figurines
RUMBA
de Dominique Abel, Fiona Gordon, Bruno Romy
Là, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. J'avais raté leur précédent Iceberg, à mon grand dam, mais les échos que j'avais à propos de celui-ci étaient tellemnt en grand écart que je me suis dit qu'il fallait vraiment que j'y aille moi-même je personnellement, pour me faire une idée.
Comme je l'écrivais à mon copain Pépin (qui fait partie des "j'adore"), c'est indéniablement... atypique. Au début je l'avoue je n'avais pas le sentiment d'être dans un "vrai" film, ou, plutôt, dans un film habituel. C'étaient comme des petites images animées dans des décors et des couleurs quasi d'un autre âge, très peu de mots, beaucoup de corps, des chorégraphies américano-latines, des gags à répétition, non-sensiques et loufoques. On se sent désorienté, oui, on a perdu des repères, déstabilisé. Comme la dame avec ses béquilles. Dans un univers nostalgique et épuré, quelque part entre les décalcomanies sur un frigo vintage et le présentoir à sucettes Pierrot Gourmand. Un univers coloré et quasiment plat, des images très frontales, où évoluent des personnages d'autant plus stylisés qu'ils en deviennent, paradoxalement, furieusement humains.
Elle enseigne l'anglais, lui la gymnastique, ils s'entraînent pour un concours de danse (qu'ils gagnent), mais en rentrant ils ont un accident, à cause d'un malabar dépressif et sentimental. Elle se réveille entièrement plâtrée, avec une jambe en moins, lui se réveille entier mais la mémoire en moins. D'où problème(s) divers... (Sans rire, il y a très longtemps, j'ai voyagé avec un copain qui, suite à une encéphalite, avait perdu la mémoire immédiate, et je peux vous assurer que ce n'était pas très facile à vivre...) Pour une histoire de pain au chocolat, ils vont se perdre de vue, jusqu'à ce que... (oui, bon, hein, vous vous en doutez que ça va quand même plutôt bien finir, hein ?) après maints et maints bondissements, rebondissements, chutes, cabossages et raccomodages divers.
Malgré quelques scènes qui semblent un peu inutilement étirées (l'incendie, notamment) l'ensemble est incontestablement plutôt agréable. Toute la scène finale (la plage) est une merveille de drôlerie, d'une précision et d'une maîtrise qui forcent le respect. Noir mais jamais cynique, touchant mais jamais nunuche. Singulier, je dirais même singuliérissime, à l'image de sa musique latino-décalée et de ses personnages, comme déchirés et rafistolés ensuite au scotch, un peu de traviole mais bon tant pis.