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lieux communs (et autres fadaises)

29 janvier 2016

micro154

"Toi, je crois bien que tu m'aimes trop"
(Rebecca, à Falbala)

*

"Comment envisager une rencontre sexuée quand on est sous terre et qu'on n'a pas de pattes ?"

*

"Les renards font leur soupe..."

*

(station-service autoroute)
la mince trace  de sueur, verticale, rectiligne
sur le pantalon de molleton du jeune homme
lorsqu'il se retourne vers la pompe

*

les trois types de pommes de terre :
fermes / farineuses / fondantes

*

le début de la Marseillaise est une anacrouse

*

"J'ai acheté un mini-four, mais assez gros..."

*

 Le troisième lundi de janvier serait le jour le plus déprimant de l'année ("Blue Monday")

*

 "Ce groupe comprend neuf Algériens, huit Marocains, quatre Syriens, cinq Iraniens,
un Irakien, un Serbe, un Américain, et deux Allemands."

*

Michel Delpech, Michel Galabru, David Bowie, Michel Tournier, Ettore Scola... janvier 2016 dégomme

*

 En rentrant ce soir je roulais derrière deux cyclistes en dessous de la vitesse requise que je m'apprêtais à morigéner en silence  lorsque j'ai vu qu'un des deux avait sorti son téléphone et était en train de photographier à bous de bras la brume qui montait majestueusement dans les champs alentour ce qui m'a fait sourire avec indulgence  quand je les ai doublés

*

Une mère à sa fille, à propos de son beau-fils :
"il vaut mieux qu'il soit sur le canapé plutôt qu'au bistrot..."

*

"Elle attend que les autres fassent les choses à sa place...
... mais c'est peut-être ça, s'en foutre, non ?"

*

"Fatigué j'suis tellement fatigué
Que quand j'commence à rien faire
J'ai la flemme de m'arrêter..."
(Casseurs Flowters)

*

27 janvier 2016

phorie

Et pendant que je savourais Envoyée spéciale, Michel Tournier était mort.

Je l'ai beaucoup lu (et aimé) il y a longtemps.

J'avais emmené Les météores en Scandinavie (74? 76 ?)
J'avais adoré Le Roi des Aulnes, (et je ne me souvenais pas du tout qu'il avait eu le Prix Goncourt en 1970 -hihi j'étais trop jeune...)
et encore avant Vendredi ou les limbes du Pacifique.

puis il y avait encore eu les nouvelles du Coq de bruyère
et nos chemins (littéraires) s'étaient ensuite séparés

Je n'ai pas lu Des clés et des serrures, son livre sur la photographie, ni les romans qui ont suivi, allez savoir pourquoi... mais c'est quelqu'un que j'ai toujours respecté (et dont j'ai gardé tous les romans dans ma bibliothèque, ce qui n'est pas forcément le cas de chacun...)

Je me souviens du choc, de la fascination, éprouvés en lisant Le roi des aulnes, de son héros Abel Tiffauges, ses variations sur le thème de la phorie, de l'imagerie de St Christophe, (sa fascination pour l'Allemagne), et de combien j'avais été déçu par le fait qu'il soit incarné au cinéma par John Malkovich (dont je ne conteste pas le talent, mais qui me semblait manquer de "carrure" pour incarner le personnage que je m'étais figuré en lisant le roman).

Je me souviens du personnage d'Alexandre, le "dandy des gadoues", un personnage d'homosexuel "flamboyant" des Météores (et que le roman traite de la gémellité).

Je me souviens de Vendredi, et de la façon de faire pousser des mandragores...

Je me souviens que plusieurs contes du Coq de bruyère ont été adaptés (illustrés) en albums-jeunesse (Amandine ou les deux jardins, Pierrot ou les secrets de la nuit... et peut-être aussi un autre qui se passe sur/au bord de l'autoroute et dont j'ai oublié le titre)

Il est mort paisiblement, à 91 ans...

 

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le-coq 6221_001 Pierrot_ou_les_secrets_de_la_nuit

Surpris, en allant fouiller dans ma bibliothèque, justement :
- En ont, incompréhensiblement, disparu Les météores
- Le roi des aulnes y est toujours,  non pas dans l'adition Folio dont j'avais le souvenir mais en collection blanche NRF, en très mauvais état (le livre tient à peine debout, tant il a, visiblement, vécu.
- La nouvelle que j'évoquais dans Le coq de bruyère était L'aire du muguet
- Je retrouve, en collection blanche NRF Le vent Paraclet et Le médianoche amoureux , que je n'ai aucun souvenir d'avoir lu(s)
- Plus de traces, non plus, de Vendredi, sur l'étagère des Folio...

26 janvier 2016

assez!

En cette année 2016 commençante (et relativement dégommante) année de l'ascèse, donc (c'est la rime la plus riche, mais bon baise n'est pas mal non plus, mieux en tout cas que catéchèse ou diocèse, bien que le terme soit tout de même -par définition- ambigu, de la baise pouvant tout aussi bien s'appliquer à une activité sexuée à but ou non de procréation mais aussi comme dans "t'es de la baise" à un empapaoutage figuré mais néanmoins douloureux...)

Ascèse donc, et j'en ai profité pour aller repiocher la définition dans le Lar*usse :

ascèse :nom féminin (du grec askêsis, exercice)
-  Effort visant à la perfection spirituelle par une discipline constante de vie.
- Manière de vivre de quelqu'un qui s'impose certaines privations

Une seule citation en exemple :
"La révolte est une ascèse, quoique aveugle. Si le révolté blasphème alors, c'est dans l'espoir d'un nouveau Dieu." (Albert Camus , L'Homme révolté , Gallimard)

Ouah ça rigole pas. J'arrive même pas à comprendre ce que je viens de copier/coller.

 

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(vers l'ascèse)

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(vers l'A 16)

cezeG

(vers la Cèze)

Kronenbourg12
(verre la 16...)

On a le choix, finalement...
(et, tiens, tout ça rime avec fadaises!)

24 janvier 2016

les phéromones des éléphantes du chapitre 13

ENVOYEE SPECIALE
de Jean Echenoz

Enfin! Le retour de "mon" vrai Jean Echenoz, avec un bon gros roman (de plus de 300 pages), ce qui nous change un peu de ses dernières livraisons : 3 biographies romancées, Ravel, Tesla et Zatopek, respectivement dans Ravel, Des éclairs, et Courir (je ne suis pas sûr de l'ordre), plutôt courtes et diversement plaisantes, suivies d'un 14 intéressant (touchant) mais maigrichon (124 pages au compteur (chroniqué ), et en large vision : avec la police usuelle on eut compté au max une quatre-vingtaine de pages), tout ça couronné par un Caprice de la Reine qui flirtait avec le foutage de gueule (une compilation de nouvelles moyennement intéressantes) qui m'avait à la fois déçu et irrité...

Je suis pourtant allé acheter celui-ci les yeux fermés, sans rien en avoir entendu dire, juste en en sachant la date de sortie (et je suis d'ailleurs allé presque spécialement à Besac pour ça).
Je l'ai commencé aussitôt. (Et peut-être commis au départ l'erreur de le fractionner, en n'en lisant quasiment qu'un chapitre à la fois -oui j'ai toujours des problèmes d'endormissement quasi-instantané-). Ce qui fait qu'au bout d'un moment, j'ai eu peur de me mélanger un peu dans les personnages (qui sont assez nombreux et portent chacun des noms improbablement délicieux), et j'ai donc été plus attentif, -et raisonnable- en le lisant de jour et par rasades beaucoup plus conséquentes. Chapitre par chapitre, c'était bien, mais en lecture de plus longue haleine ça devient de plus en plus plaisant, voire jouissif.
Je viens de le terminer et j'ai le sourire en le reposant, car ce livre m'a ravi. J'ai retrouvé le "ton Echenoz" qui me plaisait tant et m'avait ravi, enchanté, subjugué, etc., dans Cherokee, L'Equipée malaise, Nous trois, Au piano, Les grandes blondes, Je m'en vais (il n'y a que le tout premier, Le méridien de Greenwich, que je n'ai toujours pas réussi à lire... mais ce n'est pas faute d'avoir essayé). Il y a eu le Echenoz polar-jazzy, le Echenoz aventures exotiques, le Echenoz fantastique, le Echenoz sciences et techniques, là, ce serait plutôt le Echenoz contre-espionnage (mais n'y a-t-il pas eu, déjà, le Echenoz espionnage ?), où les aventures de Constance (le libraire des Sandales ma dit que ça lui avait fait pensé très fort à un film, le seul qui me viendrait à l'esprit serait Nikita, de Luc Besson, mais dans un traitement plus... décalé et beaucoup beaucoup plus drôle.

Oui, le contre-espionnage, c'est très mystérieux. mais, présenté par Jean Echenoz ça devient plaisant, assez drôle voire très drôle, ironiquement réaliste, tendrement cruel, lucidement rêveur, précisément flou, (les paires adverbe/adjectif pouvant chacune se permuter, je vous laisse le faire). Surtout que (si je ne m'abuse) il introduit très vite, et jusqu'au bout, dans son roman, une certaine distance -inédite si je ne me rabuse-, en parasitant régulièrement  le cours de l'action par un commentaire "extra-romanesque",  dans une adresse (un clin d'oeil) au lecteur, qu'il associe et rend complice, en utilisant un "on" (ou un "nous")  plutôt que le "je" qu'on aurait pu attendre. Si le nous est associé à la première personne du pluriel, je me souviens d'avoir appris dans ma jeunesse que "on" c'est "il" (au moins pour les accords grammaticaux). Donc je me suis demandé plusieurs fois qui donc il recouvrait : Lui-même  (Jean Echenoz) ? le narrateur (anonyme ?) le deus ex machina (idem)? le lecteur ? l'ensemble des lecteurs ?

Mais ce procédé littéraire (plutôt plaisant, il faut le reconnaître, une fois qu'on s'y est habitué) donne un peu le sentiment d'être dans une salle de montage, de voir les aventures de Constance à la fois comme un récit en train de se dérouler "normalement", mais aussi  en train d'être écrit, sous nos yeux, ce qui est moins fréquent. Et multiplie au moins par deux le plaisir du lecteur.

Jubilatoire ? Oui, oui, on peut se risquer à l'écrire. Et avoir ensuite envie de tout relire.

envoyée spéciale

 

23 janvier 2016

immatriculations

L'ETAGE DU DESSOUS
de Radu Muntean

Oui oui, je sais, je ne suis pas objectif sur le coup. J'adore le cinéma roumain (le "nouveau cinéma roumain", ne connaissant de l'ancien que celui de Lucian Pintilié, qui est quand même celui par qui j'y suis venu, donc...), et on essaye d'en projeter la quasi-intégralité dans le bôô cinéma, et c'est vrai que peu nous ont échappé.

De Radu Muntean, on avait déjà passé le très beau Mardi après Noël, roumainissime. Et beaucoup aimé. Et donc celui-là j'en avais plutôt envie.

C'est l'histoire de Pătrașcu, un brave type qu'on découvre prenant un peu d'exercice avec son chien, puis qui, rentrant chez lui, passe devant l'appart' de la voisine du dessous, où il perçoit les bruits d'une dispute. Comme il s'arrête sur le palier, la porte s'ouvre et en sort un jeune homme, celui qui était en train de s'alterquer bruyamment avec la demoiselle (qu'on ne verra jamais), qui le toise d'un air... peu amène, tandis qu'il reprend sa montée des marches vers son appartement. Le lendemain, on le suit (notre Pătrașcunet) sur son lieu de travail (et on met un peu de temps à comprendre justement de quel travail il s'agit, mais pas grave) : il reçoit alors un appel qui l'informe de ce qui vient de se passer dans son immeuble (on le comprendra assez vite : la voisine invisible (mais pas muette!) a été retrouvée morte...)

Le cinéma roumain a un rapport très particulier avec la réalité. Il est question d'une vie "normale", dans un cadre "normal", avec des soucis "normaux" (mais dans le "normal", il faut bien entendu comprendre "normal roumain", qui n'est peut-être pas exactement tout à fait le même normal que nôtre normal à nous, parce que les us et coutumes, parce que la mentalité, parce que le pays...). Ainsi, le poids du communisme, de la Stasi, de la surveillance généralisée, des pratiques de démerde tout aussi généralisées, ont façonné un certain comportement "normal". Qui produit des conséquences, un déroulement, un traitement, que n'aurait pas forcément produit le même évènement,  survenu dans notre France jolie (mais, surtout, filmé par un réalisateur français tout aussi joli -et normal-).

Car c'est exactement ça que j'adore dans les films roumains (dans leur grande majorité, car tous ou presque -je ne vois pour l'instant qu'Aférim! qui fasse exception- traitent de "l'ici et maintenant, avec les moyens du bord". Cette réalité banale, quotidienne, presque triviale, qui soudain, comme observée de très près (de beaucoup plus près) se transcende, se catalyse, se transmute pour devenir un curieux et surprenant élixir de cinéma. Je suis face à ces films dans un état de sidération : les faits eux-même, le rythme, les interrogations (les suppositions, les doutes, les soupçons), il suffirait de peu pour qu'on puisse taxer ça d'ennuyeux, de minimaliste, d'inintéressant (d'ailleurs certain(e)s ne s'en sont pas privé(e)s), mais, mystérieusement, on reste sur le fil ("la corde raide", que le réalisateur semble avoir tendue de toute ses forces, pour parvenir à ses fins) et on y avance, (et même parfois on y danse on y danse) mais on va come que comme jusqu'au bout.

Pourquoi Pătrașcu n'a-t-il pas dit au flic ce qu'il avait entendu ? Pourquoi est-il aussi serviable envers celui que, justement, il semble soupçonner ? Pourquoi l'autre, justement, vient s'incruster chez lui ? Pourquoi renoue-t-il soudainement (et sans raison) avec un ancien voisin, commissaire ? Le dénouement, qu'on peut qualifier d'"abrupt" -comme assez souvent chez nos amis Roumains- nous laisse le bec dans l'eau, avec toutes nos questions. Sans réponses. Mais je peux vous dire que ça gambergeait, quand on a discuté en sortant de la salle...

Encore une belle réussite. d'autant plus que c'est un grand plaisir de retrouver Teodor Corban (Pătrașcu), dans un rôle très différent (beaucoup plus taiseux, et beaucoup moins con) que celui qu'il tenait dans le magnifique (et Top10é) Aferim!.

Pupici , românii ! (Merci à Zabetta pour l'idée et à gougueul traduc pour le complément)

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L'affiche est aussi belle que juste...

22 janvier 2016

super héros

je ne sais pas si j'irai voir le film, mais j'adore la campagne d'affichage :

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(je la trouve aussi intelligente que graphiquement réussie)

22 janvier 2016

tremblante

BELIERS
de Grímur Hákonarson

Une bouffée d'air frais! raccole l'affiche. Si vous vous attendez au deuxième effet Kiss Cool ou à une pub Bollywood chewing-gum ("fraîcheur de viiiivre...") vous risquez d'être désappointés... Le fond de l'air est frais, certes, et la neige est blanche, et le froid pinçant, et l'alcool réchauffant... mais bon on a des grosses barbes, des gros pulls, des gros quads pour se déplacer, et des gros moutons pour courir après. Nous sommes en Islande, le nouvel "autre pays du cinéma". Dans une vallée perdue (au fin fond d'une vallée perdue) où vivent des paysans, qui vivent principalement de l'élevage. des moutons, bien entendu (bêêêh!) Et notamment deux frangins, Gummi et Kiddi (désolé, je n'ai retenu que leurs petits surnoms), voisins mais fâchés depuis 40 ans. fâchés à mort, on ne sait pas exactement pourquoi (et peut-être même qu'eux non plus). On les voit participer au concours du plus beau bélier, et gagner d'aillerus la première et la seconde place. Le premier de triompher et le second de trogner. Tout ça pour un demi-point de différence à cause d'"un peu plus de muscles dorsaux"...

Gummi (le deuxième du concours) veut vérifier par lui-même, s'introduit dans l'étable de son frère, ausculte le bélier en question, et l'aime suivante montre les vétérinaires du coin emmenant le bestiau en observation. l'animal en question serait atteint de tremblante du mouton, une maladie très contagieuse qui implique l'abattage de tout le cheptel de la vallée et du désinfectage de tout ce qui a été en contact avec les moutons. Arghh! ca ne va pas arranger les choses entre nos deux frérots, et ça se traduit illico par quelques coups de fusil  dans les fenêtres de la chambre de l'autre, avec bordée d'injures bien senties.

l'intervention (la surveillance, que dis-je le flicage des services vétérinaires n'arrange pas non plus vraiment les choses. Si Gummi s'est plié -d'assez mauvaise grâce- aux mesures demandées, Kiddi refuse toute discussion. il va pourtant bien falloir en passer par là... comme dans Des chevaux et des hommes, on est immergé dans une communauté rurale de l'Islande profonde, où l'élevage constitue pour ainsi dire toute la vie de ceux qui vivent là. Et on va assister, de l'intérieur, aux suites de l'opération, età leurs conséquences, les attendues et les plus inattendues.

Le (rude) climat islandais aura son rôle à jouer, jusqu'à un final particulièrement touchant (à la suite duquel chacun se posait la même question, mais y apportait la réponse qui lui convenait le mieux). décidément, ce fameux cinéma nordique (et au-delà) nous apporte régulièrement son lot de bonnes (et dépaysantes) surprises. Mais pas de bouffée d'air frais, par pitié, les publicitaires!

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Je ne sais pas d'où vient cette affiche, ce n'est pas celle qui a été choisie,
mais pour ceux qui ont vu le film, elle est beaucoup plus parlante...

 

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la fameuse bouffée d'air frais...
(je suis quasiment sûr que pendant qu'ils brainstormaient,
il y en a eu un pour proposer un truc du genre "béliers therapy"...)

 

 

21 janvier 2016

ou bien...

RIGHT NOW WRONG THEN (UN JOUR AVEC, UN JOUR SANS)
de Hong Sang Soo

Au départ, c'est pour ce film-là que je venais à Besac, pour l'avant-première (le film sortira mi-février) et suite à l'article dithyrambique dans Libé qui évoquait son Léopard d'Or à Locarno 2015. Un film de deux heures, en plus, bien plus long que ses derniers (qui avaient tendance au contraire à diminuer de plus en plus.) mais dont la durée s'expliquera à la projection : il s'agit de deux films.Ou plus exactement de deux fois le même film, ou presque.

Un cinéaste venu de Seoul pour faire une conférence après la projection de son dernier film rencontre dans un temple, lors de son bref séjour, une jeune fille, qu'il invite à boire un café. La jeune fille est peintre, elle l'emmène chez elle pour lui montrer ses tableaux. ils vont ensuite dans un bar à sushis (et à soju, très important le soju dans les films d'Hong Sang Soo!) puis finir la soirée chez une amie de la jeune fille, qui tient un café. puis le monsieur raccompagne la demoiselle chez elle (il fait froid). le lendemain matin a lieu la fameuse conférence , après le film du réalisateur. Et ce sera ensuite bientôt l'heure de partir

... et regénérique de début, re-titre (mais cette fois-ci dans un ordre différent), et  le même cinéaste qui va rencontrer dans le même temple cette même jeune fille qui boit le même lait-banane. Les mêmes scènes vont s'y rejouer, dans les même lieux, mais pas tout à fait exactement de la même façon.  D'où le "ou bien..." du titre. Dans Libé, Hong Sang Soo expliquait qu'il avait d'abord tourné, monté le premier film, puis l'avait projeté aux acteurs avant de leur proposer de re-jouer la deuxième version. Et expérimenter ainsi (après la lettre aux pages mélangées de Freedom hill, les variations sur le motif de Another Country...) une nouvelle -et ludique- façon de biaiser la narration.

C'est très Hong sang sooesque, et les habitués ne seront pas dépaysés.

Le seul regret que j'ai éprouvé lors de cette projection (unique), la troisième de la journée, c'est que j'ai dû hélas lutter énergiquement -très- contre le sommeil qui me gagnait sournoisement. J'y ai presque réussi mais du coup je n'ai apprécié le film aussi totalement que j'aurais pu. Comme aurait dit Jacques L. " Ce n'était pas un sommeil hostile, c'était juste un sommeil de film qui n'a pas réussi à me captiver..." Dans le cas présent, il faut pondérer avec un "presque". Puisqu'ai résisté. Mais bon c'est vrai que j'ai trouvé ça un chouïa bavard. (presque trop bavard).

Ou bien.

Mais j'étais très heureux de voir cette jolie scène finale de jeune fille qui s'éloigne sous la neige (et qui ne figure pas dans la première version.) a revoir donc, pour vérifier si c'est vraiment si bavard ou bien si c'est moi. Ou bien.

Right Now, Wrong Then Movie Poster 8S 2015 Jae-yeong Jeong, Min-hee Kim, Yeo-jeong Yoon, Ju-bong Gi-13 900x900
l'affiche originale (il n'y en a pas encore de française!)

maxresdefault

 

20 janvier 2016

glamourissime

CAROL
de Todd Haynes

Ah, Todd Haynes. Loin du paradis, I'm not there, Safe...
Ah, Cate Blanchet (Blue Jasmine, re-I'm not there.)
Si je rajoutais Ah Patricia Highsmith je serais en partie malhonnête puisque, si effectivement j'ai adoré lire tous ses romans, Carol est le seul que j'ai zappé (je l'ai déjà dit, je suis un vieux pédé sectaire, les histoires entre femmes, contrairement à la majorité des hétéros, ne m'intéressent pas trop, oui je mériterais des gifles, je sais bien, n'est-ce pas Brigitte et Annick...)
Mais là, alors là, je ne sais pas pourquoi mais j'en ai eu soudain une énorme envie, de ce film. Et j'ai donc enchaîné, juste après Et ta soeur. Deux films de lesbiennes à la suite, ouah, vieillis-je ? C'était rigolo, dans le hall de mon Victor Hugo chéri, il y avait une majorité de femmes qui attendaient pour la séance en question, des vieilles, des jeunes, des seules, des en couple...

Et le film commence, et je soupire d'aise, tellement c'est exquisement, divinement même, filmé. Nous sommes fin 1952, les gens font leurs courses de Noël, Jingle bells, tout ça... Dans un grand magasin, une bourgeoise en manteau de fourrure cherche un cadeau pour sa fille... Une grande blonde à la coiffure impeccable et au rouge à lèvres sublime, qui discute avec une jeune vendeuse brune affublée d'un bonnet de Père Noël... Et ce qu'elles ne se disent pas est bien plus éloquent que leur tractation "officielle" de cliente à vendeuse. Des regards, un petit signe de la main en repartant, une paire de gants oubliés sur le comptoir, et c'est parti(e)... (Ce n'est pas tout à fait la scène de début du film, mais c'est celle qui a donné naissance à leur relation.)
Je le redis, c'est divinement filmé. Dans cette Amérique des années 50 minutieusement (somptueusement) reconstituée, l'histoire de Carol et Thérèse va se dérouler en flash-back (on les a vues attablés au Ritz au tout début du film, et c'est là que le film les retrouvera, dans cette même scène, juste sous un autre angle, à la fin ou presque), tandis que Thérèse roule en taxi, et qu'on aperçoit juste son visage songeur, derrière une vitre embuée engouttée (moi aussi, quand je photographie, j'adore les gouttes sur les vitres).

Une histoire d'amour, du début à la fin (ou presque...). Carol est en train de divorcer, et son mari Harge aimerait bien la "récupérer", tandis que Thérèse est sur le point de dire oui à son soupirant et au mariage qui va avec... Chacun des deux hommes voit d'un assez mauvais oeil la naissance de cette relation, puis son enracinement, sa floraison. De visites en rendez-vous, Carol va finir par proposer à Thérèse de l'accompagner en voyage "quelque part, vers l'ouest...". Automobile, chambres d'hôtel ou de môtel, salles de restaurant, on voyage avec elles, on dine avec elles, et on est invité à assister à leur recontre "au sens biblique du terme" (je sais, ça n'est pas la métaphore ici la plus appropriée... Y a-t-il des lesbiennes dans la bible ?), tout en peau contre peau, en soupirs fiévreux et en draps froissés, c'est plutot soft et élégant (on n'est pas dans La vie d'Adèle et ses prothèses vaginales...). Mais l'amour au cinéma est pour moi bien plus affaire de suggestion que d'organes. Plus de mental que d'organique. Cate Blanchett et Rooney Mara y sont plus que parfaites, inutile de le préciser, et pas uniquement lors de cette cette scène, bien sûr.

En ce temps-là, on ne rigole pas avec les amours contre nature. Pas facile à exprimer ni à exposer en grand format et aux yeux de tous. D'où une série de variations sublimes de cadrages (dé- et re-, et même sur-) élégantissimes qui resserrent l'espace sur les personnages en ne leur octroyant souvent que le minimum requis. Elégant, glamour, raffiné, soigné, ce sont toujours les mêmes adjectifs qui me reviennent, mais le film est bien plus qu'une succession de cadrages réussis. Le lien entre ces deux femmes, (si intense malgré leurs différences, âge, rang social, expérience) y est décrit avec acuité, avec attention, avec précision, et Todd Haynes nous livre un double portrait féminin d'une belle force. L'une et l'autre. L'une par l'autre. A tel point que je me quasi-thérésifiais : plus le film avançait, plus je m'identifiais, plus j'avais envie de Cate Blanchett, de respirer son parfum délicieux, de son lipstick parfait, de sa façon de fumer, de son martiny dry avec olive, de sa conduite, de son regard. J'aime cette idéalisation d'un être que provoque l'amour qu'on lui porte. Et la force des certitudes que peut induire un premier regard, un premier échange de regards...

Mais tout n'est pas qu'amour en ce monde (surtout ce monde new-yorkais de 1953) et Todd Haynes se plaît à nous le rappeler constamment au fil de son récit : disputes (conjugales ou extra), avocats, clause de moralité, détective privé, constat d'adultère, obligation de soins, psychotérapeuthe... la procédure de "reconquête" engagée par son mari sera sans merci pour Carol (et sans pitié pour Thérèse).

Mais. A moins que. (Vertige de l'amour...)

Le film, à Cannes 2015, a rapporté un prix d'interprétation à Rooney Mara, et les deux femmes sont à cette heure encore en lice pour les Oscars...

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19 janvier 2016

sérénade à trois

ET TA SOEUR
de Marion Vernoux

J'ai commencé par celui-là, parce que Marion Vernoux (que je suis et que j'aime depuis Personne ne m'aime, justement), et aussi parce que la splendide barbe de Grégoire Ludig, dont la tête me disait quelque chose alors que son nom non.
Je m'étais amusé à une rapide analyse d'image à propos de l'affiche (Il est allongé entre Virginie Efira et Géraldine Nakache, et tout est vraiment vraiment fait pour montrer combien elles sont différentes (la couleur des cheveux, la coiffure, les lunettes, la tenue, les pieds nus) et tout ç est un peu scolaire mais se prête bien à l'exercice.) la seule chose qui n'apparaît pas sur l'affiche est qu'elles sont soeurs (et la seule différente que le graphiste n'a pu signifier est que l'une est lesbienne et l'autre pas).
Je venais d'apprendre (par Libé me semble-t-il, et "plan par plan" avait persiflé le critique) que c'était l'adaptation d'un film indé américain de Lynn Shelton, Your sister's sister -en français Mon amie sa soeur et moi, mouais...- dont j'avoue n'avoir jamais entendu parler, et donc j'y suis allé d'un oeil neuf. Aiguillonné par la magnifique barbounette de Grégoire Ludig je le répète. Et puis me disant que Marion Vernoux ne saurait jamais totalement me décevoir...

Et j'ai eu raison.
L'unique étoile critique décernée à l'unisson par Libé, Téléramuche, Critikat et le Monde est quand même sévère et un peu forte de café. J'ai connu des huis-clos bretonnants plus indignes que celui-ci... Un triangle amoureux avec ses pointes, ses médailles et ses saillies. Le barbu qui vient de perdre son frère (Ludig) se voit proposer par sa meilleure amie (Nakache) d'aller se mettre un peu au vert dans la maison bretonne de son père (et d'y préparer son concours de bibliothécaire). mais quand il débarque un soir dans la fameuse maison, il y trouve la soeur de sa copine, venue panser là une blessure amoureuse. Après un premier contact un peu... frais les voilà qui se retrouvent autour d'une bouteille de vodka (puis d'autres bouteilles, beaucoup d'autres bouteilles) jusqu'à ce que, bien bourrés, ils finissent par coucher ensemble. Ok, ça n'est pas follement original, mais on a vu pire (et c'est plutôt bien fait). Le lendemain matin, panique à bord lorsque débarque la soeurette (qu'est-ce qu'elle vient faire là, d'abord, hein , puisqu'elle l'avait "envoyé au calme"... aurait-elle eu une idée derrière la tête ?) Et le fameux triangle alors de nous montrer ses possibilités et curiosités géométriques, et , de quelconque au départ, de trouver progressivement son identité propre de triangle (rectangle, isocèle, équilatéral, à vous de choisir) spécifique.

Et le paysage breton est un cadre formidable pour situer (et contrepointer) cette comédie (2/3) sentimentale (un  petit petit tiers mais je voulais continuer à filer la métaphore du triangle). Même si je ne me sentais  pas a priori d'affinité particulière avec les deux actrices (un peu synonymes pour moi de "grosse comédie populaire" -souvenir douloureux de l'atroce Sous les jupes des filles, tout de même, pour Géraldine Nakache, la filmographie de Virginie Efira plaidant -Caprice- un peu plus en sa faveur.), je dois dire qu'elles sont impeccables de justesse. Excellentes (avec quand même un bonus pour Virginie Efira, plutôt touchante en lesbienne en quête de maternité). Et notre ami barbu tire aussi son épingle du jeu, pour un premier "grand rôle" au cinéma. Il assure (il porte avec autant de naturel -et d'aplomb- la cape cycliste rouge de chaperon barbu que le pantacourt à smiley.)

Voilà, j'ai passé un excellent moment, rien à redire sur ce film (la scène d'engueulade sur la passerelle du ferry restera un délicieux souvenir...). il ne me reste plus qu'à voir l'original, pour me faire une idée.

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l'une il la regarde et l'autre pas

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