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lieux communs (et autres fadaises)

4 décembre 2016

à se faire

MAUVAIS SANG
de Leos Carax

(Il le lui a dit,
il a dit "veux-tu ?"
elle n'a dit ni oui ni non
c'est une fille avec un garçon...)

C'est à désespérer...
Quatre, oui, on était quatre dans la salle, mercredi soir (bon, d'accord, il faisait froid dehors, mais tout de même...) pour cette reprise de Mauvais sang, le deuxième film de Carax, qui, en 86, nous avait fort ébloui(s). Et quel bonheur de les retrouver, tous, Lavant, Binoche, Delpy, Piccoli, tous si jeunes et si beaux. Et d'une certaine façon, c'est à notre jeunesse aussi que le film nous renvoyait.
La copie remastérisée est magnifique (le film l'était aussi, certes, au départ). Et c'est réconfortant de voir combien le film a bien vieilli (il nous semblerait d'ailleurs être encore meilleur que dans notre souvenir). L'histoire par contre est toujours aussi brinqueballant, mais on s'en fout. Un peu de polar, un peu de s-f, un peu de b-d, un peu de romance, mais tellement de beauté. Le film bouillonne, comme un laboratoire de cinoche, un coeur qui palpite, un cerveau qui carbure. A la fois comme une mémoire vivante (les hommages) et un rêve esthétique (les propositions). Expérimentations, tentatives, audaces, effets, codes, références. Carax se fait plaisir, caresse ses acteurs (et nous par la même occasion), nous embrase les pupilles et titille les synapses.
Certains grincheux certainement objecteront que le mieux est l'ennemi du bien, et que du très, on risque hélas de basculer dans le trop. L'histoire trop confuse, la musique trop forte, le maniérisme trop appuyé. Certes, mais, du bonheur, peut-on jamais en avoir trop?
Insensé, sublime, ineffable.
Inoubliable, comme nous.

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mais à quoi bon m'égosiller puisque personne ou presque n'est venu ?

 

ps : et j'ai découvert -en plus- qu'il y avait dans le film -jeune lui aussi- cet acteur que j'adore -et que personne ne connaît-, Philippe Fretun, ("découvert" plus tard dans Nadia et les hippopotames, de Dominique Cabrera) dans le petit rôle du gardien de l'hôtel...

 

3 décembre 2016

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2 décembre 2016

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1 décembre 2016

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de ce blog que je connais (et que j'adore) depuis longtemps,

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30 novembre 2016

vendre les fermes

UNE VIE
de Stéphane Brizé

Stéphane Brizé, après le triomphe -justifié- de La loi du marché (et le couronnement consécutif, tout aussi justifié, de Vincent Lindon)  s'est lancé dans l'adaptation du premier roman de Maupassant (que j'avoue n'avoir jamais lu), a été recalé pour la sélection française de Cannes 2016, mais sélectioné pour celle de la Mostra (Venise). Et voilà que tout le monde ou presque lui tombe sur le rable : "Adaptation empâtée", "affectée et ringarde", "fatalisme dénué d'émotion", "vision du féminin forcément datée", "maniérisme", "anti-académisme appliqué"... Eh Oh Ca suffit, hein! (Et encore, je n'ai parcouru que les critiques lors de la sortie du film... celles de Venise étaient, me semble-t-il, encore plus vachardes et salopes... (Les critiques, de plus en plus en plus souvent, j'ai envie de les attraper et de les gifler. Ou bien de les prendre par les pieds et de leur taper la tête par terre jusqu'elle s'enfonce dans le sol, comme les autruches.)

Comme l'annonce clairement l'affiche, le film est centré sur Judith Chemla, et c'est une fort bonne chose. Je crains toujours les films où on voit les personnages vieillir et finir avec force perruques à cheveux gris et maquillages ridulatoires en plastoche (je suis toujours désolé par la dernière scène de The Hours, avec une Julianne Moore précisément dans cet état, qui pouse même le souci de réalisme jusquà sifflotter du dentier...). Et bien là, le vieillissement passe très bien, et on y croit, de a jusqu'à z (oui, Judith Chemla est répétons le absolument magnifique) peut-être parce qu'il est plus "stylisé".
La vie d'une femme, donc, de sa sortie du couvent pleine de jeunesse de grâce et d'illusions, à sa vieillesse solitaire et butée, mais toujours avec un minimum d'illusions. Sur un écran carré, ou presque, qui resserre ainsi le cadre jusqu'à l'étouffement, concentrant/condensant ainsi l'affect (il semblerait que le mot ne s'emploie qu'au singulier...) et toutes ses manifestations.
C'est un film "en costumes" (et, autour de Judith Chemla, tous les personnages sont au diapason : Jean-Pierre Darroussin -que je n'ai pas immédiatement reconnu- et Yolande Moreau en parents aimants mais maladroits, Svenn Arlaud, Finegan Oldfleid, Clothilde Hesme en mari, fils, et mailleure amie) et en décors naturels "d'époque", ("classiques" pourrait-on dire), pour une narration qui  l'est moins. J'aime le parti-pris de Stéphane Brizé de "tuiler" très souvent les scènes (le son de la séquence précédente vient mordre sur la suivante) mais, justement, sans craindre d'en ellipser d'autre, passant sous silence des événements importants, ou les évoquant juste par un bref plan fixe.
(Quelqu'un a évoqué l'Andréa Arnold des Hauts de Hurlevent, et c'est tout à fait juste).
C'est vrai que la demoiselle n'aura pas eu vraiment de chance dans cette Vie-là, justement, qui fut la sienne, en butte qu'elle fut au mensonge, sous toutes ses formes, avec constance, avec acharnement, avec application : de la part de son mari, de sa bonne, de sa meilleure amie, de sa mère même, et, tout au long de la deuxième et douloureuse moitié du film, de son propre fils, Paul.
Un film, donc, qui vaut, à mon sens, beaucoup mieux que ce qu'en ont bien voulu dire les critiques à bouche en cul-de-poule et à escarpins vernissés.

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(et l'affiche en est juste , qui nous montre Judith Chemla cadrée de très près, detrois-quarts dos, et -on imagine- en caméra portée...)

29 novembre 2016

coqs et plumes

OLLI MÄKI
de Juho Kuosmanen

Les rencontres (cinématographiques) miraculeuses. C'est la conjonction, en général inattendue, d'un film et d'un état d'esprit, à un instant précis, une correspondance , une coïncidence, une juxtaposition. Un embrasement. C'est précisément ce qui c'est produit avec Olli Mäki. C'est d'autant plus intense lorsqu'il s'agit, comme ici, d'un film dont on n'a pas vraiment entendu parler, qu'on ne connaît pas très bien, qu'on n'a pas forcément très envie de voir...
"D'après une histoire vraie ", mouais,"l'histoire d'un boxeur et d'un match de championnat du monde en 1962" re-mouais... Et pourtant, je suis quand même allé jeter un oeil sur la bande-annonce, et là il s'est  produit un petit je-ne-sais-quoi qui aurait comme allumé la mêche d'un pétard à combustion lente... Quelque chose, quelque part, s'était, oui, allumé. Il n'y avait donc plus qu'à attendre la confirmation du feu d'artifice ou le pfschhhhht du pétard mouillé...
Et, dès la première image, le premier son, les premiers mots, je me suis senti soupirer d'aise intérieurement. Et ça a continué pendant tout le film. Oui, je ronronnais. Le noir et blanc, d'abord (c'est comme ça, je dois être affreusement snob mais J'ADORE -et donc oui je le crie- les films en noir et blanc. Le finnois, ensuite, langue aussi belle qu'impénétrable, qui fait -on n'a pas beaucoup d'imagination- qu'on a le sentiment qu'un ange kaurismakien (un bon génie, plutôt) vous fait un clin d'oeil amical depuis derrière la pellicule. Et les personnages du film, ensuite. Le héros : un boxeur que son entraîneur vient d'inscrire dans la catégorie inférieure à celle de son poids habituel (de moins de 61, le voilà dans les moins de 57), un petit gabarit trapu avec une bonne bouille, qui attire tout de suite la sympathie. Son entraîneur aussi, ex-boxeur mais aussi homme d'affaires. Et sa petite amie (du jeune boxeur), Raija, une demoiselle souriante mais qui n'a pas la langue dans sa poche. L'histoire commence quelques semaines avant le mirifique match de championnat du monde (le premier de son espèce a avoir lieu en Finlande) et concerne l'entraînement de notre petit boxeur, quia une obligation, celle de perdre du poids pour passer en dessous de la barre des 57kg, à la pesée. mais plus le temps passe et plus il pense à sa chérie, et donc moins il s'occupe de sa perte de poids. c'est un film de boxe, mais ça n'est pas un film de boxe habituel, brutal,  testostéroné, et hagiographique. Je n'avais rien lu là-dessus avant (sur la "vraie" histoire je veux dire) et je ne savais donc rien de l'issue du fameux match. mais j'ai le sentiment que j'étais, à cet égard, comme notre boxeur d'amour : s'il gagnait, c'était bien , mais s'il perdait, c'était bien aussi. Là n'était pas -vraiment- l'intérêt du film.
Olli Mäki (c'est le titre français du film, le titre original étant "le jour le plus heureux dans la vie d'Olli Mäki") est autant un film sur la boxe qu'un film sur l'amour, ou sur la vie en général, et la façon qu'on a de la passer, et des choix qu'on est amené à y faire. Mais rien de sentencieux, de pontifiant ou de doloriste. Une vie comme ça, juste.
Juste une vie, mais le film l'est, miraculeusement et de bout en bout, juste. Justement simple, et simplement juste. Ca finit avec une scène de ricochets, et c'est très bien comme ça... C'est simple, c'est émouvant, c'est décomplexé, c'est réjouissant. Avec ce noir et blanc charbonneux somptueux (un critique a évoqué l'atmosphère des premiers films de Forman et l'analogie semble assez juste -d'autant plus que la reconstitution de l'époque est virtuose (trop, a soupiré un autre critique) et fait que vraiment on s'y croirait.-.
Bref un moment de cinoche délicieux, qui fait autant plaisir qu'un saladier d'oeufs à la neige, c'est dire (oui, je confirme que c'est mon dessert préféré...)
Comme ça, à vue de nez, je dirais "Top 10", oui oui.

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"Le mauvais cinéma, qui a une longue histoire, aura quand même inventé cette chose incroyable dont on a encore du mal à évaluer les effets : la figure d’un mensonge non langagier, une catégorie audiovisuelle du «faux». Un film ment, mais par rapport à quoi ? Il n’y a pas au cinéma de critère logique du vrai, qui serait l’autre absolu de ce faux, il n’y a que la dialectique interne du succès et de l’échec."
(Oui, il y a un "critique" de "cinéma" qui a écrit ça dans un journal, à propos de ce film. Et c'est le genre de jargon/glose qui m'énerve.)

27 novembre 2016

un de plus que téléramuche, pour faire le malin

Téléramuche vient de publier sa liste des "100 meilleurs films du monde, .
Ca m'a donné envie de faire, bien sur, la même chose.

101 films, donc :
(attention, il ne s'agit pas des 101 meilleurs films du monde, pas du tout, mais juste de mes 101 films que, là, aujourd'hui, vingt et quelques de novembre 2016, je considèrerais comme mes "films de chevet"... Des films qui m'ont touché, impressionné, ému, bouleversé, fasciné, attendri, émerveillé  etc. Bercé, en quelque sorte. Et que donc je garde au chaud tout près de moi... des doudous de cinéma. Pas question non plus de les numéroter, juste les ranger par ordre alphabétique pour faire un peu plus clean...
Pour que vous puissiez aller immédiatement à vos préférés à vous -qui n'y seront peut-être -sans doute- pas-, pour pouvoir me dire "eh oh! il manque Trucmuche, et il manque Machin, et pourquoi tu as mis Bidule, et pas Machin-chouette..." C'est mon choix, et je le partage. Oui, j'assume! Entre grosses machines et petits trucs confidentiels, entre one-shots et films re-re-et re-vus, entre 1928 et 2016, je vous présente ma "famille" :
 

- 2 AUTOMNES, 3 HIVERS (2013) de Sébastien Betbeder
- 12H08 A L'EST DE BUCAREST (2006) de Corneliu Porumboiu
- 35 RHUMS (2008) de Claire Denis
- AFTER LIFE (1998) d'Hirokazu Kore-eda
- ALIEN (1979) de Ridley Scott
- ALOIS NEBEL (2011) de Tomás Lunák
- A TOUCH OF SIN (2013) de Jia Zhang-Ke
- AU FIL DU TEMPS (1976) de Wim Wenders
- AURORA (2010) de Cristi Puiu
- BAROCCO (1976) d'André Téchiné
- BE WITH ME (2005) d'Eric Khoo
- BEAU TEMPS MAIS ORAGEUX EN FIN DE JOURNÉE (1986) de Gérard Frot-Coutaz
- BLISSFULLY YOURS (2002) d'Apichatpong Weerasethakul
- BOYHOOD (2014) de Richard Linklater
- BOY MEETS GIRL (1983) de Léos Carax
- CABARET (1972) de Bob Fosse
- CE VIEUX RÊVE QUI BOUGE (2000) d'Alain Guiraudie
- CEMETERY OF SPLENDOUR (2015) d'Apichatpong Weerasethakul
- CERTAINS L'AIMENT CHAUD (1959) de Billy Wilder
- CHUNGKING EXPRESS (1994) deWong Kar-Wai
- CRIA CUERVOS (1976) de Carlos Caura
- DEAD MAN (1995) de Jim Jarmusch
- DERNIER MAQUIS (2008) deRabah Ameur-Zaimeche
- DISTANT VOICES (1987) de Terence Davies
- ERASERHEAD (1977) de David Lynch
- FARGO (1996) de Joel & Ethan Coen
- FAST FOOD, FAST WOMEN (2000) d'Amos Kollek
- FAUST (2011) d'Alexandre Soukourov
- FIVE (2003) d'Abbas Kiarostami
- GERRY (2002) de Gus Van Sant
- GHOSTDOG, LA VOIE DU SAMOURAÏ (1999) de Jim Jarmusch
- GOODBYE DRAGON INN (2003) de Tsai Ming-Liang
- HAMACA PARAGUAYA (2006) de Paz Encina
- HAPPINESS (1997) de Todd Solondz
- HAUT, BAS, FRAGILE (1995) de Jacques Rivette
- HEIMAT (2013) d'Edgar Reitz
- IL ETAIT UNE FOIS EN ANATOLIE  (2011) de Nuri Bilge Ceylan
- IRMA VEP (1996) d'olivier Assayas
- KEN PARK (2002) de Larry Clark
- KHROUSTALIOV, MA VOITURE! (1998) d'alexei Guerman
- LA FILLE AUX ALLUMETTES (1990) d'Aki Kaurismaki
- LA GUERRE D'UN SEUL HOMME (1981) d'Edgardo Cozarinski
- LA MAMAN ET LA PUTAIN (1973) de Jean Eustache
- LA MONTAGNE SACRÉE (1973) d'Alexandro Jodorowski
- LA MORT DE DANTE LAZARESCU (2005) de Cristi Puiu
- LA NUIT AMÉRICAINE (1973) de François Truffaut
- LA PATINOIRE (1999) de Jean-Philippe Toussaint
- LAKE TAHOE (2008) de fernando Eimbcke
- L'AMI AMÉRICAIN (1977) de Wim Wenders
- LE CHEVAL DE TURIN (2011) de Béla Tarr
- LE CIRQUE (1928) de Charlie Chaplin
- LE DESTIN FABULEUX D'AMÉLIE POULAIN (2001) de Jean-Pierre Jeunet
- LE GOÛT DE LA CERISE (1997) d'Abbas Kiarostami
- LE MÉPRIS (1963) de Jean-Luc Godard
- LE SONGE DE LA LUMIERE (1992) de Victor Erice
- LE VENT NOUS EMPORTERA (1999) d'Abbas Kiarostami
- L'ÉCHELLE DE JACOB (1990) d'Adrian Lyne
- LES BIEN-AIMÉS (2011) de Christophe Honoré
- LES BUREAUX DE DIEU (2008) de Claire Simon
- LES HABITANTS (1992) d'Alex Van Warmerdam
- LES MILLE ET UNE NUITS (1974) de Pier Paolo Pasolini
- LES NUITS DE LA PLEINE LUNE (1984) d'Eric Rohmer
- LES ROSEAUX SAUVAGES (1994) d'André Téchiné
- LES SECRETS DES AUTRES (2014) de Patrick Wang
- LÉVIATHAN (le documentaire) (2013) de Véréna Paravel et Lucien Castaing-Taylor
- L'ÉTAT DES CHOSES (1981) de Wim Wenders
- LIBERA ME (1993) d'Alain Cavalier
- L'INCONNU DU LAC (2012) dAlain Guiraudie
- MARIAGE TARDIF (2001) de Dover Koshashvili
- MAUVAIS SANG (1986) de Leos Carax
- MEURTRE DANS UN JARDIN ANGLAIS (1982) de Peter Greenaway
- MON VOISIN TOTORO (1988) d'Hayao Miyazaki
- MONSIEUR KLEIN (1976) de Joseh Losey
- MULHOLLAND DRIVE (2001) de David Lynch
- NE CHANGE RIEN (2009) de Pedro Costa
- NIGHT OF THE DEMON (1958) de Jacques Tourneur
- NORTE (2013) de Lav Diaz
- NOCTURAMA (2016) de Bertrand Bonello
- PERSONNE NE M'AIME (1997) de Marion Vernoux
- POURQUOI PAS (1977) de Coline Serreau
- PROSPERO'S BOOKS (1991) de Peter Greenaway
- QUEEN OF MONTREUIL (2011) de Solveig Anspach
- QUI TROP EMBRASSE (1986) de Jacques Davila
- REGARDE LES HOMMES TOMBER (1993) de Jacques Audiard
- ROSEMARY'S BABY (1968) de Roman Polanski
- SHORTBUS (2005) de John Cameron Mitchell
- SOUVENIRS D'EN FRANCE (1975) d'André Téchiné
- SYNDROMES AND A CENTURY (2006) d'Apichatpong Weerasethakul
- THE LONG DAY CLOSES (1991) de Terence Davies
- TU MARCHERAS SUR L'EAU (2004) d'Eytan Fox
- UN MONDE PRESQUE PAISIBLE (2002) de Michel Deville
- UNCLE BOONMEE (2010) d'Apichatpong Weerasethakul
- UNE JOURNÉE PARTICULIERE (1977) d'Ettore Scola
- VALSE AVEC BACHIR (2008) d'Ari Folman
- VENDREDI SOIR (2002) de Claire Denis
- VICES PRIVÉS, VERTUS PUBLIQUES (1977) de Miklos Jancso
- VICTOR VICTORIA (1982) de Blake Edwards
- VOYAGES (1999) d'Emmanuel Finkiel
- WELCOME IN VIENNA (1982 / 85 / 86) d'Axel Corti
- WILD SIDE (2004) de Sébastien Lifshitz
- Yi YI (2000) d'Edward Yang

Les 5 films en rouge sont des films que j'ai vus il y a plus ou moins longtemps longtemps, dont je garde un plus qu'excellent souvenir, mais qu'il m'est, justement impossible de voir à nouveau puisqu'il semble qu'aucune copie n'en soit disponible... et que du coup, je ne pouvais pas ne pas mettre...
C'est ça aussi, le cinéma : le manque, l'absence, la disparition, la trace, le souvenir, les mensonges, peut-être...

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Qui-Trop-Embrasse Souvenirs_d_en_France

(Je m'aperçois, en fouinassant sur mon blog, que j'ai déjà fait ça il ya 10 ans , , et qu'il y a une certaine "continuité", puisque 40% des films étaient déjà présents... et du coup j'ai eu envie de rectifier quelques oublis mais bon, à ce petit jeu-là on ne s'arrêterait jamais!

26 novembre 2016

commis-voyageur (en camionnette)

LE CLIENT
d'Ashgar Farhadi

C'est vrai que j'ai un peu tardé à le voir, celui-ci. Il passait beaucoup de jours à beaucoup de séances, et à chaque fois je me disais comme la soeur d'Antigone "J'irai demain...". Farhadi, je connais  tous ses films, je pense les avoir tous vus, et je me souviens  qu'il a, en France, un distributeur qui a véritablement su mouiller le maillot (dans des campagnes de pub extrêmement bien agencées) pour le faire connaître et reconnaître désormais comme un des réalisateurs iraniens importants qui comptent dans notre pays.
C'est vrai que je ne me suis pas hâté parce que je gardais un souvenir un peu mitigé du  dernier (Le passé) que j'avais trouvé moins convaincant, plus laborieux. (J'avais vraiment beaucoup aimé ses premiers films, La fête du feu, A propos d'Elly, Une séparation)
(Tiens, il faudrait un jour écrire quelque chose sur ce qui reste des films, une fois qu'on les a vus, et la façon dont on le gère, ce souvenir, je veux dire...)
Mais ce jeudi après-midi de pleut comme vache qui pisse, ça tombait bien, il passait à la première séance, et hop! donc. Dès le début, je me suis dit que c'était filmé avec une grande intelligence, et  je sentais que ça allait me plaire grave si ça continuait comme ça jusqu'au bout. Et ce fut le cas.
Dans le bôô cinéma, on connaissait par coeur sa bande-annonce qu'on y avait beaucoup beaucoup vu. Bande-annonce très bien faite, puisqu'elle raconte une certaine histoire, qui a l'intelligence de ne pas être tout à fait celle du film. On y a effectué un savant travail de montage, à partir de beaucoup de plans, et ça raconte l'essentiel, disons, de la moitié du film. Et c'est très bien comme ça. On a droit à une part de surprise, et c'est bien.
J'aime la façon, même si elle n'est pas tout à fait nouvelle, que Farhadi a, dès le début du film, de mettre l'accent sur le théâtre. (Si j'aime les films où il y a un film dans le film, j'aime tout autant les films où il y a une pièce dans le film, et c'est le cas ici, puisque Le client est comme qui dirait enceint de la Mort d'un commis-voyageur). Théâtre en tant que lieu (la scène les éclairages les machinistes les coulisses) mais en tant que miroir aussi (ce qui se dit/se joue sur scène et ce qui arrive "en vrai" dans la vie des personnages du film).
Rana et Emad sont femme et mari dans la vie, mais jouent le même rôle sur scène (mais je ne connais pas assez la pièce d'Arthur Miller pour en étudier davantage les parallèles). Obligés de fuit leur immeuble pour cause de risque d'écroulement, il sont relogés par un ami (théâtreux) dans un appartement qui leur semble plutôt pas mal, libéré par une mystérieuse précédente locataire (qui y a pourtant entreposé tout son bazar dans une des pièces, et est censée revenir le chercher "dès qu'elle aura trouvé une autre appart"), locataire dont on apprendra assez rapidement "qu'elle voyait beauoup de monde" ou "qu'elle était de moeurs légères" (traduisez : elle se prostituait). A cause de cette mystérieuse locataire, Rana va être victime d'une agression dans la salle de bain de l'appartement, et Emad va tout faire pour retrouver le coupable...
Comme je le disais plus haut, je trouve que tout ça est extrêmement bien fait, on est tendu pendant tout le film, à la fois derrière Emad qui mène désespérément son enquête, mais tout autant de Rana qui se remet mal de l'agression qu'elle a subie, faisant vivre à leur couple une crise sérieuse, à la fois dans leur quotidien, mais, évidemment, sur la scène du théâtre où ils jouent Mort d'un commis-voyageur.
Il sera longuement question de culpabilité et de vengeance (certains critiques ont qualifié le film d'hitchcockien, on pourrait préciser que cela aurait à voir avec Soupçons et Le faux coupable, pour jouer avec les titres, en rajoutant un zeste de L'ombre d'un doute, pourquoi pas de Jeune et Innocent, et, tiens pour faire bonne mesure Complot de famille ? je ne parle bien sûr que des titres...)
La résolution de l'intrigue aura lieu en huis-clos dans un appartement vide, et toute cette longue dernière scène renvoie directement à l'aspect théâtral de l'histoire que Farhadi avait souligné dès l'ouverture du film, bouclant ainsi la boucle. Impeccable est le mot qui me vient à l'esprit dans ces cas-là, et Le client vient confirmer l'estime que je porte à son réalisateur...

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22 novembre 2016

à part peut-être mme...

...en voilà une une qui décoiffe!
l'image fait rire, mais la réalité qu'elle recouvre, beaucoup moins...

 

22 novembre 2016

radicaux libres

APNÉE
de Jean-Christophe Meurisse

Celui-là, je l'attendais de pied ferme. Ces trois-là, plutôt (deux mecs et une nana) qui déboulent en robe de mariée avec fracas dans la scène d'ouverture du film, face à un maire à qui ils vont rapidement faire ses moyens. parce qu'ils veulent se marier, ensemble tous les trois, et que ça n'est pas prévu par la loi ("On vous parle d'amour, et vous nous parlez de loi..." lâche la demoiselle, passablement agacée). Ca démarre fort, avec cette porte qui claque et ces trois robes de mariés. Le la est donné. Qui permettra éventuellement de chantonner ensuite puisque s'ensuit ex abrupto une scène de patinage à poil, à trois toujours (un bonheur pour l'oeil, QV obligent) sur je ne sais plus quelle saison de Vivaldi (et c'est vachement mieux comme ça que de le subir sur le répondeur d'une administration quelconque, non ?) , suivie  d'une visite d'appartement exigu (de gourbi, plutôt) à quatre cette fois, avec vendeur en sueur, que notre trio va tenter de circonvenir (non, non, pas de circoncire, relisez). Puis on change d'endroit pour une scène de baignoire (à trois bien sûr), mais en vitrine d'un magasin, dans une rue passante (avec conversation fort civile, -dans la baignoire toujours- sur les préférences sexuelles de chacun(e) -que pensez-vous du doigt dans le cul ?- )
Nos trois tourtereaux (Céline Fuhrer, Thomas Scimeca, Maxence Tual, également magnifiques)  continuent donc leur petit bonhomme (et petite bonne femme) de chemin iconoclaste, libertaire, jem'enfoutiste.... Au fil des rencontres et des échanges qui s'ensuivent (certains fonctionnant mieux que d'autres). Sur des sentiers pas trop balisés jusque là dans notre cinéma français cocorico. Ca part dans tous les sens, ça tire dans tous les coins, de ci de là, cahin-caha, va chemine va trottine va petit âne (à chanter, bien sûr). Cour d'école maternelle, bureau de banque, quad sur les routes de Corse, apéro en bord de route avec les flics, village abandonné.... Et nous, on y va. Entre coq-à-l'âne et cadavre exquis, on trottine sur leurs talons, (ils cherchent toujours à se marier, voilà le -parfois lâchement détendu- fil conducteur, (ou, mieux, déconstructeur). Et ils y parviendront d'ailleurs -avec Olivier-Martin Salvan en maire (presqu'étonnamment "raisonnable", quand on connaît le lascar...) -
Jean-Christophe Meurisse (le réalisateur) a crée la compagnie (théâtrale) des Chiens de Navarre, à laquelle appartiennent nos trois héros, et le film, si j'ai bien compris, en est la transposition cinématographique. Improvisations collectives. On a un point de départ, une proposition  (un lieu, une phrase, un personnage, une situation) et on joue. On y joue, on en joue, on se renvoie la balle, on rebondit, des fois ça se combine miraculeusement bien, des fois c'est juste une étincelle et puis pffft ça fait long feu, et d'autres fois encore on rame, on essaie de tenir la distance mais ça ne fonctionne pas tout à fait... Il y a tous les cas de figure dans Apnée qui bout-à-boute ses vignettes (tout ça aurait un peu à voir avec la bande dessinée), et chacun(e) y trouvera c'est certain des choses qui lui plairont beaucoup beaucoup et peut-être d'autres moins.
Et puis le rythme. C'est comme la vie, finalement, on ne saurait être tout le temps au top, ou à donf, ou à fond de cale, il faut savoir (être capable d') accepter les modulations de l'énergie, de l'intérêt qu'on y porte, du plaisir (ou dé-) qu'on peut y prendre . Mais c'est la succession des moments et des situations (et leur interaction) qui produit l'énergie folle à laquelle le film carbure. Apnée est un générateur (de folie) de secours, qui pétarade et fait parfois de la fumée noire, mais qui génère -justement- un plaisir fou. Les Cahiaîs (avec lesquels, tiens, pour une fois je suis d'accord) lui trouvent une accointance avec le Peretjatko de La fille du quatorze juillet (que j'ai détesté) et de la loi de la jungle (que j'ai mieux aimé), et l'apparenteraient donc avec le "new burlesque à la française". Soit.
C'est vrai que le film est difficile à ranger précisément dans une case, un genre précis, une définition, il y a toujours un bout qui dépasse, qui accroche. Oserait-on parler de  "nouveau surréalisme" (ou créer une nouvelle case, celle du sous-réalisme ? ou, mieux encore, uber-réalisme ?)
En tout cas, tout cinéphile patenté et dûment certifié ne peut pas, en voyant apparaître l'autruche dans les rayons du supermarché, ne pas penser à la même (enfin, sa grand-mère voire même arrière-grand) qui clôturait Le fantôme de la liberté, de Luis Buñuel (autre joyeux agité/allumé/déconstructeur) et avait même eu à l'époque les honneurs de faire la couv de Pozitiff. Bigre! Un grand bonheur de cinéma, donc. Avec une étoile supplémentaire pour la justesse (et l'évidence) de ses choix musicaux, toujours percutants.
Et l'on est en droit, à ce moment, de reprendre son souffle...

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