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lieux communs (et autres fadaises)

19 décembre 2009

"children..."

MEDEE
d'Euripide
Mise en scène de Laurent Fréchuret

Réalisé assez rapidement que cette pièce n'est, finalement, que la suite de Jason et les argonautes, présenté il n'y a pas très longtemps dans le cadre d'Ecole et cinéma.
Réalisé aussi que le personnage en est beaucoup moins kitscho que l'actrice sixties (j'ai oublié son nom) qui l'incarnait dans le susdit Jason. Catherine Guermain, ici,  est impressionnante de simplicité (robe rouge, pieds nus, cheveux défaits, longs bras maigres) face à (soyons honnête) celui sur le nom de qui j'étais venu voir la pièce, Jean-Louis Coulloc'h, qui incarne Jason (Un Jason robuste, certes, au physique impressionnant -il finit hmmm la pièce torse nu- mais également un Jason pitoyable, vaniteux, veule, macho, bêta, tout au moins pendant une grande partie de la pièce.)
Le dispositif scénique est clairement pluricul/multimed : sur scène, des musiciens s'accordent (guitare, violon, batterie) , une femme à cheveux roux/ras se maquille (ce sera le Choeur) tandis qu'est projeté format géant sur tout l'espace du fond de scène un film de famille (papa maman les enfants) plutôt joyeux comme savent l'être les films de famille en super-8, derrière le quel une bascule lumière va progressivement nous faire apparaître un Médée prostrée dans une haute maison de bois (j'ai beaucoup aimé cette façon de nous faire passer quasi insensiblement de la salle à la scène  sans qu'on sache vraiment à quel moment ça a commencé, on y est tout à coup et c'est tout) tandis que la musique monte et sinue...
Je ne connaissais grosso modo que le noeud de l'intrigue : Médée va employer les grands moyens pour faire le malheur de ceux qui ont voulu la chasser, et, après avoir fait mourir la future jeune épouse de son ex dans d'atroces souffrances grâce à un voile magique apporté par ses enfants (ceux qu'on a vu rigoler avec papa Jason et maman Médée dans le film du début) va égorger ces enfants-là pour que sa vengeance soit complète. Dieu merci tout cela est hors-champ, figuré par le récit (la mort de l'épouse) ou par l'image (la scène précédant la mort des enfants est une belle et impressionnant montée -dans tous les sens du terme- Médée grimpant sans fin les escaliers de bois qui mènent à son crime tandis que la musique -il n'y a plus me semble-t-il à cet instant que la guitare électrique- l'accompagne dans des riffs lancinants et de plus en plus forts. Un grand moment assurément de climax après lequel il ne restera plus grand-chose à dire. La douleur de Jason, qui finit immobile, à mi-hauteur, à l'endroit même ou Médée se tenait au début de la pièce, tandis que cette même Médée vient elle s'installer à la table où se maquillait le Choeur en ce même début, et, se démaquillant, désormais seule en scène dans un pinceau de lumière, lance juste avant le noir final, se détournant de son miroir, un regard au public d'une force extrême.
Laurent Fréchuret m'avait déjà ravi avec son Roi Lear, et continue ici -avec quasiment le même bonheur- son entreprise de "dépoussiérage", ou, en tout cas, de relecture des  standards du théâtre, (la traduction du texte est nouvelle) même si, dans le cas présent, j'ai pu être par instants -au moins au début- un poil gêné par cette volonté d'enfoncer un "coin" quasiment comique (le personnage de Jason) dans la bûche de la tragédie pure et dure, comme une fissure, pourtant (assez vite) refermée, le Jason de la fin étant presque un autre personnage.

13 décembre 2009

micro73

"Ma nature profonde c'est de rester chez moi pour ne pas faire grand-chose."
(Charlotte G.)

*

La dernière image de "la maison aux fenêtres qui rient" me terrifie complètement.

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La mixture au chlorure de magnésium (sensé tout guérir) qu'Evelyne m'a préparée
a un goût vraiment dégueulasse

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(quand) le coeur n'y est pas

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à la radio, je tombe sur "Et maintenant", et, pendant un certain temps, je pense écouter "Non rien de rien"

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un fond de tristesse aussi persistante qu'irraisonnée, comme un dépôt calcaire

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des odeurs fantômes

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percevoir confusément qu'on n'a peut-être jamais été ni au bon endroit ni au bon moment

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la première neige se fait attendre (le froid, lui, est déjà là)

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la très jolie tomate va bientôt basculer dans le néant

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avoir subitement les larmes aux yeux en lisant ce mail de Charlie

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8 décembre 2009

à vue de nez

Pfff! je n'y comprends rien... Alors que, hier soir, je pensais que "c"'était définitivement parti, éteint, envolé, disparu (je ne sentais à nouveau plus rien de rien de chez rien) voilà que ce midi, retournant au FJT avec Manu et Marie, c'est soudain revenu (la sauce du poisson n'était pas terrible, ça rappelait un peu le désodorisant des toilettes, et les pompiers, hélas, NE SENTENT RIEN.) Ce soir, au repas, c'était encore là (les pâtes au pesto / la tomme de chèvre / la mousse au café / l'orange, j'ai senti tous les goûts) et voici qu'à nouveau il semble que ça s'estompe.
Pourquoi est-ce que c'est, comme ça, en pointillés ?
C'est exaspérant.

7 décembre 2009

tipota

STRELLA
de Panos H. Koutras

Décidément c'était le jour des films atypiques! (Ca c'est pour appâter Pépin... Si je savais comment le faire clignoter, je le ferais!!!)
Sortant de l'Espagne jarmuschienne, j'ai à peine eu le temps de sauter dans ma vaillante 306 pourrie pour faire les 50km qui me séparaient de la Grèce de Koutras (pour l'info, c'est le monsieur qui avait réalisé L'attaque de la moussaka géante, qui m'a laissé peronnellement (je voulais écrire personnellement, mais ça aussi c'est joli, et du coup je le garde, tiens, surtout pour parler de trav') au bord de l'indigestion kitsch, mais bon il a fait du chemin depuis, et ce film-là est sans conteste d'une autre trempe.)
J'aurais pu faire ma grosse feignasse et vous donner simplement le lien qui conduit à la jouissive critique qu'en a fait Gérard Lefort dans Libéchounet mais bon je vais quand même me forcer un peu pour vous dire tout d le bien que j'en pense (sans m'abîmer mes faux-ongles).
Dès le début, on sait à quoi s'en tenir : Yiorgos sort de prison, après 15 ans de détention, dit tendrement au revoir à son jeune copain de cellule, et va se mettre en quête de Léonidas, son fils, dont il est sans nouvelles depuis tout ce temps. Il s'installe dans un hôtel, où il fait assez vite connaissance de la Strella du titre, un(e) jeun(e) transexuel(le), avec qui il va vite faire phosphorer ses hormones mâles (qu'il a puissantes d'ailleurs : Yiorgos est du genre mâle sans hésitation, sans concessions, sans sommations).
Voilà le point de départ, et je n'irai guère plus loin, sous risque de défloration (ouch!) dommageable d'une intrigue à propos de laquelle je proposerais volontiers à notre ami Almodovar d'aller se rhabiller. D'abord parce qu'ici les transexuels le sont vraiment et le prouvent... (Oui oui Strella est -grand bien nous fasse- un FAQV) et que, finalement, c'est assez rigolo de voir un film où l'altersexualité est posée quasiment en norme (il y a très peu d'hétéros purzédurs dans cette histoire plutôt échevelée -à perruques, je veux dire-). Histoire de famille et de liens familiaux : Yiorgos cherche son fils, Strella prend soin de celle qui l'a élevé, et qui est en train de mourir, le copain de Strella enterre sa mère et récupère une soeur... ("La famille ça fait partie des p'tits soucis quotidiens (vous rappelez-vous de Sheila ?) mais pourtant c'est une vie qu'on aime bien...") dans un univers de paillettes, de strass, d'éclairages nocturnes, de perruques et de faux-semblants.
A la différence de L'attaque de la moussaka... qui était une grosse pochade poilade au nième degré, très follasse et très cheap, Panos H.Koutras, s'il n'a visiblement pas beaucoup plus de moyens financiers (mais il se débrouille très bien comme ça), a opté -au moins au départ- pour un  certain "réalisme" , un "profil bas " naturaliste, qui tire progressivement le récit vers le mélo flamboyant, avec tadam! révélation (lorsque le fils réapparaît) et changement de perspective en plein milieu du film (on se demande d'ailleurs à ce moment comment le réalisateur va réussir à se tirer d'affaire et boucler son odyssée, ce qu'il va pourtant réussir   avec un brio certain lors de la scène finale "Noël en famille", comme un clin d'oeil joyeux (idyllique ? ), qui tiendrait plus du chromo sous coke que de l'imagerie sulpicienne (quoique...).
C'est vrai que le film avance parfois comme un travesti qui monte pour la première fois sur des talons-aiguilles, pas toujours sûr de son équilibre, mais continuant à avancer bravement, même  en claudiquant parfois, manquant de peu de se casser la figure, et se relevant bravement, reprenant soudain de l'altitude et de l'audace pour nous mener à bon terme de son histoire. Mais les acteurs sont là pour compenser (comme les semelles huhuhu)  les passages à vide ou les scènes un peu plantées (je pense à une déambulation de Strella sur fond de Callas qui juste ne fonctionne pas, mais alors pas, pas le bon rythme, pas le bon timing, je ne sais pas...)
Les deux principaux, en tout cas, sont superbes, et assurent à tous points de vue (Mina Orfanou as Strella, et Yannis Kokiasmenos as Yiorgos) les excès et abymes d'un scénar pour le moins couillu.
Le renouveau (plutôt la renouvelle, dans le cas présent) du cinéma grec serait-il donc arrivé(e) ? Allons (nous faire) voir... (Oui bon je sais elle est facile, mais elle est comme qui dirait au diapason, non ?)

19186789

6 décembre 2009

peyotl

THE LIMITS OF CONTROL
de Jim Jarmusch

Radical. C'est le premier mot qui me soit venu en tête lors de la projection. Radicalement beau, radicalement différent, radicalement ailleurs. (Bon c'est vrai j'adore Jarmusch et je ne suis peut-être pas tout à fait objectif.) Le film a visiblement désarçonné pas mal de critiques et a visiblement été assez peu apprécié. Et pourtant...
C'est l'essence même du cinéma (que j'aime) qui coule ici lentement sous nos yeux ébahis. Jim Jarmusch nous l'annonce  dès le générique, la musique lancinante, le défilé de noms d'acteurs (ils sont rangés dans l'ordre chronologique, c'est commode, et on sait donc que, quand on verra Bill Murray, ce sera pas loin de la fin) et la petite citation de Rimbaud pour ouvrir les yeux et aiguiser les appétits. Jim est parti en vacance(s) en Espagne, et voici ce qu'il a a ramené...
Un film en forme de faux-semblant. D'apparence, on a sous les yeux l'exosquelette d'un polar standard (un tueur / un contrat à exécuter / des rencontres / des messages codés / une pin-up. / une exécution..) mais, à l'intérieur, ce n'est pas ça du tout, ou, peut-être, justement qu'en vrai il n'y a rien.
De l'espace, des pas, du rêve, des private jokes, des références à l'art (espagnol ?) sous ses multiples formes, et, surtout une structure qui s'apparenterait plutôt à la chanson (couplet / refrain / couplet / etc.) ou à la poésie (voire même au rêve), qu'au film proprement dit.
Le lonesome killer (Isaach de Bankolé, monolithique) marche beaucoup, s'arrête de temps en temps à une terrasse de café ou il commande two expressos in separate cups, et, au bout d'un certain temps vient s'asseoir à sa table un personnage (John Hurt, Tilda Swinton, Gael Garcia Bernal...) qui, après lui avoir invariablement demandé "Usted no habla español? " lui raconte sa petite histoire perso (à propos de la musique, du cinéma, de la peinture, de la science, de la guitare, des hallucinations...) tout en lui remettant une boite d'allumettes (rouge ou verte) qu'il échangera tout aussi invariablement contre une autre boîte d'allumettes  (verte ou rouge) qui est dans sa poche, dont il sortira un papier sur lequel est codé un message, papier qu'il mangera idem invariablement...
Cet "itinéraire" a un but : un américain à exécuter, retranché dans une forteresse protégée par des dizaines de gardes du corps. ("Comment avez vous fait pour entrer ? " "J'ai utilisé mon imagination..."). But qui sera atteint au terme d'un itinéraire tortueux (et pourtant rectiligne) où il s'est agi de ramasser des indices, des signes (la tour, le violon, le pain,etc.) avant de relancer les dés. Jarmush s'amuse, sur ce canevas minimaliste, à jouer de la répétition comme élément ironique (il ya toujours chez lui le même humour à froid, un peu distant) et en même temps à saupoudrer son récit de micro-éléments fictionnels (les diamants, l'affiche de film, l'enlèvement, le flamenco) avec lesquels le spectateur peut s'amuser à jouer s'il le souhaite.
Le spectateur regarde le film comme Isaach de Bankolé regarde certaines toiles au musée (Juan Gris, puis Antonio Lopes -oui, celui du cognassier dans Le songe de la lumière, de Victor Erice, film par moi chéri s'il en est-, pour finir par Antoni Tapiès (que j'aime énormément aussi) -dont il a curieusement choisi une des seules toiles "vierges", sans signes, juste un drap blanc noué aux quatre coins, comprend qui peut ou comprend qui veut). Un dispositif frontal, impliquant un face-à-face, une confrontation avec un univers dans lequel on peut entrer ou duquel on peut s'abstraire, et y rester juste sur le seuil.
Avec, comme dans les rêves, une persistance des visions, une répétition obsessionnelle de certaines phrases, entendues dès le début du film (une scène à l'aéroport assez drôle avec Alex Descas et Jean-François Stévenin) où, déjà, tout est dit, et sera pourtant répété, sous différentes formes et dans différentes langues...
Plutôt que comment raconter une histoire, Jim Jarmusch s'intéresserait à comment inscrire un corps, une présence, dans l'espace (le travail de cadrage est, comme chaque fois, impressionnant de virtuosité). Ce qui est un travail somme toute éminemment théorique peut néanmoins, et paradoxalement, être reçu juste sensoriellement et affectivement, comme une expérience hallucinogène forte et douce à la fois.
Encore une fois la musique a aussi une grande importance dans cette perception (les ambiances guitareuses  éthérées de Boris et Sun 0))) s'équilibrent avec un quintet(te?) à cordes de Schubert) ourlant ouatant cet univers español légèrement surex par Christopher Doyle le chef-op. Et on sort de là comme si on était un peu jeté dehors (circulez y a plus rien à voir, d'ailleurs l'ultime mouvement de caméra semble, à cet effet, coupé en plein élan) et que, porté par la force d'inertie, on prolongeait encore au-delà de l'espace stricto sensu du film la fascination dont on aurait fait l'objet.

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4 décembre 2009

l'homme du jour

C'est incontestablement ce monsieur.
Il s'appelle Ron Yossef.

rabbin

(dsl la photo n'est pas très bonne, c'est un scan de la page 31 du Libé du 2 décembre, dans un long article  (2 pages) qui s'intitule " Vous avez devant vous un rabbin homosexuel" (la citation exacte, dans l'article est " "J'ai pensé que j'avais la responsabilité, comme juif et comme rabbin, de dire devant tout le monde : "Voilà, vous avez en face de vous un rabbin orthodoxe homosexuel. Maintenant vous ne pourrez plus dire que les homosexuels religieux n'existent pas.""
Chapeau.

3 décembre 2009

ce que je ressens

Voilà, depuis deux jours (depuis mardi midi, exactement) je re-sens. oui l'odorat m'est partiellement revenu, pour je ne sais d'ailleurs quelle mystérieuse raison (non non, je ne suis pas amoureux...), et, je le sais aussi, pour un certain temps hélas. Mon odorat m'apporte des messages, de façon discontinue certes, mais des messages tout de même. Le plus agaçant, c'est que je me suis comme qui dirait tout le temps en train de vérifier que je sens encore. Et que tout cela est faible, malgré tout, et discontinu.
Ca fait drôle de s'apercevoir (de se rappeler que) chaque endroit a une odeur spécifique, plus ou moins agréable (j'ai senti l'odeur du couloir, l'odeur de mon appart, celle de mon lit...) comme chaque personne aussi (quel plaisir de constater comme Marie ce matin sentait bon quand je lui ai fait la bise!).
Hier soir, il y avait un truc qui cuisait dans le four et je le sentais, vraiment. J'ai senti le goût du comté, celui du Bourgueil, du yaourt aux cerises, du beurre de cacahuètes, des oranges (dans ces cas-là je bouffe un peu n'importe quoi, il s'agit juste de "retrouver" le maximum de saveurs), et, paradoxalement découvert que cette soupe "aux légumes et semoule de couscous", que je croyais parfumée, n'en avait pratiquement aucun, de parfum.
Un peu déçu, aussi, ce midi au FJT, de constater que "mes" ouvriers en joyeuses bandes n'avaient aucun arôme spécifique, pas le moindre fumet viril comme j'aurais pu en  rêver (ou peut-être qu'il aurait fallu s'approcher davantage, intimement, et les humer, là, juste dans le cou...)
Voilà, ça ne va pas durer, je le sais, j'ai même le sentiment que déjà ça recommence à s'atténuer, mais en attendant, j'en profite...

3 décembre 2009

le bruit de la mer

A PROPOS D'ELLY
d'Asghar Farhadi

Idées reçues... Etonnant de voir un film iranien résolument inscrit dans une contemporanéité à laquelle on n'est pas habitué (pour moi, d'habitude, c'est essentiellement des histoires de gamins qui n'ont pas de souliers, de femmes voilées et maltraitées, de paysans marchant à côté de leur âne...), et voilà des 4x4 (pour faire plaisir à GB), des téléphones portables, des week-ends de rigolade au bord de la mer entre couples amis... Non, la middle class iranienne, on n'y est pas habitué.
Parmi ces huit adultes, et leurs enfants, il y a deux célibataires : Ahmad, (un charmant garçon, réglons  d'ailleurs une fois pour toutes le problème de ces messieurs iraniens "à poil dur" : ils sont, je le confirme, tout à fait mon type -d'ailleurs la syntaxe ne voudrait-elle pas que j'accorde et que j'écrive tout à fait mes types? - fin provisoire de la parenthèse), tout frais divorcé (tiens, d'ailleurs, on divorce, en Iran ?) et Elly, la charmante, rosissante, et si discrète institutrice de la fille de Sepideh (celle qui a tout organisé), que d'aucuns souhaiteraient voir tomber dans les bras l'un de l'autre. Car, après tout, on est quand même venus là pour ça, non ?
Ca commence dans une ambiance de Sautet iranien (qui se souvient de Vincent, Francois, etc. ?), en une longue et chahuteuse exposition (on voit même -mmmh- les messieurs qui dansent, avec cette troublante sensualité moyen-orientale qui s'exprime en mouvements de bras et de bassin...), jusqu'à -rupture dans le discours- un soudain climax émotionnel et aquatique (un peu surmédiatisé, peut-être ?) : l'un des enfants manque de se noyer, qui va en dévoiler un autre : Elly a disparu.
Noyée ? On la recherche, en vain. Vexée ? Repartie à pied ? Son sac est encore là, et son portable aussi.  On s'interroge... A chaque fois, Sepideh, l'organisatrice (et entremetteuse) est en cause... Dans le groupe, ça s'engueule, sur la suite des évènements, la tension monte, certains frappent leur épouse, d'autres flippent, veulent repartir à Téhéran toutes affaires cessantes, d'autant plus qu'Elly semble de moins en moins être ,en réalité, la jeune fille discrète obéissante et bien rangée qu'elle paraissait. La voici fiancée, émancipée  (ses parents ne sont pas au courant), prise en flagrant délit de mensonge, de dissimulation... Ce qui n'est pas fait pour plaire aux différents membres du groupe (les mâles, mais pas que), d'autant plus que -aïe aïe aïe!- voici le fiancé (et non le frère comme elle avait voulu le faire croire) qui arrive pour demander des comptes, au tout du moins qu'on lui explique ce qui s'est passé.
(Parenthèse "iraniens jolis ": celui-ci est vraiment un amour de (entre loukhoum et roudoudou... quelqu'un connaitrait-il un nom de bonbon iranien ?) sur pattes, oeil de gazelle en sus -on ne comprend pas d'ailleurs comment on pourrait bien avoir envie de le larguer...- on a juste envie de le caresser tellement il a l'air à poil doux) dans une dernière partie qui est peut-être celle qui m'a le plus touché, où le réalisateur met en place cet affrontement entre cet homme et le groupe des amis, entre un amoureux et ses (dés)illusions (le face à face final dans la cuisine avec Sepideh m'a vraiment bouleversé), dans sa recherche de la vérité, jusqu'à la révélation finale (qui n'est pas vraiment une surprise mais clôt dignement le chapitre.)
Le film, tel qu'il est, je le répète, m'a beaucoup plu (et pas uniquement à cause des messieurs à poil dur je le répète aussi), montrant qu'il est possible de parler de l'Iran d'aujourd'hui sans misérabilisme folklorique (mais d'aucuns déploreront sans doute cette mondialisation cinématographique, en quelque sorte... vont-ils trouver quand même leur compte de mêêrveilleux paysages ?), que les problèmes entre hommes et femmes sont un thème universel (et l'amour aussi), même s'ils revêtent là-bas une spécificité que nous autres ici ne sommes pas forcément à même de comprendre, et que, finalement, un bon réalisateur est toujours un bon réalisateur, d'où qu'il soit. Je ne connaissais pas Asghar Farhadi,  mais j'avoue que ce film a suffisamment piqué ma curiosité pour que j'ai envie d'en voir autre chose. C'est vraiment très bien filmé, je trouve, et, alors que j'étais vraiment crevé, j'ai trouvé la force de ne pas me laisser aller et de ne pas fermer l'oeil ne serait-ce qu'une seconde. L'Iran est un pays qui a été ces derniers temps sous les feux de l'actualité, pas pour des raisons très joyeuses, mais ce film a l'honnêteté de tenir sa note propre, et juste, en se tenant sans cesse dans un  équilibre (il n'est jamais, par exemple, question de religion) pas forcément facile.

19146667

30 novembre 2009

micro72

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A la sortie de Besançon, un panneau annonce de la boue sur quinze kilomètres.

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Brigitte Fontaine aurait déclaré à la radio avoir été enchantée par le public de son concert de Vesoul...

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mon réveil sonne quand il ne devrait pas et ne sonne pas quand il devrait

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c'est à Bordeaux que la Garonne a des marées

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(les doigts pincés dans les volets)

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je préfère les oranges sans traitement après récolte,
parce qu'on y trouve souvent des bébés-oranges à l'intérieur

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"pour une fois que c'est pas sur moi que ça tombe..."

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"C'est un bras, lui fis-je remarquer. Ca ne mord pas."

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"Tu me remontres la photo où j'étais mort ?"
(réellement prononcé cet après-midi)

*

 

 

25 novembre 2009

la vengeance de la tortue

LE VILAIN
d'Albert Dupontel

Il n'y a rien de plus triste qu'un film "drôle" qui ne vous fait pas rire, il n'y a rien de plus triste que d'être (à ce point) déçu par un film qu'on avait envie d'aimer, il n'y a rien de plus triste que de voir des talents gâchés, il n'y a rien de plus triste que d'essayer de sauver quelque chose du film, et de ne vraiment pas en avoir de quoi même remplir le fond d'une cagette. ("si, la tortue...", me souffle Marie par-dessus l'épaule, ce à quoi je rétorque "oui, la première fois...")
Voilà, c'est dommage. On le (pres)sentait dès le début (ça démarre mal), et ça ne continue pas mieux. il y a d'abord un problème de scénario (quelle histoire il a donc bien voulu raconter ?), qui génère des problèmes de personnages, de situations, de rythme (quand j'ai regardé ma montre, il restait encore la moitié du film, et ça m'a fait soupirer...)
Le vilain ne l'est pas assez, ou trop, ou pas de la bonne façon, ou pas pour les bonnes raisons. Rien ne fonctionne, et même Bouli Lanners n'est pas bon, c'est dire (mais quel idée que de le gominer, de même que quelle (fausse bonne) idée de faire jouer une vieille à Catherine Frot...) Je déteste sortir du cinéma en ayant le sentiment d'avoir perdu mon temps. C'était le cas. La folie (furieuse) de Dupontel, qui m'avait tant plu et touché dans Enfermés dehors tourne ici à vide...
Oui, c'est dommage.

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