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lieux communs (et autres fadaises)

10 octobre 2010

c'est quoi la vie

bBEAUTIFUL PEOPLE
de Jasmin Dizdar

C'est Marie qui m'a prêté le dvd . Qu'elle avait acheté chez Noz. (je l'y avais reposé, me semble-t-il, le jour où j'étais tombé sur un arrivage de MK2 et qu'il avait fallu faire des choix. Je n'ai semble-t-il pas fait le bon,à cet instant.)
Un film de 99, qui m'avait complètement échappé, et que je viens de regarder. Un film à 3 B : british, bordélique, et bisounours (on pourrait aussi rajouter le B de Bosnie, mais ce serait fâcher les serbes et les croates).
British indeed, rien n'y manque, le thé, le foot, les pubs, l'humour, la petite pointe délicieuse de mauvaise foi, le zeste de mauvais goût, le flegme, l'excès...
Bordélique parce que c'est compliqué, tout du moins au début, de suivre et de démêler les destins plus ou moins entrecroisés de tous ces personnages.
Bisounours parce que le réalisateur réussit le tour de force (bon, c'était peut-être parce que j'étais très près de l'écran) de me faire venir les larmes aux yeux à plusieurs reprises, et surtout à terminer toutes ces histoires de façon assez youp-la-boum et totalement irréaliste (happy end général, les méchants deviennent gentils, les tourtereaux s'épousent, les bébés sont aimés, les ennemis se réconcilient, il y a de l'alcool et de la musique genre fanfare bosniaque (ou serbe ? ou croate ? enfin, ex-yougoslave) et c'est tellement bien que ça finisse comme ça... oui  vraiment j'adore.
Surtout quand tout ou presque dans le film renvoie au conflit en ex-Yougoslavie, et que ce n'est pas forcément facile  a priori d'en rire, ou tout simplement d'avoir un avis sur la question...

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9 octobre 2010

"le père et le fils"

les carottes du jardin de mon ami (et voisin d'en face) sont plutôt suggestivement appétissantes, non ?

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(le fils est à gauche, mais il est déjà plutôt bien développé pour son âge, non ?)

Ou "comment me donner envie de manger des légumes" (hihihi)

8 octobre 2010

toltèques

Ma copine Evelyne me fait lui acheter sur Internet des livres bizarroïdes qu'elle a visiblement du mal à trouver ailleurs
celui-ci est sous-titré "la voie de la libération personnelle" et repose sur quatre préceptes (je l'ai un peu feuilleté à la réception) :

1) Que votre parole soit impeccable
2) Quoi qu'il arrive, n'en faites pas une affaire personnelle
3) Ne faites pas de suppositions
4) Faites toujours de votre mieux

j'ai trouvé ces titres de chapitres plutôt intéressants, jusqu'à ce que je détaille l'intérieur et que j'y trouve des trucs qui me gonflent...
mais bon, en tant que conseils, c'est plutôt pas mal! (non ?)

8 octobre 2010

tiédasse

VOUS ALLEZ RENCONTRER...
de Woody Allen

Je ne peux même pas dire que j'ai été déçu, puisque je m'y attendais : le film est bien tel que l'annonce -justement!- sa bande-annonce : vieillot, ramollo, poussif, avec, en plus une lumière atroce. Au cas où je ne l'aurais pas vue (la bande-annonce), le  simple fait de mettre en accroche sur l'affiche un compliment venu du Fig*ro aurait pu un indice suffisant.
Mais bon, j'en avais envie, j'y suis allé. Et le résultat est bien à la hauteur de mes (des)espérances... Quel gâchis! Première constatation : c'est moche, indiscutablement. Mollement filmé, mal éclairé, flanqué d'une voix off sans réelle utilité. Ensuite, ce qui est plus grave, ce comme ce qui est annoncé comme une "délicieuse comédie",  n'est même pas vraiment drôle : on sourit quelques fois, on ricane quelques autres, mais juste sur une phrase qui fait mouche, de ci de là.
Au niveau du script, c'est encore plus la cata : Allen mélange plusieurs historiettes (à propos de mariages, de divorces, et d'histoires d'amours dans leurs différents états (naissance, vie et mort)...) autour d'une mamie (abandonnée par son vieux beau de mari au profit d'une plus jeune, plus blonde et -beaucoup- plus vénale) et de sa famille proche (sa fille, le mari de celle-ci, le patron de la fille, la voisine d'en face...), historiettes qui ont l'air de finir toutes plutôt pas très bien, sauf que, alors qu'un critique écrit "la manière fort élégante qu'il a de ne refermer aucune des tragédies potentielles dans lesquelles se sont engouffrés tête baissée les autres personnage", j'aurais plutôt envie de parler de "jem'enfoutisme avec lequel il laisse à la fin tout en plan  (et notamment le spectateur) pour poser là un vague happy-end pastoral,  comme s'il se désintéressait soudain tout à fait du reste."
il y a là-dedans une accumulations de thèmes qui auraient gagnés à être développés et sont juste esquissés (la voisine d'en face, la voyante, le livre volé, la défunte épouse...) mais dont la rapidité d'exécution rend -paradoxalement- l'ensemble plutôt poussif (j'ai eu l'impression que le film durait cinq heures...)
Bon, ce qui est sûr, c'est que ça ressemble assez à la vie, la vraie vie, où on n'aime jamais la bonne personne au bon moment (et réciproquement), mais je préfère Anton Tchekhov, dans le genre.
Non mais.

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(et  je trouve l'affiche très moche)

6 octobre 2010

miam!

"En matière de sexe, la taille ne compte (soit-disant) pas. Faux, répondent deux chercheurs en urologie turcs. Sauf que pour eux, ce n’est pas sur celle du zizi qu’il faut s’attarder mais plus sur celle du tour de ventre. Car sous les tee-shirts XXL se cacheraient des amants du tonnerre. Selon leur étude, les gros résistent beaucoup plus longtemps à la tentation éjaculatoire que les filiformes. La raison ? Plus le tour de taille et le taux de graisse augmentent chez les hommes, plus ils développent de l’œstradiol, une hormone féminine qui perturbe la testostérone et chamboule certains neurotransmetteurs régissant l’éjaculation. Tournée de cassoulet pour tout le monde ! "
(Libération 04/10/10)

5 octobre 2010

pas le bon jour

POETRY
de Lee Chang-Dong

Comme Zabetta l'autre jour avec Happy Few.
Suis arrivé fatigué dans la salle, dimanche 20h pas ma séance habituelle du tout ça, en plus. Dès que ça a commencé, j'ai assez rapidement commencé par papillonner, puis piquer du nez, mais de la façon la plus horripilante : quelques secondes par ci, quelques secondes par là, saucissonnant ainsi le film de désagréable façon. En suivant "dans les grandes lignes" mais un peu de loin.
Impossible de lutter.
Un suicide du haut d'un pont ouvre le récit (comme pour le très beau et très triste Peppermint Candy, tu te souviens Zabetta combien nous avions les yeux rouges à la sortie de notre vieux Club 5?), celui d'une adolescente victime d'une série prolongée de viols par un groupe d'adolescents. Un de ceux-ci, spécialement ronchon et tête à claques, vit avec sa grand-mère, qui apprend toute l'histoire lorsqu'elle est contactée par les pères des cinq autres ados, afin de trouver une solution pour étouffer l'affaire.
Il s'agit pour la mamie à la fois de réunir une grosse somme (pour acheter le silence de la mère de la jeune suicidée) et de comprendre ce qui s'est passé.
Parallèlement à ça, elle continue de s'occuper hebdomadairement d'un vieillard riche et handicapé, s'inscrit à un cours de poésie, et apprend qu'elle est atteinte de la maladie d'Alzheimer. Beaucoup de pain sur la planche, donc.
Mais on la suit et on s'y attache, elle est vraiment adorable, cette mamie qui lutte contre l'adversité avec ses tenues fleuries ses gilets pastel et ses chapeaux crochetés.
Voilà, c'est incompréhensible, j'aurais normalement du adorer ça, et pourtant, fatigue oblige, je ne suis pas "rentré dedans" comme on dit. c'est dommage, mais ça ne m'a pas du tout touché. Pourtant, il y avait largement de quoi.

Sur la scène finale j'aurais normalement du être très en larmes (c'est très beau, quand j'y repense), pourtant je suis resté là, tout sec. Dommage, oui, dommage dommage.

Me reste une scène de raquettes, exemplaire (la mamie, le flic, l'ado), comme idée du plaisir que tout ça aurait du me procurer.

(C'est la faute à F*llon... )

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1 octobre 2010

oukha

AMORE
de Luca Guadagnino

Je ne savais pas trop, en y  allant... Le peu que j'en avais lu me donnait (un peu) envie mais... Comme le film passait pile poil à la bonne heure, on y est allé. Et j'étais drôlement (ce n'est peut-être pas le mot juste) content de l'avoir vu, en sortant de la salle, deux heures plus tard.
Soit une famille italienne (très) friquée, réunie autour du patriarche, le jour de son anniversaire. (Après un très beau générique enneigé, noir et blanc ou presque, on n'est pas sûr mais c'est très agréable, avec les aussi joliettes circonvolutions musicales de John Adams (que j'ai d'ailleurs pris pour Phil Glass). Le vieux barbu passe la main et confie la direction de ses affaires à son fils et un de ses petits-fils. Repas de (grande) famille en grandes pompes, argenterie, petits plats dans les grands voire très grands, loufiats, robes de soirée, nappe amidonnée, rien n'y manque...
Ding dong. Arrive à la porte un beau ténébreux porteur d'un gâteau pour le fils en question, qu'il vient de battre à la course (on ne parle que de ça, à table.) Il s'appelle Antonio, il est cuisinier, il est brun et barbu, ritalissimo, et va mettre un sacré bazar dans les histoires de la famille...
Et notamment celles d'Emma, femme et  mère des deux hommes qui  viennent d'être choisis par le patriarche pour sa succession, et accessoirement d'une fille, dont elle ne va d'ailleurs pas tarder à apprendre qu'elle aime une autre femme, et non le bellâtre que son père souhaiterait la voir épouser...
Non, ne racontons pas tout, laissons au spectatore (on dit comme ça en italien ?) le plaisir de la découverte des "trois actes" successifs de cette histoire somme toute banale (Emma maîtresse de maison / Emma maîtresse d'Antonio / Emma -plus du tout-  maîtresse de la situation) mais filmée avec ampleur, panache et démesure.
Pour rester dans le champ lexical, nous parlerons de maestria.
Le film est très brillant, épicurien, sensuel, sensoriel, et la façon de filmer du réalisateur à l'avenant. Qu'il s'agisse de déguster un plat d'écrevisses ou de faire l'amour dans la campagne estivale, par les images, la musique, le montage, la construction des plans, tout concourt à en mettre plein la vue du spectateur. Une virtuosité indéniable du filmage, qui pourrait presque faire courir le risque de parfois virer un poil à l'excessif. (Certains diront qu'ici tout est trop.) Et de sombrer dans le ridicule ? Disons qu'on serait toujours sur le fil. Et que la musique de John Adams (que j'ai, personnellement, plutôt beaucoup aimé) n'aide pas vraiment le film à rester raisonnable.
Il s'agit donc d'excès, mais comme dit le proverbe, ça n'est pas forcément nuisible ni déplaisant. Au contraire. Le ton et le traitement m'ont fait penser au film de Bellochio sorti l'an dernier (et dont j'ai malheureusement oublié le titre.) Ou, peut-être, forcément que les histoires des malheurs des riches ont besoin d'être encore magnifiées par cette emphase, cette démesure. En tout cas, moi, je me suis laissé avoir, et ce d'un bout à l'autre (les deux heures du film passent comme un TGV, à toute allure et avec grand fracas, et comme on est tout au bord du quai, ça décoiffe.) Puisqu'on est dans les analogies, la situation de départ présente aussi quelques amusantes similitudes avec Le premier qui l'a dit, de Ferzan Oztepek  (la grande famille, le textile au lieu de la pasta, la passation de pouvoir, le fils chéri...) avec peut-être, justement -je prêche pour ma paroisse- une ébauche de piste de sous-texte gay, non ? (quand vous aurez vu le film, on en reparle...)
Bon, évidemment, je ne peux pas ne pas parler de Tilda Swinton, et joindre ma modeste voix au concert de louanges. Oui oui je le confirme, elle est vraiment excellente; étrange et excellente, comme d'hab'  (mais bon euh c'est vrai je l'avoue -rose aux joues- euh j'avais le regard pas mal fixé sur le jeune cuistot barbu, et ne pouvais que me féliciter des choix d'Emma (le personnage joué par Tilda), tout en l'incitant à y aller franco (ça met quand même du temps à se décanter, toute cette histoire!) pour conclure...)
La fin est survoltée, mais vaut elle aussi le déplacement (dans chacune des parties le ton et la manière de filmer auront varié) En même temps prévisible et pourtant fascinante (même la musique passe à la vitesse supérieure). Le réalisateur paraphe avec brio cette histoire que d'aucuns trouveront simple, et le dernier regard échangé entre mère et fille justifierait à lui seul le torrent d'émotions qui ne manquera pas alors de submerger le spectateur.
Et tout ça pour une soupe de poisson. Au bouillon transparent certes, mais tout de même...

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28 septembre 2010

elle est bien bonne

Rachida Dati dit "fellation" à la place d"inflation", dimanche, sur Canal, et personne n'en parle ?
Bizarre bizarre...

En rangeant mon ordi, j'ai retrouvé ma première bannière pour ce blog. Je la remets illico, parce que c'est "vraiment moi"...

Le mardi soir, c'est bien, mais pas tout à fait autant que le vendredi soir...

25 septembre 2010

dis-le moi au creux de l'oreille

MIEL
de Semih Kapanoglu

(tiens tiens, encore question de miel... cf post précédent)

Du même monsieur qui avait fait Yumurta (Oeuf), que j'avais beaucoup aimé, et qui fait partie de la même trilogie, (dont le dernier-quoique central- volet s'intitule MILK (pourquoi avoir traduit l'un et pas l'autre ? Mystère...). Trilogie à l'envers, car celui qui était un adulte dans Yumurta est ici un enfant dans Miel (et sera un ado dans Milk...)
En parlant des titres, justement, c'est pas souvent qu'un réalisateur peut se vanter d'avoir réussi à mettre ses trois films sur la table dans un même plan, et c'est pourtant bien le cas ici!
Un film sur l'enfance, autour d'un enfant, mais pas forcément  destiné à un jeune public. Qui risquerait de s'y ennuyer un poil et de s'y perdre un chouïa. (Comme dans Yumurta, on navigue souvent à vue entre rêve et réalité, et ce n'est pas forcément évident de rendre à chacun ce qui lui revient.) C'est très beau mais c'est très lent (Dominique m'a dit en ricanant, à la sortie, "ça n'est pas aussi lent qu'Oncle Boonmee..." mais je n'étais pas tout à fait d'accord, j'y reviendrai peut-être...) Comme Yumurta, le film commence par un rêve, qui, comme dans Yumurta concerne la mort d'un parent (ici la visualisant, là la métaphorisant) on sait donc à quoi s'attendre.

Le jeune Yusuf, qui ne peut s'empêcher de bégayer quand on lui demande de lire à l'école (alors qu'il le fait sans problème chez lui) entretient un lien très fort avec son papa Yakup (un joli papa turc, barbu, et qui est plus est avec un bonnet -allez savoir pourquoi mais j'ai toujours craqué sur les mecs avec un  bonnet...-) sympathique papa, et qui plus est apiculteur. (mais dont on sait presque tout de suite qu'il va mourir.) Un lien qu'on pourrait qualifier de complice.
Ils ont ensemble une relation chuchotée (ceci évitant à Yusuf de bégayer), et rien que ça c'est superbe à regarder. Comme le papa est apiculteur (et que visiblement, en Turquie, les ruches sont dans les arbres) on est très souvent dans la forêt (et ça aussi c'est superbe à regarder) où tous les deux y vont gaiement gambadant. Les arbres sont superbes, et superbement filmés (Apitchouneeeet...) On les voit aussi bien qu'on les entend bouger, on devient aussi attentif et émerveillé que Yusuf en train d'admirer son papa...

Le film est, le plus souvent, à hauteur d'enfant, avec les objets autour desquels se cristallisent les petits événements qui constituent une journée (le verre de lait du petit-déj', le livre de lecture, le grelot, le bateau en bois, l'enfumoir...) avec les sentiments et les sensations qu'y s'y rapportent. Car chaque enfant est véritablement une éponge à sensations, qu'on absorbe et qu'on restitue continuellement, comme on respire. Et le spectateur est d'autant plus attentif que le jeune acteur qui interprète Yusuf est vraiment extraordinaire. L'équivalent au masculin de ce qu'avait pu être Ana Torrent dans Cria cuervos (ce qui n'est pas de ma part un mince compliment, ceux qui me connaissent pourront témoigner!) Il est perpétuellement juste, touchant, frémissant, limpide, obscur, attachant, simple, évident, attendrissant, etc. On vit, d'autant plus fort, le film à travers lui.

La disparition du père n'est pas une mince affaire, (qui n'est pourtant pas ici, paradoxalement, un ressort dramatique, puisque dès les premières minutes, comme je l'ai déjà dit, on le sait.)  Elle sera pourtant, d'abord dans l'attente, dans l'espoir , plus tard sur le versant opposé, le déclenchement de "quelque chose" le passage de relais vers une autre étape de la vie du gamin. Et si  le réalisateur abandonne ainsi Yusuf en pleine nuit au milieu de la forêt (ne serait-ce pas une scène quasi équivalente qui a lieu presque à la fin de Yumurta ?) rien n'est définitivement perdu, et surtout pas l'espoir.

Et ce n'est que rétrospectivement qu'on réalise que Semih Kapanoglu nous a raconté tout ça de la façon la plus nue qui soit au cinéma (c'est à dire sans aucune musique) et l'on n'en est alors que plus admiratif. Peu de personnages (on a surtout le triangle familial que viennent "équilibrer" les scènes d'école, avec juste, vers la fin, une étonnante scène de foule. Beaucoup de gens, musique, grands espace et brume tout en haut...) Et le contrepoint perpétuel de la nature, de la forêt.
Un très beau film (qui viendrait aussi prendre sa place dans la famille des "films doux", non ?)

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25 septembre 2010

tamarin et miel

Uncle_Boonmee

ONCLE BOONMEE
d'Apichatpong Weerasethakul

Je n'ai pas pu m'en empêcher, et je suis retourné le voir, à l'avant-première de mardi soir. Je voulais ne pas en perdre une miette. A la sortie de la projection de presse, j'avais entendu un critique dire "c'est encore mieux la deuxième fois...". Je confirme. De savoir à l'avance là ou Apitchounet va nous entraîner, d'essayer de deviner les "coutures", de savourer l'ambiance sonore amniotiquement apaisante, de tenter de sérier les choses (là c'est en vrai, là c'est un souvenir, là c'est une vie antérieure, là c'est une légende, là c'est je ne sais pas...) pas d'essayer de comprendre à toute force ni d'intellectualiser, non, juste se laisser porter,  prendre place, accepter le jeu...
Dériver
(Il y avait, à côté de moi, une dame, qui, visiblement ne partageait pas mon enthousiasme et dont l'agitation croissante m'a presque un peu gâché mon plaisir (à la fin, elle était occupée à ôter, en les grattouillant, les bouloches de son pull, qu'elle jetait ensuite négligemment devant elle. j'ai failli lui dire "Mais sortez donc!" lorsqu'elle s'est enfin décidée à le faire, cette cruchasse ( juste deux minutes avant la fin du film.)

Je n'en perdais donc, effectivement, néanmoins pas une miette, les conditions de projection étaient top (le Plazza Victor Hugo à Besançon, pour ne pas le nommer) et je savourais les moments successifs (le buffle, les fantômes, les tamariniers, la dialyse, la grotte, le moine, le karaoké), en réalisant que ces personnages de grands singes noirs aux yeux rouges, qui avaient pu, à la première vision, me sembler presque un poil too much, étaient devenus un des éléments les plus importants pour moi dans cette histoire, (et sans doute l'unique "point commun" à plusieurs parties).
C'est vrai que le film est lent, et que certaines séquences, filmées par d'autres, eussent sans doute perdu leur charisme. Justement, on est là, on prend son temps on se laisse aller...

"Paisible" le mot est dit, et fut répété par plusieurs spectateurs et critiques, d'ailleurs.
Je pus donc vérifier que, contrairement à ce que je pensais, je n'avais -pratiquement- rien perdu du tout, (car c'est un film qui porte à la rêverie, et auquel il est quasiment impossible d'être attentif complètement, tout le temps...) et que, contrairement aussi à ce que je croyais, il n'y avait aucune "couture" entre la plupart des scènes qui sont juste, comme on dit (j'espère que je ne me plante pas) "montées cut".
Et que, si l'élément de surprise ne jouait plus (même si j'ai raté l'apparition du fantôme de l'épouse), la fascination , elle, jouait toujours à plein. J'avais le coeur qui battait, j'étais souvent béat, avec un léger sourire un peu bête me retroussant les commissures.J'étais bien. J'aime la jungle chez Apitchounet.
Comme si j'étais, (oui je sais, c'est stupide) amoureux de ce film, en quelque sorte, et sans parvenir du tout à l'expliciter ou le rationaliser. Les raisons de, je veux dire.

J'ai fini par y revenir, une troisième fois (hier), car il était programmé -par nos soins- dans le bôô cinéma. Et, oui, comme un fiancé, j'étais impatient que les lumières s'éteignent, que l'horrible musique de la salle s'arrête, que le buffle fasse son apparition... Et, dès que ça s'est produit, j'étais à nouveau dans le même état : bien. Même si les conditions de projection m'ont semblé, cette fois, être les moins bonnes des trois fois. Pas à la hauteur. Pourtant l'écran est gigantesque, mais, peut-être à cause de, le film m'est apparu, (certaines séquences tout du moins), pas net, voire quasiment flou (les scènes d'intérieur surtout, ce qui est tout de même un peu dommage). Et je pense que la barre noire en dessous de l'écran n'était pas indispensable (d'ailleurs était-il normal que les têtes tout en haut soient plusieurs fois carrément coupées ?), et même la bande-son m'a semblé beaucoup moins enveloppante (j'avais pourtant pris soin de nous installer (j'étais avec Emma) au centre de la salle... Pour profiter au maximum.
Pourtant je ne me suis même pas levé pour aller ronchonner, tant pis me suis-je dit en me faisant une raison (et surtout, je  crois que je n'avais pas envie de me heurter aux sarcasmes du projectionniste, aussi irascible que caractériel, qui m'auraient sans doute gâché mon plaisir doux et sorti manu militari de cet état bienheureux...)
Et bien, figurez-vous que, même à la troisième vison, c'est kif-kif. Autant de plaisir, et même redécouvrir de nouveaux bonheurs supplémentaires (ou qu'on avait oubliés) : L'eau à la fin de la scène de la princesse, les gens sous les moustiquaires, les quelques mots de français sous les tamariniers, la lune dans le feuillage) ajoutés à ceux que je connaissais déjà et que j'attendais donc : la scène d'ouverture, l'arrivée des fantômes (j'ai été très attentif à l'apparition de l'épouse, même si je n'arrive plus à me souvenir exactement quand /comment disparaît le fils.

Et mes copains aux yeux rouges, dont j'apprécie la pose et peut-être, surtout le silence. Singes attentifs, empathiques quasiment.

Oh que tout ça est bienfaisant.

Jusqu'à la scène de l'enterrement (c''est joli toutes ces guirlandes) le film suit une trajectoire plutôt rectiligne, relativement (je devrais mettre des ") facile à suivre (hormis les zigzags narratifs penseront certains du buffle et de la princesse) jusqu'à cette intrigante scène finale (les personnages dans la chambre, regardant la télévision) et son étrange, aussi soudaine qu'inexplicable, duplication. Comme si, semblait nous dire le réalisateur, oui oui on peut tout à fait être ici et là en même temps, ou, mieux encore, en train de faire quelque chose et de se regarder en train de le faire.
Et une chansonnette guillerette  pour terminer (une de celles du dentiste-chanteur de Syndromes and a century, celui justement qui était amoureux du moinillon ?)
Pour arriver tout à la fin du générique et y découvrir, comme a dit Nicolas, "que, même là, il y a des fantômes..."
C'est peut-être ça finalement qui me plait tant dans ce film, cette façon complètement dédramatisée d'évoquer, justement, les fantômes. (comme à la fin de Madame Muir, non ?)
Peace and love, quoi (et éternité, surement aussi...)
Accepter la mort avec sérénité, même si on a des regrets. Et que la vie continue pour les autres...

(et, dans le noir, une créature silencieuse aux yeux rouges qui vous contemple...)

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