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lieux communs (et autres fadaises)
25 octobre 2017

touché un nerf

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MARVIN OU LA BELLE ÉDUCATION
d'Anne Fontaine

C'était notre Soirée d'ouverture de saison, et Mars distribution avait très gentiment accepté de nous confier, très en avant-première (le film sort dans un mois) le film d'Anne Fontaine -je crois me souvenir qu'on a déjà fait par le passé une soirée d'ouverture avec un autre film d'Anne Fontaine, avec Danielle Darrieux me semble-t-il- qu'Hervé avait vu (à Cannes ?) et que j'avais très envie de voir, au simple énoncé du générique : Finnegan Olfield, Grégory Gadebois, Vincent Macaigne, Catherine Mouchet, Charles Berling, isabelle Huppert... Waouh!
Lointainement adapté (c'est la réalisatrice qui le dit) de Pour en finir avec Eddy Bellegueule (que je n'ai pas eu envie de lire, les histoires de garçons sensibles en milieu défavorisé ne me tentant pas plus que ça -j'ai eu la mienne merci ça m'a suffi-..) le film raconte l'histoire de Marvin Bijou, un gamin qui souffre de brimades et harcèlement(s) au collège et de pas beaucoup mieux en famille (entre indifférence et agression) parce qu'il est efféminé. Le vilain petit canard, au pays des bourrins (Jules Porier, qui l'incarne, est absolument magnifique). Anne Fontaine a l'excellente idée de ne pas respecter la chronologie  en nous présentant, dès le début, un Marvin (jeune) adulte qui se prépare à entrer en scène...
Elle a pris l'enfant du roman  et lui a fabriqué un avenir, via une série de rencontres (une principale attentive -Catherine Mouchet, divine -, un prof de théâtre impliqué -Vincent Macaigne, émouvant-,  un protecteur attentionné (Charles Berling, superbe), une actrice bienveillante -Isabelle Huppert, "dans le rôle d'"isabelle Huppert"- des portes successives qu'on ouvre ou qu'on entrouvre (ou qu'on déverrouille) pour réussir à trouver une manière de s'en sortir. De se trouver, oui, de se construire. Que marvin Bijou devienne Martin Clément.
Marvin découvre un jour, par hasard, le pouvoir qu'il a de dire, de jouer, d'exprimer "physiquement" ce qu'il vit, de mettre en scène les mots de ses proches. (une famille "haute en couleurs", des prolos, des vrais, qui pourrait évoquer, tiens, celle des Groseille dans La vie est un long fleuve tranquille : un père massif, tonitruant, chômeur -télé, pastis, clope- (saluer ici la performance sidérante de Grégory Gadebois qui l'incarne, avec une incontestable démesure réaliste -un réalisme démesuré ?- et qui  module ce personnage pittoresquement casse-gueule en réussissant à le rendre, oui, émouvant), une mère "brave", qui se définit comme "une bonne pondeuse", une  femme simple, aimante (Catherine Salée compose elle-aussi un personnage très attachant), sans chichis, et des frères et soeurs un peu plus sommairement esquissés). Marvin va prendre progressivement ses distances, en intégrant une section théâtre, puis en vivant sa vie d'étudiant théâtreux, et en "montant à Paris" avec le voeu, tenace, de monter sur scène pour faire son  one-Ma(rvi)n-show. Chose qu'on sait, dès la première image du film, qu'il a réussi à faire. Et qui rend donc plus aisé de voir la suite du film. Car la vie de Marvin/enfant n'est ni rose ni facile, il faut le reconnaître.
L'histoire, racontée "normalement", platement, aurait été sans intérêt. Ce qui est extraordinaire, c'est la manière dont c'est raconté, c'est le travail réalisé sur la chronologie, le brassage des époques des moments et des gens, qui les fait tous exister davantage, parce qu'en écho, en reflet, ou en opposition., et implique d'autant plus le spectateur. J'aime qu'il soit ainsi question d'homosexualité de cette façon, j'ai trouvé ça très très juste, surtout en ce qui concerne Marvin enfant, le rapport ambigu entre la servitude et le désir (le tortionnaire rouquin), la fascination naissante pour le corps masculin, le fait d'être catégorisé "pédé" avant même de savoir ce que c'est, la façon d'être, et c'est le moment où, à mon sens, le film est le plus fort et le plus juste. Et le jeune Jules Porier y est pour beaucoup, je le redis.
Finnegan Oldfield prend parfaitement le relais (je réalise que je ne l'ai pas encore vraiment mentionné depuis le début du post), avec peut-être un je-ne-sais-quoi de moins (c'est Pépin qui me l'a fait remarquer l'autre soir et je me dis qu'il a sans doute raison), un infime décalage dans le jeu (c'est peut-être, justement, cette part de Marvin-enfant que l'adulte a perdue ?) mais bon je chipote, c'est aussi le rôle qui veut ça (c'est vrai que je l'ai tellement aimé déjà, auparavant, que ce soit dans Nocturama, Réparer les vivants, Ni le ciel ni la terre ou Les cow-boys..).
Un beau film, de belles performances d'acteurs, de beaux moments d'émotion (ah Vincent Macaigne qui se met à pleurer...), les spectateurs semblaient contents à la sortie, oui c'était une belle soirée d'ouverture de saison

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19 octobre 2017

rubalise

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FAUTE D'AMOUR
de Andreï Zviaguintsev

"On pourra, évidemment, contester à Zviaguintsev le droit de flanquer ainsi, sans se décourager, des baffes répétées à ses compatriotes (et à nous, à l’occasion). Mais on ne saurait nier qu’elles claquent sec et fort. Et qu’elles visent juste." Télérama

Oui, je cite Téléramuche, parce que ça me parait très juste et très vrai. Frappant. Cinglant. Une sacrée paire de baffes, oui. J'avais plusieurs échos très enthousiastes (Jean-Luc, Catherine, Zabetta), et je ne peux que joindre ma voix aux leurs. Faute d'amour est un film fort ET un grand film. Glaçant par ce qu'il raconte (normal, c'est russe) autant que  sidérant par la façon dont il le montre (normal c'est Zviaguintsev).
Les plans d'ouverture donnent le ton (arbres, neige, eau... Elena, d'ailleurs, ne se terminait-il pas sur un plan d'arbre ? A vérifier) avec personne (sans personne ?) en leurs cadres somptueux (Mais que veut-il alors nous dire, en slience ? se demande-t-on, on comprendra plus tard...) où va, juste après un plan de sortie d'école, venir prendre place un enfant. Un enfant ordinaire, nous dira d'abord le plan d'ensemble, qui n'y prête pas plus attention qu'aux autres. C'est Aliocha, un blondin d'une dizaine d'années, qu'on retrouvera d'abord avec les arbres la neige et l'eau, puis dans sa chambre, assis à son bureau face à la fenêtre, avec un plan (pour moi sublime, ceux qui me connaissent comprendront) avec des gouttes sur les vitres (les plans à travers cette même fenêtre, en travelling avant,  reviendront rythmer le film à plusieurs reprises).
Sa chambre, dans l'appartement de ses parents qui ont transformé le lieu en zone de guerre : ils sont en train de divorcer et ça donne lieu à des échanges hargneux, amers, méprisants, au milieu desquels Aliocha est en même pris en otage, mais, paradoxalement,  ignoré, considéré par ses belligérents de parents comme quantité négligeable, dommage collatéral. (Ce dispositif m'a fait penser à un film roumain dont je ne retrouve plus le titre, où un appartement devenait, au sens propre, un champ de bataille... Papa vient dimanche, non ? sauf que'en Roumanie, le papa aimait sa fille.)
Pas comme ici. C'est terrifiant d'être aussi peu (aussi mal) aimé. D'autant plus que chacun des parents a déjà commencé à refaire sa vie ailleurs (le père a mis une jeunette enceinte, et va donc l'épouser, et reproduire ce qu'il a fait avec sa première épouse ; la mère, elle, a trouvé un homme qui visiblement a les moyens -et la maison qui va avec- riche ? nouveau riche ? qu'importe...) et que le gamin, comme l'appartement qui va être vendu, fait désormais partie d'un passé dont aucun des deux parents ne souhaite, visiblement, s'encombrer.
Ne pas en dire davantage sur la situation, sinon que le cinéaste va faire opérer au récit un  demi-tour au frein à main, mettant les personnages (et le spectateur) dans une position inattendue, et suivant consciencieusement cette piste, quasiment jusqu'au bout. Presque, oui,  avant que de nous abandonner, de nous éjecter du récit, tout seuls en plein hiver au bord de la route et dans le froid, sans pitié ni attendrissement.
"Est-ce qu'on va être heureux?" s'interroge la nouvelle épouse du père. Non, semble répondre le réalisateur. C'est sans espoir et c'est la guerre, la guerre partout et tout le temps, en Ukraine, au journal télévisé, dans l'appartement, dans la famille, dans la vie tout court. Et des victimes, cette guerre va continuer à en faire.
Et le réalisateur réussit, encore une fois, la prouesse de mettre ce récit aigre en images somptueuses. La musique est à l'image du film. Puissante. Chaque plan est méticuleusement construit, pensé. Les derniers sont à tomber. Un regard-caméra qui nous glace et nous émeut, une photocopie décolorée, et la boucle est bouclée en revenant aux arbres à la neige et à l'eau du début, avec une insistante (intriguante ?) contreplongée finale.
Un grand film qui m'a particulièrement touché.
(Et j'adore la voix d'infra-basse du flic).
(Top 10)

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18 octobre 2017

les élucubrations d'antoine

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L'ATELIER
de Laurent Cantet

Le hasard a fait que c'était justement la bonne heure, et donc allons-y! Entendu le réalisateur en parler dans On aura tout vu samedi dernier (merci Marie!) et c'était plutôt appétissant : un groupe de jeunes "en rupture" participe à un atelier avec une romancière et le projet d'écrire un polar. Les jeunes sont de La Ciotat et Olivia, l'écrivaine (Marina Foïs, excellente encore une fois) de Paris, d'où, au moins au début, choc des cultures, et surtout des accents.
Il y a dans le groupe un jeune homme, prénommé Antoine, qui, dès la première scène, nous est présenté comme " à l'écart" (c'est le seul qui ne courra pas alors avec les autres pour prendre le bus à la fin de la journée). Et c'est le seul du groupe que le film suivra en détail (in et hors atelier) tandis qu'on ne saura rien de plus des autres (ce que je trouve, personnellement, un tout petit peu regrettable mais bon). Antoine est un jeune homme plutôt taiseux, solitaire, ombrageux, qu'on va donc découvrir progressivement, à travers surtout les images qu'il regarde.
Laurent Cantet est un réalisateur très doué, qui réussit à nous amener pas du tout où on pensait justement qu'il allait le faire. Difficile, justement d'en dire plus sans risquer d'en dire trop.
Le film fonctionne un peu comme un steeple-chase, (ou, pour rester français, et à pied, un 400m haies, bref une course de fond avec passage d'obstacles à intervalles réguliers. Il a suffisamment de souffle pour tenir aisément la distance (et on est heureux d'y retrouver au générique, en tant que co-scénariste, le très cher Robin Campillo, réalisateur du récent et brillantissime 120 bpm, mais, tiens, dans ce film-ci, rien de gay clic clic). Et les obstacles franchis sont les écueils (les chausse-trappes, parlons soutenu) de ce genre de récit, évités l'un après l'autre et haut la main  par le réalisateur (et les co-scénaristes).
On croit Entre les murs, mais non (hop!). Puis on croit Corniche Kennedy, mais non (hop! hop!) Puis on pourrait croire Le blé en herbe, ou Le voyeur, ou Chez nous, mais non, mais non, mais non. (hop! hop! hop!)
Le récit est hâché, comme strié de textures d'images multiples (un jeu vidéo, un vieux doc décoloré avec voix lénifiante ad hoc, une vidéo sur y*utube, une autre sur faceb**k), et toujours on suit les trajectoires des deux personnages principaux, Olivia et Antoine, comme deux graphiques qui s'écrivent en parallèle, s'éloignent, se croisent, s'entrecroisent, bifurquent, s'emballent, ralentissent, avec toujours cette faculté à zigzaguer, à nous étonner, toujours nous (at tirant plus loin dans le récit .
Redire la grande qualité des deux interprètes (Marina Foïs, déjà nommée, et le jeune Mathieu Lucci, extraordinaire). Pas sûr, comme Téléramuche qu'il s'agisse d'un "film sur la jeunesse"... Sur un jeune, oui, et la façon dont il cherche sa place, au milieu d'un certain désespoir social ambiant. Pas joyeux joyeux mais bon, nous le savons, on ne vit pas une époque formidable, et il faut bien grandir avec...

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14 octobre 2017

à partir de dorénavant

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LE SENS DE LA FÊTE
d'Olivier Nakache & Eric Toledano

Tout au début, je m'étais dit non non. Et puis j'ai vu Bacri qui faisait la promo (très bacriesquement) sur Canalsat, j'ai dit peut-être et enfin j'ai vu la bande-annonce, où je n'ai eu d'yeux que pour Vincent Macaigne, et c'est ce qui m'a décidé à y aller cet aprèm', entre copines avec tickets orange cinéday (merci Hervéchounet!).
On avait envie de rigoler, envie d'un "film qui fait du bien" (dixit Marie), on était dans une (grande) salle avec un public (très) attentif qui n'hésitait pas à exprimer son ressenti (mais sans malice, et donc c'était bien qu'ils soient là). Bon, c'est vrai, j'ai ri (beaucoup plus qu'à Un beau soleil intérieur, qui n'est pas la comédie irrésistible que les critiques ont voulu nous survendre, j'insiste et je le répète) j'ai ri de bon coeur, c'est vrai, et puis pendant un long moment j'ai moins ri, et puis presque plus du tout.
Bacri est... comment s'appelle ce métier, traiteur ? organisateur de mariages ? fabricant de teuf ? réceptionniste ? Enfin il est censé, pour cette journée-là -un mariage-  tout gérer de a (les mignardises à l'apéro) jusqu'à z (le feu d'artifice final), avec tous les gens qui vont avec. Evidemment ça merdouille, et ça va partir en biais de plus en plus au fil de la soirée (et de la nuit). Le casting est absolument prestigieux (autour de Bacri, déjà nommé, Macaigne, déjà nommé aussi, Lellouche, Rouve, Azaïs, Lebghil, Chappey, ivanov, pour les sieurs, et Eye Haidara, Suzanne Clément, Hélène Vincent, Judith Chemlah pour les gentes dames... pour ne citer que les principaux...) Ca fait beaucoup de monde à gérer, et, du coup, à caractériser (à "faire exister") aussi, ce qui fait que le scénario va leur accorder un qualificatif à chacun(e), en gros, et que chaque soliste devra donc tenir sa note, la même, jusqu'au bout. c'est un peu dommage que la plus grande partie des personnages ne soient qu'une esquisse, un trait de caractère, une attitude donnés. J'aime bien le comique de répétition mais il faut reconnaître qu'il y a un ou deux gags ("ah, la tête que tu as faite...") qui ne font plus autant rire à la 18ème récurrence...
Le film souffre à mon avis d'une énorme erreur de caractérisation : avoir fait du marié un personnage insupportable et antipathique. Ca désamorce beaucoup de l'intérêt qu'on pouvait avoir à voir la réception de son mariage se casser la gueule (ce qu'on a pressenti dès qu'on a vu Bacri et son équipe de bras cassés investir le château où tout cela à lieu (tiens, j'ai un peu pensé au mariage de Melancholia, dans un tout autre registre). Et on trouve dommage que Judith Chemlah épouse ce mec-là. Et le film perd beaucoup en force à cause de ça je trouve.
Bacri est très bien, très juste, très... Bacri, justement (comme Macaigne est très très Macaigne, mais coup de chance c'est justement le Macaigne que j'aime, la barbe, les cheveux en pétard, les yeux de cocker transi d'amour... Ooooh Vincenchounet, continue oui oui) mais tout ça patine un peu et s'enlise vers le milieu du film -justement, la scène du discours interminable du mérié) et c'est dommage (à ce moment-là j'étais plus intéressé par les réactions et les remarques des spectateurs que par le film lui-même c'est dire...).
J'ai peut-être été influencé par le critique qui traitait le film de "premier film macroniste", et au lieu de trouver les dernières scènes (très "youp la boum") émouvantes, je les ai presque trouvées condescendantes (faux-cul), le côté "regardez comme on aime tout le monde, et comme tout le monde s'aime...". Happy end de rigueur (sauf pour la pauvre mariée, je le redis...).
Mais, d'un autre côté, je sais, je suis sûr, que je pourrais revoir ce film avec grand plaisir, donc c'est plutôt bon signe et j'arrête donc de bacriser... (hihihi)

l'affiche originale :

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et ses déclinaisons :

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une jolie idée, je trouve...

13 octobre 2017

petit cheval de bois

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BLADE RUNNER 2049
de Denis Villeneuve

Je l'attendais, cette grosse machine chromée rutilante hollywoodienne qu'on nous a annoncée longtemps à l'avance de façon assez tonitruante (et insistante). Comme tous les vieux cinéphiles, je garde dans mon coeur une certaine tendresse pour "le" vrai Blade runner, le premier, le seul, l'unique, mais bon, la durée (2h43), le casting (Gosling / Ford), l'opportunité d'une séance en VO ont fait que j'y étais, ce lundi à 17h30, et ce avec une certaine... impatience.
Démesuré, ça l'est : l'écran, la musique, les décors, le générique final ("il y a plus de noms sur ce générique que d'habitants dans notre ville..." a dit, à peu près, Hervé), les moyens techniques (et, corollairement aussi sans doute, les cachets des acteurs), et il faut reconnaître que Denis Villeneuve n'a pas lésiné, et a réalisé le beau gros giga film de SF qu'on espérait...
Dans le bôô cinéma, le film avait beaucoup de séances en vf, quelques-unes en vf et 3D, et très peu en vo (3 ou 4). Je ne concevais pas de voir le film en vf (oui je suis un vieux puriste, et je n'avais pas envie d'entendre Harrison Ford ou Ryan Gosling parlant français). C'est donc Ryan Gosling le héros, il a repris la silhouette et la fonction d'Harrison Ford dans le film-papa : il est chasseur de Réplicants, sauf qu'il est ici lui-même un Réplicant, c'est dit d'entrée, un de la dernière génération, celle qui obéit bien, qui fait son boulot sans (se) poser de question. En ouverture du film, il retrouve et tue (sans états d'âme, juste il fait son job) un vieux Réplicant, devenu fermier d'asticots ("producteur de protéines") et met à jour une caisse remplie d'ossements enfouie sous un arbre (mort), ceux d'une femme ayant accouché sous césarienne, mais Réplicante elle-aussi).
Wow! une Réplicante-maman ? Une histoire de re/naissance, tiens tiens. Ce sera le point de départ de l'enquête que va mener K (Gosling), renommé plus tard Joe, dans une histoire complexe et à travers un scénario touffu, avec investigations, découvertes, rebondissements, destruction de preuves, fausses pistes, dans un univers futuriste très cohérent (et très déprimant il faut bien le reconnaître) qui ne fait que reprendre et amplifier (ré-assaisonner) les décors de "BR le vrai".
K/Joe va surtout retrouver la trace de Deckard, qui est mêlé à l'affaire -d'où le titre- et qui a pris sa retraite  (Harrison Ford est vieux et il est magnifique, c'est une des meilleures raisons d'aller voir le film), et affronter un méchant industriel cynique (Jared Leto, très starwaresque).Il y a aussi des femmes, bien sûr, pas d'hollywooderie sans meufs : Joi, la copine virtuelle de K-Gosling, Joshi, sa supérieure hiérarchique, et Luv, la méchante-très-méchante, un genre de Terminatorette ("I am the best!") douée d'un joli minois (bras droit du méchant-très-méchant) mais prête à tout (vraiment tout) pour étouffer l'affaire.
Le film traite "consciencieusement" de la question posée au bac philo 2049 : "Qu'est-ce qui différencie l'Homme et le Réplicant ?" (Vous avez trois heures) et le fait avec toutes les armes et la pyrotechnie du cinéma à grand spectacle (On en a pour ses sous, ça c'est sûr!), mais tout ne me ravit pas, par exemple  les scènes de baston kung-fu(tur) étaient-elles vraiment indispensables (la bagarre dans l'eau est ennuyeuse), à part peut-être pour légitimer dans la salle la présence de jeunes bourrins attirés par ce genre de choses ? (et encore, ceux-là auront dû se sentir frustrés). Autre détail qui me chiffonne, le PPV (le placement de produit voyant) : était-il vraiment indispensable de nous montrer que K conduit une Peuge*t ?
Des bouffées (des échos) de la musique de Vangélis reviennent à intervalles réguliers pour faire souffler le vent de la nostalgie. Mais le film reste avant tout une machinerie, somptueuse, magnifique, hallucinante, certes, mais une machine, avec ce que ça suppose de rouages, de pistons (ça c'est moi, c'est la vieille école), de circuits intégrés et d'électronique, bref de procédés mécaniques, industriels. Je n'ai pas été du tout ému, même si je suis resté baba pendant ces deux heures quarante-trois là (bon, si, quand même la scène des retrouvailles avec Harrison Ford, mais pour des raisons qui sont peut-être "extérieures" au film.)
Du grand spectacle, incontestablement, qui peut laisser au spectateur attentif et tâtillon que je suis parfois le sentiment qu'il manque au film, sous la cuirasse de cuirassé (la redondance est voulue) interstellaire, le petit supplément de sincérité (d'humanité) qui aurait pu le transcender en grand film. L'âme, quoi (cours de philo de 2049, suite). Oui, à la sortie, subsiste ce sentiment que le film de Denis Villeneuve est à celui de Ridley Scott ce que les Réplicants sont aux humains : la même apparence, des performances supérieures, sans doute, une finition impeccable, mais quid des "vrais" sentiments, qui semblent ici avoir été greffés sur le scénario, comme, dans le film, on greffe des "faux souvenirs" dans le cerveau des Réplicants, pour les humaniser). Les personnages ne sont "que" des personnages, on a du mal à s'y (r)attacher... Je réalise que je viens de dire deux ou trois fois la même chose (mon obsolescence programmée est en marche, irrémédiablement) et donc skrtchh skrtchh (bruits un peu inquiétants de court-circuits et de faux-contacts) il vaut mieux s'arrêter là..

(D'autant plus que la fin semble un peu "bâclée", comme rapidement expédiée, et doublement en plus, car dans le bôô cinéma comme d'hab' les lumières se sont rallumées sur le dernier plan, avant même le début du générique, ça m'éneeeeerve!).


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(et l'affiche est moche, je trouve, et en rajoute encore dans la confusion starwaresque, non ?)

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12 octobre 2017

tu vas rire

ALBIN DE LA SIMONE
à l'Audtitorium de Lure
4 octobre 2017

Décidément, il y a quelque chose de spécial, avec cette salle. Non seulement l'acoustique y est excellente, mais chaque fois que j'y vais, c'est pour un grand bonheur de spectacle... L'an dernier c'était Mathieu Boogaerts, et cette année ce fut Albin de la Simone, que je rêvais depuis longtemeps de voir sur scène...
C'est Emma qui me l'a fait découvrir, il y a quelques années, au début, j'avais un peu de mal avec sa petite voix, et c'est Marie-Pierre, à Clermont qui me l'a re-fait découvrir et aimer (oh c'était Mes épaules, qui est devenue une de mes 100 chansons préférées du monde... Tiens, d'ailleurs, faudra que je la fasse un jour, cette liste!)
Là, donc, c'était Un de nous, son dernier album, qu'il tourne en version acoustique (unplugged est vraiment affreux comme mot), avec , semble-t-il, toujours les mêmes belles personnes (Violon, chant et clavier : Anne Gouverneur, Violoncelle et chant : Maëva Le Berre, Guitare et percussions : François Lasserre) . Un seul micro, donc, pour sa voix (mais pour le rappel il chantera même sans), et un spectacle exquis -comme le bonhomme sur la scène-, qui se joue à quatre, où j''ai jubilé de la première à la dernière minute (de Ma barbe pousse à Ado). En plus on était au premier rang, avec Emma, et, vraiment, on n'en perdait pas une miette.
Quel bonheur!
Le personnage est attachant. Ce mec est... classieux, c'est le premier mot qui me vient. Mais sans ostentation. Simplement. Avec son petit costard bleu pétrole et ses jolies chaussures à semelles rouges, avec sa bonne bouille juste joufflue ce qu'il faut et le soupçon de barbe juste ce qu'il faut aussi, il a une classe folle. D'autant plus remarquable que lorsqu'on le verra revenir dans le hall, après la fin du spectacle et les n rappels, ce sera en t-shirt grisâtre informe et un verre de vin à la main. Comme si sur scène il interprétait Monsieur de la Simone ("le poids de mon nom ridicule, de ce fantôme à particule...") , tout en restant tout à fait capable d'être aussi juste Albin.
A la première écoute, c'est vrai j'aimais un peu moins son dernier album (Un de nous) que le précédent (Un homme), donc a priori ma joie serait un peu en deça me disais-je, alors que, benêt que j'étais, pas du tout. Tout fut parfait. Parfaitement. Il chanta, donc, tout le dernier album, dans un ordre aléatoire et ça c'est très bien, en y intercalant judicieusement quelques chansons plus anciennes -dont certaines que je n'avais carrément jamais entendues (Ce pull, par exemple) et d'autres, que j'ai attendues à juste titre (Mes épaules) ou en vain (Mort en plein air, Ma crise, Elle fréquentait la rue Pigalle...).
Il parle,il chante, il tapote son clavier, il raconte, il donne le sourire, et c'est une façon de niveler, d'adoucir certains textes merveilleusement tristes (j'ai pleuré aux Chiens sans langue, par exemple). La complicité évidente entre les quatre partenaires participe aussi au bonheur ressenti face à ce tour de chant (comme on dirait  tour de magie)... Ca suit son cours, tendrement, aimablement, comme une petite rivière joyeuse. On est dessus, petits bateaux en papier et on descend au fil du courant. (d'ailleurs me semble-t-il, au départ la Simone de son nom est un cours d'eau)
Oui, comme pour Mathieu Boogaerts au même endroit l'année dernière, on aurait eu envie que ça ne s'arrête jamais...
Comme dit Emma, "C'est une belle personne..."

https://lefooding.com/media/W1siZiIsIjIwMTcvMDMvMzAvMThfNTVfNTVfNDY2X0FTXzM3MC5qcGciXSxbInAiLCJ0aHVtYiIsIjMwMHgzMDAjIl1d/AS-370.jpg?sha=99832030

10 octobre 2017

dix films pour J.r

 cible émouvante

je suis le seigneur

tombés du ciel

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Il s'en est allé le grand moustachu en imperméable qui tentait d'imiter Marylin/ Duperrey en passant au dessus d'une bouche de chaleur, le pince-sans-rire à la voix et au phrasé  inimitables, le plus french des so british, à jamais Etienne le mari de Marthe dans les deux films d'Yves Robert, mais pas que. (Je rêve toujours du Don Quichotte de Terry Gilliam...)
De tous ses films en voici 10, et parmi eux trois  spécialement adorés : LE MARI DE LA COIFFEUSE (1990), TANDEM (1987), UN ÉTRANGE VOYAGE (1980)... On l'aimait, ce grand machin... Il est parti rejoinfre des copains  Marielle et Noiret, la fête peut commencer!

7 octobre 2017

le feu au rideau

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DEMAIN ET TOUS LES AUTRES JOURS
de Noémie Lvosky

Nous étions trois dans la salle 12 du bôô cinéma, à cette séance de 16h. Mes copines (Marie, Véro) et moi. Nous étions trois, avec les yuex humides, quand les lumières se sont rallumées au générique de fin (enfin, avant le générique de fin, puisque c'est bien souvent la coutume ici...). Le film que nous venions de voir n'était pas tout à fait celui que nous avait suggéré la bande-annonce. Il avait bien les mêmes acteurs, les mêmes personnages (une fillette, une mère "fragile"), les mêmes détails intriguants (un oiseau qui parle dont seule une fillette entend la voix, un squelette, une mariée en vadrouille), seulement il était plus triste. Beaucoup plus triste.
Le film est d'ailleurs dédié à la propre mère de Noémie Lvosky (qui le réalise et joue le rôle de la mère) et on croit comprendre qu'il a quelque chose d'autobiographique (en interview, la réalisatrice propose le mot de personnel plutôt qu'autobiographique). Pour mémoire, Noémie L.  jouait dans Camille redouble le personnage de la fille (sa maman était la toujours aimée Yolande Moreau), ici elle joue celui de la mère, et donc la boucle d'une certaine continuité affective (familiale) serait ainsi bouclée. Car c'est bien encore d'amour et de relation mère/fille que parle le film.
Une fillette, donc (Luce Rodriguez, impressionnante) vit seule avec sa mère (qui apparaît comme fantasque dans la bande-annonce, mais qui est bien plus, que ça. "C'est ta mère qui est folle!" dira plus tard un des personnages du film) , papa est parti (a quitté le foyer, mais est toujours là au bout du fil en cas de besoin (Mathieu Amalric, tout frais sorti de Barbara) et les choses ne sont pas faciles tous les jours... La maman divague, dérive, déprime (un rôle pas facile que Noémie Lvovsky endosse très bien, un peu à la surprise du spectateur qui a plutôt l'habitude de la voir dans des rôles plus solaires et extravertis) et la gamine veille au grain, redresse la barre, tient la main de sa mère contre vents et marées.
C'est un film sur l'amour maternel et filial, oui, l'histoire d'une relation quasi fusionnelle entre une mère et sa fille, où la réalité a besoin d'une part de fantastique (d'onirisme) pour être supportée (il sera à plusieurs reprises question d'une femme dans l'eau, à mi-chemin entre Ophélie et la dame du Lac...).
Un film qui a failli ne plus exister du tout, puisque l'état de santé de la fillette en a d'abord imposé l'arrêt total, avant que l'adjonction d'une dernière partie (initialement pas prévue dans le scénario) ne permette de le continuer et -heureusement- de le conclure (en beauté, puisqu'elle nous permet d'y revoir Anaïs Demoustier, dans les très touchantes scènes finales...)
Oui un film très triste, puisqu'on sait, presque dès le début, qu'il n'y a pas vraiment d'issue possible, mais qui confirme l'estime que j'ai pour sa réalisatrice (que j'aime toujours autant, et ce des deux côtés de la caméra...) et Noémie Lvosky livre une performance vraiment impressionnante, sur le fil du rasoir, face à la jeune Luce Rodriguez, tout aussi impressionnante de justesse.

Bref, un sacré beau film sur l'enfance.
Et la scène du squelette est magnifique (tiens, en plus du top10 des films, je devrais faire aussi un top10 des scènes de l'année, et celle-ci en ferait sûrement partie...)

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5 octobre 2017

olives sans gluten

158
UN BEAU SOLEIL INTÉRIEUR
de Claire Denis

Avec Claire Denis, c'est une longue histoire... Depuis 1988 (Chocolat), une histoire en dents de scie : des films que j'adore (35 rhums, Vendredi soir, Beau Travail) d'autres que j'aime moy moy (White Material, Trouble every day) d'autres que je n'aime pas (Les salauds, J'ai pas sommeil), d'autres encore que je n'ai pas vus (L'intrus, S'en fout la mort) et d'un dernier, en particulier, dont je me souviens juste parce qu'il m'avait beaucoup déçu (Nénette et Boni, vu à l'Eldo, à Dijon).
Claire Denis, c'est comme si elle n'était jamais tout à fait là où je l'attend, comme si elle s'arrangeait pour toujours surprendre le spectateur, le déstabiliser, lui lancer un genre d'ultimatum filmique... Eh bien là de nouveau c'est pareil. On nous annonce une "comédie romantique" tiens... , dialoguée par Christine Angot, tiens tiens...
Romantique ? Oui, c'est indiscutable, même si, justement on en discute beaucoup, énormément même. Etats d'âme, hésitations, attentes, tournages autour du pot. Comédie ? Mouais j'ai souri, oui, et quand j'ai ri c'était peut-être un peu... nerveusement ? Ri jaune devant la représentation de ces hommes veules et pusillanimes (presque tous... Il y a un ou deux "gentils" tout de même...), je me souviens de la scène avec le garçon de café, où on a envie de gifler Xavier Beauvois, mais où la bêtise de sa méchanceté fait rire. Je me disais s'il y a du Angot, il doit y avoir de l'acidité, de la violence, de la tension, peut-être camouflées sous la mince couche de sucre des convenances, des généralités, et de la socialité... et voilà que ces dialogues, je ne sais pas comment les appréhender.
Il était question que Claire Denis adapte les Fragments d'un discours amoureux, de Roro Barthes, mais ça ne s'est pas fait ("à cause des ayant-droits" pffff...). Le fait est qu'il en est beaucoup question, du discours amoureux, et que, dans la mesure où Isabelle (Binoche, binochissime...) vit plusieurs relations, avec plusieurs hommes différents, de différents types (!) (on pourrait croire que j'ai écrire deux fois de suite la même chose, mais pas du tout, "de différents types" se rapportait aux relations, mais oui c'est vrai, peut aussi se référer aux mecs en question, fermons la parenthèse lacanienne).
C'est peut-être un "film de filles" (de femmes plutôt : Denis / Binoche / Angot) et je l'ai donc vu un peu depuis l'autre rive. Je ne m'y suis pas ennuyé une seconde, précisons, (je serais même prêt à retourner le voir c'est dire) j'ai tout bien écouté (même si à la longue les dialogues peuvent parfois sembler virer au ronronnement), mais j'ai surtout regardé (admiré) la façon dont Claire Denis fait du cinéma (tel champ/contrechamp particulièrement soyeux, onctueux, tel montage cut de deux séquences particulièrement fort, telle ellipse particulièrement surprenante, bref j'ai cinématographiquement savouré.)
Ces portraits de mecs ont quand même quelque chose de très théorique, dans leur définition et leur fonctionnement (le banquier, l'acteur, le gentil, le galeriste, l'ex-mari, le confident, l'inconnu, le cinquantenaire, le voyant), ce qui pourrait faire du film un simple dispositif narratif, un processus artificiel, une étude de cas(s) qui s'intéresserait au(x) rapport(s) de classe(s) (de castes, donc), et pourtant, par la force de l'incarnation de chacun des personnages, le film fonctionne, il carbure, vit sa vie de film comme un beau portrait de femme.
Je n'étais pas sûr, à la sortie, du film que je venais de voir, ni de ce que je pouvais bien en penser... Mais, comme l'a dit très justement Emma, il y a cette scène finale avec Gros Gégé et son pendule, qui est comme la -XXL- cerise sur cette pâtisserie parisiano-bobo-et ce que vous voudrez d'autre en o, qui vient avec mi-roublardise et mi-candeur ponctuer le récit, fermer la parenthèse (ou peut-être l'ouvrir) selon qu'on la prend pour de l'argent comptant ou pas. Et qu'il finit par rayonner, ce fameux beau soleil intérieur... Et sans cette scène finale le film eut été incontestablement moins intéressant.

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4 octobre 2017

mulanje

159
GABRIEL ET LA MONTAGNE
de Fellipe Barbosa

L'Afrique, ça n'est pas trop mon truc. mais bon, vue par un réalisateur brésilien, auteur d'un film que j'avais beaucoup aimé (Casa grande), peut-être se tentait-ce... 2h11 tout de même, eh bien ce soir gogogo dans la salle 1 du bôô cinéma à 20h30, avec, surprise, un rang de jeunes derrière nous (un peu bavards d'ailleurs). Go go go! car le jeune homme en question est plutôt speed dans sa façon de voyager. Un étudiant brésilien qui visite l'Afrique (le pays est partagé en chapitres, un par pays) mais ne veut pas le faire en touriste (mgunzu), juste à la façon des locaux.
On sait dès le début (une séance que j'ai trouvée d'une beauté époustouflante, très verte, avec deux hommes qui ramassent de l'herbe de façon quasi-chorégraphique, avec une musique fascinante, sur une rythmique minimale, obsédante, progressant jusqu'à la découverte du corps, recroquevillé dans une anfractuosité rocheuse) qu'il est mort là-bas, dans la montagne, et que son corps a été retrouvé au bout de 19 jours de recherche. Donc je ne spoile rien ou presque. Mort assez mystérieuse, d'ailleurs, en tout cas inexpliquée, à mi-chemin pour moi entre Carlos Castaneda et Les documents interdits...
Le film repart ensuite soixante-dix jours avant, et on accompagne Gabriel dans son périple, du Kénya au Malawi. Les images sont somptueuses (j'ai trouvé les paysages vraiment merveilleux, sincèrement et sans ironiques accents circonflexes ficaesques) et la façon dont Gabriel voyage lui fait rencontrer les gens, les "vrais", les autochtones, il parle avec l'habitant, il loge chez l'habitant, il mange chez l'habitant. et se déplace aussi par les moyens du cru. Ca, c'est ce qu'il veut faire, croire (faire croire ?), mais il reste, pur ceux et celles qu'il croise, un petit blanc friqué qui peut se payerle luxe de voyager en faisant semblant (en rêvant) d'être pauvre et libre.
Gabriel (qui a vraiment existé, et qui était un ami du réalisateur) est un personnage à la fois agaçant et attachant. Par sa jeunesse, son énergie, sa dégaine, et l'entêtement qu'il met pour obtenir ce qu'il désire. Parvenir à ses fins. (et, au bout du compte, à la sienne aussi, même s'il ne le sait pas encore). par sa façon d'être, et par ses illusions. Ce qui pourrait bien s'apparenter au caprice d'un enfant gâté. S'il est mort là-bas, c'est aussi parce qu'il l'a bien cherché, (dans tous les sens du terme).
Plus le film avance et plus le processus s'accélère. Gabriel est un jeune homme pressé, il veut monter là-haut à toute berzingue (pour une histoire de visa qui expire le soir à minuit) et n'écoutera ni le routier qui l'a transbahuté, ni le guide qui l'a accompagné (et qu'il a renvoyé), ni la femme qu'il croise au dernier refuge avant l'ascension et qui tente de l'en dissuader.
Tant pis pour lui.
J'ai pensé, bien sûr, à Into the wild, même si les décors et les enjeux ne sont pas du tout les mêmes. Si les deux personnages ont la même mort, solitaire et aléatoire, Gabriel aura pris soin d'être, jusque là, toujours accompagné (je n'ai pas parlé de sa copine, en compagnie de qui il effectuera un bon tiers de son périple africain, et qui n'hésite jamais, justement à lui renvoyer le reflet de ce qu'il est :un petit bourge gentiment suffisant... oui, décidément le problème des rapports de classes est bien un thème récurrent du cinéma brésilien, même quand il est, comme ici, délocalisé en Afrique, et rejoindrait, tiens, en biaisant, le film de Claire Denis vu juste après... Isabelle / Gabriel, même combat!) Les scènes finales sont magnifiques, l'ascension, l'arrivée au sommet, les photos qu'il y a prises (à ce moment, le réalisateur fait interférer le réel, puisque ce sont les vraies photos du vrai Gabriel qu'on voit alors à l'écran) et cette soudaine prise de conscience qu 'il est perdu (il appelle à l'aide, et se couche comme un enfant, rentrant dans la mort comme dans le sommeil, en tout cas dans l'apaisement, et on l'y accompagne, et on veille sur lui -Nature berce le doucement, il a froid- ) . Une scène à la fois très simple et très lyrique.
En tout cas un sacré beau film.

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... même si je trouve que l'affiche est ratée, vraiment très moche, en tout cas qu'elle n'a pas grand chose à voir avec le film, et ne donne surtout pas envie d'aller le voir, et c'est dommage... le fond blanc incompréhensible, le personnage flou et coupé, la superposition maladroite du paysage... non, hélas, rien à sauver.

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