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L'ARBRE AUX PAPILLONS D'OR
de Pham Tiên Ân
(vu le 28 septembre)
Bon, on avait envie de le programmer, j'ai donc souhaité aller me rendre compte sur place. Il passait au Victor Hugo, en sortie nationale et (je croisais les doigts, je n'avais pas posé la question, j'ai lu ce qui était écrit sur le billet -bonheur-) en salle 1!
Caméra d'or, caméra d'or... mouais! Je vais être très franc : je me suis beaucoup ennuyé, j'ai trouvé le temps trèèèès long. On était 6 dans la salle au début, on n'était plus que 4 à la fin : ma voisine de gauche a quitté la salle au bout d'une heure, tandis que celle de droite l'a fait à une heure de la fin... (ce qui créait un genre de symétrie).
Dominique a l'habitude de parler de "film à 2 de tension", mais là c'est carrément à 0,2 qu'il faudrait descendre...
(Et pourtant...)
Le héros est un jeune homme en scooter, Thien, qui, après l'accident qui a causé la mort de sa belle-soeur (dans la scène d'ouverture), va d'abord prendre en charge le corps de celle-ci, puis son jeune fils (qui a "miraculeusement survécu") pour finir par le confier à une école de bonnes soeurs, avant de (re)partir, toujours en scooter, à la recherche de son frère ainé, Thân, mystérieusement disparu des années auparavant...
Ce qui m'a gêné, dès le début, et dont j'ai eu beaucoup de mal à faire abstraction, c'est qu'il est beaucoup (beaucoup!) question de foi, de Dieu, de messe (d'enterrement), de cathos (oui, on apprend qu'il existe une minorité chrétienne au Vietnam) de prières, alors que c'est pour moi une problématique plutôt rebutante (= ça ne m'intéresse pas, ça ne me concerne pas, je suis farouchement athée).
Donc le début a été pour moi d'autant plus éprouvant que j'y ai, à plusieurs reprises, piqué du nez (je sentais carrément ma tête qui tombait en avant, preuve que j'essayais de résister) et dormi -par intervalles- assez copieusement.
Plus tard, lorsque j'étais éveillé, j'ai regardé ma montre à plusieurs reprises (en temps subjectif, c'est comme si le film avait duré trois fois plus que Jeanne Dielman!!!)
A partir du moment où j'ai "repris conscience" (pourquoi m'endors-je toujours au début des films?) je me suis intéressé davantage à ce que je voyais sur l'écran... j'ai trouvé que le scooter -du jeune homme- était une bonne image de la progression du film, une métaphore assez juste. Un moyen de locomotion qui permet parfois d'aller vite et de filer sur une route droite et facile, mais qui parfois a du mal avec la nature du terrain (les ornières boueuses qui rendent la route glissante et difficilement praticable, obligeant même parfois le conducteur -le réalisateur- a poser le pied par terre pour pouvoir continuer d'avancer...), voire carrément tomber en panne. Scooter en panne, film en panne ? oui oui voilà.
Sauf que, bizarrement ce fut exactement l'inverse : une très jolie scène "narrative" et un peu décalée, où, justement, le scooter du jeune homme tombe en panne, est immobilisé sur le bord de la route et est secouru par un autre jeune homme en scooter, une scène filmée d'un peu loin, en plan large, où la caméra s'immobilise et observe: une succession de virages, les deux scooters arrêtés, les dialogues échangés entre les deux hommes, et les autres véhicules qui continuent de passer, faisant parfois juste un écart pour éviter les deux scooters. Et voilà une scène "terre-à-terre" où l'on se sent bien.
Et c'est vrai que je me suis senti bien mieux dans cette seconde partie. Des plans-séquences somptueux, parfois rectilignes parfois plus complexes, des cadrages précis, avec des encadrements (et des recadrages) très beaux. Où la métaphysique et la problématique de la foi font place à une narration en apparence plus simple (la longue et magnifique séance où le jeune homme est sur le point de voir enfin son frère), et une très belle séquence finale, au fil de l'eau pourrait-on dire...
De quoi juste donner des regrets.
Il ne me reste qu'une solution : c'est de retourner le voir lorsque nous le programmerons dans le bôô cinéma, "prochainement", et de pouvoir ainsi, peut-être, réviser mon jugement, et d'avantage m'enthousiasmer ??
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L'ARBRE AUX PAPILLONS D'OR
de Pham Tiên Ân
(revu le 15 décembre)
Chose promise chose dûe. A force de patience et d'obstination nous avons réussi à ce que ce film (Caméra d'or, pourtant) soit -enfin !- programmé dans le bôô cinéma (pour quatre séances, durée oblige!), soit quand même près de trois mois après sa date de sortie...
Anticipant la chose, j'ai fait une sieste avant d'aller au cinéma, et, miracle, ça a été efficace, puisque je n'ai pratisuement pas piqué du nez du tout (ah si, une seule fois, quand le grand-père parle de sa guerre), et, donc, j'ai vu le film dans son intégralité, en réalisant, par exemple que je m'y étais assoupi très tôt, et qu'il me manquait donc des éléments-clés pour la compréhension.
Le film s'ouvre sur un plan-équence époustouflant, on est tous bien d'accord là-dessus.
Il parle ensuite, dans sa "première partie" effectivement beaucoup de dieu, de religion, de foi, de messe, de défunts, d'âme, de paradis, ce qui continue de ne m'intéresser que très moyennement.
A partir du moment où spoil le jeune homme en scooter a confié le jeune garçon aux bonnes soeurs débute la deuxième partie, où le jeune homme cherche son frère, qui doit beaucoup lui ressembler puisque la jeune masseuse les a confondus...
Et je suis beaucoup plus à l'aise avec cette histoire-là. Une séquence sublime de déplacements sur route dans la brume -complètement silencieuse, où les lumières des phares des véhicules croisés deviennent des objets parfaitement fantômatiques (qui est sans doute pour moi la séquence la plus belle du film), puis un long flash-back où le héros joue à cache-cache dans les ruines avec une jeune fille qui s'avèrera spoil être la même que celle qu'il a retrouvée dans les ordres quelques années après, dans une autre séquence, avant, une autre séquence que j'aime (et que j'aimais déjà la première fois) beaucoup : celle où le scooter est en panne au bord de la route et qu'un autre conducteur de scooter vient l'aider, filmé de loin, en plan fixe, avant le dernier bloc narratif (qui débute après le discours -un peu fastidieux- de la grand-mère sur les âmes confrontées à l'odeur de pourriture terrestre), qui boucle le film d'une façon aussi magistrale que mystérieuse...
Un film souvent parfaitement enthousiasmant, mais un (jeune) réalisateur qui aurait dû avoir la force de réduire un peu la voilure de ses ambitions au niveau de la gestion du temps (avec une heure de moins, franchement, c'était tout à fait regardable...)