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lieux communs (et autres fadaises)
8 avril 2013

sch'dy

THE PLACE BEYOND THE PINES
de Derek Cianfrance

Celui-là, j'ai dû vaincre mes quasi-phobies envers les mecs très tatoués pour réussir à y aller. Ca passait en vo dans le bôô cinéma, alors j'ai tout de même fourni l'effort nécessaire pour le voir, à la dernière séance accessible, mais avec l'Almodovar comme rampe de lancement, ça favorise l'élan.
Et puis (comme beaucoup) j'aime bien Ryan Gosling, (bogosse sexy) qui nous refait là le coup du personnage de Drive, mais avec donc beaucoup de tatouages en plus (et des t-shirts à l'envers). Ce que la pub ne disait pas, et ce que je ne devrais peut-être pas dire (si vous avez envie d'aller voir le film sans rien savoir de plus qui gâcherait votre plaisir, arrêtez-vous!) c'est qu'il nous fait le coup de Janeth Leigh dans Psycho et que, donc, à la moitié du film, sans crier gare, il passe le relais à Bradley Cooper (autre bogosse sexy) qui cèdera lui-même la place  dans une troisième partie "quinze ans après" à leurs deux fils respectifs (bogosses aussi, tels pères tels fils). Autant dire que c'est sacrément une histoire de famille(s), doublée d'une histoire de rachat(s). (Gosling qui tente de se racheter en braquant des banques pour subvenir aux besoins de son fils, Cooper qui tente de se racheter de la culpabilité causée par l'homme qu'il a tué, et le fiston essayant de rattraper tout ça, et finissant par le rachat -au sens strict- ultime, celui de la moto de son père .)
Un film juste, ricain, justement ricain sans doute aussi (certains ont jugé que la dernière partie était un peu trop "surlignée") à la construction habile. La première partie centrée sur un cascadeur-braqueur qui se découvre soudain une famille, la seconde sur un jeune flic ambitieux prêt à tout pour faire carrière, tandis que la conclusion fait se rencontrer leurs fils respectifs (même âge mais pas exactement même destin, l'un fils à papa glandeur et l'autre lui servant grosso modo de dealer, jusqu'à ce que le fils de Gosling découvre qui était son père, et qui est le père de l'autre, dans une ultime partie où la boucle de violence est bouclée -lors d'une éprouvante scène qui met en scène l'ado, le papa flic et un gun-.
Un film efficace, par la justesse de ton de sa chronique sociale (l'ambiance de "fête foraine", de zone et de mouise de la première partie est tout aussi bien rendue que celle de commissariat, de flics ripous et d'ambitions électorales de la seconde), par la présence des acteurs principaux (qui, finalement, et curieusement, auraient pu être interchangeables, non ?) et celle des deux jeunots qui leur succèdent.), sans oublier une Eva Mendes (oui, la pin-up maussade de Holy Motors) que -je l'avoue- je n'ai identifiée qu'au générique de fin, tant elle est crédible et juste dans son rôle de serveuse larguée.
Deux heures vingt d'America de cette trempe, et en vo, ça ne se refuse pas.

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(et trois affiches pour le prix d'une!)

7 avril 2013

mamada

LES AMANTS PASSAGERS
de Pedro Almodovar

Dès la première fois que j'ai vu la bande-annonce, j'ai eu envie de le voir. Enfin le retour de l'Almodovar que j'aime, celui de Femmes au bord de la crise de nerf disons. Le réalisateur furieusement pédé et glamour qui raconte des histoires drôlement barrées, et plus tu charges la barque, plus c'est efficace, et plus tu te lâches et plus j'en redemande...
Oui, notre Pedrito, enfin sorti de son ibère nation (ou, plus justement, y revenu), nous offre un huis-clos dans un avion español qui tourne en rond au-dessus du pays (et qui risque de se scratcher pour cause de train d'aterrissage bloqué, tout ça à cause d'Antonio Banderas et de Penelope Cruz sur le tarmac, si si!), un avion dont toute l'équipe mâle est, elle-aussi (!) furieusement pédé (ou sur le point de le devenir), et passe son temps à se siffler des téquilas,  gober divers adjuvants psychotropes, lever les yeux au ciel en faisant des mines, mater les braguettes des jeunes mariés, dire des horreurs avec la bouche en coeur, j'en passe et des meilleures.
Les passagers en classe éco ont été drogués et pioncent joyeusement, ils ne savent pas ce qu'ils perdent (sauf un qui va se réveiller quasi en plein orgasme), pour le reste on navigue entre la classe affaire, la guitoune des stewards et la cabine de pilotage, avec tout un catalogue de personnages almodovariens a donf (une vierge médium, une star des médias parano et branchée sm, un tueur à gages gominé et romantique, un don juan menteur, un financier véreux, un couple de jeunes mariés où elle est somnambule et lui a dissimulé de la dope dans son orifice le plus intime, etc.) Dans la cabine ça ne va pas mieux, le pilote sort avec un des stewards mais n'ose pas en parler à se femme, tandis que son co(-pilote) qui se présente dans un premier temps comme infailliblement hétéro avoue lui avoir taillé une petite pipe, pour ne pas mourir idiot, mais parce que, figurez-vous, il était bourré, n'est-ce pas...
Et tandis que l'avion tourne en rond sans pouvoir atterrir, les petites histoires se font et se défont, les personnages se racontent, s'engueulent, téléphonent avec le téléphone de secours (qui, problème de haut-parleur, laisse entendre à tout le monde la voix du correspondant) pour tenter de régler leurs problèmes, tandis que nos trois stewards follasses machos mais pas trop continuent d'assaisonner de leurs vacheries tout ce petit ballet aérien... Dans cet avion-là il ya du cul, certes, mais aussi de l'amour, des mensonges, des regrets, des coups de foudre et des révélations, dans la grande tradition almodovarienne.
Avec un final assez impressionnant dans un véritable aéoroport véritablement vide (un véritable scandale financier espagnol). mais, sous la mousse, la vie reprend ses droits!
Ca se voit avec grand plaisir, ça s'oubliera sans doute assez rapidement, mais il faut reconnaiître qu'on passe un très très agréable moment à s'envoyer en l'air avec ces zoulous-là. Vous reprendrez bien un peu d'agua de valencia, maricones ?

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17 mars 2013

peine perdue

LES JEUX DES NUAGES ET DE LA PLUIE
de Benjamin de Lajarte

Hiam Abbass et Alain Chamfort, main dans la main... C'est un des couples a priori improbables que met en place ce premier film élégant et cosmopolite, à l'image de l'hôtel où s'en déroule une bonne partie. Une nuit, une ville, de la pluie... Un monsieur chinois qui gifle sa femme, un détective privé américain, une serveuse de bar, un couple de magiciens, vont ainsi se croiser, se rencontrer, s'entrecroiser, s'approcher, s'éloigner, se quitter, se trouver au cours (au coeur) de cette même nuit (et de la journée qui la précède).
Un film assez fondamentalement (et joliment) triste, mais avec une sérénité assez zen. Un film basé sur l'incompréhension et l'incommunicabilité, en plusieurs langue (le français, l'américain, le chinois - mandarin ou cantonais -) avec (ou pas) traduction simultanée (une jolie trouvaille), un film précieux et fragile, pas complètement abouti (certain critique écrivit "trop sûr de ses effets"), avec, par exemple, le personnage de la serveuse, pas raccord, qui détonne  avec le reste de la distribution , comme s'il n'était "pas juste". Trop "en force", dans cet univers relativement ouaté et soyeux, de la qualité qu'on prêterait, par exemple, aux vêtements de ce charmant vieux dandy d'Alain Chamfort.
Des mots, de leur sens, et des différentes façons de les utiliser. Des blessures et des cicatrices, des guérisons et des rechutes. Des rencontres et des séparations. Des outils de communication. De la cristallisation des sentiments.

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13 mars 2013

bouillavé

GIMME THE LOOT
d'Adam Leon

Un délice. Qui m'a laissé hilare et béat comme si j'avais abusé des cigarettes qui font rire. Hihihi ça m'a rappelé ma jeunesse... Quelques fois les petits films indie m'exaspèrent, et d'autres ils me ravissent. Il y a les péibles et les jubilatoires. Là, c'était vraiment ça. On avait déjà eu le plaisir d'en voir une vingtaine de minutes, samedi, avant qu'on ne nous fasse sortir du ciné parce qu'il y avait le feu... Et le peu qu'on en avait vu donnait indéfectiblement envie d'en savoir davantage sur ces deux tourtereaux new-yorkais, graffeurs du Bronx et démerdards, en quête de 500$ pour concrétiser un improbable et grandiose projet graffatoire. Un vrai film de New-York, new-yorkais dans l'âme, de l'intérieur, des "petites gens", de la zone, de la fumette, des grosses baskets et des combines. New-ork "du bas" (socialement) et pourtant New-York "du haut" (géographiquement) avec des dialogues d'une réjouissante crudité (j'adore quand il ya plein de gros mots, mais un peu comme en prononceraient les enfants, avec bonheur et gourmandise... je n'avais pas été à pareille fête linguistique depuis Clerks de Kevin Smith) un humour, une tendresse, et surtout, surtout un plaisir de tous les instants. un truc tout simple pourtant, mais qui dégage un tel attrait que c'en est difficile à expliquer.
Le réalisateur nous montre ses personnages tels que, justement, sans apitoiement ni commisération, mais au contraire avec une complicité, une légèreté qui ne peuvent que vous mettre en orbite sur un petit nuage (comment s'appelait donc cet autre film indie, sur une jeune voleuse à la dire, mais qui m'avait, lui, parfaitement exaspéré ?). C'est pourtant filmé assez cracra (tant le matos que la lumière) mais pourtant on est scotché par cette simplicité, cette poésie urbaine, ce manifeste goguenard de la démerde nowadays in the Big Apple.
On y parle beaucoup d'argent (les biffetons circulent de façon quasi-ininterrompue) mais pas que, aussi de sentiments, rassurez-vous, avec une bande-son aux chromes resplendissants (même s'ils ne constituent pas mon habituelle tasse de thé). Oui, comme une beuh d'excellente qualité : du grand art, oui, simplement... du bonheur.
Top 10 sans doute.

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8 mars 2013

soulève la poignée et le petit machin va tomber

AU BOUT DU CONTE
d'Agnès Jaoui

La bande-annonce m'avait donné envie, et, habilement, il s'avère qu'elle ne raconte pas exactement la même histoire que le film. Bien vu. J'ai passé un excellent moment, vraiment, mais avec, à la fin, le sentiment que c'est un film qui existe surtout dans les détails. Toutes les références cilns d'oeil et appels du pied à propos du conte du titre. C'est malin, c'est agréable, c'est plaisant, incontestablement. Avec des répliques qui font mouche, sans aucun doute. On est en terrain connu, Bacri bougonne et Jaoui paie de sa personne - des deux côtés de la caméra - et se tisse sous nos yeux de spectateurs un réseau de petites histoires entre les différents personnages, celle-ci tombe amoureuse de celui-là, celle-là vient habiter avec ses deux filles chez celui-ci, celui-ci apprend la date de sa mort prochaine, celle-ci veut prendre des leçons d'auto-école chez celui-là, celle-ci est prise pour la mère, et celui-ci est le père, de celle-ci et celui-là qui vont se fiancer, celui-ci est producteur et va produire la création musicale de celui-là, et lui piquer en même temps celle-ci (sa copine), etc., historiettes dont, au bout du compte, on ne se préoccupe pas vraiment, qui n'ont pas énormément d'importance. Comme des faits isolés, des saynètes dont on pourrait aisément modifier l'enchaînement, la juxtaposition.Tout le monde est moyennement heureux (ou moyennement malheureux), tout le monde est moyennement gentil (ou moyennemement méchant, c'est selon encore une fois) il manque un méchant bien salopard (je pense encore à la marâtre de Blancanieves) pour pimenter un peu l'affaire, assaisonner un peu ce brouet gentiment fade.
Ce qui importe, je le répète se sont tous les petits signes de connivence, et l'on feuilletterait alors avec encore plus de plaisir le livre d'images que constitue le film, en scrutant dans chaque page, (dans chaque plan) comme on chercherait dans une image d'Epinal où sont cachés le loup, ou bien la sorcière. L'exercice est très agréable, je le dis et le répète, mais qu'on ne vienne pas me parler de "message" à délivrer, ne poussons pas trop loin la cuillère dans le petit pot de beurre.
Et, encore une fois, le film est à voir, ne serait-ce que pour la délicieuse scène dite "du loup et du chaperon rouge". (Whououou!)

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4 mars 2013

permis de séjour

ALATA
de Michael Mayer

Hmmm c'est bien, notre assoc' commence aussi à avoir de l'entregent, et j'ai donc eu le plaisir de pouvoir visionner très en avance (le film sort le 22 mai) ce bien joli film ma foi, que j'ai quasiment arraché à Hervé lorsque j'ai vu sur le document de presse les mots palestinien et homosexuel. On ne se refait pas... "ALATA" en hébreu signifie ténèbres, et c'est bien l'ambiance dans laquelle évoluent nos deux héros Nimr et Roy.
Déjà pas facile a priori de vivre une histoire d'amour, qui est plus est entre mecs (quoique ça tendrait visiblement à se démocratiser, non ?) et alors si l'un des deux est israélien et l'autre palestinien, je vous laisse imaginer la complexité de la situation.
Roméo et Julietton, donc, le juif et l'arabe, tous les deux aussi mimi mal rasés l'un que l'autre, embringués dans une relation née sous le signe du coup de foudre, mais appelée à se tendre de plus en plus de jour en jour (permis de séjour, police secrète, frère terroriste, parents peu ou pas du tout compréhensifs, etc.), au fil des allers et retours de Nimr entre Ramallah et Tel aviv.
Une belle histoire d'amour entre hommes, je suis toujours preneur (midinet un jour midinet toujours). Quand elle est située dans un tel contexte historico-politico-religieux c'est encore mieux (l'ambiance essentiellement nocturne évoque le très beau Ajami), et ça me rappelle toujours ce que disait mon ami américain Jim, à propos justement des juifs et des palestiniens : "Mais ils feraient pas mieux de se rouler des patins et de se faire des câlins, plutôt que de se foutre sur la gueule, tous ces beaux barbus ?"
Décidément la religion quelle saloperie, décidément la famille, décidément l'intolérance ("les bites juives ne te suffisent plus ?") et l'incompréhension (mais où ces mères et ces frères vont-ils donc ainsi placer leur honneur ?) ... et nos deux tourtereaux sont salement dans la panade quand tout se ligue ainsi contre eux, mais, n'y aurait-il pas, in extremis (et contre toute attente) une minuscule étincelle d'espoir, tout à la fin ?
Un film agréable, touchant, aussi séduisant (et agréable à regarder) que ses deux protagonistes (mais pas qu'eux), fait avec passion et sincérité, mais auquel manquerait peut-être la petite étincelle qui mettrait vraiment le feu aux poudres.Trop "sage", peut-être, trop centré sur le nombril des faits, où ferait défaut un regard véritablement original, mais il s'agit d'un premier film, profitons, et attendons donc. Avec bienveillance.

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2 mars 2013

cinéparis5 (jeudi)

journée "les deux films que je ne voulais absolument pas rater"

DANS LA BRUME
de Sergei Losnitza

Le film est passé en "séance du matin" au MK2 Beaubourg. J'ai adoré. Après le glaçant My joy, et malgré la critique presque méprisante ("gros pudding") de Jean-Philippe T. dans Les Cahiaîs), je voulais absolument le voir. Et comme j'ai bien fait! Un film "en costumes" (en guenilles, plutôt), de 2h10, un film "historique", et au résultat un film admirable. Encore une fois, pas à se taper sur les cuisses de rire, une petite histoire de la grande Histoire,  sur  l'honnêteté, le soupçon, la vengeance, la culpabilité. La "morale", quoi... 2h10 impeccablement tenues, d'un récit qui tourne principalement autour de 3 hommes, (celui qui est suspecté d'être un collabo, celui qui doit l'exécuter, et celui qui l'accompagne), et finira, d'ailleurs, avec ces trois hommes-là, et exactement comme son titre l'indique : dans la brume...
Un film superbement mis en scène, en plans-séquences lents (et longs), et une chronologie savamment chamboulée où on verra souvent certains actes avant de voir, un peu plus loin dans le film, les actes qui les ont motivés, mais c'est un jeu de reconstruction tout à fait passionnant. Dans le froid, dans la neige, dans la forêt, dans la brume...

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CHATRAK
de Vimukthi Jayasundara

Celui-là ne passait plus au St André des Arts mais au Brady, en séance unique. J'ai adoré aussi. Le réalisateur est sri-lankais (j'avais adoré sa Terre abandonnée) et déclare avoir profité de l'occasion qu'on lui offrait de tourner en Inde. Comme dans Dans la brume, on passera ici aussi beaucoup de temps dans la forêt. Deux personnages : un architecte venu là pour terminer un projet immobilier, et qui en profite pour rechercher son jeune frère, redevenu "sauvage" et disparu, justement, dans la forêt. Un film aussi baroque que barré, luxuriant, chatoyant, ébouriffant, déroutant. Des journées entières dans les arbres, et sur les chantiers de construction aussi, à propos de l'animalité de l'homme et la végétalité des immeubles ("comme des champignons"). Superbe, et superbement déjanté, on perd ses repères, on lâche prise, on se laisse aller, ces champignons-là ne seraient-ils pas un peu hallucinogènes ???

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1 mars 2013

cinéparis4 (mercredi)

SYNGUE SABOUR
d'Atiq Rahimi

Un seul film, ce mercredi, pour cause de visite d'expo (Musée of everything) à 11h. Une salle pratiquement pleine à la séance de 16h de l'UGC.
Un démarrage plastiquement éblouissant (un travelling lent sur un rideau bleu) pour déboucher sur une femme en train de soigner son mari allongé, immobile, dont on apprend assez vite qu'il a reçu une balle dans la nuque suite à une altercation stupide avec des mecs de sa faction (on est dans un pays en guerre, qui ne sera d'ailleurs jamais explicitement nommé) dont l'un avait verbalement attenté à l'honneur de sa mère.
L'homme est immobile et muet, et la femme parle (elle c'est la très belle Golshifteh Faharani). Elle va parler, lui parler, pendant tout le film, sur des choses de plus en plus intimes, et graves, et (de plus en plus) difficiles à dire. Beau monologue théâtral (la condition de la femme au Moyen-Orient), belle lumière, belle actrice, beaux sentiments, et beaux personnages aussi (le jeune soldat bègue). Va-t-on se plaindre alors, et dire que tout ça, justement, est un petit peu "trop beau" ? La métaphore de la pierre de patience est belle aussi, et menée à son terme, peut-être au détriment de la vraisemblance (ce qu'on appelle un coup de théâtre) et l'on n'est pas vraiment sûr que les choses vont s'arranger. Au mieux, on se prend à espérer...

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1 mars 2013

cinéparis3 (mardi)

MUNDANE HISTORY
d'Anocha Suwichakornpong

Encore un matin au MK2 Beaubourg (ce jour-là à la séance de 11h, il y avait 3 ou 4 films que j'avais envie de voir ou revoir) mais je n'ai pas hésité longtemps, c'était celui-là ou rien. Parce que la Thaïlande, parce que un monsieur + un autre monsieur, parce que Apichatpongounet...
Un film en éclats, en fragments (comme les paillettes de mica) où un père de famille engage un infirmier pour s'occuper de son fils qui est resté handicapé après un accident. Et aussi relativement aigri. Au fil d'une chronologie patiemment embrouillée on assistera au "réapprentissage" à la vie impulsé par l'infirmier sur le jeune homme. C'est en même temps très réel et très poétique, très normal et très arty (on a même une séance cosmogonique qui n'est pas sans évoquer un peu Tree of life), très doux et très fort (comme l'était hélas la musique du générique - une création à base de grosses guitares électriques -jouée à un tel volume que j'étais obligé de me mettre les mains sur les oreilles) très léger et très dense. ici, là-bas, et ailleurs...
Un émerveillement pour moi, en tout cas.

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HAPPINESS THERAPY
de David O.RUSSEL

Et me revoilà à l'UGC Les Halles pour un changement de cap radical. Un film ricain, comédie romantique sous antidépresseurs, entre un mec qui sort de l'asile avec l'intention de reconquérir son ex qui lui a promis qu'elle le reprendrait quand il redeviendrait "normal" et une nana un peu "décalée/décalquée" elle-aussi. Son papa est lui est joué par Robert de Niro, tel quel.
Très prévisible, mais très agréable.
Le coup du concours de danse ? déjà fait. L'héroïne qui part de la salle de bal en courant ? déjà fait aussi, et le mec qui court derrière pour la rattraper, idem, et le baiser final avec ruisselade de violons, alors là je vous raconte même pas...
Et pourtant, on marche, on court même. des personnages aussi bien construits qu'attachants (la demoiselle a, depuis, gagné l'Oscar de la meilleure actrice). Un film bipolaire, finalement, ça n'est pas si courant!

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DJECA
de Aida Begic

On change de coin (et d'ambiance) : rdv au Club Marbeuf pour une projection de presse. Petite salle, peu de sièges (et donc peu de monde) ambiance "happy few". Sarajevo. on suit l'itinéraire d'une "grande soeur" et de son jeune frère (dont elle assure /assume la garde). Pour résumer, au début il n'y a pas d'espoir, ensuite il n'y a plus d'espoir, et pour finir il n'y a absolument plus d'espoir du tout. Mais elle continue, vaillamment, inlassablement (elle est très souvent filmée de dos, en caméra portée, telle une Rosetta des pays de l'est sauf que elle, elle l'a déjà son boulot de merde, et elle s'y cramponne), contre la directrice de l'école (son frangin a cassé l'iphone d'un fils de ministre), contre un patron veule exploiteur et sans scrupules, contre un sous-fifre caractériel, contre une assistante sociale aussi méprisante que tâtillonne, contre son frère même, qui est en train de mal tourner...
Une vie opaque, asphyxiante. De la dame j'avais énormément aimé Premières neiges. Ici je dois avouer que je l'ai trouvé un peu en-deça. Parce qu'on est dans la même problématique (et la Bosnie n'a pas fini de tenter de cicatriser ses blessures de guerre), dans une mise en scène trop sage. Pas facile, je sais bien, de décoller du "constat" pour parvenir à un véritable objet filmique. Le genre de film "guerrier" qu'on ne peut pas ne pas défendre, certes. Peut-être aussi parce que c'était le 3ème film de la journée, et que je n'étais peut-être pas dans un état de réceptivité optimale.

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28 février 2013

cinéparis2 (lundi)

TU HONORERAS TA MERE ET TA MERE
de Brigitte Rouän

Vu celui-là in extremis (pfuit! le lendemain il avait disparu), matinalement à l'UGC les Halles (où j'ai fini par prendre une carte x5). Rouän j'aime plutôt bien, tant actrice que réalisatrice, et Nicole Garcia c'est pareil.  Alors malgré les critiques tiédasses, j'en avais envie. Première bonne surprise dès le générique : les deux premiers noms qui y apparaissent sont ceux d'Emmanuelle Riva et de Démis Roussos. Diable! rien que ça mérit(er)ait le déplacement.
En plus on est en vacances en Grèce, bleu du ciel et de l'eau, blanc des murs, soleil éclatant, pour une chronique familiale et estivale  (Nicole Garcia, que certains critiques qualifièrent de "en surchauffe" ou quasiment, moi c'est comme ça que je l'aime), joue la mère de 4 garçons avec qui elle a du mal à couper le cordon (et parmi ses quatre fils, il ya le rouquin Michael Abiteboul pour qui j'ai un gros faible) et qu'elle réunit chaque été au prétexte d'un festival de théâtre local qu'elle organise. Or cette année, crise oblige, pas de Festival, pas d'hébergement, mais Nicole G. va prendre les choses en main...
C'est joyeux, et joyeusement bordélique même, puisqu'il s'agit quand même de présenter un minimum tous ces personnages (les fils, leurs épouses, la grand-mère, le mère, etc.) et les faire exister. Savoureux comme une salade mêlée estivale (famille, théâtre, scènes de ménage, Oedipe, procession de phallus, etc.) Incontestablement  plaisant, même si manquant de je ne sais pas quoi (le petit condiment miracle) pour être vraiment inoubliable.

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JOURS DE PÊCHE EN PATAGONIE
de Carlos Sorin

Vu juste après (au MK2 Beaubourg qui a aussi augmenté ses prix!). Une histoire de famille aussi, dans un lieu exotique aussi (la Patagonie), mais quel contraste! Un papa vient passer quelques jours dans un patelin, soit disant pour pêcher le requin, mais en réalité pour reprendre contact avec sa fille qu'il n'a pas vue depuis longtemps (il ne sait même pas qu'elle a eu un enfant). Cet homme solitaire, dont on ne saura finalement pas grand chose des raisons qui l'ont fait partir, ou revenir, mène ses recherches avec obstination, qui finira par porter ses fruits. Même si les retrouvailles ne seront pas vraiment ce qu'il avait espéré...
Après Historias minimas (et celle-ci l'est aussi, minima, en surface) et La fenêtre (qui parlait aussi des relations d'un vieil homme et de son fils) Carlos Sorin persiste sur le fil doux-amer de sa petite musique émotionnelle, où, si la caméra ne montre pas forcément grand-chose (de la même façon que les personnages ne semblent pas non plus capables de dire vraiment grand-chose) l'impact affectif de ce qui se joue devant nous (même si c'est infime en apparence) est pourtant considérable.
Même si à la fin rien n'est vraiment réglé, même si beaucoup de questions resteront sans réponse, la seule apparition d'un sourire sur le visage de cet homme, sans rien de plus,  est un simple et grand bonheur. Du sacrément beau cinéma, et qui me touche énormément.

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