Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

lieux communs (et autres fadaises)

25 mai 2023

rosalind & julia

091
ETERNAL DAUGHTER
de Joanna Hogg

Un film gothique, du brouillard, un hôtel sans clients, de la nuit, une mère et sa fille (plutôt une fille et sa mère) toutes deux jouées par l'intense Tilda Swinton, (pour les plus observateurs -les plus curieux-, les deux personnages figuraient dans THE SOUVENIR, de la même réalisatrice, où seule la mère était jouée par Tilda S.), une réceptionniste pas très coopérative, un chien qui n'arrête pas de se sauver, et qu'on doit chercher la nuit, un anniversaire, où sera soudain révélé, mine de rien, ce qu'on appréhendait depuis le début du film...
Je ne devrais pas en principe écrire grand-chose de plus sur ce film puisque j'y ai, hélas, beaucoup dormi (surtout dans la première partie) mais ce que j'ai vu je l'ai plutôt bien aimé (soooo british), et Tilda Swinton est excellente, comme d'habitude...

3887928-2

0662392

0543831

 

 

 

 

23 mai 2023

les feuilles mortes

(un article que j'ai trouvé magnifique -particulièrement le dernier paragraphe allez savoir pourquoi- ce jour dans le supplément Cannes de Libé)

"Le jour où Aki Kaurismäki fera un mauvais film, on saura qu’il n’y a plus d’espoir pour rien ni personne, mais ce jour n’est pas arrivé. On peut même s’estimer heureux qu’il ait refait un film tout court (et il l’est), après avoir dit «adios» au cinéma, déclarant en 2017 : «Je suis fatigué. Je veux commencer à vivre ma propre vie, enfin.» Phrase très grave et très drôle, ce mélange kaurismäkien de solennité et d’humour dans l’économie de mots, qui sonnait vraiment comme une réplique d’un de ses 18 longs métrages de fiction – en comptant celui-ci, présenté en compétition à Cannes. Arrêter le cinéma pour commencer à vivre. Rechuter, sans perdre de vue l’objectif. Le cinéma est peut-être un art, mais c’est aussi une addiction. Est-ce un hasard si Kuolleet Lehdet, en français les Feuilles mortes, raconte en partie l’histoire d’un homme qui décide d’arrêter de boire pour commencer enfin à vivre ?

En partie, parce qu’il raconte aussi l’histoire d’une femme qui prend le risque de retrouver le sourire. Bouleversements liés à leur rencontre, qui connaîtra quelques adversités et embûches de mélodrame, d’ici à ce que l’amour triomphe. Qui connaissait la décision du cinéaste finlandais de prendre sa retraite, à 60 ans comme il se doit, peut supposer, en découvrant le film, une raison à cette reprise du travail. Le récit a lieu en février-mars 2022, daté par les actualités que les personnages entendent passer, chacun chez soi, à la radio tout au long du film : donnant des nouvelles des premières semaines de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine, en particulier des bombardements touchant des civils. "Maudite guerre", dit Ansa – avec ses 1 340 km de frontière commune avec la Russie, le traumatisme de deux guerres avec l’URSS tentant d’envahir son territoire, la Finlande et sa population se trouvent ces temps-ci à l’avant-poste de l’inquiétude.

Le monde du précariat

Les Feuilles mortes donne l’impression d’avoir été écrit et tourné sous l’impulsion de cette peur et de cette impuissance d’auditeur entendant, ce que confirme la petite note d’intention sublime, et bien sûr blagueuse, par laquelle l’auteur présente son film : "Même si j’ai acquis aujourd’hui une notoriété douteuse grâce à des films plutôt violents et inutiles, mon angoisse face à des guerres vaines et criminelles m’a enfin conduit à écrire une histoire sur ce qui pourrait offrir un avenir à l’humanité : le désir d’amour, la solidarité, le respect et l’espoir en l’autre, en la nature et dans tout ce qui est vivant ou mort et qui le mérite." Une séquence montre Ansa (Alma Pöysti) et Holappa (Jussi Vatanen, le Bastien Bouillon finlandais) penser tendrement l’un à l’autre alors que la bande-son déroule, dans le poste, les décomptes des atrocités. Pas pour mettre l’accent sur quelque insouciance coupable, sur la dissonance entre un amour naissant et une guerre, au contraire : c’est ici le seul antidote, et si Kaurismäki cite Chaplin, donnant son nom au chien adopté par Ansa, c’est qu’il a dû revoir le Dictateur.

Annoncé comme le quatrième volet "perdu" de sa fameuse "Trilogie du prolétariat" (Ombres au paradis, 1986, Ariel, 1988, et la Fille aux allumettes, 1990), les Feuilles mortes a lieu, trois décennies plus tard, dans le monde du précariat, suivant ses personnages se faire virer sans ménagement de leurs emplois temporaires successifs, décrivant à chaque fois en peu de mots et de signes les situations qui leur sont faites par un capitalisme sans garde-fou ni droit du travail, autre contrepoint et obstacle à l’idylle qui tente d’avoir lieu entre eux. Le principal étant que Holappa – dont ni l’aimée ni le film ne connaîtront le prénom, n’apprenant même son nom que très tard – boit systématiquement, mécaniquement, ce qu’Ansa ne peut supporter (apprendre pourquoi, c’est la comprendre, voir un peu plus clair dans sa tristesse). Il arrêtera, se redonnant une vie et lui en proposant une. D’autres péripéties l’attendent, rythmées par beaucoup de chansons (plusieurs sont d’Olavi Virta, le grand chanteur de tango finlandais, dont la reprise de celle de Prévert et Kosma donne son titre au tout).

L’art de la litote et du surlignage

Pour faire filer tout ça, limpide, en direction de la fin du film, Kaurismäki peut compter sur le ton qu’on lui connaît, cocasse et mélancolique jusque dans chaque plan à la fois ultra-lisible et mystérieux, dans chaque demi-réplique à la fois insignifiante et décisive, ordinaire et hilarante. Art à la fois de la litote et du surlignage, donc paradoxal, mais qui s’explique par ce qui le provoque et le soutient : il n’y a que les sentiments qui comptent, ils sont le matériau et la visée de chaque seconde de film, or il n’y a rien de plus insaisissable et de plus schématique à la fois, de plus complexe à vivre et de plus bête à dire qu’un sentiment. Pour ce faire, les petits éléments de langage du cinéma classique, le jukebox des tropes du mélo, de l’amour, du visage derrière la pluie sur les vitres, marchent à plein tube sur nos affects, sur notre mélancolie pleine de distance et de larmes, tout ça à ras bord. Mais ce qui gagne, c’est la légèreté à toute épreuve donc la détestation discrète et résolue de tout ce qui veut passer en force, dans les films, dans la vie, chez les hommes ("un dur ça ne chante pas", tant pis pour lui), c’est la très bonne raison pour laquelle, bien qu’il ne donne aucun gage direct de trahison de l’hétérosexualité sur le plan manifeste, et qu’il ne figure donc pas dans sa sélection cannoise annuelle du meilleur film LGBTQ +, on donnerait à Kaurismäki la "Queer Palm"." (Luc Chessex)

En compétition. Les Feuilles mortes d’Aki Kaurismäki avec Alma Pöysti, Jussi Vatanen… 1h21.

(Sortie prévue : 20 septembre 2023)

 

5OZNF24JANAKDKYDMA4BA4VZUI

21 mai 2023

après-midi très malle (très bien)

088
AU REVOIR LES ENFANTS
de Louis Malle

1987... j'avais 31 ans. Je me souviens d'une soirée-tarot avec Thierry G. (non, pas toi Riri la Gâchette,calme-toi, l'autre!) chez les parents de Sandrine B., mais aussi de Cérémonie des César, où le film avait triomphé (7 César!) et nous avec. Je me souviens qu'on aimait beaucoup ce film, pour différentes raisons. (...) Et, par exemple, la petite phrase "Y a des loups dans cette forêt ?" nous était restée en tête. Je me souvenais de Julien Quentin (l'alter ego de Louis Malle dans ce récit autobiographique) et de Jean Bonnet (qui s'appelle en réalité Jean Kippelstein), je me souvenais des confitures, de la mère de Julien, du marché noir avec Joseph, le boîteux qui travaille aux cuisines (et de l'excellent François Négret qui l'incarnait), de cette belle histoire d'amitié entre deux gamins en ces temps pas faciles, et de la bouleversante scène finale dans la cour du pensionnat (avec ce "Au revoir les enfants" qui donne son titre au film, avec cet ultime échange de regard entre les deux garçons, et ce petit geste de la main...).Je dois dire que j'étais déjà très ému, pour ne pas dire bouleversé, avant que le film commence, c'est dire le pouvoir émotionnel de ce film est encore intact, presque 35 ans après.

aurevoirlesenfants_affiche

1ojb04zNRzB6UHLVLay8taVfqrr

MV5BMjU1NjY2MDU2OF5BMl5BanBnXkFtZTcwOTE0MjE5Ng@@

c2ab-au-revoir-les-enfants-c2bb

a6qg9x7o3etagupmu67g9yipvpt-098

3185118

 

089
LACOMBE LUCIEN
de Louis Malle

Un autre film qui se passe en 1944, juste quelques mois après AU REVOIR LES ENFANTS, film que je me souvenais ne pas être allé voir en salle (en 1974 j'avais d'autres niaiseries en tête...), je pensais l'avoir vu, beaucoup plus tard, sur l'écran de mon ordinateur, mais je n'en avais vu, en fait que les cinq dernières minutes (qui sont bucoliquement trompeuses). Il est question ici aussi, de Boches et de collabos, de dénonciations, d'arrestations, d'assassinats... Le personnage principal, qui donne son titre au film, est un jeune acteur non professionnel. Qui atterrit dans la police allemande un peu par hasard, sans l'avoir vraiment cherché (après avoir tenté de faire partie de la résistance et de ne pas avoir été accepté...)
Voilà Lucien Lacombe doté d'un costume neuf (avec pantalon de golf), d'une carte de la gestapo et d'un flingue. Et d'un pouvoir tout aussi neuf que son costume, qu'il exerce un peu dans tous les sens, comme un gosse avec un nouveau jouet. Il est tombé amoureux de France, la fille du vieux tailleur juif qui lui a cousu son costume sur mesure, et veut se l'approprier. Il s'en arroge le droit.
Il est arrivé là un peu par accident, le premier soir on l'a fait boire, pour le faire parler, et il livre aux miliciens l'identité du chef du réseau résistant du coin, un instituteur prénommé  Robert, qui sera aussitôt arrêté et torturé. Et Lucien, sans sourciller (et sans non plus d'états d'âme) va explorer son nouveau domaine. Milicien, collabo, gestapiste. Mais, pour lui, il est surtout, désormais "quelqu'un". C'est tout ce qu'il demandait. Il en jouit, il en profite, sans savoir tout à fait jusqu'à quel point il peut aller.
Le film est cinglant, dans ce portrait minutieux qu'il dresse d'un salopard (et le film d'ailleurs, à sa sortie, en 1974 avait provoqué un tel tollé -de tous les bords politiques confondus- que le réalisateur s'en était du coup exilé aux Etats-Unis.
Et, ironiquement le seul souvenir que j'en avais était cette dernière scène, ces dernières minutes, bucolique, verdoyantes, apaisées (elle se lave dans la rivière, lui est allongé dans la prairie et la regarde en mâchonnant un brin d'herbe, les seules cinq minutes de paix du film, avant que ne s'inscrive sur l'écran l'annonce de l'arrestation et de l'exécution de Lucien Lacombe, fin 1944.

lacombe2

1216933-1

Lacombe_Lucien_photo_8__Malavida_Gaumont-b02b79f8

image-w12802

lacombe-lucien

LACOMBE-LUCIEN-3

18 mai 2023

martin y eugenio

087
HAWAII

de Marco Berger

(à reculons)

Capture d’écran (434)

Capture d’écran (433)

Capture d’écran (432)

Capture d’écran (431)

Capture d’écran (430)

Capture d’écran (429)

Capture d’écran (426)

Capture d’écran (425)

Capture d’écran (424)

Capture d’écran (421)

Capture d’écran (419)

Capture d’écran (418)

Capture d’écran (416)

Capture d’écran (413)

Capture d’écran (411)

Capture d’écran (410)

Capture d’écran (409)

Capture d’écran (408)

Capture d’écran (407)

Capture d’écran (405)

Capture d’écran (404)

Capture d’écran (403)

Capture d’écran (402)

Capture d’écran (401)

Capture d’écran (400)

(oui, j'adore ce film...)

17 mai 2023

compagnons

090
LE CHANT DES VIVANTS
de Cécile Allegra

z1bTc5wE

Ce film, c'est aussi, d'abord, une belle soirée. Organisée à l'initiative d'EMMAÜS 70, en partenariat avec notre association. On a démarré à la salle 2 du bôô cinéma, mais il y avait tellement de monde qu'on a dû finalement changer de salle (à la 4) où ont été accueillis plus de 140 spectateurs.
La projection du film était suivie de celle d'un court-métrage, d'une dizaine de minutes, où la réalisatrice, face caméra, s'adressait aux spectateurs pour évoquer les conditions de tournage du film, le projet, et l'association LIMBO à qui on doit ce magnifique projet. Puis d'un ciné débat (ou questions/réponses) en présence des responsables d'EMMAÜS 70. Ce qui est un peu dommage c'est que l'échange à propos d'EMMAÜS  n'a pu avoir vraiment lieu, car les gens étaient encore sous le coup du film, véritablement impressionnant (et, comme on peut le voir sur l'affiche,  soutenu par beaucoup beaucoup de monde), et du coup ont posé davantage des questions sur le film que sur le fonctionnement d'EMMAÜS (qui pourtant avait amené beaucoup de monde, salariés, bénévoles, et compagnons...).
En tout cas, ça a donné l'envie à tout le monde de renouveler l'expérience...

17 mai 2023

famille (d'accueil)

086
LA FILLE D'ALBINO RODRIGUE
de Christine Dory

Celui-ci (vu juste après HAWAII) nous est un peu tombé du ciel, dans notre programmation, je n'en connaissais rien à part que la jeune Galatea Bellugi en partageait l'affiche (la tête d'affiche, plutôt, car sur l'affiche elle est seule) avec l'excellente Emilie Dequenne (dans un rôle... inhabituel).
Une jeune fille, Rosemay, avec son sac à dos, débarque à la gare de Metz, s'étonne que son père ne soit pas venu la chercher ni ne réponde au téléphone, se débrouille (en bus / à pied) pour rallier la maison paternelle (on apprend que son père est brocanteur), où elle entre par la porte de derrière (elle sait où est cachée la clé), ne trouve personne, s'installe, causant au milieu de la nuit une belle frayeur à sa mère qui vient de rentrer avec son frère... Le frère disparaît assez vite, et la mère est d'abord évasive à la question "Où est mon père ?" posée par Rosemay, avant de lui annoncer qu'il a eu un malaise et a été hosptalisé...
La jeune fille va mettre toute son énergie pour répondre à cette question et aller "jusqu'au bout de ce qu'elle pouvait faire...". Un film dans une ambiance très dardennesque (les services sociaux, les familles d'accueil, le besoin d'argent, les rapports compliqués avec la famille, avec la justice, avec la société en général), plutôt glaçant, mais extrêment solide dans sa démonstration et ses propos.
Le personnage de Rosemay n'est, d'ailleurs, pas sans rapport avec celui, en son temps, d'une certaine Rosetta, de par la puissance de sa détermination et l'utilisation qu'elle fera de tous les moyens possibles pour parvenir au but qu'elle s'est fixée : retrouver son père.
Et, face au couple de lionnes mère/fille, il ne faudrait pas oublier Romane Bohringer et Samir Guesmi, excellents en parents de famille d'accueil (et le contrepoint chaleureux et affectif qu'ils représentent).
Dommage que le film soit sorticomme ça un peu à la sauvette, sans tambour ni trompette, un peu désespérément, on peut dire, il méritait mieux. (Le titre n'en est pas non plus follement attractif).

1914970

 

16 mai 2023

beuh, chamallows et guitares hawaiennes

085
HAWAII
de Mélissa Drigeard

Je connaissais déjà un film avec le même nom, celui de Marco Berger, (sorti direct en vidéo en 2014, et que j'aime toujours autant : je viens de le revoir ce matin, et je m'en suis régalé...) Là, rien à voir ; je ne connaissais pas ce film avant que je voie Nicolas Duvauchelle dans EN APARTE, venu en faire la promo juste avant sa sortie... Une troupe d'amis (Bérénice Béjo, Elodie Bouchez, Eye Haïdara , Emilie Caen pour les "elles", et Manu Payet, Nicolas Duvauchelle, Pierre Deladonchamps, Thomas Scimeca et (ce très cher) William Lebghil pour les "ils", excusez du peu voilà une distribution qui dépote...) se réunit, comme tous les ans, une semaine dans l'hôtel que l'un d'eux (Manu P.) tient à Hawaïi. Seulement cette année-là, au début du film, l'annonce soudaine sur tous les médias d'un missile tiré par la Corée du Nord, et fonçant, justement, sur Hawaï, génère des scènes de panique, et, surtout, chacun croyant sa dernière heure venue, se livre à certains aveux plus ou moins embarrassants. et que l'heure suivante, justement, quand il est annoncé qu'il s'agissait d'une erreur, et que personne n'est mort, il va s'agir pour chacun / chacune de gérer lesdites confessions ou attitudes...
Le titre résume l'ambiance du film (j'aurais pu ajouter en sous-titres "cocktails coucheries et chantilly") et donne le ton, la matière, la consistance, de cette comédie... mollassonne, mais pas déplaisante (je ne vais pas bouder mon plaisir, hein, il y a des situations, et des répliques, bien senties et  qui m'ont fait rire) mais bon pas non plus inoubliable.
Un "film de potes" (que certains ont rapproché des Petits mouchoirs de Guillaume Canet, mais je dois avouer qu'à aucun moment de la projection je n'ai eu cette idée, hein...)
Le plaisir qu'on a à suivre les actrices, et (je suis partial), les acteurs compensant les faiblesses (facilités, fainéantises) du scénario, avec une mention spéciale au délicieux William Lebghil -ce mec est vraiment excellent-, et une autre (je ne suis pas objectif) à Thomas Scimeca (des Chiens de Navarre) qui nous gratifie de quelques QV (ça fait toujours plaisir à regarder).
Un détail curieux (et qui ne joue pas en faveur du film) c'est que le jour de sa sortie il était impossible ou quasiment de trouver des critiques presse (comme si le film n'avait pas été montré au préalable) et d'ailleurs à l'heure actuelle, on en trouve encore très peu sur allocinoche...

2474455

15 mai 2023

couveuse

084
LE RETOUR DES HIRONDELLES
de Li Ruijun

Revu dans le bôô cinéma (près de deux mois après sa sortie, mais ça arrive : on le demande, on le re-demande, on le rere-demande, en vain, et puis un jour, ce cher programmateur "C'est moi qui décide" finit par céder nous le donner, le phénomène se reproduira dans quelques semaines pour LA FEMME DE TCHAÎKOVSKI, de Kirill Serebrennikov)
Je reste sidéré par la beauté incroyable (et la tristesse tout aussi incroyable) de ce film. Deux éclopés de la vie  mariés par leurs familles respectives, et se mettent sans sourciller au boulot, à la dure tâche de "paysans très pauvres" que sera leur vie. Trimer, ramer, vaillamment, sans rechigner ni jamais se plaindre, même s'ils n'arrêtent pas d'en prendre plein la gueule (socialement), par le reste de la famille, les petits parrains locaux, qui non contents de les exploiter et de les saigner à blanc (on est dans un système quasi-féodal, avec le seigneur et le serf) en profitent même pour ponctionner régulièrement le mari parce qu'il possède un sang rare (dit "sang de panda") pour transfuser un petit magnat local).
J'ai déjà chroniqué -rapidement- le film, là, et donc je ne vais pas me répéter, je préfère vous laisser des images...
Juste redire, quand même, que les deux acteurs principaux sont absolument magnifiques, et que le réalisateur, Li Ruijun, mérite qu'on retienne son nom (même si le film a connu un beau succès à sa sortie, il a ensuite été censuré par les autorités qui l'ont retiré des listes de diffusions en ligne, et plus ou moins charcuté la fin aussi...)
Et Top 10, donc.

2021403

4482886

0632694

le titre original est plus... réaliste : "Retour à la poussière"

4439207

4454807

2780965

12 mai 2023

micro 204

FtvXFf6XgAI1lNP

*

"À l’entracte d’une pièce, dans les toilettes de la Comédie-Française, le général de Gaulle et André Malraux se tiennent côte à côte face aux urinoirs. Enthousiaste, le ministre confie :
- Belle pièce, mon général.
- Je vous en prie, Malraux, regardez devant vous." (anthologie de la répartie)

*

FtxclKeWwAAJdZx

*

"La vie c'est très drôle, si on prend le temps de regarder" (Jacques Tati)

*

FtvVMPaXoAAAGX0

*

"Chaque matin, dans ma tête, je tue Le Pen de toute ma force. Dès que je me réveille je recommence à le tuer." (Marguerite Duras, Le Nouvel Observateur, 24 mai 1990)

*

Ft3TUgpWIAEjrRu

*

"J’étais pas exactement un ange moi non plus, j’avais moi aussi l’âme qui faisait des nœuds et des faux plis, comme tout le monde." (John Fante, Demande à la poussière)

*

FuLB6xOXwCMjUfO

*

Ft2CLCIXsA0Ci8j

(l'école des filles à Poil)

*

"Ne cherchez pas le pourquoi - en amour il n’y a pas de parce que, aucune raison, aucune explication, aucune solution." (Anaïs Nin)

*

tumblr_925c5945dbdfc984cd95de2a75dd1b6b_c6fa612f_1280

*

"Je coule à pic. Quand il est si absurde et si inutile de couler !" (Franz Kafka, Journal)

*

FuGNSd2WYBEHICu

*

"Il faut, si l'on veut vivre, renoncer à avoir une idée nette de quoi que ce soit. L'humanité est ainsi, il ne s'agit pas de la changer, mais de la connaître." (Gustave Flaubert, Correspondance)

*

FuF_bpLWcAA6vuF

*

Ne dites plus "tentative d'assassinat avec arme par destination" mais dites : "gestes qui ne sont pas tout-à-fait appropriés commis par manque de discernement dans un contexte de grande tension et de fatigue." (Swami Petaramesh)

*

FuTiUXcWcAAVGoK

*

"J’ai du mal à porter le poids de mon propre corps. Je le sens à chaque instant, comme s’il était de plomb, ou comme si je portais un autre homme sur le dos. Je ne suis pas habitué à moi-même. Je ne sais pas si je suis moi." (Eugène Ionesco)

*

FuajmKFWcAMUv2q

*

"J’ai passé ces derniers mois à passer ces derniers mois. Rien d’autre, un mur d’ennui surmonté de tessons de colère." (Fernando Pessoa, Fragments d’un voyage immobile)

*

FuaNdKjWYAMOJiH

*

“Ce que l'on nomme fermeté chez un roi s'appelle entêtement chez un âne.” (Thomas Erskine)

*

tumblr_046405b160e2f0514a1d0bd7708fce54_9108308e_500

*

"Montre les dents
Montre les deuils
Montre vraiment
Montre tout seul
N'abandonne pas
Et même si tu persistes et saignes
Va vers ton risque

Et ton danger

C'que tu caches

C'est ce que t'as de mieux
Tu te censures

Depuis des années

Maintenant
Crache ton jeu
Montre les dents Montre les deuils
Perds plus de temps

Par peur d'être seul
Qu'est ce que tu perds
Au pire
Qu'est ce que tu perds

À plus mentir
Retrouve la voix

Retrouve la vue

Tu commences

À tout déballer

Pourtant j'avais prévenu

L'album a même pas commencé."

(Martin Luminet, Deuil)

*

FuPXqmnXwAAdZ8A

*

"Le courage frondeur de son auteur incite plutôt à en réévaluer à la hausse le climat intoxiqué de cocotte-minute caniculaire." (in Libération, à propos de Burning days)

*

Fu62jk8XwAE4ihn

 ("Chaque personne que vous rencontrez est en train de livrer un combat dont vous ne savez rien. Soyez gentil. Toujours.")
*

20230102

(photographie et texte Philippe Soriano)

*

"Les promesses n'existeraient pas sans la possibilité de ne pas les tenir." (Jacques Derrida)

*

Capture d’écran (333)

*

"Je ne savais pas quoi dire. J'ai eu envie de pleurer." (Jack Kerouac)

*

FvYKTfIWAAUryV3

*

"Attendre est encore une occupation. C'est ne rien attendre qui est terrible." (Cesare Pavese)

*

 

"Je suis resté inconsolable si longtemps. Inconsolable. Inscris ce mot dans ton petit carnet. C’est le mot le plus triste du monde. Je parle d’expérience." (Raymond Carver)

*

"Nous tombons, je vous écris en cours de chute. C'est ainsi que j'éprouve l'état d'être au monde." (René Char)

*

8 mai 2023

en pyjama

083
BEAU IS AFRAID
d'Ari Aster

Un barouf médiatique assez conséquent pour accompagner la sortie de ce troisième film d'Ari Aster, "débutant" plutôt doué (Heredity, Midsommar) dans le genre du "film de genre", qui délaisse cette fois un peu la susdite niche de l'horreur / terreur / épouvante (je ne sais jamais lequel employer) pour un film en pyjama (le dernier que j'ai vu ans cette tenue, n'était-ce pas Léos Carax au début de HOLY MOTORS ?), une odyssée en chambre, celle du toujours impressionnant Joaquin Phoenix, qui n'hésite pas ici, une fois de plus, à mouiller le maillot (pardon, le pyjama).
J'ai vécu -assez mal- le début de ce film, dans des conditions extraordinaires (pour moi), puisque j'ai été pris de telles quintes de toux que j'ai dû quitter la salle au bout d'une demi-heure, j'ai fait alors le grand tour (j'étais au Victor Hugo), jusqu'à me retrouver dans le hall, provoquant un écarquillement des yeux de surprise de la part du projectionniste-caissier, suivi d'une brève discussion avec la caissière-projectionniste, qui m'équipa gentiment de deux comprimés de lysopaïne avant  de m'inciter à tenter un retour dans la salle, (à propos duquel je m'interrogeais), qui s'avéra cette fois définitif. Je me suis installé tout en bas (4ème rang, tout au bord, prêt à bondir en cas de quinte) et j'ai donc retrouvé Joaquin dans sa baignoire, (sans pyjama donc), juste avant qu'un mec au plafond ne lui tombe dessus (à cause d'une araignée sur son front si si). Et je l'ai suivi, finalement, jusqu'au bout (dans un canot à moteur de plus en plus en piteux état, donc, de la baignoire au lac on était toujours plus ou moins dans la flotte), pour une scène finale qui m'a évoqué celle de THE HOUSE THAT JACK BUILT, film qui m'avait laissé un sentiment de profond inconfort, notamment dans cette scène -aux Enfers et avec Bruno Ganz en Charon, si si...-. Donc jusqu'au bout (la scène est grandiose / grandiloquente en tout cas impressionnante, mais tout autant agaçante) mais en partant comme un voleur dès les premiers noms du générique (oui, un bus à prendre...),  avec un sentiment un peu indéfinissable, ("eau chaude, eau froide, eau mitigée...") globalement, sur la façon dont je l'avais reçu, ce film (d'autant plus que je savais que Dominique attendait un avis de ma part...)
Difficile à dire. je suis oui oui mais je suis tout autant non non. Je l'ai traduit à Dominique en 50/50 (sans trop me mouiller hihi). de toute façon, il faudra que je le revoie, d'une manière ou d'une autre,  puisqu'il m'en manque un bout (deux même : celui de la toux, et celui où j'ai dormi un peu... mais là c'est la faute du sirop!).
Le début est très bien (même si très stressant), avec ses péripéties rebondissantes et cette avalanche d'emmerdements sur le pauvre Beau, (qui n'en peut mais) qui l'empêchent de rejoindre sa maman (c'est le pitch du film). Beau et sa maman. Avant, pendant, après. ici et maintenant, ailleurs et demain. De la naissance d'un à la mort de l'autre. un champ d'expérience pltôt illimité mais en même temps tout riquiqui (le cerveau de Beau). Joaquin au pays des Merveilles de dans sa tête... oui, il faut que j'y retourne...
Et je n'ai même pas parlé de ce très cher Denis Ménochet, en poste derrière la fenêtre...

beau-is-afraid-poster-new

 

Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 384 511