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lieux communs (et autres fadaises)

9 décembre 2010

tous les petits animaux morts

PIEDS NUS SUR LES LIMACES
de Fabienne Berthaud

Agenex : C'est le moyen mnémotechnique que j'ai trouvé pendant la projection pour me rappeler les trois états par lesquels je passais et repassais successivement : agacé, énervé, exaspéré. Une histoire à propos de deux sœurs : une  blondinette qui embrasse les arbres (ça m'a rappelé un dessin de Reiser...), fabrique des porte-clés en vraie taupe crevée, et vernit en rouge les ongles des dindons (oui, bon, on peut dire autrement : elle est givrée, quoi), et sa frangine donc, toute aussi blonde mais beaucoup plus (mieux ?) formatée, limite psycho-rigide, quoi! L'intégrée vs la désintégrée, quoi...
Ludivine Sagnier (qui reconnaît elle-même qu'il serait temps que les réalisateurs réalisent, justement qu'elle a trente ans, et arrêtent de lui refiler des rôles de gamine) se sort comme elle peut d'un rôle impossible, (tellement il est chargé, comme la mule du même nom) à tel point que, juste après la scène où la sœurette fantasme l'avoir noyée dans la baignoire tellement elle est chiante (et c'est rien de le dire), j'en ai quasiment soupiré d'aise : ouf, enfin la paix! Mais ce n'est hélas qu'une fausse joie, et de bien courte durée.
C'est rare que cela se produise quand je vais voir un film, mais là, vraiment, plusieurs fois, j'ai envisagé de me lever et de quitter la salle, tant tout cela m'exaspérait, gamineries, enfantillages, minauderies, caprices, hurlements, hystérisations sororales, (mais bon, peut-être c'est juste parce que je suis un gros bourrin, incapable d'apprécier (je cite  de mémoire, Libé me semble-t-il, "un regard de femme porté sur le portrait de deux sœurs") enfin, à chaque fois, de scène énervante en scène pénible, je me suis dit "allez, reste encore un peu...". Parce qu'il faut reconnaître que tout ça n'est pas filmé avec les pieds, bien au contraire (euh, je précise que ceci est un compliment...).
Et bien m'en a pris. Car c'est vrai que le dernier quart d'heure m'a, soudain, intéressé. Bon, il y a l'intervention d'un genre de rugbyman très agréablement mal rasé, certes, mais pas que... Comme si, après une interminable exposition,  le film prenait enfin véritablement  son rythme de croisière, son intérêt. D'un réel fantasmé, on serait ainsi passé à un genre de fantasme réalisé. Où la réalité n'est plus du tout réelle, donc.
Un peu trop tard, sans doute...

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7 décembre 2010

deux morceaux de rêves

Une répétition de théâtre, avec Pépin et un acteur (Nicolas ?) qui a du mal... J'arrive de Besançon, et je leur dis que j'ai acheté le dvd d'Orlando, avec Isabelle Huppert. Je regarde alors l'écran du moniteur situé au-dessus de nos têtes, et je vois entrer... Isabelle Hupper, dans une tenue rose fuschia (comme sur la pochette du dvd). Elle va jouer une scène avec nous. Nous sommes dans une semi-oscurité, au tour d'elle, et elle chuchote un texte auquel je ne comprends rien...
Il est question pour moi de fabriquer un bouchon avec des allumettes que j'ai disposées en cylindre serré au creux de ma main, mais quand je regarde le goulot de la bouteille en question, aussi constitué d'allumettes serrées, je me rends compte qu'il n'y a pas assez d'espace au milieu pour mettre "mon" bouchon d'allumettes. Et d'ailleurs, comment les faire tenir ensemble , Avec un ruban?
J'entends quelqu'un parler de quelqu'un d'autre qui est en prison et qui a tout fait pour ne plus entendre et combien c'est difficile de le faire en cachette, se boucher les oreilles, et que, d'ailleurs, s'il avait voulu mettre des allumettes, ça aurait été dangereux, on aurait pu lui percer les tympans...
nous sommes en voiture, avec deux autres personnes, mais chacun dans un véhicule différent: j'ai un espèce de tracteur d'enfant avec la roue avant qui colle un peu sur l'accotement, c'est difficile d'avancer, je vois Hervé me dépasser, il est dans un genre de voiture de sport, tellement à l'aise qu'il n'a même pas besoin de mettre les mains sur le volant, et qu'il les a croisées derrière la tête

(une autre nuit)

j'arrive à Paris en train. Je voyage léger, j'ai juste mon sac à dos, il est à moitié vide (je vérifie que mon porte-feuille y est toujours, quand je me dis qu'il faut que j'achète des tickets de métro. Je réalise alors que je n'ai pas de manteau (je l'ai laissé là où j'étais avant de prendre le train, et surtout que je n'ai pas pensé à récupérer mon sac de voyage à l'arrivée à la gare (mais aurais-je alors voyagé en avion ?)
je tente donc de retraverser Paris pour retourner à la Gare de l'est récupérer ce fichu sac (je me prépare déjà, en pensée, à répondre aux questions des employés sur le contenu de ce sac pour prouver qu'il est vraiment à moi...
Je passe dans des rues bizarrement faites, avec des trucs surélevés au milieu, en rendant la traversée malaisée, comme des morceaux de vitraux un peu abimés...
Je passe devant une toute petite gare, dont j'espère un instant que c'est la gare de l'est, mais elle porte un autre nom, c'est une petite gare dont je n'avais jamais entendu parler, comme une gare "en modèle réduit"
Je retrouve Dominique et Malou dans un troquet, je leur raconte mes histoires de sac et de manteau (je me dis que je commence à perdre la tête). Nous sommes dans un troquet, assez cosy, sur une étagàre est posé le press-book d'un film (petit format carré) que j'ai envie de piquer, mais je me retiens. Je m'étonne qu'un press-book traîne ainsi dans un troquet, puis je me rappelle qu'on est dans le troquet d'Agnès Varda, c'est normal qu'elle fasse de la pub pour un film.
Film dont on parle d'ailleurs, avec D. et M. M. me demande si je l'ai vu, que, tout de même un film de 2h19=8, et je réponds en évoquant tous les films actuels très longs qui sortent, tandis que D. se lève précipitamment, peut-être pour aller aux toilettes.
Nous marchons, pour aller manger. Nous passons devant un restau mexicain où se déroule une scène dont je ne sais si c'est un film ou la réalité. Tous les employés "défilent" dans la devanture du restaurant, sur une musique répétitive faites d'applaudissements. Ils sont tous face public, les uns contre les autres, souriants, ça donne envie...
Nous entrons dans ce restaurant, nous asseyons, il y a une longue table, Agnès Varda est assise au bout, je me suis assis à l'autre bout, et (?) est assise à sa gauche. Un premier serveur arrive avec les menus, peut-être nettoie-t-il la table (il est question de miettes). Un deuxième jeune serveur arrive, il m'invite à me rapprocher ("pour la soupe...") et à venir m'asseoir à droite d'Agnès, donc. Je m'exécute en lui expliquant que je ne l'avais pas fait plus tôt parce que je pensais que le premier serveur en aurait peut-être besoin, et d'ailleurs, lui dis-je, pour la conversation ça n'est pas terrible. Le siège en question est un fauteuil en osier très bas, tandis que mes interlocutrices sont juchées sur des tabourets de bar, et que je ne peux pratiquement pas voir leurs visages...
Nous sommes installés pour manger 'j'ai de nouveau une hauteur normale), je' suis seul de mon côté de la table, en face de moi sont assis toujours Agnès Varda, mais aussi Jacques Boudet '(celui qui joue le papa dans Le nom des gens). On apporte les plats. Il y a plein de petits trucs, que je ne connais pas. on a des assiettes individuelles, mais il y a près de moi un plat chargé de saucières et de récipients que je tends à Agnès en disant "honneur aux dames..." (il y a une petite saucière qui s'est un peu renversée au milieu)
Derrière et à côté de nous, des gens sont attablés, discutant bruyamment et riant, il y a notamment deux messieurs qui ont exactement la même chemise (genre motifs hawaïens, marron blanc et noir) alors qu'il y en a un gros et un maigre... Je mange le contenu des petits raviers qui sont dans mon assiette, c'est très coloré, croquant, délicieux, je ne sais jamais à l'avance si je vais manger des fruits ou des légumes...
On regarde un extrait d'un film d'Agnès Varda. Elle a filmé un mec genre Sergei Bubkha, mais il saute en hauteur, l'extrême ralenti caméra au moment du saut le montre allongé au dessus de la barre, souriant, béat, comme s'il était dans son lit... D'ailleurs il est en peignoir (bordeaux), et on peut deviner son pyjama dans l'ouverture. Oui, comme s'il dormait dans son lit...

(je me réveille d'excellente humeur, en me disant que j'aurais ou lui dire que j'avais beaucoup aimé Les plages d'Agnès...)

5 décembre 2010

sur la tête

un excellent post,, sur un blog découvert grâce à zvezdo...

5 décembre 2010

principe de précaution

LE NOM DES GENS
de Michel Leclerc

Rayon de soleil, route noire, neige fondue... hop! je saute dans la twingouille pour aller au cinéma. hésitation pour la séance de 18h : celui-ci ou celui-là (dont j'ai oublié le titre et le réalisteur mais dont je me souviens qu'il est avec Gilles Lellouche) ? Je décide de ménager mon coeur, et la raison l'emporte. Le nom des gens, donc!
Au générique de fin (enfin, juste avant) est apparue, sans que je la pressente vraiment, la petite larme de circonstance. C'est le genre de film un peu fait pour moi quand même (politiquement, je veux dire : le message à la base serait : "à droite c'est tous des fachos et à gauche c'est que des gentils..." ce qui n'est pas pour me déplaire). C'est un film qui pourrait nous venir du Sud-Ouest, tant il est rose, viscéralement de gauche, je veux dire. Deux personnages que tout oppose : lui, Arthur Martin  (comme les cuisinières) costume-cravate, un poil tristounet, et elle, Bahia Benmahmoud, bien de 20 ans sa cadette, pétant le feu, et ayant pour doctrine de coucher avec les fachos de droite afin de les convertir. On voit bien le genre, love story, opposite attracts, Qui se ressemble s'assemble, etc.
Sauf que le réalisateur nous la joue plus finement que ça, dotant ses deux héros d'un background familial dans chaque cas  aussi prégnant que caractéristique (ses grands-parents à lui, juifs, ont été déportés, ses grands-parents à elle, algériens, ont été abattus par les soldats français), et faisant raconter en parallèle à chacun des deux, face caméra, sa famille, son enfance, et son adolescence. Ça a un petit côté très agréable, avec des choses vraiment très drôles, à défaut d'être original (Amélie poulain, Toto le héros, La tête de maman... pour ne citer que les premiers qui me viennent en tête, mais, ça tombe plutôt bien, j'adore ce genre-là...) Ce qu'on pourrait appeler autrement le syndrome Amicalement votre...
C'est un film très écrit, où les répliques font mouche, le plus souvent dans la vachardise et l'humour, plus ou moins noir, plus ou moins trivial, c'est selon. Le petit problème, c'est que xhacun des personnages -excepté nos deux héros et encore- restera d'un bout à l'autre cantonné dans la silhouette que lui ont dessiné le réalisateur et sa co-scénariste (qui n'est autre que sa femme et se prénomme aussi Bahia, on sent donc que sont exposées dans le film des thèses et des situations qui leur tiennent à cœur) et sont donc sans surprise, une fois qu'on les a découverts (le père franchouillard pro-nucléaire, la mère rescapée des camps qui souffre en silence, le père immigré  le coeur sur la main qui ne pense qu'aux autres, la mère, la mère ex-baba reconvertie militante associative spécialisée dans les mariages blancs...
On sent bien que les scénaristes voulaient évoquer beaucoup de choses (le racisme au quotidien, ici et maintenant mais aussi ailleurs et hier, l'intégrisme, le métissage,  la guerre d'Algérie, la Shoah, le clivage droite/gauche, le port du voile, la tolérance,  Lionel Jospin, la grippe aviaire, le respect, le choc des cultures, le droit à la différence, mais à la longue tout ça finit par s'entasser un peu et brouiller le discours...
Je le répète, c'est vraiment sympathique, c'est drôle, c'est efficace, mais c'eut pu à mon avis être encore plus sympathique, encore plus drôle, encore plus efficace, avec une mise en scène moins désinvolte (des problèmes récurrents de rythme dans les scènes), et, surtout, une direction d'acteurs moins approximative (surtout -et c'est dommage- pour nos deux tourtereaux) : Gamblin fait son Gamblin (je l'aime bien cet homme, mais il frôle parfois le sur-jeu) et Sara Forestier, si elle a pour elle quelques éléments imparables (son insolence et sa plastique, par exemple), n'est pas toujours juste, au niveau du jeu (surtout au début du film).
Mais le film est tellement bourré de trouvailles  (comme celle de faire intervenir les personnages adolescents de nos héros) qu'on lui pardonne ses maladresses et son c^té brouillon... Et puis un film qui tape sur l'UMP et notre président actuel ne peut pas être foncièrement mauvais, n'est-il pas ?

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2 décembre 2010

si ça c'est pas de la putain de poésie hivernale...

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1 décembre 2010

je fais ce que je peux pour survivre

BIUTIFUL
D'Alejandro Gonzales Iñarittu

En Javieroscope et en Bardemvision, c'est dire si on ne voit que lui ou presque. Et qu'il le vaut bien. En tout cas, un des opus les plus convaincants du Monsieur (le réalisateur). Toujours aussi black, mais moins tape-à-l'oeil, moins convulsif, moins "remarque un peu mon montage comment qu'il est virtuose" que les précédents.
Le film s'ouvre une très belle scène chuchotée, suivie d'une autre, tout aussi belle,  dialoguée au milieu d'arbres enneigés, séquences qu'on reverra d'ailleurs, à la fin, replacées dans leur contexte. Et crac alors arrive le titre du film. Qu'on comprendra plus tard aussi. Et on ressent tout de suite ce sentiment de léger déséquilibre, dans le rythme, la façon dont les plans sont montés.
Le film est construit comme un agencement (plutôt qu'une succession) de plaques (tectoniques ?) instables, vacillantes, incertaines, peu sûres, des scènes donc, avec chacune son identité propre (composition des plans, rythme, musique) qui parfois se prolongent, permettant de passer facilement de l'une à l'autre,  et parfois s'éloignent (comme on sauterait d'un toit à l'autre) ou se heurtent, s'entrechoquent, créant des lignes de fracture, des mini-séismes autour d'un épicentre terrassant de beauté parfois mais de mal à l'aise aussi ou de dégoût ou de colère ça dépend.
Soit Uxbal, un mec pas très sympathique ni engageant à première vue. Sa vie, de petits trafics en magouilles diverses. Ses deux enfants et sa femme bipolaire, qui le trompe, comme on l'apprend assez vite, avec son frère (à lui, pas à elle),qui d'ailleurs ne suce pas de la glace (ni ne siffe que de la farine). Uxbal qui "fournit un emploi" à des blacks  (clandestins) qui revendent à la sauvette des cochonneries contrefaçonnées fabriquées par des chinois (clandestins),employés par d'autres chinois  (accessoirement un peu mafieux mais aussi très gays) dans des ateliers (clandestins). Uxbal (Javierchounet) est la cheville ouvrière de ces différents trafics (il ya aussi une histoire de chantier, que je n'ai pas trop bien comprise, avec un entrepreneur utilisant au black les mêmes chinois clandestins...) et fait transiter des biffetons d'un main à l'autre (mais n'oublie pas la sienne.)
Sans oublier des flics ripoux mais pas si odieux que ça, des morts accidentelles,  quelques enterrements, des fantômes aussi.  Et des papillons de nuit au plafond...

Sauf que , -sinon tout serait un peu trop facile- Uxbal apprend qu'il a un cancer, et n'a plus que "quelques mois" à vivre. Et va donc s'employer à, en quelque sorte, organiser sa succession. Le film est long (presque 2h et demie) mis on ne ressent jamais vraiment cette durée comme pénible au ennuyeuse. Au contraire. Iñarittu a sorti tout son (gros) arsenal, et nous enflamme une véritable pyrotechnie cinématographique. Du grand art. Très très noir, mais indéniablement efficace.
On pourra objecter -et regretter- cette prédilection pour le sordide, le destroy, le cracra, cette fascination quasi-masochiste (et complaisante ?) pour le misérabilisme mélodramatique. Et on pourra aussi rétorquer que tout ça, ça existe, partout, pas si loin de nous, parfois, et( que le cinéma ça n'est pas uniquement Mary Poppins meets the Bisounours. Iñarittu se complait peut-être dans la représentation de la fange, mais il s'est donné les moyens de le faire, et, la fange en question, elle clapote, et de plus en plus fort, et de plus en plus près de nous, et le niveau n'arrête pas de monter d'ailleurs.
Le petit plus qui permet de respirer un peu, de sortir la tête de l'eau noire et puante du quotidien d'Uxbal, c'est, -paradoxalement ?-, la pincée de fantastique dont le réalisateur saupoudre son histoire : les rapports ambigus qu'entretient Uxbal avec la mort, avec les morts plutôt ("I see dead people..."), s'extrayant ainsi juste ce qu'il faut du constat social hyper-réaliste, et nous permettant ainsi à nous spectateurs de prendre ce minimum de distance nécessaire pour ne pas se noyer ou s'asphyxier.
Et le "recentrement" des intrigues autour d'un unique personnage  s'avère tout aussi -justement- efficace. Le film a été fait, Iñarittu l'a dit, surtout pour Bardem. Javier est grand et Iñarittu est son prophète (non, il me semble que c'est plutôt le contraire, non ?).

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(Je dédie ce post à manu, marie et catherine, qui auraient dû venir avec moi à cette ultime séance, juste avant la neige...)

28 novembre 2010

dix autres livres les plus importants de ma bibliothèque

PROMENADE
de Régis Jauffret

Parce que j'aimais cette construction, à la fois fascinante et énervante, parce que je l'avais fait circuler dans notre "Club du livre" et que ça en avait énervé beaucoup, parce que j'avais inauguré, à son propos, les mots de "dispositif fictionnel", parce que son extrême noirceur, aussi, sans doute...

A FEU DOUX
de Gérard Arseguel

Parce que j'avais vu une première fois cet admirable petit recueil dans le bac d'un soldeur, près de la Sorbonne, que je ne l'avais pas acheté tout de suite, et que j'étais revenu le lendemain, et l'avais finalement pris. Parce que je l'ai retrouvé quelques années plus tard, dans un bac de la foire aux livres, et en ai conseillé l'achat à Philou, qui l'a d'ailleurs fait.

DES HISTOIRES POUR RIEN
de Lorrie Moore

Parce que Dominique m'en avait fait l'éloge, que je l'ai finalement acheté à Montréal, dans la librairie de Michel M., à qui j'avais demandé d'ailleurs de m'y apposer son tampon en première page, et parce que cette écriture, décidément, me plaît toujours autant...

L'OPOPONAX
de Monique Wittig

Parce que je ne sais absolument pas par quel hasard j'ai découvert cette merveille, qui reste et restera pour moi "le" livre définitif sur l'enfance, le plus juste en tout cas. Je n'ai jamais rien lu d'autre de cette dame, mais celui-là, je peux dire que je "le porte dans mon cœur". Je lui avais d'ailleurs fabriqué une jaquette maison, qu'il a toujours d'ailleurs.

LA FEMME GAUCHERE
de Peter Handke

Parce que ça me rappelle les années 70/80, que Fran me l'avait offert, et que je me souviens d'avoir été surpris, au cinéma, de constater que les images que je m'étais fabriqué à sa lecture était exactement les mêmes que celles que je voyais à l'écran, au temps où j'adulais encore Peter Handke, peut-être simplement parce qu'il avait travaillé avec Wenders.

LA CUISINE CANNIBALE
de Roland Topor

Parce que Michel m'allécha pendant longtemps avec cette édition originale, jusqu'à ce qu'il me persuade de me l'échanger contre mon bouquin sur la Beat Generation que j'avais acheté à Toulouse, et dont je pense à présent qu'il le faisait encore plus baver, parce que j'adore vraiment la "méchanceté" de la plupart de ces textes...

99 CHAMBRES CLOSES
de Roland Lacourbe

Parce que j'adore les listes et les histoires de chambres closes, et que je n'ai pu résister quand je l'ai trouvé, honteusement soldé (50f!) dans la librairie de madame Moulhade ("Vous cherchez quelque chos ? Je peux vous aider ?"). Un bel objet des éditions Encrage

NOTES DE CHEVET
de Sei Shônagon

Parce que c'est le premier ouvrage que j'aie connu entièrement composé de listes, que je l'empruntais régulièrement à la Bibliothèque Municipale, et que je me suis dit un jour qu'il serait plus simple de l'avoir dans la mienne, et que je ne l'ai quasiment plus rouvert depuis!

LE BAISER DE LA FEMME-ARAIGNEE
de Manuel Puig

Parce que j'ai découvert par cette entrée l'oeuvre "protéiforme" de Manuel Puig, parce que c'est un grand bouquin que j'ai offert plusieurs fois, et dont je n'ai pas réussi à identifier tous les films qui y sont racontés. Parce que le monologue final, qui serait pour moi le pendant masculin de celui de Molly Bloom à la fin d'Ulysse (bien que cela n'ait strictement rien à voir...)

CRAQUES, COUPES ET MEUTES RACIALES
de Harmony Korine

Parce que je ne savais même pas qu'il existait, et que c'est Zabetta (spécialiste des "cadeaux qui font mouche") qui me l'a dégotté, et offert pour mon anniversaire, déplorant juste qu'il y ait "une petite corne, là" , (mais Zabetta, c'est justement ça qui en fait tout le charme!)

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27 novembre 2010

toux

IVANOV
(CE QUI RESTE  DANS LA VIE...)
d'après Anton Tchékhov
Mis en scène par Jean-Pierre Baro

Soirée-théâtre à besançon, expédition joyeuse malgré tempête de neige ou presque, à comparer les mérites respectifs de différents morceaux de Pink Floyd et autres seventieseries.
Une pièce de Tchékhov (auteur que j'aime tout particulièrement pour des raisons diverses), que j'avais un peu plus envie de voir après avoir lu au générique de White night wedding que le film en était l'adaptation, et encore plus lorsque j'ai vu sur le programme que c'était le fils d'une copine, (et lui même copain) qui en assurait la régie son et la générale...
Il apparaît dès le début que cette pièce est " à la mode" (d'après les critères que nous venions justement de préciser dans la voiture : plateau nu et adresse public), mais aussi qu'il s'agit d'une tentative de réaménagement /réappropriation du texte, de le faire sortir des rails (et par la même aussi un peu Tchékhov de ses gonds : pantoufles, regards de cockers et samovar), de le faire monter en puissance, de l'hystériser en quelque sorte (je n'aime ni le mot "moderniser" ni celui de "dépoussiérer") ou tout autant de le viriliser.
Avec l'aide de huit comédiens tous hautement recommandables (ceci est un euphémisme pour ne pas dire excellents) et d'une mise en scène au diapason : en dents de scie, avec des moments grandioses, des emballements, des exagérations, suivis au contraire d'apaisements, d'arrêts sur images, de silences, d'embarras, de caresses silencieuses...
La première scène est reprise deux fois, à l'identique, on est tout de suite déplacé, et on a très vite le regard sans cesse en mouvement tant il se passe de choses ici ou là, là-bas, ici des voix, là une image sensuelle,  au fond des regards, des personnages immobiles, et tout ça se défait, pulse, s'éloigne, revient, un peu plus tard de  la danse, une chanson, des cris, une toque qui passe de tête en tête, des paillettes, de la mousse à raser, un rire qui n'en finit pas, une toux qui se prolonge... On est à chaque instant sollicité.
Pendant les premières minutes, j'ai pensé "Tiens, c'est du Tchékhov destructuré / restructuré, façon nouvelle cuisine. Mais la comparaison a subtilement évolué : tout n'est pas que dans l'apparence, dans la présentation (la "joliesse" diront certains qui s'arrêteront là), il y a -pour continuer de filer la métaphore culinaire- les saveurs individuelles, puis leur conjugaison, de chacun des acteurs, qui se mêlent et s'additionnent et interfèrent..
Ils sont, je l'ai dit, tous excellents, chacun donnant toujours un peu plus que ce que son registre de départ aurait pu laisser croire. Même si je n'ai pas tout tout compris (c'est drôle, je me référais souvent au film de Kormakur pour savoir où on en était), j'ai été scotché, véritablement, jusqu'au dernier noir.
Un beau travail sur le(s) son(s) qui vient superbement enrober cette ^matière déjà riche  (musique enregistrée, parole amplifiée, sons décalés, surprises sonores, performances vocales, rien n'y manque... Bravo Adrien!)

Bref mon bonheur eut été parfait, n'eut été une bande d'imbéciles au milieu de la salle (où j'avais commis l'erreur de m'installer) plus précisément deux juste derrière, un  autre à ma gauche (et dans une moindre mesure sa voisine immédiate), imbéciles donc, dont je suppose qu'ils n'étaient pas à jeun en entrant dans la salle, et ont passé leur temps à s'esclaffer bruyamment, lourdement, soulignant lourdement (et péniblement pour les acteurs je pense) le moindre sourire, le moindre éclat de rire sur scène, parfois même tout à fait hors de propos (telle scène plutôt intimiste et dramatique se retrouvant empoissée de leur ponctuations hilares. Un vrai supplice. Mon voisin de gauche, lui, le faisait plus discrètement, mais aussi beaucoup plus régulièrement... sa voisine allant, elle jusqu'à se lever, quitter sa place, dérangeant tout le rang pour quitter la salle, et effectuant le même manège quelques instants plus tard pour venir s'y rasseoir... Il y avait de nombreuses places réservées pour des collégiens, mais ces jean-foutre n'en faisaient même pas partie! Les djeunz se sont tenus à carreau!

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(et - ce qui ne gâche rien- il y a en plus deux barbus très mimi...)

26 novembre 2010

mets du henné sur mes paumes

LES CHATS PERSANS
de Bahman Ghobadi

Mois du doc, suite et fin. Celui-là ne passait que deux fois dans le bôô cinéma, il fallait donc se décider rapidos. Jeudi 18h, donc.
Au début on se dit qu'il n'aurait peut-être pas dû avoir sa place dans cette sélection exactement, vu qu'il s'agit tout de même d'un film scénarisé, qui raconte une histoire, même si celle-ci n'est finalement qu'un prétexte à nous présenter -et donc nous documenter sur- tous les genres musicaux contemporains (ou presque) co-existant de nos jours  -et clandestinement- à Téhéran, avec aussi toutes les façons d'exister, justement, clandestinement (dans une étable, sur un toit, dans une cave, dans un appart'...) , au nez et à la barbe des flics et des mollahs. Et, in fine, on se dit que, non, finalement, il était parfaitement à sa place ici, malgré ses faiblesses, ses maladresses, inhérentes, justement, à l'argument en question : un jeune couple de musiciens/chanteurs (lui tout juste sorti de prison) cherche à former un groupe et à quitter le pays, et fait appel à Nader, un jeune barbu démerdard et hâbleur, qui leur promet de tout arranger, et leur fait ainsi voir tout ce qu'il connaît de musicos de tous poils (et c'est vrai qu'ils sont -mais je le reconnais ce n'est pas un argument cinématographique-  bien agréables à contempler tous ces jeunes rebelles à poil long, et apparemment si doux qu'ils donneraient illico envie de les caresser) et z'horizons (rock, métal indé, tradi, rap, hard...) pour qu'ils choisissent de quoi monter leur futur -et de plus en plus- hypothétique - groupe... On alterne donc les prestations scéniques et les clips (variant les genres, et passant ainsi, parfois, d'une prestation à la limite du kitschissime - celui avec les danseurs- à un rap farsi musclé et urbain qui m'a personnellement remué -mais bon oui oui peut-être le chanteur n'est pas étranger à l'affaire...-)
Comme on s'en doute un peu dès le début, tout ça finira plutôt dans des tonalités sombres plutôt que rose bonbon, mais bon ça semble l'assez exact reflet de la vie de cette belle jeunesse iranienne, et de l'entêtement dont elle doit faire preuve pour continuer à croître et à exister. Courage!

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24 novembre 2010

interprètes

LES ARRIVANTS
de Claudine Bories & Patrice Chagnard

On continue avec le mois du documentaire, et voilà encore un documentaire très fort. Quelques mois dans les locaux du CAFDA (Centre d'accueil pour familles demandeuses d'asile), dans un dispositif qui pourrait évoquer l'excellentissime Les Bureaux de Dieu, et dont le contenu évoque - en vrai-  le titre du bouquin de Bourdieu qui m'est revenu en tête pendant la projection : Toute la misère du monde.
On suit ainsi quelques familles et quelques membres du personnel chargé de  les prendre en charge justement. Tamouls, Mongols, Roumains, Ethiopiens, avec qui il faut bien réussir à communiquer. D'où les interprètes du titre de ce post, précieusement indispensables, dont certains d'ailleurs ne se cantonnent pas à ce rôle de casques bleus de la communication, comme celui qui finit par expliquer à Caroline, la jeune assistante en train de péter un peu les plombs, qu'il n'a pas pu traduire à son interlocutrice des mots comme "On n'est pas un hôtel, ici...".
Un beau documentaire, oui, simple et poignant, sur les conditions ubuesquo-kafkaïennes des paperasses et des dédales administratifs à travers lesquels on promène, ces, justement, arrivants. Sur les bouts de ficelles avec lesquels tentent de se débrouiller les assistantes sociales, rouages "humains" de la grande machinerie judiciaro-sociale. Tickets de restauration, cartes orange, centres d'hébergement...
Il y a aussi un éléphant, en statue, qu'on a vu primo-arriver au petit matin, dans une camionnette, et qu'on retrouvera vers la fin du film, en plein milieu d'une fête tamoul au beau (très beau)  milieu de Paris.
Portrait juste de quelques justes, donc, qui ne que que vous promener entre les larmes de l'émotion, et le sourire de l'émotion aussi, justement.

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