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lieux communs (et autres fadaises)
27 avril 2023

la colonie pénitentiaire

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L'EDEN
de Andrés Ramirez Pulido

On l'avait envisagé pour notre semaine latino il y avait cette année plusieurs films colombiens), mais, pour une histoire de date de sortie (nationale) on n'a pas pu, et on a donc pris notre mal en patience. Et le voici dans le bôô cinéma, pour une programmation -pas très heureuse- de quatre séances sur deux jours. (Dans le bôô cinéma, les vacances scolaires durent trois semaines, et les spectateurs n'ont pas le droit de voir nos films avant 18h, c'est comme ça...).
Un film très impressionnant. Aussi sombre qu'étrange. Bon on sait que c'est colombien et donc qu'on ne va pas rire à gorge déployée, déjà. Sur une problématique voisine de celle de UN VARON (adolescent meurtrier ou sur le point de l'être) sauf qu'ici le héros l'est (meurtrier), il voulait matar a su papa mais, défoncé,  il s'est trompé de bonhomme. Et le voici envoyé dans un genre de camp de travail au milieu de la jungle où des ados (un petit groupe) , envoyés là depuis leur prison, se partagent entre des travaux d'intérêt général (vider une piscine craspec devant, et débroussailler derrière un pavillon appartenant à un bonhomme souhaitant en faire un hôtel) et des séances collectives  de prière / méditation / taïchi menées par un genre de gourou un peu illuminé. Le héros s'appelle Eliu. Et endure son sort stoïquement.
Et voilà qu'arrive une nouveau petit groupe de princesses (c'est comme ça que les matons surnomment les prisonniers), au sein duquel Eliu reconnaît El Mono, l'autre ado avec qui il a commis son crime. Les retrouvailles ne sont pas franchement joyeuses, d'autant plus qu' El Mono refuse en bloc tout ce qu'on attend de lui dans ce "centre de rééducation". Les rapports sont tendus, l'ambiance intriguante. L'image est souvent très sombre, et le film l'est tout autant, et même de plus en plus...
Adolescents, gardien(s) armé(s), matons, responsable illuminé tout un chacun peut être la source d'un conflit ou d'une agression... Ce qui est très colombien, c'est cette fascination viriliste, tout au long du film, mais le réalisateur (qui sait de quoi il parle) a traité son récit de façon presque fantastique (de plus en plus angoissante, en tout cas), dans une sorte de réalisme poétique assombri. C'est brutal, c'est violent, c'est désespéré, mais la toute dernière image (ouf!) suggèrerait presque un minusculissime espoir...
J'étais (je l'avoue) venu appâté par l'affiche et la perspective de voir s'ébattre des jeunes gens torse-nu (le titre français est trompeur, l'original, La jauria -la meute- annonce plus frontalement la couleur), mais plus le film avance et moins j'y ai pensé, et plus je suis resté cloué sur mon fauteuil (dans lequel je me suis d'ailleurs de plus en plus enfoncé) face à cet enchaînement inéluctable -en cascade- de violence(s). Culminant dans une image de groupe très forte (dont je ne peux rien dire de plus) en clair-obscur, juste avant la scène finale
Très fort.
(le film a été primé à Cannes 2023)

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26 avril 2023

étoile de mer

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REMORQUES
de Jean Grémillon

Ca n'était pas prévu au départ (je sortais de CHIEN DE LA CASSE et je voulais en profiter), mais si j'étais parti à 16h je n'aurais jamais retrouvé mon affiche, hihi). Grémillon, 1941, Gabin / Morgan, un couple mythique, et bien figurez-vous que je ne l'avais jamais vu.
Une copie magnifiquement re-restaurée, une histoire de bateaux, de tempêtes, avec force éléments déchaînés, aussi déchaînés que la passion qui va embraser Jean Gabin (capitaine de remorqueur, marié (avec Madeleine Renaud) et scrupuleusement fidèle -mais il ne sait pas qu'elle est mourante, c'est de sa faute à elle, qui le lui cache), et Michèle Morgan, épouse du capitaine de l'autre bateau (maispas un gentil, un malhonnête qu'elle s'apprêtait justement à quitter). Trois ans après QUAI DES BRUMES (et son mythologique "-T'as d'beaux yeux tu sais ? -Embrassez-moi..." le couple Gabin / Morgan, donc, se reconstitue, et ils sont toujours aussi mythiques. Et toujours avec Jacques Prévert aux dialogues. Et avec beaucoup d'embruns (on s'étonne presque d'être sec en sortant de la salle). Un mélo de chez mélo, avec un homme entre deux amoureuses qui n'arrive pas à se décider (Le beau Gabin qui roucoulera de la même façon, oeil de velors, avec Morgan vivante et avec Renaud mourante.) mais "c'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme...". Un chouïa vieilli mais, comme les bons vins, toujours plaisant.

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c'est vrai qu'ils sont beaux...

25 avril 2023

avec ou sans crème, les carbo ?

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CHIEN DE LA CASSE
de Jean-Baptiste Durand

Encore un film que j'ai beaucoup aimé, un premier film dont j'ai appris l'existence assez tard, sur tw*tter, et de la main même d'un de ses acteurs principaux, le très aimé Anthony Bajon, et que le Victor Hugo a eu la très bonne idée de programmer -hop!- en sortie nationale (bon, un peu mesquinement à une séance par jour, mais c'est mieux que rien).
Un buddy movie, pourrait-on sytnthétiser, où deux potes, Morales (incarné par Raphaël Quenard, parfaitement sidérant) et Dog (Anthony Bajon en mode lo-fi, toujours aussi touchant) glandouillent dans un patelin de L'Hérault (Le Pouget), genre de trou du cul du monde rural (que le réalisateur connaît bien), au milieu de rien dans la province sud-ouestoise. Mais bon quand on y est, il faut bien s'arranger pour y vivre. S'en accommoder. Et c'est ce qu'ils font.
Dog et Morales sont deux amis d'enfance, engagés dans une relation amicale curieusement déséquilibrée (mais, finalement, les relations le sont souvent, au cinéma, dans le genre buddy movie, n'est-ce pas ?), dominant / dominé, où Morales tient la laisse et Dog suit. Morales parle beaucoup (Raphaël Quenard, vu il n'y a pas très longtemps -même si pas pendant très longtemps- en frére pas bavard d'Adèle Exarchopoulos dans JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES, est ici, je le redis parfaitement sidérant), il vanne, il chambre, parfois avec assez de cruauté, il parade. C'est sa façon d'exister, de supporter / d'enluminer une vie pas terrible terrible, auprès d'une mère dépressive dont il s'occupe (pour laquelle il cuisine). Heureusement, il a aussi un chien, Malabar, qu'il adore. Et, en parlant de chien, son pote Dog, qu'il traite un peu de la même façon : il le sort, il lui parle, il l'"éduque". Exigeant mais affectueux on va dire.
Dog lui, est tout à l'opposé (Anthony Bajon a, une fois de plus, cette apparence presque enfantine, cette corporalité assez fascinante, dans un rôle très intériorisé et peu bavard),  il ne parle pas beaucoup, et quand il prend la parole, on ne l'entend presque pas, il marmonne. On sait juste qu'il a décider de s'engager dans l'armée, pour faire quelque chose de sa vie... Et la vie passe, plan-plan, au Pouget. Jeunes gens désoeuvrés, effet de bande, reclus dans ce périmètre resserré, qui se retrouvent le soir parce qu'ils n'ont pas grand-chose à faire d'autre.
Le réalisateur croque tout ça de façon très juste (on pense qu'il sait de quoi il parle), met (rigoureusement) en images ces "petites" vies, sans grand espoir (mais sans grand désespoir non plus), juste la moyenne quoi. Tout est formidablement maîtrisé
Et voilà que déboule dans cette histoire Elsa, une étudiante de Rennes, (master de littérature comparée) prise un jour en stop par Dog. Elle vient passer quelques temps dans le village. Elle est interprétée par Galatea Bellugi (excellente elle-aussi, découverte par le réalisateur dans L'APPARITION, de Xavier Giannoli, la même semaine dit-il où il avait découvert Anthony Bajon dans le formidable LA PRIERE, de Cédric Khan, on apprend ça et plein d'autres choses dans une très belle rencontre avec Le réalisateur et deux de ses acteurs, à Angers, où le film a reçu le Prix du Public,)
Moralès, Dog, et Elsa (et Malabar, bien sûr). Il suffit que Dog et Elsa se rapprochent un peu pour que toute la belle mécanique amicale entre les deux glandouillous se déglingue., glissant du buddy movie vers le plus tout à fait buddy movie. Et c'est là qu'on réalise que J-B Durand, le réalisateur, est vraiment très fort. Auscultant les comportements de l'un et de l'autre (et de la troisième) qui ne semblent plus (re) trouver leurs marques, et cherchant -en vain ? - une nouvelle façon de s'accommoder (de se raccommoder ?). Cette relation duelle (à propos de laquelle je me suis -bien entendu- posé - avec raison- la question du SSTG*, et c'est à ce propos très intéressant d'entendre, dans le même entretien angérois, le réalisateur parler d'amitié et d'amour ensemble) cette relation duelle donc (la parenthèse était longue) étant tout de même incluse dans celle d'une "relation de bande" où chacun a ses petits projets, son petit bizness, ses propres aspirations... Ca pourrait être un pur film de banlieue et de jeunes gens en bas des immeubles, sauf que ça a été transbahuté à Le Pouget. Ce qui change, tout de même, un peu la donne.
Un film qui, au départ, ne paye pas de mine, mais qui se dépl(o)ie progressivement, avec beaucoup de puissance (même si, comme le reconnaît le réalisateur, avec assez peu de moyens) et de plus en plus d'envergure.
Top 10

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* SSTG : sous-sous-texte gay


(Pour celles et ceux qui sont intéressés, on trouve aussi sur youtubemuche un très beau CA TOURNE, depuis le Festival international music & Cinéma  de Marseille, , qui met en image la joyeuse relation entre les acteurs et le réalisateur, et quatre petits modules de CSur le Tournage de Chien de la casse, proposés par Occitanie Films, dont voici le premier, .)

24 avril 2023

ariège

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LES ÂMES SOEURS
d'André Téchiné

André et moi, c'est une longue histoire : ving-cinq films, depuis le cultissime -pour moi, mais pas forcément pour tout le monde- SOUVENIRS D'EN FRANCE, en 1975, quand ma cinéphilie gazouillait encore dans son berceau (j'avais 19 ans!). Presque 50 ans rendez-vous compte!
Je l'ai suivi, toutes ces années,  passionnément d'abord, aveuglément, puis au fil des ans (des décennies) avec un peu plus de distance, mais je crois que j'ai vu chacun de ses films dès sa sortie. Les derniers m'ont paru un peu "en-deça" peut-être, enfin n'avaient pas tous provoqué cet effet de sidération enthousiaste qui a accompagné celui-ci.
Téchiné, ça me parle, ça me parle souvent, toujours même, parce que l'Ariège, parce que l'amour (la passion), parce que l'homosexualité, d'abord. Parce que la famille aussi (la relation parent/enfant, ou frère/soeur) parce que, aussi, (surtout ?) un certain grand élan romantique (qui se traduit, musicalement, quand je l'évoque, par la musique bouleversante (les cordes) de Philippe Sarde dans BARROCO -pour moi une des plus belles musiques de film jamais écrite) lyrique et romanesque qui souvent me submerge. M'emporte.
Oui, j'ai beaucoup beaucoup aimé LES ÂMES SOEURS. En sortant de la salle, on était quatre à échanger nos impressions, et personne n'était du même avis : de ++ (moi) à -- (Michelle T. qui s'est déclarée "très déçue"), et deux autres avis intermédiaires venant nuancer (Dominique et Jean-Luc).
De quoi ça parle ? De qui, plutôt ? Un frère (Benjamin Voisin), soldat au Mali, est rapatrié en France où sa soeur (Noémie Merlant) va s'occuper de lui... (en Ariège, bien sûr). Sa soeur est logée par un vieil excentrique (André Marcon) solitaire. Le quatrième personnage "important" est celui de la mairesse du village (Audrey Dana). Non seulement le frère a besoin de soins (sa rééducation a été très longue) mais il souffre d'amnésie.
Et j'ai aimé chaque minute, chaque scène, chaque plan. Non qu'ils soient spécialement extraordinaires ou virtuoses ou... J'ai juste beaucoup aimé cette histoire, et la façon dont elle est racontée. J'ai aimé ce réapprentissage de la vie d'un homme condamné à vivre juste dans le présent (comme dirait Tchekhov “L'incertitude, c'est quand même mieux, il reste un peu d'espoir.). Cette force de l'amour que lui porte sa soeur. Ces problèmes immobiliers (la vieille maison va être vendue, il faut en trouver une nouvelle). Cette longue convalescence. Physique et mentale. Ce propriétaire / voisin qu'on découvre soudain à double face (je suis souvent un spectateur benêt, je l'avoue, et la première scène, avec le manteau de fourrure, m'avait juste laissé plein d'interrogations par rapport justement à ce manteau, la bascule étant pour moi peut-être un peu soudaine). Le jeu fiévreux (et intense) des deux acteurs principaux (Noémie Merlant et Benjamin Voisin). Le mot fiévreux, comme le mot passion ou le mot lyrique semble s'accorder parfaitement au cinéma d'André Téchiné.
J'avais entendu parler du film depuis un certain temps, l'été dernier (ou celui d'avant ?) à l'anniversaire de Marcello, lorsque son fils, Victor, nous avait annoncé que son mariage figurait dans le film -qui s'appelait encore alors Les pieds sur terre- (et c'était une émotion supplémentaire de le voir à l'écran, même si je l'ai attendu longtemps -il arrive très tard dans le film- et cette collision entre le réel et la fiction rendait le film encore plus désirable).
Bref, mystérieusement, (j'ai vraiment du mal à expliquer pourquoi) ce film m'a complètement séduit. Jusqu'à sa toute fin qui nous laisse, délicieusement, (littéralement) entre deux eaux...

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23 avril 2023

lecture dominicale

(Le Libé des écrivains)
Retraites : le roman national est à nous
par Nicolas Mathieu

"Chaque récit choisit ses faits et organise la possibilité d’une résistance contre d’autres récits, ceux de l’adversaire, du pouvoir par exemple. Un jour, l’historien fera son tri. En attendant, l’écrivain est l’artificier de cette arme-là. Il peut notamment essayer de dissiper l’enfumage de la communication et du storytelling pour sauver un peu de la réalité de nos vies et fonder les ripostes futures. Il peut tenter de raconter cette histoire à dormir debout qu’est la réforme des retraites.

Cette réforme promise depuis des lustres nous arrive début 2023, portée par le gouvernement d’Elisabeth Borne, et par cet homme que nous ne connaissions pas, Olivier Dussopt, curieux personnage, si peu taillé pour son office, socialiste réformé devenu ministre, gominé à plat, visage de judoka, diction monocorde, et qui surprend dès le premier abord par son regard fébrile, oblique, voltigeur, son sourcil haut placé, presque implorant, cette mine qui rappelle Agnan et tant d’autres premiers de la classe que nous avons croisés et qui, tous, nous ont émus par leur ardeur à bien faire. Le voilà qui s’avance dans l’arène avec ses dossiers et une écharpe pour se garder d’une éventuelle trachéite. Quel étonnant spectacle. Son apparente douceur, peut-être, doit désarmer de possibles émeutiers. On ne sait pas.

Son argumentation en tous les cas est connue : il est impératif de repousser l’âge légal de départ à la retraite faute de quoi c’est la ruine, l’abîme par la dette, la risée des copains au Conseil de l’Europe, le mécontentement des marchés financiers. En face, l’opposition se cabre aussitôt. Les enragés de LFI, les patients crotales de l’extrême droite qui n’ont même plus besoin de se mettre en colère, les grillardins du PC, l’écologie qui s’inquiète de la carrière de Mbappé et une foule d’experts, démographes, politistes, économistes, font tous barrage. La réforme est inopportune, injuste, dispensable. Des grèves s’organisent. Très vite, la situation s’emballe. Il faut dire que le pays sort tout juste de deux années de crise sanitaire et que l’inflation a déjà pris la population à la gorge. Tout cela alors même que des concentrations de fortune inédites éclaboussent chaque jour les pages des journaux. Le corps social est à fleur de peau. Au bistro, dans les usines, à la piscine, dans les raffineries, les open-spaces on vit somme toute assez mal le fait d’écoper de deux ans ferme.

Recours systématique à la ruse

Obstiné comme une bête de somme, le gouvernement, avec son semblant de majorité, poursuit néanmoins son effort et psalmodie ses éléments de langage : solidarité, progrès, justice. Les chiffres ne mentent pas. Olivier Véran promet même un rebond épidémique si d’aventure les forces productives venaient à gripper.

Ce comportement de rouleau compresseur n’est pourtant pas si surprenant. Il suffit de se rappeler que ce projet terrible, qui va lourdement affecter des millions d’existences, est dès l’origine une machine infernale glissée presque en contrebande dans un «projet de loi de financement rectificative de la sécurité sociale», ce qui permettra de le faire passer quoi qu’il arrive, au forceps si nécessaire. Et c’est là un des aspects les plus frappants de cet épisode. Le recours systématique à la ruse, l’absence de vergogne, le savoir-faire techno. Tout le temps que va durer cette mascarade, on sentira à la manœuvre des ingénieurs de la chose publique aussi bien instruits que peu scrupuleux. Ceux-ci feront jouer tous les rouages, administratifs, légaux et institutionnels. Leur maîtrise s’illustrera comme jamais dans ces quelques semaines de manigances historiques.

Heureusement, en regard de cette adresse des cabinets, l’impréparation et la gaucherie des porte-voix fait presque antidote. A l’Assemblée et sur les plateaux de télé, on voit jour après jour leurs arguments démolis et leurs «contre-vérités» mises au jour. Car du côté du pouvoir, on ment, souvent et sans jamais répondre de ses fautes. Il suffit d’un «j’assume» salvateur et vogue la galère.

Une baïonnette dans les reins

Pourtant, cette obstination gouvernementale ne va pas sans une drôle d’impression de contrecœur. Et sans vouloir exonérer la Première ministre et ce malheureux Dussopt de leurs responsabilités dans cette pantomime, il faut admettre qu’ils nous inspirent un je-ne sais-quoi de sympathie. Car tout au long de cette séquence quelque chose dans leur attitude chagrine. Ils ont beau plaider, faire le job, essuyer les postillons de la mélenchonie et répéter partout les mêmes conclusions alarmantes, leur concert sonne faux. A les voir, on dirait qu’ils montent au front une baïonnette dans les reins. La conviction n’y est pas. Les fils du marionnettiste ruinent l’illusion.

Les choses avancent tout de même, cahin-caha, et le Sénat finit par pencher du côté de la réforme. Gérard Larcher, considérable et lustré, sous des dehors patelins de moine trappiste, est un tacticien habile. Il a su mener sa barque, prenant soin toutefois, malgré son sens du sacrifice, de préserver le régime spécial des sénateurs. Ouf ! A l’Assemblée en revanche, le débat ne prend pas du tout le même chemin. On compte les voix, on les recompte. Il continue d’en manquer. Alors, ce pouvoir si mal élu, vacillant de naissance et mal aimé dès le départ, emprunte la seule voie qui lui semble praticable : le 49.3.

Dès lors, nous changeons de monde.

C’est à partir de là que la chronique prend une ampleur presque tragique. Car il n’est plus seulement question des retraites, mais de la démocratie. On ne conteste plus seulement une politique, mais un règne. Le récit, à cet instant, doit changer de ton, car si tout demeure légal, plus rien n’est juste et sous ses dehors réguliers, le pouvoir vient brutalement de changer de physionomie. Sous l’effet du scandale énorme que constitue ce passage en force, le drap qui recouvrait sa mécanique intime est tombé. Sa nature est à nu, le vernis a pété, la brute est sous nos yeux. On a compris qu’elle est en mission, murée dans ses certitudes. Elle ne fera pas de cadeaux.

Un système par éclipses

Aussitôt, des brûlantes questions fusent dans des millions de têtes. Et si les dés étaient pipés ? Et si nous n’étions souverains que par exception, par moments, en principe seulement ? Et si notre démocratie, au fond, n’était qu’un système par éclipses, et qu’entre deux élections bien balisées on n’avait que faire de notre avis ?

Ce vieux pays républicain est pris d’un vertige. Les rues aussitôt se gonflent de mécontents. La France, dans sa plus grande part, enrage. C’est que ce président-là, élu grâce au renfort de voix adverses pour faire obstacle à l’extrême droite, sait plus que tout autre que son programme n’a jamais fait l’objet d’un large assentiment, encore moins d’une adhésion majoritaire. Tout le monde le sait. Il n’y a plus guère que ses proches, la portion la plus convaincue de son électorat – et la gauche poulidorienne (toujours prompte à se mettre dans la roue du pouvoir) pour prétendre qu’il est dans son bon droit, qu’il a reçu un mandat clair pour mettre à exécution un programme en se passant du vote des députés.

A ceux-là, on explique qu’ils font fausse route et que d’ailleurs la démocratie ne réside pas seulement dans l’isoloir, mais qu’elle vit aussi par le syndicat, l’association, la grève, les pétitions, la presse, les recours, l’opinion, le référendum, etc. Oui, une démocratie n’est pas que la représentation d’un peuple, mais aussi un peuple tel qu’il se présente. Las, plus personne n’écoute.

Méthode Sarkozy revisitée stroboscope

Mais le plus fou est encore à venir. Le Président, manifestement impatienté par ce peuple qui s’obstine à ne pas être à la hauteur, le tance, injurie les manifestants, accuse les syndicats. Il s’invente dépositaire exclusif de toute légitimité. On croit rêver. La surdité est à son comble, l’aveuglement radical. L’exécutif fait bip-bip sur son orbite lointaine. Pour finir, dans une allocution lunaire de plus, digne d’un Skype de PDG de multinationale, le même président admet que sa réforme n’est pas acceptée et passe sans transition au nouvel agenda du Comité Exécutif Central : 100 jours pour réparer la France tous azimuts. Le déluge d’annonces va suivre, souvent recyclées. L’idée est simple : saturer les canaux et les citoyens, forcer le pas, imprimer le rythme, c’est la méthode Sarkozy revisitée stroboscope. Rendez-vous le 14 juillet. D’ici là, de toute façon, on aura eu Roland-Garros, le Tour de France et les incendies. Les Français, Inch Allah, seront passés à autre chose.

Depuis le 49.3, la démocratie française a une gueule de dystopie. La République bourgeoise telle que sous Guizot (mais désormais entrepreneuriale et techno) est ressortie de l’abîme comme une Atlantide, gouvernant à son idée, à coups de décrets, juchée sur son quart de peuple, infirme comme jadis, avec pour béquilles sa police guère subtile et l’étai résolu des grands intérêts.

Ils oseront, vous verrez

Et nous voilà nous, incrédules, au bord du gouffre climatique, matraqués et tenus, aux mains de maîtres qui nous font cette drôle de guerre, avec des institutions ébranlées, des juridictions d’exception entrées dans le droit commun et une extrême droite aux portes de l’Elysée. Car le pire est là sans doute. Dans quatre ans, la colère libérée par cette forfaiture légale s’exprimera avec une amplitude qui fera passer les black blocks pour d’aimables ambianceurs d’Ibiza. Et ce pouvoir qui a tant fait pour que le pire advienne ira alors dire que la faute revient à ses adversaires, tous populistes, sapeurs de démocratie, précurseurs du fascisme. Ils oseront, vous verrez.

Pour un écrivain ou une écrivaine qui s’intéresse à son temps, c’est un moment d’effarement et de bascule. Le réel est devenu si caricatural qu’on ne sait plus par quel bout le prendre. Chaque jour apporte son lot d’aberrations ; il suffit de lire Pif, Playboy ou Têtu. Face au renversement du langage, à la falsification galopante, à l’énorme besoin de mots qui se fait jour pour décrire l’époque et réduire l’hégémonie de sa bêtise particulière, on se demande quoi faire, quels moyens employer.

Ce que nous pouvons faire, c’est ça : raconter. Que nos récits infusent. Ils feront un jour le ridicule de ceux qui aujourd’hui se prennent pour des hommes d’Etat et ne sont souvent que les managers de l’entreprise France. Que nos phrases fassent honte dès maintenant aux magouilleurs de légitimité, aux laquais perpétuels, à la brutalité qui brise nos révoltes. Que nos textes interdisent le passage du temps et forcent sans cesse à revenir sur ce qui nous a été volé. La pilule amère ne doit pas passer. Surtout, nos mots peuvent dénuder n’importe quel roi, fût-ce a posteriori. Et d’ici là, ils donneront une voix à celles et ceux qui n’en ont pas. Le roman de ce pays s’écrit aujourd’hui à l’encre de leur volonté piétinée."

(Nicolas Mathieu, in Le Libé des écrivains, publié le 21 avril 2023)

 

23 avril 2023

stylo quatre couleurs

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DE GRANDES ESPÉRANCES
de Sylvain Desclous

C'est Emma, finalement, qui m'a convaincu. Les films qui traitent de politique politicienne, tactiques, manoeuvres, candidats, premier ministre, Elysée, projets de loi, ENA, magouilles et contre-magouilles, en général ça ne me passionne pas... Là, on est en plein dedans, et pourtant je m'y suis intéressé. Pourtant l'histoire n'est pas a priori follement originale : une jeune fille brillante, pleines d'idées (et sans doute, aussi, d'ambition(s), d'où les grandes espérances du titre) est prise sous son aile par une ancienne secrétaire d'état (ambitieuse elle-aussi), intéressée par son cursus et ses idées, qui l'embauche dans sa garde rapprochée (qu'on pourrait situer, politiquement, plutôt à gauche) devenue députée "Madame la Députée", fait-elle préciser), avec un poste de Madame la Ministre  au bout de la lorgnette.
La jeune, c'est Rebecca Marder, la plus agée c'est Emmanuelle Bercot (toutes deux impeccables), avec, au centre du débat, une usine dont les ouvriers réclament le contrôle plutôt que le démantèlement et les licenciements envisagés. La jeune fille est très forte, et redoutablement pugnace. tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes de la politique politicienne (et on commencerait d'ailleurs un peu à baîller) s'il n'y avait une toute autre histoire qui se mettait en place : celle entre la jeune fille et son cher et tendre (lui aussi, ENA et compagnie, avec en plus un papa très riche, ce que la jeune fille n'a pas) : tout allait bien  dans la politique politicarde jusqu'à ce que, suite à un incident en Corse, qui s'est soldé par la mort d'un autochtone (son copain s'est comporté comme une chiffe molle, c'est elle qui s'est emparée du fusil de l'autochtone, et, un peu par hasard, lui a tiré dessus. Et l'a tué) tout n'aille plus si bien que ça. On met ça dans s poche et son mouchoir par-dessus ? On est deux, on se serre les coudes et on va s'entraider ? Tut tu pouet pouet, que nenni... Et on va suivre les trajectoires soudain divergentes de ces deux tourtereaux politiques, lui incarnant (c'est Benjamin Lavernhe qui s'y colle pour ce rôle peu gratifiant) tour à tour la lâcheté, la couardise, la veulerie, jusqu'à basculer dans la saloperie pure et simple... La blanche colombe et le noir corbeau.
On suit Rebecca Marder de a jusqu'à z, depuis les roucoulades corses du début jusqu'à l'affrontement final, corse lui-aussi... Et elle crée un personnage fascinant, parfaitement ambigu, (elle passe son temps à mentir, c'est une seconde nature chez elle, mais toujours de la plus naturelle -et exquise-des façons), adans ses relations complexes avec son entourage (celle avec son ex-petit ami, celle avec la députée, et, last but not least, celle avec son père (Marc Barbé y est comme d'hab', excellent).
Un film agréable, habile, manipulateur, à l'image de son héroïne, dont on est sûr qu'elle ira loin, la bougresse, avec ses grands yeux candides...

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22 avril 2023

de ci de là (cahin-caha...)

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(tout à été capturé sur tw*tter ces derniers jours)

21 avril 2023

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(Le Libé des écrivains)

Education nationale : un petit train de mesures en route vers rien
par Laurent Binet

Article réservé aux abonnés

Quelque peu déséquilibré par la réforme des retraites, le chef de l’Etat peut continuer son travail de sape des institutions, en s’attaquant désormais à ce qu’il reste de l’enseignement public.
par Laurent Binet

A l’occasion du Festival du livre de Paris, les journalistes de Libération cèdent la place à des auteurs et autrices pour écrire sur l’actualité. Pour cette 16e édition du Libé des écrivains depuis 1987, ils sont 50, avec Giuliano da Empoli, auteur du Mage du Kremlin (Gallimard), en tant que rédacteur en chef. Retrouvez tous les articles de cette édition dans notre dossier spécial.

Macron vit sa présidence comme un jeu vidéo : il a une quête à accomplir (l’uberisation ou la thatchérisation de la France, pour aller vite), et des niveaux à franchir. Le niveau «réforme des retraites» a été difficile, il y a perdu beaucoup de points de vie, mais il l’a finalement passé, avec un certain sang-froid, en s’appuyant sur un triple calcul. Un, la Ve République lui offre tous les outils nécessaires pour agir sans entrave institutionnelle. Deux, la stratégie pusillanime des syndicats s’entêtant à espacer les journées de mobilisation lui permet de tenir, puisqu’elle lui permet d’échapper au blocage du pays. Trois, la complicité des LR, dont il sait qu’ils ne censureront jamais un gouvernement appliquant la politique libérale dont ils ont toujours rêvé, lui assure en dernier recours une majorité absolue à l’Assemblée. Restent les affaires courantes : les manifs. Et son seul pari, au fond, se résume à ce vieil adage : l’intendance suivra. (Avec toutefois, cette petite variante : l’intendance, dans la France Macron, se résume à la police. LBD contre casseroles : pour l’instant, ça se gère.)

Le niveau suivant devrait poser moins de problèmes : achever la destruction d’un édifice déjà en ruine, l’éducation nationale. Blanquer y aura en temps et en heure apporté sa contribution spectaculaire avec la réforme des lycées et Parcoursup, qui auront eu le double mérite d’être à la fois des usines à gaz anxiogènes et des entreprises de désorganisation et démoralisation générale. (Le bac en mars, quelle idée de génie !) Dès lors, mis à part continuer les fermetures de classe à bas bruit, que reste-t-il à faire ? Rien, ou presque. Ce pour quoi Macron et ses crypto-chicago boys excellent : faire semblant. Alors allons-y pour les annonces habituelles. Au son des casseroles, demandez le programme. Que se passe-t-il dans la tête du pauvre Pap Ndiaye, obligé de faire la potiche pendant que Macron nous balance son petit train de mesures ?

Ce qu’ils racontent n’a aucune importance, parce que leur parole n’a aucune valeur

Les mesures, donc. Pour commencer, la grande absente : pas de hausse du point d’indice (gelé depuis la préhistoire mis à part un léger déblocage l’an dernier). Avec une inflation pour l’année en cours de bientôt 6 % et une perte de salaire du corps enseignant de 28 % entre 1982 et 2018, dont acte. Le reste : un, augmentation de tous les profs de 100 à 230€ nets, avec salaire plancher à 2 076€. On attend sans impatience le debunkage du type de celui qui a été effectué pour les mythiques retraites planchers à 1 200€. Oui bon, peut-être pas tous les profs. Mais une grosse majorité. Beaucoup. Enfin quelques-uns. Une poignée. Douze. (Rappelons que pour la retraite à 1 200€, on était passé de plusieurs millions de bénéficiaires supposés à 30 000.) Deux, prime d’attractivité de 100 à 150€ pour les jeunes profs et prime d’indemnité de suivi de 100€ pour tous les profs. Après tout, 100 balles et un mars, la recette avait fini par calmer les gilets jaunes. Et le meilleur pour la fin : Trois, l’inévitable pacte. Travailler plus pour gagner plus : des forfaits de 18 à 24 heures annuelles pour remplacer des collègues absents au débotté ou autres tâches diverses. («En Allemagne, ils passent le balai dans leurs classes, on vous dit !») Pour une rémunération de 1 250€ par 24 heures (défiscalisées naturellement), c’est-à-dire moins bien payées que le sont actuellement les heures supplémentaires ordinaires (dites HSA).

En politique, il ne faut pas réfléchir en termes de personnalité mais en termes de structure. Macron est une structure néolibérale : capable de lâcher des milliards en cas de crise sanitaire mondiale quand il s’agit d’éviter l’effondrement brutal de toute la société, mais augmenter les salaires de fonctionnaires ? Plutôt crever. Il n’y a aucune raison pour que ça change et d’ailleurs, si les éditorialistes faisaient preuve d’un peu moins de naïveté ou de complaisance, ils sauraient décoder : quand le gouvernement souhaite nous éblouir de sa libéralité (que dis-je ? de sa munificence !) il parlera toujours de rémunérations, jamais de salaires. Des primes, des «indemnités de suivi», des heures supplémentaires (défiscalisées) qui permettent d’éviter des recrutements ou des créations de postes, oui. Des vacataires, des contractuels, autant qu’on veut. Mais des CDI, surtout pas, alors des fonctionnaires… Ce que racontent Macron et son ministre à Ganges n’a aucune importance, parce que leur parole n’a évidemment aucune valeur. On peut sans trop prendre de risque deviner ce à quoi aspire la structure néolibérale (ce qu’elle fantasme mais qu’elle prépare aussi déjà, sans doute) : le prof auto-entrepreneur (ce statut de l’enfer inventé par Sarkozy). Effondrement des candidats au concours, profs recrutés par job dating et formés en trois jours… Voilà les sujets qui mériteraient d’être débattus, commentés et critiqués sur les chaînes d’info continue. Mais pendant ce temps, sur BFM, on couvre le déplacement du président au collège Louise-Michel de Ganges : «Il est en train de signer un maillot de l’OM. Le président est fan de l’Olympique de Marseille. — C’est bien de le préciser aussi !» (Véridique.)

 

20 avril 2023

toucher

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BRIGHTON 4TH
de Levan Koguashvili

De fil en aiguille... C'est en venant voir LES ÂMES SOEURS que j'ai appris l'existence de ce film... J'aime bien les réalisateur dont le nom se finit par -Shvili : Kosashvili (MARIAGE TARDIF, CADEAU DU CIEL, Ovashvili (LA TERRE EPHEMERE, KHIBULA, et j'ai même trouvé une réalisatrice : Ekvtimishili (EKA ET NATIA). J'aime le cinéma géorgien (dont le précurseur en france fut ce très cher Iosseliani, même si son nom ne finit par par -shvili : Iosselianishivili?)
BRIGHTON 4TH est très géorgien, même si l'essentiel du film se passe à New-York. Où un père géorgien ex champion de lutte, Khaki (joué par Levan Tedaishvili, un vrai ex-champion de lutte) part à New-York pour voir son fils Soso, qui fait croire à sa famille qu'il fait des études de médecine alors que c'est juste un joueur compulsif, qui vient de jouer et de perdre l'argent pour son futur mariage, et doit de l'argent à des gros mafieux russes pas très aimables du tout...
Le début du film (devant un match de foot anglais) est plutôt surprenant puisqu'il se concentre d'abord sur un premier homme (lémotif gueulard) avant d'en suivre un deuxième (celui qui veut l'affronter), avant de parvenir à Khaki, qui est le vrai héros du film, mais sans qu'on le sache encore...
Match de foot, entraînement de lutte, on est dans un contexte virilo-sportif (sportivo-viril ?) pas du tout désagréable - pour moi en tout cas, je précise que j'ignorais complètement ce que j'allais voir, que les choses soient claires), et je me suis dit que Dominique, à côté de moi, allait peut-être s'ennuyer.
J'aime les films géorgiens, et j'aime les personnages des films géorgiens. Spécialement ceux comme Khaki, un gros nounours qui a l'air très doux, comme ça, qui a le sens de la famille, qui aide son frère, puis son fils, qui paie de ses économies d'abord, de sa personne ensuite...
Un film plutôt mélancolique, mais sans en faire étalage, avec des hommes qui jouent, des hommes qui boivent, des hommes qui se battent et des hommes qui chantent. Un film justement mélancolique (et, bien sûr, mélancoliquement juste). A propos de cet environnement originel, et de celui recréé presqu'à l'identique à des milliers de kilomètres. L'effet diaspora, et les illusions qu'il entretient...
Une belle surprise. pleine de tendresse bourrue (juste comme j'aime, bien sûr).
(et avec de jolis BAB -barbus à bonnets- comme j'aime, tout autant).

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19 avril 2023

ma classe

1 (il est question d'écrire un roman, ce que (?) m'a conseillé, mais je réalise que à chaque fois c'est pareil, j'écris deux ou trois pages et je m'arrête, (quelqu'un d'autre acquiesce et me dit que pour lui-aussi c'est pareil) j'ai donc une idée, celle de mettre ces trois débuts bout à bout pour en faire une continuité)

2 dans une pièce où j'ai déjà filmé une ou plusieurs scènes (les murs sont lambrissés) je me dis que je refilmerai d'autres scènes ici. je l'explique aux gens qui sont dans la pièce (il y a notamment mon voisin du dessus)

3 j'ai avec moi un genre d'écran de contrôle, plat, de 5 cm sur 4, (il ressemble, en fait, plutôt à celui de ma chaudière, mais là je m'en sers plutôt pour l'appareil-photo) jusque-là je n'avais vu qu'un seul affichage, l'habituel, mais en bidouillant des touches un peu hasard je m'aperçois  que j'ai accès à plusieurs affichages successifs (et complexes, incompréhensibles) que je n'avais encore jamais vus jusque là, notamment, à un moment, j'ai appuyé sur un truc et l'écran est devenu deux fois plus grand, je ne sais pas à quoi ça sert ni comment le faire revenir à son état initial

4 c'est après un repas, avec, notamment Malou et Dominique. je réalise que j'ai perdu le "chargeur" (?) de mon appareil-photo (c'est comme un bloc d'alimentation, noir, assez massif) que j'avais apporté, et Dominique ne se rappelle plus ce qu'elle en a fait... je fouille donc partout, partout, dans les placards, dans les buffets, au-dessus des armoires (il y a plein de bazar partout...) Je leur explique que si je ne l'ai pas, je ne pourrai plus faire de photos, ni de calendriers-photos pour l'année prochaine
tout le monde cherche (il y a vraiment un bazar invraisemblable dans cette pièce) tiens, au-dessus d'un buffet, il y a des vieux appareils-photos et tout un bazar de petit matériel et je dis en riant "ah je crois bien qu'on se rapproche..."
en passant devant un coin de meuble, Dominique me dit que Malou a reconnu ce coin, que je l'avais déjà photographié
et c'est là que je réalise que je ne suis plus du tout sûr de l'avoir apporté avec moi, ce "chargeur", que je n'avais apporté avec moi que l'écran de contrôle, et je vais aller dans mon appartement vérifier si l'appareil-photo et le "chargeur" y sont bien

5 Dans la cour de l'école, il y a pas mal de monde, en train de jouer  (des ados, des adultes) c'est un jour férié, et les gens en profitent, je me dis que je vais monter chez moi (mon appartement est au premier étage) et en profiter pour prendre des photos de ces jeunes gens qui s'amusent...
mais il n'y en a pas que dans la cour, il y en a aussi dans l'entrée du bâtiment, qui est d'ailleurs très vaste, et plantée d'une herbe haute et dense, très verte, comme une pelouse, où pas mal de gens sont allongés, souriants, comme à la plage
et ça continue dans les escaliers, envahis par l'herbe aussi, avec toujours autant de gens installés, je continue de monter, en ronchonnant, et en élevant un peu la voix, incrédule
sur le palier il n'y a plus d'herbe, mais il y a beaucoup de monde qui se presse, une foule dense, curieuse, au milieu de laquelle je reconnais notamment un de mes anciens élèves (qui a toujours sa tête d'enfant)
je pousse la porte, en suivant les gens, et je me retrouve dans la classe de Catherine, je vois que sur son calendrier c'est écrit en gros 1er MAI, , je lui demande, "Et tu ne dis rien ?", et elle me répond, avec le sourire "Non, je ne dis rien...". Tous ces gens dans sa classe, ça n'a pas l'air de la déranger.
Je continue, je vais essayer de (re)trouver ma classe, j'avance dans un couloir, je passe devant (dans) des salles successives, mais je ne reconnais rien, c'est comme la topologie du bâtiment avait changé, je ne m'y retrouve plus,
en passant jevois posé par terre un sac plastique vertavec mon nom et mon prénom écrits en gros, et en majuscules, et juste à coté un autre sac, presque identique avec écrit dessus en plus petit les mots "absurdement suicidé" (ou quelque chose d'approchant, je me dis que c'est une (mauvaise) plaisanterie que quelqu'un a dû me faire lors de mon départ en retraite
je continue d'avancer et j'arrive dans les toilettes, très vastes (un peu comme celles de l'Ecole Normale) je vois passer plusieurs atsem, Armelle, qui me sourit (elle me reconnaît), puis , notamment, Maria, qui passe tout près de moi sans s'arrêter
je discute avec un mec (qui est venu remplacer dans notre école) en lui disant que je ne retrouve pas ma classe, il me dit qu'elle est juste après, (le couloir tourne à angle droit et on ne voit pas plus loin), je lui dis que ce n'est pas possible, que ma classe n'avait pas un accès direct aux toilettes, et lui m'assure que si si elle est là

(ce rêve a été reconstitué à l'envers : j'ai d'abord écrit le paragraphe 5, puis le 4, etc., je les ai numérotés ensuite)

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