broche
DES HOMMES
de Lucas Belvaux
Lucas Belvaux, je l'aime bien (comme on dirait "C'est un mec bien."). Je l'ai déjà aimé comme acteur (le postier mimi de POULET AU VINAIGRE) puis comme réalisateur (de 1996 (POUR RIRE) jusqu'à 2017 (CHEZ NOUS)) c'est donc un homme de cinéma qui jouit pour moi d'un capital-sympathie quasi-inentamé. J'avais très envie de voir DES HOMMES, même si je savais à l'avance que ça ne serait pas une partie de rigolade (adaptation d'un roman de Laurent Mauvignier qui traite de la Guerre d'Algérie et des séquelles qu'elle a laissées chez certains...)
Ca commence en force à une fête d'anniversaire où Feu-de-Bois (Gérard Depardieu, colossal dans tous les sens du terme) vient semer sa zone, bourré en plus, en offrant à sa soeur (Catherine Frot) une broche en or, qui provoque la colère des autres invités de la fête, il faudra un certain nombre d'hommes pour le maîtriser et le foutre dehors ("il a le vin mauvais...") avant qu'il ne continue sa route comme un cyclone belliqueux et n'aille terrifier une famille maghrébine, qu'il insulte et qu'il menace physiquement. Un autre protagoniste a assisté à la scène de la broche en restant en retrait, volontairement, c'est Rabut (Jean-Pierre Darroussin), qui va être sollicité par les gendarmes pour aller chercher Feu-de-Bois le lendemain matin, chez lui, où il s'est retranché...
Le récit va alors se fragmenter, entre aujourd'hui et hier, un hier précisément situé : la Guerre d'Algérie, où, entre autres, les deux hommes ont servi ensemble. On les voit vieux et on les voit jeunes, et on les entend aussi. (Il y a un très beau travail sur le son, sur les voix plus précisément, voix d'hier et voix d'aujourd'hui, en off, qui se répondent, se croisent, se superposent, commentent, avec, notamment des lettres écrites par Feu-de-Bois à Solange sa soeur, et qui seront parfois lues à plusieurs voix...)
Je n'ai pas lu le roman de Laurent Mauvignier, mais le film de Belvaux donne envie de le faire (il semblerait que le film soit très fidèle au roman) et j'avoue que je connais très mal le sujet (la guerre d'Algérie), m'étant toujours tenu prudemment à distance du sujet...
J'ai regretté (mais j'en suis le seul responsable) d'avoir un peu piqué du nez au début (et ainsi manqué un peu les toutes première scènes en Algérie, justement) et donc il y a des choses que je n'ai pas comprises tout de suite (ou mis un certain temps à comprendre, ce qui revient au même) : qui était qui, par exemple. Tout ça est extrêment violent j'ai trouvé, et, par contraste, j'ai trouvé la toute dernière scène (un homme, dans sa voiture, qui attend) extrêmement touchante, simple et forte, et bien sûr j'ai pleuré...