"le jeune homme brun"
(... C'est ainsi qu'il apparaît au générique de BARROCO)
je viens d'apprendre la mort de Jean-François Stévenin, à 77 ans, et c'est encore un beau pan de ma jeunesse qui s'écroule et s'éboule dans la mer gelée de la mémoire...
Stévenin je l'ai découvert comme acteur en 1976 dans le BAROCCO (BARROCO ?) d'André Téchiné (je me souviens que j'étais resté à deux séances consécutives, c'était au Grand Vox à Besac....), où j'étais un peu tombé amoureux de lui au premier coup d'oeil, puis quasi consécutivement dans L'ARGENT DE POCHE de François Truffaut (où il jouait un instit'), puis comme réalisateur (et acteur aussi) dans PASSE-MONTAGNE (1978) qui fut une des grande découvertes mythologiques de mes jeunes années d'adolescent cinéphile er adepte de la vacance*. Puis rétrospectivement, plus tard, dans LA NUIT AMERICAINE, de François Truffaut, que je n'étais pas allé voir à sa sortie... (mais je me suis rattrapé par la suite, c'est sans doute un des Truffaut que je préfère...)
J'avais eu la chance, un peu plus tard, de le rencontrer brièvement "en vrai" à Locarno, où il était venu présenter DOUBLE MESSIEURS, et de boire un café en sa compagnie (à l'initiative de Fred ou de Mimi, je ne sais plus), il était tout seul à une table, je me souviens juste qu'il était un peu embêté pour une histoire de sous-titres qui n'étaient pas présents dans toutes les langues demandées, et que j'avais trouvé qu'il avait vraiment des yeux bleus magnifiques...
J'ai continué de le suivre au cinéma : MAIS OU EST DONC ORNICAR ? de Bertrand van Effenterre (1978), LA TORTUE SUR LE DOS de Luc Béraud (1978), DEUX LIONS AU SOLEIL de Claude Faraldo (1980), LE PONT DU NORD de Jacques Rivette (1980), NEIGE de Juliet Berto (1981), UNE CHAMBRE EN VILLE de Jacques Demy (1982), POUSSIERE D'EMPIRE de Lam Lé (1983), Y A BON LES BLANCS de Marco Ferrei (1988), PEAUX DE VACHE de Patricia Mazuy (1988), LUNE FROIDE de Patrick Bouchitey (1991), LES FRERES GRAVET de René Féret (2002), THE LIMITS OF CONTROL de Jim Jarmusch (2009), jusqu'à LES BEAUX JOURS (2013) de Marion Vernoux, où il fallait bien se rendre à l'évidence -et s'habituer au fait- qu'il jouait désormais les papys..., puis JEUNESSE de Julien Samani (2016) que je n'ai pas encore réussi à voir...
(1976)
(2016)
C'est -bien sûr- à PASSE-MONTAGNE que je continue de vouer une indéfectible tendresse (une histoire d'amitié entre deux hommes, la musique de Philippe Sarde (en fait, celle qu'il avait composée pour BAROCCO, et qui colle en fait parfaitement avec les combes jurassiennes et la nuit hivernale, et reste donc pour moi davantage rattachée à ce film qu'à celui de Téchiné...), le Jura, l'ombre tutélaire de Cassavettes, une expérience de cinéma très novatrice, dont on peut retrouver l'ambiance dans le très beau LE POINT DE VUE DU LAPIN, le bouquin de Yann Dedet, le monteur du film...
et j'ai trouvé encore ça :
et ça
(ça aurait fait une sacrée belle carte d'adhérent, non ?)
* après avoir vu PASSE-MONTAGNE, Michel m'avait écrit "notre combe à nous c'est la vacance", ce qui m'avait touché et fait très plaisir, parce que la vacance, c'était "mon" truc...