t'es chiante à bitcher tout le temps
LES OLYMPIADES
de Jacques Audiard
Sous le charme. C'est vraiment l'état dans lequel j'étais à la sortie du film. Et Isa aussi (dont j'ai découvert à la fin de la séance qu'elle était assise juste derrière moi). Ce que nous ont aussi confirmé Dominique et Hervé qu'on a croisés dans le hall d'entrée.
Un très beau noir et blanc (j'ai dit et répété déjà tant de fois combien j''y étais attaché) qui m'a évoqué le cinéma de Garrel. Tout autant que la circulation des sentiments et leur (re) transmission au sein d'un triangle de personnages magnifiques : Emilie (Lucie Zhang), Camille (Makita Zamba) et Nora (Noémie Merlant) (incarné.es) par trois actrices.eurs tout aussi magnifiques. Auxquels on se doit d'ajouter, dans le quatrième angle de l'écran, Amber Sweet (Jehnny Beth) pour que la structure se stabilise et s'équilibre.Du noir et blanc, donc, des jeunes gens (dont une majorité de filles!) Céline Sciamma en co-scénariste, on ne le reconnaît plus ou presque notre Jacquounet Audiard d'ordinaire si sévèrement burné. Et du coup, je n'ai, pour une fois, absolument aucune réserve à l'encontre du film (réserves que j'avais presque à chaque fois à chaque fois vis-à-vis des opus précédents, à cause de cette visible fascination pour la violence qui me mettait mal à l'aise), contrairement à certain(e)s critiques (voir plus bas la machine à gifles*)
Le film est l'adaptation de trois nouvelles (graphiques me semble-t-il), et s'articule donc grosso-modo en 3 parties (A avec B, B avec C, et, alors que j'envisageais un C avec A, logique pour boucler la boucle, on passe à C avec D -avec, en guise d'épilogue, un dernier recours (retour) à A et B)- et hop! la musique de Rone ronronne une dernière fois et hop c'est le générique, qu'on suit avec un genre de sidération béate jusqu'à tout à la fin.
Ces jeunes gens qui s'aiment on vraiment tout pour eux (la frimousse, le corps, les fringues, les dialogues, les décors) et la caméra d'Audiard les suit avec enthousiasme (avec passion, allez). Un film à la fois moderne et intemporel (nonobstant la prolifération des signes "visibles" de ladite modernité (la lumière des écrans des portables, les sms, les applis, les sites de cul), le cinéphile happy serait quand même en terrain de connaissance, j'ai évoqué Garrel, mais on ne serait pas très loin non plus de Rohmer ou de Mouret, pour cette inflorescence de sentiment(s) amoureux, (infusion aussi, avec la notion du temps que ça prend pour que les saveurs se libèrent) où le marivaudage s'enracinerait dans un socle (un terreau) beaucoup plus physique (on baise beaucoup dans Les Olympiades, même si, paradoxalement, d'assez pudique façon (pas la moindre QV!), on parle beaucoup , aussi, de cul souvent, de désir presque autant, mais d'amour aussi quelquefois...
Et je trouve ça injuste que ce film, infiniment séduisant, n'ait rien obtenu à Cannes. Ill le méritait.
(top 10 ?)
* machine a gifles :
"Si l’on se sent finalement peu concerné par l’issue des idylles des Olympiades, c’est qu’elles ressemblent bien trop aux prétextes d’un projet de mise en scène et de positionnement fabriqués, où les intentions positives affichées comptent finalement plus que les expériences traversées." libé
"Ultra-volontariste dans ce désir d’être en tout synchrone, le film peine à dépasser la simple accumulation des signes de l’époque. Et on glisse sur sa surface comme comme on swipe sur un écran tactile." les inrocks