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lieux communs (et autres fadaises)

29 janvier 2021

poulailler 27

15h : Gérardmer 1

TEDDY de Ludovic et Zoran Boukherma
avec Anthony Bajon

Anthony Bajon est un jeune homme auquel je porte un intérêt certain depuis La prière (Cédric Khan, 2018, pour lequel il a obtenu L'ours d'argent du meilleur acteur à Berlin) dans lequel je l'ai trouvé vraiment extraordinaire, et donc je suis, depuis, sa carrière (revu dans Merveilles à Montfermeil, de Jeanne Balibar, et Tu mérites un amour, de Hafsia Herzi). Le voici dans un "film de genre" réalisé par les frères Ludovic et Zoran Boukherma, dont le premier avait co-réalisé le plutôt... particulier Willy 1er, que nous avions programmé... il y a très longtemps me semble-t-il (du temps où on programmait des trucs appelé "films" qui étaient projetés dans des lieux appelés "salles de cinéma", fermons la parenthèse nostalgique.)
Hier avec Simon Abkarian c'était la farigoulette, là ce serait plutôt le piment d'Espelette, puisque le film se passe dans le sud sud-ouest. Une chronique villageoise avec l'accent, pour une histoire (l'affiche n'en fait pas mystère) de loup-garou, qui suit donc le déroulement "habituel" des histoires de loups-garous (on pense fort au Loup-garou de Londres, de John Landis, qui serait un peu le mètre-étalon du genre), exposition, morsure, premiers symptomes, etc., dans une montée progressive de la tension, qui culmine dans un climax qui évoquerait, de loin, le final de Carrie de Brian de Palma. On saura gré aux réalisateurs d'avoir levé le pied sur les effets spéciaux (et on leur sera reconnaissants d'avoir su laisser la "créature"  dans une semi-pénombre, un peu loin, évitant ainsi haut la main les risques de ridicule et de ricanements. Anthony Bajon confirme tout le bien qu'on pense de lui (et l'étendue de sa palette de jeu - ce gars-là est très fort pour devenir, subitement, très inquiétant), et c'est une autre excellente idée des réalisateurs que le cadre de vie qu'ils ont trouvé à leur personnage de Teddy... (et, tiens c'est le deuxième film, en quelques semaines, avec un personnage nommé pépin, raison de plus de mértier la sympathie...)
Bref, une très bonne entrée en matière pour ce (mon) premier Festival de Gérardmer. Quasiment "en douceur"...
Demain : La Nuée de Just Philippot

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*

18h : Angers 3
GHOSTS
de Azra Deniz
(Turquie)

A la séance de 18h, une dystopie stambouliote, plaisante quoiqu'un peu brouillonne (quatre personnages principaux, trois femmes et un homme -l'homme est vraiment le pourri de service, cumulant les saloperies, et d'ailleurs il ne l'emportera pas au paradis et c'est bien fait pour lui et toc...-) qu'on suit pendant ce qui se révèlera n'être qu'une seule journée, avec un montage particulièrement touffu, qui passe et repasse par les mêmes "noeuds" temporels (sans qu'on n'en comprenne vraiment, tout le temps, forcément l'utilité), avec ce que je nommerais des "coquetteries stylistiques", un film plein d'énergie de musique et de mouvement, et de rage aussi, contre l'omniprésence policière, contre le statut réservé aux femmes et aux LGBT, contre les magouilles immobilières, contre le conservatisme et l'immobilisme du pouvoir, bref, "punk" (comme l'a revendiqué la -jeune- réalisatrice lors de la discussion qui a suivi le film, avec une très jolie séquence finale de danse urbaine nocturne mettant en scène l'héroïne dans les rues d'Istanbul au petit matin (on a le droit de penser à Carax...)

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(le titre apparait au bout d'une heure de film)

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(un émouvant choeur LGBT -clandestin-

20h30 : Angers 4
MIA MISSES HER REVENGE
de Bogdan Theodor Olteanu
(Roumanie)

Un film roumain (tout de suite donc je suis dans de bonnes dispositions) qui se révèlera aussi rempli de "coquetteries stylistiques" que son prédecesseur turc. Soit Mia, une jeune fille, qui vient de retourner chez maman parce qu'elle s'est disputée avec son petit copain, qui lui a donné une gifle "particulièrement inadmissible" et qui décide de tourner une vidéo où elle ferait l'amour avec un autre mec, qu'elle montrerait à son ex pour le rendre jaloux (et le faire revenir à de meilleurs sentiments.) Le film est constitué de séquences séparées par des noirs (des beaux noirs bien profonds et bien abrupts), séquences hétéroclites, plus ou moins intéressantes (les discussions entre copines, par exemple, ne me semblent pas être vraiment indispensables) le marivaudage quasi rohmérien avec le jeune acteur choisi pour tourner la fameuse scène de baise l'étant beaucoup plus... (tout comme le contrepoint des discussions avec la mère dans ce coin-cuisine immaculé). Sympathique et plaisant (mais pas complètement accompli).

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22h30 : Cinetek / (Angers)
SAUTE MA VILLE
de Chantal Akerman

En treize minutes, en 1968, le tout premier court-métrage de Chantal Akerman (elle avait 18 ans!) où l'on peut déjà deviner (apercevoir) un peu tout ce qui fera son univers... (c'est quand même, déjà, même sur le mode "burlesque" l'histoire d'une jeune fille qui se suicide...)

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28 janvier 2021

poulailler 26

LE DERNIER JOUR DU JEÛNE
de, mis en scène par, et avec (entre autres) Simon Abkarian

Ah... Simon Abkarian. Il y a longtemps que je l'aime. dès sa première apparition au cinéma (Ce qui me meut, de Cédric Klapisch, en 1989), et j'ai vu ensuite la plupart des films où il jouait, toujours avec le même plaisir de le retrouver (même si son personnage émarge souvent, au départ, au registre des malfrats, gangsters, et autres voyous, il va ensuite, heureusement, connaître de belles échappées (chez Deville, chez Ronit et Shlomi Elkabetz, chez Cédric Klapisch, encore, chez Robert Guediguian), prouvant qu'il peut tout jouer ou presque.
Je connaissais mal (ou très peu) son activité théâtrale (il écrit, il joue, il met en scène, et a obtenu trois molère en 2020 -celui de l'auteur francophone vivant, celui du metteur en scène d'un spectacle de théâtre public et celui du théâtre public pour sa pièce Electre des bas-fonds), et voilà que Téléramuche, il y a quelques jours, me conseille de voir Le Dernier jour du Jeune (disponible encore plusieurs mois sur France Télévision ()) dont je découvre (sérendipitons...) qu'il fait partie, avec L'envol des cigognes d'un dyptique, Au-delà des ténèbres (8h avec entractes) qui a été joué chez Ariane Mnouchkine.
Mais je ne savais pas tout ça quand j'ai commencé à regarder la captation (très réussie) de ce Dernier jour du Jeûne. Ca commence, micro-décor réaliste au milieu du plateau, avec un monologue d'une femme qui se présente comme "la folle", suivi de l'apparition d'Ariane Ascaride, (que j'étais étonné d'entendre parler avec l'accent marseillais), en mère de famille et de ses deux filles (aux tempéraments très différents), puis de leur jeune frère... Le père (Simon Abkarian) apparaîtra plus tard.
Une histoire de famille, avec l'accent du midi (comme dirait Gérard Lefort "qui sent bon la farigoulette") mais, à écouter ce qui se dit (ce qui a été écrit par Simon A.) on est, très vite, fortement impressionné par la puissance de sa langue, la richesse des métaphores, le lyrisme des envolées, et la crudité du langage aussi, et c'est comme si Pagnol s'inclinait devant Shakespeare, avec un indéniable parfum de tragédie grecque,  bref par la force évidente de l'ensemble (ce qui fait que j'ai commandé illico le texte de la pièce, publié chez Actes Sud Papiers) qui sera encore transcendée par l'ensemble de la distribution (elles/ils sont tous extraordinaires, et j'ai découvert, avec surprise, en lisant la distribution qu'une même actrice interprétait deux personnages..).
Si le démarrage pouvait laisser appréhender une pagnolade boulevardière, la suite nous prouve que non. Bien au contraire. Dès la première transition entre deux scènes, qui se fait à vue et en lumière bleue avec déplacement des modules du décor, avec l'accent (!) mis au premier plan sur un personnage avec douche de lumière blanche en train de danser, on se dit que ça devient diablement intéressant, on est happé, harponné, et on le restera jusqu'à la fin. Scotché. Devant cette "tragi-comédie de quartier" (comme la définit son auteur). Dont je ne vous dirai rien de plus, pour vous laisser le plaisir de la surprise...

*

"Vava : Le démon qui a dessiné ton esprit n’a pas signé son oeuvre, pourquoi à ton avis ?
Nouritsa : Parce qu’il a honte pardi !
Sandra : Parce que celui qui a dessiné ton masque il a signé peut être ?
Vava  : Et d’abord, de quoi est-ce que tu parles toi ? Tu ne connais les hommes que par les récits. Tant que la queue d’un homme n’a pas frétillé dans l’antre de ton ventre, tu ne peux rien dire. Et je te parle d’une bonne bite en chair et en chair, généreuse, gorgée de vie et de sang, non pas d’un objet contendant que tu t’enfiles d’une main coupable.
Astrig : Pourquoi tu dis coupable ? Le désir de la femme a ses propres mystères, il n’a pas de conscience, ni de morale.
Sandra  : Laisse, Madame a fait la faculté des sciences du cul. Donne-moi l’adresse, j’irai m’inscrire.
Nouritsa  : Bon, quand vous aurez fini le colloque des ventres libres, on pourra se mettre au travail ? Astrig, sur le toit tu ramasses le linge. Zéla et Sandra vous épluchez les oignons, quant à toi Vava tu rentres, tu te changes et tu reviens avec ton fils. Ne me regarde pas comme un cyclope des cavernes. C’est aujourd’hui ou c’est pas aujourd’hui que vous venez nous parler ?
Vava  : Et parler de quoi ?
Nouritsa : De ton cul sur la commode. De venir cueillir la rose de notre jardin !
Astrig  : Quoi ?
Nouritsa : Astrig ! En quelle langue je te le dis ? Va ramasser le linge !
Astrig sort furieuse. Zéla va chercher les oignons.
Nouritsa : Moi je vais chez le boucher chercher la viande. Elle crie vers la chambre de son mari. Théos, je vais chez le boucher, ton café est prêt !
Vava  : Oh putasse avaleuse de verge ! Le boucher, j’ai oublié la commande. Je peux téléphoner ?"

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"Que s’abstiennent également les amateurs de solutions faciles, les viragos du genre et les défenseurs d’une parité bienséante ! Comme Cézanne revendique une "peinture couillarde" en regrettant au milieu des salonards parisiens son bastidon et le vin de Provence, Abkarian ose un théâtre couillard : le Grand Siècle, mieux policé, eût appelé cela un théâtre du cœur. Et du courage et de la philanthropie, il y en a chez Theos et les siens ! Que l’on offre sa fille à l’étranger, marchand de musique ambulant, que l’on coupe les pouces de celui qui cogne sa femme, que l’on tue celui qui a violé sa fille. Voilà le paradoxe revenu de cette pièce complexe au propos si profond. Abkarian n’est pas politiquement correct, mais l’authentique justesse avec laquelle il décrit la situation faite aux femmes et la phallocratie imbécile dépasse les catégories de la morale au cul pincé. L’humour et la lucidité des exploitées sont aussi efficaces que leurs discours revendicatifs, et la bêtise et la méchanceté des hommes sont poignantes et hilarantes." (Catherine Robert)

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27 janvier 2021

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(notre département a perdu une tonalité de rouge, c'est mieux...)

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(en attendant...)

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(bande-annonce)

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(rétrospective)

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(présentation)

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(la séance de 18h)

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(re-bande annonce)

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(séance de 20h30)

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(discussion avec la réalisatrice)

 

26 janvier 2021

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("les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elle viennent...")

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Top 42

"Vous en aviez marre des tops de fin d’année ? Vous aviez raison. Une année, ça reste un vulgaire calendrier, 365 journées qui s’enchaînent à la suite et rien de plus. Mieux vaut ouvrir la focale et considérer notre vie entière. Ah, vous en avez marre des tops, tout court ? Dans ce cas, on ne peut rien pour vous car, de notre côté, ça nous amuse. Surtout le Top 42 des chansons majeures qui ont marqué notre existence. Vaste chantier. Vertigineux challenge. Pas si difficile, pourtant.

Mais pourquoi 42 titres et pas 10 ou 50 ?

Est-ce parce qu’il s’agit là du nombre fétiche des geeks ? De la réponse Google à la recherche suivante : "La grande question sur la vie, l’univers et le reste" ? Non. Amis scientifiques, on se détend tout de suite. Bien avant d’apprendre la dimension symbolique de ce chiffre mythique, on avait fait un calcul nettement plus basique.

Voilà comment procéder :

Prenez six heures pleines de votre temps libre/de travail, si possible quand vous avez besoin de chasser les idées noires. Discutez avec un(e) ami(e). Promettez de lui transmettre un premier Top de 31 titres au terme de ces six fameuses heures. Ne regardez aucune de vos playlists. Seule votre mémoire compte, faites-lui confiance. Vous dessinez alors le Top 30 (n’essayez pas de n’en retenir que 10 ou même 20, c’est un crève-cœur et on ne souhaite même pas aux plus fillonistes d’entre vous de vivre ça) auquel s’ajoute le fameux titre additionnel dont il serait trop douloureux de se séparer. Clairement, à ce stade, vous avez fait le plus dur.

Laissez ensuite passer un mois entier. Votre mémoire musicale fera le boulot à votre place pour faire apparaître à la surface les chansons que vous aviez oublié lors des six premières heures. Il s’agira souvent des plus anciennes, ou du moins les plus éloignées de votre fil d’actu (d’ailleurs, Facebook et même YouTube n’existaient peut-être pas encore). Seules dix d’entre elles devront figurer parmi les heureuses élues. Vous en êtes donc à 41 titres. Vous approchez du Graal.

Il suffira ensuite d’une semaine pour seller le sort de votre Top 42 car le mélomane que vous êtes se souviendra forcément d’une chanson jusqu’ici oubliée. Si vous ne la trouvez pas, redoublez vos efforts. Traquez-là. Elle est là, à la portée d’une playlist ou d’un bac à vinyle, faites un effort. Une fois que les retrouvailles auront lieu, cette chanson intégrera peut-être même directement le Top 20, tant vous voudrez vous racheter de l’avoir laissée de côté, tant votre amour pour elle vivra une seconde jeunesse.

OK mais quelles chansons choisir : les plus importantes ou les plus belles ?

Vous avez pleuré à l’enterrement d’un proche car la sono diffusait "Angels" de Robbie Williams et vous associez désormais chaque écoute de cette chanson en supermarché à ce moment fort. Dans ce cas, que devez-vous faire ? L’intégrer ou pas ? Ce tutorial apporte une réponse claire : non, c’est insuffisant. La seule fonction de madeleine de Proust est une négation de votre statut de mélomane, que vous avez patiemment acquis.
A l’inverse, vous entendez un morceau de jazz ou de métal et vous êtes époustouflé(e) par la dextérité des musiciens ou la structure de la composition. Est-ce que cette fois, ça suffit ? Non, toujours pas. Une chanson n’est ni un cours de gym,  ni une démonstration mathématique. Vous devez prendre une claque et pas une leçon.
Dernier exemple : une chanson vous touche. Mieux, elle vous émeut. Summum de l’émotion, vous êtes même en larmes. Vous êtes sur le bon chemin. Mais posez-vous deux questions : n’êtes-vous pas seulement fatigué(e) ? Depuis quand cette chanson vous touche ? (exception notable : la chanson coup de foudre, celle dont vous savez immédiatement, au fond de vos tripes, qu’elle va rester dans votre vie parce qu’elle bouscule votre rapport au monde, votre rapport à l’autre. C’est le moment où vous êtes convaincus que oui, merde, la magie ça existe. Et vous avez une chance folle de vivre ça.)
En somme, la chanson retenue sera un doux mélange de tout ça. Elle devra faire exploser la digue entre votre cœur et votre cerveau. L’un et l’autre doivent se rejoindre pour créer cet attachement si particulier qui unit un artiste à son public. Elle ne craint pas la répétition. Elle affronte tout contexte. Elle relève de l’intime. Et parce qu’elle ne quittera plus votre vie, elle constitue une toute petite parcelle de votre âme. Elle est la bande-son de ce que vous, pas l’être humain mais l’être qui ne saurait vivre sans musique, avez vécu de plus intense. Ces chansons ne sont pas les meilleures. Elles sont bien plus que ça : elles sont vos préférées. Vous ne tombez pas toujours amoureux de la personne à la fois la plus brillante, sexy, drôle et intelligente, si ? Non, vous tombez amoureux de celle qui fait résonner en vous quelque chose de spécial, celle qui vous fait être en phase avec vous-même. En face d’elle, vous vous sentez simplement dans le vrai. Cette chanson retenue dans votre Top 42, c’est pareil. Elle doit avoir la force de l’évidence. Ce n’est pas tant un choix qu’une reconnaissance.

42 chansons, très bien, j’y suis. Mais comment je les classe ?
Plusieurs méthodes s’offrent à vous. Un classement par ordre supposé d’écoutes aurait du sens mais c’est un réflexe de fainéant. Concentrez-vous dans un premier temps sur votre Top 10 et uniquement là-dessus. Chacun de nous connaît au moins 10 chansons qu’il estime absolument impensable de ne plus jamais écouter au moins une fois dans sa vie. C’est le fameux coup de l’île déserte. Les chansons classées Top 18, Top 29 et Top 36 sont certainement importantes pour vous mais n’allez pas nous faire croire que votre vie sera altérée à jamais si on vous prive d’elles. Alors que celles du Top 10, oui. Sinon, vous n’avez rien à faire ici, retournez sur MinuteBuzz.
C’est la seule étape de ce travail que vous devez mener à contre-cœur : après avoir soigneusement sélectionné ces mêmes chansons, éloignez-les de vous-mêmes, repoussez-les en simulant le fait que vous pourriez ne jamais les réécouter. En psychologie, on appelle ça la prescription paradoxale. De fil en aiguille, vous faites ainsi le ménage jusqu’à la 42ème place.
Autre conseil pour le classement : les chansons associées à un moment de votre vie, et seulement à ce moment là, doivent être reléguées au fond du classement. L’écoute des chansons les mieux classées doit être UN moment à part entière, provoqué, répété jusqu’à l’absurde.

C’est tout bon ?
Non, pas tout à fait. Quatre dernières remarques :
- Faites de la place pour 42 artistes/groupes différents. Choisissez donc une seule chanson de vos cultes sur pattes. C’est comme ça, c’est la règle.
- Oubliez les prétendus incontournables et des singles qu’il faudrait caser. C’est votre Top 42, pas le Top 50.
- Ne cherchez pas à caser un artiste à tout prix. Un Top 42 de vos artistes ultimes peut différer légèrement.
- La bande FM déborde de chansons aux accents putassiers. Vous avez le droit de les intégrer. Celui qui vous jugera et sa présumée intelligence est, en réalité, plus étroit d’esprit que vous.

Et là, c’est tout bon ?
Oui."
(Ronan / sourdoreille.net)

*

"Merci Niels Arestrup. De sa voix lointaine, calme et grave, qui nous ensorcelle, l’acteur a eu des mots très justes sur le plateau de Laurent Delahousse sur France 2, dimanche soir. Il a dit: "Je suis choqué par la façon dont on nous parle, et là je parle à la fois des scientifiques et des politiques. Je crois que les Français sont drôlement gentils, depuis un bon moment, depuis pratiquement une année. Ils font tout ce que l’on demande, ils font tous les efforts qu’ils peuvent. Et quand j’entends hier une information qui venait de l’Académie de médecine, je crois, proposant aux gens qui sont dans un métro à sept heures du matin de ne pas parler, parce que ça risque de faire des postillons alors qu’on est dans une situation proche… Je trouve que quand on dit ça aux gens, il faudrait leur parler avec respect, leur expliquer pourquoi on le fait et ne pas leur donner des ordres brutaux. […] Ce n’est pas une vie quoi. Il faut être gentil avec les gens qui vivent ça et qui acceptent ça. Ce ne sont pas des procureurs, ce sont surtout des victimes."

Merci Niels Arestrup de rappeler que les Français souffrent, physiquement et mentalement. Lui-même le reconnaît: il est en dépression. Alors qu’un confinement numéro 3 est dans l’air et que le gouvernement joue avec nos nerfs, entre fuite dans les journaux et sortie inquiète du président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, sur BFM, une question risque une nouvelle fois de passer à l’as: jusqu’à quand les Français vont-ils l’accepter? Jusqu’à quand vont-ils se dire que le jeu en vaut la chandelle? Le premier confinement, ça allait (presque): c’était du jamais vu, du jamais vécu. Une expérience de société, avec de vrais moments de solidarité et d’entraide. Ça paraissait sacrément utile, surtout en l’absence de connaissances sur la dangerosité du virus et ses modes de contamination. On sauvait le monde en prenant des kilos sur son canapé : super. Le deuxième, déjà, on avait moins envie. Tout le monde cet été répétait "plus jamais ça". C’est finalement reparti pour un tour. Au moins, c’était plus light. On avait moins peur. On avait compris qu’on allait peut-être mourir, mais pas tous. Les écoles restaient ouvertes, ça soulageait les parents. Les restaurants un peu aussi. Ils servaient des bières à emporter et ça soulageait les animaux sociaux. On allait les siroter dans le froid sur les marches des escaliers de Montmartre, comme des bandits. Le troisième… c’est dur. Allez, un dernier effort avant le vaccin? On voudrait y croire, même si les variants cassent l’ambiance.

Merci Niels Arestrup de rappeler que ce n’est pas de notre faute puisque c’est toujours l’angle d’attaque de la majorité. C’est le préfet de police Didier Lallement, en avril, qui déclare que ceux qui se retrouvent en réanimation sont ceux qui n’ont pas respecté le confinement (avant de s’excuser sous la pression). Ce sont quelques danseurs en plein air du XVIIIe arrondissement qui passent pour de dangereux apaches de la Belle Epoque. C’est Richard Ferrand, président de l’Assemblée, qui ajoute en octobre que si on est malade, c’est qu’on n’a pas fait "aussi attention que nécessaire" (une petite pensée pour Macron et ses "dîners de travail"). C’est "la bamboche qui est terminée" d’un préfet, montrant tout son mépris de classe pour les amusements triviaux, les trucs de pauvres qui ne savent pas se tenir. C’est "l’effet fête de fin d’année". Ce sont les teufeurs de Bretagne qui méritent la prison. C’est "l’effet apéro". C’est, désormais, "l’effet galette". C’est la partie médiatique des scientifiques et des médecins, bruyante, qui a la culpabilisation facile, alors qu’ils se sont eux-mêmes tant trompés. Et ce n’est pas grave de se tromper, c’est normal, ça arrive, surtout face à un nouveau virus qu’on ne connaît pas. Il faut faire simplement attention à ne pas tout asséner du ton docte de la vérité. D’autant plus quand on est dans une position de pouvoir et de sachant.
(…)
Merci Niels Arestrup d’oser se demander si ce sont les bonnes méthodes qui sont mises en place, si cette demi-vie que l’on nous impose ne fait pas toujours que retarder le problème. Il est légitime de se demander si tous nos efforts servent à quelque chose, tant que les écoles seront ouvertes, tant que les transports seront blindés, tant que les magasins seront pleins. A quoi cela sert-il d’écoper à l’arrière, quand le bateau prend l’eau à l’avant?
(…)
Là, certes, on est encore vivant, mais on est maintenu dans un état semi-comateux. Certes, si nous sommes en guerre depuis mars 2020, nous n’avons pas encore perdu, mais nous ne gagnons pas non plus. Et, comme pour toute guerre, quand la défaite pointe, ce ne sont pas les troupes qu’il faut vilipender.
Merci donc aux Français de continuer de tenir la tranchée, en râlant et en se demandant, avec raison, si c’est la bonne tactique, mais en la tenant quand même. Et merci à Niels Arestrup de rappeler qu’ils sont bien gentils de le faire." (Libé)

L'article entier (beaucoup plus long est (mais peut-être ne peut-il être lu que par les abonnés)

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25 janvier 2021

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25 janvier 2021

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Festivals en ligne : un autre!
Catherine m'a fait penser au Festival Premiers Plans d'Angers que j'avais oublié :

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du 25 au 31 janvier, en ligne, et qui a choisi une formule hybride : les films en compétition sont ouverts au public et gratuits sur réservation (sur le site de la 25ème heure), à raison d'un film et une séance par jour mais il faut penser à réserver 2 jours avant, sinon couic!), tandis que les films de la section Rétrospectives sont payants, et accessibles "autrement" :

"Le Festival Premiers Plans s’associe au Forum des images et à LaCinetek pour son hommage à Chantal Akerman.
Les hommages à Federico Fellini et Christian Petzold auront lieu à Angers et dans plusieurs salles du département de février à août 2021.
Quant à la thématique de l’Évasion, elle sera reportée à l’édition 2022. Mais du 25 janvier au 24 février 2021, LaCinetek proposera une programmation en ligne consacrée à Chantal Akerman ainsi qu’un Pass - Premiers Plans permettant d’accéder aux œuvres majeures de la cinéaste, ainsi que plusieurs films de Fellini et sur l'évasion."

du coup mon calendrier "festivals" s'enrichit (se complique) encore :

lundi 25 : ANGERS (séance complète hélas)
mardi 26 :ANGERS (Courts-métrages à 18h & "The earth is blue as an orange" à 20h30)
mercredi 27 : GERARDMER & ANGERS
jeudi 28 : GERARDMER & ANGERS
vendredi 29 : GERARDMER & CLERMONT-FERRAND & ANGERS
samedi 30 : GERARDMER & CLERMONT-FERRAND & ANGERS
dimanche 31 : GERARDMER & CLERMONT-FERRAND & ANGERS
Lundi 1er : CLERMONT-FERRAND
mardi 2 : CLERMONT-FERRAND
mercredi 3 :CLERMONT-FERRAND
jeudi 4 : CLERMONT-FERRAND
vendredi 5 : CLERMONT-FERRAND
samedi 6 : CLERMONT-FERRAND

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(avant)

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(après)

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Voilà, j'ai vu chez moi le dernier film de Fred Wiseman, CITY HALL, (4h32 au compteur effectivement) un film passionnant (même si parfois avec quelques séquences un peu longuettes, il faut le reconnaître) sur la mairie de Boston, dans tous ses états, et, surtout, son maire, Marty Walsh (élu en 2013, réélu "haut la main" en 2017, et qui vient d'être nommé ministre du travail dans le nouveau gouvernement Biden), dans tous ses états lui-aussi, un mec vraiment fascinant, un orateur-né, presque trop bien pour être vrai (mais c'est bien, ça fait un contrepoint idéal avec le précédent film de Wiseman que nous avions programmé, MONROVIA, INDIANA, qui était consacré à la bourgade du même nom, qui avait la "particularité" (?) qu'un pourcentage effarant de ses habitants avaient voté Trump...). Un film puissant qui redonne de l'espoir quant à la "grandeur de l'Amérique"...

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Marty Walsh

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"Au milieu de cette course de fond, Wiseman suit un personnage récurrent, ce qui n’est pas dans sa manière. Entorse à la méthode ? La force du personnage de Marty Walsh explique le choix du réalisateur qui signe avec City Hall un de ses films les plus fictionnels. Le maire démocrate, élu en 2013 et réélu très largement en 2017, fait figure de véritable bourreau de travail, présent partout à la fois, toujours en train de retrousser ses manches, courant d’un chantier de construction à un dîner de Thanksgiving pour les plus démunis, où il sert lui-même à manger. Son passé douloureux (un cancer lorsqu’il était enfant, l’alcoolisme qu’il a vaincu, toutes choses qu’il évoque dans ses discours) lui donne une profondeur particulière, tout comme son air tristoune et sa présence de héros ordinaire, faisant de lui un cousin du personnage de Matt Damon dans Promised Land de Gus Van Sant (l’acteur est d’ailleurs originaire de Boston et démocrate revendiqué).
Quittant le point de vue de recul critique qui est sa marque de fabrique, Wiseman se laisse aller à une admiration ambiguë, notamment lors d’une des séquences finales, où le maire est filmé comme dans un Capra, seul à la tribune, en légère plongée, face à une salle comble qui lui donne une standing-ovation - on comprend qu’il plaide pour sa réélection. La scène est très réussie parce qu’elle laisse entrevoir combien le maire est avant tout un orateur hors pair, un acteur très doué, sans que l’on puisse démêler avec quel degré d’honnêteté il croit au rôle que les électeurs s’apprêtent à lui redemander de jouer. City Hall se conclut par un retour à la bouillonnante centrale d’appels de la mairie, où Wiseman avait commencé par tirer le fil de l’action municipale. D’où l’impression d’un film bouclé, plein, réconcilié, qui approuve la formule démocrate - professionnalisme et efficacité - comme remède aux délires du président en place." (Libé)

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"Marty Walsh n’en apparaît pas moins un maire quasi idéal. Et il n’est pas anodin que vous vous soyez attelé à ce sujet alors que l’élection présidentielle américaine se profile…

C’est le contraste avec Trump, ce putain d’idiot psychopathe, qui fait apparaître Marty Walsh si formidablement héroïque. Si City Hall était sorti sous Obama, Marty Walsh serait apparu comme un bon maire, et voilà.

Mais auriez-vous fait ce film sous Obama ?

Bien sûr ! Mon intention initiale n’était pas de réaliser un brûlot anti-Trump, mais de me pencher sur une mairie, parce que cela avait un sens au sein de ma série consacrée à des institutions. Mais le résultat a en effet pris cette dimension supplémentaire sans que je le cherche. Merci, monsieur Trump, d’être un tel connard ! (rires)"
(extrait d'un entretien avec Fred Wiseman / Libé)

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24 janvier 2021

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"le" dessin de Xavier Gorce qui a fait faire des excuses au Monde envers ses lecteurs "choqués", et fait démissionner son auteur ("la liberté ne se négocie pas..." a-t-il déclaré)
-j'avoue que sur cette histoire j'ai du mal à me faire une idée, à savoir que penser-

et son dernier dessin publié :

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restons-en là donc...

- et c'est tout ?

- oui, c'est tout!

 

 

23 janvier 2021

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Attention!
Evenement exceptionnel
Cinéma Les 2 Scènes Besançon propose une séance de CITY HALL, le dernier film de l'immense documentariste américain Frederick Wiseman, la projection sera suivie d'une discussion avec Charlotte Garson et Frederick Wiseman en personne, le 24 janvier à 16h (tarif 5€) sur le site de La 25ème heure (ici)
Le film dure 4h32, ceci expliquant l'horaire de début choisi (16h)

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Le variant anglais présent dans toutes les régions de France excepté en Bourgogne-Franche-Comté

Au 20 janvier 2021, un ou plusieurs cas confirmés du variant britannique sont recensés dans toutes les régions de France métropolitaine, excepté en Bourgogne-Franche-Comté indique ce vendredi Santé publique France selon son bulletin épidémiologique hebdomadaire. Aucun n’a été rapporté en Outre-mer.
Dans le détail, 141 cas d’infection à des variants émergents étaient recensés en France : 131 cas du variant anglais et 10 cas du variant venu d'Afrique du Sud.
Un ou plusieurs cas confirmés du variant sud-africain sont recensés dans cinq régions de France métropolitaine (Grand Est, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Pays de la Loire, Île-de-France et AuvergneRhône-Alpes) et dans une région d’outre-mer (Mayotte). (Est Répu/Twitter)

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pas très bien dormi cette nuit (ou plutôt pas tout a fait bien dormi) : je me suis couché assez tôt, endormi sans problème (j'étais en train de commencer à piquer du nez devant la télé) et je me réveille au bout de 2/3 heures comme d'hab', je me relève pour aller pisser, je me recouche avec la satisfaction du devoir accompli et la pensée réconfortante que je vais me rendormir illico comme d'hab' et comme un gros bébé, avec  que vraiment ces angoisses respiratoires c'est ridicule, c'est irraisonné, et ça n'a pas de sens, je replace le masque de la machine à dormir, j'éteins la lumière, et là je ne me rendors pas comme un bébé, je me mets à gigoter, je repense à cette histoire respiratoire, à des trucs médicaux plus flippants entendus ça et là (et retenus au vol) et je commence à me faire tout un cinéma mental qui m'empêche donc de me rendormir et qui fait qu'au bout d'un moment je rallume la lumière (ohala il est 2h), c'est le moment de la nuit où on se sent, justement, particulièrement seul (on pense à tou(te)s les autres, qui, à ce moment, sont en train  de dormir comme des bébés) je suis assis sur le bord du lit, les yeux dans le vague, les pensées aussi, je respire, calmement, et, tiens, j'ai l'idée de continuer de lire Broadway de Fabrice Caro, qui, la journée, me fait beaucoup rire... (en même temps tout en lisant  je surveille ma respiration) bon je ne ris pas beaucoup mais au moins je pense à autre chose, un chapitre, et puis un autre, et je finis par me suprendre à bailler une fois, puis une autre, et je repose le bouquin je remets le masque j'éteins la lumière je pose ma tête et là je me rendors

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je me souvenais que Zabetta devait se faire opérer aux alentours du 20, alors je l'ai appelé sur son portable, elle m'a répondu d'une voix un peu cotonneuse, me confirmant qu'elle avait été opérée mardi, onze heures d'intervention, qu'ils avaient trouvé certains trucs plus grave qu'ils ne le pensaient, qu'elle était perfusée de partout, qu'elle avait même un tuyau dans la gorge et que ça lui était difficile de parler longtemps, qu'elle pensait qu'il allaient la garder une quinzaine de jours, et tout ça m'a bouleversé, nous avons évoqué mars, le printemps, les jours meilleurs, l'avenir, et là mis tous deux un terme à cette conversation qui me brisait le coeur.

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soudain, ce soir, réalisé que, excepté Pépin et Philou, je n'étais entouré de (n'étais en contact qu'avec des) filles, ce qui est tout de même assez... paradoxal, non ?

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(sans rapport avec ce qui précède)

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(il me semble que Dominique en avait parlé la dernière fois qu'on s'était vus : le site Covid Tracker (). Libé consacrait sa page "portrait" à Guillaume Rozier (24 ans) son créateur :

"D’aucuns diraient que son succès est le symptôme, d’autres le remède, des insuffisances de la communication étatique dans cette crise sanitaire. Covid Tracker, son outil protéiforme permettant de suivre l’évolution de l’épidémie dans le pays sur Internet, est tout ce que la parole officielle n’est pas : didactique, intuitif, digeste, transparent. Projet d’utilité publique : "Mon seul moteur, c’est d’informer les gens."
Guillaume Rozier est data scientist. Il est doté de l’esprit méthodique et du phrasé rationnel de sa profession. Il dit des choses comme : "Covid Tracker n’est pas là pour commenter les mesures prises par l’exécutif, mais pour avertir quand le raisonnement du Premier ministre n’est scientifiquement pas tenable." Guillaume Rozier a 24 ans. Il a la bonhomie et les joies de son âge. "Lorsque Quotidien m’a invité, j’étais trop heureux, c’est mon émission préférée. Je n’en ai pas dormi pendant sept jours !"
(...)
Covid Tracker a germé début mars 2020. La France observe sa voisine italienne sombrer sans réaliser ce qui l’attend. Dans son coin, l’étudiant utilise les données recensées par l’université Johns-Hopkins pour confectionner son tout premier graphique sur le nombre de cas d’infections dans les deux pays. "J’ai envoyé le visuel à ma famille, mes amis, pour leur montrer qu’on suivait la même trajectoire que l’Italie. Au départ, ils me traitaient d’alarmiste." Les courbes sont postées sur Twitter, puis sur une page blanche sommaire perdue sur Internet, avant de bénéficier d’un site dédié. Effet exponentiel : "Plus j’avais de retours positifs, plus ça me motivait à créer de nouvelles visualisations, les plus claires et agréables possible."
De lui, l’épidémiologiste Dominique Costagliola dit : "Les organismes publics s’intéressent à son travail. Il a un talent pour faire parler les données brutes. Il faut le reconnaître et s’appuyer dessus." Hommage béni pour un jeune empli de doutes. "Avant de publier, je demande en privé à d’autres experts de me dire ce qu’ils en pensent, glisse-t-il. J’ai toujours eu cette immense angoisse que Covid Tracker ne soit finalement qu’un château de cartes." Elle s’atténue avec le temps. La notoriété et les connexions réconfortantes tempèrent ses peurs, sans les effacer pour autant. Plaie "naturelle" d’un vingtenaire à la recherche de confiance en soi "depuis l’adolescence". Additionnée à une lucidité désarmante dans un univers de "pontes". "Je suis ni médecin, ni modélisateur, ni professeur de santé publique. Forcément, le sentiment d’illégitimité guette. Mais j’apprends.""(Libé)

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22 janvier 2021

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(la culture...)

"Cela aura tout d’un non-événement pour qui scrute les derniers rebondissements désespérément contraires de la situation épidémique en France, entre variants de plus en plus exotiques et plateau en pente ascendante, mais le rendez-vous donné par le gouvernement ce mercredi aux lieux de culture pour réexaminer leurs perspectives de réouverture ne donnera rien. Et ce ne sera une surprise pour personne, sauf à fixer désespérément le calendrier et cette fameuse date du 20 janvier au point d’occulter que l’ensemble du pays a basculé six jours plus tôt dans un régime plus sévère encore de couvre-feu, sans perspective proche d’en voir le bout.

En lieu et place de la revoyure annoncée, le ministère de la Culture émet donc tous les signaux de ne plus voir grand-chose, sinon s’étirer les longues semaines, peut-être des mois, à maintenir le secteur sous oxygénation artificielle d’aides financières plus ou moins ajustées. Auprès des professionnels les plus pragmatiques, la fin mars est désormais souvent désignée comme l’échéance optimiste d’une remise à feu générale, et seulement sous réserve que celle-ci puisse être sereinement préparée, sur deux ou trois semaines a minima. Le déploiement au petit trot de l’opération vaccination n’y changera rien, puisqu’est donnée comme tout à fait exclue l’hypothèse d’introduire un «pass» vaccinal en guise de sésame pour tel ou tel type d’établissement.

Appelées de ses vœux par Roselyne Bachelot voilà une semaine, histoire peut-être d’occuper l’espace, les expérimentations de nouveaux protocoles d'accueil du public, plus flexibles, modulables en fonction des caprices des courbes sanitaires, demeurent au point mort et dans l’attente d’un signal de fumée de la rue de Valois, si l’on en croit plusieurs collectivités s’étant portées candidates, telle la Nouvelle-Aquitaine – sans forcément sonder les acteurs culturels locaux, d’ailleurs. Pendant ce temps, les rares pays voisins ayant maintenu musées, salles de spectacles et cinémas ouverts jusqu’au cœur de l’hiver, notamment l’Espagne et le Portugal, se trouvent ces jours-ci submergés par de nouvelles poussées covidées – sans qu’il faille forcément voir là une cause et ses effets – et ne peuvent dès lors plus tenir lieu de contre-exemples éclairés du caractère vital de l’inessentiel. Merci de nous indiquer la fontaine de cyanure la plus proche. Bref, non seulement le marasme prend racine, mais la seule inflexion qui puisse s’envisager à courte échéance prendrait la forme d’un durcissement.

D’ici là, la stase du haut plateau a comme figé un état sinon une vision des choses culturelles en la France de Macron, instauré lors de la première phase du déconfinement automnal, et qui n’était sans doute pas pensé pour durer mais dont les nombreux paradoxes et dissymétries n’apparaissent pas moins riches en effets de sens confondants. Outre l’insolent privilège d’accueillir leurs fidèles octroyé aux lieux de cultes quand ceux de culture gardent porte close, il y a par exemple matière à s’interroger sur l’ouverture des galeries d’art à la différence des musées, les plus menues et donc propices à la cohue (en regard des imposants volumes de Beaubourg ou Orsay), comme les plus vastes, dont la surface excède amplement celle de bien des centres d’art. Et puisqu’il ne paraît guère convaincant que la logique à l’œuvre soit sanitaire ou architecturale, quelle est-elle sinon bêtement marchande ?

Si les galeries, comme les librairies, ont pu rouvrir, c’est au nom du libre négoce de biens tarifés qui s’y exerce comme en tous ces commerces qu’il était urgent de rouvrir à la foule à l’heure des achats de Noël. L’expérience esthétique la plus démocratique peut bien attendre dès lors que le business continue. Et, comme nous le soufflait un ami peintre il y a quelques jours, le Louvre devrait en déduire ce qu’il lui reste à faire pour convaincre ce gouvernement de la nécessité de sa réouverture : il suffit d'apposer à la Joconde une étiquette qui en afficherait le prix." (Libé)

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le point sur les festivals (de cinéma) :

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* MY FRENCH FILM FESTIVAL : (du 15 janvier au 15 février) en ligne chez nous comme dans beaucoup de pays, sauf que j'ai un peu de mal à comprendre pourquoi, malgré l'intitulé et la sélection, le fait d'être en France n'autorise à voir aucun des longs-métrages au programme ("pour des raisons de droits d'exploitation ce film n'est pas disponible à la location dans votre pays"), juste les courts, et c'est un peu rageant... Tous les autres y ont droit sauf nous c'est vraiment trop inzuste

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*FESTIVAL TELERAMUCHE : l'édition 2021 (prévue du 27 janvier au 2 février) est purement et simplement annulée, et passe directos à la trappe. Zou!

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* FICÂÂÂÂÂ (initialement prévu du 26 janvier au 2 février) : idem! (rendez-vous en 2022!)

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* FESTIVAL DE GERARDMER : du 27 au 31 janvier : 5 films réservés (j'ai peur d'avoir peur)

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* FESTIVAL DE CLERMONT-FERRAND : du 29 janvier au 6 février : Pass acheté (je vais essayer d'en voir le plus possible)

ps : c'est la première fois de ma vie (et sûrement -j'espère- la dernière!) que je pourrai, comme ça,  assister à deux festivals (Gérardmer et Clermont) en même temps

mercredi 27 : GERARDMER
jeudi 28 : GERARDMER
vendredi 29 : GERARDMER & CLERMONT-FERRAND
samedi 30 : GERARDMER & CLERMONT-FERRAND
dimanche 31 : GERARDMER & CLERMONT-FERRAND
Lundi 1er : CLERMONT-FERRAND
mardi 2 : CLERMONT-FERRAND
mercredi 3 :CLERMONT-FERRAND
jeudi 4 : CLERMONT-FERRAND
vendredi 5 : CLERMONT-FERRAND
samedi 6 : CLERMONT-FERRAND
... ça va être un peu cho vendredi 29 samedi 30
et dimanche 31!

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21 janvier 2021

poulailler 19

Waouh! un mercredi de folie!

1) il fait grand soleil!

2) mon aide-ménagère me rend visite pour la dernière fois avant... un sacré bout de temps (elle va se faire opérer), et comme d'hab' quand elle s'en va mon appart' étincelle!

3) quand elle part, c'est Manue lui succède, qui vient boire son habituel "café en terrasse" du mercredi (ou samedi) matin (et qui m'apporte trois magnifiques cocos blancs de sa poule blanche)

4) à son départ, je prends ma voiture pour aller chercher de la vitamine D sous forme de gélules d'huile de foie de morue (pharmacie des Haberges -j'y retrouve une ancienne élève qui a à présent 25 ans- : rupture de stock, pharmacie du grand Leclercmuche : yesss! (en plus j'ai affaire à un joli pharmacien rebeu et barbu, qui met un certain temps pour trouver le flacon, mais je lui pardonne...)

5) j'en profite que je suis là pour aller faire un tour à L'Espace Cul(turel) : ça tombe bien, c'est le premier jour des soldes! Les bouquins sont à 2€ et les dvd à 3! J'en repars avec 16€ de marchandises culturelles :

livres :
- LA BD EST CHARLIE (10€ neuf)
- RAYMOND DEPARDON par Christian Caujolle (17,50€ neuf)
dvd :
- GRAND FROID de Gérard Pautonnier (avec Jean-Pierre Bacri)
- MOURIR ? PLUTÔT CREVER! de Stéphane Mercurio (avec Siné)
- LES CROIX DE BOIS de Raymond Bernard (édition digipack 2dvd livret inclus)
- Coffret TRUE DETECTIVE saison 1 (avec mug collector)

6) je rentre à la maison pour déposer mes achats, prendre mon courrier, et manger sur le pouce

7) je retourne au Grand Leclercmuche, des fois que quelque chose m'ait échappé (je repose Le corps et l'âme, de John Harvey, et L'Intégrale complète des Idées noires de Franquin, qui ne sont pas soldés) et j'achète un tapis de souris ergonomique (avec coussinet pour appuyer le poignet et le soulager) qui n'est pas soldé non plus

8) je m'arrête chez Noz où je n'achète qu'un pack de 1664 bio et non filtrée

9) quand je reviens à la maison, il reste une place libre juste en dessous de chez moi... Yessss!

10) je réussis (enfin) à prendre un PASS FESTIVAL pour l'édition 2021 (uniquement "en ligne") du Festival du Court-Métrage de Clermont-Ferrand (12€ pour voir tout ce qu'on veut) du 29 janvier au 6 février

11) j'appelle Pépin, j'appelle Dominique, j'appelle Malou...

12) j'ai mangé à la coque le premier des trois oeufs de Manue

13) je me couche très tard parce que je me suis endormi devant On connaît la chanson (que je connais effectivement très bien aussi) mais je me rendors -heureusement- sans peine

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(sans rapport avec ce qui précède)

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mosh (ou moshpit)

"Le mosh n’est pas une pratique accessible. Il est agressif, physique, imprévisible, et demande donc une forte implication. De la même manière que le mosh pit est une fosse dans la fosse, les moshers sont une communauté dans la communauté. Une cohésion se crée naturellement entre eux, parce qu’ils expriment, recherchent et ressentent les mêmes choses : excitation, frustration, catharsis, liberté, évasion, affirmation et, fatalement, douleur - élément crucial de l’expérience, si l’on en croit Gabrielle Riches, chercheuse canadienne à l’université de l’Alberta, spécialiste du sujet : "On peut comparer le mosh pit à une orgie dionysiaque. Les participants en ressortent avec des sensations proches de l’expérience sexuelle : exaltés, revigorés, rajeunis. Et le niveau de douleur, même minime, est une composante centrale de ce plaisir. Il est même essentiel." Surtout, le mosh, sous ses aspects de charivari bestial, est en réalité une affaire très structurée : il ne s’agit pas d’une émeute ou d’une baston de bar, et chaque participant en est conscient. Tout comme il intègre rapidement ses codes implicites - garder l’œil sur son périmètre, aider les gens en difficulté, éjecter les fauteurs de troubles. On est dans un entre-deux entre l’ordre et le chaos. Un terme employé en anthropologie convient assez bien au mosh pit : la liminalité. Le moment, dans un rituel de passage, où l’individu est entre deux statuts. Où il a quitté un monde, où ses pensées et comportements habituels sont suspendus et où il a un pied dans un nouveau monde - dans lequel il ne peut pas et ne veut pas basculer entièrement. S’il y a violence dans le mosh, elle est formelle, sans victime et sans volonté de nuire, même si les dommages collatéraux sont inévitables. Beaucoup de participants évoquent d’ailleurs les sentiments paradoxaux de calme et de sérénité qu’ils ressentent dans le mosh pit, qui agit sur eux comme un régulateur. On pense à la Face cachée du soleil, roman de J.G. Ballard paru en 1996, où les riches habitants d’une enclave résidentielle ultrasécurisée se mettaient à créer leur propre violence pour rééquilibrer leur univers infaillible et aseptisé." (Libé)

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