serpent
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DANSE AVEC LA POUSSIERE
d'Ashgar Farhadi
... Et, encore une fois, un grand merci à MUBI (qui me prévient aimablement avant que les films ne disparaissent de son site, et m'a permis de découvrir ce tout premier long-métrage d'Ashgar Farhadi, dont je ne savais même pas qu'il existait...) Le film date de 2003 (avant LES ENFANTS DE BELLEVILLE, dont je croyais qu'il était son premier) et s'intéresse à Nazar, un jeune homme tout mimi (iranien, quoi...) qui rencontre une jeune fille dans un bus, coup de foudre, l'épouse, et doit ensuite divorcer sous la pression de ses parents, car la rumeur dit que la mère de la demoiselle "en serait une " (prostituée). Il s'est endetté déjà pour payer le mariage et doit s'endetter encore plus pour le divorce (de complaisance, puisqu'il continue d'aimer sincèrement la jeunette).
Et là le récit oblique et change de direction : Nazar se cache dans le camion d'un vieux chasseur de serpents taciturne et mutique (et peu aimable), se réveille dans le désert, se fait chasser une première fois à coups de bâton, revient, re-coups de bâton, et il va user de toute sa tchatche et de toute son énergie (qui ont l'air d'être sans limite) pour que l'autre vieux ronchon (il ne connaît pas son prénom, alors il lui a attribué le prénom de son père) finisse par accepte de se laisser approcher et lui enseigne l'art de chasser les serpents (il faut de l'opium, une petite chanson et un bâton, ça n'a pas l'air trop difficile, finalement, cette histoire), mais, bien entendu, rien ne va se passer comme il avait espéré (je tire le rideau -hospitalier- sur le troisième acte de cette histoire...). Encore plus difficile d'apprivoiser le vieux que d'attraper un serpent. mais à Nazar vaillant rien d'impossible... (bon c'est vrai que j'ai trouvé ce jeune homme très mimi et que je ne suis pas complètement objectif...)
Un "film de jeunesse" donc (le réalisateur a alors 31 ans) , "un petit film", diront certains, mais moi j'aime bien... une (belle) histoire, d'amour, puis d'amitié, puis re-d'amour, qui nous montre une fois de plus combien les choses sont compliquées en Iran... Quelques mois après le délicieux HIT THE ROAD de Panah Panahi, un nouveau road-movie qui nous fait sillonner des espaces hallucinants de l'Iran et qui, comme le serpent fait sa mue, se transforme soudain en buddy movie, mais à l'iranienne... (avec du thé, un bâton et des billets crasseux).
Et puis cette scène délicieusement ambigüe où le jeune parle au vieux de l'amour, et qui, pour le décodeur pervers de SSTG* que je suis, pourrait tout à fait être interprété comme une déclaration d'amour (vous imaginez ? entre deux mecs ? dans un film iranien ?? hihihi)
deux affiches