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lieux communs (et autres fadaises)

20 janvier 2022

en hommage

(en hommage à Gaspard Ulliel)

"ÉPILOGUE

LOUIS — Après, ce que je fais,
je pars.
Je ne reviens plus jamais. Je meurs quelques mois plus tard,
une année tout au plus.
Une chose dont je me souviens et que je raconte encore
(après j’en aurai fini) :
c’est l’été, c’est pendant ces années où je suis absent,
c’est dans le Sud de la France.
Parce que je me suis perdu, la nuit, dans la montagne, je décide de marcher le long de la voie ferrée.
Elle m’évitera les méandres de la route, le chemin sera plus court et je sais qu’elle passe près de la maison où je vis.
La nuit, aucun train n’y circule, je n’y risque rien
et c’est ainsi que je me retrouverai.
À un moment, je suis à l’entrée d’un viaduc immense,
il domine la vallée que je devine sous la lune,
et je marche seul dans la nuit,
à égale distance du ciel et de la terre.
Ce que je pense
(et c’est cela que je voulais dire)
c’est que je devrais pousser un grand et beau cri,
un long et joyeux cri qui résonnerait dans toute la vallée,
que c’est ce bonheur-là que je devrais m’offrir,
hurler une bonne fois,
mais je ne le fais pas,
je ne l’ai pas fait.
Je me remets en route avec seul le bruit de mes pas sur le gravier.
Ce sont des oublis comme celui-là que je regretterai."
(Juste la fin du monde / Jean-Luc Lagarce)

*

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la belle une de libé...

*

(Les Confins du Monde, de Guillaume Nicloux)

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20 janvier 2022

montrer la voix

CANOËS
de Maylis de Kerangal

Je l'ai terminé cet après-midi (enfin, presque, puisque je n'ai pas relu la dernière nouvelle, Ariane espace, que j'avais déjà lue sur le ouaibe lors de son édition par Gallimard (collection Le Chemin), sous forme d'ebook (gratuitement!) dans une série  de 24 petits volumes  lors du premier confinement, où elle portait le numéro 16).
J'ai regretté d'autant plus de ne pas avoir pu aller la voir (c'était le soir de l'AG de notre association, et surtout du pot qui suivit, dans la salle de convivialités), mais mon amie Isa, qui y assistait (comme plusieurs personnes que je connaissais), m'en a très gentiment rapporté un exemplaire de son dernier ouvrage, dédicacé par la romancière, qu'elle m'a offert, vers la mi-décembre...
Je venais de commencer Compartiment n°6, que j'ai énormément aimé, et j'attendais donc de pouvoir enchaîner celui-ci. Il s'agit d'un recueil de nouvelles, toutes assez brèves (une dizaine de pages) sauf une plus longue, titrée Mustang, nichée au milieu, qui doit "faire" soixante-dix pages.
Et c'était sur cette nouvelle que je butais depuis quelques temps, car j'avais posé le livre dans ma table de nuit, et donc j'en lisais quelques pages le soir, mais la fatigue faisait que mes yeux se fermaient assez rapidement, et je le reposais donc, et le processus se reproduisait à l'identique d'une nuit sur l'autre.
Fractionner un livre de cette façon, en pulvériser la lecture, n'est pas une bonne chose, je le savais, et les jours (les soirs) passaient, et je me désolais.
Et j'ai pris ce matin le taureau par les cornes, pendant que mon aide-ménagère me chassait, en quelque sorte, de ma chambre, (puisque c'est la dernière pièce de l'appartement dans laquelle elle intervient), j'ai pris le livre et suis allé m'installer dans la cuisine, je l'ai posée sur la toile cirée bleu-vert, changement de décorum, par la fenêtre on voyait qu'il faisait jour et même un peu soleil, et hop! je me suis mis à lire.
J'ai terminé Mustang (la nouvelle est vraiment superbe), et j'ai continué (un peu avant le repas, puis le reste après...
Je voulais absolument pouvoir dire à isa, demain à midi, que je l'avais terminé...
J'ai revu le jugement -un peu hâtif sans doute- que j'avais émis à Philou en buvant un thé noir à l'orange la veille, à savoir que je trouvais le livre "très bien écrit mais un peu sans âme"...
Non non, pas du tout! Si je confirme que le style est superbe, je dois reconnaître que l'âme y est tout autant, et que j'ai trouvé dans chacune des nouvelles une parcelle brillante qui m'en a rendu la lecture délicieuse et émouvante (ici un corbeau, là un répondeur, là les résultats du bac, là des coquelicots...)
Et j'aime ce petit jeu, comme les caailloux blancs du petit Poucet, qui consiste à semer, dans chacun de ses textes, un ou plusieurs canoës (d'où le titre).
Bref un beau livre (que j'aurais encore plus aimé entendre lire par celle qui l'avait écrit...)

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19 janvier 2022

peaux mortes

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BLISSFULLY YOURS
d'Apichatpong Weerasethakul

Merci à MK2 (ah le bon vieux temps où j'allais à Paris au(x) cinéma(s), mes deux MK2 préférés étaient le MK2 Beaubourg ("ma" salle chérie) et le MK2 Bibliothèque) MK donc qui, en ligne, , diffuse gratuitement des films (qu'il propose pour une semaine). C'est le MK2 Curiosity (joli nom). L'émanation on line de Trois couleurs, le journal "cinéphile, défricheur et engagé" des salles MK2. On peut s'inscrire à la newletter pour être tenu au courant...
Et, cette semaine, étaient ainsi proposés -gratuitement- KUNG-FU MASTER (Jane B. et Charlotte G. jouant chez Agnès V.), LE PAIN ET LA RUE (le premier court-métrage d'Abbas Kiarostami et ce BLISSFULLY YOURS, le premier film (ou presque) de ce cher APICHATPONG W. (2002, pile 20 ans, et je me souviens de la première fois où Alain M. nous l'avait évoqué à demi-mot, avec une petite lueur dans l'oeil (une très jolie scène de QV).
Je m'y suis donc replongé, et c'est vrai que tout l'univers d'A.W était déjà là : la jungle, les jeunes gens (les plus agés aussi), les sentiments, les consultations médicales, les substitutions soudaines, les subtilités lexicales (linguisitiques) pour nous incompréhensibles (différence entre le thaï et le birman), une certaine langueur (moiteur torpeur) tropicale (la longue scène au bord de l'eau qui clôt le film), la durée des plans, l'omniprésence du végétal (et la richesse de la bande-son), sans oublier  les coquetteries de fabrication (le générique qui arrive au bout de 45 minutes).
Trois personnages : autour de Min, jeune Birman qui a fui son pays et émigré clandestinement, jeune homme filmé en tant qu'objet de désir (même s'il a des problèmes de peau...) deux femmes : Rong, la plus jeune, et Orn, la plus âgée (Jenjira Pongpas, interprète fétiche d'A-W, qu'on retrouvera dans tous ses films suivants, jusqu'à Cemetery of Splendour). De la tendresse, du plaisir, du bonheur... Simples (simplement). Enchassés dans un récit peut-être plus complexe qu'il n'y paraît (mais peut-être pas, justement).
Le film avait fait sensation à Cannes, dans la section Un Certain Regard dont il avait remporté le grand prix. J'ai eu grand plaisir à le revoir. Et il est toujours aussi rempli de lenteur et de mystère (et de questions aussi, mais à chaque spectateur d'apporter ses propres réponses) et j'avoue que j'ai dû en fractionner le visionnement à plusieurs reprises car le piquage de nez n'était pas loin...

affiche

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à un moment est apparue cette mention "the video no longer exists" alors que, curieusement, le film continuait sans problème...

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et la fin n'est pas si loin de celle de Memoria, n'est-ce pas ?

18 janvier 2022

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tiens, ça m'a fait penser à mon Papiche...

*

14 janvier : le taux d'incidence en Haute-Saône (1701) est moins élevé que dans le Finistère (1785) , mais plus que dans l'Allier (1651) ou le Lot (1608), mais beaucoup moins qu'en Savoie (4135) ou en Seine S-Denis (4145)

*

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*

(journée de grève des enseignants) je suis déçu (très) : je pensais que Blanquer allait -enfin- être débarqué et je m'en réjouissais... Caramba! Encore raté! (Christine m'a expliqué qu'on ne pouvait pas débarquer un ministre -de l'éducation- à trois mois des présidentielles...)

*

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*

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*

(15 janvier)
Haute-Saône : 1691
Finistère : 1779
Allier : 1626
Lot : 1663
Savoie : 4069
Seine St Denis :4028
(l'amorce de la décrue ?)

*

j'ai fait une soupe assez goûteuse (d'après une recette de Jacky Durand dans ce cher Tu mitonnes...) : au départ un genre de potée : lard demi-sel, carottes (orange et jaunes), patates, navets et navets boule-d'-or, céleri-rave, panais, rutabaga, le soir je me suis servi le bouillon (avec des pâtes alphabet), le lendemain à midi j'ai mangé les légumes et un peu de lard, et ce soir je vais manger la soupe (j'ai mixé les légumes et le bouillon...)

*

(non, non, que nenni...)
(16 janvier)
Haute-Saône : 1774
Finistère : 1804
Allier :1675
Lot : 1705
Savoie : 3991
Seine St Denis : 3951
(bon, après, j'arrête...)

*

proverbe du jour "si la petite casserole est trop remplie, verse tout dans la plus grande..."
(généré à l'instant)

*

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Ozu : autoportrait

*

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répétition du spectacle "La Tendresse"

*

comme j'ai décidé que cette année  je n'irais pas au FICÂÂÂ (pour des raisons uniquement prophylactiques, je le précise) j'ai décidé, à la place de me faire un petit festival perso at home, à la place (et donc je commence, tiens, par une intégrale Apichatpong Weerasethakul)

*

17 janvier 2022

dans son carnet

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TROMPERIE
d'Arnaud Desplechin

Vu cet après-midi sans Catherine ("Elle est pas là ta copine brune... " m'a fait remarquer le caissier-propriétaire du bôô cinéma) mais avec Emma. Philip Roth est un personnage (et un écrivain, surtout) qui m'intéresse (et ce depuis que j'ai découvert, je ne sais plus par quel hasard La Tache) même si son univers est (tout de même) bien trop exclusivement hétéronormé pour que j'y trouve tout à fait mon compte...
Tromperie est un de ces films "théoriques" que j'affectionne : un jeu cérébral, une re-création, autour d'un écrivain (Philip Roth pour ne pas pas le nommer, d'ailleurs jamais il ne le sera in extenso) en train d'écrire un livre, qu'on verra d'ailleurs publié à la fin, sous le titre de Deception (qui est, merci go*glemuche, le titre original de Tromperie, que Desplechin adapte ici.) dans lequel il évoque des conversations avec des femmes.
Denis Podalydès incarne, avec autant d'élégance que de véhémence, un Philip Roth tout à fait plausible (envisageable aurait écrit  Lagarce) et tout aussi bluffant dans le registre de la caresse (verbale) que dans celui du coup de patte. Autour de lui, la distribution féminine est un rêve : Léa Seydoux (décidément en très grande forme cinématographique) est impériale en maîtresse joueuse et joyeuse (mais triste aussi parfois), Emmanuelle Devos reste la reine qu'elle était dans Rois et reine, justement, du même Desplechin, Anouck Grinberg (qu'on a grand grand plaisir à retrouver à l'écran) joue la partition (un peu plus "ingrate") de l'épouse trompée avec la plus grande finesse, et Rebecca Marder (déjà vue dans Seize printemps de Suzanne Lindon, et qu'on reverra très vite dans Une jeune fille qui va bien de Sandrine Kiberlain) et Madalina Constantin (je ne connaissais pas cette demoiselle) complètent avec bonheur cette constellation de figures féminines et parlantes (c'est le principe -j'avais commencé à écrire plaisir, lapsus quand tu nous tiens- du livre de Roth.)
Il est question d'un livre en train de s'écrire, avec des vrais personnages dont l'écrivain retranscrit les propos dans son carnet (en affirmant au besoin à sa femme qu'il s'agit de personnages imaginaires, surtout la femme qu'il présente comme sa maîtresse) et, comme me le faisait remarquer Emma à la sortie, c'est peut-être une forme de réponse de Arnaud D. à Marianne D., qui avait publié Mauvais génie,  un bouquin pour expliquer combien elle avait mal vécu que Desplechin utilise des morceaux de sa vraie vie à elle pour les mettre dans son film, et combien elle trouvait donc que c'était un sale bonhomme pour ça (et d'autres choses encore, c'était vraiment un livre à charge...).
Le film aussi se présente comme un work in progress, où rien n'est jamais complètement définitif, et c'est comme s'il nous faisait régulièrement des clins d'oeil, à propos de sa forme mouvante et changeante, de ces chapitres en trompe-l'oeil, des tripatouillages divers (il me semble avoir lu un article où le critique évoquait le plaisir visible que chacun.e avait pris à son façonnage.
Et, indéniablement, (et juste retour des choses) le film suscite, à son visionnage, une pure jubilation. La mise en scène est élégante et joueuse, les dialogues brillants, le bousculage des conventions filmiques revigorant, bref tout est à l'image de ces incontestables reines : étincelant.
Ce Desplechin-là me convainc (me séduit) beaucoup plus que celui de Roubaix, une lumère ou des Fantômes d'Ismaël.

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16 janvier 2022

à l'affiche(s)

des affiches qui donnent envie de voir des films...

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(bon il y en a deux que j'ai déjà vus...)

15 janvier 2022

J-JB

Jean-Jacques Beineix est mort...
Il n'avait plus tourné depuis 20 ans...

1981 : j'ai adoré DIVA
1983 : je n'ai pas été voir LA LUNE DANS LE CANIVEAU, mais je me souviens que Pépin portait ce film aux nues
1985 : je suis allé voir 37°2 LE MATIN mais je n'ai pas adoré tant que ça (on en a beaucoup trop parlé).
1989 : je suis allé voir ROSELYNE ET LES LIONS et je me souviens que ça m'avait énervé et même fait ricaner
1992 : je ne suis pas allé voir IP5
1994 : je ne suis pas allé voir OTAKU : FILS DE L'EMPIRE DU VIRTUEL (j'ignorais même que ce film-là existât)
2000 : je ne suis pas allé voir MORTEL TRANSFERT (idem)

Mais bon, DIVA quand même, hein...

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diva

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15 janvier 2022

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LA PIECE RAPPORTÉE
d'Antonin Peretjatko

J'y allais à pas prudents... (j'avais détesté La fille du Quatorze Juillet, mais un peu mieux aimé La loi de la Jungle et j'étais donc circonspect -sur une toile cirée-) et j'ai été plutôt agréablement surpris (Balasko / Demoustier / Lebghil / Lopez / Katherine -qui fait ici ce qu'il sait le mieux faire, son Philippe Katherine) / la distribution est parfaite (complétée par les apparitions de deux ex-Deschiens, Philippe Quesne et Olivier Broche, qui en détective et qui en... en quoi déjà ? avocat ?), devant  cette histoire de pauvre jeune fille qui devient l'épouse riche d'un riche héritier, celui de la famille Château-Têtard (escaliers et monte-escaliers en tous genres, de ceux de la Tour Eiffel à celui, familial et privé,  affectueusement surnommé Pinochet (et réservé à l'usage exclusif de Mme Château-Têtard, surnommée "la Reine-Mère" (Balasko, parfaite), qui déteste sa belle-fille (demoustier, tout aussi parfaite), qu'elle a surnommée "la petite pute". Et qu'elle fait suivre par un détective privé (Lebghil, perfecto lui aussi) qui tombe illico amoureux de la belle (et invente donc des faux rapports de filatures.
De même qu'il y a des mâles alpha, il doit y avoir aussi des films alpha. La pièce rapportée (comme les deux films précédents de Peretjatko) se contente -et l'assume pleinement- d'être un film bêta. Oui, bêta. benêt, nunuchon à tendance burlesque. Idiot, quoi. Délicieusement et volontairement idiot. Concon à double fond (qui nous regarde en train de le regarder être con.)
Et susceptible donc de provoquer des réactions épidémiques et très tranchées. J'ai croisé en très peu de temps de personnes qui m'ont dit combien elles l'avaient détesté et trouvé "très con"
Eh bien moi, j'ai plutôt aimé ça (comme a dit T. à D. "de toute façon Chori il aime tout..."). Oui oui, pour celui-là, je confirme.
J'ai souri, j'ai ri, et j'absous. ("et absous, c'est pas cher...")

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14 janvier 2022

pavarotti

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MES FRERES ET MOI
de Yohan Manca

J'aime beaucoup Judith Chemla (depuis Camille redouble, 2011), sa belle présence à la fois fragile et combattive.
J'aime beaucoup voir les jeunes rebeus qui jouent au foot torse-nu sur la plage.
J'aime beaucoup la musique de Bachar Mar-Khalifé.
Et hop, triple bingo, voilà un film, déboulant de nulle part, avec Judith Chemla (en professeure de chant), avec des jeunes rebeus qui jouent au foot torse-nu sur la plage (dans la scène d'ouverture, ce sont les frangins de Nour, le héros du film qui les observe et commente pour nous), et ce sur une musique de Bachar Mar-Khalifé! Ou comment débuter un film sous les meilleurs auspices!
Nour a 14 ans, le film le cueille au début des grandes vacances (et le lâchera d'ailleurs pile à la fin), pour des TIG qui s'annoncent pas très passionnants (sous les ordres de Pietro, interprété par Luc Schwartz, que je suis sûr d'avoir déjà vu quelque part mais je n'arrive pas à retrouver dans quoi...) mais qui vont lui permettre de faire la rencontre de Sarah, une jeune prof de chant, qui va lui permettre d'exprimer et d'accepter la passion qu'il a pour l'art lyrique... Un peu comme Billy Elliott, mais en version rebeu et bel canto...
Quatre frérots qui habitent ensemble dans un appartement avec leur mère en phase terminale, quatre tempéraments différents mais tout aussi affirmés les uns que les autres (qui l'autorité, qui la drague, qui la gonflette, et tous les petits commerces divers pour régler les factures du ménage et les médicaments de la mamma), mais avec un point commun : qu'est-ce que c'est que cette nouvelle lubie de Nour de vouloir chanter ? C'est un truc de gonzesse, non ?
La distribution est parfaitement impeccable chacun des grands frangins (Dali Benssalah, Sofian Khammes,  Moncef Farfar) assure sa partition comme un chef, autour d'un benjamin (Maël Rouin Berrandou)  saisissant de naturel et de justesse.
Le dosage comédie sociale / film d'apprentissage / mélo / chronique estivale est plutôt réussi (efficace, en tout cas) et le film évite habilement le happy end trop flagrant et trop youp la boum (et trop BillyElliotesque). Un film plaisant à plus d'un titre (et donc susceptible de plaire d'autant plus...). Charmeur et charmant. Désarmant.

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13 janvier 2022

big bang

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MEMORIA
de Apichatpong Weerasethakul

Et voilà, je l'ai  vu.
Je l'attendais tellement que j'ai craint un peu, forcément, qu'il ne soit pas à la hauteur de mes espérances. Et j'avoue que j'ai eu quelques inquiétudes au début : pas de Thaïlande, pas de langue chatoyante qui coule comme un petit ruisseau joyeux, pas de moinillon(s), pas de fantômes, pas de dormeurs, pas de légendes, pas de singes aux yeux rouges, pas de Jenjira Pongpas. Nous voilà ailleurs, totalement : en Colombie. Sur les pas d'une femme (Tilda Swinton, donc) qui entend un matin (très beau plan fixe d'ouverture) un bruit qui la réveille.

BAM!

Qu'elle est la seule à entendre. Oui, le sentiment, d'abord, d'être davantage face à un "film avec Tilda Swinton" qu'à un "film d'Apichatpong W.", et, en tant qu'admirateur fervent du réalisateur et de son univers "habituel" (et du sentiment "habituel", aussi, de peut-être l'aimer pas forcément pour les bonnes raisons), bref de me sentir comme  un peu dépossédé, "floué", dépaysé.
Un point de départ (comme une mise à feu -à mèche lente-) qui va d'abord la faire côtoyer un ingénieur du son (Daniel Gimenez Cacho) puis une archéologue française (la divine  Balibar, qu'on ne verra hélas finalement que très peu...), avant une rencontre décisive, plus tard, au bord de l'eau, avec un homme qui écaille des poissons (le moment magique où le film, pour moi, prend vraiment son envol, et que l'Apichaptong/Colombie fusionne avec l'Apichatpong/Thaïlande. (La vision oeil droit (l'Asie) se superpose à la vision oeil gauche (l'Amérique du sud) et naît (surgit, apparaît) alors une image commune, comme en 3D.)
Comme son titre l'indique, il sera question de mémoire. De souvenirs et de réminiscences. En touchant un caillou, en touchant une main. De la mémoire des uns et de celle des autres. Et jusqu'à une mémoire "primordiale", reptilienne (comme l'est le cerveau du même nom), préhistorique. Tilda Swinton en est l'interprète idéale, parfaite, incarnée, à la fois présente et fantômatique, atone et vibrante réceptrice de messages qu'il n'est pas forcément facile de déchiffrer (d'appréhender). Mémoire, brume, limbes, fouilles.
Mais Apichatpong est très fort (il l'a réussi déjà dans chacun de ses précédents films) pour réussir, en plus du trip poétique sensoriel hypnotique hallucinatoire auquel il convie le spectateur (d'habitude il le prend par la main, là il l'attirerait plutôt via le coin de l'oreille) à évoquer aussi, plus ou moins elliptiquement, la ("une") réalité (sociale, politique, économique) du pays dans lequel il tourne. Et si la page thaïlandaise est, pour l'instant, tournée, il explique s'être inspiré de faits-divers réels colombiens (le tunnel, les squelettes) pour construire son récit, irriguer "sa" vision de la Colombie (où il est aussi peu sûr et facile de vivre qu'en Thaïlande, d'ailleurs violence et soldats tout pareil).
Oui, il est bien question d'une expérience (comme l'ont été déjà, chacun à sa manière, Blissfully yours, Tropical MaladySyndromes and a century, Uncle Boonmee, Cemetery of splendour, oh que de souvenirs capiteux et ensorcelants...) et donc qui sollicite de la part du spectateur un certain état, une certaine forme de participation (ou plutôt de non-participation), où il faudrait juste accepter. (Le laisser-aller, le lâcher-prise, l'abandon...). Flotter, dériver (un état qui n'arrive pas si souvent au cinéma, il faut le reconnaître, mais dans quelle mesure s'agit-il encore vraiment de cinéma ?). 
Comme une séance de spiritisme dont Tilda Swinton serait le (la) médium.
Où, une fois encore, la nature aurait le dernier mot (et le réalisateur la filme toujours aussi attentivement -avec autant de respect et de fascination-).
Et lorsque cet orage qui a longtemps grondé tout autour de la salle finit par éclater et qu'il pleut, les lumières de la salle se rallument...
Et ce Memoria va rejoindre ses frères sur l'étagère des films tant aimés (et surtout que j'ai envie de revoir très vite*, comme pour s'y blottir.)

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Memoria

*mais là il faudra attendre jusqu'à lundi prochain, dans le bôô cinéma on ne passe pas de films A&E le ouiqinde, le ouiqinde c'est pour se détendre -et rigoler grassement-.)

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pour celles/ceux intéressés, , un très intéressant journal de tournage de Memoria (en anglais, attention!)

*

Et voilà, je l'ai revu...
(séance de 13h30, cette fois on était 6)
Je voulais avoir quelques précisions...
Donc, à destination de Catherine :
* l'ingénieur du son s'appelle bien Hernan, et non seulement il porte le même prénom que l'homme qui écaille les poissons à la fin, mais également le même nom de famille (Hernan Bedoya, dixit le générique et la fiche casting de allocinoche précise velho et jovem, ce qui me semble être plutôt du brésilien mais bon...)
* Juan c'est celui qu'on voit au restaurant (scène de l'osso-buco) et, comme il me semblait bien, on l'a déjà vu une fois avant (scène de cafeteria en extérieur, au début,c'est lui qui examine des papiers avec Jessica et lui dit un poème sur les champignons), puis, plus tard, Hernan1  parle de lui en disant "qu'il a été son professeur"...

Je voulais aussi vérifier que je n'avais pas eu de "micro-coupures", car je n'étais pas sûr de la transition entre la scène au bord de l'eau et celle qui précède (et je me suis appliqué à transcrire les scènes dans l'ordre (je pouvais me le permettre, j'étais tout seul dans mon rang et dong personne ne pouvait être gêné par la lumière de mon portable posé sur le siège à côté) et donc je n'en ai pas eu (dans la première partie du moins, occupé que j'étais à noter, ce qui est, je le reconnais, peu recommandé au cinéma, et vous plac d'ailleurs dans une situation un peu nouvelle, vous "détache" du film, par contre ensuite, j'ai eu plusieurs fois la tentation de me laisser glisser, dans cette deuxième partie où j'avais été, la première fois, scrupuleusement  (pieusement ?) tenu en éveil.
Je modère un peu mon enthousiasme (mon exaltation), non, ce n'est pas pour moi le plus fort des films de AW (mais ça vole très haut quand même hein...).
Ca fait toujours autant plaisir de le retrouver, ce cher vieil ami (un ami de vingt ans, tout de même...), de recevoir de ses nouvelles...

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"Ceci pour dire que l’artiste plasticien et cinéaste Apichatpong Weerasethakul – récipiendaire-surprise de la Palme d’or 2010 avec Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures) – quoique rétrogradé cette année en section parallèle officielle, n’a pas varié d’un iota l’invitation au voyage que chacun de ses films fait au public. Une sorte de trip bouddhique dispensateur de divines langueurs, un chant poétique lent, sourd et foisonnant lancé sous les ramures de jungles psychotropes, traversé d’animaux bizarres, de maladies tropicales, de saillies érotiques, de lumières d’outre-monde." (Jacques Mandelbaum, Le Monde, à propos de Cemetery of Splendour)

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