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lieux communs (et autres fadaises)

21 septembre 2011

mal à mon gulliver

ORANGE MECANIQUE
de Stanley Kubrick

Wouaaaaah ! Mes droughies! Quelle claque! J'y allais je le reconnais avec un peu d'appréhension (je l'avais vu, mais il y a si longtemps, et de plus en VF je pense, et je craignais le vieillissement). Me voilà rassuré! la première demi-heure est absolument éblouissante, j'en avais presque le souffle coupé, tellement c'est bien. La musique y est pour beaucoup, Malcolm mc Dowell aussi, et le filmage de Stanley K aussi. A couper le souffle, vous dis-je.
L'histoire, grinçante et futuriste pour l'époque (1971, tout de même!) n'est somme toute pas si éloignée de notre réalité contemporaine. Adaptée d'un roman d'Anthony Burgess (qui est gentiment et quasi subliminalement remercié en quelque sorte, dans les articles de journaux qui apparaissent à la fin) elle traite d'ultraviolence et de politique (rien de nouveau par les temps qui courent, n'est-il pas ?) j'vais le souvenir d'une histoire en deux temps symétriques (1 : Alex est méchant avec les gens /2 : Les gens sont méchants avec Alex) mais qui n'en sont que les temps impairs (1 et 3), et j'avais donc oublié les deux autres mouvements (Alex est rééduqué / Alex est récupéré, respectivement les 2ème et 4ème de cet opus aussi musical que percutant je le répète.)
Le premier mouvement vole si haut -esthétiquement et narrativement- que la suite ne peut que lui être inférieure, mais c'est logique somme toute puisque l'histoire d'Alex est tout de même celle d'une chute, et il est donc logique que le mouvement en soit descendant... comme si Kubrick débutait son récit en hurlant et le terminait en chuchotant, ou quasi.
Le tout début du film, qui démarre sur le regard maquillé et par en dessous d'Alex, et continue par un travelling arrière est, je l'ai dit, vraiment éblouissant, sur la musique originale -et diablement efficace- de Walter Carlos (qui n'était pas encore devenu Wendy...) encore plus lorsque vient s'y ajouter la voix off du narrateur dont on s'aperçoit assez vite qu'elle est truffée de néologismes ou d'inventions (comme Orwell avait inventé la novlangue pour 1984).
Kubrick s'amuse à inventer une Angleterre futur(ist)e, quoique absolument pas datée, où rien n'a changé à vrai dire : les riches sont riches et se claquemurent, et les pauvres sont pauvres, s'ennuient, et se distraient donc à attaquer les riches (mais pas que, ils s'attaquent même entre eux). Alex est un de ces chefs de bande, et nous allons nous attacher à ses basques l'espace d'une nuit, puis d'une autre. Moi qui suis trouillard comme une gerboise en pleine guerre atomique, je ne me suis pourtant pas caché les yeux ou quasi : il s'agit d'actes de violence, certes, dégueulasses, ignobles, mais la musique produit un curieux effet de distanciation ou, mieux, de déréalisation. il s'agit de spectacle avant tout, et Kubrick n'oublie pas de nous le rappeler.
Après un délit particulièrement crapoteux (et la trahison de ses sous-fifres) Alex va se retrouver en taule (je me souviens que c'était l'extrait qu'ils avaient passé à la télé quand Pierre Tchernia, dans Monsieur Cinéma, avait annoncé la sortie de ce  film "au titre étrange") et va réussir à en sortir plus vite que prévu en acceptant de se soumettre à un traitement "radical" destiné à éradiquer la violence qui est en lui, à ne plus lui donner le choix. (comme le souligne, indigné, l'aumônier de la prison).
Le traitement (qui est quasiment pire que le mal qu'il veut soigner) réussit, Alex sort de prison, et va (re) tomber de Charybde en Scylla, sous la forme de chacune des personnes auxquelles il a eu affaire dans la première partie. Tout va donc aller de mal en pis,et sans que le pauvre puisse répliquer, jusqu'à un final que, je dois le dire, j'avais complètement oublié, mais qui rend encore plus saumâtre tout ce qui a précédé...
Cette deuxième partie est nettement moins intéressante, elle est d'ailleurs traitée moins esthétiquement, plus excessivement, avec forces grimaces et ricanements (de plus en plus, à vrai dire, plus on s'approche de la fin.) On était partis de si haut que ça fait drôle de se retrouver comme ça un peu le nez dans la gadoue...
I'm singing in the rain...

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17 septembre 2011

micro98

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"Mon internet est tout décoloré" (Joseline)

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un plombier prénommé Angelot

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 4 personnes sur 5 mentent à propos des films qu'ils disent avoir vus

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chapelle ardente

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je fais de la photo "tout-venant"

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Des bouquins de plus de cinquante ans sont moins jaunis que d'autres qui en ont à peine dix!

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"Si tu veux désobéir, cache-toi..." (d'un documentaire tunisien)

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Entraperçu un ado qui bondissait et rebondissait furieusement sur le capot d'une voiture, l'oeil noir

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Dans un raout avec des discours, l'Etat parle toujours en dernier

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P, un peu saoul, qui me serre la main dans sa grosse patte suffisamment longtemps pour que je puisse en apprécier pleinement le contact

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 J'en passerais des heures à écouter J'en passerai...

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"Restez incomestibles..." (Daniel Boucon)

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 Je voudrais trouver une illustration valable pour "les bourses restent nerveuses"

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16 septembre 2011

fragments d'un discours amoureux

LES AMOURS IMAGINAIRES
de Xavier Dolan

Ce film-là, je l'avais manqué à sa sortie, plus ou moins (in)volontairement, je n'arrive toujours pas à savoir. Il aura fallu l'insistance de Loulou (elle a fini par me prêter le dvd) et un mail où elle me demandait si je l'avais regardé pour que je me prenne par la main et que je m'installe ce soir sur le canapé pour le visionner.
Peut-être aussi le fait que j'ai rêvé cette nuit de Thomas (le jeune homme en t-shirt, dont je suis désormais sans nouvelles depuis un an et demi) et que ce rêve -non seulement ça n'allait pas trop mal mais je me disais presque qu'il y avait une possibilité d'ouverture, est-il con mon inconscient, n'est-il pas ?- a suffisamment stimulé ma production d'endorphine que j'aie été d'excellente humeur toute la journée.

Dolan ? J'avais moyennement aimé son premier film, que je trouvais  narcissique et complaisant, pour ne pas aborder celui-ci sans un minimum de prudence. Je me méfie des sons de cloches unanimes sur les jeunes prodiges. Et je dois confesser que j'ai un léger problème avec le joual, le langage québécois et ses expressions bigarrées et fleuries, à le comprendre, je veux dire. Surtout qu'ils parlent vite et qu'on n'arrive pas toujours à tout saisir. Nos tourtereaux, je veux dire. Car le film est construit sur deux niveaux : l'histoire d'un triangle amoureux (deux mecs et une nana : un gay, une hétéro et un on ne sait pas trop quoi) d'abord, et, régulièrement intercalés, des témoignages d'anonymes (tous sexes et désirs confondus) qui parlent à la caméra de leur histoire d'amour. En québécois.
Double niveau, double traitement : si les témoignages sont gentiment sous-titrés (et incontestablement, ça aide...) le triangle amoureux ne l'est pas (et il y a certaines fois où on rame, à la fois auditivement et compréhensivement).
Au départ, l'intérêt est un peu déséquilibré : autant j'étais attentif et touché par ces témoignages d'anonymes (tous plutôt très touchants), autant, au début, l'histoire de Marie, de Francis et de Nicolas me laissait plutôt de glace. C'est très très joliment fait mais on reste -au début donc- plutôt en dehors. Un garçon et une fille -amis- qui flashent sur le même blondinet frisé, c'est l'éternelle histoire juste un peu remise au goût du jour.
Mais, insensiblement, on se prend au jeu, au rythme des hauts et des bas de cette histoire amoureuse qui passe par toutes les figures imposées, et déjà recensées -il y a belle lurette, rendez-vous compte, j'étais jeune!- par Roro Barthes, dans le bouquin qui donne son titre à ce post (qui aurait pu aussi s'appeler Sérénade à trois, un coucou à Lubitsch).
Le film ne nous dit rien d'autre que, quand on aime, on est en définitive assez seul. Essentiellement seul, même, par définition. Seul avec ses rêves, ses envies, ses projections, ses attentes, ses regrets. "L'autre" serait quasiment accessoire. Juste le catalyseur qui embraye, qui initie la réaction chimique (comme dirait Lagarce " car chimie et rien d'autre") L'objet de mon affection ? Quelle rigolade!
Il est, bien entendu, plutôt question de déceptions, de souffrances, de douleurs. Plus ou moins grandes, plus ou moins aiguës. Mais le film ne pleurniche pas, et reste tonique. Acidulé a écrit, me semble-t-il, Le Monde. (je viens de vérifier, pas du tout, on y parle juste de "bijou pop", ce qui est somme toute dans l'esprit)
C'est incontestablement réussi. Un peu m'as-tu-vu / je me regarde filmer parfois, mais bon on ne va pas chipoter sur l'élégance ou la virtuosité, n'est-ce pas ?
Au départ, c'est vrai, je regardais ça d'un peu loin, en me disant "ouais, quand même tout ça c'est bien des trucs de djeunz, hein, who do you love ?,  écorchés vifs, je suis le plus malheureux du monde, etc., mais me suis souvenu ensuite de l'état dans lequel ce genre de chose pouvait en effet te vous plonger. Et réalisé, avec regret que depuis longtemps ça ne m'était pas arrivé... Ces jeux tordus et immémoriaux de la séduction ("car séduction et rien d'autre" ?) Oui bien longtemps ( sans arriver à savoir, en définitive, si , en ce qui me concerne, cet état était plus délicieux que douloureux, ou le contraire... et puis je suis vieux, dorénavant, hihihi.)
Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils s'aiment ou pas, ils sont malheureux plus ou moins, la bande-son est absolument superbe -mais hélas pas trouvable dans le commerce- et en plus à la fin on voit Louis Garrel faire un clin d'oeil (et impulser semblerait-il le beginning d'une nouvelle chanson d'amour... Bref, tout ça ne serait tout de même pas très éloigné de l'univers de Christophe Honoré, non ?

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15 septembre 2011

fumée blanche

HABEMUS PAPAM
de Nanni Moretti

Nanni Moretti, en général, j'aime plutôt bien. Un revendicateur, un gueulard, un rouge, un anti-Berlusconi... Que  demander de plus ? il fait des films brillants, cinématographiquement parlant, politiques aussi, par essence, et par là même pas forcément aimables. L'homme d'ailleurs (Moretti) ne l'est pas forcément non plus, agréable ni souriant, mais qu'importe.
Je lui dois quelques bonheurs filmiques (Journal intime, par exemple...) durables. habemus papam fait certes partie de ces bonheurs, mais je ne suis pas sûr qu'il fera partie des durablement incontestables (ou incontestblement durables, règle dite "de l'adverbe adjectivé" -ou de l'adjectif adverbé, comme on préfèrera). il rentre dans la même catégorie que Palombella rossa, La messe est finie, ou La chambre du fils.

Le pape est mort, un nouveau pape est appelé à régner doit être élu. Le (concile? conclave? synclave? symphise?) se réunit pour l'occasion. décorum, grandes pompes, froufroutis de robes rouges et frémissement de tiares, journalistes en grappes effervescentes et fidèles massés sur la place St pierre... Pour ce qui est de la figuration, Moretti n'a pas lésiné...
On fait plusieurs tours de vote, on dépouille, chacun prie pour ne pas être l'heureux élu, et plaf! le sort désigne le Cardinal Melville (Michel Piccoli) qui, hop, illico va péter les plombs (et se mettre à crier comme le pape du même nom dans le tableau de Francis Bacon).
Il ne pense pas être fait pour cette tâche, cette charge, ce fardeau, et bref, ses hésitations et tergiversations vont gripper la machine du cérémonial protocolaire bien établi, et les choses vont s'immobilisées et rester suspendues, comme dans un arrêt sur image, une situation jamais de jamais vue au Vatican.
Piccoli, bien vieilli,  est excellent dans un rôle de presque pape, certes, mais qui fait penser aussi à son personnage dans le Je rentre à la maison, de Manoel de Oliveira.

Moretti filme "de l'intérieur" toute cette histoire, depuis les fastes officiels jusqu'aux flottements très officieux (publiquement, rien ne doit transparaître) et se met lui-même en scène dans le rôle d'un psy venu pour aider le papounet dans le secret le plus absolu (confiscation du portable incluse), et qui, au chômage à cause de l'évanescence temporaire dudit pape va organiser... un tournoi de volley-ball entre les évêques (un moment délicieux du film, même si d'aucuns le trouvèrent "trop long").

Le film ainsi navigue entre le franchement drôle, le souriant, et le grinçant, voire l'amer, mais sans jamais en rajouter... Aussi attentif (attentionné)quand il s'attache à un homme seul (Piccoli, impressionnant) qu'envers une communauté entière (les évêques à l'intérieur, les journalistes dans la télé -une scène qui m'a fait hurler de rire- et les fidèles sur le parvis). Miraculeux, pourrait-on dire ?  A voir, en tout cas, ma foi...

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14 septembre 2011

les chansons des bien-aimés

01 Je peux vivre sans toi - Ludivine Sagnier 03:01
La première chanson du film. Efficace. Un côté yéyé, sympa, enlevé ("les coups de schlague, les coups de trique et les coups de knout")


02 Prague - Ludivine Sagnier 02:25
Une des chansons les plus faibles du film. Mollassonne (et l'insupportable "soleil-leu pâle"...)

03 Les chiens ne font pas des chats - Ludivine Sagnier,Rasha Bukvic 03:08
Une perle, autant le duo que la scène dans le film, une "vraie" scène de comédie musicale. Rythme, timing, jeu, attitudes. Du bonheur. (et la légère pointe d'accent tchèque de Rasha vient délicieusement papriker le tout.)

04 Tout est si calme - Ludivine Sagnier,Chiara Mastroianni,Catherine Deneuve,Clara Couste 02:53
Le "tournant" du film, le passage de relais entre les deux générations de mère-fille, construit dans l'ordre : quatre âges successifs, quatre voix de femmes qui marchent dans la nuit. Un plus beau moment dans le film que sur le disque.

05 Who do you love ? - Thousand 02:46
La première apparition de Paul Schneider (pas grand chose de plus à en dire)

06 Ici Londres - Chiara Mastroianni, Paul Schneider 03:09
Le premier duo entre Chiara et Paul, un très beau moment (chorégraphie londonienne et nocturne). Mélancolique (elle vient de se prendre une bâche) mais énergique. Chacun sur son trottoir. (Mais ils arrivent à chanter ensemble)

07 Une fille légère - Chiara Mastroianni,Catherine Deneuve 03:02
Mou-mou (un des morceaux que j'écoute le moins). Anecdotique (elles se passent et se repassent une cigarette).

08 J'en passerai - Chiara Mastroianni 03:08
Le morceau que j'écoute le plus. Sublime sur le disque, et pourtant scène très simple dans le film. (Elle marche dans les rues en portant un lecteur dvd que sa mère vient de lui offrir.) Très très très beau. "J'en passerai des meilleures..."

09 Qui aimes-tu ? - Chiara Mastroianni,Paul Schneider 02:39
Une des chansons qui m'avait accroché le plus  l'oreille dès la première vision (le duo et le jeu de variations entre Chiara et Paul est vraiment réjouissant, comment chacun peut ainsi dire le contraire de l'autre, ou avoir "sa" vision des choses)

10 Reims - Louis Garrel 03:21
M'avait aussi accroché l'oreille dans le film, l'originalité de ce "Je n'irai pas Reims..." Superbe, avec un Louis Garrel juste un peu en retrait.

11 Jeunesse se passe - Chiara Mastroianni 03:01
Ma deuxième chanson plus préférée dans le disque (et avant un moment grave et poignant dans le film : le début de la fin) ("Vous étiez belle n'y pensez plus, le temps des gravats est venu...")

12 Je ne peux vivre sans t'aimer - Catherine Deneuve 03:57
Un peu mélo quand on l'écoute, mais puissamment touchante lorsqu'elle est mise en scène dans le film. Une très belle scène aussi.

13 Puisque tu m'aimes - Omar Ben Sellem 02:01
Pas dans le film, hélas, et je le regrette parce que je l'adore. un petit rock teigneux et pêchu, avec guitares qui miaulent. Une réussite. J'espère qu'elle sera dans les bonus du dvd ("scènes coupées"). Il y a dedans une phrase que je n'arrive absolument pas à comprendre.

14 Autour de ton cou - Louis Garrel,Chiara Mastroianni 04:15
Pas dans le film, mais, bah, c'est pas plus mal. Un peu mollassonne, aussi. Dispensable.

 

13 septembre 2011

monolithique

2001, ODYSSEE DE L'ESPACE
de Stanley Kubrick

Je continue donc ma rétrospective Kubrick... Celui-là, je pense que je ne l'avais jamais vu "en vrai" au cinéma. Ca devait être sur une petite télé, sans doute. Ca commence fort. On a droit à cinq minutes de musique dans le noir complet, pré-générique, et idem tout à la fin en post-générique (le Danuble bleu in extenso).
Le film est en quatre parties : la première (la préhistoire) est longuette, la deuxième (la mission lunaire) est pas mal, la troisième (la mission vers jupiter) est sans conteste la meilleure (et contient un de mes morceaux de cinéma préférés : le vidage de la mémoire du super-ordinateur HAL par le cosmonaute Dave un peu upset), et la dernière (au-delà de l'infini) aussi absconse qu'agaçante (et frimeuse).
Pour l'époque, le film devait en jeter, et ne se privait pas de le faire savoir (la musique n'est pas discrète, bien au contraire). Là, bah, je trouve que tout ça a un peu vieilli...
En subsistent l'oeil rond et rouge de HAL et sa voix...

 

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8 septembre 2011

jean banlère

LOLITA
de Stanley Kubrick

Je n'avais jamais eu vraiment envie de voir Lolita, jusque là. J'avais l'impression de tout en connaître à l'avance et que ça ne m'intéresserait pas. Eh bien, j'étais un imbécile. (si si, vous voyez bien, des fois il m'arrive de le reconnaître!)
Malgré une projection pas top top (cf post d'hier + lumières pas éteintes au début du film mais lumières rallumées un poil trop tôt avant la fin -ça devait p't'être compenser, dans l'esprit du projectionniste-) le film est captivant de bout en bout. Et on ne saurait dire si c'est plutôt à cause de l'adaptation de Nabokov de son propre bouquin où grâce à la qualité de l'interprétation - si Shelley Winters et Sue Lyon sont excellentes, James Mason et Peter Sellers sont proprement et véritablement ahurissants.
Une histoire a priori sulfureuse, surtout pour l'époque (le film est néanmoins resté interdit aux moins de 12 ans) mais traitée avec une finesse et une subtilité qu'il faut bien qualifier de magistrales, par Stanley Kubrick. De toute manière, l'essentiel se passe dans la tête du spectateur, qui met ce qu'il veut bien mettre à la suite des fondus au noir qui parsèment le film. (Que manque-t-il de nos amours ?)
A propos de James Mason (et de son personnage de Humbert Humbert) m'étaient venus en tête deux anglicismes "understatement" et "tongue in cheek", qui, après vérification dictionnairesque, se sont révélés assez justes. Le premier pouvant se traduire par euphémisme , et le second par pince-sans-rire.
Je serais, comme ça, au débotté, quasiment incapable de donner le titre d'un autre film avec James Mason, mais celui-là est  tellement extraordinaire qu'il n'en nécessitait peut-être pas d'autre... Le rôle de sa vie ?
Peter Sellers l'égale et peut-être même le surpasse (difficile de camper un  personnage plus ambigu, aux dialogues plus chausses-trapes...)
Du grand art, donc, qui plus est dans un noir et blanc très classe.
J'irai donc voir ou revoir les autres Kubrick (sur un écran géant ça a quand même plus de gueule, hein...)

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6 septembre 2011

mix des vacances (qui sont finies)

j'avais gravé :

1) Bloodbuzz Ohio (The National)
2) Blue tip (The Cars)
3) Bored (The Shoes)
4) C'est magnifique (Benjamin Biolay)
5) Come livid (Be my weapon)
6) Drive my car remix (Gina X)
7) Des hauts, des bas (Gaétan Roussel & Florent Marchet)
8) ... et la fonte des glaces (Alistair)
9) Fake empire (The National)
10) First we'll kiss (Anna Calvi)
11) Flowers (Kate Bush)
12) Great DJ (The Ting Tings)
13) Guestroom (The National)
14) Le camp des Russes (Serge Teyssot-Gay)
15) Mystic fandango (Jason Edwards)
16) Sarabande (Haendel)
17) Les cabinets (Serge Teyssot-Gay)
18) Sorrow (The National)
19  The quiero (remix) (Stromae)
20) Tout le monde est dans le coup (Serge Teyssot-Gay)

auxquels il faudrait désormais ajouter plusieurs titres de la BOF des Bien-Aimés :

21) J'en passerai (Chiara Mastroianni)
22) Qui aimes-tu ? (Chiara Mastroianni & Paul Schneider)
23) Jeunesse se passe (Chiara Mastroianni)
24) Puisque tu m'aimes (Louis Garrel)
25) Les chiens ne font pas des chats (Ludivine Sagnier & Rasha Bukvic)
26) Je ne peux vivre sans t'aimer (Ludivine Sagnier)
27) Ici Londres (Chiara Mastroianni & Paul Schneider)

4 septembre 2011

travail au noir

Un peu énervé ce soir, en sortant du bôô cinéma. Le film vu n'y est pour rien (lolita, post suivra j'espère), mais les conditions de projection, si.
Mon amie marie qui l'avait vu vendredi soir que, pendant la projection (séance de 20h30), elle avait été gênée par les bruits de marteau-piqueur provenant de l'autre côté de la cloison, où ont lieu, visiblement, les travaux de rénovation du bar dudit cinéma. Je devrais dire plutôt "invisiblement', étant donné que tout ça est enveloppé par une énorme bâche, mais que, de plus aucune lumière n'en filtre (ces gars-là ont-ils appris à travailler dans le noir complet ?). je m'étais étonné de l'heure, pensant qu'aucune entreprise ne bossait jusqu'à 20h, mais elle en rajouta en précisant que les nuisances sonores avaient perduré jusqu'à la fin (23h passées, donc).
Mais bon, ce soir on était dimanche, je raconte cette anecdote à des spectatrices amies attendant dans la même file, et nous en rions de concert, en nous disant que, au moins, nous, un dimanche soir, on ne risque pas le même désagrément, ah ah ah!

Quelle erreur!

Au bout d'un certain temps ont commencé à se faire entendre les mêmes bruits de marteau-piqueur, à intervalles réguliers. et comme Lolita n'est pas un film avec une bande-son très bourrine, force est de reconnaître que ces bruits perturbaient nuisamment la projection. Passons sur le fait que les lumières se sont rallumées dans la salle avant la toute fin du film, comme pour nous en chasser un peu plus énergiquement, et c'est donc une douzaine de spectateurs passablement éberlués qui sont sortis de la salle, en maugréant -fort civilement somme toute- contre les conditions de projection.
L'un d'entre nous a même poussé l'audace, rendez-vous compte, à aller exprimer ce qu'il ressentait à un des membres du personnel du cinéma , qui passait justement par là. Le pauvre spectateur en question est revenu la queue basse, en nous disant qu'il s'était vu répondre que s'il était mécontent des conditions de la projection, il n'avait qu'à sortir de la salle et se faire rembourser son billet. Et toc.
Cinq minutes plus tard, alors que nous étions encore quelques mécontents sur le parvis, à déplorer cette situation tout autant que les conditions de travail de cette mystérieuse entreprise qui n'hésitait pas à envoyer ses gars au taf un dimanche soir en dehors de toutes heures légales, le même membre du personnel du cinéma est revenu à la charge, nous invitant à revenir avec lui dans la salle où, nous affirmat-il, il venait d'aller, et à constater avec lui qu'on n'entendait absolument pas les marteaux-piqueurs. Le monsieur à côté de moi à commencé alors à s'agacer un peu plus, et à monter la voix en lui disant que la salle en question, hé bien on y était tous et que, hé bien les marteaux-piqueurs on les avait tous  entendu.
Quand le membre du personnel a fait dévier la conversation sur la responsabilité de l'entreprise qui, comme une petite folle insouciante, décidait elle-même et librement de ses horaires de travail alors que lui-même en personne avait tenté de l'en dissuader, je me suis éloigné à grands pas, exaspéré de tant de mauvaise foi.

Moralité : si vous allez au bôô cinéma de Vesoul en soirée, vérifiez avant d'acheter votre billet que votre film ne passe pas en salle 10 (conseil d'ami). A moins que ce ne soit un film bourrin avec bande-son idem, auquel cas les engins de chantier ne feront qu'ajouter à votre plaisir acoustique!

3 septembre 2011

nez-percés

LA DERNIERE PISTE
de Kelly Reichardt

Encore un beau film. décidément, on est dans une période faste. Un format inhabituel (proche du carré) un générique inhabituel (brodé au point de croix!) pour un film inhabituel : un "western" quasiment autiste, économe, minimaliste, mais beau comme tout. Exigeant certes, mais, hein, on n'a rien sans rien...
C'est le troisième film de la réalisatrice (on a donc projeté son intégrale dans le bôô cinéma!) après Old joy (une balade en forêt entre deux copains) et Wendy & Lucy (une balade dans les faubourgs entre une jeune routarde et sa chienne), et celui-ci est aussi déambulatoire : la "balade" d'une troupe de pionniers paumés dans la cambrousse américaine, suivant un soi-disant guide, en 1845. trois familles avec chariots, armes et bagages, marchant toute la journée à travers de mornes et arides paysages, voyant leurs provisions et leurs réerves d'eau s'amenuiser inexorablement sans que l'eldorado tant espéré ne se manifeste...
Comme dans ses autres films, kelly reichardt ne met pas véritablement en jeu de palpitantes péripéties ni de rebondissants rebondissments. Juste une progression, rectiligne, de plusieurs personnages observés le plus objectivement possible. La vie de ces "pionniers" n'est effectivement pas a priori d'un grand  intérêt, leur quotidien est plutôt morne et répétitif (l'évènement le plus "pittoresque" en sera la rencontre avec un indien, un seul, égaré là, et dont chacun se demande bien comment il va falloir s'arranger de celà.)
De cette trame rustique, terrienne, minimale, Kelly Reichardt tire un film d'une beauté plastique impressionnante, d'une splendeur majestueuse, tirant vers le superbe un quotidien poussiéreux et progressivement de plus en plus désespérant. Où les éléments naturels transcendent la mocheté suffoquée de cette errance (ils ne savent jamais vraiment ni où ils sont, ni où ils vont, et ne se projettent que par rapport à ce qui les attend juste après la prochaine colline. Derrière l'horizon, les illusions, quoi.)
Un beau portrait de femme (Michelle Williams, celle qui jouait la routarde du film précédent), de maîtresse- femme même, dans ses rapports avec le "guide", avec l'indien, pour un bien beau film, je le répète, qui a de plus le courage (la force) de nous abandonner à la fin, sans ménagement,  exactement comme,  justement, ce groupe perdu.
Superbe.

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