bananas et gin tonic
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LES MINIONS 2
de Kyle Balda, Brad Ableson, Jonathan Del Val
Bof bof! Parti pour voir le film d'Ozon et réalisant qu'il ne passait qu'à 16h, j'en ai profité pour. Première séance, quand je suis entré dans la salle j'ai eu un petit coup au coeur en repensant aux séances scolaires : beaucoup de gamins, joyeux, qui rebondissent sur leurs sièges dzoïng dzoïng, papotent, popcornent, posent des questions, ont envie de faire pipi au(x) mauvais moment(s), etc., (j'ai d'ailleurs envoyé un sms à Catherine pour lui évoquer la situation). Je n'ai vu aucun film de la série Moi moche et méchant mais je suis assez sensible à la poésie burlesque et décalée des Minions. Là il est question de la jeunesse de Gru, de son apprentissage en tant que méchant, mais j'ai trouvé l'histoire complexe pour des enfants, sans vraiment réussir à m'y intéresser, la musique fatiguante (ouhlala les seventies...), et tout ça en regrettant que les meilleurs gags figurent dans la bande-annonce. Bref, bof bof bof...
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PETER VON KANT
de François Ozon
Déjà, les deux modèles différents de l'affiche (référencés Warhol), qui me ravissent. Le film se revendique comme "librement inspiré par" Les Larmes amères de Petra Von Kant, de R.W Fassbinder, (1972 : j'étais encore "trop petit" cinéphiliquement et je ne l'ai pas vu). Ozon prend la pièce et "transpose" la distribution, et hop! Petra Von Kant devient Peter. Et de dessinatrice de mode devient réalisateur de cinéma. Et Peter est incarné par un Denis Ménochet carrément monumental. La Petra de l'histoire originelle avait une secrétaire à tout faire qu'elle surexploitait, et tombait amoureuse d'une troublante jouvencelle qui allait la tournebouler complet, (mais les aventures saphiques m'ont toujours bien moins intéressé que leurs homologues gaies) et donc notre Peter a un secrétaire Karl, aussi amoureusement que silencieusement dévoué (c'est un rôle muet), et va se faire rouler dans la farine amoureuse par Amir, un jeune apollon frisotté. D'où les larmes du titre de la pièce, qui, si elles ne figurent pas explicitement dans celui du film, y figureront pourtant en bonne place... Peter a aussi une muse, Sidonie (Adjani dans ses grandes oeuvres, soumise -impassiblement- à des dialogues sur le refus de vieillir et la jeunesse éternelle...) celle justement qui lui a présenté Amir.
Une pièce filmée donc, dans un appartement dont on ne sortira que très peu (régulièrement, juste, depuis l'autre côté de la fenêtre, pour figurer les saisons -et le temps- qui passent, ainsi que deux scènes presque à la toute fin, qui ajouteront encore un petit je ne sais quoi de plus à la cruauté de cette histoire d'amour(s).) Hormis les quatre personnages pré-cités, nous ferons aussi la connaissance de la fille de Peter (qui, époque oblige, est coiffée comme Mireille Mathieu), et, sublime entre les sublimes, cette toujours très chère Hanna Schygulla, qui joue la mère de Peter (et qui, pour mémoire, jouait aussi dans la Petra von Kant originelle, mais le rôle de la jeunette).
Le film est implacablement (impeccablement) fascinant, comme le rouge très rouge d'isabelle Adjani, on s'y aime, on s'y ment, on s'y fait des cadeaux,on y casse les cadeaux, on s'y hurle dessus, on s'y déchire et on s'y rabiboche, mais, impitoyablement, à la fin, on n'a plus qu'à tirer le rideau, sur cette histoire triste et simple (et "normale") comme la vie... On retrouve, minutieux, le sens du théâtre filmé qu'Ozon avait déjà manifesté dans 8 Femmes, ce sens du glamour, de l'artifice et de la représentation.
Je n'ai donc pas de moyen de comparaison avec l'original, mais, sur tw*tter a eu lieu récemment une intense campagne de dénigrement et de détestation du film d'Ozon, par une bande de fassbinderolâtres échevelés hurlants et bavants, qui m'a quand même bien agacé. Eh oh! Du passé faisons table basse (celle-ci je ne m'en lasse pas...).Il est tout à fait possible de voir le film (et de succomber à son charme, certes, d'une certaine façon, suranné, mais de façon, justement, pleinement assumée) sans avoir vu l'original de R.W-F (que d'aucun(e)s semblent pieusement conserver sous cloche, en le qualifiant de "meilleur du monde" et en pleurant devant chaque matin...) Sans forcément comparer. Restons calme(s)!
J'avoue qu'en sortant du film je me sentais un peu partagé (souvent, Ozon, c'est vrai, c'est un peu les montagnes russes...) Aimé ? Pas aimé ? Plus aimé que ? Moins que ? Et bien, après quelques jours, le plaisir (souvenu) du film excède largement les eventuels incorforts générés et/ou ressentis lors de son visionnement. Ozon revendique sa passion pour Fassbinder (témoin cette très touchante photo en fin de générique...) et s'est donc fait plaisir (et nous a fait plaisir) en lui concoctant ce petit hommage de derrière les fagots, et je ne pense pas que Rainer W. s'en serait beaucoup formalisé (mais, de toute façon, il est mort, eh!).
C'est un (très) bel objet (trop, peut-être ?), brillant de mille feux (d'artifice(s)), luxueux, oui, ostentatoire, sans aucun doute, et à l'image, finalement, de cette chère (très chère) Isabelle A. : un produit marketing de haut vol. De grand luxe.
(j'aime beaucoup les deux affiches...)
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