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lieux communs (et autres fadaises)

14 octobre 2020

habitat à loyer modéré

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MANO DE OBRA
de David Zonana

Un (premier) film fort, mais qui m'a un peu... abattu (un peu paradoxal quand on parle de construction). Et comme c'est mexicain, on peut dès le début être quasiment certain que ça va mal finir... (vous connaissez, vous un film mexicain qui finit bien ?) Et ça ne loupe pas.
Ca démarre sur un chantier, dans une très belle (et très grande, le détail a son importance) maison où s'affaire(nt) toute une équipe de travailleurs sous-payés (on va le savoir très vite), chantier brièvement interrompu lorsqu'un des hommes tombe du toit. Et se tue. C'est le frère de Francisco, le héros du film, qui laisse une jeune épouse enceinte et complètement démunie, les "experts" ayant refusé de classer le décès en accident du travail, des "analyses" prouvant selon eux que l'homme était tombé du toit parce qu'il était ivre, alors, que Francisco sait que son frère ne buvait jamais.
Francisco essaye d'obtenir réparation, via le contremaître, puis via le (riche et seul, autre détail qui a son importance) propriétaire, en vain. Il décide alors de régler le problème à sa façon...
Un peu de fil électrique, d'abord, et une "bonne idée"...
C'est là, bien sûr que les choses vont se gâter. Car au Mexique (comme partout ailleurs, d'ailleurs, mais tout particulièrement ici  au Mexique) la loi des castes est immuables : les pauvres doivent rester pauvres (et dans la merde) et les riches riches (et dans leurs grandes et belles maisons) Et tout le reste n'est qu'utopie. Et David Zonana, le réalisateur, en fait le constat glaçant et sans appel.
Même Francisco, son héros, n'échappe pas à la dure loi du sport : il y a des moments où il est montré, sans concessions, comme un mec pas très sympathique... Un mec "normal", quoi...
En sortant de la salle, je me disais qu'il (le réalisateur) était bien dur avec eux (les pauvres), mais non il est juste... réaliste. Quand on n'a rien ou presque, on voudrait un petit peu plus, et quand on a plus on voudrait encore (un petit peu) plus, et badaboum.
Pourquoi donc ? Comme dans la chanson du monsieur qui chantait Marly-Gomont et dont le nom m'échappe (non, Kamini ça vient de me revenir) "Parce qu'on est con." cqfd.

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11 octobre 2020

sans faire de vagues

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ONDINE
de Christian Petzold

Christian Petzold (Transit, Phoenix), Paula Beer (Transit, Frantz), Franz Rogowski (Transit, une valse dans les allées), j'étais très partant, pour moi ça démarrait très bien... "Sous les meilleurs auspices". Ondine ? J'en avais vu une version il y a quelques années au CDN, je me souviens qu'il y avait de l'eau, de l'amour, et de la mort... Le contrat est tenu : de la mort, de l'amour, et de l'eau. Beaucoup de chaque.
J'aime beaucoup le cinéma de Christian Petzold, même si (ou, peut-être justement, parce que) il fait des films pas très aimables. Des histoires d'amour mais jamais rectilignes. Avec de la violence, et de la douleur beaucoup plus que de la douceur (même s'il y en a aussi, quand même, eh oh, quand il y a de l'amour il y a aussi de la douceur, mais bon, plus ou moins quoi). Longtemps la muse de Christian P. a été Nina Hoss (5 films en commun, tout de même, entre 2003 et 2014), mais, depuis deux film (Transit et celui-ci), il semble qu'elle ait été remplacée par la touchante Paula Beer, sans doute moins polaire en apparence, mais il ne faudrait pas trop s'y fier. Elle recompose avec Franz Rogowski le couple du précédent Transit (et j'adore cet acteur -découvert en 2015 dans le déjà germain (et tambour battant)  Victoria- autant pour son jeu, que sa façon de parler), passant ainsi d'une dystopie à un conte fantastique (mais le résultat est un peu le même, non?)
Paula interprète Undine (la version allemande), une jeune femme qui fait des conférences sur l'histoire et l'architecture de Berlin(s), après la réunification (même si je nne suis pas très sûr vraiment compris l'utilité de cette "spécialisation", et son rapport avec l'histoire qui nous concerne), jeune femme qui au début du film vient de lancer un ultimatum à son amant, Johanes, en lui signifiant que s'il l'abandonne elle sera obligée de le tuer, (et effectivement il l'abandonne), puis qui va rencontrer Christoph, (qui vient d'assister à une de ses "conférences"), un jeune scaphandrier avec qui elle va illico re-plonger dans une histoire d'amour. fin de l'acte 1.
Il y a beaucoup d'eau dans le film (Ondine, normal), successivement un aquarium, une piscine, et un lac de barrage (pas forcément dans cet ordre) et de l'amour et du mystère, dans lequel une figurine de scaphandrier, offerte par Christoph à Undine, tient une place importante... Christian Petzold parvient, avec beaucop d'intelligence à insérer la thématique intemporelle du conte (la malédiction, la fatalité, la force de l'amour, les fantômes) dans un film au réalisme fort, "normal", contemporain, ancré dans une matérialité incontestable, terre-à-terre.
Car c'est de l'eau que vient le fantastique, la magie, le mystère  (avec, à chaque fois, quelque chose de littéralement surhumain qui s'y produit) et qui vous laisse, à la fin du film, les yeux dans le vague, dans la lumière trouble  de la presque obscurité subaquatique, avec le bruit des bulles qui remontent vers la surface (et les rencontres qu'on peut y faire).
"Les fantômes, dit Christian Petzold, sont des apparences qui ne veulent pas disparaître : ils n’acceptent pas d’être morts. Ils essaient désespérément de redevenir des êtres humains, mais personne ne veut d’eux.".
Et j'ai, bien sûr, repensé à Yella.
Et j'ai pensé aussi à la chanson de Gréco (écrite par Manset)
"Aimez-vous les uns les autres ou bien disparaissez
Sans faire de bruit sans faire de vagues
Sans faire de bruit sans faire de vagues..."

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10 octobre 2020

carnet de croquis

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JOSEP
d'Aurel

Un film qui m'a bouleversé (et pas uniquement parce que ça parle d'Espagne et d'espagnols), l'histoire d'un artiste que je ne connaissais pas, réalisée par un dessinateur que je ne connaissais pas non plus... Aurel (de son vrai nom Aurélien Froment) a réalisé un "film de dessins" (comme il le dit lui-même) plus qu'un film d'animation (mais ne vous inquiétez pas ça bouge quand même!) pour raconter Josep Bartoli, "combattant anti-franquiste et artiste d'exception" (comme le résume allocin*che), depuis son arrivée en France en 1939, et son internement dans ce qui ressemble furieusement à un camp de concentration jusqu'à la rétrospective de ses oeuvres dans un grand musée.
L'histoire devient encore plus intéressante quand elle est racontée par un grand-père mourant à son petit-fils, surtout qu'il s'agit non pas de Josep devenu vieux, mais, bien plus habilement, de celui qui, à l'époque, était un jeune gendarme, qui a sympathisé avec un de "ces saletés d'espagnols" (c'est ce que disent les autres flics, chargés de la surveillance, et qui rivalisent en beauferie et en dégueulassitude -François Morel, qui en double un, prend visiblement plaisir à incarner ces lointains grands-parents des Deschiens, qui étaient peut-être aussi bêtes mais certainement pas aussi méchants-)
Une belle histoire d'amitié, avec la grande Histoire en toile de fond (je ne savais pas que les Tirailleurs Sénégalais avient été appelés en renfort), qui va d'avant-hier (1939) à après-demain (l'ado qui écoutait l'histoire est devenu adulte, et, clôt, avec panache, cette belle histoire, où je ne m'attendais pas du tout à croiser Frida Kahlo).
Plastiquement, c'est une merveille (ce qui, rajouté à la grande humanité du projet -et au bonheur d'entendre la voix de Sergi Lopez- fait du film un choc et une découverte, aussi forte qu' avait pu l'être l'année dernière J'ai perdu mon corps, de Jérémy Clapin.)
Un bien beau choc.
Inratable.
Sans doute Top 10!

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l'affiche

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le réalisateur

Josep-Bartolí

Josep Bartoli

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une tête de Bartoli

9 octobre 2020

chant / contrechant

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A COEUR BATTANT
de Keren Ben Rafael

J'aime beaucoup Judith Chemla, et je suis donc allé voir ce film (avec Emma) sans savoir de quoi il retournait ou presque (juste un résumé en diagonale sur allocinoche). J'ai donc été surpris, étonné, et séduit. On a connu les romans épistolaires, voici désormais les films skypesques. Une petite famille (maman, papa, et fiston), on fait la connaissance de papa et maman, d'abord, qui sont au lit et font un câlin, lorsque bébé se met à pleurer, et donc maman se lève pour aller s'en occuper.
Et on réalise que deux sont à Paris (maman et bébé) et que le papa est loin, en Israel. Ce qu'on va voir sur l'écran, c'est ce que chacun des deux voit de l'autre sur son écran. Il s'agit de petites scènes du quotidien, à divers moments de la journée, comment ça se passe ici, à Paris, et comment ça se passe là-bas, loin... Lui qui est d'abord empistrouillé par des problèmes de visa, et ne peut donc pas repartir aussi vite qu'il l'aurait espéré, dans un premier temps, puis qui va commencer à se poser des questions, à lui en poser à elle aussi, en essayant de tout régenter, de tout voir de tout savoir d'avoir la main-mise sur elle et sur le fiston... Et les choses se compliquent, et le climat devient délétère, et on se raccroche au nez de plus en plus régulièrement, quand on ne refuse pas carrément de répondre... Se met en place un genre de désynchronisation du sentiment amoureux, où tous les deux sont de moins en moins en phase, voire complètement décalés... Comme a dit Emma à la sortie "L'amour ne suffit pas forcément...".
Judith Chemla et son partenaire Arieh Worthalter sont absolument magnifiques, d'une profonde -et touchante- justesse et portent le film (à deux deux, c'est le principe, ils occupent pratiquement tous les plans -excepté quelques scènes avec la mère d'elle, jouée par Noémie Lvovsky, qui est excellente elle-aussi, même si elle fait froid dans le dos- et les scènes finales, qui ne sont pas tournées selon le même principe, et m'ont évoqué -et donné envie de revoir, du coup- le très bon 5x2, de François Ozon).
Une très belle surprise (même si tout ça n'est pas très guilleret, mais, hein, n'est-ce pas, L'amour c'est gai, l'amour c'est triste...)

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 à noter le très beau travail de cadrage / recadrage / surcadrage...

8 octobre 2020

faire ailleurs

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IL MIO CORPO
de Michele Pennetta

Settima Settimana 4 et 6
Un film à côté duquel j'ai failli passer, et expédier d'un lapidaire "au début j'ai dormi, et après je me suis ennuyé...", mais qui vaut en réalité beaucoup, beaucoup mieux que ça. La réalité, tiens, c'est bien de ça dont il est question dans le film, qui traite de deux histoires distinctes, de deux groupes de personnages distincts, chacun dans son histoire -différente- et avec ses propres problèmes, mais aussi avec leurs points communs. Deux narrations disjointes, parallèles,  qui vont juste se croiser, comme ça, au point de fuite on pourrait dire, presqu'à la fin du film, dans une scène à la fois très simple et très forte (la nuit noire, et deux lumières qui se croisent et se répondent en silence). Et même un petit peu plus que ça encore (à la deuxième vision, où je n'ai pas fermé l'oeil du tout) mais cette fin, ces scènes de la fin, sont -pour le moins- très elliptiques, et je ne suis pas sûr que s'y passe réllement ce qu'on pourrait penser qu'il s'y est peut-être passé...)
Le film faisait partie de la sélection acid au festival (fantôme et masqué) de Cannes 2020, et le distributeur (Nour films) a bien voulu nous le confier en avant-première (le film sort le 11 novembre, il me semble).
Un film âpre (presqu'autant que Una promessa, mais avec tout de même un peu de violence -physique- en moins), avec d'un côté une famille de ferrailleurs (où le père d'ailleurs n'est pas spécialement tendre) et de l'autre un jeune africain qui garde des moutons en espérant obtenir un permis de séjour (à la deuxième vision : en réalité c'est son copain qui espérait un permis de séjour, et ne l'a pas obtenu). Tout le monde est à la même enseigne : mouise, galère, démerde, et petits boulots de merde pour survivre...
Les petits ferrailleurs n'ont pas de bol : en plus de passer leurs journées à trimer, ils ont en plus écopé d'un père qui se pique de prétentions capillaires (la tonsure qu'il inflige à Oscar est proprement immonde -oui oui je sais, j'ai un problème avec les tonsures, et, encore plus, avec les crêtes-, et Hervé m'a fait remarquer, à la sortie, ce qui ne m'avait pas forcément sauté aux yeux : la chronologie capillaire, justement, dans le film, ne serait peut-être pas strictement respectée...) donc on comprend que de temps en temps, les pauvres,  ils ressentent le besoin d'aller voir ailleurs...
Le film avance donc comme en skis de fond, avec ses deux traces parallèles (les gens sont des vrais gens, jouent leur propre rôle, et sont crédités de leurs vrais noms au générique et dans le film...) ce qui aurait pu n'être que deux documentaires voisins devient, par le système de lasagnes que le récit induit, un objet différent, comme si la juxtaposition des deux vérités construisait une méta-fiction ("le tout est supérieur à la somme des parties"...).
Comme si, simplement en écoutant les gens parler, en leur (re)donnant la parole, en les observant, de façon assez neutre, objective, il atteignait une certaine grandeur...
J'étais vraiment très content d'y être retourné le lendemain, et de ne pas en avoir perdu une miette...

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7 octobre 2020

porcellone

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SEXE FOU
de Dino Risi

Settima Settimana 5.
Vu juste après Il mio corpo, un changement radical, d'époque, de sujet, de traitement... Un film a sketches du début des années 70, dans la grande tradition du film à skeyches italien des années 70 : affreux, sales et méchants (et bêtes) pour la gent masculine (représentée principalement par Giancarlo Giannini, qui s'en donne visiblement à coeur joie avec les perruques et les déguisements) et sexy et affriolante pour la gent féminine  -c'est sans doute sur ce point que le film a le plus (mal) vieilli- incarnée ici quasi exclusivement par la belle Laura Antonelli, qui était à l'époque, les critiques l'assurent -moi j'étais trop petit, et pas vraiment apte pour juger de la chose-, un véritable sex-symbol.
Bon, on ne va pas se mentir, tout ça a quand même, dans l'ensemble, pris un sacré coup de vieux (et c'est trop long). J'ai eu un faible pour le sketch du donneur de sperme et de son fantasme sur la bonne soeur (et de l'allemand d'opérette qu'ils parlent), celui-là m'a réjoui... Bon thème, bonne interprétation, bon timing. Pour les autres, il y a toujours un truc qui ne va pas...

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ps (par rapport au titre du post ) j'ai découvert que porcellone (qu'on entend prononcé dans le film) ne veut pas dire gros porc comme je le supposais, mais petit cachottier...

6 octobre 2020

instruments

MUSIQUE, DANGER PUBLIC On ne saura jamais trop remercier la préfecture du Morbihan pour sa lutte hyperactive contre la propagation de la pandémie. Depuis le 29 septembre, un arrêté préfectoral interdit le transport d’instruments de musique. Dans la ligne de mire des autorités, «les manifestations qui font l’objet de diffusion de musique amplifiée dans des lieux non aménagés pour ce type de manifestation». Bing, fini les petits malins qui s’entassent avec leur maladie pour jouer du ska dans des fromageries. Fini aussi les raves sauvages. Celles qui devaient être organisées dans le froid et sous la pluie ce week-end risquent des amendes. 

Face au tollé répandu sur les réseaux sociaux par des musiciens angoissés pensant qu’ils allaient finir en prison car ils transportent une guimbarde dans leur boîte à gant, la préfecture a tout bien précisé ce lundi dans un communiqué: «Cet article vise à interdire les rassemblements de personnes lors de manifestations organisées [sur des] plages, forêts, champs, carrières, espaces naturels, etc.» Franchement, Youen Paranthoen, accordéoniste, membre du groupe Spontus et du collectif Clam, comme le présente le Télégramme, et qui a peur d’être verbalisé car il va répéter, a bien tort de s’inquiéter. La préfecture indique en effet que «les manifestations musicales organisées dans des lieux prévus à cet effet (salle de concert, de spectacle, théâtre, etc. ne sont pas concernées par cet arrêté». Le communiqué n’explique pas si répéter chez soi est inclus dans le «etc.». Il ne détaille pas non plus ce qui peut arriver à moins de dix musiciens masqués et distanciés de deux mètres jouant sur la plage passé 22 heures avec des amplis 10 watts, mais à ce niveau on est tentés de dire qu’entre l’absence de public ou la verbalisation des gendarmes, ils l’ont bien cherché.

C’est très courageux ce que vient de faire la préfecture, sur le plan du totalitarisme. D’une part, elle capture la musique dans la nasse aux mailles toujours trop lâches du contrôle social. Un instrument qui passe devient suspect, et il faut que les pouvoirs publics en sachent plus, questionnent, jugent, contrôlent. Les raves peuvent être interdites, comme l’a fait le Maine-et-Loire en août, mais ce n’est pas assez. L’instrument, source de joie depuis le paléolithique supérieur, devient une menace dans le Morbihan contemporain. Liberticide? Non. Préventif. Avant, le musicien était un drogué potentiel. Aujourd’hui, il est un instrumentiste avéré, c’est carrément louche, allons contrôler sa voiture. Mais d’autre part, cet arrêté offre une formidable avancée concernant la prévention des accidents touchant les musiciens dans l’exercice de leurs fonctions: hier, à Nancy après le spectacle, un membre de l’orchestre de l’Opéra national de Lorraine roulait à vélo avec son violoncelle en bandoulière dans le dos. Il a failli me rentrer dedans. Danger public. Il est bon que ce genre d’inconscience prenne fin dans un Etat de droit comme le nôtre. L’arrêté est supposé courir jusqu’au 13 octobre. Nous appelons de nos voeux qu’il soit inscrit dans la Constitution, au titre des mesures d’urgence.
(Libé Culture du 05/10/20)

5 octobre 2020

chocolats mozart

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LES APPARENCES
de Marc Fitoussi

Un thriller "à rebondissements" plutôt bien goupillé. A Vienne, dans la bonne société des expat's, une femme, directrice de la médiathèque française (Karin Viard, au brushing lissement impeccable) découvre par hasard que son mari, directeur de l'Opéra  (Benjamin Biolay, délicieusement de plus en plus amphibien) la trompe avec la maîtresse de leur fils Malo (Laetitia Dosch, superbe comme d'hab'). Et tombe des nues. Sans rien perdre de son imperturbabilité bourgeoise, ni (con)descendre de son piédestal (mais en surjouant à peine un poilchounet...). Mais voilà qu'elle commet l'erreur, quand elle apprend la nouvelle, de sortir pour aller boire dans un bar, où un jeune homme énigmatique lui paiera un premier verre et l'accompagnera jusqu'au bout de la nuit... (Un jeune homme à visage d'ange dont vous vous doutez bien qu'il n'est pas vraiment ce dont il a l'air, et la suite vous prouvera que vous aviez raison). L'histoire peut démarrer, quand elle (l'épouse, pas l'histoire) se met, de plus, à ourdir une vengeance somme toute un peu irréaliste... (vous savez tous n'est-ce pas ce qu'est une adresse ip, non ?)
Elle, lui, la maîtresse de lui, le soupirant de elle, voilà de quoi danser un aimable quadrille (bon nous sommes à Vienne, une valse s'imposerait, mais en permutant régulièrement les cavalier/e/s) avec en fond, toujours les regards des amies de madame, tout aussi impeccablement brushinguées lisse qu'elle (on penserait vaguement aux Femmes de Stepford, d'Ira Levin), leurs commérages et persiflages, et, un peu plus loin, de leurs maris bien sûr...
Le film est construit musicalement (premier acte : elle et lui, deuxième acte : lui et elle, troisième acte : tous les deux, et coda) et se regarde -s'écoute- sans aucun déplaisir. (C'est quand même un tout petit peu lisse (à l'image du brushing impeccable de ces dames...)
Entre gens bien nés, entre gens bien élevés* chantait, il y a longtemps, la petite France Gall...

les-apparences-2020

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Madame, Monsieur, et une amie de Madame

*chanson "à compléter" (par France Gall) :
"Il m'a laissé tomber à l'eau
C'est un beau petit (...)
D'autant plus qu'il est naturellement parti
Avec ma meilleure amie
Il l'appelle son petit lutin
Et c'est une jolie (...)
Qui a déjà dépassé sur son chemin
La diligence, l'autobus et le train

Oui mais, oui mais
On ne s'est pas fâchés
On est, on est
Entre gens bien élevés

Il va lui faire la vie dure
Car c'est une belle (...)
Ce n'est pas pour elle qu'il a de l'appétit
C'est pour ses économies
Mais après tout si elle écope
C'est bien fait pour cette (...)
Qui avait déjà l'âge de la retraite
Quand je roulais encore en patinette
Oui mais, oui mais
On s'invite à dîner
On est, on est
Entre gens bien élevés

Je l'ai rencontré la rue
Elle m'a traitée de (...)
On voit clairement à ses bonnes façons
Qu'elle a vendu du poisson
J'ai profité qu'on était seules
Je lui ai cassé (...)
Car je ne connais pas de meilleure apprêt
Que le beurre noir
Pour une gueule de raie

Mais je dois l'avouer
Je l'ai regretté
Depuis ce jour là plus jamais
Ils n'ont téléphoné
Mais quelle idée de rester fâchés
Entre gens bien é
Entre gens bien é
Entre gens bien élevés
Ils ne savent pas ce qu'ils perdent
Après tout je les (...)"
mimi, non ?

4 octobre 2020

chi pensa deve agire

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LE DÉFI DU CHAMPION
de Leonardo d'Agostini

Settima Settimana 3.
Le bôô cinéma l'avait déjà programmé, mais uniquement en VF, et on s'est dit que ça serait une bonne idée de le reprendre en VO. Bonne idée. Un film sur les bienfaits de l'éducation ne pouvait pas laisser insensible un ancien instit', fut-il en retraite comme moi. On (= le président du club de foot de Rome) confie à un mec d'un certain âge (le genre de Robin Williams dans le cercle des poètes Disparus, quoi...) le soin de prendre en main et d'éduquer (et de conduire jusqu'au bac) un jeune footeux aussi plein aux as que tête à claques (c'est la vedette de l'équipe, une superstar footballistique qui se la pète grave).
Le prof c'est Stefano Accorsi qu'on a déjà croisé plusieurs fois dans nos Semaines Italiennes me semble-t-il (Tous les soleils, Fortunata) et le jeune footeux, plus vrai que nature,  est interprété par Antonio Carpenzano, tout à fait plausible dans le rôle... Au début c'est un peu difficile, bien sûr : le jeune con le prend de haut, jusqu'à ce que le deal lui apparaisse clairement : s'il ne réussit pas à chacun de ses exams, il ne joue pas le dimanche suivant... Evidemment, les choses vont aller en s'améliorant (il s'agit d'un conte édifiant), chacun va y mettre un peu du sien, et chacun va, donnant-donnant, apporter quelque chose à l'autre, à propos de la façon dont il mène sa vie. Un feel-good movie avec un joueur de foot et un ours ronchon, ça n'était pas joué d'avance, mais ça fonctionne... Même si c'est assez prévisible (on sait qu'il va finir par passer le bac, hein) c'est suffisamment bien fait (et bien construit) pour qu'on y prenne autant de plaisir qu'eux (qui à avoir 8 sur 10 à son exam sur les débuts de la première guerre mondiale, qui à conduire une Lamborghini pour la première fois de sa vie, qui à préférer un gros sandwich de gargotte à des plats chichiteux de restau de luxe, qui à avoir le courage de rappeler son épouse partie), un film dont la pub a raison de dire qu'il fait du bien...
En plus il y est à nouveau question de paternité (et des différentes façons de concevoir les rapports père/fils et ça ça me touche toujours autant...)
Encore une bonne soirée italiana...

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3 octobre 2020

martellino

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UNA PROMESSA
de Gianlucca et Massimiliano de Serio

Settima settimana 2.
On avait démarré, à 18h, en douceur et avec le sourire, (Citoyens du Monde), là on change d'univers, pour la soirée d'ouverture, avec ce film grave en avant-première (sortie prévue le 14 octobre). Au départ, une famille se réveille, mais seule la mamma part travailler, en bus, aux aurores (on comprend assez vite que le père a un accident du travail)  (on comprend aussi qu'il s'agit d'un travail de merde, travailleurs clandestins dans les champs et les vergers,  avec un contremaître dégueulasse qui passe son temps à aboyer sur tout le monde, aux ordres d'un patron encore plus dégueulasse, on l'apprendra assez vite). La maman ne rentrera pas, elle a fait un arrêt cardiaque sur son lieu de travail, et voilà père et fils dans la mouise complète,  qui partent trouver du travail, et vont se faire embaucher sur le lieu de travail de la mère, un travail harassant et mal payé (et (on va l'apprendre vite aussi) dangereux. où des hommes et des femmes se font exploiter sans états d'âme, traiter comme du bétail (voire pire) et on ne peut que penser au mot esclavagisme...
Comme le réusmait Benoït à la sortie "De l'intérêt de consommer bio et local...". Un film dur, et même de plus en plus dur (le propriétaire tout-puissant est en plus un salopard de pervers, ce qui va occasionner, au bout de son fusil, quelques scènes "pénibles"...) et c'est vraiment de plus en plus dans la mouise que se débattent le fiston et son papa. Les brutalités et les désillusions s'enchaînent jusqu'à la très impressionnante dernière scène...
Un film violent, de plus en plus violent, et qui, hélas, ne serait probalement pas très loin hélas  de la réalité.
Brutal, glaçant. Nécessaire.

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