cinéparis1 (dimanche)
PASSION
de Brian de Palma
J'adore le De Palma des débuts, le violent, le sanglant, l'excessif, celui de Sisters, de Carrie, de Furie, d'Obsession, de Pulsions (tiens, tous ces films-là ont un titre d'un seul mot) celui que les critiques critiquaient & moquaient comme pompeur d'Hitchcock (ce qui n'était pas vraiment faux), et le voilà qui ensuite s'est acquis une légitimité cinématographique avec notamment des histoires de mafia qui ne m'ont pas intéressé (et que je ne suis pas allé voir...)
Celui-là m'a fait envie, sans doute à cause de la promo soigneusement organisée et du battage médiatique dont il a fait l'objet. Et quel plaisir de le voir, à 9h du mat, sur grand écran et en VO.
Point de mafia, donc, juste une boîte de pub. Un unvers où tout est faux (et falsifié) : les gens, les sentiments, les relations, leurs représentations, tout est délicatement, délicieusement faux (et même - pourquoi pas - faussement faux).
La première moitié du film est très lisse, plastique, botoxée pourrait-on dire, qui narre les rapports de ces deux executive-women, la blonde (la supérieure, la salope) et la brune (la sous-fifre, la nunuche) mais en fin de compte elles sont trois, il y a entre les deux une rousse qui n'a pas dit son dernier mot. Vacheries, réconciliations, baisers, manipulations, tout y passe.
Enfin arrive le De Palma que j'aime, scène de meurtre en split-screen (à gauche ça danse, à droite ça couic!), et à partir de là, ça part merveilleusement en vrille, nickellement, avec filmage en biais récurrent, coups de théâtre - ou de ballet -, scènes de rêve qui s'interpénètrent, voilà que les flics (et les gardiennes de prison) se mettent à parler allemand, et que le spectateur s'égare (est égaré) dans ce dédale onirique à répétition, conçu pour dissimuler une vérité somme toute pas très compliquée finalement.
Plaisant dans sa vacherie glamour.