Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
lieux communs (et autres fadaises)
6 juin 2014

au sens biblique du terme

GOLTZIUS ET LA COMPAGNIE DU PELICAN
de Peter Greenaway

Une unique séance au Kursaal à Besac, à 21h, et je n'ai pourtant pas hésité. c'était là ou jamais (je l'ai raté deux fois lors de mon dernier séjour à Paris : la veille de mon arrivée, et, grosso modo, le lendemain de mon départ, pfffff méchant MK2 Beaubourg!). je suis un "inconditionnel" de Greenaway, j'ai vu tout ce qui est sorti, j'ai acheté le coffret, j'ai acheté des bouquins, j'ai téléchargé je me suis procuré ce qui est inédit (The Tulse Luper suitcases), bref, la vraie panoplie du fan transi de base. Et, excepté 8 femmes et demie (dont je n'ai aucun souvenir si ce n'est que je l'ai détesté) j'ai tout aimé, pour différentes (bonnes ou mauvaises) raisons...
Greenaway, d'abord, c'est (ne nous voilons pas la face) l'assurance du plaisir d'un FAQV, et vous n'êtes pas sans savoir le rapport admiratoire que j'entretiens avec la mâle anatomie et ce que les américains appellent full frontal (qui n'a rien à voir avec un quelconque sport de combat). Au départ, c'étaient plutôt des gros messieurs,mais il semblerait, au fil des années qui passent, qu'ils soient, de plus en plus, jeunes et bien découplés.
Greenaway, c'est aussi, en général, la promesse d'un film "en costumes", une anecdote aussi emberlificotée qu'improbable (avec un zeste d'"absconse" et une touche de "dérangeante"), avec une jolie musique minimalo-répétitive (ou répétivo-minimaliste : ah, Nyman, Mertens et consorts...), et un travail d'orfèvre (d'esthète) sur la mise en image(s), les cadres, les cadrages et sous-cadrages...
Il est ici question d'un imprimeur, qui, désirant acquérir une nouvelle presse, contacte un margrave (celui de Colmar, obligé statutairement de chier chaque jour en public devant des concitoyens) afin qu'il lui débloque les fonds pour acheter ladite presse, (et l'impression sur icelle d'ouvrages licencieux) et propose au dit margrave, pour le mettre in ze mood, de lui rejouer, en direct live, avec sa compagnie (celle du Pélican du titre) des saynettes de la Bible, illustrant les principes d'interdictions morales par des exemples choisis... (Adam et Eve, Salomé, etc.)
Dans la plaquette, Peter Greenaway déclare faire des "films de peintre" (et, plus récemment, d'ailleurs, des films sur les peintres), déplorant que, trop souvent, les films soient -d'abord- des "films de texte", et ne rêvant de faire que des films "d'image". Et c'est bien là que le bât blesse (mais le bas aussi, hi hi hi) : la toute première impression est auditive : Goltzius... est un film insupportablement bavard. Saoulant, presque, tellement les textes les voix et les dialogues se déroulent s'entassent, envahissent l'espace du film jusqu'à quasiment l'asphyxier. Où l'éloquence confinerait au verbiage et l'érudition à la pédanterie... (Ouch! Mais oui, c'est vrai que je me suis un peu endormouillé au début, c'est vrai que Dominique a quitté la salle au bout d'un moment en me disant "je m'ennuie, j'y vais...", et que du coup ça m'a réveillé, et c'est vrai aussi qu'au bout d'un moment j'ai regardé l'heure parce que je commençais à trouver  un peu le temps long...)
Je trouve la surenchère un peu indigeste. Trop de mots, trop de gens, trop d'agitation. Trop de bruit et de fureur, comme disait l'autre, (et sans doute pour pas assez de quéquettes). Comme si le baroque flamboyant de Greenaway (celui de Prospero's books - son plus magnifique film je crois -, de Meurtre dans un jardin anglais) s'était "institutionnalisé", érigé en système, et tournait ainsi un peu à vide... on n'a pas le loisir de s'attacher aux personnages, puisqu'ils ne sont traités qu'en insupportables marionnettes, et qu'on ne parvient plus à dissocier les différents niveaux de jeu(x) et de représentation(s).
Alors on se laisse aller, on lâche prise, et on renonce à tout comprendre, et ce peut être aussi très agréable. La musique est plaisante, composée et jouée par des nouveaux venus chez Greenaway (mais ça a incontestablement un air de famille avec ce qu'on a pu entendre dans les films précédents), et on décompte les péchés qui restent à passer...
Oui, c'est ... "très Greenaway", comme me l'avait annoncé Hervé, et je ne voudrais pas avoir l'air de tomber à mon tour dans cette mode qu'i fait qu'il est désormais de bon ton de l'abominer, pas du tout... Disons simplement que je l'ai sans doute vu dans de mauvaises conditions, que j'étais fatigué, que je n'ai pas joué le jeu, que j'étais barbouillé, que sais-je... Oui, j'ai trouvé un peu le temps long...

078074



Publicité
Publicité
25 mai 2014

xanax

DEUX JOURS, UNE NUIT
de Luc et Jean-Pierre Dardenne

Dans les films des Dardenne, il faut
1) Olivier Goumet et/ou Jérémie Rénier : c'est chose faite (à 5' de la fin, mais bon)
2) le plat pays qui est le leur : contrat accompli ici aussi
3) une héroïne, jouée par une actrice filmée amoureusement, et transcendée (Emilie Dequesne, Cécile de France, Déborah François) : ici, Marion Cotillard, qui est magnifiquement touchante tellement elle est juste
4) du filmage de dos, caméra à l'épaule, plus ou moins obstiné (et plus ou moins saoulant)
5) des salauds ordinaires, et des gens, plus ou moins malheureux, tout aussi ordinaires
6) un dilemne, ou un cas de conscience, ou un questionnement éthique : ici, il s'agit, le temps d'un week-end, de contacter 14 personnes avant un (re)vote, pour savoir si elles préfèrent garder leur prime de 1000€ ou éviter le licenciement d'une de leurs collègues...
7) au bout, une Palme d'or, ou un Prix du Jury, ou autre distinction honorifique lors de leur présentation au Cannes de l'année (là, on saura demain soir...)
Oui, y a que les imbéciles qui changent pas d'avis... (Là, je parle pour moi, et pas pour les protagonistes du film, quoique). Le résumé de l'anecdote, la présence de Marion Cotillard, les relents de ce cinéma dit "social" ne m'attiraient a priori pas vraiment. Mais dans "cinéma social" il y a, d'abord, "cinéma". Et force est de le leur reconnaître, cet indéniable talent de mise en scène, de mise en images, de mise en émotion, qui fait qu'en cinq minutes chrono j'étais happé, fasciné, kidnappé, béat.
Les acteurs y sont pour quelque chose, mais la réalisation aussi, je le répète. Sandra (Marion Cotillard, avec sa petite queue de cheval et son maillot rose) va faire du porte-à-porte, tout au long de ce week-end, avec des hauts et des bas (pourquoi en Belgique les sonnettes sont-elles si hautes ?) pour rencontrer un par un ses collègues de l'usine, ceux et celles qui ont déjà voté pour garder la prime, et qu'elle espère faire changer d'avis en sa faveur.
Au début, on craint le "procédé", la monotonie, la redite, mais c'est compter sans les Dardenne(s). Ils font de chaque rencontre un cas particulier, une vraie personne, avec sa peau, ses yeux, son existence, même si esquissée en quelques minutes, et j'avoue que plus d'une fois les larmes me sont montées aux yeux.
Le compte à rebours s'égrène, et l'espoir reprend. Parfois. Parfois pas. Au fil des rencontres et des heures qui passent (contrairement au titre qui est faux, ça me chiffonne, il y a bien deux nuits, puisqu'il y a aussi la nuit de dimanche à lundi). Je dois avouer que je me demandais comment, avec un sujet pareil, les réalisateurs allaient pouvoir négocier la fin de leur film sans dommage(s). Que la balance penche d'un côté ou de l'autre, ça pouvait être vraiment casse-gueule. Et ils ont l'élégance extrême, comme disait Bashung de "délaissant les grands axes, prendre la contre-allée", dans une fin à double détente, magnifique. (ou les verticales qui tranchaient l'image en deux, pendant toute la durée, du film sont enfin abandonnées, au profit d'une superbe courbe ascendante... yes, comme qui dirait,de l'espoir chez les Dardenne!)

490001

14 mai 2014

magnum

TONNERRE
de Guillaume Brac

En tant que fan de base de Vincent Macaigne, je me devais absolument de voir le premier "vrai" long-métrage de Guillaume Brac (le précédent étant un faux puisqu'on y avait accouplé un moyen -Un monde dans femmes- et un petit  -Le naufragé- métrage(s), tous deux autour du même personnage, joué par le même Vincent M.)
Revoilà donc Vincentchounet, cheveux au vent et barbe bleue, en rocker mélancolique qui vient se ressourcer pour un certain temps chez son père (joué par l'excellentissime Bernard Menez) à, justement, Tonnerre, et y rencontre une très jolie (et jeune) journaliste (la toute mimi Solène Rigot) avec qui schlink! (c'est le bruit du coup de foudre, du love at first sight) vous imaginez aisément la suite...
Sauf que non, pas vraiment tout à fait. Le précédent (film) se passait en été au bord de l'eau, et Vincent y draguouillait gentiment, pataudement, une mère et sa fille. Tandis que si celui-ci se passe en hiver et dans la neige, Vincentchounet y est tout aussi draguouillant et,donc, fatalement (si, si!) malheureux en amour, mais cette fois peut-être de façon plus... démonstrative.
Le film est comme coupé en deux par une balafre inattendue, schlack! (c'est le bruit que ça fait quand ça coupe), et devient  justement peut-être un tout petit poil moins touchant (ou plutôt caressant -dans le sens du poil (que Vincentchounet a plutôt long)- dans cette seconde partie, mais c'est fait exprès, parce qu'il dérape dans une autre direction (genre demi-tour au frein à main) et qu'on n'a pas eu encore beaucoup l'occasion de voir Mister Macaigne dans ce registre-là.
Guillaume Brac l'avait déclaré dans une interview, que Tonnerre se ferait contre Un monde sans femmes, en ce qui concerne notre personnage principal masculin chéri à poils longs, comme pour casser une image de douceur, de gentillesse, voire de maladresse (mais que, somme toute, on finit par retrouver, non ?)
Une jolie chronique hivernale, moitié enneigée, moitié cafardeuse, où finalement il n'est question que de ce qui nous intéresse principalement, nous les midinettes et les midinets (ça m'a fait encore plus plaisir que Vincent Macaigne utilise ce mot pour se définir, dans la réponse qu'il a donnée aux Cahiaîs pour leur n° 700), je veux dire l'amour bien sûr (et pas la baise, non non, surtout pas que). Avec ce personnage de musicien qui n'est finalement pas si éloigné de celui, magnifique, que joue Gustave Kervern dans le tout aussi magnifique Dans la cour, de Pierre Salvadori (à ce propos, Pépin, tu m'énerves, voilà, c'est dit...) chacun des deux réglant à sa manière personnelle son propre probléme.
Il y a dans Tonnerre une petite chose un peu génante, mais c'est tellement systématique que cela ne peut être qu'intentionnel, un parti-pris : hormis les trois personnages principaux (le père, l'amant, la maîtresse) qui sont toujours extrêmement justes, on ne peut pas en dire autant de la majorité des personnages qui les entourent (dont on peut penser sans doute que pas mal d'entre eux jouent leur propre rôle, et ce probablement pour la première et la dernière fois) qui, s'ils n'ont  que peu de choses à dire, le font à chaque fois avec une touchante maladresse (c'est le critique de écranlarge.com qui (me) l'a fait remarquer.)
Mais là n'est pas le plus important (les gens). Il s'agit bien davantage des lieux (l'esprit des lieux), de la réalité (du réel, du solide, du concret) et de la façon dont le corps de chacun s'y inscrit. Et là, la réussite de Guillaume Brac est incontestable. Un excellent fait d'hiver, un récit attentif avec du froid et de la neige (des fois vraie et des fois fausse : je suis obsédé par ce détail dans les films et j'y suis très attentif), et traversé par les chaleurs diverses de l'amour, de la colère, de la vengeance, et peut-être aussi du pardon...
Un film blanc et rouge. Un sacré beau film.

21050900_20131018160525073

5 mai 2014

from paris 2

149022

174935

033857

418492

491047

542714

047773

rude journ

21057161_20131113102103945

479126

4 mai 2014

tit cul d'bitch

TOM A LA FERME
de Xavier Dolan

J'ai avec Xavier Dolan des rapports un peu en dents de scie. Son premier film (J'ai tué ma mère) m'avait autant fasciné qu'exaspéré, son second (Les amours imaginaires, vu sur l'insistance de Loulou), m'avait beaucoup plus convaincu, tandis que le troisième (Lawrence, anyways) m'avait, hormis la performance de Melvil Poupaud, plutôt laissé de glace. Ce jeune homme est doué, il le sait, et il tient à le faire savoir (c'est peut-être ça qui me le rend agaçant...)
Et pourtant, j'avais très envie de voir ce Tom à la ferme, et ce fut donc le troisième film enchaîné de ce cinématographique lundi de pâques... Xavier Dolan joue le Tom en question, qui débarque à la cambrousse pour assister aux funérailles de son ex-amant. Il fait la connaissance de la mère de celui-ci (sans lui dire tout à fait toute la vérité sur la nature des liens qu'il avait avec le défunt), puis du frère du même, avec qui des rapports "conflictuels" vont immédiatement se mettre en place, et constituer d'ailleurs l'ossature de ce "film de genre", donc la musique très très hermannienne souligne le côté hitchcockien de la chose. Le frangin en question, donc, est présenté comme une brute barbue trentenaire, vivant seul avec sa mère dans la ferme en question, homophobe, violent, mais avec qui le jeune Tom va paradoxalement  nouer des liens étranges d'attraction / répulsion, d'abord au prétexte que la mère de l'amant mort ne doit pas savoir qu'il était gay, ni pourquoi est venu lui rendre un dernier hommage, un personnage de fiancée factice ayant été inventé par le frangin pour "préserver" sa môman de la découverte de la "funeste vérité" (c'est moi qui mets les guillemets).
Il est question d'emprise, de domination, de mainmise. Au départ il pourrait presque s'agir d'un jeu, "on dirait qu'on serait..." Tom se laisse plus ou moins manipuler d'assez bonne grâce, et le voilà qui enfile un bleu pour aide aux travaux de la ferme, et il y a même ensuite une scène assez troublante de tango dans un hangar vide. La relation entre les deux hommes (le blondinet urbain et le brun rural) est en dents de scie, le frangin soufflant le chaud et le froid, un coup la guerre et un coup l'armistice, mettant le spectateur dans un délicieux embarras de cul entre deux chaises (ou de chaise entre deux culs, hihihi!). tout parait biaisé, et de plus en plus, entre les trois personnages de cette rurale trinité (la mère / le fils / l'amant)
Mais tout va encore se compliquer lorsque Tom va avoir l'idée saugrenue de faire venir en chair et en os la fameuse fiancée qui figure sur la photo que le défunt duplice avait fourni au frangin bas de plafond comme "alibi" (ou "objet du délit") et que, assez rapidement,  la maman va  réaliser qu'elle ne correspond pas vraiment à ce qui en a été dit, et qu'il y a décidément quelque chose qui cloche...
Quatre personnes, donc, Tom, le frangin, la maman, et la fausse fiancée, qui vont progressivement s'empêtrer dans un rouleau de mensonges et de faux-semblants, comme si on les enveloppait de fil de fer barbelé, de plus en plus serré au fur et à mesure que le film progresse (et que la marge  d'action se réduit inexorablement).
Partir, ne pas partir ? Rester , revenir ? Tout dire ? Se taire ? les choses ne sont pas si faciles à savoir, ni les décisions à prendre. Le réalisateur se plaît à ligoter tout aussi impitoyablement le spectateur que le film ses personnages, et la musique augmente encore la tension dans laquelle la progression dramatique nous met. Et tout se tendvers un point nodal, après une scène qui -c'est drôle, j'en ai reparlé avec plusieurs personnes après qu'elles aient vu le film, et aucune n'a vu exactement la même chose, je veux parler de la scène dite "du bar et du bus"- nous met plus ou moins en porte-à-faux, en laissant le champ libre à toutes les suppositions, notamment en ce qui concerne les personnages féminins, pour nous recentrer sur une scène de crépuscule, de forêt et de poursuite qui n'est pas sans évoquer la scène finale de L'inconnu du lac...
(Oui mais, comme dit Malou, là on sait que "ça finit bien", alors que dans l'autre cas, on n'en était pas du tout sûr...).  Et on est bien obligé de reconnaître, lorsqu'on peut, enfin, reprendre sa respiration, qu'il est fichtrement doué, le bougre, dans ce quatrième film qui est probablement celui que j'ai préféré de lui (parce que, peut-être, justement, il a quitté la pose arty, mais peut-être, justement, pour en prendre une autre, genre "regardez, je peux faire tous les genres...", et que c'est, justement, toujours la même finalement, non ?) . Oui, oui, il est fort... (et son nouveau film, si je ne m'abuse, est déjà en compét à Cannes 2014!)

432844

Publicité
Publicité
3 mai 2014

histoires d'amour, de poules et de coqs

MY SWEET PEPPER LAND
de Hiner Saleem

Je ne suis pas objectif, je sais. J'adore les films d'Hiner Saleem parce qu'ils sont plein de Kurdes, et que ces gens-là me touchent et m'émeuvent... tout particulièrement. Comme dans Si tu meurs je te te tue, son film précédent, on en a ici une fratrie entière, attentive à la destinée de la plus jeune soeurette (tous les autres étant bien évidemment des mâles du type à poil dur et à oeil de velours), la divine Godshifteh Farahani (qui, déjà dans Si tu meurs je te tue, jouait la fiancée), qui veut repartir faire l'institutrice toute seule comme une grande dans un patelin du trou du cul du monde, et qui est obligée de poser à son père la question de confiance pour qu'on l'autorise à partir.
Parallèlement on a suivi l'histoire d'un autre monsieur kurde, un ancien peshmerga -j'adore ce mot- qui va atterrir (pour fuir sa maman qui veut absolument le marier, comme s'il n'avait pas droit au repos du guerrier qu'il a bien mérité) , ô coïncidence (un coup monté du cupidon kurde ?) dans le même village du trou du cul du monde comme nouveau chef de la police et garant de l'ordre. Sauf que la région est sous la "protection" d'un méchant tout puissant et qui va voir d'un mauvais oeil (de velours, tout de même, bien entendu) la venue de ce jeune plein d'illusions qui vient remettre en cause son hégémonie infectieuse et celle de sa bande de mercenaires (tous, bien entendu, à poil long et oeil de velours, mais méchants).
D'autant que les circonstances vont rapprocher -en tout bien tout honneur- dès la première nuit nos deux tourtereaux (l'institutrice et le gendarme, oui, on sent bien dès le début qu'ils sont faits pour tourterer, même si ça prendra tout le film pour -attention spoiler!- arriver à leurs fins), puisque la demoiselle va être hébergée par le gendarme pour la nuit puisqu'il n'y a pas de place au saloon à l'auberge.
(J'utilise à dessein le mot saloon puisque le réalisateur va s'amuser à reprendre scrupuleusement les codes du western - le shériff incorruptible, les bandits, le chef des bandits, l'héroïne virginale, les chevaux, les bagarres, la musique- tout au long du film. On connaissait le western-spaghetti, mais quid du western- (là j'ai un trou, quelle est donc le mets de choix des kurdes ,-...?) Bref, toujours est-il que dans le village ça va méchamment jaser : de quoi de quoi ? La belle maîtresse musicienne (elle joue d'un instrument magnifique dont j'ai oublié le nom) dans le lit du shérif à poils durs dès le premier soir et sans être mariés ? Le chef des méchants y voit l'occasion de régler son problème (ses problèmes, d'ailleurs, avec l'instit et avec le flic) en téléphonant perfidement au père de la demoiselle pour insinuer qu'elle aurait sans vergogne piétiné sa vertu, ce qui a pour effet immédiat de faire débouler au village toute la fratrie (à poils longs et à oeil de gazelle), avec l'intention de ramener la donzelle manu plus ou moins militari au bercail...
D'où altercations -et tentatives d'explications- diverses, de part et d'autre (le héros, les méchants, le chef des méchants, la demoiselle, les frangins...), embuscades, échauffourées, secouages de puces, jusqu'à ce que, heureusement
1) le bon droit triomphe du mauvais
2) l'amour triomphe de tout
Yesss! Ouf! On l'avait deviné depuis le début, mais là n'était pas le problème, on est 'achement content quand ça se concrétise (ooooh ils vont avoir beaucoup d'enfants qui auront des yeux de gazelle et sauront jouer du klong -ça n'est pas véritablement ça le nom de l'instrument mais ça n'a pas d'importance...-) et tout va donc pour le mieux dans le meilleur des Kurdistan(s)...

083402

26 avril 2014

la dernière pièce du puzzle

UNE PROMESSE
de Patrice Lecomte

Celui-là, soyons franc, je n'avais pas véritablement l'intention de le voir, MAIS COMME c'était le lundi de pâques, qu'il pleuvait, que tout en ville était fermé ET QUE j'avais hélas un trou entre les deux films que je voulais voir (Pepper Land et Tom), j'ai donc regardé à quoi correspondait la séance intercalaire : un film d'animation (bof) le Resnais (mouais) et tiens un Lecomte en anglais, avec des acteurs anglais, et d'après Stefan Zweig... c'est donc pour celui-là que j'ai opté, en me disant (le lâche) "De toute façon, au pire,  si ça m'ennuie je m'endors, et basta..."
Bon j'avoue que j'ai un tout petit peu dormichouillé au début, mais comme disait Livchine "Ce n'était pas un sommeil hostile...". Après, dès que j'ai eu l'oeil ouvert, je ne l'ai quasiment plus refermé . C'est... très Zweig : le mari et la femme, dans une maison très grande et très belle, lui beaucoup plus vieux qu'elle (hum hum) mais ils ont un enfant... Arrive une jeune homme, jeune, donc, comme il est annoncé, et beau, et les hormones ne tardent pas à bouillir de part et d'autre (pas le mari, bien sûr, joué par Alan Rickman, que, il y a quelques décennies j'appréciai énormément dans un rôle d'amant défunt : Truly, Madly, Deeply... mais bon là il est vieux, et il ne pense pas à la rigolade, il ne pense qu'à son usine, et ça tombe bien :  le jeune homme doit être ingénieur stagiaire ou un truc dans le genre , désolé c'est au début que ça s'est dit et je dormais...) surtout quand le mari décide d'embaucher le jeune homme comme secrétaire particulier et quasi bras droit de l'entreprise, et en même temps de l'héberger dans sa grande maison, au lieu de la minable chambre de bonne sous les toits qu'il  occupe en ville... Un jeune homme, une jeune dame, une passion portée à incandescence qui ne peut pas éclater au grand jour, des frémissements, des regards, des pâmoisons silencieuses, on est vraiment chez Zweig... Au bout d'un moment, quand il commence à y avoir anguille sous roche, le mari décide d'envoyer le jeune homme au Brésil pour une durée indéterminée, ce qu'il est bien obligé d'accepter, d'où souffrance douleur déchirement vase brisé larmes et -enfin!- échange de la promesse qui donne son titre au film.
C'est très impeccablement réalisé, un peu corseté ("un peu trop amidonné, peut-être" pensais-je) mais cette rigidité formelle est plutôt en adéquation avec celle, morale, de l'époque et du récit. L'histoire d'une passion zweigienne (le feu/la glace pour résumer, et le carcan des conventions par dessus), avec tous ses passages obligés et/ou attendus (ah, cette confession à mi-voix du mari expirant) et même -attention spoiler - une happy-end nunuchissime dont je ne suis pas certain qu'elle soit dans le texte original, connaissant Stefan Z., mais, comme je ne l'ai pas lu, je ne peux rien affirmer!
Bon, toujours est-il qu'on a déjà vu Lecomte plus inspiré et plus personnel, me semble-t-il...

234510

25 avril 2014

le champ de lavande

HEIMAT l'exode
d'Edgar Reitz

Je n'avais pu voir que la première partie, au Victor Hugo, et je m'en étais senti un tantinet frustré. Me voilà donc satisfait et comblé puisque, après Heimat 1 la semaine dernière, nous projetons cette semaine le 2. Attention, juste pour trois petites séances! On retrouve donc les personnages exactement ou presque là où on les avait laissés à la fin du 1.

(et moi mine de rien  je retrouve ce post là où je l'ai laissé voilà plus d'une semaine)

Les deux frères, Jakob et Gustav, leurs parents, les deux jeunes filles avec qui ils ont "fait la fête" à la fin du permier volet (certains plus que d'autres, d'ailleurs...), le forgeron, le meunier... et toujours ce noir et blanc sublime, cette qualité d'image qui ne peut que faire soupirer d'aise... En faisant en noir et blanc ce qu'Olmi avait fait il y a quelques lustres en couleurs (L'arbre aux sabots, remember ?) : une "chronique paysanne" attentive et sensible, reitz acquiet pourtant une espèce d'universalité, un souffle épique, qui transportent le spectateur aussi réjoui qu'ébahi. Tout est simple, a priori, et pourtant tout a fait l'oeuvre d'une reconstitution minutieuse, sans que cela paraisse lourdement à l'écran. Les apparitions épisodiques de couleur dans tout ce beau noir et blanc, qui en avaient fait ronchonner quelques-unes, dans le 1 (n'est-ce pas, Malouchounette ?) si elles semblent un peu systématiques (et entassées) dans le début du film, acquièrent ensuite, par leur raréfaction, une présence d'autant plus forte (ah le champ de lavande, ah le mur bleu dans la cage d'escalier...).
On aime ces gens, on aime leurs histoires, petites et grandes : familles, mariages, deuils, épidémie, émigration, amour, pardon, réconciliation... Et le Brésil comme un ailleurs, un fabuleux eldorado, qu'on ne verra jamais, mais dont on entendra -enfin- parler...

(oui, décidément, c'est une peu -plus- difficile de parler d'un film, comme ça, au bout de quinze jours...)

21036615_20130906144740187

24 avril 2014

I feel you

LIGNE D'EAU
de Tomasz Wasilewski

Encore un film reçu (et vu) en avant-première, grâce à la gentillesse de sa boîte de prod, Outplay pour ne pas la nommer, qui nous envoie, de par notre entregent (non non je n'ai rien dit d'autre), ces films gay (euh à présent il faut dire LGBT, je sais, mais je reconnais que c'est surtout le G qui m'intéresse...), venus d'un peu partout, que nous programmerons ensuite, ou pas (Nous l'avons fait pour Le chemin des dunes et pour Una noche, respectivement la Belgique et Cuba). Il s'agit ici de la Pologne, ce qui pourra sembler un peu plus surprenant car c'est un pays qui n'est pas spécialement renommé pour être rose comme la cage aux folles.
Pour les histoires d'amour entre garçons, je le sais, j'ai une âme de midinette, et je suis prêt à subir les conventions inhérentes au genre : habituellement, les protagonistes sont gaulés comme des dieux -c'est vrai, ça, pourquoi ne filme-t-on jamais une histoire d'amour entre mecs normaux, avec des lunettes, des cheveux gras, du bide ? oui oui ce serait certes moins vendeur, mais c'est la vie, borde! Et on me répondra alors que le cinéma n'est pas censé être une imitation de la vie, et toc!-, au début il y en a un qui n'aime pas l'autre, mais au bout d'un moment ils s'aiment, et, à la fin, ça peut finir très bien genre lune de miel ou bien au contraire c'est grave la cata, Mort à Venise, Malher, sang et larmes et désespoir...
Tomasz Wasilewski réussit à mettre en place une histoire qui est tout sauf une bluette eauderosée : le héros s'entraîne pour devenir champion de natation (ok, l'option "gaulé comme un dieu est bien cochée mais bon, il est hétéro, il vit avec sa copine, chez sa mère, dans une Pologne où "l'eau coûte cher..." et les pépettes sont rares -mais pas les occasions de s'engueuler-). Un quotidien pas forcément emballant, retracé sans fioritures en plans qui s'enchaînent sèchement, entre lesquels le spectateur doit faire fonctionner ses méninges pour identifier les césures et les enjambements. Tout n'est pas raconté scrupuleusement in extenso et c'est tant mieux.
Bien évidemment il rencontre l'autre jeune homme à une soirée, avec qui tout d'abord il ne partage qu'un joint sur le balcon... Le nageur c'est Kuba et l'autre c'est Michal. Et voilà qu'après cette soirée la vie continue, certes, entraînement/copine/cohabitation chez maman, mais il y a désormais un petit quelque chose en plus (ah j'adore ces histoires d'hétéros qui craquent, ce sont mes préféré(e)s) : Kuba réalise que euh et bien il serait peut-être bisexuel, non ? Et va explorer cette possibilité. Et les choses suivent leur cours... Avec Michal, donc, avec Sylwia,la copine, avec la maman qui s'en mêle, (vous imaginez bien qu'elles ne vont pas forcément aller en se simplifiant), et...
eh eh je vais m'arrêter de raconter là, qu'il vous reste encore le plaisir de la découverte!
Un film tenu, tendu, où le souci principal du réalisateur n'est pas de nous exposer de mâles et frénétiques copulations mais bien de retracer avec justesse une "histoire simple", inscrite dans un contexte (socio-politique) précis, dans  la réalité contemporaine d'un pays donné. La Pologne nous parle d'homosexualité et c'est une bonne nouvelle. Comme dans beaucoup d'autres pays, l'évolution des mentalités en serait une meilleure...

487669

22 avril 2014

paris by night

AU BORD DU MONDE
de Claus Drexel

Vu dans le cadre de la Quinzaine de la Diversité. Et en présence du réalisateur, un grand échalas très sympathique. De ce film assez unanimement louangé je me méfiais un peu pourtant (comment peut-on esthétiser la vision des sdf à paris la nuit ???). Effectivement, les choix du réalisateur sont forts (ses "parti-pris esthétiques") : filmer la nuit, uniquement, dans un Paris qui plus est entièrement vide, exceptés les sdf qui témoignent de leur(s) vie(s) dans ce qui semble un dialogue avec le réalisateur (on entend quelquefois ses questions), filmés en plans plus ou moins serrés (les premières fois, on ne les "voit" pas vraiment, chacun(e) en train de dormir (ou d'essayer de) comme essayant de se fondre dans le paysage urbain environnant, de s'abstraire : des paquets, des enveloppements, des formes, anonymes d'abord, puis à qui le réalisateur va donner, tour à tour, la parole, et les nommer. Chrysalides. La photographie du film est absolument somptueuse : nuit, lumières, un univers nocturne urbain "transcendé", virant onirique ou cauchemardesque, c'est selon. Chacun des personnages du film s'exprime (ou pas). (Il n'y a pas forcément besoin de mots pour exprimer la vérité, la terrible réalité, d'une condition.) Pour le réalisateur (il nous l'a dit) il s'est agi d'abord d'une découverte, la prise de contact avec ce monde contigu au notre, mais pas forcément proche. Pour le spectateur, il s'agit avant tout d'un constat, dont le réalisateur souhaiterait qu'il aboutisse à une prise de conscience. Nos habitudes de confort (notre "petit confort") sont bien évidemment secouées violemment (quoique sans violence et sans cris) par ce film qui résonnera encore longtemps dans les yeux et dans la tête. Magnifique et salutaire.

182000

Publicité
Publicité
Publicité
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 384 016
Publicité