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lieux communs (et autres fadaises)

8 mars 2014

lobby boy

THE GRAND BUDAPEST HOTEL
de Wes Anderson

Je sortais donc de Week-ends, que j'avais plutôt beaucoup aimé, et je suis donc entré dans la salle, un peu inquiet : ce film-là allait-il tenir les promesses, à la fois générées par le bonheur éprouvé au précédent Moonrise kingdom, et l'unanimité des échos de ceux/celles qui l'avaient déjà vu ?
Et hop! ça a démarré, et hop! j'ai retrouvé instantanément cette sensation d'extrême plaisir, qui ne m'a absolument plus quitté jusqu'à la toute fin du film!
Je place Wes Anderson plutôt très haut dans ma cinéphilie personnelle, mais je dois dire que c'est venu très progressivement, marche par marche, au fur et à mesure que je voyais -et revoyais- ses films (qui, au tout début, ne m'avaient pas plus intéressé que ça...) les uns après les autres, et que j'y trouvais de plus en plus mon compte, peut-être encore davantage, d'ailleurs, dans la façon de filmer que dans l'histoire ou les personnages.
Il est indéniable qu'il y a désormais une "patte" Anderson, un univers personnel, dans cette façon de voir -et de montrer- millimétrée, mais si joyeusement foldingue -frivole ? - en apparence, dans ces agencements de couleurs, ces mouvements d'appareil géométriques, ces cadrages à tomber, ces dialogues hyper trop bien écrits, ces références à la bande-dessinée, cet humour, cette utilisation gourmande de la musique, cette richesse, cette générosité... Ce Grand Budapest Hôtel, je l'ai savouré in extenso, d'un bout à l'autre sans défaillir (j'allais écrire "sans débander", c'est vous dire si j'étais joyeux!).
Il s'agit d'un film -et d'une histoire- "multi-couches", on part de notre époque, pour à travers le récit d'un des protagonistes, remonter en arrière, puis, dans ce nouveau  récit, faire encore un saut dans le temps, jusqu'aux années trente et quelques. Il est question d'un hôtel bien sûr, de son propriétaire, de son concierge ("Monsieur Gustave") et de son grouillot (son "lobby-boy", Zero), de différents clients (clientes, plutôt, en majorité, des vieilles richissimes avec qui le sieur Gustave noue les plus tendres liens) jusqu'à ce qu'une de ces vieilles excentriques, justement, décède, et que l'ouverture de son testament coincide avec celle des hostilités.
Un meurtre, un tableau volé, un cuisinier français disparu, un policier entêté, un tueur buté et impitoyable, vont ainsi se courser et joyeusement court-circuiter, dans une farandole à la fois très graphique, délicieusement drôle, et au sous-texte moins léger, puisqu'il ne s'agit rien moins que du début de la nouvelle guerre. (On est légèrement surpris d'apprendre, au début du générique de fin, que le film doit beaucoup à Stefan Zweig, que le réalisateur remercie publiquement.)
On peut, en plus des péripéties diverses et cocasses qui s'enchaînent à un rythme riens moins que soutenu, s'amuser à reconnaître, sous leurs déguisements divers, les différents acteurs (et la liste est fort longue, qui défile au générique de fin!) qu'on identifie plus ou moins d'ailleurs (heureusement qu'on sait qu'il s'agit de Tilda Swinton, par exemple).
Le rythme est alerte, la musique aussi, qui fait merveilleusement corps avec l'action (Alexandre Desplats a encore une fois fait un excellent job)
Un grand grand bonheur de cinéma, voilà. un film gourmand, qui appelle, avec un sourire en coin, à en reprendre un petit morceau... (tss,en ce moment,  je ne vois que des excellents films!)

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7 mars 2014

à la renverse

WEEK-ENDS
de Anne Villacèque

J'avais trouvé la bande-annonce sympathique (Viard, Lvovsky, Gamblin)et comme Dom avait déjà vu le Anderson (que je suis donc allé voir tout seul ensuite), nous y sommes donc allés à la première séance...
je n'en connaissais rien, juste cette bande-annonce, et l'affiche, jue avant d'entrer. Promenade dominicale, cirés, bottes en caoutchouc, hum hum.
L'histoire de deux couples amis et voisins le week-end (ils ont acheté deux maisons face à face au bord de la mer ou quasi où ils viennent justement, les week-ends -on ne saura d'ailleurs rien ou presque de leur vie en semaine), où l'une des épouses (Karin Viard) va assez rapidement venir annoncer au couple de voisins (Noémie Lvovsky et Ulrich Tukur) que son mari (Jacques Gamblin) vient de la quitter pour une autre femme. Et le film va raconter, accompagné par une voix-off que j'ai cru être celle du réalisateur (mais, manque de bol, j'ai appris à la fin qu'il s'agissait d'une réalisatrice) et scandé par des très très belles images "météorologiques" (ou plutôt saisonnières) inter-chapitres du temps qui passe et du temps qui change (crépuscule, neige, brouillard etc.), le devenir de ces deux couples, et de quelques autres personnes (les enfants, la nouvelle copine, plus un jeune futur-ex-copain à la toute fin), avec un joli sens de l'observation, et surtout une façon plaisante de cataloguer, mine de rien, tous les moments de malaise(s) qui peuvent ainsi surgir, à l'intérieur d'un couple, mais aussi dans ses relations avec les autres. C'est plutôt finement observé, et tout aussi délicieusement rendu. L'interprétation y est sans doute pour beaucoup, tenue par un quatuor d'acteurs qui jouent leur partition avec conviction et un bel ensemble. Musique de chambre(s) mais pas que. On pourrait ainsi avoir deux guitares : une classique (Noémie L.), dans les harmonies folk, paisible,  et une électrique (Karin V.) à la partition plus rythmée, plus emportée parfois, avec des riffs rageurs, et des soli vengeurs. Côté hommes, Ulrich T. serait une contrebasse ou un violoncelle (un instrument dans les basses, placide, rassurant, harmonieux, tandis que Jacques G. serait parfait en saxophone (dont il est d'ailleurs supposé jouer dans le film) : décalé, mystérieux, mélancolique... Quatuor impeccable pour un film auquel d'aucuns pourraient reprocher son "classicisme", sa simplicité, mais c'est justement ça qui fait son charme, cette guirlande a priori placide de week-ends où Sophie Fillières en tant que co-scénariste a su apporter sa petite dose de venin indispensable.
Et la fin est magistrale. Une belle baffe que cette avant-dernière scène nocturne entre Gamblin et Tukur, avant une pirouette solaire et accordéonnisée Où sont tous mes amants ?

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4 mars 2014

true faith

"True Faith"

I feel so extraordinary
Something's got a hold on me
I get this feeling I'm in motion
A sudden sense of liberty
I don't care 'cause I'm not there
And I don't care if I'm here tomorrow
Again and again I've taken too much
Of the things that cost you too much
I used to think that the day would never come
I'd see delight in the shade of the morning sun
My morning sun is the drug that brings me near
To the childhood I lost, replaced by fear
I used to think that the day would never come
That my life would depend on the morning sun...

When I was a very small boy,
Very small boys talked to me
Now that we've grown up together
They're afraid of what they see
That's the price that we all pay
Our valued destiny comes to nothing
I can't tell you where we're going
I guess there was just no way of knowing
I used to think that the day would never come
I'd see delight in the shade of the morning sun
My morning sun is the drug that brings me near
To the childhood I lost, replaced by fear
I used to think that the day would never come
That my life would depend on the morning sun...

I feel so extraordinary
Something's got a hold on me
I get this feeling I'm in motion
A sudden sense of liberty
The chances are we've gone too far
You took my time and you took my money
Now I fear you've left me standing
In a world that's so demanding
I used to think that the day would never come
I'd see delight in the shade of the morning sun
My morning sun is the drug that brings me near
To the childhood I lost, replaced by fear
I used to think that the day would never come
That my life would depend on the morning sun...

j'ai enfin pensé à rechercher et recopier les paroles de cette chanson de New Orderque j'écoute depuis... oh... 30 ans, découverte via un clip de philippe decouflé je crois (des danseurs avec des costumes funny qui se donnent des baffes en rythme), visionnée à la brasserie de battant, -entre Luka de Suzanne Vega et la balade de Jim de Souchon pour situer-,  il y a ... ooooouh très longtemps...

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3 mars 2014

arête de maquereau

LE VENT SE LEVE
de Hayao Miyazaki

Passait pas beaucoup de fois en vo dans le bôô cinéma, ce fut donc à la séance de vendredi que j'y rencontrai Catherine, sans l'avoir planifié...
Le dernier Miyazaki, donc, dans tous les sens du terme. Un quasi-doc en dessins, à propos d'un ingénieur aéronautique nippon dans les années 20, et de sa bien-aimée tuberculeuse. Emotion, engins volants, maladie, nature, on retrouve tous les ingrédients qui font (ne parlons pas au passé) le charme des précédents chefs-d'oeuvre(s ? ) du maître. Et aussi beaucoups de rêves (j'adore) et de vent (idem) sans, heureusement la moindre grosse créature dégueulasse (ouf!).
Miyazaki aime beaucoup parler d'avions, et les dessiner surtout, ce n'est pas forcément mon sujet privilégié, mais laissons-lui ce plaisir, d'autant qu'il parle aussi d'amour , et que cette partie-là me touche bien plus. sans parler de l'émotion que suscite ces merveilleux paysages (arghh voilà que je parle comme un pectateur moyen d'un "certain festival"...) et surtout la sidérante façon dont le réalisateur nous les restitue (j'ai eu maintes fois envie de faire oooh et aaah).
L'histoire individuelle de Jiro, l'ingénieur, est insérée dans celle du Japon (dont Miyazaki retranscrit plusieurs épisodes importants avec son regard particulier, dotant par exemple le tremblement de terre d'un grognement de bête furieuse). On s'émeut en s'instruisant, et vice-versa. Magnifique.

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(et moins plein d'allégresse et de légèreté que pourrait le faire penser la tout aussi magnifique affiche.)

2 mars 2014

micro131

*

"laissons-nous bercer d'illusions, berner"

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Don Cabillaud

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 "Je suis moins cernée de ce côté là" (Marie, au FJT)

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les coqs ont les couilles à l'intérieur

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un réalisateur prénommé Calin réalise un film avec un personnage prénommé Barbu...

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 Je n'ai pas pu m'empêcher de photographier le cul
sublime du grand monsieur barbu
qui faisait la queue devant moi au Super U

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"de ceux"

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 photos floues parce que prises fiévreusement

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 la plus vieille étoile de l'univers

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 j'ai rêvé que je portais un manteau qui sentait la merde de chien

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entrepris de défragmenter mon appartement

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mercredi, j'ai oublié de servir la salade d'oranges, pourtant préparée avec amour...

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comme le titre d'une fable :
"Le routier turc, la carte sim et le saxophone"

*

 

 

1 mars 2014

beau à pleurer

... d'ailleurs je pleure
en écoutant "Painkillers and alcohol" de Judah Warsky.
Merci à Libé d'avoir publié vendredi un article (à la lecture éminemment énervante, mais c'est normal c'est du Bayon) sur le nouvel album de ce monsieur -argentin et barbu- que je ne connaissais absolument pas. En cherchant à en savoir plus sur le ouaibe, je suis tombé sur une notice sur le premier album du monsieur, puis sur un extrait de ladite chanson, qui m'a tellement sidéré que j'ai acheté l'album mp3 sur amaz*n.
Et cette première chanson de l'abum, c'est 6'14 de bonheur lacrymal (Emma, tu sais ce qui te reste à faire...). un petit clavier, une petite voix triste, il n'est pas très loin le Robert Wyatt de Rock bottom (et c'est peut-être pour ça qu'elles surgissent les larmes...)
Lire ici l'interview du monsieur, qui évoque justement, entre autres, Robert Wyatt...
J'adore l'histoire du majeur cassé, du clavier juste avec la main gauche... la théorie du bel accident.

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1 mars 2014

voeux

IDA
de Pawel Pawlikowski

Je suis d'ordinaire plutôt méfiant avec les "phénomènes de foule" cinématographiques, les unanimités louangeuses, les dithyrambes simultanées, surtout quand je n'ai pas encore vu le film en question (en général, passé le premier million de spectateurs, je m'abstiens...)
Nous avions envisagé (avant que certains ne le voient en prévisionnement et démarrent ding-dong! le concert laudatif) de le projeter dans le bôô cinéma, dans le cadre d'un jumelage franco-polonais, mais il est apparu hélas  impossible, pour des raisons évidentes lorsqu'on a vu le film, de le projeter  à cette occasion. Nous le ferons plus tard, et je suis donc allé le voir à Besac, dans mon Plazza Victor Hugo chéri, où le bouche-à-oreille (et la campagne de pub) remplissai(en)t à ras-bord la salle quand le film y était projeté. Mais qu'avait-il donc de si merveilleux et de si (téléramesquement) ju-bi-la-toire ?
A priori, cette histoire d'une jeune fille qui, avant de prononcer ses voeux pour devenir bonne soeur, découvre qu'elle est juive et que le reste de sa famille, juive aussi, a été exterminée par les gentils polonais, fait donc un bout de route avec sa tante alcoolo ex-procureur, haute en couleurs, n'avais pas forcément l'air si folichone que ça, tout ça en vo, en noir et blanc et en "format carré"... Ce qui donc aurait dû attirer au bas mot quatorze spectateur(e)s et basta, à l'image des autres beaux films en noir et blanc en v.o et/ou en format carré que nous projetons habituellement. Sauf que non non, le bouche-à-oreille s'est spontanément embrasé et  le compteur de spectateurs s'est mis à crépiter, en même temps que les critiques extasiées des journaux dans les (autres) journaux. Je ne sais pas exactement combien d'ajectifs existent pour dire que c'est bien, mais ils ont dû à l'heure où j'écris tous être utilisés.
Se serait-il produit le même curieux phénomène qui avait piédestalisé l'engouement de masse suscité par Le grand silence (me souviens-je bien du titre ?) un documentaire de hmmm heures sur les frères d'un couvent (trappiste ? je ne suis plus sûr). La bondieusitude susciterait-elle l'enthousiasme ? En ces temps troublés de manipulations de l'opinion (et de gens crédules) par des cathos d'extrême-droite, j'aurais tendance à être méfiant... Noyauteraient-ils aussi nos opinions cinéphiles ? Arghhh... (je suis très parano, je sais...)

Et le film, alors ?
Cinématographiquement c'est effectivement une merveille. De la très belle ouvrage. Avec un vrai travail sur les cadrages, la composition des plans (même sans être très attentif, vous ne pourrez que remarquer que neuf fois sur dix les personnages sont cadrés de façon à n'occuper qu'environ un quart de l'écran (de préférence en bas), sauf à la fin, tss tss je ne vous dis rien), le rythme du montage, la qualité de la texture de l'image... Ce qu'on retient de ce film, c'est l'incroyable... réserve ? retenue ? discrétion ? simplicité ? (j'ai du mal à trouver le terme exact), en tout cas la droiture du fil sur lequel il avance, sans efforts apparents, sans effets, jusqu'au bout. Tout au bout, parce que c'est comme ça. L'image, les images, sont constamment  somptueuses
Ida est un personnage fort, mais sa tante Wanda l'est sans doute encore plus, et l'alliance de ces deux tempéraments complètement opposés (autant l'une est jeune, paisible, introvertie, autant l'autre est alcoolo, grande gueule, femme à poigne, sans concessions) fonctionne parfaitement, dans l'équilibre (où, justement, la petite fraction de seconde, de vertige, où tout pourrait basculer) qu'elles s'apportent mutuellement. Tout ça dans une Pologne teuf-teufante des années 50/60 (le film n'est pas daté précisément, on sait juste qu'il est quelques temps après la guerre), qui titube entre l'anémie et la gueule de bois, avec l'incessant poil-à-gratter les consciences des "mauvais souvenirs" successifs. Sans que rien ne soit jamais assené (comme se répondent ces magnifiques images-échos que composent ces deux rectangles verticaux "forts" du film, l'un sombre, creusé dans la terre, où un homme est prostré, et l'autre, lumineux et clair, d'une fenêtre qu'une femme ouvre)
Et c'est là qu'on peut se souvenir (après avoir fouillé sur gougueul) que Pawel Pawlikowski a réalisé, il y a quelques années, un premier film foudroyant, Transit Palace, et qu'on aurait vraiment alors envie de le revoir...

Donc, j'accorde ma -totale- bénédiction  à ce film-là, qui parle de la Pologne, de la guerre, de l'antisémtisime, du communisme, de la culpabilité, de l'hiver, de la foi en l'avenir -ou en autre chose- sans jamais forcer le trait, mais juste avec l'intensité requise pour générer l'émotion, ce beau film si doux et si triste, tout en continuant à me demander par quels moyens il a pu produire cet effet-là. Décidément, -ouille- les voies du seigneur sont bien impénétrables...

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28 février 2014

seize ares 2014

tadam! ce soir c'est la cérémonie de remise des Choris, en direct de mon salon, depuis le canapé bleu!

- Chori de la meilleure actrice : Adèle Exarchopulos pour La vie d'Adèle et Florence Loiret-Caille pour Queen of Montreuil (ex-aequo)
- Chori de la milleure actrice ayant joué dans le plus de films intéressants en 2014 : Sara Forestier (pour Suzanne, Mes séances de lutte, l'amour est un crime parfait)
- Chori du meilleur acteur : Grégory Gadebois pour Mon âme par toi guérie
- Chori du meilleur acteur et de la meilleure actrice : Nicolas Maury pour Les rencontres d'après minuit
- Chori du meilleur acteur dans le rôle de sa mère : Guillaume Gallienne pour Les garçons et Guillaume, à  table!
- Chori du meilleur acteur étant venu présenter son film dans notre bôô cinéma : Vincent Solheid pour Le grand'tour
- Chori du meilleur acteur hétéro viril bourru mais qu'on le prendrait bien sur ses genoux pour le consoler: Denis Ménochet pour Nos héros sont morts ce soir et Pippo Delbono pour Henri (ex-aequo)
- Chori du meilleur personnage incarné : Patrick d'Assumçao pour son rôle dans L'inconnu du lac

- Chori du meilleur film avec Vincent Macaigne : 2 automnes, 3 hivers de  Frédéric Betbeder
- Chori du meilleur film à quéquette visible : L'inconnu du lac, d'Alain Guiraudie
- Chori du meilleur film de greluches : Les coquillettes de Sophie Letourneur
- Chori du meilleur film dans lequel on aimerait bien vivre : Queen of Montreuil, de Solveig Anspach
- Chori du film avec la distribution la plus alléchante : Le prochain film de René Féret (Frédéric Pierrot, Maryline Canto, Antoine Chappey, Grégory Gadebois...)
- Chori de la meilleure bonne surprise : Une place sur la terre de Fabienne Godet
- Chori de la plus grosse déception : Tip top de Serge Bozon
- Chori du meilleur film avec des jeunes gens torse-nu et des hormones mâles : Les apaches, de Thierry de Pedretti
- Chori du meilleur film avec des footeux : Je suis supporter du standard de Riton Lieman
- Chori du meilleur film m'ayant fait ressentir cruellement la singularité de mes bonheurs cinématographiques : Les rencontres d'après minuit de Yann Gonzalez
- Chori du meilleur film en noir et blanc avec des gros catcheurs sexy : Nos héros sont morts ce soir de David Perrault
- Chori du meilleur documentaire le plus émouvant (ou le contraire) : Entrée du personnel de Manuela Fresil et Jaurès de Vincent Dieutre (ex-aequo)
- Chori du meilleur documentaire  avec des animaux dedans : Léviathan de Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel

- Chori du meilleur documentaire  étranger avec des animaux dedans : Bestiaire de Denis Côté
- Chori du meilleur film étranger où je n'ai pas tout compris mais que j'ai très envie de revoir (à mon grand étonnement) : Histoire de ma mort d'Albert Serra
- Chori du meilleur film étranger avec des mecs habillés en rouge qui marchent à travers la Belgique : Le grand'tour de Jérôme Le Maire
- Chori du meilleur film étranger avec des mecs en salopette qui marchent en plantant des poteaux : Prince of Texas de David Gordon Green
Chori du meilleur film étranger avec un mec qui marche en portant un chat : Inside LLewyn Davis des frères Coen
- Chori du meilleur film étranger avec un mec qui marche en portant un fusil : A touch of Sin de Jia Zang-Khe
- Chori du meilleur film étranger avec des auréoles de transpiration : Blue jasmine de Woody Allen
- Chori du meilleur film étranger vu à Paris mais que je n'ai plus pu revoir nulle part après : Chatrak de Vimukthi Jayasundara

25 février 2014

pas précisément quelqu'un d'aimable

MERE ET FILS
de Calin Peter Netzer

J'ai déjà dit et re- tout le bien que je pensais du cinéma roumain, ou du "nouveau cinéma roumain", (en gros, post Pintilié ou post Ceaucescu), dont nous avons, avec nos petites mains, programmé la quasi-intégralité dans le bôô cinéma. Ce réalisateur présentait la particularité d'avoir un prénom charmant (Calin) et un nom inconnu de nos services. Allons-z-'y donc, puisque c'est roumain...
Il y avait hier soir un peu de monde dans la salle, (même si deux dames l'ont quittée en cours de projection, l'une très rapidement et la seconde un peu plus tard). On pourrait dire de Mère et fils qu'il est rigoureux, comme on le dirait d'un hiver. Un froid et sec et sain. (Comme on pourrait le dire d'ailleurs d'une grande majorité des autres films roumains.) J'étais plutôt content de ma formule, trouvée pendant le film, mais je ne suis plus si sûr qu'elle convienne parfaitement. Il y manque la nuance de cette plus ou moins perceptible distance que peuvent générer l'humour ou la lucidité (voire les deux). Pour filer la métaphore hivernale, on pourrait rajouter "tonique et stimulant".
J'aime dans le cinéma roumain ce que j'aime aussi, par exemple (ce qui n'a quasiment rien à voir) , chez un Jia Zang-Khe : l'inscription d'un propos "fictionnel" dans une réalité brute et réaliste. Des histoires simples, racontées cinématographiquement. En général, on y parle beaucoup (c'est en effet ici le cas) et on s'y affronte au moins autant (ce qui est encore le cas ici). Huis-clos, face-à-face, lieux confinés, plans rapprochés.
Ici, on n'oublie jamais qu'on est au cinéma, tant la caméra portée virevolte et zigzague (parfois comme un moustique obstiné) plus ou moins gratuitement d'ailleurs parfois. Je conçois que cela puisse donner au spectateur lambda un sentiment de tangage et de roulis rendant le film encore plus inconfortable. Oui, ça fait du bien quand ça se pose.
Et Mère et fils, le titre, a l'avantage de dire l'essentiel du film. Cornelia (une bourge à manteau de fourrure) est la mère de Barbu (un trentenaire maussade). Mère possessive jusqu'à l'étouffement de ce fils unique qui cherche à prendre ses distances. Mais quand ledit fils va avoir un accident (en roulant beaucoup trop vite, il a écrasé un gamin), Cornelia va tout mettre en oeuvre pour qu'il s'en sorte sans trop de dommages, et c'est toute cette procédure (les policiers, le constat, la prise de sang, le témoin, l'affrontement avec la famille du gamin) qu'on va suivre tout au long du film, alternant les démarches diverses de Cornelia (elle a des "relations" et les fait jouer autant qu'elle peut, et ce sans états d'âme) et les affrontements successifs qu'elle a avec son fils, sa belle-fille, son mari...
C'est très "roumain" et j'adore ça. On parle beaucoup, on se gueule à la figure, on ne lésine pas sur les insultes et autres noms de volatiles divers (bien plus que ça, même, ne faut-il pas être un fils roumain pour pouvoir lâcher à ta mère "va te faire enculer.." ?). Cornelia est une maîtresse-femme, elle occupe littéralement le film, jusqu'à une scène finale (je veux parler de la toute fin, dans la voiture, de loin la plus forte parce que sans aucun mot, juste un regard, un geste, un rétroviseur, où, pour la première fois peut-être de sa vie (en tout cas, du film), où, enfin (il était temps!) le fils en question va avoir le courage de.) qui clôt le propos d'une façon (paradoxalement ?) apaisée, peut-être parce qu'enfin, justement, elle se tait.

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24 février 2014

prises de sang

ONLY LOVERS LEFT ALIVE
de Jim Jarmusch

Jim J. faisant partie de la garde rapprochée de ma cinéphilie personnelle, il importait donc que ce film fût vu le premier jour à la première séquence (déjà que je n'avais désespérément pas pu aller à la journée de prévisionnement...), surtout en ce mercredi après-midi qui dès le début m'avait semblé placé sous les meilleurs auspices...
"Oooooh Jim..." pensais-je en m'installant, comme le chantait Lou Reed sur Berlin. Je connaissais déjà l'avis de Nicolas, celui de Claude, celui d'Hervé (qui l'avaient déjà vu, eux), je n'étais donc pas vraiment inquiet, juste surtout impatient. Il y a des plaisirs, comme ça, que je suis incapable de différer.
Claude  m'avait prévenu que la scène d'ouverture était comme un vortex. Normal, pour pénétrer dans un film de vampires, il faut au préalable y avoir été invité par les hôtes du lieu. Et cette invitation prend une forme tout à fait enivrante il est vrai. Et nous voilà installés dans cette demeure pleine de bric-à-brac. Bien que le thème du vampirisme me soit assez étranger (à part au 36ème degré, genre série Z, Hammer productions et Christopher Lee, et encore...) le petit père Jarmusch se l'approprie, il le plie, le replie et le redéplie avec des virtuosités d'origamiste, et le transfigure, comme il avait pu le faire pour le western avec Dead man, ou le film de gangsters et de mafia avec Ghost Dog.
Il nous livre un objet incroyablement classieux, glamour, sans être du tout papier glacé. Plutôt feuilles de grimoire, quelque chose d'écrit de beau, de raffiné, de touchant, qui existe depuis si longtemps (au fil du temps) qui nous est transmis (et nous survivra).
Un homme, une femme, Detroit et Tanger, la musique et les livres, lui Adam et elle Eve. Boy meets girl. Ou plutôt l'a rencontrée il y a trèèèèèèèèès longtemps (leurs journées se comptent en siècles) et nos amoureux se parlent via portables ou tablettes, voyagent, en avion (départ de nuit et arrivée de nuit) dorment le jour terrés dans leurs antres et se réveillent le soir, mais pas de chauves-souris de cimetières  de gousses d'ail ni de pieu dans le coeur. Pour assurer leur subsistance ils s'approvisionnent en sang sélectionné (le O négatif semble être leur nectar préféré) auprès de médecins dûment rétribués, breuvage quasiment psychotrope qu'ils boivent dans de jolis verres et semble leur procurer une ineffable extase.
Une vie, deux vies plutôt, de vampires dandys, vaguement décadents, cultivant -lui surtout- une indicible et permanente mélancolie (il est compositeur, et souffla d'ailleurs jadis quelques airs à Schubert). Aristocratiques buveurs de sang, toujours entre deux sommes, deux départs, deux déceptions. Une fuite quasi immobile, exigeante et recluse (ils se sont coupés volontairement de ceux qu'ils surnomment les zombies -c'est à dire nous-) à mi-chemin entre la rock-star et l'anachorète.
Il ne se passe quasiment rien, question anecdote : à Detroit, un dénommé Ian (au look de métaleux gentil) aide Adam avant qu'Eve ne les rejoigne , puis ils recevront la visite de la soeur d'Eve (une petite pestouille), avant que de repartir ensemble à Tanger.
C'est nocturne, c'est baroque, c'est grandiose, ça se déguste comme nos vampires chéris sirotent leur élixir : avec respect, dans un certain cérémonial. Un objet magnifiquement hors-normes.
Oooooh Jim...

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Top 10, probablement

 

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