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lieux communs (et autres fadaises)
7 janvier 2023

les ours

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RMN
de Christian Mungiu

Premier film de l'année, donc. et qui donne plutôt bien le ton et le mood.(Ambiance générale froid dans le dos). Transylvanie (rien que le mot, déjà, fout un peu les chocottes). Le film annonce la couleur dès le prégénérique : les dialogues en blanc sont en roumain, ceux en jaune sont en hongrois, et ceux en rose sont "d'autres langues" (l'allemand et le français, mais aussi l'anglais le sri-lankais), pour souligner la pluriethnie du village où revient Matthias (incarné par le sexy l'impressionnant  Marin Grigore).
Le film est très noir, l'image que donne le réalisateur de ses compatriotes est peu flatteuse (mais celle du personnage français "payé pour venir compter les ours" ne l'est pas davantage). C'est du cinéma roumain pur jus (comme j'aime, donc) avec deux scènes d'anthologie : un plan-séquence hallucinant dans la salle des fêtes municipale ou chacun/chacune va s'écharper sur le sort de de trois nouveaux employés à la boulangerie industrielle locale (ils sont sri-lankais et les autochtones (hongrois et roumains) ne "souhaitent pas qu'ils touchent leur pain (j'ai pensé au sketch de Fernand Raynaud, il y a très longtemps, sur le même sujet) et une scène finale aussi nocturne qu'opaque, qui a fait s'interroger chacun.e des spectateurs.trices (et ça, c'est bien, de susciter ainsi les questionnements et les émissions d'hypothèses à la sortie de la salle, oui, tout le monde était perplexe...)
Un grand film (qui aurait intégré le top 10 20 30 si je l'avais vu avant le 31 décembre, et que donc j'inscris en premier pour celui de 2023...)

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j'ai décidé qu'en 2023 je serais plus concis, et ne chroniquerais d'ailleurs pas forcément tous les films in extenso, même si je continuerai d'en tenir le décompte précis...)

6 janvier 2023

avant que l'ombre

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CARAVAGE
de Michele Placido

Celui-là, il s'en est fallu de peu qu'on ne l'aie, très en avant-première, pour notre SETTIMANA ITALIANA... Bon là on l'a en sortie nationale (deux séances en VO quotidiennes!) et donc il fallait que j'aille voir de quoi il retournait. Je l'ai déjà dit et je le répète, je ne suis pas, a priori, un grand amateur de biopics (mais bon je me souviens que j'avais été plutôt séduit par le MICHEL-ANGE de Konchalovsky...)
Quelques jours après GODLAND, voici un nouveau film bilingue, transalpin cette fois, puisque si réalisateur et acteur principal italien, le générique affiche aussi Louis Garrel (qui me semble-t-il parle italien), et Zaza Huppert (qui joue une Contessa, comme dans le récent EO de Skolimowski, mais qui elle a tourné en français, puis a été doublée ensuite en italien.
C'est le vigoureux -et talentueux- Ricardo Scamarcio qui incarne ce fameux Caravage, peintre et amateur de bas-fonds, artiste talentueux et brigand invétéré, le personnage appelle la curiosité, ainsi que son appétence pour les "pauvres", les gens du peuple, les déshérités (les prostituées aussi) qu'il utilise comme modèles dans ses tableaux à caractère religieux, sans oublier les "jeunes gens" dont il semble faire une consommation régulière (mais le film restera pudiquement très "grand public" puisque l'on n'y verra pas l'ombre d'une QV, à part celles peintes par l'artiste bien sûr)...
Il a été condamné pour meurtre, attend l'absolution (la clémence, le pardon) du Pape, se cache donc en attendant, mais voilà qu'il est poursuivi par l'Ombre, un genre de détective privé mandaté par l'Inquisition qui doit trancher ou non s'il doit être papalement pardonné ou pas... Et c'est -surprise- Loulou Garrel qui s'y colle, mâchoires serrées, et on n'a pas l'habitude de le voir en méchant très méchant comme ça...
C'est du grand spectacle (l'écran d'ailleurs est rempli au max, à ras bord) et le récit du pourquoi et du comment, a priori assez simple, est complexifié par la structure du film qui enquille et télescope les sauts temporels (mais le réalisateur a la gentillesse de nous préciser à chaque fois le lieu et l'année).
Il y a des bas-fonds, des truands, des catins, des clairs-obscurs superbes (le chef-op' a chiadé les éclairages à la Caravage, justement), des pontifes patelins et d'autres qui le sont moins, des rapières qui ferraillent, des estafilades (ou plus grave) en gros plan, des saints et des Madones, des corps d'hommes en petite tenue, et des tableaux du Caravage, justement, en veux-tu en voilà... bref, on sort de là content (même si avec l'arrière-pensée qu'on a vu un trux un peu formaté).

 

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"L’histoire qui nous est contée du Caravage participe, dans le film, à l’élaboration progressive d’une large fresque qui épouse les contours, le grain, les couleurs et les clairs-obscurs de l’œuvre du peintre. Mais qui, aussi, restitue la misère, la saleté, la violence et la beauté qui, parfois, surgissent au milieu du chaos. Malgré quelques postures théâtrales et certains traits esthétiques empesés, ce parti pris parvient à protéger le film de l’académisme fréquemment adopté en pareil exercice." (Le Monde)

"Des dangers de la truculence : soucieux de ne pas soumettre à un traitement trop léché le subversif Caravage, qui déclarait "je cherche le réel", Michele Placido signe une cinecittàde débordante de crasse académique, de rousseur généralisée, et de Contre-Réforme hypostasiée." (Les Cahiaîs)
euh... "contre-réforme hypostasiée"...  ça c'est bien les Cahiaîs hihi...

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5 janvier 2023

doigts

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LES BANSHEES D'INISHERIN
de Martin Mc Donagh

Une déception. Une belle déception, mais une déception quand même. Après BONS BAISERS DE BRUGES et 3 BILLBOARDS (sans oublier 7 PSYCHOPATHES, vu sur mon ordinateur), j'étais en droit d'en attendre plus. Impatient.
Un point de départ à la Nathalie Sarraute (POUR UN OUI POUR UN NON) : deux amis de longue date sont soudain séparés parce que l'un (Brendan Gleeson) ne veut plus entendre parler l'autre (Colin Farrell) (à noter que le réalisateur reforme ici le couple gagnant de BONS BAISERS DE BRUGES). Et c'est tout.
Le premier vit avec son chien, le second avec son poney (et, accessoirement, sa soeur). Colm, Padraic et Siobhan (nous sommes en Irlande, en 1923, sur une petite île plus précisément, tandis qu'au loin -de l'autre côté de l'eau- tonne la guerre civile.)
Le réalisateur nous la joue irish, irishissime même.Avec une galerie de portraits attachants / attendrissants des locaux (le fils du flic, le flic, le curé, le patron du pub, sans oublier la banshee du titre -en fait il n'y en a qu'une-). Mais bon, assez rapidement, ça patine... C'est vrai que sur une petite île, on tourne assez vite en rond, et c'est donc un peu ce que fait le film.
Et puis cette histoire de doigt(s) coupé(s) n'arrange pas les choses.
J'ai trouvé ça extrêmement triste (moral dans les chaussettes et tout ça), une dame à la sortie a dit à son mari qu'elle était "totalement bouleversée". Moi j'étais surtout dépité

J'ai pensé à
"Avoir un bon copain
Voilà ce qu'il y a de meilleur au monde
Oui, car, un bon copain
C'est plus fidèle qu'une blonde..."
mais ça n'avait pas grand-chose à voir...

Il y a vraiment des scènes magnifiques (j'ai adoré les scènes de confession), des personnages touchants, des acteurs à complimenter, des intentions louables, mais voilà ça n'a pas suffi (j'avais voulu le voir tout de suite au cas où il aurait dû figurer dans le top 10 et quelques, mais non.)

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et j'en suis un peu tristounet, donc, à dire vrai.

4 janvier 2023

anthracite

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LE PARFUM VERT
de Nicolas Pariser

Une plaisante fantaisie. Mi-Hitchcock (période L'homme qui en savait trop) et mi-bd. Ceci aurait pu être dessiné par Floc'h... (voire Hergé, voire Swarte...).
Un acteur "de la Comédie Française" meurt en scène, empoisonné, sous les yeux d'un autre acteur ("de la Comédie française" aussi, joué par Vincent Lacoste, qui gagne ici un nouveau  premier rôle), un indice mystérieux communiqué juste avant de trépasser, une rencontre avec une auteure de bande dessinée un peu fofolle (actualisation -en contrepoint- de la "blonde hitchcokienne" typique, à laquelle la scène d'ouverture aura d'ailleurs fait au préalable un clin d'oeil -ou de chignon plutôt- plutôt appuyé, et qui, bonheur, est jouée par Sandrine Kiberlain, toujours aussi pétulante), tous les deux vont affronter une organisation mystérieuse, un méchant tout aussi mystérieux, collectionneur "d'images de rongeurs en BD",  avec l'accent allemand (qui fut, tiens,  un de mes amours de jeunesse au cinéma, c'est Rudiger Vogler, le réparateur itinérant de matériel de projection cinématographique dans le toujours aussi beau AU FIL DU TEMPS de Wim Wenders, mais bon il a lui aussi, désormais, une bonne cinquataine d'années de plus...), une conspiration, une tueuse à gages, un mcguffin, une course-poursuite dans un train, quelques assassinats, un suicide, jusqu'à une représentation de l'Illusion Comique (de Corneille), sous tension et sous écoute, et puis une plutôt happy end, la boucle est bouclée (à moins que, comme nous le suggère la dernière image, il  puisse y avoir un PARFUM VERT 2 ?), le contrat est rempli, les personnages sont contents, et le spectateur aussi (il y avait -effets vacances oblige ?- un nombre inhabituel de spectateurs dans la salle.) Le réalisateur s'acquitte avec tous les honneurs de la tâche qu'il s'était fixée, lui aussi semble s'être fait plaisir, en réussissant tout de même à parler d'Europe, de géopolitique et d'antisémitisme...
Du beau travail propre, du beau linge minutieusement repassé. Rien à redire (et pourtant beaucoup de critiques ont chichité et ci et ça... et auraient  bien mérité que je remonte la machine à gifles de la cave...) C'est le genre de film qui fera plaisir à être revu, histoire d'être attentif à toutes les multiples  références qui s'y nichent.

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3 janvier 2023

sel d'argent

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GODLAND
de Hlynur Pálmason

Ce nom me disait quelque chose... Je gougle donc  et bingo! Du même réalisateur nous avons déjà programmé le très beau UN JOUR SI BLANC, l'année du conconfinement (et beaucoup aimé, critique ), et on retrouve d'ailleurs son acteur principal, Ingvar E. Sigurdsson. Autre point commun entre les deux films, dans le premier on (re)construisait une maison, dans celui-ci c'est une église qu'on bâtit, mais tout aussi en bois...
Après deux légères déconvenues préalables (non seulement le film est projeté en salle 2, mais il semble avoir été tourné en 16mm, ce qui donne une petite imageounette carrée aux coins arrondis...), on s'embarque dans cette histoire doublement dialoguée en danois et en islandais (même si à l'oreille on ne fait pas la différence, la police des sous-titres sera là pendant out le film pour nous le préciser).
Un film en deux parties nettes (comme les deux langues qui le soutiennent), sur un jeune prêtre (danois) amateur de photographie (on est tout au début de cet art, et le matériel utilisé est affreusement lourd), qui est envoyé (par ses supérieurs) tout au nord de l'Islande très loin tout là-bas pour y construire une église (impérativement avant l'arrivée de l'hiver), et on lui fournit les services d'un guide du cru qui lui ne parle que l'islandais (tandis que le prêtre ne parle que danois) dans un voyage (au long cours) à cheval, une véritable expédition, mais comme vue par le petit bout de la lorgnette, vu la taille de l'image, et la distance à laquelle les personnages sont filmés. Un voyage dantesque.
Puis le voilà qui se réveille dans la maison d'un homme qui vit avec ses deux filles, après avoir dormi un certain temps (la construction de l'église a bien avancé...). Le personnage du jeune curé n'es pas vraiment sympathique, et, d'ailleurs, plusieurs personnages dans le film déclarent ne pas l'aimer (c'est vrai qu'il ne fait rien pour...) Après la première partie itinérante (j'ai pensé aux films d'Herzog avec Kinski, ou, plus proche, à LA LEGENDE DU ROI-CRABE) la seconde moitié du film pourrait sembler plus planplan, plus "convenue", plus... habituelle, mais non, au contraire. Il sera question d'affrontement, de plus en plus violents, de plus en plus frontaux. Entre hommes. Et les hommes de là-bas ont des comportements virils. Il sera aussi pas mal question de chevaux (comme ça l'avait été dans un autre film islandais de 2014, DES CHEVAUX ET DES HOMMES, -avec, je le découvre, le même acteur principal ! (Ingvar Sigurdsson)-, ça doit faire partie de l'ADN islandais.)
A partir de la scène que je nommerai "de la confession", tout l'enchaînement des dernières séquences du film m'a ravi. Avec, comme on l'avait déjà vu dans son film précédent, des références plastiques fortes à propos du passage du temps...
Un film qui reste juste à l'entrée du top 10 20 30 à cause de la salle 2 du Victor Hugo (mais si on le programme dans le bôô cinéma, on pourra toujours en reparler...)

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22 décembre 2022

dans la forêt

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COMA
de Bertrand Bonello

Quel plaisir d'avoir des nouvelles de B.B!
2016 : NOCTURAMA (2h10), 2019 : ZOMBI CHILD (1h43), et 2022 : COMA (1h20)
Ce qu'on pourrait considérer comme une trilogie sur l'adolescence (ce que sembleraient confirmer les sous-titres de la première partie), de plus en plus anxiogène(s) et de plus en plus court(s). Le splendide NOCTURAMA fonctionnait d'après une narration plus "normalisée" (quoique, quand on voit le film pour la première fois, on a un peu de mal à comprendre du premier coup ce qui se trame dans la première partie du film (l'"avant")).
Ce COMA est beaucoup plus expérimental, et nous emmène très ailleurs, dès la scène d'ouverture. On retrouve la jeune actrice qui tenait le rôle principal dans ZOMBI CHILD,(Louise Labeque), désormais recluse dans sa chambre (on comprend qu'on est dans un futur plus ou moins proche où les gens ne peuvent plus sortir de chez, températures terrifiantes obligent) .
La demoiselle suit une certaine Patricia Coma (jouée par l'excellente Julia Faure, dont on re-connaît le visage sans pouvoir dire où est-ce qu'on l'a déjà vue...), qui officie semble-t-il sur y*utube (ou un truc qui lui ressemble), y délivre des bulletins météo affolants, vend des objets (un certain Révélateur dont il sera beaucoup question), et pose des questions, ou expose des situations, mystérieuses.
L'adolescente (qui est la seule du film à ne pas être nommée) fait des voyages (immobiles, sans quitter sa chambre) dans une forêt mystérieuse (très sombre et plutôt flippante), dialogue avec ses copines via zo*m, tandis que la narration est régulièrement entrecoupée par des extraits de sitcoms jouées par des poupées genre Barbie (et Ken), doublés par des acteurs et actrices connus (j'avais reconnu les garçons, mais aucune des filles), des soap-operas nunuches soulignés -ou pas- par des rires enregistrés. (J'ai pensé au scène "des lapins" dans le dernier David Lynch)
Oui, c'est très expérimental, désorientant, déstabilisant, mais on se laisse entraîner par la main dans la fameuse forêt qui fait peur, et il y a même des moments où on sursaute parce qu'on n'avait pas du tout prévu ce qui se passe (et d'autres où on se cache les yeux parce qu'on ne veut pas voir ce qui va se passer (mais qui heureusement restera hors-champ). Un film sur les adolecent(e)s, la place qu'elles occupent et les dangers qu'elles courent...
Bertrand Bonello s'adresse à se fille, nous explique, au début, qu'il lui a dédié NOCTURAMA, mais qu'elle ne l'a certainement pas vu, et s'adresse à nouveau à elle à la fin, de la même façon (des sous-titres silencieux sur des images absconses) pour évoquer une futur aussi noir et désespéré qu'inéluctable.
Glaçant.
Comme d'habitude Bonello s'est occupé de la musique (idoine) et on a même le plaisir de re-voir (après le film d'Honoré) Andrea Lazslo de Simone (qui est très dans l'air du temps) et un morceau du clip de son Immensita...

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21 décembre 2022

tuer un enfant

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BONS BAISERS DE BRUGES
de Martin Mc Donagh

Revu sur MUBI, avant de voir prochainement son nouveau LES BANSHIES D'INISHERIN, qui sort en toute fin d'année (et dont on dit le plus grand bien).
C'est toujours aussi bien.
Lire tout le bien que j'en avais pensé en -déjà!- 2008

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Bon c'est vrai que Colin Farrell y est un peu pour quelque chose mais pas que.
J'avais gardé le souvenir d'une comédie, mais c'est finalement plutôt mélancolique... (toute la deuxième partie, et la fin aussi)
Si vous ne l'avez pas vu et que vous avez envie de, je peux vous l'offrir ( + 1 semaine gratuite) via MUBI. Qu'on se le fucking dise!

20 décembre 2022

boîte à bébé

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LES BONNES ÉTOILES
d'Hirokazu Kore-Eda

Voilà encore un réalisateur  qu'on aime depuis des lustres (MABOROSI, 1995, AFTER LIFE 1998, furent, en leur temps, de véritables éblouissements), qu'on continue à suivre amicalement, même si sa production, régulière, festivalière ou non, est moins souvent juchée sur les cîmes de notre admiration béate (STILL WALKING, 2009, I WISH, 2O12) elle continue de nous intéresser, de nous toucher, de nous faire sourire, bref, c'est un cinéma qui fonctionne. Un réalisateur qui fait partie de nos habitués, partie de la famille, et c'est, justement la famille qui est le point central de sa filmographie...
Ici, il s'est délocalisé pour aller tourner en Corée (sans que ça change vraiment grand chose fondamentalement à son cinéma).
Cette fois il est question d'un bébé, et d'une boîte à bébé, devant laquelle puis à l'intérieur de laquelle il a été posé. et récupéré par deux hommes, le genre de bras cassé (pied nickelé) qu'on retrouve souvent chez le réalisateur... Les deux zigotos veulent revendre le bébé en question (qu'on va voir passer de main en main, plutôt placidement, pendant tout le film), sont rejoints par la mère du bébé en question (j'ai un peu piqué du nez à ce moment-là, donc je ne sais pas comment ça s'est fait...) Un trio donc, qui trimballe ce bébé, afin de lui trouver un couple d'aquéreurs. Ils ne le savent pas mais ils sont suivis par une fliquette du genre tenace et sa collègue, et vont progressivement se retrouver flanqués d'autres personnages, qui vont re-composer avec eux ce genre de famille déglinguée / recomposée / chère à Kore-Eda, ici tout particulièrement attachante, vi chacun de ses membres.
Le plus drôle, c'est que (mais ce n'était pas du tout un sommeil hostile) j'ai régulièrement piqué du nez, de ci, de là, mais sans vraiment perdre le fil de l'histoire (et en me disant que je retournerais le voir début janvier quand nous le passerons dans le beau cinéma...
Tel que, un très bon Kore-Eda, j'attends de l'avoir vu dans son intégrale intégralité pour moduler mon appréciation...

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19 décembre 2022

siffler empêche de pleurer

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ARIAFERMA
de Leonardo di Costanzo

Le revoilà (après sa découverte en avant-première dans notre SETTIMANA ITALIANA) en programmation "normale" (traduisez "six séances", d'autant plus complquées à voir que sur le tableau récapitulatif des séances à l'entrée du bôô cinéma, il n'y a pas d'ARIAFERMA, mais, à la place, un DALL'INTERNO...)
Je ne sais pas ce qui passe avec ce film, mais c'est comme si j'en étais amoureux... Déjà à la SETTIMANA, je suis venu aux trois séances, et là, simplement de revoir la bande-annonce j'avais déjà les yeux qui me picotaient. Alors j'y suis retourné.
J'aime ARIAFERMA (qui tombe à point, après SAINT OMER) parce que c'est "un film d'hommes", soit l'exact contraire du précité. Des hommes dans une prison, une vieille prison moche, des hommes en petit comité, ensemble, face à face, des détenus et des gardiens. A la tête des gardiens Toni Servillo, et à la tête des détenus, Silvio Orlando, deux superstars du cinéma italien, dont l'affrontement va se passer à fleurets mouchetés, simplement, en douce. Le gardien-chef reste de marbre, rigoureusment dans ses fonctions, tandis que "Don" (le parrain de la petite troupe des prisonniers) la joue mezzo voce, avec un apparent respect (et la même humilité) envers celui qui représente la loi et l'autorité dans ce microcosme mâle où d'ordinaire ça monte vite en pression.
Il y a entre, les deux, (c'est peut-être aussi pour ça que j'aime tant ce film) un jeune détenu, Fantaccini, qui a (re)fait une grosse connerie malgré son visage d'angelot, et revient donc à la prison (où les gardiens semblent le (re)connaître, et notamment le gardien-chef, Gargiulo (Servillo) dans l'attente de son jugement, et qui, étant le plus jeune, devient un genre de mascotte au sein de cette troupe virile et bur(i)née.
J'aime ARIAFERMA pour sa scénographie (tous les détenus ont été ramenés dans une aire circulaire (celle des nouveaux détenus), où vont, "théâtralement", se passer beaucoup de scènes importantes (notamment celle, extraordinaire, du repas, qui incarne, pour moi, ce qui pourrait se rapprocher le plus, au cinéma, du mot "fraternité"), il y a cette aire centrale, "l'agora", avec les cellules distribuées tout autour, et des portes verrouillées, derrière lesquelles des couloirs conduisent on ne sait pas toujours où (dans le film on passe beaucoup de temps à ouvrir, puis refermer, les portes à clé.
J'aime ARIAFERMA pour son sens du détail, concernant la majorité des personnages, leur donnant un peu d'épaisseur supplémentaire par un petit truc qui les caractérise (beaucoup d'acteurs sont non-professionnels, parmi les prisonniers et parmi les détenus), qui l'humanise (cette brute de Bertoni, par exemple, quand il fait semblant d'avaler son cacheton, ou qu'on le voit coudre à la main une genre de poupée de chiffon).
J'aime ARIAFERMA pour le personnage de Fantaccini, qui illustre de façon peut-être la plus forte la dualité de ces personnges, qui sont là parce qu'ils ont commis des crimes (dont, dans la majorité, on ne connaîtra pas la teneur), mais qui ont l'air, comme ça, en majorité "gentils", comme Fantaccini, qui apparaît comme une crème d'homme, alors qu'il a pratiquement tué un vieillard pour lui voler son portefeuille.
J'aime ARIAFERMA pour sa musique, aussi (les chants du début et de la fin, les séquences de percussions, et le magnifique Clapping Music de Steve Reich sur la scène de rangement après le repas, de "retour à la normale", qui culmmine avec cette montée en puissance sur un espace vide et désormais silencieux (et éclairé).
J'aime ARIAFERMA pour toute ses scènes en extérieur, que ce soient les plans sur la prison où les paysages environnants, resituant ainsi ses (petits) personnages dans un contexte géographique précis et démesuré.
J'aime ARIAFERMA parce que j'ai avec ce film un rapport secret (et inexpliqué) qui fait qu'à la quatrième vision j'ai toujours autant les larmes aux yeux (mais des "bonnes larmes", des larmes de joie, pas des larmes de tristesse, au contraire) et qu'il prend sa place sur l'étagère de mes "films de chevet", à côté de FIRST COW, entré l'année dernière (et qui était aussi, tiens, une histoire d'hommes...)

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18 décembre 2022

la mer la nuit

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SAINT OMER
d'Alice Diop

Voici un film qui m'a laissé perplexe (ainsi que d'autres spectatrices, puisque j'étais le seul garçon parmi la dizaine que nous étions), avec tout un tas de questions en suspens, à la fois sur ce que le film racontait et sur l'effet qu'il me produisait (avec un certain étonnement à propos du fait qu'il représente la France aux Oscars, tellement il me semble être un film intime...). J'ai tranché, en sortant, que c'était un "film de filles", centré sur le rapport mère/fille (sur la maternité aussi) et donc c'est pourquoi j'en suis resté relativement à distance...
Alice Diop je ne la connaissais que grâce à un film, le beau NOUS qu'on a programmé dans le cadre du festival  Diversité (et qui figure d'ailleurs dans mon Top de l'année).
Il est question d'une jeune femme... (de plusieurs jeunes femmes, de plusieurs femmes tout court) une jeune écrivaine, qu'on rencontre au début du film en famille, puis qui part assister au procès d'une femme femme jugée pour avoir tué sa fille (en l'abandonnant sur la plage la nuit à marée montante), et on va alors assister à un gros bout de procès, non-stop (une juge, une avocate de la défense, seuls l'avocat général et les gendarmes sont des hommes), où elle va faire la connaissance de la mère de la prévenue. La prévenue en question est une jeune femme visiblement cultivée, peu bavarde, qui est incapable d'expliquer pourquoi elle a accompli ce crime, à part l'expliquer par la sorcellerie et le maraboutage...
L'audience est levée, on suit la jeune fille dans son hôtel, puis re-procès, et ainsi de suite. Sauf que, bizarrement, tout à coup, après la (superbe) plaidoirie de l'avocate de la défense, face caméra, les yeux dans les yeux, voilà que la réalisatrice laisse tout ça en plan et se désintéresse de l'issue dudit procès, pour se centrer juste sur la jeune écrivaine, qui est, elle-aussi, enceinte.
J'ai repensé au slogan de TROIS FEMMES de Robert Altman ("Une femme devient deux, deux femmes deviennent trois, trois femmes deviennent une.") sans être certain qu'il s'applique vraiment ici, mais bon  il y a un rapport...
Un film qui je qualifierais de poseur, parfois. Parfois aussi c'est magnifique. Mais je suis resté trop à distance.

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