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lieux communs (et autres fadaises)

29 mars 2015

peliculas latinas (1)

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Premier jour. Un joli film cubain "né sous une bonne étoile". Très, oui, très joliment filmé (et on voudrait nous faire croire qu'à Cuba ils sont pauvres!), l'histoire d'un joli couple (elle -dixit Joseline est "belle de partout"- tandis que lui -les yeux la barbe les frisettes- est mimi joli tout plein, et bien tout autant joli de partout qu'elle en ce qui me concerne, j'aimerais bien avoir un profesor comme lui) un peu à l'étroit dans sa maisonnette-hangarounet, où s'entassent les lits de la grand-mère un peu acariâtre et de la (grosse) fillette née d'un premier mariage de elle (à tel point qu'ils sont obligés d'aller forniquer ailleurs, les pauvres, même pas tranquilles chez eux), et un peu à l'étroit aussi dans ses finances : l'argent est rare et tous les moyens sont bons pour le faire rentrer, même ceux "que la morale réprouve" (ou que la policia verbalise). Elle travaille dans une usine vide, qui "attend sa réouverture prochaine", lui est instit et apprend, notamment à nager à ses élèves sur des chaises au fond d'une piscine sans eau... Un film doux, coloré, ensoleillé, verdoyant, épicé, tendre... Un peu indolent aussi, question scénar (tout est pratiquement joué dès le début, et pas grand chose ne sera solutionné à la fin, la vie continue, l'herbe est verte et les tracts continuent de pleuvoir), où quelques péripéties joueraient le rôle de glaçons dans un cocktail genre Cuba libre,  parfait pour ouvrir cette semaine sud-américaine.

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Là, c'est le deuxième jour, et ça rigole déjà nettement moins. Un film expérimental brésilien (si si) qu'on annonce de 1h35 mais qui m'a paru en durer deux. L'histoire d'un conducteur de tram et d'une surveillante vidéo du trafic, "librement adaptée d'une nouvelle d'Edgar Poe", et filme en -petit- format carré (arrondi dans les coins) format parfait par exemple, pour une scène de photos style photomatons ("changez de coiffure"). On s'ennuie assez longuement et assez longtemps (Il est seul, il est taciturne, ils se croisent, elle le draguouille, il ne répond pas à ses avances...), le format et le cadrage insistent sur la solitude et la mornitude et la démoralitude du héros (et donc du spectateur), oui on s'ennuie, et pourtant, et pourtant...  Soudain joue un certain effet de sidération, (à partir, me semble-t-il d'un plan magnifique de deux visages qui se croiseront jamais) où le spectateur (moi, donc) se sent moins exclus, et est comme pris par la main. Ou peut-être accepte de jouer le jeu. Il y a des chansons brésiliennes (qu'en principe j'abhorre, mais qui là sont tellement décalées qu'elles en deviennent savoureuses, une sur "quel bonheur" et l'autre sur "il est bon de se rappeler qu'un verre vide est rempli d'air") qui font penser que peut-être l'imperturbable et keatonien sérieux du récit (et de son personnage principal) ne seraient en fin de compte qu'un clin d'oeil complice déguisé. Ca vous donne en tout cas envie de lire cette fameuse nouvelle.

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Là c'était gala, un film en sortie nationale, on avait même réussi à avoir une actrice présente pour rencontrer les spectateurs (mais ce qui n'a pas été un argument décisif pour augmenter leur nombre et leur motivation, tant pis pour eux). Téléramuche l'avait chroniqué-expédié en quelques lignes à la limite du mépris, mais bon ça n'est pas tous les jours qu'on a la chance de voir un film péruvien!, et on s'était donc lancés. le film a été -assez idiotement  je trouve- retitré Un octobre violet à Lima (qu'on pourrait davantage supputer chronique lysergique et hallucinatoire) et raconte les histoires de plusieurs personnages (un flic et sa femme malade, un supporter de foot et son copain en prison, un faux-monnayeur et son envie de participer à la Procession du Seigneur des miracles) toutes histoires qui vont se croiser bien sur lors de la séquence finale, celle de ladite procession filmée "en vrai" (ambiance qu'on pourrait rapprocher de celle de la Bataille de Solférino, par le nombre et la ferveur de ses participants). Si le film a l'énergie, le rythme et les cojones, il pêche néanmoins par quelques maladresse(s) (flottements question interprétation, complexification inutile de la temporalité, utilisation insupportable de l'Adagio d'Albinoni pour "dramatiser" la scène finale..., surgissement réguliers des poncifs qu'on se doit de trouver dans tout bon mélodrame) mais comme je le disais, on n'a pas tous les jours une actrice péruvienne, et toute mimi de surcroît, qui vous fait la gentillesse de se déplacer, alors n'imitons pas Téléramuche, et indulgeons, et attendons donc le prochain film du réalisateur!

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Troisième jour : Une avant-première ! Le nouveau film de Lisandro Alonso, qu'on aime énormément ici et dont on a passé tous les films ou presque dans le bôô cinéma (et qui sortira le 22 avril!). J'avoue que sur le papier ça me faisait un peur : Viggo Mortensen, des dialogues en danois, co-production d'une demi-douzaine de pays, le film avait-il vraiment sa place dans la semaine latino ? Dès le début, je dois dire que j'ai été rassuré et conquis. D'abord par le nombre de spectateurs à la séance, qui confirmait donc qu'on avait bien fait de prendre le risque, mais, surtout, par le film lui même. Dès le premier plan, on est happé. Sous le charme. Séduit. Un format pas courant (rectangulaire arrondi dans les coins, comme les vieilles diapos en kodachrome 64, dont il a d'ailleurs le rendu magnifique des couleurs), une caméra qui se pose et reste encore même quand le personnage a quitté le cadre (de très longues focales, pour de très longs plans, c'est ça le bonheur cinématographique, exacerbé chez Lisandro Alonso). C'est Viggo Mortensen qui est au centre du  projet -et y a  aussi apporté des sous- (il a même composé la -parcimonieuse- musique), et c'est  normal qu'on ne voit que lui ou presque pendant une grande partie du film. L'ambiance rappelle, par exemple, celle de La dernière piste de Kelly Reichardt (film "en costumes" mais minimalisé, western "déchenillé", comme on dirait ici). Ici, la Patagonie, la fin du XIXème, des soldats, argentins, danois.  Mortensen joue un gradé danois dont la fille s'est enfuie pendant la nuit avec un jeune soldat, et qui part donc à sa recherche à travers la pampa. Et c'est sublime. (quand je suis enthousiaste, je suis enthousiaste!). d'autant plus que la toute dernière partie vous oblige soudain, spectateur béat,
-1) à remonter votre mâchoire avec votre main pour arrêter de baver d'admiration
-2) à reconsidérer tout ce que vous venez de voir et à vous interroger
Ca, c'est du cinéma, et du grand!

 

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J'ai vu celui-ci juste après Jauja, et c'était peut-être une erreur. D'abord parce que Jauja m'avait fait vraiment beaucoup d'effet, et ensuite parce que celui-ci, même s'il a obtenu le prix de la meilleure photo à Venise, est tout de même très très aride, quasiment documentaire à peine scénarisé, et que, étant fatigué, j'ai donc hélas eu du mal à résister et oui j'ai honte j'y ai pas mal dormi. Je me suis réveillé sur une image finale qui m'a fait me poser des questions, une image rétrospectivement glaçante. Ah, c'est un film chilien, qui parlent de dames qui élèvent des chèvres et font du fromage dans la misère, et apprennent que, par décision gouvernementale, lesdites chèvres doivent être abattues parce qu'elles bouffent toute l'herbe. On est au temps de Pinochet, mais, là où vivent les trois soeurs, tous ces évènements se déroulent très loin, et leur écho n'en parvient que très assourdi. Du cinéma incontestablement courageux, pour ne pas dire vaillant. Chapeau, donc.

26 mars 2015

la cuarta semana latina

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Caramba! Le printemps est revenu, et elle aussi, notre Semana Latina, la quatrième du nom!
(hihi, et l'affiche, bien sûr, c'est moi qui l'ai faite!)

26 mars 2015

de charisme en syllabes

UN HOMME IDEAL
de Yann Gozlan

Il y avait Pierre Niney, avec sa tête de chaton et ses grand yeux délicats, il y avait l'affiche, qui me faisait miroiter une bluette romantique, il y avait la séance de 16h (il était 15h55), il y avait Le printemps du cinéma, et ses séances à 3,50€, il y avait deux heures à tuer avant d'aller chez les S, et j'y suis donc entré, sans savoir du tout ce que j'allais voir.
Ca commence plutôt pas mal : un pauvre jeune déménageur, aspirant-écrivain, trouve un manuscrit écrit par un soldat français lors de la guerre d'Algérie. hop! il l'envoie à un éditeur en le signant de son nom (après l'avoir recopié sur son ordi), et re-hop! l'éditeur le rappelle, il adore le roman, le roman est publié, il obtient un prix, le jeune homme comblé en profite pour dégotter la femme de sa vie, et hop hop hop! "trois ans après" nous dit le film, le voilà qui arrive en ouikinde, dans sa belle voiture ed'sport, chez ses beaux-parents, qui ont une super-belle maison friquée sur la côteavec sa fiancée chérie et on se demande alors qu'est-ce qui pourrait bien arriver dans cet océan de bonheur narratif, ensoleillé de surcroît où tout n'est que politesses, citronnade, piscine, et armes de collection.
Sauf que, bien sûr.
L'éditeur téléphone, et le presse d'envoyer son nouveau texte, ce pour quoi il a reçu une avance faramineuse (et bien sur, le jeune homme est incapable d'écrire une nouvelle ligne) et il lui répond que c'est en cours et que ça avance bien (premier mensonge), puis la banquière téléphone à son tour pour lui dire qu'il est très à découvert, et qu'il faut renflouer, et il lui dit que son éditeur doit lui envoyer une avance et que ça va s'arranger (deuxième mensonge), et voilà qu'il reçoit une lettre anonyme contenant la photo de l'homme à qui il a volé son roman (là il ne peut rien répondre, mais il ne va pas tarder à faire connaissance avec l'horrible maître-chnateur qui le menace de révéler la vérité à tout le monde.) Aïe aïe aïe.
A partir de là, le film part en vrille, le jeune homme se met à faire des mensonges de plus en plus gros, et des conneries de la même taille (faux attentat, vrai-faux cambriolage, vrai meurtre avec débarrassage de corps nocturne et jetage dans la mer et retour à la nage) les gens se mettent à être de plus en plus cons et coopérants (personne n'entend rien, personne ne se réveille la nuit, personne n'a de doutes) et le scénario semble progresser au coup par coup, en poussant de moins en moins de délicatesse le cursueur de l'invraisemblable) puisque chaque problème est "réglé" par le jeune homme par la mise en place d'un autre, à ce ryhme-là on n'est pas près d'en sortir. D'autant plus que le réalisateur ne se prive pas, pour pimenter la sauce, de rajouter quelques scènes de cauchemars ou de fantasmes (imaginons le pire qui pourrait arriver, genre "on dirait que le sang du cadavre dans le placard coulerait du plafond sur la nappe immaculée de la salle à manger...), assez gratuitement (Il faut bien faire "thriller").
Les histoires d'imposture peuvent être assez plaisantes, mais là, pour le coup tout s'enchaîne de façon dommageable (les scénaristes se sont dit "qu'est-ce qui pourrait arriver de pire ?") soit parce que trop prévisible, soit par ce qu'invraisemblable (cette façon énervante qu'ont les "problèmes" de ne se manifester qu'un à la fois, pour que le spectateur puisse suivre (pourquoi à un moment l'éditeur arrête-t-il de téléphoner, la banquière de bloquer, le maître-chanteur de harceler ?), comme quand Bruce Lee est entouré par douze redoutables tueurs ninja de la fureur du dragon de la mort qui tue, mais qu'il attendent chacun leur tour pour venir bien se faire tataner et karatéker par le champion). ici, pareil, chacun attend sagement son tour, et le spectateur a le temps a la fois de voir venir venir les choses et de faire la liste des invraisemblances...
J'avais un peu pressenti le coup, quand Zabetta, à la caisse du bôô cinéma, m'en avait juste dit "Pierre Niney est très bien" -elle l'avait vu la veille- (sous-entendu "mais le reste du film bof bof...")
La fin tagada tsoin tsoin est très horriblement morale (oh le pauvre renégat en sweat à capuche trempé qui regarde par la vitrine de la librairie le monde bourgeois et champagné qui l'a rejeté -ou qu'il a rejeté ?- et s'éloigne à tâtons dans la nuit solitaire et glacée...). Bon, c'était 3,50€ mais je l'ai vu en plus dans un salle pleine de vieillard(e)s cacochymes qui commentaient à voix plus ou moins haute, comme s'ils étaient en tête-à-tête dans leur salon, ce qui n'a pas vraiment arrangé mon humeur...

26 mars 2015

nerf olfactif

D'Inde, encore, mais cette fois-ci à propos d'un fait (d'un effet) surprenant : j'y ai (là-bas, dès les premiers jours retrouvé les sens du goût et de l'odorat, qui me faisaient défaut depuis au moins 10 ans (c'est utile d'avoir un blog, ça donne des repères!). Lors des deux voyages précédents, je n'avais rien "senti" (et les autres membres du groupe m'enviaient, à certaines occasions spécialement (mal)odorantes).
Et là, allez savoir pourquoi, c'était là, et j'avoue que ça fait sacrément plaisir de re-sentir, de goûter des plats, quand on en discerne les saveurs des différents ingrédients et épices (les autres fois, je n'avais que l'effet "bouche en feu", ce qui est hélas un peu limité...)
Et le plus beau, c'est que non seulement j'ai senti là-bas, mais que je continue de le faire ici. Pas de façon constante (c'est ça qui est énervant) : mon olfaction est intermittente, imprévisible, versatile. J'ai quelques élements-tests qui me permettrent de vérifier : l'odeur fleurie du liquide vaisselle, par exemple. Je ne sens pas tout le temps, et je ne sens pas tout. Je sens les odeurs proches (le parfum d'une amie quand je lui fais la bise, par exemple, celle du café quand je suis au-dessus de la tasse), j'ai rarement une "odeur d'ensemble", et il me semble que cette capacité se ratatine, se retire imperceptiblement un peu plus chaque jour. Pour la plupart des repas, j'ai encore la chance de pouvoir goûter les saveurs des différents éléments, mais pas toujours.
J'en profite donc, tant que c'est là : le goût du chocolat, celui du jus d'orange, des apéricubes, des biscuits à la rose, du magret de canard avec des pommes, du beurre sur le pain, des fruits secs, du pinard (ah, retrouver les saveurs fruitées du viognier, par exemple...), du jambon cru, du cantal, de la cancoillotte au savagnin... rien que du bonheur je vous dis...
Evidemment, depuis que j'ai commencé à écrire ce post, du temps a passé, et les choses ont évolué : il semble que, même sil'orat n'est pas toujours présent (j'ai un odorat intermittent du spectacle) le goût, bien que réduit, le soit quand même toujours un peu (hier à midi au FJT j'avais le goût des patates, celui des brocoli, et celui du poisson, et, au dessert, j'ai même perçu la pointe de rhum dans le tiramisu...).
Comme a résumé le médecin que j'ai vu hier "Y a qu'a croiser les doigts..."

25 mars 2015

micro141

"Y a un monsieur qui respire très fort, je sens que ça va me gêner..."
(une dame, changeant de place avant le début du film)

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"j'ai le coeur qui s'emballe...
qui s'en bat les couilles..."

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"j'avais déprimé toute ma vie sans savoir que l'unique remède serait l'annonce de ma propre mort."

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Comment allez-vous ?
Comment allez-vous faire ?
Comment allez vous faire foutre
(Albin de la Simone)

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Deux soirs de suite, je suis rentré du cinéma en écoutant du Steve Reich sur France-Mu

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Je rentre de paris le 3 mai, et la première date de concert d'Albin de la simone est le 4...

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"j'ai passé l'âge de dormir en dortoir..."

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L'Inde prolifère

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photographier n'importe quoi, n'importe comment...

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l'ado qui, après avoir remercié d'un signe de tête vigoureux l'automobiliste qui l'avait laissé traverser la première moitié du passage piétons, me remercie du même signe de tête vigoureux quand je m'arrête à mon tour pour le laisser finir sa traversée

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 jeunes gens à joaillerie auriculaire

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retour d'Inde : deux semaines sont passées comme une seule

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trois quéquettes à l'air à la fin de cette pièce, quel délice!

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23 mars 2015

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22 mars 2015

de quoi on parlait quand on parlait d'amour

BIRDMAN
d'Alejandro Iñarritu

Si Marie ne m'avait pas filé sa carte de ciné avec une place à utiliser le jour-même, je n'y serai peut-être pas allé. Je n'en avais pas plus envie que ça (il est arrivé qu'Iñarritu m'agace, l'affiche est très laide, les films à oscars bof, et surtout Michael Keaton en slip -c'est l'extrait que j'en avais vu-, bof-bof). Donc, merci à Marie, parce que j'y ai passé vraiment un sacré bon moment...
Au début, ça démarre comme une espèce de comète, de feu de bengale, de paroles, d'allées et venues dans un théâtre, et le sentiment que quelque chose me mettait un peu mal à l'aise, presque m'oppressait. Et j'ai fini par mettre le doigt dessus : il n'y avait aucun changement de plan visible, tout s'enchaînait, tac tac tac, sans aucune rupture (ni, donc, aucune respiration, et c'est ça qui me gênait, ce besoin d'oxygène. Si Hitchcock avait déjà fait ça pour La Corde, l'effet produit n'était pas du tout le même, on n'avait pas la sensation d'un film en apnée, asphyxiant quasi, tellement c'était plan-plan chez Hitch alors que là c'est quasiment cocaïné (survitaminé, en tout cas).
On a donc Michael Keaton, ex star de cinéma (il a tourné 3 films sous le déguisement de Birdman, et a refusé le quatrième), qui tente de (se) remonter sur les planches, à Broadway, en mettant en scène l'adaptation d'une nouvelle de Raymond Carver On prend le train en route, juste la veille de la première générale (visiblement, à Broadway, il y a toute une série de générales publiques avant la première) avant qu'un projecteur ne casse la tête d'un des quatre acteurs de la pièce, qui va être remplacé au pied levé par le copain (Edward Norton) d'une des actrices (Naomi Watts), un mec assez imbuvable qui va mettre assez vite le bazar dans cette ambiance déjà assez survoltée avant qu'il n'y intervienne. Tout le monde est -plus ou moins- énervé, et le fait donc savoir à Michael K -ses acteurs, donc, mais aussi sa fille, son ex-femme, sa nouvelle copine -qui lui annonce qu'elle est enceinte- Il y en a un qui reste zen, son avocat (Zach Galifianakis, en Jiminy Crickett barbu à lunettes et à poil doux, magnifique de sobriété), contrebalancé (la dualité ange/démon) par la voix qu'il entend régulièrement (et qu'il est le seul à), celle de Birdman, le personnage qu'il a autrefois glorieusement incarné, et qui vient lui donner des conseils, -un peu comme le chat dans The voices si vous voyez ce que je veux dire-.
J'aime les films qui parlent de théâtre (il y en a plein que j'adore, Vanya 42 ème rue, La fausse suivante, To be or not to be, par exemple) et j'aime aussi les films qui parlent de cinéma, tout autant. Birdman fait les deux, même s'il parle du théâtre plus frontalement que du cinéma. C'est en apparence un film sur le théâtre, mais c'est aussi -et plus profondément- un film sur le cinéma. (Broadway versus Hollywood), sur le star-system, sur les studios, sur les films de super-héros, sur la fugacité de la "gloire", et l'utilité -désormais indispensable, l'indispensabilité, donc- des réseaux sociaux, aujourd'hui.
Le choix des comédiens est plus que judicieux (Keaton avec derrière lui l'ombre de ses deux Batman, Norton avec sa réputation d'artiste duel, Naomi Watts en écho à Mulholland Drive -et dont j'apprend, par wikipedia, qu'Edward Norton est effectivement un de ses ex, (pardon pour les autres actrices dont je ne connais pas le nom), et... j'en remets une louche, Zach Galifianakis, plus que parfait dans le naturel et la simplicité).
On suit donc, dans le bruit et la fureur, Michael Keaton au centre et son cortège autour (pour parler cosmogonie, on aurait le soleil, peut-être un peu vieilli et refroidi, et son staff de planètes, comètes et satellites, se préparant à briller de tous leurs feux pour le jour de la première) bim bam, les couloirs, les coulisses, la scène, re-les couloirs, hop! sur le toit, paf! on redescend, zou! on remonte, whizzz! on entre et on ressort,  sans que le réalisateur ne nous laisse le temps de reprendre notre souffle (et j'avoue que j'étais tellement obnubilé par cette idée de plan-séquence que je me suis mis à surveiller de plus en plus attentivement l'apparition des fameuses coutures (il n'a pas pu tourner deux heures comme ça d'un seul coup sans reprendre sa respiration! (Sokourov est assez secoué pour l'avoir fait dans L'arche russe, mais il y avait une continuité, logique, topologique qui justifiait "le" long travelling qui constitue le film), ou, tout du moins, les respirations, les "appels d'air". On peut en trouver deux, simples et très visibles (les plans sur le ciel avec le passage du jour à la nuit, et vice-versa) et une troisième, (avec un plan de couloir vide, où finit par apparaître, me semble-t-il, Michael Keaton)... mais à la fin j'étais beaucoup trop pris par ce qui se passe -se joue- sur l'écran pour penser encore à disséquer la façon dont c'était fait. Après un petit passage à vide (disons, dans le cas présent, une légère baisse de tension et d'énervement) au milieu, un genre de léger sur-place, le film repart très fort, très très fort, de plus en plus haut, vous empoigne et ne vous lâche plus.
Iñarritu, ici, m'a, pour une fois, pleinement convaincu. C'est noir, c'est acide, c'est tendu, ça s'agite, ça lévite, ça gravite, ça virevolte, ça survolte, ça palabre, ça se cabre, ça tourne, ça entourne, c'est un peu comme le manège à la fin de L'inconnu du Nord-express, qui devient brindezingue et se met à tourner de plus en plus vite... on se cramponne, comme les gamins, on est en même temps étourdi et émerveillé, et on en redemande...
Quand ça ralentit et que ça finit par s'arrêter, on descend, on a les jambes un peu en coton, un peu la tête qui tourne, mais avec un sourire grand comme ça... Ca c'est de l'attraction!

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en voilà 3 différentes, ils ont choisi la plus  moche, me semble-t-il...

 

20 mars 2015

le papa des papas

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Non.
Les papas sont tristes.
Leur papa, Alain le Saux, est mort mardi, a-t-on appris. C'était le frère jumeau de Philippe Corentin, a-t-on aussi appris.

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Moi, j'adorais ses livres de papas (et on a même acheté les 4 boites des papas, à l'école!)

18 mars 2015

re-d'inde

quelques images que je garde :

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17 mars 2015

comme chien et chat

THE VOICES
de Marjane Satrapi

J'avais failli aller le voir à Paris,  lors de sa projection à l'Etrange Festival (ou il gagna d'ailleurs le Grand Prix...) mais je n'en ai finalement rien vu (de l'Etrange Festival, puisque je n'y étais pas). De Marjane Satrapi j'avais énormément aimé Persépolis, un peu moins Poulet aux prunes (dont me restent surtout Isabella Rossellini et de la fumée de cigarette) et donc, allez savoir, celui-là me faisait envie.
Je connaissais le pitch (un homme devient serial-killer en écoutant la voix de son chat) et j'en ai vu par hasard une scène dans une émission de ciné sur Canalsat (Ryan Reynolds dialogue avec la tête coupée de Gemma Arterton), qui ne me semblait pas tout à fait raccord avec le résumé du film, par son côté acidulé, clinquant, et quasiment rigolard.
Comme ça passait à Besac, qu'il y avait une unique séance en v.o quotidienne et qu'elle était justement programmée à l'heure où j'étais là (je dois dire que je m'étais un peu arrangé pour ça), et qu'en plus, Dominique m'avait filé sa carte 10 entrées (qu'elle avait du mal à solder), j'y suis donc allé.
Si le film est le portrait d'un schizophrène (meurtrier), il (le film) le devient aussi un peu à son tour  (schizophrène, beaucoup plus que meurtrier) par osmose/porosité. Si Jerry vit dans un univers joyeusement coloré, flashy, glamour, ripoliné, c'est juste l'effet que produisent les cachetons qu'il doit prendre régulièrement. (S'il les arrête, les choses deviennent catastrophiques, et, bien sûr, il va les arrêter, contre l'avis de sa psy...). Jerry dialogue régulièrement avec ses deux animaux de compagnie, un chat et un chien (c'est comme dans Tintin, quand le personnage est tiraillé, et dialogue avec ses deux doubles : le petit ange et le petit diable, perchés sur son épaule ; ici, l'ange c'est un bon gros chien gentil gentil, et le diable c'est une saleté de chat pervers, asocial, pousse-au-crime et j'en passe...) Jerry est schizo, mais il est aussi très lucide : il sait que les voix du chien et du chat ce sont ses voix à lui (d'ailleurs c'est le comédien lui-même, Ryan Reynolds, qui les fait toutes, avec en prime celle du cerf et du lapin-chaussette... oui oui il y a pas mal de bestioles dans le film!) mais il l'assume, comme deux garde-fous de chaque côté de la route au milieu de laquelle il s'évertue à marcher droit. Il y a quelques demoiselles zigouillées puis découpées (le film pourrait faire une jolie pub pour les magasins de bricolage et leur outillage varié), et il y a ce personnage... tourmenté (et c'est rien de le dire) que l'éclairage choisi par la réalisatrice rendrait quasiment sympathique et attachant. Avec un traitement graphique "ligne claire", lorgnant donc vers le comic, quelque part entre Dick Tracy de Warren Beaty, (mais qui s'en souvient ?) et The Grand Budapest Hôtel (on a vu pires références...)
Paradoxalement, donc, ce film, qui aurait pu donner quelque chose d'effroyable entre les mains de quelqu'un de plus mal intentionné (un Gaspard Noé, un David Lynch, un David Cronenberg, par exemple) reste relativement sage (il n'est interdit qu'aux moins de douze ans, autant dire, pour les ados, à ranger entre Bambi et La petite maison dans la prairie) en tentant de concilier, ce qui n'est pas si facile, les chemins souvent contraires de l'humour et de l'horreur (je repense à la prestation ahurissante de Kathleen Turner dans le délicieusement frappé Serial Mother, de John Waters, qui officiait somme toute quasiment dans les mêmes eaux...). Marjane Satrapi y apporte sa girly touch, tricotant l'étude de cas, le polar, la comédie, les objets tranchants, et même, oui oui ! la comédie musicale en touche finale (on aura  eu au préalable, joliment, l'animation en ouverture!)

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