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lieux communs (et autres fadaises)
9 novembre 2021

t'es chiante à bitcher tout le temps

LES OLYMPIADES
de Jacques Audiard

Sous le charme. C'est vraiment l'état dans lequel j'étais à la sortie du film. Et Isa aussi (dont j'ai découvert à la fin de la séance qu'elle était assise juste derrière moi). Ce que nous ont aussi confirmé Dominique et Hervé qu'on a croisés dans le hall d'entrée.
Un très beau noir et blanc (j'ai dit et répété déjà tant de fois combien j''y étais attaché) qui m'a évoqué le cinéma de Garrel. Tout autant que la circulation des sentiments et leur (re) transmission au sein d'un triangle de personnages magnifiques : Emilie (Lucie Zhang), Camille (Makita Zamba) et Nora (Noémie Merlant) (incarné.es) par trois actrices.eurs tout aussi magnifiques. Auxquels on se doit d'ajouter, dans le quatrième angle de l'écran, Amber Sweet (Jehnny Beth) pour que la structure se stabilise et s'équilibre.Du noir et blanc, donc, des jeunes gens (dont une majorité de filles!) Céline Sciamma en co-scénariste, on ne le reconnaît plus ou presque notre Jacquounet Audiard d'ordinaire si sévèrement burné. Et du coup, je n'ai, pour une fois, absolument aucune réserve à l'encontre du film (réserves que j'avais presque à chaque fois à chaque fois vis-à-vis des opus précédents, à cause de cette visible fascination pour la violence qui me mettait mal à l'aise), contrairement à certain(e)s critiques (voir plus bas la machine à gifles*)
Le film est l'adaptation de trois nouvelles (graphiques me semble-t-il), et s'articule donc grosso-modo en 3 parties (A avec B, B avec C, et, alors que j'envisageais un C avec A, logique pour boucler la boucle, on passe à C avec D -avec, en guise d'épilogue, un dernier recours (retour) à A et B)- et hop! la musique de Rone ronronne une dernière fois et hop c'est le générique, qu'on suit avec un genre de sidération béate jusqu'à tout à la fin.
Ces jeunes gens qui s'aiment on vraiment tout pour eux (la frimousse, le corps, les fringues, les dialogues, les décors) et la caméra d'Audiard les suit avec enthousiasme (avec passion, allez). Un film à la fois moderne et intemporel (nonobstant la prolifération des signes "visibles" de ladite modernité (la lumière des écrans des portables, les sms, les applis, les sites de cul), le cinéphile happy serait quand même en terrain de connaissance, j'ai évoqué Garrel, mais on ne serait pas très loin non plus de Rohmer ou de Mouret, pour cette inflorescence de sentiment(s) amoureux, (infusion aussi, avec la notion du temps que ça prend pour que les saveurs se libèrent) où le marivaudage s'enracinerait dans un socle (un terreau) beaucoup plus physique (on baise beaucoup dans Les Olympiades, même si, paradoxalement, d'assez pudique façon (pas la moindre QV!), on parle beaucoup , aussi, de cul souvent, de désir presque autant, mais d'amour aussi quelquefois...

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Et je trouve ça injuste que ce film, infiniment séduisant, n'ait rien obtenu à Cannes. Ill le méritait.
(top 10 ?)

* machine a gifles :

"Si l’on se sent finalement peu concerné par l’issue des idylles des Olympiades, c’est qu’elles ressemblent bien trop aux prétextes d’un projet de mise en scène et de positionnement fabriqués, où les intentions positives affichées comptent finalement plus que les expériences traversées." libé

"Ultra-volontariste dans ce désir d’être en tout synchrone, le film peine à dépasser la simple accumulation des signes de l’époque. Et on glisse sur sa surface comme comme on swipe sur un écran tactile." les inrocks

8 novembre 2021

le petit adjudant

ALBATROS
de Xavier Beauvois

Xavier Beauvois, un coup en haut en coup en bas (c'est pour la rime, mais pas que). Depuis l'introductif -pour moi- (je n'ai jamais vu Nord) et peu aimable N'oublie pas que tu vas mourir (que j'avais trouvé très fort) sa carrière cinématographique fut, pour moi, en dents de scie, entre films pas vus et films adorés.
Déjà, je n'en avais pas vu (heureusement) la bande-annonce, qui avait fort agacé Emma & Dominique car, selon elles "elle racontait tout le film". J'en savais donc ce que tout le monde en sait : un gendarme tue un paysan par accident. Et rien de plus. Mais ce n'est qu'une partie du film. Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre pour le reste.
Mon film préféré de Beauvois, c'est sans doute Le Petit Lieutenant, qui n'est pas sans ressemblances avec, justement, celui-ci : des flics vus par le petit bout de la lorgnette, le quotidien d'une brigade, les flics au naturel, et puis, au milieu, une mort violente qui fait tout basculer, remet tout en question(s). Dans l'autre film c'était Nathalie Baye (excellente) qui essuyait les plâtres, ici c'est (le  toujours juste) Jérémie Rénier. j'adore ce genre de film "en immersion chez nos amis les flics" (L627, Polisse, Perdrix...)
Je dois préciser qu'en sortant je suis allé voir cette fameuse bande-annonce sur y*utube, et, c'est vrai, mes copines avaient raison, tout le film y est (même cette image que j'ai trouvée particulièrement touchante).Pas très bon point, mais le réalisateur n'y est pour rien.
J'ai beaucoup beaucoup aimé le film, que j'ai trouvé -ensuite- être un peu à double-fond : la compagne et la fille de Jérémie Rénier dans le film, ce sont celles de Xavier Beauvois dans la vie...  Et cette même compagne, non contente d'en être l'actrice principale, est aussi la monteuse du film. Ah ah.
Ensuite, il s'avère que ce (beau) personnage-pivot  de paysan (dans le film) est joué par un vrai paysan, dans la vie, recruté sur casting. L'homme s'appelle Geoffroy Séry (et c'est ma foi un fort bel homme, - oui je sais oui, je suis en ce moment extrêmement sensible à la beauté des travailleurs, mais qu'y peux-je ?-...). Ce paysan dont la mort va provoquer "un sacré ramdam" (dixit le supérieur de notre gendarme, qui, m'a dit Dominique, est lui aussi un vrai commissaire.)
L'adjoint de Jérémie Rénier est interprété par Victor Belmondo (le petit-fils de qui-vous-savez) ce qui pour moi est plus anecdotique, même si davantage relayé par les médias à propos du film de Xavier Beauvois.
Et le même Xavier Beauvois s'offre un cameo (en forme de clin d'oeil) en pochetron insulteur de flics.
Le film va suivre le double mouvement du ressac (le flux et le reflux), marée montante dans une première partie presque idyllique (familialement parlant, tout du moins), qui va ensuite, après son point culminant, se retirer violemment ("avec perte et fracas" ne sera pas ici de trop). Et remettre en question à peu près tout ce qu'on aurait pu tenir pour acquis tout au long de la souriante première moitié. Où la mer était déjà fort présente (candide, je me demandais un peu le pourquoi de cette insistantce de la part du réalisateur, j'ai compris par la suite).
Le père en mer, sur son petit voilier, la mère et la fille restées à quai, chacun.e va devoir gérer sa vie et son quotidien sans l'autre. Embarqués nous sommes et jusqu'au bout nous le resterons (j'avoue que pendant un certain moment j'ai appréhendé le pire, mais non non, le -joli- happy end est au rendez-vous. De façon, pour moi, presque inattendue. Et presque trop happy pour être vrai.
Après, il est vrai (justement) un plan, en plein milieu d'une furieuse tempête, qui restera pour moi "le" plan sublime de ce film (dont on entraperçoit même une image dans la bande-annonce) et dont j'ai eu du mal à parler à Manue sans avoir aussitot les yeux mouillés.
Très beau travail.
(top 10 ?)

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Geoffroy Séry et Jérémie Rénier

2 novembre 2021

strictement opérationnel

IL N'Y AURA PLUS DE NUIT
d'Eleonore Weber

Ouverture du Mois du Doc (enfin, officiellement c'est le 1er novembre, hein) : un doc comme j'aime, c'est à dire qu'il ne ressemble pas du tout à un doc. Ou presque. Des images d'archives authentiques, enregistrées par les pilotes d'hélicoptères en zone(s) de combat(s), filmées de nuit par des caméras thermiques (de plus en plus perfectionnées, comme on le verra à la toute fin)) ont été visionnées, choisies, commentées, et sont présentées, avec l'accompagnement de la voix de (la divine) Nathalie Richard, qui dit un texte relatant les entretiens de la réalisatrice avec un pilote d'hélicoptère (Pierre V.), et ses réactions au visionnement des vidéos en question. C'est en même temps glaçant et fascinant, d'observer ces silhouettes lumineuses qui se déplacent, suivies par le viseur des mitrailleuses, avec les commentaires en direct des soldats, qui les suivent, parfois les perdent, les attendent, les retrouvent, et reçoivent l'ordre de les exécuter (ou pas), plus les commentaires dans le texte lu, etl'ensemble crée un univers à la fois virtuel et terriblement réel, la conjonction de tous ces éléments  est aussi hypnotisante que terrifiante.
D'autant plus que j'étais tout seul seul dans la salle.
Seul face à ce "théâtre des hostilités". Où la vie de ceux qui sont observés ne tient qu"à peu de choses. Même pas un fil. Un peu comme dans les jeux vidéo (que je ne pratique pas) on vise on tire et bam! sauf que là on ne marque pas de points (même si certains se congratulent, via la radio). Et sauf que là il s'agit de vrais gens (dont le tireur n'est jamais sûr qu'il s'agit de "vrais" terroristes) et de vrais morts ("c'est difficile de faire la différence entre un paysan qui porte une fourche et un djihadiste qui tient sa kalachnikov..."). les commentaires peuvent aussi être plus glaçants que les tirs qu'ils commentent...
Le geste de tuer, dans toute sa crudité (et "en toute objectivité"...).

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31 octobre 2021

goret

BARBAQUE
de Fabrice Eboué

Quand c'est un peu joli, c'est joliet, quand c'est un peu gentil, c'est gentillet, et quand c'est un peu gore, c'est goret (gorêt, plutôt), ce qui tombe bien ici puisqu'il s'agit d'un boucher qui dégomme des végans ("c'est des herbivores...") au fusil de chasse mais pas que, et les débite pour les servir dans sa boucherie (et les vendre, à des tarifs exorbitants sous l'appelation "porc d'Iran", à une clientèle sur le champ séduite et de plus en plus nombreuse, qui découvre sans le savoir les plaisirs de l'anthropophagie (c'est mieux que cannibalisme). Quelque part entre Hara-Kiri (toute ma jeunesse) et "Ma petite entreprise", le ton est donné...
Lui c'est Fabrice Eboué (qui réalise aussi), son épouse -et complice- c'est Marina Foïs. C'est la bande-annonce, découverte récemment dans le bôô cinéma, qui m'a donné aussitôt très envie de le voir. Et donc j'ai. Le problème, c'est que ladite bande-annonce survend le film, en racontant à peu près tout, et c'est dommage. Un pitch joliment tordu pour un traitement pas complètement à la hauteur (ni assez bête, ni assez méchant, en fait), un développement un peu paresseux (les autre pistes : problèmes de couple chez les bouchers, rivalité avec un couple de "bouchers industriels", semblent n'être là que pour étoffer un peu le propos et sont un peu mollement exploitées) pour un résultat en demi-teinte (et un dénouement un peu vite expédié -qui figure lui aussi dans la bande-annonce, ce qui est une erreur à mon sens-).
Un effet pervers est qu'à la sortie on a sacrément envie de manger de la bidoche (aaaah une bonne côte de boeuf) tout en étant quand même un peu écoeuré...
Devrait être projeté en triple programme avec GRAVE de Julia Ducourneau et l'étrange LES ANIMAUX ANONYMES de Jean-Baptiste Rouveure (découvert à Gérardmer), ce qui permettrait d'avoir trois points de vue (et trois éclairages) différents sur le même sujet : l'amour de la barbaque.

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30 octobre 2021

"le gel, le froid... ça vient..."

PASSE MONTAGNE
de Jean-François Stévenin

Le film, présenté à nos adhérents en soirée s'ouverture de saison, n'a pas fait l'unanimité (c'est un euphémisme) et c'est bien dommage, et j'en ai été d'autant plus surpris  que, pour ma part, c'est en quelque sorte un de mes films de chevet, un film-doudou, un compagnon de route, un film de référence(s) découvert à sa sortie et toujours aimé depuis...
Alors qu'on avait, en plus, la chance d'avoir un -passionnant- critique de Positif pour nous accompagner et mieux faire découvrir le film à celles/ceux qui ne le connaissaient pas (ce qui était visiblement le cas pour beaucoup de monde), et mon coeur s'est serré en voyant, dès que les lumières se sont rallumées, une hémorragie de spectateurs quittant précipitamment la salle (de peur qu'on ne les intercepte à la porte avec une kalachnikov pour les obliger à se rasseoir ?).
"Un film de feignasse" a lapidairement (et stupidement) résumé un -jeune- spectateur à l'issue de la discussion qui a suivi, ce qui m'a scandalisé mais bon je n'avais même pas le coeur à débattre.
Je suis, une fois de plus, resté dans la magie du film (pas revu sur grand écran depuis une éternité), j'ai trouvé que l'ami Stévenin y était toujours aussi craquant et le film aussi intriguant (même si je reconnais que les -trop longues- scènes de beuverie(s) n'y sont pas ce que je préfère...)
Je l'ai donc re-regardé le lendemain en vitesse sur mon ordi et j'en ai fait quelques copies d'écran, pour le plaisir...


*

PASSE MONTAGNE :

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un film débraillé

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un film où on marche dans la brume au petit matin

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un film où on "regarde ensemble dans la même direction"

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un film avec un oiseau en bois

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un film de détails

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un film où on mange et on boit (bien)

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un film où on n'hésite pas à s'embourbe (à s'enneiger plutôt)

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un film où on n'hésite pas à sauter par la fenêtre

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un film où on se poursuit comme des mômes

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un film où on marche dans la neige

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un film où on ne ménage pas ses efforts

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un film avec une combe magique

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un film où on boit (un peu) l'eau du bain

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un film avec une tronçonneuse...

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un film où on prend la tangente...

*

28 octobre 2021

affirmatif

LA TROISIEME GUERRE
de Giovanni Aloi

Quoi de neuf sur la guerre ? pourrait-on dire comme Robert Bobert, après avoir vu récemment MON LÉGIONNAIRE, et avant les prochains IL N'Y AURA PLUS DE NUIT et NOTTURNO, dans le bôô cinéma s'empilent désormais les casques  et les treillis. J'ai eu envie de revoir "en vrai" sur grand écran, ce film que j'avais vu en petit sur mon ordi (et en avant-première) "il y a un certain temps", quand on était confiné (soupir...) dans le cadre du Festival du Polar de Reims.
Anthony Bajon (excellent comme d'hab', avec sa bonne tête de poupon jouflu) est au centre de cette histoire, en incarnant Léo, un jeune homme engagé volontaire, qui se retrouve à patrouiller dans les rues de Paris, dans le cadre du plan Vigipirate après les attentats de 2015, en compagnie du toujours bon Karim Leklou (très impressionnant ici avec son crâne rasé) sous les ordres du sergent Leila Bekthi (elle aussi très bien). Notre trio patrouille, avec ses armes de guerre, scrute, zyeute, observe, dans un décor parisien très quotidien et très banal, qui va pourtant du coup devenir de plus en plus anxiogène, de par l'acuité du regard de ces trois observateurs aux aguets, à l'affût (désespérément, penserait-on presque) d'un colis suspect, d'un (ou plusieurs) hypothétique(s) terroriste(s), ou d'un tout aussi hypothétique attentat.
(Soeur anne ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?) le mot qui revient le plus souvent dans leurs observations est chelou. Tout est ainsi susceptible d'âtre chelou : un sac abandonné, un véhicule mal garé, un individu suspect, et donc de provoquer une demande d'intervention (qui, en général, a très peu de chances d'aboutir.). Le problème de ces militaires c'est qu'ils sont, paradoxalement, condamnés à l'inaction, à n'être que spectateurs.
Léo a intégré l'armée à la fois pour servir son pays et pour fuir sa famille (on comprend un peu pourquoi la première fois qu'on le voit revenir en perm), faisant en quelque sorte des mecs de la caserne et de ses potes de chambrée sa nouvelle famille, justement. Le film alterne les scènes de patrouille en extérieur (de plus en plus stressantes) et les scènes de "pause" (du dedans), du quotidien des bidasses (entre nettoyage des toilettes et parties de jeux vidéos), tandis que la caméra ne quitte pas Léo et semble scruter l'apparition des premières fissures, imperceptibles, mais qui ne vont aller qu'en s'agrandissant. Jusqu'au climax.
Anthnoy Bajon est, une fois de plus, fascinant, mais il est excellemment accompagné, je le répète, par Karim Leklou (impressionnant même quand il est peint en jaune) et Leila Bekhti (touchante de par son statut "particulier"de femme dans cet univers très viriliste et plutôt bas de plafond).
Il y aura beaucoup d'armes braquées dans la toute dernière (longue) scène du film, mais une seule balle sera tirée...
Impressionnant.

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si vous voulez rire un peu allez voir sur la page y*utube de la bande-annonce
(il semble que ces bérêts aient provoqué des flots d'indignation (et des cris d'orfraies) chez les vrais "spécialistes", qui s'épanchent sans fin (on dirait une armée de trolls) en une longue litanie de récriminations viriles et jérémiades idem ...). il semblerait qu'un bérêt (comme un bleu-bite) doive obligatoirement être formé.

26 octobre 2021

angoulême

ILLUSIONS PERDUES
de Xavier Giannoli

Vu à la première séance avec Emma, sans rien en savoir de plus que ce dont je m'en rappelais. (En 1966 avait été diffusé parl'ORTF, en 4 épisodes de 100 minutes chacun, un "feuilleton" -on disait comme ça à l'époque-, avec, dans le rôle de Lucien de Rubempré, le jeune premier Yves Rénier, dans le rôle de Coralie, Elizabeth Wiener, et dans celui de Mme de Bargeton -qui dans mon souvenir s'appelait Anaïs mais ici se prénomme Louise, Anne Vernon, et il y avait aussi François Chaumette (qui  à l'époque m'effrayait un peu) et Bernard Noël dans le rôle de Lousteau...) C'est d'ailleurs le seul contact que j'aie eu durant ma scolarité avec Honoré de Balzac...

Yves Renier

Anne Vernon Yves Renier

Bernard Noel

Yves Renier Elisabeth Wiener

C'est donc Xavier Giannoli (que j'aime plutôt bien, même si je ne connais pas si bien que ça la carrière, hormis l'excellent Quand j'étais chanteur, avec, déjà Gros Gégé) -qui a repris le flambeau, 55 ans plus tard, pour une nouvelle adaptation au casting plutôt... inoxydable (autour des jeunes amants Benjamin Voisin et Salomé Dewaels gravitent rien moins que Cécile de France, Jeanne Balibar, Vincent Lacoste, Xavier Dolan, Jean-François Stévenin, Louis-Do de Lencquesaing, André Marcon, Gérard Depardieu... Waouh!
2h30 de Balzac en costumes et en mots notamment (une voix-off qu'on n'identifiera qu'à la toute fin, qui, bien qu'utilisant je suppose les mots que lui prêta Balzac, réussit régulièrement à résonner très contemporainement (oui, faire echo, n'y est-il pas question, par exemple, d'un banquier devenu président, ou, même d'un canard... enchaîné ?) et c'est assez drôle d'entendre comme les mots de Balzac peuvent sonner cruellement juste (une scène d'anthologie de critique littéraire entre Lousteau et Lucien).
Lucien, un modeste jeune provincial d'Anhoulême (né Chardon mais aspirant à de Rumbempré -le nom de sa mère)  "monte" à Paris pour y suivre une  nobliaute elle aussi de province, Madame de Bargeton, avec dans sa poche un recueil de poèmes dédiés à sa protectrice (Les marguerites) qu'il compte bien faire éditer et qui, pense-t-il lui apportera la gloire et la richesse.Ils y sont suivis par le baron du Châtelet, amoureux transi de la dame, et vont bientôt se frotter à la puissante marquise d'Espard, qui va prendre en main l'éducation parisienne de Mme de Bargeton (une soirée mémorable -cuisante pourcertain(e)s- à l'Opéra), en l'amenant notamment à cesser de fréquenter Lucien (pour son bien et sa "renommée")... Celui-ci fait dans un premier temps l'apprentissage à la dure de cette fameuse "vie parisienne" et va rencontrer un journaliste sans scrupules et sans états d'âme, Lousteau, qui va lui mettre le pied à l'étrier dans ce monde de la "presse à scandales" (finalement pas si éloigné de nos actuels magazines people et autres réseaux sociaux) dont il va rapidement -avidement-) gravir les échelons. Mais (pour filer la métaphore escaladatoire (ou hippique), "plus dure sera la chute"...).
Un film historique, en costumes donc, très précisément reconstitué, qui nous  fait follement virevolter, entre la petite histoire (splendeurs et misères de Lulu de Rubempré) et la"grande" (royalistes vs libéraux), entre mondanité(s) et intimité, entre richesse et déchéance (le fameux quart d'heure de gloire warholien y est dépeint avec acuité) où notre bel inconscient plein d'illusions (d'où le titre) fera les frais d'un jeu cruel dont on apprendre in fine par qui il a été organisé (au bowling social, il s'agit véritablement d'un strike, ou comment, en une seule soirée, faire voler en éclats une apparente réussite, sans pitié, et en se réjouissant de la chute -la déchéance- de son adversaire terrassé).
Les 2h30 du film passent sans effort (ni d'ailleurs que j'y aie la moindre velléité de m'y endormir, c'est dire), les actrices et acteurs s'y donnent sans compter (et à coeur joie), notamment notre duo de duchesses (Cécile de France comme sortant du Mademoiselle de Joncquières d'Emmanuel Mouret, tout en soupirs et en regards baissés, accompagnée à grands froufrous de "la" Balibar, absolument, divinement grandiose, dans ses atours et son maintien de paonne) mais tous, vraiment, y sont au diapason (Lacoste démontrant sans effort, une nouvelle fois, combien il est excellent, face au benjamin Voisin, découvert dans le Eté 85 de Françoi Ozon, que je n'aie -aïe- toujours pas vu).
On est au bal mondain. Du beau monde, du beau linge, des belles ritournelles, un ballet virevoltant (endiablé) étourdissant, Honoré en eût sans doute été flatté, de se voir ainsi adapté (adopté), en Cassandre de la presse en général et des critiques -littéraires et cinématographiques- en particulier. Quel beau ramassis de pourris, même si tout ce beau linge est impeccable (je ne vais pas mettre en pratique les théories lacostiennes sur la critique en ajoutant   "peut-être trop... ", non non), bref c'est du cinéma aussi classique que classieux. Qui m'a paru correspondre assez fidèlement au(x) souvenir(s) vague(s) que j'avais des Illusions perdues de mon enfance...

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Et tiens, cadeau, je ne résiste pas au plaisir de vous recopier le bout de "critique" des Inr*ocks dans allocin*oche :
"Le film est desservi par la plupart de ses acteur·trices, qui n’habitent que maladroitement leurs rôles et donnent à l’ensemble un air de mascarade parodique, exécuté en pilote automatique selon les standards boisés et jaunis de l’adaptation littéraire confortablement produite."
Et toc!
Et je concluerai en citant, en réponse, un extrait des dialogues du film :
"C’est juste une façon d’esprit à prendre… Si le livre est émouvant, tu dis qu’il est larmoyant. S’il est léger, tu dis qu’il est frivole. S’il propose des idées, il manque de chair. S’il a un style classique, il est académique… Tu peux t’en prendre à la longueur, aussi. Tout est toujours trop long…"

(Les critiques n'ont pas apprécié qu'on critique la critique, hihihihi)

 

25 octobre 2021

toréador prend gaaaaaaarde

CAR/MEN
Mise en scène de Philippe Lafeuille
Compagnie Chicos Mambo

Deux jours après UN POYO ROJO, retour au Thé V' pour mon deuxième spectacle de la saison : une version entièrement masculine de Carmen de Bizet, à couper le souffle. Genré, dé-genré (et dérangé aussi) un spectacle effervescent, éblouissant, offert comme un bouquet triomphal lancé, claquant, huit danseurs beaux comme tout, torse-poil en jupettes rouges et un chanteur lyrique.
Y aurait-il en ce début de saison une thématique transversale souterraine sur la masculinité ? (et, tout de même un peu, la gayitude) En tout cas on reste dans le registre du plaisant spectacle d'avant-hier (des hommes, des corps d'hommes, des histoires d'hommes) mais cette fois avec  des moyens beaucoup plus démesurée (le "spectacle" à donf!), vidéo, musique notamment.
C'est superbe, c'est drôle, c'est virtuose, ça va très vite, ça ne s'arrête quasiment pas, c'est étourdissant, on se sait plus qu'admirer, les corps (ils sont tous différents mais ont chacun leurs spécificités -leurs intérêts, ne nous voilons pas la face...-), les couleurs, les chorégraphies, les ruptures de ton, les accélérations, on prend plaisir à reconnaître de temps en temps les airs archi-connus de Bizet (que je connais par coeur mais dont je ne me lasse pas, et j'ai pensé très fort au Carmen de SpikeJones que Gigis nous fit découvrir et qui tant enchanta notre belle jeunesse, avec un sens de l'humour et de la dérision qu'on retrouve tout au long du spectacle).
Je ne sais pas pourquoi, mais à la sortie, toutes celles/ceux qui me connaissent m'ont demandé, avec des étoiles dans les yeux "Alors, ça a dû te plaire, non ?"
Ben oui, ça, évidemment, comment voudriez vous que ça ne m'eût pas plu ?

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23 octobre 2021

vestiaire

UN POYO ROJO
avec Luciano Rosso et Alfonso Barón

Avant l'ouverture de saison au cinéma la semaine prochaine, c'était l'ouverture de saison au Théâââtre.
Le premier spectacle que j'ai réservé c'était ça : deux mecs, un vestiaire, un banc, une radio, rien de plus, pour mettre en scène une rencontre, une rivalité un affrontement, un vrai combat de coqs (poyo veut dire coq en argentin) bref un duo/duel, (qui va finir de la plus exquise des façons), du teatro fisico (je croyais que c'était  le sous-titre, mais c'est le nom de leur compagnie).
Un spectacle bluffant, touchant, enthousiasmant.
Deux hommes, d'abord immobiles et silencieux, en avant-scène. Silencieux, ils le resteront pendant tout la durée du spectacle (aucun mot ne sera prononcé, ce sont les corps qui s'expriment) mais immobiles pas pour très longtemps, juste le temps de ce premier plan fixe "introductif", dès qu'ils vont commencer à se mouvoir (s'émouvoir ?), ils ne vont plus arrêter, de bouger danser de courir de sauter de porter, d'être portés, de se chercher de s'éviter de se titiller de s'invectiver, de lutter, de jouer avec la radio (on apprendra à la fin du spectacle qu'aucune soirée n'est identique à une autre puisqu'à chaque fois, la radio est utilisée en direct -et en temps réel-) jusqu'au dernier plan fixe, conclusif celui-là (et fort réjouissant ma foi)...
Un genre de survol des différents états de la masculinité ( "C'est quoi un homme ?" ou plutôt "Comment se comporter en homme ?" ou, encore mieux, "Comment se comporter en homme, face à un autre homme ?" ) qu'elle soit toxique ou pas. Physique, incontestablement (il y sera -vraiment- question de prouesses, qu'on a parfois du mal à croire réalisées sans trucages tellement certains mouvements semblent invraisemblables, mais bon tout ça est juste incroyable mais vrai!).
Des différentes façons de se rencontrer, d'échanger, d'être en compétition, de se battre (alors qu'on a peut-être -sans doute- plutôt envie de se faire des mamours, hein...)
Cela fait 10 ans que ce spectacle, né en Argentine, tourne triomphalement à travers le monde...
Et c'est -vraiment- enthousiasmant.
(J'ai même ramené une affiche!)

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(captures d'écran de diverses captations vues sur y*utube)

22 octobre 2021

du boudin, bien sûr

MON LÉGIONNAIRE
de Rachel Lang

Un film qui vaut beaucoup mieux que sa kitchissime affiche, qui pouvait laisser présager (craindre) un mélo saharien et lacrymal, où Loulou Garrel aurait incarné le bellâtre qui était brun, qui était beau, qui sentait bon le sable chaud, et Camille Cottin la belle énamourée subsaharienne (ou trans).

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Alors qu'en fait, pas du tout. Il est question de légionnaires, d'officiers, d'épouses d'officiers (et d'épouses de légionnaires). De manoeuvres au Mali (ou ailleurs) et de ce que font ces dames, cantonnées en Corse (il y a pire comme villégiature) pendant que leurs maris bossent et crapahutent... Comment perdurent (ou pas) les sentiments, comment se maintiennent à flot (ou pas) ces couples "qui restent séparés parfois pendant longtemps" (voilà un bel alexandrin qui vient de me fleurir au bout des doigts). les hasards de la programmation ont fait que peu de temps avant j'avais entrevu quelques minutes d'un reportage sur les femmes de marins (de terre-neuvas), dont la situation est tout à fait identique... Pénélope au foyer et Ulysse qui baguenaude au loin avec ses potes.
La réalisatrice suit en parallèle les destins de deux de ces épouses (dont on pressent que tout ne va pas forcément se terminer youp la boum) : Céline (Camille Cottin, très bien) et Nika (Ina Marija Bartaité, tout aussi excellente), dans une chronique au long cours où le temps passe vite et parfois par à-coups (aucune date ni marqueur temporel, seuls des détails nous signifient -intelligemment- les ellipses (des paquets de céréales, un chien qui grandit, un ventre qui s'arrondit...) et le tempus qui fugit.)
Un film intelligent et sensible (et juste, tant pour ce qui est des manoeuvres militaires -ah le désert la poussière la promiscuité virile les acronymes et le mess des officiers...- que du quotidien des épouses plutôt délaissées), avec le double plaisir de retrouver Grégoire Colin, toujours bien (il a pris de la bouteille, il est colonel) et d'une conclusion très "graphique" qui résonne comme un clin d'oeil au Beau Travail de Claire Denis (un ballet de soldats torse-nu qui combattent et s'étreignent...).

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