animals
je l'ai déjà dit et je le répète, ça doit être mon côté snob (ou vieux con), mais j'ai horreur qu'on me force la main en me donnant des conseils littéraires (que ce soient les libraires ou les critiques) : chaque fois ou presque que j'ai cédé aux dits conseils ("aiiiiie confiannnnnce, crois-en moi...") j'ai été légèrement désappointé ou cruellement déçu...
Et là, j'ai craqué (encore merci Emma, pour ce chèque-cadeau!) pour l'achat d'un, qui était spécialement recommandé par plusieurs critiques (et auquel il me semble que mon libraire préféré aussi faisait les yeux doux, bien qu'il ne me l'ait pas explicitement dit.)
Et je ne le regrette pas, et je déguste ce un petit bouquin (même pas 140 pages, à L'Olivier, j'aime cet éditeur à qui je dois quelques intenses bonheurs...). Ca s'appelle Vie animale, et l'auteur, Justin Torres, est un inconnu au bataillon. Mais aux traces duquel je vais désormais m'attacher.
Le narrateur est le plus jeune de trois frères d'une famille latino (porto-ricaine pour être précis), ce qu'on pourrait appeler des "pauvres gens", et il nous raconte des bouts (des éclats) de son enfance, avec ses deux frangins, et Paps et Ma, leurs parents.
Une écriture simple, quotidienne, sans fioritures, qui s'enflamme régulièrement dans des régions si violemment belles et poétiques qu'elles en feraient venir les larmes aux yeux. Parfois, simplement, avec une répétition, ou un mot qu'on n'aurait pas forcément mis là, une expression inattendue... Peut-être suis-je hypersensible, peut-être Justin Torres est il hyperdoué, toujours est-il que je trouve ça extrêmement beau.
Touchant, poignant, émouvant, un récit d'enfance simple et cru, terriblement sincère, découpé en vignettes brèves, instants choisis, sans complaisance, sans misérabilisme, sans apitoiement.
Il est souvent question de colère. On pourrait préciser de saine colère.
Un livre à la fois léger (matériellement) et incroyablement dense, avec un poids certains dans ses retentissements, mais, bon, ne m'écoutez pas trop, finalement, vous risquez d'être déçus...
(chat échaudé...)
Je suis en train de lire l'avant-dernier chapitre, un des plus longs, et je le fractionne pour le faire durer...
Furieusement poétique, ou poétiquement furieux ???