sch'dy
THE PLACE BEYOND THE PINES
de Derek Cianfrance
Celui-là, j'ai dû vaincre mes quasi-phobies envers les mecs très tatoués pour réussir à y aller. Ca passait en vo dans le bôô cinéma, alors j'ai tout de même fourni l'effort nécessaire pour le voir, à la dernière séance accessible, mais avec l'Almodovar comme rampe de lancement, ça favorise l'élan.
Et puis (comme beaucoup) j'aime bien Ryan Gosling, (bogosse sexy) qui nous refait là le coup du personnage de Drive, mais avec donc beaucoup de tatouages en plus (et des t-shirts à l'envers). Ce que la pub ne disait pas, et ce que je ne devrais peut-être pas dire (si vous avez envie d'aller voir le film sans rien savoir de plus qui gâcherait votre plaisir, arrêtez-vous là!) c'est qu'il nous fait le coup de Janeth Leigh dans Psycho et que, donc, à la moitié du film, sans crier gare, il passe le relais à Bradley Cooper (autre bogosse sexy) qui cèdera lui-même la place dans une troisième partie "quinze ans après" à leurs deux fils respectifs (bogosses aussi, tels pères tels fils). Autant dire que c'est sacrément une histoire de famille(s), doublée d'une histoire de rachat(s). (Gosling qui tente de se racheter en braquant des banques pour subvenir aux besoins de son fils, Cooper qui tente de se racheter de la culpabilité causée par l'homme qu'il a tué, et le fiston essayant de rattraper tout ça, et finissant par le rachat -au sens strict- ultime, celui de la moto de son père .)
Un film juste, ricain, justement ricain sans doute aussi (certains ont jugé que la dernière partie était un peu trop "surlignée") à la construction habile. La première partie centrée sur un cascadeur-braqueur qui se découvre soudain une famille, la seconde sur un jeune flic ambitieux prêt à tout pour faire carrière, tandis que la conclusion fait se rencontrer leurs fils respectifs (même âge mais pas exactement même destin, l'un fils à papa glandeur et l'autre lui servant grosso modo de dealer, jusqu'à ce que le fils de Gosling découvre qui était son père, et qui est le père de l'autre, dans une ultime partie où la boucle de violence est bouclée -lors d'une éprouvante scène qui met en scène l'ado, le papa flic et un gun-.
Un film efficace, par la justesse de ton de sa chronique sociale (l'ambiance de "fête foraine", de zone et de mouise de la première partie est tout aussi bien rendue que celle de commissariat, de flics ripous et d'ambitions électorales de la seconde), par la présence des acteurs principaux (qui, finalement, et curieusement, auraient pu être interchangeables, non ?) et celle des deux jeunots qui leur succèdent.), sans oublier une Eva Mendes (oui, la pin-up maussade de Holy Motors) que -je l'avoue- je n'ai identifiée qu'au générique de fin, tant elle est crédible et juste dans son rôle de serveuse larguée.
Deux heures vingt d'America de cette trempe, et en vo, ça ne se refuse pas.