Alors nous y voilà, pour un nouveau séjour parisien...
Ce matin, direction UGC Les Halles après histoires de problèmes de four pour Malou... (heureusement résolues)
BULLHEAD
de Michael R. Roskam
Un film puissant, à l'image de son acteur principal, impressionnant d'animalité. Au début on a un peu peur, on a le sentiment de ne rien comprendre, puis les choses se posent, s'installent, se ramifient, se complexifient... Bétail, trafic d'hormones, mafia locale, trauma enfantin, assassinat, voiture volée, amour malheureux, poids de la culpabilité, lâcheté, vengeance, tous les éléments sont réunis pour composer à la fois un polar complexe et une tragédie contemporaine. Le réalisateur impulse un souffle quasiment épique pour ce qui aurait pu n'être qu'une petite histoire sordide de traficotage mais qui, par la force de la mise en scène, l'intensité du récit, l'épaisseur et la profondeur des personnages, capture le spectateur très rapidement, et ne le lâche plus, jusqu'à la fin.
Le travail sur les personnages principaux (Jacky, l'ami d'enfance, la demoiselle) ou un peu moins exploités (la fliquesse et le fliquet) est vraiment remarquable, et la construction du film ne l'est pas moins. Le réalisateur pratique un art consommé des montagnes russes, et vous fait passer de l'inquiétude aux larmes, en passant même par le sourire (les personnages des garagistes). On est tendu, on pressent le pire, qui vient ou ne vient pas, mais on ne relâche pas son attention une seconde...
Plusieurs fois j'ai pensé à Drive, même si les films ont peut-être peu° en commun (le "héros" solitaire et mutique, l'historiette d'amour, les scènes de violence (ou d'hyper) soudaines - on a même une nouvelle "scène de l'ascenseur!"-)
Bref, un sacré moment de cinéma!
CE QU'IL RESTERA DE NOUS
de Vincent Macaigne
Celui-là, je ne savais même pas qu'il sortait. Moyen-métrage de 44 minutes, récemment primé au Festival de Clermont, critiques élogieuses, je n'ai appris son passage qu'en passant, justement, devant le MK2 Beaubourg, ce matin. Une seule séance quotidienne, 19h, la salle 2 est quasi comble (reste une place à côté de moi, ma voisine de gauche y ayant posé son manteau jusqu'au quasi début du film (et que je lui demande "vous attendez quelqu'un?").
Le réalisateur (qui est surtout un metteur en scène de théâtre dont on parle beaucoup et dont, donc, j'ai entendu parler) nous fait l'honneur d'une visite surprise juste avant le film, en compagnie de l'acteur principal et du producteur (?) (je ne suis pas sûr) et nous donne rendez-vous après, pour échanger...
Le début du film ressemble à ce que je sais des pièces de Macaigne : des personnages qui hurlent, qui vocifèrent, qui gueulent, l'histoire de deux frères à la mort de leur père, et de la femme d'un des frères. Au départ c'est plutôt cahotique, mais peu à peu les choses se posent, presque pourrait-on dire. C'est féroce, agressif, excessif, sonore, très... physique (très jolie scène AQV), et jusqu'au bout, on ne sait pas vraiment sur quel pied danser, tant on reste, finalement, sur sa faim...
Théâtre ? répétitions ? work in progress ? making of ? C'est un objet sans doute conceptuel, un truc arty, une nouvelle corde à l'arc d'un archer déjà multidigitigrade... Le vague argument (prétexte) narratif est certes relayé par les "performances" des acteurs, et il est bien alors question de cinéma (même si le réalisateur s'en défend comme il nous l'expliquera dans le bref mais riche échange post-film). Vincent Macaigne s'avère être un jeune barbu et chevelu délicieux (très éloigné de l'image que je pouvais avoir de lui) et qui s'est révélé de plus relativement jovial (et désinvolte) sur la façon dont le "film" s'est fait (pas de techniciens, pas de "grammaire cinématographique", tournage et montage et scénario à l'arrache), invitant les spectateurs qui le souhaitaient à venir boire un pot avec lui/eux pour parler du film après... J'ai pas osé...
Tout ça est agréable, mais... vain, branchouille en diable. (Expliquer à des gens qui ont tout de même payé 6,10€ pour 44 minutes d'images que tout ça n'est peut-être pas du cinéma et s'est fait comme ça, au petit bonheur quasiment (Vincent M. nous répète qu'à partir de ses 70h de rushes, il aurait pu monter tout à fait complètement autre chose) entre potes du théâââtre a quelque chose d'un peu agaçant - ne serait-ce pas un peu du foutage de gueule très parisien ?- mais bon passons, de toute façon, je lui passerais tout, plus j'y pense plus ce mec me fait craquer hihihi.)
Un charmant barbu, une jolie quéquette, une invitation sottement (de ma part) déclinée voilà ce qu'il me restera de cette soirée... ("Prenons-en ce que nous pouvons, servons nous!!!" pourrais-je conclure en HURLANT...)