(tranche de vie estivale)
Je le savais bien, ça ne marche jamais ce genre de truc... Là c'est M., un vieil ex, qui m'appelle un soir, parle longuement, et qui finit par me donner un numéro de téléphone, celui d'un mec qu'il a rencontré et à qui il a promis qu'il me donnerait son numéro de téléphone...
Ah bon (air suspicieux de ma part) mais, me précise-t-il, "tu en fais ce que tu veux, moi j'ai promis de te le transmettre, et voilà j'ai fait mon boulot...."
Me voilà donc avec ce numéro de téléphone, avec un prénom et la ville qui va avec, et juste la vague assurance que ce mec "cherche la même chose que moi..." (comment M., mon vieil ex-, peut-il donc si bien le savoir, ce que je cherche, hein, alors que je suis moi-même encore en train de me le demander...)
Toujours est-il que je finis par envoyer au bout de quelques jours un sms de prise de contact, auquel le mec en question, appelons le F., répond illico par un double appel sur mon portable, depuis son propre téléphone, puis de sa ligne fixe, appels que je n'entendrai pas immédiatement puisque j'ai comme d'hab' coupé le son de mon téléphone, et dont je ne prendrai connaissance que trois heures plus tard.
Je rappelle donc et je tombe sur un mec à la voix sympathique, plutôt volubile, nous discutons le bout de gras, comme on dit, c'est un peu bizarre cette situation, on se présente l'un à l'autre, je lui dis "c'est comme si on répondait à une petite annonce sans avoir passé de petite annonce..."
Nous convenons donc de nous envoyer nos photographies respectives (même si, bien sûr "le physique n'a aucune importance..." Bien sûr...)
Mais F. doit partir travailler, et je propose qu'on se rappelle le soir (mais il bosse jusqu'à 22h), entre-temps, je m'occupe donc de me photographier avec mon téléphone pour lui envoyer la photo, et après plusieurs essais (gros plan ? plan américain ? plan d'ensemble ?) j'en trouve une qui me satisfait assez et je l'envoie...
Et donc le soir j'attends qu'il me rappelle (ce qui me (re-)met dans une situation inconfortable (insupportable) pour moi : attendre un coup de fil), ce qu'il finit par faire, mais beaucoup plus tard qu'annoncé (il est presque minuit) et nous reprenons les bâtons rompus de notre précédente conversation, continuant de nous présenter... Il apparaît au fil de la conversation que nous n'avons hélas pas tant de points communs que ça, et qu'il présente pour moi, en dépit de la sympathie qu'il inspire, quelques points qui me semblent délicats, pas rédhibitoires, mais presque... Nous nous quittons téléphoniquement, j'ai sommeil, il est tard, et on se dit à demain.
Je reçois sa photo par MMS le lendemain, c'est un mec bronzé, souriant, bien conservé (ventre plat)... Je lui renvoie un sms pour l'en remercier. Le soir, même jeu, il rappelle très tard (je suis en train de me brosser les dents quasiment pour aller dormir), me parle de sa journée, de son boulot, me questionne sur la mienne... Il est très gentil mais il parle vraiment beaucoup (peut-être est-ce moi qui ne sait pas alimenter la conversation ? ) je l'écoute, et une nouvelle fois (je n'ai pas cessé depuis le début en fait) je me pose des questions en moi-même : est-ce que ça vaut la peine de (tenter le coup) ? qu'est-ce que ça pourrait donner ? Il habite à plus de 100 bornes, et, surtout, je me dis que je ne me sens pas du tout l'envie ni le courage (ni la force) d'entamer une "relation" (surtout téléphonique)...
Dans la conversation j'avance très prudemment, en disant que même si on se rencontre ça ne débouchera pas forcément sur quelque chose, il acquiesce (je pense que lui aussi a du noter certains aspects de ma personnalité qui doivent lui sembler délicats). Nous nous séparons une nouvelle fois fort tard (et je sais que, en ce qui me concerne, passé minuit je ne vaux plus rien)...
Je me dis que : si on se rencontre et que ça se passe bien, je serai forcément malheureux après à un moment ou à un autre, et que, si ça se passe mal, je serai malheureux aussi... Malheureux à gauche, malheureux à droite, et si je restais simplement au milieu ?
Je dors d'ailleurs (encore une fois) très mal cette nuit-là, ce qui fait que la journée suivante, je suis un peu dans le cirage... Le soir arrive et j'ai du mal à rester éveillé, l'idée de veiller jusquà point d'heure ne m'enchante guère, et donc, sur le coup de 22h, je lui envoie un sms pour dire que suis crevé, que je n'ai pas le courage d'attendre son appel, que je vais me coucher, avec formule aimable (genre "bonne nuit et bisous") pour conclure.
(Ce qui était sans doute, plus ou moins inconsciemment, je le réalise, une façon d'échapper au "coup de téléphone d'avant minuit" que je sentais déjà s'instaurer rituel et obligatoire).
Et je vais me coucher. (Et je mets même des boules Quiès pour ne pas être réveillé en sursaut, au cas où -l'expérience m'a prouvé qu'il ne lisait pas forcément ses sms-.)
Je dors comme une souche (de 22 à 5h du mat', ce qui est inespéré pour moi) et le lendemain, par curiosité, je vérifie s'il a répondu à mon sms : niet. Je regarde sur le fixe si par hasard il a laissé un message : Niet non plus. Pas de nouvelles...
Le lendemain, dans l'expectative, j'ai pourtant fait l'effort de veiller : j'ai tenu jusqu'à minuit, puis j'ai fini par aller me coucher (et j'ai cette fois un peu moins bien dormi, puisque réveillé à 3h)...
Je vérifie le matin les sms et les messages audio : silence radio.
Et, depuis, je n'ai plus eu aucune nouvelle.
(Finalement, ça m'arrange, et ça règle une situation que je voyais venir de plus en plus inconfortable. Et je me dis que réagir comme ça juste à cause de mon sms "je suis fatigué" c'est quand même assez stupide.
Mais, au bout du compte, providentiel. Non, je ne rappellerai pas non plus, et c'est très bien comme ça.)