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lieux communs (et autres fadaises)
28 juillet 2022

double programme "je finis ma carte"

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LA NUIT DU 12
de Dominik Moll

J'ai été quel bonheur sidéré durant tout le film, de la première à la dernière image. En apnée, béat d'admiration. Je connais le réalisateur depuis 1993 (le magnifique INTIMITÉ) et j'ai vu tous ses films (7 en presque 30 ans, c'est plus que raisonnable!). Déjà SEULES LES BÊTES, en 2019, frappait fort, mais celui-ci lui est encore supérieur. Par le duo en tête d'affiche (les excellents Bastien Bouillon et Bouli Lanners), par le fait que, dès les premières images, on sait (on est prévenu) qu'il s'agit d'une affaire non résolue, par le traitement du quotidien d'une équipe de flics (on pense au très beau L627 de Bertrand Tavernier) , qu'un personnage résume ainsi "le combat du bien et du mal, mais avec une photocopieuse en panne", et par l'apparition plus que touchante, vers la fin, d'Anouk Grinberg en juge entêtée.
J'ai été, oui, séduit d'un bout à l'autre (quel plaisir de voir -enfin- Bastien Bouillon en tête d'affiche (il jouait déjà un gendarme dans SEULES LES BÊTES, mais je le connais depuis le très touchant 2 AUTOMNES, 3 HIVERS, de Sébastien Betbeder),  les relations humaines au sein du beau duo qu'il compose avec le toujours juste et touchant Bouli Lanners (là non plus je ne suis pas objectif...), une enquête d'hommes sur un crime d'homme(s), un crime dégueulasse, où ce sont peut-être, oui, justement, tous les hommes qui sont coupables, la rigueur (la rectitude) de la mise en scène, et la place attribuée aux femmes : c'est une femme qui a été assassinée, c'est une femme qui insistera pour faire redémarrer l'enquête, c'est une femme qui apportera du nouveau, et c'est une femme qui résumera (synthétisera) la situation...).
Si j'ai été stressé pendant tout AS BESTAS, là j'ai été, je le re-redis, sidéré pendant tout le film. Sa simplicité apparente, sa force, sa mélancolie (son spleen).  Sa formidable justesse. Bastien Bouillon et Bouli Lanners composent des personnages très justes. Des mecs justes parce que "réalistes", fissurés juste ce qu'il faut. cabossés meurtris comme tout un chacun. L'enquête on la mène, on la suit, il est plutôt question d'une procession de procédure(s), ça n'est pas important, ça n'est pas le plus important. Ce qui compte, c'est ce qu'on ne voit pas, qui ne sera pas dit, pas forcément montré non plus. Que le réalisateur a l'intelligence (la délicatesse) de ne pas nous dévoiler trop explicitement. Un film en même temps brutal et d'une grande douceur.
Un grand film, que j'aurai grand plaisir à revoir la semaine prochaine dans le bôô cinéma.
Top 10 m'a chuchoté mon petit coeur de cinéphile.

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pour la logique du film, il fallait absolument que ce soit cette affiche-ci

lanuit du 12

plutôt que celle-là, même si je l'aime beaucoup...

(J'y suis rettourné comme annoncé quelques jours plus tard dans le bôô cinéma, où il est programmé mesquinement cette semaine pour 5 séances, dans la plus petite salle (alors qu'hier soir nous y étions plus de trente !) et je suis toujours aussi enthousiasmé : voilà, j'aime tout dans ce film, je ne peux pas mieux résumer, et peut-être, là, particulièrement le personnage interprété par Bastien Bouillon, dont on sait finalement assez peu de choses, et qui gardera jusqu'au bout son opacité, tout en renouvelant mes yeux doux à Bouli L. et tout autant à Anouk G. aussi par-faits l'un que l'autre)

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LA PETITE BANDE
de Pierre Salvadori

(on change d'ambiance radicalement ; celui-ci vu juste après le précédent, et, là, j'étais tout seul dans la salle...)

Pour commencer, un truc qui m'interroge : pourquoi absolument personne (ni le réalisateur ni les critiques), à aucun moment, n'évoque le film du même titre réalisé par Michel Deville (cinéaste exquis désormais, semble-t-il, "un peu injustement oublié", comme dirait Téléramuche, après avoir, pourtant, enchanté depuis nos années 70 jusqu'aux années 2000, avec le très beau UN MONDE PRESQUE PAISIBLE), sorti en 1982, qui était l'histoire, plutôt drôle, d'un groupe d'enfants,  sept jeunes anglais, et de leurs aventures en France, aventures qui avaient la particularité d'être totalement muettes -le problème de la langue-, ce que le cinéaste avait malicieusement souligné en créditant au générique à la rubrique dialogues Yann Apas et Jean Népami...). Quarante ans après, les enfants de Salvadori (dit Pierre Salade de riz dans un générique lui aussi malicieusement détourné) sont juste un peu plus âgés (la douzaine... il y en a même un qui a une ombre de moustache), ils ne sont que cinq (presque quatre et demi hihi) mais eux par contre parlent beaucoup, beaucoup plus...
Ils ont, pour des raisons diverses, constitué une bande, et décidé de faire péter l'usine locale, qui pollue leur rivière, et se lancent dans une épopée (plaisante) à mi-chemin entre la bibliothèque verte (le Club des cinq contre la méchante usine qui pollue) et la bande dessinée... Une bande de bricolos, entre Bibi Fricotin et les Pieds Nickelés (en moins laid : quand j'étais petit je trouvais les Pieds Nickelés insupportablement moches). Une idée superbe : les masques d'animaux (j'ai toujours eu un faible pour les films avec des masques d'animaux, même si ce sont le plus souvent des films d'horreur...). Oui, les masques d'animaux, ça a de la gueule.
Le film a un narrateur (ce qui n'était pas forcément indispensable,) qui s'avère être la "pièce rapportée" de la bande, un personnage un peu paradoxal (souffre-douleur, tête de turc, bouc émissaire et j'en passe), qui m'a un peu gêné par le systématisme des agressions dont il est victime (mais c'est comme ça dans la vie, hein, les gros tapent sur les petits, et leur volent lurs goûters). Les péripéties qui s'enchaînent sont suffisamment abracadabrantesques pour qu'on ne s'ennuie jamais ; c'est drôle, c'est attachant, c'est sympathique, et on a le plaisir de (re)voir Pio Marmaï le temps d'une courte scène "pédagogique"... La critique de Libé a fait sa petite moue dédaigneuse, sa bouche en cul de poule  qui m'agace tant (et hop! machine à gifles), et donc c'est une raison supplémentaire d'aller voir le film et de l'applaudir bruyamment.
En plus, les "hasards de la programmation" font que ça entre pas mal en résonnance tiens tiens  avec Stranger Things que je regarde en ce moment... Ca, ça n'était pas prévu du tout...

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