusement, présenté par son réalisateur comme s'il avait "fait de son mieux", mais que le résultat n'était pas probant. Le réalisateur, "régional de l'étape" (il est bisontin) raconte l'histoire d'un jeune maghrébin bisontain et gay qui revient chez lui, àbesançon, à l'annonce de l'AVC de sa mère (le réalisateur souligne bien le fait que lui-même n'est pas du tout homosexuel), et va se trouver le cul entre plusieurs chaises (un peu comme le scénario du film), homosexualité, famille, religion, qu'en-dira-t-on, interdits, normalité, port du voile, etc. Les acteurs sont bien, et sonnent juste, mais l'histoire hélas se prend un peu les pieds dans le tapis (de prière, justement). Des acteurs justes pour une histoire qui ne l'est pas. (le fait qu'Ali, à peine débarqué dans sa famille, ne prend plus la peine de penser à son copain (qui l'a accompagné pourtant) ni de répondre à ses appels, ni même de venir à son aide alors que le pauvre se fait tabasser dans la rue juste sous ses yeux, tout ça me semble parfaitement invraisemblable. Jusqu'à une fin aussi expéditive qu'injustifiée, scénaristiquement. "Ah qu'ils sont jolis les garçons de mon pays..." mais bon ça ne suffit pas. Un film louable mais bancal.

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108
FIST COW
de Kelly Reichardt

Samedi 15h45, pour la projection de ce film que j'avais suggéré à Zabetta parqu'il était sorti chez le même distributeur que celui de la Queer Palm (qu'elle avait réussi à obtenir) pour remplacer, dans un premier temps, une avant-première qu'on n'était pas sûrs d'avoir -et qu'on n'a, dailleurs, finalement pas eue-), parce que c'est l'histoire d'une "belle amitié entre hommes" (et plus si affinités, même si aucun signe de rapport physique n'est donné). L'histoire de Cookie Figowitz et de King-Lu, que j'ai déjà vue un certain nombre de fois (sur grand et sur petit écran), et qui me fascine toujours autant (je pense que je suis quasiment amoureux de ce film, ou, plus, précisément du personnage de Cookie, (interprété par John Magaro), chez qui j'aime tout : son apparence, son comportement, sa quiétude, sa douceur, son phrasé, sa tessiture, et, surtout, son sourire... J'ai réalisé que je connaissais le film quasiment par coeur (dans son déroulement), même si j'y découvrais encore des choses que j'y avais pas encore remarquées... (notamment les multiples apparitions de celui par qui la fin va arriver...) Bref, deux heures de pur bonheur cinématographique (comment peut-on ne pas aimer ce film , comment peut-on le trouver ennuyeux ?). bien raconté, bien construit, bien filmé, bien tout, quoi. Pour un peu je le remettrais dans mon top10 2022...
Pour la majorité des spectateurs, il est question d'une belle amitié entre deux hommes, à contrepied de l'atmosphère viriliste / bourrine de la légende ricaine, mais je ne suis pas entièrement convaincu (A la question d'un journaliste "sont-ils gay ," la réalisatrice n'a pas répondu, en disant que "ça n'était pas ça qui l'intéressait", les deux acteurs, à la même question, ont répondu en utilisant le terme de romance..., qui en français peut se traduire par romance mais aussi par amour(s), nous voilà donc bien avancés...). Un film toujours aussi magnifique.

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KOKON
de Léonie Krippendorf
(en avant-première)

Une très jolie surprise que ce film "de filles" allemand, vu juste après FIRST COW (et je craignais un peu le chaud et froid après mon film chéri-chéri...). Ca commence fort avec images filmées au téléphone, adotes en goguette qui parlent comme des charretiers, me faisant craindre le pire (appréhender, en tout cas, la suite du film), et puis non, finalement, la réalisatrice soudain dépose (un peu) les armes, en centrant son histoire sur deux soeurs, Jule, l'ainée, et Nora, la cadette, et leur groupe de copains/copines, en été, tous ados et titillés par leurs hormones, bien sûr. Le Kokon du titre évoque les chenilles dont Nora fait l'élevage dans sa chambre (et comme je suis perspicace ohoh j'avais deviné qu'à la toute fin il y aurait un papillon... bim gagné!). Pour la jeune Nora ce sera l'été de toutes les découvertes (bonheurs et malheurs de l'adolescence), le corps et le coeur, dans un filmage élégant et tonique... Du coup non seulement  je n'ai pas fermé l'oeil mais je ne bougonnais pas du tout à la sortie (comme j'aurais pu le craindre... ) Le film sortira en octobre, et il est très recommandable...

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JOYLAND
de Saim Sadiq
(en avant-première)

Dernier des quinze films proposés dans ce premier festival LGBTQI+ dans le bôô cinéma, il s'agit -carrément- de la Queer Palm à Cannes 2022 (également prix du Jury Un certain regard).Un film pakistanais (ce qui est plutôt rare) très touchant, centré sur une famille pakistanaise -assez nombreuse- donc (ça ressemble beaucoup à l'Inde, quand même, hein), et plus précisément du jeune (et joli) Haider, et de sa jeune (et jolie) épouse Mumtaz... Au début du film Haider est "homme au foyer" et cherche vaguement un job, à la fin du film il prend -enfin- un bain de mer (séquence qui nous a beaucoup fait discuter à la fin devant le cinéma, tant elle peut être interprétée doublement...). La famille, la religion, les interdits, le qu'en-dira-t'on, le désir, la morale, la problématique est assez proche de celle du film Le choix d'Ali (le film aurait pu s'intituler Le choix d'Haider, ou, tout aussi justement Le choix de Mumtaz, tant leur deux histoires sous-tendent fifty-fifty le film), mais là s'arrête la ressemblance, tant le dépaysement fait bien les choses, et la réalisation, même s'il s'agit d'un premier film, a plus de force, plus de saveur. De profondeur et d'humanité. Le film sortira fin décembre prochain

Joyland

22 juin 2022

CMFUBJ spécial été

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"Dans la vie on ne fait pas ce que l'on veut mais on est responsable de ce que l'on est." (Jean-Paul Sartre)

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"Il me semble d’ailleurs qu’on ne devrait lire que les livres qui vous mordent et vous piquent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d’un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ?" (Franz Kafka, lettre à Oskar Pollak, 1904)

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"Entre la vie et moi, une vitre mince. J’ai beau voir et comprendre la vie très clairement, je ne peux la toucher." (Fernando Pessoa)

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"Le sommeil et le rêve ont certainement quelque chose en commun avec l'état qui précède notre naissance." (Otto Weininger)

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"La valeur des choses n'est pas dans la durée, mais dans l'intensité où elles arrivent. C'est pour cela qu'il existe des moments inoubliables, des choses inexplicables et des personnes incomparables." (Fernando Pessoa, Le livre de l'intranquillité)

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(pour Marie, elle comprendra)

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"C'est une erreur de vivre selon le mode d'autrui et de faire une chose uniquement parce que d'autres la font. C'est un inestimable bien de s'appartenir à soi-même." (Sénèque)

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"Apporte-moi mon testament et une gomme...." (Woody Allen)

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"Ce qui est indéfectible, c'est cette possibilité d'attendre tout de quelqu'un, à chaque nouvelle rencontre. Idéalement, nous sommes tous vierges et nous espérons, contre toute raison, trouver un destin dans le moindre visage." (Jean Baudrillard)

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Bon anniversaire Meryl Streep, bon anniversaire Billy Wilder, bon anniversaire Abbas Kiarostami, bon anniversaire moi...

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22 juin 2022

OAS

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LES ROSEAUX SAUVAGES
d'André Téchiné

Dimanche soir. Que faire ? Je n'avais ni l'envie ni le courage de sortir pour aller au cinoche (pour voir quoi ?), et je ne voulais pas être devant ma télé à l'heure des résultats ... Oui, que faire ? Comme souvent dans ces cas-là, je suis allé faire un tour sur MUBI, qui est toujours de bon conseil... Le film du jour ? La programmation spéciale LGBT ? L'hommage à Trintignant ? Je scrolle un peu, et je tombe sur les films qui quittent MUBI dans 7 jours... Et, en tête de liste, ce film de Téchiné que j'ai adoré à sa sortie mais que je ne suis pas sûr d'avoir beaucoup revu...
J'ai donc revu LES ROSEAUX SAUVAGES, et j'en ai été vraiment enchanté. Elodie Bouchez, Gaël Morel, Stéphane Rideau et Frédéric Gorny (dont j'avais oublié le nom, et aussi combien il est beau dans ce film, mais bon ils sont tous beaux. Jeunes et beaux, oui) composent un quatuor frémissant, fiévreux, sensible, aidés (soutenus) par deux figures adultes (Michelle Moretti et Jacques Nolot, une mère prof et un prof remplaçant) .
J'ai pris beaucoup de captures d'écran (le film s'y prête), livrées ici dans l'ordre décroissant (je n'ai mis -volontairement ni celles de la première scène -le mariage- ni celles de la toute fin -la baignade-), et j'ai été tout aussi bouleversé par le visionnement  que la première fois (peut-être même encore plus, avec l'âge : j'ai eu les larmes aux yeux dès la première scène, et ça a duré jusqu'au bout, régulièrement...).
Le film a obtenu quatre César en 1995 : Meilleur Film, Meilleur réalisateur, Meilleur Scénario original, Meilleur Jeune espoir Féminin...
Quel bonheur!
(Juste regarder les images...)

Capture d’écran (1935)

Capture d’écran (1928)

Capture d’écran (1929)

Capture d’écran (1921)

Capture d’écran (1925)

Capture d’écran (1919)

Capture d’écran (1918)

Capture d’écran (1916)

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Capture d’écran (1912)

Capture d’écran (1911)

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Capture d’écran (1899)

Capture d’écran (1896)

Capture d’écran (1894)

Capture d’écran (1893)

 

21 juin 2022

la machine à broyer

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COMPÉTITION OFFICIELLE
de Mariano Cohn et Gastón Duprat

Après la comédie déjantée de Dupieux, voici celle du tandem sud-américain Cohn/Duprat (déjà connu et apprécié sous nos latitudes), qui a traversé -provisoirement ?- l'océan pour s'installer en Espagne. Une comédie noire qui parle de cinéma. Surtout de la préparation d'un film. (Un peu dans la lignée de Coupez!). Il est question d'un film produit par un vieux milliardaire qui "veut laisser une trace dans l'histoire". (Qu'est-ce qui vaut mieux, un film ou un pont à son nom ?).Il se paye les droits (faramineux) du meilleur roman, et pour le porter à l'écran, engage la meilleure réalisatrice, Lola Cuevas (incarnée par une Penélope Cruz parfaitement incendiaire), qui engage à son tour les deux meilleurs acteurs possibles (selon elle) : Felix Rivero, une mégastar hollywoodienne (le rôle va à la perfection à Antonio Banderas, qui s'autoparodie sans trop de difficultés) et Ivan Torres (Oscar Martinez, déjà vu dans le très réjouissant -et inquiétant- Citoyen d'honneur, des mêmes réalisateurs, et découvert auparavant dans le non moins réjouissant Les Nouveaux sauvages, de Damian Szifron) un genre de gourou du théâtre expérimental.
Inutile de préciser que ça va dépoter (comme on dit par ici) entre ces trois-là. Ces trois "divas", qui vont, bien entendu, lors de ces séances de "préparation", vont se comporter comme des vraies (divas) : insupportables, à claquer, dans une guéguerre des égos où tous les coups sont permis, et je dis bien tous! Et les réalisateurs vont eux aussi aller jusqu'au bout, dans le registre de la comédie noire et amorale (et cynique). C'est vraiment drôle et trash, et le trio de tête en fait des caisses pour notre plus grand plaisir.
Comme dans L'Homme d'à côté, le premier film des deux réalisateurs distribué en France (2009), l'architecture occupe une place non négligeable (les personnages sont toujours placés dans des décors gigantesques, disproportionnés, monumentaux qui renforcent encore le sentiment de petitesse et de mesquinerie de leurs comportements, de quelque côté de la caméra qu'ils se trouvent.
Rajoutez le travail (soigné) sur la lumière et les cadrages, le sens inné du détail, les dialogues qui claquent, les retournements de situations (certains anticipés, et d'autres pas), et vous obtenez ce délicieux moment de cinéma(s). Revendiquant, avec le sourire (un sourire parfois féroce) que le cinéma n'est qu'artifices et supercheries ("le mensonge 24 fois par seconde" affirmait Brian de Palma, prenant le contrepied de Jean-Luc Godard qui lui défendait plutôt la vérité). Bref, à vous de voir!
(pour ce qui est de voir, c'est très impressionnant le fonctionnement de cette machine à broyer)

(Et la dernière image donnerait presque rendez-vous pour un Compétition officielle 2!)

 

Capture d’écran (1956)

Capture d’écran (1954)

Capture d’écran (1952)

Capture d’écran (1950)

Capture d’écran (1949)

Capture d’écran (1942)

Capture d’écran (1941)

Capture d’écran (1939)

Capture d’écran (1958)

 

20 juin 2022

le trajet de la honte

LOIR-ET-CHER / LOIRET / YONNE / AUBE / HAUTE-MARNE / HAUTE-SAÔNE/ DOUBS
(proposition d'itinéraire à travers les départements bleu foncé, du centre vers l'est)

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(On a le droit de foutre le feu sur son passage)

 

20 juin 2022

les fourmis

104
INCROYABLE MAIS VRAI
de Quentin Dupieux

Me voici réconcilié avec Quentin Dupieux (depuis quelques films mon amour pour lui battait de l'aile, depuis Réalité (2014), ma passion -et ma patience- se sont peu à peu émoussées, au fil de Au poste!, Le Daim, Mandibules, où à chaque fois quelque chose m'empêchait d'applaudir comme il se doit : à deux mains et me faisait un peu faire la grimace).
Mais là, déjà, le fait de retrouver le Chabat de, justement, Réalité, qui plus est entouré de Léa Drucker, Anaïs Demoustier, et un Magimel en super forme remonté à bloc (chacun d'eux doté d'une coquetterie capillaire plus ou moins visible) fait qu'on boucle la ceinture pour s'installer dans cette attraction de fête foraine qui démarre pour notre plaisir. Dès le début, Dupieux s'amuse à emberlificoter une narration pourtant au départ très simple et naturaliste, pour mieux se rapprocher (s'imprégner) de ce qui se trouve dans la cave de la nouvelle maison (et dont je ne parlerai pas pour ne pas gâcher le plaisir, si si, enfin non non plutôt).

Disons qu'on a affaire à un dîner entre deux couples amis (enfin, dont les deux maris sont potes) et où chaque couple à une nouvelle sensationnelle à annoncer à l'autre : l'un le fera et l'autre pas... (vous voilà bien avancés) et le film va continuer ainsi, sautillant d'un couple à l'autre (la musique, c'est comme dans un film des années 70, du Bach réinterprété au synthé de façon plutôt guillerette), chacun/chacune avec ses problèmes personnels et ses obsessions (il y a même, au milieu, un chat qui pourrait presque, soyons fou, être celui de Schrödinger, en tout cas qui lui fait vaguement un clin d'oeil). Comme dans une équation d'Einstein il est question de temps et d'énergie (enfin, de vigueur plutôt), mais ce n'est pas du tout aride et désespérant comme une équation, il y a vraiment une narration, une histoire presque "normale", pour peu qu'on en accepte les surprises, et au terme des soixante-quatorze minutes du film (c'est assez court mais c'est suffisant...), on se dit qu'allo-cinoche s'est encore une fois trompé de catégorie et que ce n'est pas finalement tant une "comédie" que ça (bien que ça soit pourtant très drôle...). en tout cas, pas que. Sous l'absurdité apparente, sous le vernis non-sensique, se tapit une pointe de gravité, un peu surprenante chez Quentin D., et une profondeur (comme la grotte d'hier, dans Il Buco) qu'on n'aurait pas soupçonnée...

Bon, on n'est pas chez Bergman quand même, hein, mais tout de même ça donne du grain à moudre pour qui le veut bien (le temps qui passe, l'usure du couple, l'obligation de performances, la folie...). Et in fine ça nous ravit par le clin d'oeil ultime (peut-être n'a-t-il construit cette histoire que pour ça) de cette très belle (et angoissante) image  surréaliste venue de L'Âge d'or, de ce cher Bunuel... Du vraisembable jusqu'au fauxsemblable...

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malin, les deux versions de l'affiche...

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Capture d’écran (1890)

on ne voit qu'eux deux dans la bande-annonce...

19 juin 2022

l'aventure intérieure

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IL BUCO
de Michelangelo Frammartino

Surprise je n'étais pas seul! Nous étions trois dans la salle 10 pour cette séance dite "de vieux" (celle de 13h30). Du même réalisateur (nous l'avons même programmé) Le Quattro volte (2010), construit d'ailleurs un peu sur le même mode : un cinéma bucolique (poétique) et peu bavard. Dans l'opus précédent il était question, si mes souvenirs sont bons, de charbon de bois, d'agneau, de sapin (j'en avais écrit une critique très très enthousiaste, ici). Ici il sera surtout question d'une grotte (il buco du titre) et d'un vieux berger (deux histoires disjointes mais voisines). Il s'agit de la reconstitution d'une "expédition" datant de 1960, où un groupe de spéléos avaient découvert -et exploré- une grotte qui s'était avéré être une des plus profondes connues (-689m). On les voit arriver à la gare, se réunir, installer leur campement autour du gouffre, commencer l'exploration...
Le film est dans la veine du précédent (la nature, les animaux, bref tout ce qui n'est pas humain), avec des plans-séquences magnifiques, apaisants, somptueux, où, finalement, le réalisateur nous montre que l'homme n'y est qu'accessoire (que de passage) , notamment avec l'histoire du vieux berger.
Tout ce qui est souterrain, tout ce qui concerne l'exploration de la grotte, pourrait à première vue sembler un peu plus anecdotique (on a quand même eu, il y a quelques années, dans la bonne ville du bôô cinéma, un "cinéaste spéléologue"...) mais se révèle d'autant plus puissant que le filmage a impliqué une logistique démentielle (le réalisateur dit "c'est la grotte qui a décidé du film...") tellement les conditions de tournage étaient compliquées... Personnellement, ça ne m'a jamais attiré (il y avait pourtant un "club spéléo", si je me souviens bien) mais obscurité, humidité et chattières, très peu pour moi (claustro un jour, claustro toujours...)
Je vous mets en lien -en espérant que vous pourrez y accéder-  l'entretien avec le réalisateur dans Libé (ici), et surtout, l'article furieusement dithyrambique paru dans ce même Libé ()  qui m'avait donné furieusement envie de voir le film (et que je trouve quand même, rétrospectivement, un poil excessif, mais bon c'est vrai que, quand je m'enthousiasme, il m'arrive, je le reconnais, de m'enthousiasmer trop, et de l'enthousiasme à l'exaltation la marge est mince...).
Tel quel, le film procure (propose ? provoque ?) un agréable plaisir de spectateur, appelle un certain laisser-aller, on est là, paisible, dans son fauteuil rouge, on est toute ouïe (toute vue aussi), disponible, vacant (et, comme le dit souvent Dominique, on est même en droit d'avoir le droit de rêvasser, si, si...). Un film contemplatif qui part de l'anecdotique pour confiner au grandiose (et remet l'homme à sa juste place, rikiki). Ca oxygène les neurones.

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Capture d’écran (1889)

Capture d’écran (1887)

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Capture d’écran (1888)

Capture d’écran (1885)

18 juin 2022

un homme

Jean-Louis Trintignant est mort hier,  à 91 ans.
Il a fait beaucoup de films, mais je n'ai sans doute pas vu les plus "importants"...
Je n'ai vu ni UN HOMME ET UNE FEMME ni MA NUIT CHEZ MAUD ni LE CONFORMISTE
Je l'ai aimé un peu "de loin"
Mais indiscutablement, un très grand acteur qui mérite un hommage...
(Comme dirait Luc Lagier "en dix petites madeleines...")

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le premier film avec lui que j'ai vu en salle, au Majestic, à Vesoul, en 1972 et dont je me souviens surtout que je l'avais trouvé un peu longuet (2h20) et que la fin m'avait laissé perplexe (jamais revu)

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le maitre nageur

une journée bien remplie

les deux films qu'il a réalisés et pour lesquels j'ai beaucoup de tendresse (et de respect)...

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des films des années 80, 90, que j'ai vus et aimés, dont je me souviens plus ou moins d'ailleurs, où je l'avais bien aimé

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mais surtout, surtout

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et

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mes deux absolument préférés (avec une petite préférence pour le Audiard par rapport au Truffaut)

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sans oublier (cerise sur le gâteau), car pour moi Trintignant c'est, déjà, avant tout, une voix, que c'est lui qui, dans la VF (oui, quand j'étais jeune, j'ai vu des films en VF!) double HAL, le superordinateur dans   2001 ODYSSEE DE L'ESPACE

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(j'apprends à l'instant sur le ouaibe qu'il doublait aussi Jack Nicholson dans la VF de SHINING, mais, à l'époque ça ne m'avait pas marqué..."Wendy, passe-moi la batte...." )

16 juin 2022

CMFUBJ (spécial bac philo)

"Dis quelquefois la vérité, afin qu'on te croie quand tu mentiras." (Jules Renard)

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"J’ai assisté incognito à la déroute progressive de ma vie, au lent naufrage de tout ce que j’aurais voulu être." (Fernando Pessoa)

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"Ecrire, c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit."  (Marguerite Duras)

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"Toute ma vie j’ai rêvé du moment où, fixé enfin, autant qu’on peut l’être avant d’avoir tout perdu, je pourrais tirer le trait et faire la somme." (Samuel Beckett)

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"Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l'être mais aussi la sagesse de distinguer l'un de l'autre." ( Marc Aurèle)

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"La violence, sous quelque forme qu’elle se manifeste, est un échec." ( Jean-Paul Sartre)

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"Les Hommes naissent libres et égaux en droit. Après, ils se démerdent." (Jean Yanne)

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Capture d’écran (1866)

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"Être heureux ne signifie pas que tout est parfait. Cela signifie que vous avez décidé de regarder au-delà des imperfections."  (Aristote)

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"Quand un homme ne dit rien alors que tout le monde parle, on n'entend plus que lui !" (Raymond Devos)

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Capture d’écran (1846)

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"Quand on perd le droit d'être différent, nous perdons le privilège d'être libre." (Charles Evans Hughes)

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"Je suis chez moi entre le jour et le rêve." (Rainer Maria Rilke)

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13 juin 2022

la routine

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PETITE FLEUR
de Santiago Mitre

J'adore être surpris par un film. Surtout un qu'on n'a pas du tout vu venir, et qui surgit plop! devant nos yeux écarquillés. Un film d'un réalisateur sud-américain (dont on a vu me semble-t-il El presidente), un film dont l'action est située à Clermont-Ferrand (coucou Guiraudie !), un film dont le scénario a été co-écrit avec Mariano Llinas (le réalisateur de La Flor, souvenez-vous le(s) film(s) fou(s) de quatorze heures!), un film dont la bande-annonce a semblé joyeusement perchée. Et un film pour lequel, finalement, on est tout seul dans la salle, en plus, à la séance de 16h pourtant (pas la digestive spécial troisième âge de 13h30...), et pour lequel donc on va rire tout seul (c'est drôle de rire tout seul dans une salle vide...).
Ca commence avec l'arrivée -en live, et pas via la cigogne ni les choux! - d'un bébé chez un jeune couple mixte (franco-argentin) : elle (celle qui accouche) c'est la toujours bien Vimala Pons et lui (celui qui assiste) se nomme Daniel Hendler (acteur uruguayen déjà vu, il y a quelques temps déjà, dans les excellents Whisky et 25 watts de Pablo Stoll Ward et Juan Pablo Rebella).
Ils sont venus s'installer il y a peu de temps à Clermont-Ferrand, où lui, dessinateur, a été embauché par une boîte dont le logo est un célèbre bibendum, avec pour tâche de redesigner le célèbre bibendum en question. Et il vient d'apprendre qu'il s'est fait virer par le DRH. C'est elle qui va donc aller travailler tandis que lui reste à la maison pour pouponner et s'occuper de leur petite Antonia. Il va faire la connaissance de la voisine (Françoise Lebrun) (qui propose ses services en tant que cuisinière et/ou baby sitter) et du voisin, chez qui il sonne pour lui emprunter une pelle,(et qu'il va finir par assassiner, presque accidentellement, d'un coup de cette même pelle) et qui n'est autre que la voix off du film, Melvil Poupaud, en très grande forme. voix-off qui nous a prévenus dès le début du film qu'il est mort (mais bon il parle quand même comme William Holden dans Boulevard du crépuscule, fait qui m'avait fort chiffonné quand j'étais enfant mais je crois vous en avoir déjà parlé, non ?), et qu'il a, par la suite, par lui été assassiné tous les jeudis (c'est bien ce qu'on avait cru comprendre dans la bande-annonce), ghost in the machine (plutôt fantasma en la maquina dans ce cas précis) qui intervient à intervalles réguliers pour commenter l'action, entre sarcasme et affection.
Les échanges à la maison se font bilinguement (elle fait l'effort de parler en español tandis que lui ne fait que baragouiner en français) et c'est donc en réalité (délice!) un film en vost plutôt qu'une comédie lambda en français comme je le croyais en entrant dans la salle. Et le film va en remettre une couche dans la langue españole (et le plaisir auditif qu'elle m'apporte) avec l'entrée en scène d'un nouveau personnage, le nouveau psy/gourou/ coach mental de madame, interprété par ce cher Sergi Lopez (qu'on n'avait pas vu depuis un certain temps et qu'on a plaisir à retrouver en grande forme...).
C'est donc une plaisante comédie noire qui va se dérouler devant nous. Qui démarre très fort (trop ?) et calme ensuite un peu (trop ?) le jeu, dans une deuxième partie plus conventionnelle, moins carabinée... (qui changerait même, presque, son fusil d'épaule). Un film-surprise, hélas distribué un peu à la sauvette, sans tambours ni trompettes ni tapis rouge publicitaires (comme les grosses conneries américaines avec des avions et des acteurs botoxés qui font en ce moment -tant mieux pour eux les pauvres ils en avaient besoin- le bonheur des tiroirs-caisses en apnée de nos vaillants cinémas) et risque donc hélas une carrière météoritique et c'est bien dommage car il mérite mieux, incontestablement.
Un film cintré, givré, perché, qui s'affranchit de la gravité habituelle et lourdingue comme une bienvenue (et salutaire) bouffée d'hélium... Inspirez, pour ce qui est d'expirer, le film s'en charge, ne vous inquiétez pas...

 

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