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lieux communs (et autres fadaises)
3 juillet 2013

dans les cordes

LES REINES DU RING
de Jean-Marc Rudnicki

Oui oui, je sais... la fête du cinéma... le prix attractif... une avant-première... dimanche soir... un instant d'égarement... on se laisse aller... vous savez ce que c'est, non ?
Bref je suis allé voir ce film dont, une semaine auparavant, je n'avais jamais encore entendu parler... Les reines du ring est au catch ce que La grande boucle était au tour de France : une aimable plaisanterie, franchouillarde souvent, drôle quelquefois, noyée dans quelques hectolitres de sentimentalité (familiale et/ou conjugale) lourdaude, mais pourtant, pourtant, grâce à "l'abattage" de ses actrices principales (les 4 catcheuses : Marylou Berry, Nathalie Baye, Audrey Fleurot et Corinne Masiero -qui n'hésitent pas à payer de leur personne -, elles sont vraiment formidables,  plus la délicieusement choucroutée Isabelle Nanty) qui fait passer un assez "bon moment", et éprouver une relative indulgence pour ce qui aurait pu être juste un infâme brouet (et qui l'est, d'ailleurs, parfois, mais les autres spectateurs avaient l'air de vachement bien rigoler tout le temps, ce qui n'a pas toujours été mon cas...)
Partant d'un pitch tire-larmes (la pauvrette qui a passé 5 ans en prison, dont le fils a été placé en famille d'accueil, qui ne le voit qu'en pointillés, et que d'ailleurs c'est triste pasque son fils il l'aime plus, mais bon comme il aime le catch par amour pour lui et pour le reconquérir elle va devenir catcheuse), le film zigzague ensuite la thèse sociale (la vie des caissières qui n'est pas rose mais que ce sont de chouettes copines) la comédie sportive (comment devenir catcheuse quand on n'y connaît rien mais qu'on est des chouettes copines) la comédie sentimentale (x4 puisqu'elles sont quatre chouettes copines, ah non sauf qu'on ne connaîtra rien de celle de la bouchère - impayable Corinne Masiero -) tartinées d'épopée beauf (mater les culs des meufs, faire des concours de à qui boira le plus ou qui pissera le plus loin). Pitch qui sera d'ailleurs plus ou moins bâclé à la fin (comme beaucoup de choses d'ailleurs : elle abandonne enfin son beauf de mari et ose enfin lui dire en face qu'elle ne l'aime plus, , il reste dans sa famille d'accueil parce qu'elle est "cool" mais il viendra quand même la voir le week-end, elles perdent, mais finalement elles gagnent, bref rien n'a , finalement, vraiment de sens ou d'importance...) Avec une grosse baisse de rythme due à une énorme faute de montage : pourquoi ralentir ainsi et "casser" la scène du combat en la saucissonnant de dialogues mollassons et d'actions idem (Dussolier en camionnette, ça n'est pas le summum du palpitant...)
Deuxième cas, donc, et en peu de temps, d'indulgence coupable (et injustifiable diront certains) de ma part : devrais je me condamner, pour le principe, à revoir, par exemple, tout Glauber Rocha, pour la peine ? Arghhhh

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29 juin 2013

augmenter les cadences

ENTREE DU PERSONNEL
de Manuela Fresil

Une expérience singulière (solitaire, devrais-je dire, puisque j'étais seul dans la salle à la séance de 18h), soit un documentaire sur les employé(e)s d'un abattoir "industriel" qui nous parlent de (et nous montrent) leurs conditions de travail, que je supposais difficiles, mais que je ne soupçonnais pas à ce point épouvantables.
Il est question de travail à la chaîne, de cadences à respecter (et, régulièrement, à augmenter), d'un même geste à exécuter toute la journée, de la pénibilité de ce travail, des séquelles physiques (ou morales) engendrées, mais ce discours aussi réaliste que démoralisant est mis en image de façon magnifique : graphique, plastique, "artistique" oserais-je, (sans la moindre connotation péjorative et youp la boum que ce mot pourrait suggérer).
J'ai toujours été fasciné dans l'art par la notion de série, de duplication, de multiplication, mais ici le principe s'applique à la stricte réalité, et les théories de bestioles qu'on voit défiler dans le film (plus ou moins reconnaissables, dans des états divers qui vont de celui d'"animal" à celui de bout de bidoche anonyme conditionné sous film plastoche et prêt à consommer) en sont la parfaite illustration. J'avais éprouvé la même fascination devant Notre pain quotidien, dans le terrifiant contraste entre la mécanisation extrême, la déshumanisation de ces traitements successifs et, paradoxalement, leur objet, leurs objets plutôt, des êtres vivants. Oui, il ya quelque chose de quasiment hypnotique (oui oui) dans la répétition de ce défilé mécanique, ininterrompu, ou à un truc donné succède le même truc, et un autre encore, et ainsi de suite, sans fin...
Une chorégraphie violemment poétique aussi (ou poétiquement violente), est mise en place, où l'on pourrait être à mi-chemin de disons, Pina Bausch et Francis Bacon, car le film joue sur une double fascination : celle de la viande (en ses états divers) et celle des gestes qui contribuent à faire passer ladite viande par ses différents états). Ne serait-ce que pour la petite chorégraphie silencieuse où l'on voit plusieurs ouvriers exécuter, à vide et en plein air, les mêmes gestes (les gestes même) qu'ils répètent sans relâche, le film doit être vu.
Oui, il s'agit d'un choc, doublement même, esthétique et moral, indéniablement. Où le visuel soutient/complète/interfère avec l'auditif (de la même façon qu'on verra plusieurs fois des plans fixes de personnages, on entendra aussi des témoignages personnels, chacun traitant de sa propre expérience, qui de ses impressions du premier jour, qui de ses poignets blessés, qui de la sournoiserie des procédés mis en place par "la direction", qui de la difficulté à abattre un cochon un boeuf rétif, quid des cauchemars engendrés par cet acte-même...)
Et tout ça en même pas une heure... Un film magnifique (et, une fois de plus Hervéchounet avait raison...) à recommander, mais oups désolé il ne passe déjà plus!

Top 10 ?

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24 juin 2013

elle fait même plus ses racines...

LES BEAUX JOURS
de Marion Vernoux

Oh lala j'avais presque oublié combien Fanny Ardant est sublime et combien j'adore sa voix... Et quel bonheur de la retrouver en plus dans un film de Marion Vernoux (dont j'avais a-do-ré le Personne ne m'aime -ah cette réplique de bernadette lafont : "vous vous aimez vraiment, ou c'est juste pour me faire chier ?" -puis les Reines d'un jour). comme on l'avait en sortie nationale dans le bôô cinéma (à 29 séances par semaine) j'y suis allé vite, avant de risquer de ne plus en avoir envie du tout (cf The bling ring de Sofia Coppola).
Si les premières minutes m'ont fait un peu peur (pas le générique, graphique, textile, et très beau) -voir Fanny Ardant, dans un club-théâtre pour le troisième âge, prononcer "Je ne suis pas actrice, je suis dentiste", on a un peu de mal à y croire, tant on le sait,  justement, qu'elle est actrice, et grande actrice qui plus est.- Mais on se laisse rapidement prendre par la main, et on n'a bientôt plus affaire à Fanny Ardant mais à son personnage de dentiste fraîchement en retraite, et qui a reçu en cadeau de ses filles un passeport-découverte pour "les beaux jours", justement une maison de retraite centre de loisirs (oups pardon!) pour seniors., et qui va tomber amoureuse du jeunemâle qui naime le club informatique (et qui aurait l'âge d'être son fils.) Et déjà, là, on y croit, on continue d'y croire.le machito en question, c'est Laurent Laffite-de-la-Comédie-Française (comme le stipule scrupuleusement le générique), et c'est une belle idée que de l'avoir mis en couple avec Fanny A. Parce qu'ils jouent tous les deux juste et simple. Et vrai (vraisemblable en tout cas, comme dans la vie, puisque j'ai pensé très fort à une amie très proche...)
Ce que j'aime chez Marion Vernoux, c'est cette façon de ne pas rester fixée (figée) sur l'unique ligne principale et directrice de son film (une femme tombe amoureuse d'un homme beaucoup plus jeune qu'elle, que je préférerais résumer en "une femme et un homme plus jeune qu'elle tombent amoureux"), en peuplant son récit d'autres personnages qui existent vraiment, pas juste des silhouettes en papier coloré : d'un côté le mari, d'abord (car il ya un mari, dentiste lui-aussi) Patrick Chesnais (superbe comme dans ses derniers films), et, de l'autre, le petit monde des Beaux Jours : Jean-François Stevenin du côté des hommes -ça fait drôle de voir Stevenin jouer et assumer un rôle de vieux-, et côté "drôles de dames" Fanny Cottençon, Catherine Lachens, Marie Rivière, parfaites chacune dans son registre pour le contrepoint tendre, le clin d'oeil vachard, la réplique acidulée... pour un peu on croirait retrouver le quarteron de copines en vadrouille de Personne ne m'aime...)
Il y a l'histoire d'amour, donc, d'abord, qu'on suivra d'un bout à l'autre, il ya les gens autour, qui interfèreront plus ou moins, il y a les beaux payasges de bord de mer, venteux, pluvieux, il ya des sms qu'on échange, il y a des étreintes, il y a des espérances, des attentes, des déceptions... Le film est très iodé, l'histoire est vivifiante car la réalsatrice sait prendre les choses "légèrement" : il n'y a pas mort d'homme (ni de femme), la vie continue (après une très très jolie scène d'aéroport), le cours des choses aussi...
Et, à l'image d'un autre film que j'ai adoré, Queen of Montreuil, tout se termine par une joyeuse scène de plage (sauf qu'ici, même s'il fait frisquet, ils se mettent carrément presque tous à poil (ou tous presqu'à poil ??) et c'est même Stevenin qui filme (on a même sa QV pendant au moins 1/10ème de seconde... ça méritera, sur le dvd qu'on achètera ultérieurement, un arrêt sur image attentif, tss on est incorrigible...)
On pourrait donc conclure par "une excellente surprise", sauf que ce n'est pas vraiment une surprise, cf les raisons ardant/Vernoux données plus haut.  On est rassuré, et on sourit donc, on ferme les yeux, et on rêve un peu (oui oui on a toujours le droit de rêver, n'est-ce pas ?)

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23 juin 2013

grand écart

FRENCH CANCAN
de Jean Renoir

Un vrai éblouissement, les dix dernières minutes du film, un déluge de musique, de jupons, de froufrous, de jambes relevées, de grands écarts, encore plus après le très beau discours que fait Gabin à Françoise Arnoul, juste avant le numéro en question, afin de la décider à le faire, même si la morale "the show must go on" peut un peu prêter à sourire, par ailleurs...
Danglard (Gabin) est un entrepreneur à spectacles, un homme à shows et un homme à femmes, (il réussit d'ailleurs assez bien à conjuguer les deux). Au début du film il est avec une voluptueuse et incandescente actrice espagnole, qu'il abandonnerie au profit d'une blanchisseuse danseuse de cancan, qu'il délaissera au profit d'un jeune chanteuse (ah, La complainte de la butte... par une Cora Vaucaire que je n'ai même pas reconnue ; mais comme j'ai dit à Jacky "je l'ai connue vieille!"). Le film suit donc les aléas professionnels dudit Danglard (au début, quand on sonne, c'est l'huissier qui vient saisir) et ses multiples rebondissements (et j'avoue que ça m'a assez fait penser à un certain homme d'affaires local -d'aucun diraient margoulin- dans sa faculté à monter un nouveau projet sur les cendres d'un ancien, etc.)
Gabin est parfait dans le rôle (il n'est pas encore trop vieux), il a des yeux bleus superbes (rendons grâce au technicolor, j'ai d'ailleurs découvert là que le film était en couleurs, alors que je le croyais en noir et blanc, c'est comme ça que j'ai dû le voir à la télé quand j'étais petit), et Renoir est incontestablement un grand bonhomme de réalisateur.
Il fait ici revivre Le Montmartre "haut en couleurs" d'une "belle époque" révolue (la naissance du Moulin Rouge, quelle année ?) peignant avec tendresse et précision toute la gouaille du "petit peuple", les beaux costumes des "rupins" qui viennent "s'encanailler"... (guillemets à dessein pour cette reconstitution épatante, colorée et joyeuse).
Les couleurs sont à tomber (à ce niveau, le film m'a fait encore plus d'effet que Le fleuve), ne serait-ce que pour l'incroyable rose sur les murs des coulisse lors de l'immense scène finale. Mais Renoir, s'il parle "travail" (la création d'un spectacle n'est pas une mince affaire) sait, heureusement, aussi parler d'amour. et c'est cette "ronde" des entichements successifs de Danglard qui donne son ossature romanesque au film (ou plutôt une de ses ossatures, puisque si l'on a, à ma droite Danglard et ses trois femmes, on a, de l'autre côté du ring Nini et ses trois hommes (Danglard, donc, puis Alexandre, le Prince amoureux transi (oh que Giani Esposito était beau avec ses yeux de velours et ses cils de biche, et enfin Paulo, le jeune boulanger, le "jeune ami" de Nini, jaloux des deux autres).
Et cette histoire donc pourrait être une illustration des différentes formes d'amour (mais tous les films de Renoir -ou presque - ne le sont-ils pas ?) et ce serait déjà bien. Mais Renoir y rajoute l'historique, l'humain,  le social (à double titre, puisque, en parlant du "spectacle d'antan", il engage le tout-chantant de l'époque : Piaf, Patachou, Dassary, etc. -et je viens de comprendre pourquoi je n'ai pas reconnu Cora Vaucaire : c'est parce qu'elle n'a prêté que sa voix! wikipedia dixit!).
En tout cas, une sacrée belle leçon de cinéma. Et de vie. (Et de bonheur aussi).

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(Ouah! Pas moins de quatre affiches! Il me semble juste que la quatrième est la plus récente...)

 

 

 

22 juin 2013

nomades

DERRIERE LA COLLINE
d'Emin Alper

Après Nuri Bilge Ceylan, (Il était une fois en Anatolie) qu'on ne présente plus, et Semih Kapanoglu, qu'on présente encore un peu (Yumurta, Miel), voici un nouveau venu dans la famille des réalisateurs turcs doués.
Du premier on pourrait dire qu'il tient le sens de l'espace (oh la grandiosité de ces paysages horizontaux) et du second le sens de la famille. Car il s'agit bien d'une famille réunie, le temps d'un week-end ou juste un peu plus, autour d'un patriarche, Faik, retraité à la campagne pour s'occuper de ses  terres avec l'aide de son métayer (et de toute la famille de celui-ci, femme et enfants), qui va recevoir son fils et ses deux petit-fils.
N'était la présence de l'épouse du métayer (qui intervient d'ailleurs assez tardivement dans le film), le parallèle est curieux (et tentant à faire) avec le film de Guiraudie, dernier film vu avant celui-ci. il s'agit encore une fois d'une communauté exclusivement masculine (ou quasi), au grand air, et des liens qui se tressent entre eux. Le grand-père, le fils, les petits-fils, le métayer (qui pourrait être l'oncle) et son fils. Tout pourrait être simple, idyllique, et reposant (comme dans L'inconnu du lac, la nature occupe une place importante) : sieste ou pêche au bord de la rivière, pique-nique entre hommes  (mezzé, chèvre rôtie et raki), nuit à la belle, etc. Tranquillou(s). Sauf que pas du tout : il s'avère que chacun d'eux a un problème personnel (ou une obsession) : pour le grand-père, il s'agit de nomades avec qui il est en bisbille, pour le métayer il s'agit de saules à surveiller et à protéger, pour le fils du vieux d'un célibat prolongé, et, en ce qui concerne les deux fistons, une obsession pour le fusil du grand-père pour le plus jeune (le manier, l'astiquer, le démonter, le remonter, jouer avec), et des visions récurrentes de soldats pour l'aîné, visiblement mal remis de son expérience de la guerre. (Je pourrais faire ma mauvaise langue en disant que, ouais, question sous-texte gay, hmmm... mais bon, s'agissant de la gent masculine turque, je ne pourrai jamais être complètement objectif...) En ce qui concerne Sulu, le fils du métayer, on ne saura pas grand-chose puisqu'il est quasiment mutique (et qu'il cultive le silence, comme on s'en apercevra, et doublement, par la suite).
La situation est assez inquiétante, dès les premiers plans (nous sommes témoins de choses que nous ne comprenons pas vraiment, ou que nous ne comprenons qu'après coup), l'utilisation de la caméra portée (et/ou subjective) augmente encore ce sentiment d'insécurité, (sont-ils vraiment observés, et par qui ?) et la tension (la paranoïa) ne fera qu'augmenter tout au long du film.
On apprend d'où vient la chèvre que le patriarche a tuée pour le banquet (elle appartient aux fameux nomades, que, telle l'arlésienne, on ne verra d'ailleurs jamais), mais c'est (probablement, le réalisateur prenant soin de n'être jamais parfaitement explicite) de l'intérieur du clan même que vont venir les coups (de fusil(s)) qui vont chauffer à blanc la colère du patriarche, sans qu'on ne soit jamais vraiment sûr de qui a tiré, et pourquoi.
Le scénario est extrêmement bien agencé, aux coups de fusil succèdent des silences, des non-dits ou des malentendus qui vont s'accumuler jusqu'à une fin à la fois attendue et totalement en rupture avec le reste du film (c'est le seul moment où l'on y entendra de la musique, qui va devenir d'ailleurs, juste après, celle du générique...) On regarde ces gens, on les écoute parler, on comprend leurs inquiétudes, sans forcément toujours les accepter. Il suffirait de quelques mots de la part de l'un ou de l'autre des protagonistes pour que la situation se dégonfle, que les esprits s'apaisent.
Mais, c'est bien connu, on a surtout peur de ce qu'on ne connaît pas (ou qu'on ne comprend pas). Le réalisateur a le bon goût de nous laisser en quelque sorte le bec dans l'eau (ou plutôt le nez dans les caillasses), nous laissant libre(s) d'assaisonner à notre guise cette fin assez grande ouverte.
La folie des uns fait (probablement) le malheur des autres, mais aussi un sacrément beau film (à propos duquel je n'aurais  pas les mêmes réserves qu'Hervé : si si, on peut voir ça tout simplement au premier degré (au rez-de-chaussée) sans rapporter ça minutieusement et stricto sensu à l'histoire politique d'un pays donné...).
Plaisir de se laisser balader, respiration des plans, habileté du suspense, questions en suspens, moustaches et pilosités variées... Encore un petit raki, pour la route ?

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18 juin 2013

silure

L'INCONNU DU LAC
d'Alain Guiraudie

Je n'ai jamais manqué aucun film d'Alain Guiraudie, (et, celui-ci, je peux dire que je l'attendais tout particulièrement), et j'y suis donc allé tout de suite,  le premier jour à la première séance (100 bornes aller/retour pour deux heures de bonheur). Et, pour une fois, alors que tout le monde est d'accord, eh bien je suis d'accord aussi : le film est merveilleux, oui oui, et c'est certainement le meilleur de Guiraudie. Que dire d'autre ?
Qu'il prend toute sa force (ou qu'il prend encore plus de force) à travers son superbe plan final, ce qu'on appellerait une fin ouverte, mais qui est beaucoup plus que ça...
Si Guiraudie est culotté dans sa façon d'appréhender le cinéma, quasiment à bras-le corps, ses personnages le sont beaucoup moins (bon, c'était facile, mais je ne pouvais pas m'en dispenser), vu que c'est, selon le réalisateur, "tout le monde à poil"! (pour les habitués du blog, c'est un F très AQV).
Décor unique : un lieu de drague homosexuel : une plage, un lac, et des bosquets. Ajoutez un soleil omniprésent et quotidien, et roulez jeunesse (sauf que non, justement, tous les âges sont représentés). Guiraudie, comme moi, aime les monsieurs, mais les monsieurs "normaux", ordinaires, quotidiens, pas les super top models épilés bodybuildés truc machinés. Il les aime tels quels, et donc, il les montre ainsi, tous, les ventrus, les poilus, les débraillés, dans leur plus simple appareil. Et ce,  suivant une chronologie (une temporalité) immuable : on arrive en bagnole, on traverse les buissons jusqu'à la plage, on pose sa serviette, éventuellement on salue les copines, on se dépoile, et hop c'est parti pour le farniente (en apparence), alors qu'en réalité il serait plutôt question de chasse. On papote, on mate, on va se reafraîchir un peu, on adimre, on se fait admirer, on désire, on se fait désirer... L'immobilité sur la plage est en général suivie du furetage dans les buissons, à la poursuite d'un regard, d'un corps, d'un instant, d'une jouissance...
Le réalisateur retranscrit tout ça très simplement, naturellement pourrait-on dire (et doublement même, dans les deux sens du mot). Tout sonne réel et juste (c'est peut-être son film le plus "réaliste", depuis le superbe Ce vieux rêve qui bouge.) Parmi tous ces corps exposés, et, a priori (et par définition, dans ce genre de lieu) anonymes, quelques-uns vont pourtant soudain être dotés d'un prénom (et d'une proximité plus grande avec le spectateur) : Franck, Michel, et Henri
Franck est le "héros", le centre du film. Un homme sympathique, joliment normal (bonne tête, quéquette joviale), qui sympathise d'abord avec Henri (un vrai personnage "guiraudien", plus âgé que lui, bedonnant, se présentant comme hétéro (qu'on pourrait qualifier de flexible, comme le roseau du même nom) dans ce haut-lieu de dragouille, qui reste pourtant toujours à l'écart dans son coin et ne prend jamais part au(x) manège(s) des dragueurs), et (je parle de Franck, le premier sujet) va tomber en même temps amoureux de Michel (sorti de l'eau du lac telle la Vénus de Botticcelli), un moustachu bogosse bon nageur, bon baiseur, - dont il déplore d'abord que, comme chaque fois qu'il rencontre un mec qui lui plaît, celui-ci ne soit pas "disponible"- mais qui va rapidement le devenir, puisque, un soir ("entre chien et loup") Franck, caché dans le bois, va assister au meurtre du gênant en question par le joli et sportif Michel (celui dont il est amoureux, vous suivez ?) qui va le noyer sans autre forme de procès, comme dirait La Fontaine. (d'ailleurs, tiens, Le loup et l'agneau, on n'en est finalement pas très loin...) Et hop, ni vu ni connu, la voie est libre!
Et pourtant, après avoir assisté à ce glougloutis crépusculaire, Franck ne dit rien, fait l'autruche (amoureuse) et comme si rien ne s'était passé, et continue ses travaux d'approche, (qui vont rapidement s'avérer plus que fructueux) sous l'oeil à la fois paternel et critique d'Henri... J'ai, ici, adoré le personnage d'Henri, qui représente en même temps le choeur et le deus ex machina, avec cette immobilité, cette parole économe, mais faisant passer énormément de choses sans forcément les dire... (peut-être aussi hin hin m'y suis-je un peu reconnu...).
Car le désir de Franck pour Michel ne semble pas prendre en compte le fait que celui-ci puisse être un meurtrier. Ou, justement, si. Et l'entrée en scène d'un quatrième homme, extérieur à l'histoire (il s'agit d'un flic bonne pâte assez guiraudien) ne va pas simplifier les choses, un peu comme on viendrait agiter l'eau du lac pour tenter d'apercevoi ce mythique et gigantesque silure, et qu'on ne faisait finalement que troubler la vision en remuant la vase...
Oui, mine de rien, dans ce joli catalogue sentimental, il sera question d'amour, d'affection, d'amitié, de désir, de bienveillance, d'attention (d'un côté) mais aussi de désamour, d'inquiétude, de mort et de meurtre (le revers de la médaille). Et le film va lui aussi progressivement se laisser contaminer par cette dualité, cette ambivalence, comme on souffrirait d'une malade de nuit, nous faisant ainsi  passer tranquillement (!)  du très ensoleillé "Les bronzés dragouillent au bord du lac" au plus crépusculaire "Promenons-nous dans les bois, mais le loup y est encore..."
Et c'est là que la mise en scène de Guiraudie est vraiment virtuose. Sans esbroufe, sans effets de manche, sans musique, sans  coups de théâtre, juste avec du temps qui passe, quelques corps qui se rapprochent ou s'éloignent, avec des mots et des sentiments qui hésitent, il nous embobine sans aucune difficulté, et réussit à nous mener par le bout du nez (non non je ne parlerai pas du bout de quoi que ce soit d'autre).
Avec ces journées qui se suivent, où le passage du temps est rythmé par des vues du même parking, avec l'apparente similarité que produit la répétition des mêmes actes, il joue quasiment avec nos nerfs, instaurant des ellipses quasiment narquoises, des bifurcations légères, des répétitions entre le rassurant et le comique, et toujours des points de vue extrêmement travaillés et pourtant donnant une apparence d'extrême simplicité, de facilité presque.
Les hommes, certes, les corps et les sentiments, bien évidemment, mais au sein de cet environnement naturel extrêmement présent (le soleil, l'eau, le vent, les arbres), qui inscrit le film dans une réalité prégnante, enveloppante, essentielle (oh les arbres que le vent bringueballe, oh les nuages, oh l'eau et ses couleurs changeantes, oh les bruits des insectes) qui en fait un peu le quatrième sommet de ce triangle passionnel.
Je n'ai pas du tout ressenti le sentiment de bricolage et de hautement improbable que m'avait laissé Le roi de l'évasion (auquel j'avais, allez savoir pourquoi, du mal à croire, peut-être à cause de l'artificialité de son personnage féminin). Le film est "tenu" et assumé de bout en bout, avec cette coda magistrale qui le hisse soudain au stade de grand film. (alors qu'il n'aurait fallu que peu de chose pour que tout cela ne tombât du côté du grotesque ou du ridicule). Un ou deux critiques ont même évoqué Apichatpongounet, et je ne pourrais pas leur donner tort (sur le coup, j'ai pensé à Philippe Grandrieux, mais les hypothèses se complètent...)
Un dernier point (qui pourra peut-être en surprendre certains) : dans les précédents films de Guiraudie, je me suis toujours ou presque senti un peu frustré parce qu'on n'en voyait "pas assez" ; ici ce serait quasiment l'inverse, j'ai le sentiment -presque- qu'on en voit "trop". Les scènes de sexe non simulées (à cause desquelles le film a été interdit au moins de 16 ans) sont effectivement très chaudes, mais étaient-elles à ce point indispensables ? Finalement je suis assez... puritain (est-ce le mot qui convient ?) en ce qui concerne les QV. Je les préfère "au naturel", joviales et au repos. De la vraie quéquette sympathique qu'on a plaisir à épier comme du coin de l'oeil, mine de rien. A partir du moment où elles sont en érection, ou, encore mieux, en action, on quitte la poésie naturaliste indolente et on entre dans le domaine du film dit "pornographique", et donc beaucoup moins intéressant. Voilà, il fallait que ce fut dit.
Mais ce film a tout pour plaire, d'abord par ce qu'il est (mais ça, c'est une constante chez Guiraudie) aimant, et infiniment respectueux des hommes en général et de leur corps en particulier. Et de leurs sentiments aussi, cela va sans dire. Où il serait juste question de respect et de considération. (Et de lucidité, aussi, avec les mots mis dans la bouche du flic désabusé sur les amours homosexuelles...)

Top 10 ?

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15 juin 2013

promesses

SHOKUZAI 1
CELLES QUI VOULAIENT SE SOUVENIR
de Kiyoshi Kurosawa

SHOKUZAI 2
CELLES QUI VOULAIENT OUBLIER
de Kiyoshi Kurosawa

Autant préciser tout de suite qu'il aurait sans doute mieux valu faire un seul gros film que de l'avoir ainsi tronçonné en deux : si d'aventure un candide quidam se hasardait à voir l'opus 2 sans avoir vu le 1, il risque fort de ne rien comprendre du tout, et c'est bien dommage.
Au début du 1, une fillette, Emili, est assassinée quasiment sous les yeux de quatre de ses copines. Lors de l'enquête, elles déclarent toutes subir un black-out total dû au choc et ne se souvenir de rien qui puisse permettre de faire avancer l'enquête sur le meurtrier, sans visage également pour le spectateur. La mère d'Emili leur  dit alors tout le mal q'elle pense d'elles, puis les maudit genre jusqu'à la septième génération de la septième génération, et fait alors promettre à chacune des quatre fillettes de "faire quelque chose" pour venger la mémoire de la défunte fillette, ce que nous allons donc suivre, en regardant consécutivement chacun des destins de ces quatre demoiselles "quinze ans après", deux par film.
Chacune de ces histoires peut se voir quasi-indépendamment, puisqu'elle met en scène une des filles, dans un récit (indépendant de chacun des autres) qui a souvent plus ou moins quelque chose à voir avec le fantastique, et que la mère d'Emili y intervient à chaque fois, plutôt vers la fin (la poupée française, la réunion de parents, le frère et la soeur ours, la fleuriste, sa soeur et son beau-frère) sauf que, à la suite de la dernière histoire vient bourgeonner un "épilogue", qui est en fait une cinquième histoire, qui met en scène, cette fois, la mère d'Emili, (celle qui faisait le joint entre les quatre premiers récits), et que là, bon, euh tout de même ça devient un peu longuet et un peu laborieux, surtout que le propos s'alourdit dans une surenchère de coïncidences multiples et une volonté d'explicitation laborieuse, dommage pour un récit qui avait jusque là su tenir la distance.
Les quatre récits autour de chacune des demoiselles sont bien menés, attachants, concis, avec la toujours plaisante petite note de cruauté élégante qui caractérise ce genre de récit (pour filer la métaphore littéraire, on a même, à un moment, une dénommée Ogawa qui poursuit un dénommé Murakami... simple coïncidence? en tout cas le clin d'oeil est plaisant.) La mort est présente dans chacune des histoires, qu'elle soit donnée ou reçue, la folie aussi, bien entendu (autant dire qu'on ne nage jamais en pleine rigolade...)
Les actrices sont excellentes (il semblerait qu'elles soient extrêmement connues dans leur pays d'origine, et qu'elles aient, de plus,  toutes ici accepté un rôle à contre-emploi de leur image habituelle.) Le film a été conçu pour la télévision, ce qui explique la construction en cinq parties (il y avait cinq épisodes, hihihi), et l'impossiblité de le partager en deux parties égales.
Mais, tel que, et avec ses défauts, il m'intéresse beaucoup plus par exemple que le précédent Tokyo sonata du même réalisateur.
A recommander, donc.

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11 juin 2013

eleazar (fait bien les choses)

POST TENEBRAS LUX
de Carlos Reygadas

Ouhlala! Les critiques l'avaient bien annoncé, depuis sa projection à Cannes 2012, mais j'avais vraiment envie de m'en rendre compte par moi-même. Quatrième film et demi du monsieur (en comptant le court-métrage dans la film Révolucion!) Et, comment dire, euh, ça décoiffe ? ça dépote ? ça dézingue ?, mais grave, en tout cas.
Pendant un grand moment, on ne comprend rien, c'est vrai (c'est là que certains critiques avaient du s'endormir, ou quitter la salle.) une fillette sous la pluie avec des vaches, puis une nuit d'orage, puis un diable rouge (avec cornes, queue fourchues, sabot, et même appareil reproducteur mâle idoinement ballottant) s'introduit dans une maison, la nuit, puis des jeunes rugbymen s'entraînent, puis (je me mélange un peu dans l'enchaînement) un jeune couple mexicain avec deux enfants se réveille joyeusement, puis une scène de repas, puis une de partouze...
On réussit à reconstituer (progressivement, et en étant très attentif) qu'il s'appelle Juan, qu'elle s'appelle Natalia, et leurs enfants Rut et Eleazar. Qu'il y a un autre homme, surnommé Le Sept, avec lui aussi une femme et deux enfants, et c'est à peu près tout. Un cambriolage qui tourne mal, une session locale des Alcooliques Anonymes, un arbre à abattre, des scènes de famille, beaucoup de chien, et beaucoup de violence aussi : envers les chiens, d'abord, envers les autres aussi, et même envers soi-même (une scène de self-décapitation pas piquée des hannetons). Beaucoup de références aussi aux diverses addictions (la boisson, la came, le jeu, le sexe, la pornographie sur internet), et le diable rouge qui passe une deuxième fois... un critique évoquait un discours sur l'omniprésence du Mal, oui, ça devrait assez s'en rapprocher...
A vrai dire, j'hésite entre la critique des inrocks, ici,et celle de Jean-Michel Frodon, là.
Comment dire ? Je pense qu'ils ont tous les deux raison. Que Reygadas est un cinéaste, un vrai (je continue de penser que Batalla en el cielo est un grand film) et qu'il ya dans ce P.T.L des vrais grands superbes moments / morceaux de cinéma mais que la position qu'il prend par rapport à ces spectateurs frôle quasiment le mépris, genre "Non non vous ne pouvez pas comprendre" ou "Ce n'est pas à vous que je parle" ou "Ce serait trop simple si le montage de mon film n'avait pas l'air d'avoir été décidé sur des jets de dés".
Donc on est là, assis, on en prend plein les yeux et les oreilles, on est secoué, ça fait du bruit, ça éclabousse, on passe la sixième (là où le cerveau est en position tout-terrain, au risque de la surchauffe voire de l'accident) et certaines fois on est ébloui, et d'autres on est atterré, et d'autres encore on pense Là il se fout de ma (notre) gueule...
Il faut prendre en compte le fait que Carlos Reygadas est mexicain, et que cela rejaillit indubitablement sur sa façon de voir le monde en général et de nous la restituer à nous autres pobres espectadores, mais il ne faudrait voir pas à pousser le bouchon trop loin. Eros, Thanatos, tout ça, ok... La violence tapie en chacun de nous, ok... Le diable rouge avec la boîte à outils, ok... les arbres qui tombent, ok... mais j'avoue que, par exemple, les jeunes rugbymen anglais, je n'ai absolument pas réussi à les rattacher à l'intrigue, d'une façon ou d'une autre. Et c'est pourtant sur eux que le film se clôt. Et longuement.
Bref, 50% émerveillé et 50% énervé (attention, si ça continue, je vais finir par m'arracher la tête...)
Por favor, Carlito, le mode d'emploi!

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10 juin 2013

plus faire de vélo

OH BOY
de Jan Ole Gerster

Un film allemand, sorti ce mercredi, dont je n'avais jamais entendu parler, mais que je suis allé voir pour faire le joint jusqu'à la séance de 16h, et aussi parce que, sur l'affiche, il semblait avoir reçu une sacrée flopée de récompenses dans son pays (meilleur film meilleur réalisateur meilleur acteur meilleur scénario etc.)
Un joli film en noir et blanc qui suit la journée de Niko, un jeune homme plus tout à fait étudiant et pas encore vraiment titulaire d'un emploi. Une journée qui ne démarre pas sous les meilleurs auspices, et va continuer sur la même lancée. Niko va sortir du lit (en se fâchant plus ou moins avec sa copine), et à partir du moment où il va poser le pied par terre, tout va aller mal, gentiment mal, dans un joli noir et blanc, d'abord un psy plutôt vicelard (qui doit lui signer ou non l'autorisation de récupérer son permis lors d'un entretien dit "test pour débiles"), puis un café au prix prohibitif, puis un  distribanque glouton, etc.
Le film est très agréable, agréablement construit, agréablement joué, agréablement musiqué. Il y est question à la fois des problèmes contemporains d'un jeune allemand contemporain (les études, le job, l'amour, les finances...) mais aussi d'un passé historique qui continue d'exister, de perdurer, et de faire mal (la scène dans le bar, avec le vieil ivrogne barbu est très juste parce que très simplement traitée, et que les choses sont dites sans que certains mots, justement soient prononcés mais que , pourtant, chacun comprenne précisément de quoi il est question.)
Avec une construction à la fois sans surprise et pleine de micro-surprises (un peu comme dans le After Hours de Scorsese) puisque constituée de "blocs narratifs" où le héros rencontre à chaque fois une nouvelle personne, et se confronte aux "problèmes" générés par ladite personne (au psy  déjà évoqué se rajoutent notamment le voisin du dessus avec ses boulettes de viande, l'ancienne copine de lycée ex-grosse, le père golfeur mais coupeur de vivres, le trio d'emmerdeurs alcoolisés...) et à la façon de les résoudre, ou d'y remédier.
Une journée pas tout à fait comme les autres pour ce personnage apparemment gentiment glandeur, qui va se prendre en pleine face et consécutivement tous les aléas, désagréments, coups de boule et autres coups en vache qu'un individu normalement constitué est capable d'endurer en une seule journée. Mais "en douceur", presque, pas contondantes, juste les petites saloperies inéluctables du quotidien.
Mais ça va, il est jeune, Berlin est photogénique (ah, Les ailes du désir...), et puis, il pourrait pleuvoir...

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9 juin 2013

gaudriole brechtienne?

LA FILLE DU 14 JUILLET
d'Antonin Peretjatko

Perplexe, en sortant. Sentiments mêlés. Qu'est-ce qu'on vient de voir ? Un film qui, dès les premières séquences du générique (scènes de défilé du 14 juillet, sous Sark*zy, puis sous H*llande, montées en légère avance rapide, avec musique pompière), s'affirme (s'affiche, se revendique) comme comique, et tout aussi vite comme relativement fauché aussi.
On est transporté quelques décennies en arrière, dans un film de Jacques Rozier ou de Michel Lang, voire de (aïe) Max Pécas ou Richard Balducci. On ne serait pas plus étonné que ça de voir apparaître les tronches de Paul Préboist ou de Jean Lefebvre. C'est un film très hétéro : hétérosexué, hétérogène, hétérodoxe (ça existe ?) avec parfois des choses très très drôles, et plus souvent d'autres pas drôles du tout, mais du tout. On pourrait être aussi dans un porno soft (mais sans scènes de sexe) où des demoiselles sympathiques (et des messieurs) joueraient approximativement des dialogues souvent approximatifs, ou, au contraire surjoueraient insupportablement (l'énervant et énervé personnage du Docteur).
On se dit que c'est du cinéma nigaud (benêt), ou qui prétend l'être. (Ou qui fait semblant de l'être ?). On ne sait plus trop.
L'esprit de dérision, un poil d'anar, un brin de situ, une pincée d'Hara-Kiri... N'en jetez plus ? Peut-être n'ai je pas assez de second degré pour l'apprécier pleinement (en tout cas autant que le fond à la fois Les Inrocks et Libé... Tiens je suis curieux de savoir comment vont réagir les Cahiaîs)
La jeune femme est mignonne ("elle est fraîche" a dit Dominique), Vincent Macaigne est, en ce qui me concerne, toujours aussi plaisant à regarder (surtout qu'il est ici en phase "pleine barbe"), les cigares sont gros, les flics sont cons, les bagnoles roulent, le soleil brille... Ah si! en période de crise, le gouvernement a décidé d'avancer la rentrée d'un mois, mais bon. cette originalité scénaristique n'a strictement aucune influence sur le, justement, scénario. Ce n'est pas exactement ma tasse de thé. (Je vais essayer de jeter un oeil sur les courts-métrages précédents du réalisateur...) et je le regrette. mais bon, encore une fois.

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