Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

lieux communs (et autres fadaises)

23 mai 2011

viens danser avec moi

"UN JOUR, PINA A DEMANDE..."
de Chantal Akerman

Quel bonheur de voir ce film jamais sorti en salle, conçu et diffusé à l'origine pour la télévision (il y avait même au début, le logo kitschounet de Antenne 2) troisième (mais, chronologiquement, donc, premier) film consacré à Pina Bausch (et au travail de).
Chantal Akerman a filmé la troupe en répétitions en filages et en représentations pendant plusieurs mois et dans plusieurs villes d'Europe (on termine au Festival d'Avignon). Elle alterne les différentes créations (Nelken, Kontakthof, Walzer), elle juxtapose les vues d'ensemble (parfaitement fascinantes, je pourrais regarder ça pendant des heures) et les plans plus rapprochés, sur un, deux, danseurs, et c'est toujours aussi extraordinaire.
Elle intervient même brièvement (Akerman) pour tenter de nous expliquer ses réactions lorsqu'elle a assisté pour la première fois à un ballet de Pina Bausch...
C'est émouvant de retrouver, trente ans plus tôt, les chorégraphes des Rêves dansants, mais cette fois-ci sur les planches, et de magnifique façon.
On retrouve au générique de fin la musqiue de chaplin qui sert de génrique de début aux Rêves dansants, justement (celle des déhanchés) et la boucle est bouclée.
Ca passe trop vite...

aff_pina_bausch

21 mai 2011

pitbull

LE GAMIN AU VELO
de Luc et Jean-Pierre Dardenne

Au début c'est presque un peu agaçant, tant on sait tout de suite qu'on est chez les frères Dardenne. Rosetta n'avait qu'une idée en tête : trouver du travail, eh bien, ici, Rosetton (en vrai,dans le film, il s'appelle Cyril) n'a qu'une idée en tête, retrouver son père, qui l'a planté dans un foyer avec la vague promesse de revenir le chercher un de ces quatre...
Rosetta marchait vite et la caméra à l'épaule la suivait, de dos, Cyril aussi est très speed et n'arrête pas de courir sur les traces de ce père évanoui. On le suit. A pied d'abord, puis en vélo. Car sa route va croiser celle de Samantha, une jeune coiffeuse, qui va d'abord lui rapporter son vélo (que son salaud de père avait revendu) et le prendre sous son aile -et accessoirement chez elle- tous les week-ends, l'aider dans cette quête, jusqu'à lui organiser un rendez-vous avec ledit père, qui a visiblement d'autres chats à fouetter. Bref, une vraie de vraie gentille, ce qui n'est pas si courant dans le DardenneLand. Révolte, misère, coups tordus, violence sociale et familiale, relation fils/père,c'est sûr, on est en terrain connu, et pourtant, plus le film avance, plus on se prend à dire que c'est plutôt bien fichu, que c'est vraiment du cinéma (la première apparition de Cyril en chrysalide enroulée dans ses draps, par exemple, fait mouche), et que , finalment ce petit  rayon de soleil, cette note d'espoir, fait du bien dans l'univers habituellement beaucoup plus noirâtre et glacé des deux frères...
Je suis ensuite tombé sur une interview des réalisateurs, et je dois dire que l'intelligence et la simplicité de leurs propos m'ont tout à fait séduit (ces gars-là ne ressemblent pas du tout à leur cinéma, ils rigolent!) ils ont parlé d'un conte, ce qu'avait aussi évoqué Cécile de France dans une autre interview (en ce moment, on voit beaucoup d'interviews Cannesques...), qui a été engagée comme Fée bleue de ce Pinocchio belge (et aussi -dixerunt les Dardenne- pour savoir si la greffe était possible entre une actrice "célèbre" et leur univers, et que - dans un éclat de rire commun- ben oui, c'était possible!)
En y regardant bien, c'est stricto sensu une structure de conte qu'ils ont donné à ce Gamin au vélo (le héros, la quête, la bonne fée, les méchants, l'objet magique, le lieu magique, les épreuves...) mais très habilement, dardennesquement, quoi, camouflée sous un épiderme de vraie réalité, avec des gifles, des sandwiches, des signatures de papiers chez le juge, et des robinets qu'on refuse d'arrêter de faire couler...
Côté interprétation, il faut, bien évidemment saluer le gamin, Thomas Doret, petit animal buté, raidi dans le déni (au début, on a envraiment envie de lui filer des baffes) et progressivement apprivoisé,  et la simplicité souriante de Samantha / Cécile de France, personnage d'autant plus attachant que rien n'est explicité des raisons qui la poussent à agir comme elle le fait. Les compères habituels (Jérémie Rénier, Olivier Gourmet,) répondent présent (Rénier -encore!- en père faible et lâche, Gourmet en barman), et on sort de là plutôt ragaillardi et souriant.
Mérité-ce pour autant une troisième Palme d'Or ??? A voir...

19716675

19 mai 2011

trois frères cosmiques

THE TREE OF LIFE
de Terence Mallik

(billet à lire très fort, et plutôt en plongée qu'en contre-plongée, pour être dans le ton)

Il y a au moins deux films dans ce Tree of life, vu lundi soir en avant-première, en VO, et dans d'assez mauvaises conditions qui plus est (pendant deux heures, l'image fut de qualité plus que moyenne : dès qu'il y avait un peu de contraste, ça bavait sur les bords en rose fluo d'assez désagréable façon comme une vieille vidéo pourrave des familles... puis le film s'est arrêté, pas "a cassé" puisque c'était du numérique, et au bout d'un certain temps, quelqu'un s'est tout de même préoccupé du sort des spectateurs, et, comme avec une télécommande de lecteur de salon, nous a remis le film à l'endroit où on voulait, et cette fois -miracle !- l'image était parfaite. Heureusement ce monsieur, à la fin de la séance, s'est excusé platement "pour tous les problèmes lors de la projection" et a remis à chacun des présents une place gratuite.) : l'histoire d'une famille américaine, avec trois fils, dont l'un meurt / va mourir / est mort (on se déplace dans le temps, entre brad pitt / p comme passé et sean penn /p comme présent) , et, d'autre part, tout ce qu'il a fallu d'évolution pour en arriver là (en gros, pour faire simple, l'histoire de la vie, depuis son apparition sur terre), avec, en plus une petite post-face "au-delàtesque".
Ça a l'air énorme (c'est survendu comme ça) et, en ce qui me concerne, ça l'est, dans une certaine mesure (pendant un certain temps ?). Dès le début, c'est comme si la mâchoire m'en tombait, d'admiration, de béatitude (comme on serait béat d'admiration) ou de je ne sais quel mot exactement. Des images insensées, insensément belles, incompréhensibles parfois, chiadées souvent,  fascinantes toujours. Un maelström ? Un tsunami ? Une apocalypse now ? Il y a de tout ça (la première partie, la "mise en route" m'a évoqué les sentiments qu'on avait pu éprouver devant les vingt dernières minutes de 2001 Odyssée de l'espace, de Tonton Kubrick -auquel le réalisateur ne peut pas ne pas faire penser : fascination, perplexité, admiration,incompréhension, émerveillement, et la consigne passe à ton voisin que c'était encore mieux à voir avec un petit pétard dans le nez...)
Donc beaucoup d'images sublimes, accompagnées de voix off chuchotées (ne s'adresserait-on pas d'ailleurs directement à God himself ?) pour qu'apparaisse -enfin! diront certains- la deuxième couche du film (le praliné au coeur du chocolat, si vous voulez) celle de trois frères young americans, dans une amérique rurale des années cinquante, entre un père autoritaire et une mère attentionnée (ce sont d'ailleurs surtout ces scènes-là qui bavochaient rose fluo à la projection), et le grand écart entre les deux sujets, les deux angles d'attaque ( les éléments cosmiques déchaînés / le quotidien des frangins ) est -à mon avis- un (tout petit ?) peu  gênant,  malaisé (genre "tout ça pour ça ?"). Oui, cette intégration des deux peut sembler artificielle et presque illogique (quoique.)
C'est très élégiaque (zut Libé m'a piqué mon adjectif), très mystique, très cosmique, très démesuré, très démiurge ("démiurge" peut-il être adjectivé ?),très emphatique, très amphigourique (si, si!), très "très", très... "trop", très "vous voyez, vous avez bien fait d'attendre une année supplémentaire que j'ai fini mon montage -le film a usé cinq monteurs successifs-, le résultat en valait bien la peine, non ?", pour ne pas éviter que  les réactions (des spectateurs) soient variables et variées. Déjà qu'on nous a pilonné le cerveau suffisamment depuis des mois (que dis-je des années) en nous enfonçant le clou du film génialissime, chef-d'oeuvre ultime, joyau sans pareil au firmament de la cinématographie pour qu'on n'aie pas un peu envie de répliquer eh oh j'ai mon libre-arbitre à moi laissez-moi donc décider ce que je pense... (même si c'est un leurre).
Donc on en prend plein la vue, c'est incontestable, même si on ne comprend pas toujours ce dont à quoi auquel il est question.  C'est vrai qu'on ne peut pas s'empêcher de se sentir quelque peu dépassé (c'est fait pour), comme naguère Pascal avec ses deux infinis, avec  le droit parfois comme qui dirait de sourire -eh eh je ne suis pas dupe...-  (pour certains ce sera devant les dinosaures, pour d'autres devant le paradis, pour d'autres encore devant l'utilisation presque pompière de La Moldau à grand fracas et autres classiqueries...) et que de grandiose à grandiloquent la frontière est fragile. N'empêche, il y a dans la boursouflure intrinsèque de la forme un effet de sidération incontestable, et dans cette démesure mégalo-wagnérienne (non, non, on n'en entend pas dans le film, c'est juste une image) une maestria qu'on ne trouvera pas chez un tout-un-chacun réalisant.
Prêchi-prêcha ? un peu de ça, aussi, quand même. La religion étant un sujet qui m'inintéresse (après m'avoir longtemps révulsé), je n'ai pas trop envie de me creuser pour savoir si Dieu c'est la nature, ou bien l'inverse, ou bien encore autre chose... Je suis un esprit simple, je veux pouvoir m'émerveiller, faire oh et faire ah, être ému (quoiqu'ici, bizarrement, il me semble me rappeler qu'à aucun moment à mes yeux la moindre larmichette ne perla), fasciné, sans forcément poser dix milliards de questions et savoir si ça provient plus de ceci ou de cela (ou si c'est cela qui provoque ceci, ou bien le contraire).
Le film s'ouvre sur une citation du livre de Job et presque finit sur la situation d'un homme qui se retrouve peu ou prou dans la même... situation justement, que le susdit (en gros "my god qu'ai je fait pour mériter ça ?") mais ce n'est pas obligatoire de passer par la case "La Bbible (ou la Rreliggion) pour les Nuls" pour l'apprécier (le film, pas la situation!). Ca c'est plutôt habile et bien fait.
Mais (je reviens aux "deux films pour le prix d'un") c'est peut-être juste une question de regard, de point de vue (ça m'est venu hihi devant l'affiche de Pirates des Caraïbes 4) plus exactement de façon de regarder, ou plus exactement de façon de voir les choses : la longue-vue ! la lorgnette! ("par le petit bout, par le petit bout"... air connu). Je ne parle pas ici de la façon dont le spectateur regarde le film (quoique) mais de celle dont le réalisateur regarde son (ses) sujet(s). On peut voir ça de très près ou de très loin, avec un énorme agrandissement ou en prenant de la distance, rikiki / maousse costo... c'est la même chose, mais on ne la voit pas pareil, quoi! La disparition des dinosaures et la prise de conscience de Brad Pitt ("je vous ai élevés à la dure, mais c'était pour vot'bien...") du pareil au même, le cosmos et la famille, kif-kif, la voie lactée et l'assiette de petits pois, idem, la division cellulaire et le pétage de vitres avec des cailloux tout pareil... Z'avez compris ? (ah... fait mollement -timidement ?- le lecteur visiblement pas convaincu et soudain inquiet que le chroniqueur ne soit subito en train de péter les plombs grave.)
A film démesuré, post destructuré, n'est-il pas , (et encore, je pourrais vous mettre de la musique, hein!) Bon, je plaisante, mais  je vais y retourner dès que possible dans le bôô cinéma (ce n'est pas là que je l'ai vu en avant-première et en vo, vu que l'avant-première en question, elle avait-lieu le mardi à 16h15... Mais qui peut se payer le luxe d'aller voir Tree of life en VO à 16h15 ? d'heureux retraités , des rentiers nantis , des oisifs cacochymes ??? cessons là l'épanchement de bile) pour en apprécier pleinement les -indéniables- qualités visuelles esthétiques plastiques graphiques, et peut-être vous en ferai-je un nouveau compte-rendu ?

(et pour finir,hihihi,pour vous, qu'est-ce que dieu ?)

19704054

18 mai 2011

micro93

 

*

le correcteur orthographique me propose même ou mémé

*

"C'est ta journée..."

*

Sans barbe, Emir K. ne présente absolument  plus aucun intérêt. Au contraire,même...

*

"Tu devrais arrêter de parler tout seul..." se dit-il, à voix haute.

*

les fraises tournent (sans clignotant).

*

la soupe à la tomate, même bio, tache les toiles cirées

*

la dernière image du rêve détermine (fournit ?) l'humeur du réveil.

*

 les iris tendaient le cou à travers les barreaux de la grille.

*

La musique du Temps des gitans me met immanquablement les larmes aux yeux

*
une poule qui jouait très naturellement

*

j'ai souvent peur de ne pas savoir (le) faire

*

" Ce n'était pas ma bite, c'était la bite d'un ami..."

*

 

 

15 mai 2011

on est les versions tristes

RABBIT HOLE
de John Cameron Mitchell

Oh le beau film. Le réalisateur du furieusement, joyeusement, et plurisexuellement cul Shortbus (qui m'avait tant plu à l'époque) signe ici un opus à des kilomètres d'années-lumière du susdit. J'avoue que je me désintéressais depuis assez belle lurette de la carrière de Nicole Kidman, vu les grosses daubasses dans lesquelles elle s'obstinait à tourner (la dernière fois qu'elle m'avait "touché", c'était dans The Hours, c'est dire...). Et là, soudain, c'est... miraculeux ou quasiment. Elle est parfaite. Dans un projet qui visiblement lui tenait à coeur (elle l'a initié et même elle le produit.) : l'histoire d'un couple dont le jeune fils vient de mourir et qui  tente de "continuer".
Un film "doux", un film en retrait, en pudeur, en retenue. Replié vers l'intérieur. Le quotidien de chacun des deux, ensemble ou séparément, la famille autour (la sienne à elle), l'extérieur (les voisins, les collègues) dans ce qu'il peut avoir d'apparemment "simple"... Ce qui se passe en apparence, et ce qu'on ne voit pas, à l'intérieur.
Le partenaire de Nicole Kidman est Aaron Eckhart, et il est au moins aussi bon qu'elle, dans le rendu de ce "ça", de  cette douleur rentrée,  enfouie, installée. Avec laquelle il faut vivre, ou ce qui y ressemble, ce qui en donne  grosso modo l'apparence. Chacun des deux réagit à sa façon, elle essaye d'effacer progressivement les traces de la présence de cet enfant disparu, lui au contraire ne veut ne peut rien oublier, rien perdre. Vider la chambre ? Refaire un autre enfant ? Assister à des séances de thérapie ?
Leur quotidien comme ouaté, la réalité vaguement présente, estompée, à l'image exacte du film. Filmé comme avec respect. Toujours sur la retenue, sur la réserve. Ou presque (il est d'ailleurs significatif que les seules scènes qui détonnent sont celles des disputes en tre les époux, où, soudain, on perçoit le jeu des comédiens, -forcé ?-, alors que le reste du temps ils se contentent d'être, juste, d'être exactement idéalement, simplement justes.
Chacun tente de trouver une échappatoire. Elle se rapproche de l'adolescent qui a provoqué le drame (il est parfait lui aussi), tandis que lui fait de même avec une des participantes du groupes de thérapie auquel il se rend régulièrement.
Ils tentent, ils réapprennent.
Avec un sujet pareil (la mort d'un enfant) il y avait le risque (le danger) d'en faire des tonnes, dans le lacrymal et le sordide (pathos ou putasse). Il n'en est rien et c'est tant mieux. On a (presque) tout le temps  -je le redis- le sentiment d'une justesse quasi miraculeuse. même si le film est adapté d'une pièce à succès, même si le réalisateur n'a pas obtenu le director's cut qu'il escomptait, même si certains critiques parlent de grosses ficelles (les sots), on a juste le sentiment d'assister oui à un genre de miracle. Le réalisateur réussit à faire exister véritablement les personnages secondaires (la mère, la soeur, l'autre couple) en insérant sans accroc dans cette trame fragile et "rectiligne" des moments extérieurs bienvenus, de sourire, voire de fou-rire, quand   il ne s'agit pas de larmes carrément!
(Je suis tout de même curieux de savoir ce que John cameron Mitchell aurait véritablement fait, tant ce film-ci me semble cohérent et honnête. Peut-être dans un univers parallèle existe-t-il...)

19684090 19584350
(version française à gauche, version américaine à droite)

14 mai 2011

into the wild (wild wild)

ESSENTIAL KILLING
de Jerzy Skolimowski

J'aime beaucoup Vincent Gallo. Comme Joaquim Phoenix, il a "quelque chose", comme une lumière qui brûle à l'intérieur. Et là, en plus, comme ça, avec la barbe et les cheveux, il m'a curieusement fait penser, tout au long du film, au jeune homme en t-shirt, et j'en ai conçu... une certaine émotion. J'avais comme deux films pour le prix d'un (pour 5€, vraiment pas de quoi se plaindre!), et quel(s) film(s)!
Essential killing commence comme un film de guerre basique (minimaliste ?) : trois soldats américains, un hélicoptère, un taliban (ça fait drôle au début, parce que le taliban, c'est Vincent Gallo, qui a une aura assez forte pour qu'on sache que c'est Vincent Gallo, mais bon on s'y fait assez vite et on joue le jeu...). Comme une version "sérieuse" de Four lions ? (j'exagère, oui, oui, je sais...)
On continue à Guantanamo, (ou équivalent) où notre barbu est détenu, puis on va ailleurs (de toute façon rien n'est jamais nommé précisément) quand un bienvenu accident de camion permet à notre Taliban Gallo de se faire la malle, pieds-nus et dans la neige, et s'enfuit, ce qu'il va faire jusqu'à la fin du film.
Il y avait un film qui s'appelait La course du lièvre à travers les champs, c'est tout à fait ça. Un homme (on se saura son prénom qu'au générique de fin) fuit, et les autres essaient de le rattraper, par tous les moyens (et ils en ont, des moyens! Au début la partie semble déséquilibrée, et jouée d'avance, mais notre fugitif est visiblement expérimenté, et il a comme qui dirait de la ressource...)
Il avance, il avance, il zigzague, il se cache, il surgit. (il survit). Il mange des oeufs de fourmi, du lichen, des baies toxiques, un poisson cru, et finit même pas téter directement une grosse dame saoule. Plutôt que de killing, il est question de survival. L'instinct vital. Comme un jeu absurde et cruel, où, pour progresser, notre héros barbu et chevelu (et mutique) doit éliminer des gens pour récupérer des points de vie ou de confort supplémentaires...
Tout ça est filmé de manière très graphique, dans un quasiment noir et blanc (et rouge) splendide (la neige est toujours extrêmement photogénique), sans qu'une seule parole soit prononcée par le fuyard (ni d'ailleurs par la femme qui va lui venir en aide, qui est jouée par Emmanuelle Seigner.)
Skolimowski m'avait  déjà ravi la dernière fois dans son très beau Quatre nuits avec Anna, il m'a ici, à nouveau, fortement impressionné. Sur un canevas minimaliste,  il met en place une oeuvre forte, âpre, viscérale, dense. Quasiment théorique, presqu'à la limite de l'abstraction, mais pourtant terriblement physique, humaine.
Intense et splendide.

19700535

10 mai 2011

sybillin

Mon ami Philippe, lors d'une après-midi d'ailleurs délicieuse, m'a fait remarquer que "mon blog ne parlait plus que de cinéma" (ou presque, c'est tout comme). "C'est assez vrai, lui ai-je répondu, mais de quoi d'autre voudrais-tu donc que je parlasse ?" (j'emploie ici l'imparfait du subj, mais en vrai on ne parle pas comme ça, hein,  d'autant plus qu'on était au moins à deux grammes cinq d'alcooco...)
Il m'a parlé des "événements minuscules" , dont je suis assez un peu fier, en me conseillant de les compiler (ce que j'avais déjà envisagé de faire, mais pas avant le numéro 100), et de fil en aiguille de la conversation, je reconnus que c'est vrai que, via les posts du blog, on tombe assez vite dans le domaine de l'intime, et donc -ou non- de la pudeur, du dicible (ou de l'in-) et de quoi parler ou pas.
Ah oui, cette conversation avait commencé avant quand, au fait avancé par lui qu'il "ne pouvait pas écrire chaque jour", j'avais répondu que moi non plus, et que justement ce blog était la façon dont j'essayais de me maintenir "à flot" question écriture (et nous avons alors évoqué les "blogs d'écrivains", qui étaient "plus ou moins bien", et parlé d'un que nous fréquentions tous deux, celui d'Eric Chevillard, et que nous trouvions très bien.
Puis, deux grammes dix aidant, nous avons parlé d'autre chose.
Il faut bien écrire vivre...

(sans rapport avec ce qui précède, quoique...

P1560997

ma première rose...)

9 mai 2011

à la place de "pan pan" oserais-je dire "pouet pouet" ?

ECOUTE VOIR
de Hugo Santiago
(avec Catherine Deneuve)

TRISTAN
de Philippe Harel
(avec Mathilde Seigner)

LE PETIT LIEUTENANT
de Xavier Beauvois
(avec Nathalie Baye)

CETTE FEMME LA
de Guillaume Nicloux
(avec Josiane Balasko)

LA FEMME-FLIC
d'Yves Boisset
(avec Miou-Miou)

CHANGE PAS DE MAIN
de Paul Vecchiali
(avec Myriam Mézières)

BLUE STEEL
de Kathryn Bigelow
(avec Jamie Lee Curtis)

AU COEUR DU MENSONGE
de Claude Chabrol
(avec Valeria Bruni Tedeschi)

L'EXECUTRICE
de Michel Caputo
(avec Brigitte Lahaie)

TENDRE POULET
ON A VOLE LA CUISSE DE JUPITER
de Philippe de Broca
(avec Annie Girardot)

(à suivre...)

 

6 mai 2011

"highly employable"

THE COMPANY MEN
de John Wells

Ben Affleck, c'est dommage.
C'est un peu l'équivalent de Julien Boisselier en version américaine. Un acteur sympathique, je l'aime bien, mais il est... raplapla, transparent ou quasi,  il lui manque quelque chose. Impersonnel (à propos de JB, j'avais écrit "avec un charisme de pomme golden"). D'aucuns (critiques) l'ont qualifié (Affleck) de "fade", et c'est d'autant plus flagrant lorsqu'il est confronté, comme ici, à un Tommy Lee Jones en très grande forme, ou même un Kevin Costner grandiosement ressuscité.
Une histoire de gros sous, money money money, où on suit en parallèle les destins de trois employés d'une même multinationale, à des postes de responsabilités assez importants, qui vont avoir le point commun d'être successivement virés tous les trois, et d'avoir donc à réagir à cet état de fait...
Profits, actionnaires, dividendes, DRH, points d'indice, actions, toute la sale mécanique financière est exposée. Inhumaine, cynique, ça on le savait déjà, mais jusque là on connaissait plutôt les histoires de pauvres ouvriers au cômage, tandis que là on s'attache davantage aux états d'âme des pauvres cadres qui se retrouvent dans la charrette. Et la vie continue...
Comme les trois petits cochons ; le premier va se reconvertir dans les métiers du bâtiment (et retrouver youp la boum le sens des vrais valeurs de la vie), le deuxième va virer alcoolo et finira par se suicider dans son garage, le troisième va en profiter pour se séparer de sa femme, emménager chez la DRH (plus jeune et plus blonde), et créer une vraie entreprise humaine avec toutes les stock options et toutes les subprimes et toutes les plus-values qu'il a accumulées -il n'est visiblement pas dans la misère, lui, et n'a pas de problème d'échéance de prêt immobiliers et de traites pour la Porsche, contrairement aux deux autres- et embaucher, tiens donc, justement in extremis le premier petit cochon, qui va devenir gentil directeur de cette gentille entreprise humaine. Et re youp la boum.
C'est très... ricain. Ca se regarde avec plaisir, ça n'est pas indigne, c'est juste moral, manichéen, prévisible,  les méchants sont très méchants (comme dans la vraie vie), et les gentils ont des soucis qu'ils arrivent à régler parce qu'ils sont entourés d'une famille aimante (on pense au clip de Peter Gabriel Don't give up, avec Kate Bush), probablement parce qu'ils sont bien blancs, qu'ils ont  la foi dans leur pays -ils ne sont pas ricains pour rien, hein!- et parce que G*d bless America, voilà. (Placer là l'hymne national). Pas forcément comme dans la vraie vie.
J'exagère, je plaisante, mais à peine.

19625865
(l'affiche est à l'image du film : jolie, parlante, imagée, littérale...)

4 mai 2011

le vol de sept moustiques

L'ETRANGE AFFAIRE ANGELICA
de Manoel de Oliveira

Décidément, Papy Manoel n'est jamais vraiment là où on l'attend. En général soit j'adore complètement soit je déteste vraiment à donf. Là c'est la première hypothèse qui a, comme on dit, prévalu (j'ai même lutté pour ne pas fermer l'oeil tellement ça me plaisait.)
L'histoire d'un photographe engagé pour photographier une jeune morte, et voilà que la morte se réveille et lui fait un signe amical, mais visible seulement de lui. D'où trouble. D'autant plus que ce jeune homme, amateur de photographie, s'occupe aussi de prendre des clichés des vigoureux bêcheurs lusitaniens (hmmm rien de mieux que le travail à l'ancienne...) voisins, mais ceci ne va pas le détourner de cela, et il va en concevoir comme qui dirait une obsession.
Ajoutez une logeuse affectueuse, un soeur bonne soeur, un servante pincée, un mendiant insistant, un médecin attentionné, et vous (n') aurez (qu') une petite idée de ce qui se passe. Ajoutez aussi un oiseau dans sa cage, des photos accrochées à un fil, une enveloppe froissée, des oliviers, une chanson virile...
Le film est une merveille, plastiquement parlant. Parlant de la photo, Oliveira  donne à son film la forme de son sujet. Il pratique apparemment  un cinéma du peu. Un oeil peu attentif y verrait presque quelque chose de suranné, de vieillot. Du simple (simplet ?) en apparence.
Un plan, un sujet (un objet ?), mais comme c'est un cinéma extrêmement intelligent sous des dehors simplets, il y a toujours au moins un "truc" en plus (au sens de la magie) par plan aussi. Ça serait un film à regarder quasiment à la loupe et image par image, si on voulait vraiment épuiser tous les plaisirs cachés qu'il recèle.
Un travail soigneux sur la bande-son (camions qui passent, ouvriers qui chantent) vient compléter, soutenir ou contredire ce même travail qui s'effectue à l'image.
A chaque instant il se passe quelque chose, à voir, à entendre, à deviner, à interpréter... C'est vraiment assez jouissif. L'apparente raideur de la narration dissimule mal la richesse de l'ensemble. Oui, on jubile, et on en redemande. Comment on dit "encore! " en portugais ?

19679273

Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 384 494