Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
lieux communs (et autres fadaises)
4 mai 2012

bravo, le bras de zombie!

LA CABANE DANS LES BOIS
de Drew Goddard
(le fils spirituel de Jean-Luc, hihihihi?)

Là c'est l'affiche et le teasing qui m'ont donné envie... J'y suis donc allé hier soir, et je dois dire que j'y ai pris énormément de plaisir. Un plaisir délicieusement pervers, faut-il le préciser. Rendez-vous compte : on a pour le même prix un film d'horreur "banal" (cinq djeunz américains archétypaux partent en week-end dans une cabane pourrie au fond des bois) et le making-of dudit film (des mecs en blouse blanche, dans un institut scientifique semble-t-il, avec des écrans de contrôle géants et des tableaux de bords avec pleins de boutons de manettes et de voyants, suivent et infléchissent, en donnant des coups de pouce technologiques chaque fois que c'est possible -et visiblement ils contrôlent quasiment tout-, le déroulement de la première intrigue, la "basique"). Avec une troisième partie dont je ne pourrai pas dire grand-chose sans risquer de déflorer (ouch!) le plaisir du spectateur potentiel.
Ce que la bande-annonce oublie de dire (je ne l'ai vue qu'une fois et elle m'a semblée terriblement premier degré, on a le sentiment qu'on va voir un remix de Saw + Hostel + je ne sais encore quelle daube gore du même acabit), c'est que rien de tout ça n'est très sérieux. Très intriguant, mais plutôt drôle aussi.
On découvre en premier les mecs en blouse blanche (Richard Jenkins est aux petits oignons) et c'est à eux (syndrome de Konrad Lorenz ?) qu'on s'attache, eux qu'on considère comme les "vrais" personnages, puisque, du coup, ceux de l'autre film, du film dans le film, (re)deviennent ce que d'ailleurs ils découvrent assez vite qu'ils sont : des marionnettes (l'un d'entre eux l'énonce clairement, d'ailleurs), et donc qu'on n'a pas vraiment peur pour eux, vu qu'on sait grosso modo ce qui va leur arriver, et que ça leur arrive d'ailleurs puisqu'il s'agit de suivre le cahier des charges, à la ligne près. La vierge ? l'intello? le sportif ? le fumeur de pét' ? la chaudasse ? A qui le tour?
L'intérêt est ailleurs, incontestablement.  Dans le soin apporté à la mise en place de chacun de ces deux univers (a priori hétérogènes), en en respectant les codes, en nous faisant flipper (dans l'un) et gamberger (dans l'autre) et en nous trimballant de l'un à l'autre avec finesse et sens de l'à-propos... En essayant de nous paumer, sur ces sentiers forestiers nocturnes et pourtant extrêmement balisés. De brouiller les pistes. Cette façon par exemple de nous faire sursauter gratuitement, au début, où, après une scène plan-plan d'exposition, le réalisateur nous balance le titre du film, en lettres géantes rouge sang, avec un gros effet de tsing! musical (on ne peut pas ne pas faire un bond sur son siège.) Gratuitement, et fort plaisamment, ma foi. Tous les clichés des "films qui font peur" sont ainsi passés en revue, pas avec l'esprit de dérision et de contrepied qu'on pouvait avoir dans Tucker & Dale fightent le mal, ni de complaisance érudite et citative qu'on pouvait trouver dans Scream. Non ils sont ici pris  "au sérieux" (mais dans quelle mesure ?), à la foi(s)  par ceux qui sont dans le film (mais peuvent-ils faire autrement ?) et ceux qui le dirigent (mais pourraient-ils aussi faire autrement ?).
Mais pourquoi ?
Un film qu'on pourrait qualifier de théorique (et le visuel de l'affiche, avec sa cabane en forme de genre de rubik's cube nous aiguille également dans ce sens), par sa façon de manipuler et gérer à la fois le devenir des personnages et les attentes des spectateurs. Roublard, pervers, manipulateur, mais fichtrement agréable. Cela n'aurait pu se limiter à ce jeu de déconstruction/reconstruction  du cinéma qui fait peur, et c'eut été déjà très bien, mais le réalisateur en a remis une louche avec cette fameuse dernière partie, à vouloir nous dénicher un genre d'explication / justification ultimes dont on n'a pas forcément grand chose à secouer, mais où on a néanmoins beaucoup de plaisir à (re)voir la grande prêtresse hollywoodienne qui vient en ex(l)oser les grandes lignes...
Un grand et réjouissant n'importe-quoi, qui vient clôturer cet exercice de style horrifique.
Que du plaisirr, quoi...
Et s'il fallait une preuve supplémentaire de l'intelligence de l'exercice, ce serait le nombre de portables de djeunz qui s'allumèrent pendant le film,  dans la petite salle du bôô cinéma, assez rapidement d'ailleurs (je rêve d'avoir le courage de me lever un jour, de sauter sur l'importun, de lui choper son phone et de le balancer  à travers la salle avec un gros hurlement de joie). Les chéris, faut-il croire, s'ennuyaient et/ou étaient déçus, et donc le faisaient savoir au reste de la salle. Trop futé pour eux, trop deuxième (ou nième) degré, pour ces pauvres petits qui n'attendaient -n'espéraient- qu'un nouvelle rasade de tripes sanguinolentes de plus, avec chaînes rouillées, pièges à loups, chairs suppliciées et cris d'effroi.
Trop intelligent, quoi.

 

19997460

1 mai 2012

farigoulette

RADIOSTARS
de Romain Lévy

Celui-là, j'avais envie de le voir depuis que j'avais vu la bande-annonce. J'ai quand même attendu l'ultime soir de programmation dans le bôô cinéma pour y aller! Bonne surprise dès le départ : tout le début ne figure pas du tout dans la bande-annonce, c'est déjà plutôt bon signe... Un film de potes, une histoire de mecs (une version 2012 du Plein de super, de Cavalier, ou une version frenchy des ... films de potes ricains à la Judd Apatow, ceux avec mon Seth Rogen à moi que j'aime) pourrait-on dire.
Un voyage en bus à travers la "france profonde" -il y a Vesoul, bien entendu-, lors d'une tournée estivale et punitive pour nos lascars, (animateurs d'une émission de radio matinale sur une station qui n'est plus number one), bus conduit par un chauffeur qui réussit le prodige de ressembler en même temps à Jacques Dutronc et à Françoise Hardy (pour un running gag qui va faire long feu : est-il lui ou est-il elle ?, pour finir d'ailleurs assez abruptement et sans donner de véritable réponse..)
Mecs en virée, chambres d'hôtels, beautés locales, vannes, clopes, bières, pieds sur la table, ambiance virile, quoi... Les dialogues fusent (il n'est pas question pour rien de standup comedy), grosses vannes assassines, gros rires aussi, grosses colères, et grosses ficelles parfois aussi, mais tout ça avance très très plaisamment, il faut le reconnaître (ne boudons pas notre plaisir). Des dialogues qui font mouche (avec des gros mots  comme dans leurs homologues ricains), des scènes qui fonctionnent, des moments de rire et aussi d'émotion (quand Alex lit au public le papier rédigé par Ben, par exemple), bref on se sent bien avec ces zozos...
Et puis, hélas, le rythme ralentit, le scénario s'alourdit, le trait grossit (le rappeur) et c'est alors qu'une scène de placement de produit très très peu discrète ("come as you are") vient encore un peu plus gâcher le plaisir, (même si j'imagine qu'elle est très dans le sens du poil du public pour lequel le film est destiné).
J'aime bien les films de potes, les films choraux, où les bons sentiments font la loi, où la chaleur de l'amitié tient lieu de ciment entre les parpaings d'un scénario parfois un peu disjoint ou branlant. Un truc positif, quoi, un feel good movie qu'on dit que ça s'appelle, maintenant... (Ca pourrait aussi être un buddy movie, ou juste un road movie, non ?)
Inutile de préciser que ça fonctionne d'autant mieux que les acteurs assurent (mention spéciale à Manu Payet et à Clovis Cornilhac, et au troisème dont le nom de famille est Attal, mais qui ressemble à un fils caché d'Eric Caravaca)

20031934 20031936

1 mai 2012

tarte aux pommes

UNE CARTOUCHE DE KENT ET UN PAQUET DE CAFE
de Christi Puiu

Il y a en bonus sur le dvd de La mort de Dante Lazarescu (je l'aime tellement que je l'ai acheté, oui oui!) un court-métrage précédent du même réalisateur. Douze minutes brillantissimes, implacables, jubilatoires, avec ce savant dosage entre la noirceur du propos et l'humour à froid de la réalisation, cette juste distance entre proximité "affective" (un plan fixe ou quasiment entre un père et son fils attablés dans un restau roumain) et prise de recul "sociale"(de  la difficulté de retrouver un emploi quand on se fait virer à deux ans de la retraite, des différentes façons de survenir aux besoins de sa famille, de la corruption considérée comme un exercice quotidien).
Parfait, encore une fois (et, pour le coup, les douze minutes paraissent vraiment trop courtes!) Me reste maintenant à regarder Le matos et la thune, le premier long-métrage du réalisateur (que -smiley aux joues rouges et au regard honteux- je reconnais m'être procuré malhonnêtement, mais bon, j'avais pour cela de bonnes raisons tout de même : il n'en existe aucune copie disponible honnêtement). Et toc.

1 mai 2012

absences

LES VIEUX CHATS
de Sebastian Silva et Pedro Peirano

Programmation mensongère (ou film faussement vendu) dans le programme du cinéma : quand en deux lignes vous trouvez les mots "comédie dramatique" et "acteurs truculents" (bon finalement après vérification, ils n'ont fait que recopier une critique...) vous vous préparez  à passer au minimum un bon moment de franche rigolade.
Sauf que pas du tout.
J'ai effectivement souri deux ou trois fois devant ces Vieux chats, mais là n'était visiblement pas le propos des réalisateurs me semblet-il. Le film est AAA : aigre, acide, amer. Un film sur la vieillesse, sur la dégradation physique, sur les rapports familiaux, sur le désamour, sur l'attrait du pognon. La vie, quoi...
Où comment une fille mal-aimée fait irruption chez sa (très) vieille mère pour lui soutirer (encore une fois) du pèze en usant (à plus ou moins juste titre) du chantage affectif : "tu ne m'as jamais aimée, alors en échange tu peux au moins me filer ton appartement...". La mère a un nouveau mari (qui n'est pas le père de la fille) et la fille (lesbienne) a une copine, genre Balasko dans Gazon maudit, qui se fait appeler Hugo.
Et ces quatre personnes, (après un préambule matinal qui nous a fait découvrir le décor et le quotidien des deux vieux), vont se retrouver dans l'après-midi, confinées dans cett appartement vieillot et surchargé, poussiéreux où ont macéré les vieilles rancoeurs et recuit les vieilles haines, pour prendre le thé, regarder des photos de vacances, choisir des savons, et, accessoirement sniffer un peu de coke dans les toilettes (la fille) et signer ou pas cette foutue procuration (la mère, pour la fille).
Une grande partie du film se déroule dans ce fameux appartement (où les vieux chats du titre ont été enfermés dans la cuisine pour cause d'allergie filiale), et le ton monte assez vite, entre la fille et la mère, puis la fille et le beau-père, puis..., avec quelques passages sur le balcon, plus ou moins anxiogènes d'ailleurs, puis dans les escaliers, et, finalement dehors (il était temps, on commençait un peu à manquer d'air) pour une échappée maternelle, où soudain tout le monde est enfin, d'une certaine façon, réuni (réconcilié ?).
Avant de revenir à la case départ.
Un film, qui, comme le Fernet-Branca, vous laisse longtemps en bouche un arrière-goût amer.

20063318

27 avril 2012

cannes 2012

à l'annonce du cru 2012, voici mes attentes persos :

- attendus impatiemment :

MEKONG HOTEL (Weerasethakul)
VOUS N'AVEZ ENCORE RIEN VU (Resnais)
MOONRISE KINGDOM (Anderson)
MUD (Nichols)
POST TENEBRA LUX (Reygadas)
DANS LA BRUME (Lonitza)
AU-DELA DES COLLINES (Mungiu)
IN ANOTHER COUNTRY (Sang-Soo)
LES INVISIBLES (Lifshitz)
DER MÜLL IM GARTEN EDEN (Akin)

-attendus patiemment :

AMOUR (Haneke)
SUR LA ROUTE (Salles)
DE ROUILLE ET D'OS (Audiard)

attendus avec circonspection :

HOLY MOTORS (Carax)
COSMOPOLIS (Cronenberg)
LIKE SOMEONE IN LOVE (Kiarostami)

 

19 avril 2012

fusil

AURORA
de Christi Puiu

Je n'y peux rien, c'est comme ça, ça doit être dans les gênes : j'adore le cinéma roumain. Ca a commencé avec Lucian Pintilié, ça a continué avec la "nouvelle vague roumaine", et ça ne s'est pas démenti. Christi Puiu avait déjà fait fort avec La mort de Dante Lazarescu (qui restait en 3h strictement dans les limites de son sujet : la dernière nuit d'un vieil homme), et récidive avec ce film dont le titre est certes moins directement explicatif.
Cela s'appelle l'aurore. Mais cela n'est pas ici synonyme de lumière, de chaleur et d'espoir...
Un homme (joué par le réalisateur lui-même) est suivi par la caméra dans ses déplacements (de jour, de nuit, dedans, dehors, dans un appartement en réfection, dans une cour d'usine, dans sa voiture, dans la boutique d'un marchand d'armes, dans une école,c chez sa belle-mère et j'en passe) de façon quasi documentaire, en plans-séquences, et sans qu'on sache vraiment à quoi tout celà correspond. (La lenteur et le "minimalisme" pourraient évoquer Policier, adjectif, de Corneliu Porumboiu, autre roumain que j'affectionne tout aussi chaleureusement). Viorel, donc, un genre d'anti-héros pas très bavard (ni très sympathique d'ailleurs, le réalisateur n'hésite pas à donner de son personnage une vision sans fioritures, pas loin du Yvan Attal de 38 témoins, les crampes aux maxillaires en moins : Puiu ne joue pas la fermeture, il l'est, simplement -fermé-).
Autant dire que ça ne rigole pas, a priori. Mais bon on est dans un film roumain, et donc on a droit à quelques embardées dialoguées (la grand-mère sort-elle à poil, quand le bûcheron ouvre le ventre du loup, à la fin du Petit chaperon rouge ?) ou scénaristiques (la viste du voisin du dessus avec son fils, après l'inondation dans la salle de bain) autant d'accrocs divertissants, de respirations, dans la trame grisâtre et sans concession de ce jusqu'auboutisme filmique.
C'est lent, on pourrait dire "c'est ennuyeux", c'est vrai,  et pourtant c'est tout à fait fascinant. Puiu filme d'une façon absolument magistrale tous les espaces clos (tout particulièrement cet appartement en travaux dans le quel se passe une grande partie du film), il peaufine ses (dé)cadrages, ses cadres dans le cadre, ses plans tordus, d'une façon totalement (merci téléramuche) ju-bi-la-toi-re! Ca c'est du cinéma, nom de dieu, ça c'est du cinéma!
Il a même la gentillesse  de m'adresser un clin d'oeil amical (mais là c'est strictement personnel) avec une scène de douche AQV (qu'il a assez joviale, d'ailleurs, même si un peu à contre-jour), et un autre pour ceux qui ont vu Dante Lazarescu (ça ne vous dit rien, ce sweat-shirt rayé bleu et blanc ?)
Un film glacé comme une nuit d'hiver, sec comme un coup de trique (la dernière scène fait froid dans le dos) et long comme un jour sans pain (enfilons joyeusement les clichés.).
J'oubliais "joyeux comme en Roumanie on sait l'être." Pouèt-pouèt!
Je me suis régalé.

20019215

Le film avec la plus minuscule police de caractères au générique de début de l'histoire du cinéma!

13 avril 2012

catalogue (de la déroute ?)

TWIXT
de Francis Ford Coppola

Etonnant.
Visuellement, une vraie splendeur, un festival, un feu d'artifice(s!). Scénaristiquement, c'est une autre paire (père ?) de manches. Comme une collection de morceaux de films fantastiques, d'horreur, d'épouvante, plus ou moins rapiécés / rafistolés  : beffroi hanté, écrivain en panne d'inspiration, fait-divers sanglant, serial-killer, morgue, pieu dans le coeur, démon, pasteur fou, enfants égorgés, shérif zarbi, vierges diaphanes, culpabilité,  n'en jetez plus !
On a l'impression qu'on voit 50 films pour le prix d'un, et c'est plutôt agréable. A moins que FFC ait roublardement décidé de faire un genre d'état-des-lieux du cinéma "fantastique" en 2012, y convoquant même la littérature du même nom (Stephen King y est oralement évoqué, Edgar Allan Poe himself y a un rôle important! -sans parler de Baudelaire, récité carrément dans le texte)
Et si on est un peu impressionné au début (normal, on joue le jeu!), plus le film progresse et plus tout ça donne plus envie de sourire (il faudrait le revoir pour dresser patiemment le catalogue des citations et des références  qui y foisonnent) ou de savourer que de claquer des dents. On arrive presque à la fin en se disant que ouf quand même on a tout eu ou presque mais on a échappé aux vampires, mais toc! mauvaise pioche... (désolé, mais les vampires me gonflent, et 'ont toujours gonflé!)
Twixt pourrait être au cinéma fantastique ce que Un cabinet d'amateur, de Georges Perec était à la peinture : un catalogue virtuose mais finalement gratuit, parce qu'en trompe-l'oeil, et donc rétrospectivement encore plus jouissif.
Parce que gratuit, justement, pourrait-on dire.
De Coppola, je ne suis pas attiré par les grosses machines rutilantes et chromées (Parrains, Apocalypse, etc.), que je n'ai en général pas vues d'ailleurs, mais j'ai une infinie tendresse pour les films dits "mineurs" (j'ai ainsi une grande tendresse pour Tucker, pour Peggy Sue got married, et, bien sûr, Rusty James, que Pépin nous avait fait découvrir lors d'une de nos fameuses -et à présent préhistoriques- "nuits vidéo")
Il semble bien que Twixt (quelqu'un pourra-t-il m'expliquer le titre, d'ailleurs ?) fasse partie de cette famille-là, et c'est tant mieux. Et Val Kilmer est excellent dans le rôle de l'écrivain miteux alcoolo détective amateur, au centre de cette histoire et de ces multiples strates / couches (pour passer de l'une à l'autre, il suffit de s'endormir ou de s'en prendre un bon coup sur le crâne...) Il y a même des moments drôles (certains volontairement, pour d'autres, je suis moins sûr) donc, on ne peut que, globalement, recommander l'opus en question, en l'assortissant des précautions oratoires d'usage...
Une sacrément magnifique iconographie, pour un (sous-) texte qui ne la méritait,peut-être, pas forcément...

20039667

 

10 avril 2012

le vent l'emportera

TERRAFERMA
d'Emanuele Crialese

Une bonne surprise. J'ai failli renoncer à  la séance de 18h15 tellement ça bouchonnait dans les allées du bôô cinéma (qui a le schéma de circulation le plus imbécile, reconnaissons-le, qu'un parking ait jamais eu). Le sujet non plus ne m'attirait pas follement, et pourtant quelque chose m'a poussé à me jeter à l'eau. C'est le cas de le dire. D'eau, il en sera énormément question (le film se passe sur l'île de Lampedusa) et c 'est plutôt bien venu car le réalisateur la filme excellemment (en plus, avec l'écran de 15 mètres et au quatrième rang depuis le haut, je me sentais vraiment immergé -hihi- au coeur de l'action). Oui, Crialese filme superbement la mer : avec respect, avec adimiration, (avec naïveté diront certains- et ce regard porte le film.
Autour du portrait d'un adolescent, Filippo, qui jouait déjà un personnage avec le même prénom dans le précédent Respiro du même réalisateur, que j'avoue ne pas avoir vu  (l'acteur qui l'incarne est aussi superbement filmé que la mer environnante), on suit le quotidien des pêcheurs (et d'une famille, particulièrement) de cette île "qui ne figure pas sur la mappemonde", qui vivotent toute l'année, exceptés les deux mois d'été où ils se font envahir par les touristes, débarquant du bac comme en terre conquise. Mais voilà qu'ils sont aussi en butte à une autre forme de "tourisme" : les clandestins venus d'Afrique qui débarquent régulièrement (et nocturnement) sur les plages de leur petite île.
Ca commence comme dans un Taviani des origines : hommes rudes, cadre de vie rude, métiers rudes, moeurs rudes. Poils durs et caractères de cochon. Ca continue comme un Costa-Gavras de la grande époque aussi, (les rapports à la loi, à l'ordre, à la conscience, à l'humanité) avec ce que cela suppose de révolte, de manichéisme et aussi de candeur (les flics sont vraiment de très méchants salopards, avec un commandant qui évoque le méchant commandant de la série Zorro, par exemple, je caricature à peine , les touristes sont nunuches et/ou écervelés, les clandestins dignes et sentencieux...)
Mais on ne peut qu'être sensible à tout ça, l'attitude humaine du grand-père (le code de la mer), les sentiments mélangés de la mère (le respect de la loi), l'inconscience du frère (le rapport à l'argent, oui, tout ça est assez tranché...), et le trouble généré par la prise de conscience qui se cristallise au coeur du jeune Filippo.
Le réalisateur peut être aussi lyrique  quand il évoque la mer ou les insulaires que  maladroit et parfois brouillon quand il parle du reste. D'où attention flottante, comme ces plans subjectifs filmés depuis les bateaux, avec l'horizon qui monte et qui descend. Mais  il a l'extrême intelligence de finir avec un plan superbe, qui ne fait que dire clairement (et graphiquement) " il n'y a pas d'issue, c'est sans solution...", ce en quoi il n'a pas entièrement tort, dans l'état actuel des choses...

19935390

8 avril 2012

estivants

UN MONDE SANS FEMMES
de Guillaume Brac

Hier, tout à mon énervement, je n'ai pas pu dire combien ce film (enfin, ces deux-tiers de) m'a encore plus plu que la première fois que je l'ai vu. Tout est juste (les professionnels et les non-acteurs). Vincent Macaigne est bouleversant, d'une finesse de jeu bouleversante (comment, juste avec une main, un regard en-dessous, un sourire, un silence, il parvient à exprimer toute une gamme de sentiments et d'émotions). Ce mec, il nous fait une bluffante démonstration de dentelle émotionnelle... Du grand art!
Et les autres sont excellent(e)s aussi (la fille et la mère). "Au diapason".
Une histoire simple, comme la vie... station balnéaire, jeux de plage, pêche aux crevettes, jeux de société, boîte de nuit (je réalise, que, dans les films, j'adore très souvent les scènes de boîtes de nuit...) Jeu de dupes, élans, hésitations, soupirs...
Finalement, on ne serait pas si loin de Tchekhov, hein ?

19836107

(et je réalise que ce n'est pas vraiment pour Vincent Macaigne que je craque -comme le sucre sur les fraises- , mais bel et bien pour le personnage de Sylvain...)

7 avril 2012

pas à vesoul

UN MONDE SANS FEMMES
de Guillaume Brac

Je sors de la salle et je suis furax. Rien à voir avec le film. Si vous voulez le voir, ne venez pas ici, dans le bôô cinéma, à vesoul, parce que vous ne verriez que les deux-tiers du programme annoncé. je m'explique. Guillaume brac a réalisé un film d'une cinquantaine de minutes intitulé UN MONDE SANS FEMMES. la durée ne permettant pas de l'exploiter tel quel, il la eu la bonne idée de lui adjoindre un court-métrage de 27 minutes, intitulé LE NAUFRAGE, tourné au même endroit avec le même personnage principal (joué par Vincent Macaigne), pour en faire un "film" de 1h23 (d'une durée donc tout à fait décente) intitulé UN MONDE SANS FEMMES, comme le plus long des deux. Sauf qu'ici, à Vesoul, on ne nous a passé que celui de 50', au plein tarif bien entendu.

Lorsque, en début de projection,  je suis allé expliquer qu'il y avait une "première partie partie de programme", il m'a d'abord été répondu que "non non, il n'y avait rien d'autre, mais qu'on allait voir..." puis, quand je suis allé réitérer ma demande, à la fin, on m'a répondu que "oui oui il y avait bien un autre film, et que le projectionniste allait le lancer..." Je reviens donc dans la salle pour annoncer aux spectateurs, étonnés et interrogatifs,  que la première partie allait, finalement,  nous être projetée en deuxième partie (mais bon, c'était mieux que rien)...

Et c'est alors qu'a (re)démarré ... Un monde dans femmes (de 50'), celui qu'on venait de voir... On est re-sorti (enfin, je) pour expliquer la situation, et il m'a été dit que "effectivement il y avaitbien  deux fichiers "un monde sans femmes 50" et "un monde sans femmes 20..."", mais le petit projectionniste est venu dans la salle pour nous expliquer que, bien qu'ayant des noms différents, les fichiers étaient les mêmes (c'est donc une erreur de la maison de distribution quand elle a envoyé le(s) fichier(s)...
Tout le monde a donc été renvoyé sans autre forme de procès, ni de remerciement, ni de dédommagement d'aucune sorte, et la discussion a tourné court lorsqu'il nous a été assené que le film avait été annoncé avec une durée de 58', et que seule l'association de cinéphiles qui avait choisi de projeter ce film savait qu'il y avait un court-métrage en première partie (ce qui était l'exact contraire de ce qu'on venait de dire, puisque l'existence de deux fichiers avait été auparavant admise et reconnue...)
Non, il n'y aurait pas d'occasion de voir Le naufragé (la fameuse première partie), non, il n'y avait pas dé geste commercial à faire...
L'erreur est humaine, mais la mauvaise foi est insupportable.

un monde sans femmes

Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 384 511