Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
lieux communs (et autres fadaises)
14 mars 2017

primates

069
AAAAAAAAH!
de Steve Oram

Une découverte totale que ce film anglais, qui a été présenté au "Festival du Film Subversif", à Metz, je crois... En même temps très anglais et très très barré. Avec des gens qui ressemblent à des anglais "moyens", avec des vêtements et des appartements "moyens", sauf qu'ils ne parlent pas, et ne communiquent que par cris et gromelots (et gestes à l'appui). Et se comportent comme des animaux sociaux, des singes peut-on supposer de par les attitudes et les mimiques  (ce qui ne changera pas beaucoup de certains humains, me direz-vous). Vivant en meutes, avec chef de meute (le "mâle alpha") suivi de son second (oui, évidemment, le mâle bêta...) et les femelles, bien sur, sujettes de plus ou moins tendres (mais fréquentes) chamailleries. Il est donc question de conquérir un territoire, de le marquer (en pissant dans tous les coins, bien entendu), de s'en approprier les femelles, et de s'y installer, au besoin en en délogeant le précédent chef de meute...
On voit bien où le réalisateur veut en venir, mais même si ça démarre  plutôt très fort, l'intrigue, comme on dit, ensuite  fait long feu (comme la Guerre hihi du même nom) : après la déambulation de mâle alpha et bêta dans la forêt, puis la présentation du "foyer" qu'ils vont bientôt réquisitionner, le film devient assez vite répétitif dans ses excès : scènes de bouffe, de baffes, de vomi, de rut (des bêtes vous dis-je, des bêtes) . C'est drôle au début mais ça ne l'est vite plus trop. Le réalisateur met trop de "un peu" : un peu de sexe, un peu de violence, un peu de gore, un peu de QV, un peu d'humour, un peu de provoc, un peu de nonsense, et, finalement, c'est comme la recette de viande à l'huile et au sel présentée sur la chaïne culinaire de la maison (une très bonne idée, cette "télé-primate"), ça risque de devenir assez vite pénible à manger et plutôt écoeurant.
Le film fait 1h19, mais aurait pu tenir sur un format beaucoup plus court, avec encore plus de force. Dans l'état, on le trouve un peu longuet. Heureusement, il nous fait le plaisir (la surprise ?) de redémarrer un peu vers la fin, et ça retire un peu le tout vers le haut. On peut saluer les performances des acteurs (brittonissimes) mais qui font très bien les singes. Et évoquer la lointaine ascendance de Themroc, de Claude Faraldo (le premier film grogné de l'histoire du cinéma, et un de mes premiers émois érotiques aussi...). Ou une version sitcom britton  d'un documentaire animalier sur la vie sociale des singes.
Et la télé-bébête sur laquelle se clôt le film est véritablement une idée plaisante, je le redis.

Aaaaaaaah-Poster

12 mars 2017

ribambelle

068
YOURSELF AND YOURS
de Hong Sangsoo

Hong Sangsoo, ici, on adore. Et on programme chaque film dès qu'on peut (et le rythme est soutenu). Et c'est comme si, plus le réalisateur augmentait le rythme, et plus il gagnait en liberté narrative ("en roue libre"...). Le schéma de départ est toujours plutôt simple : un homme et une femme (vous voyez, quand même, je ne suis pas si obtus et sectaire que ça, je suis même capable de m'enthousiasmer pour un film farouchement hétéronormé...). De l'amour, bien sûr (du désir). Beaucoup de paroles, également.  Et tout autant (ou peut-être même encore plus) de bibine, de boisson, de breuvages, de sirotages divers. En général il est surtout question de soju, mais ici la bière aura aussi la part belle. Les gens discutent et boivent dans les bars (énormément de scènes de bars) où ils s'invitent et se recontrent (et l'inverse) et/ou en appartement. Voilà pour l'essentiel, le canevas de base hong-sangsooien.
Un homme, une femme, une relation. Chabadabada ? On ne sait pas trop. On ne sait plus trop. Ici il est autant question de chabadabader que de discuter sur le et si..., le peut-être..., le à moins que...(on a souvent évoqué Rohmer à propos de Hong Sangsoo), ce qui ne simplifie pas la tâche du spectateur (mais sans doute est-il un peu venu pour ça), puisque le réalisateur applique lui même à son histoire les hypothèses émises par ses personnages. Les duplications, les bifurcations, les superpositions.
C'est simple comme la vie, et en même temps tout aussi horriblement compliqué, si on veut bien, et cela devient un jeu intellectuel, cérébral, extrêmement plaisant, mais jamais pesant. Marivaudage sud-coréen mmais tout autant oulipien (ou plutôt oucipien). A chaque film, il s'emploie désormais à trouver une nouvelle façon d'atomiser la fiction. Quelle re-présentation va-t-il bien pouvoir en faire.
Ici il y a un peintre, Youngsoo, et sa copine, Mingjun dont un ami lui rapporte qu'elle a été vue buvant dans un bar. Discussion, colère, explications. Séparation. Jusque là on est en terrain connu, solide. a partir de là, tout va devenir beaucoup plus instable, à la fois dans les divagations de Youngsoo, désormais pourvu de béquilles, et celles de Mingjun (ou de quelqu'un qui est peut-être elle), où le spectateur "lambda rationnel" risque d'être un tantinet déboussolé (perplexe) tandis que la "lambda irrationnel" va, lui, se mettre à ronronner devant ce joyeux bordel narratif. On ne sera plus jamais (dans le film) sûr de rien.
D'autant plus que la musique  intervient régulièrement ponctuer le(s) récit(s), d'une façon qui m'a évoqué le piano ironique sur les "ou bien..." dans le Smoking/ No smoking d'Alain Resnais. Il faudrait revoir le film pour vérifier si.
A la sortie de la salle, c'était plaisant de voir chacun des specteturs (se) posant des questions, haussant les sourcils, émettant des hypothèses, avançant des argument plus ou moins (il)logiques,  bref démontrant qu'il est beaucoup plus gratifiant (stimulant) de voir un film labyrinthique au milieu  le réalisateur nous dépose et nous égare que de suivre une ligne narrative tirée au cordeau et balisée de façon rassurante.
(Pourquoi ce titre pour le post ? Pendant le film j'ai pensé à ces silhouettes qu'on découpe dans du papier plié, et qui, lorsqu'on déplie le papier, se donnent toutes la main et se ressemblent, mais qu'on peut alors décorer et singulariser, chacun/e  comme on en a envie...)
Dommage, il ne passera que trois fois dans le bôô cinéma...

 

460346

11 mars 2017

à reculons

066
LE PARC
de Damien Manivel

Bôô cinéma. Je sortais de Bill Douglas et j'étais donc encore un peu tourneboulé. Je connaissais juste le pitch du film (boy meets girl in a park, en gros) et, par le copier/coller des différentes critiques pour "notre" programmation", je savais qu'il y avait un "pli" dans le récit (j'adore cette image), un certain changement, mais je n'en savais rien de plus, juste je supputais...
J'avais raté le film à Entrevues, mais je me rappelais qu'il y avait été primé... Donc, rendez-vous dans ce fameux parc, où, effectivement, une donzelle et un donzellon (son "chevalier-servant", pour rester courtois) passent un après-midi d'été d'ados (d'ados d'été fonctionne aussi). Babil, poses, gambades, parades, chatouilles, tout est assez plaisant dans ce décor aussi bucolique qu'estival. D'autant plus que nos tourtereaux tout occupés à tourterer s'inscrivent délibérément dans cette réalité bucolique et estivale du parc : des gens passent, à pied, en vélo, font des galipettes, jouent au foot, mais toujours un peu loin, là-bas, à la lisière, pourrait-on dire.
Fin du premier acte. Les heures ont passé, le soleil baisse progressivement, va disparaître, et va se jouer alors une autre partie (un autre parti, hihihi). S'écrire sous nos yeux un nouvel échange. (En dire assez mais ne pas en dire trop). Tandis que la lumière baisse, jusqu'à la nuit. Puis la nuit noire. Le soleil décline, recule, il ne sera bientôt pas le seul.
Car va se jouer un autre round, l'avant-dernier, où le réalisateur convoque certains dieux tutélaires, les invoque, (les provoque). Plusieurs critiques ont ainsi chuchoté Apichatpong, mais le réalisateur répond tss tss, plutôt Robert Bresson, Tsai Ming Liang, Jacques Tati, et, depuis peu Hong Sangsoo...
On est toujours dans le Parc, mais c'est aussi un peu un autre parc (comme le Bois dont les rêves sont faits pouvait être comme ci mais à d'autres moments comme ça) parce que c'est la nuit mais aussi parce qu'autre chose. (En dire assez mais ne pas en dire trop, bis). Où la modernité de la forme (et des moyens) rejoindrait un certain archaïsme  -primordial- de la cinématographie.
Dommage, il ne passera que 3 fois dans le bôô cinéma.

088014

 

10 mars 2017

splendeur 1 et 2

064
065
MY CHILDHOOD
MY AIN FOLK
Bill Douglas

Caramba! Je me suis laissé prendre par le temps (oui, Uncut est un poil chronophage...) et je n'en ai vu que deux sur les trois (heureusement, j'ai vérifié sur un disque dur externe que je l'avais en ma possession, et que je pourrai donc le voir assez vite...). Le premier date de 1972, le suivant de 1973. Des films assez courts (une cinquantaine de minutes chacun).
Où il est question d'une enfance, celle d'un gamin nommé Jamie. C'est en noir et blanc, c'est autobiographique, c'est très triste. Et c'est splendide. Au-delà des compliments.
C'est dur c'est violent et c'est en même temps d'une beauté plastique presque à faire mal. Chaque cadrage peut se voir comme une oeuvre d'art. Mériterait un arrêt sur image à chaque fois. C'est très impressionnant. D'autant plus que dire que l'enfance de Jamie et de son frère est moche serait un "pudique euphémisme".
Je ne parle pas souvent de mon enfance, et ceux qui me connaissent savent que j'ai mes raisons, mais un film comme celui-ci permet, au moins, de relativiser. Non, finalement, ça n'était sans doute pas aussi terrible que cela... Et pourtant à plusieurs reprises le film a réactivé certaines images, certaines sensations, certaines angoisses. Non, non, je ne peux pas comparer : Jamie et son frère sont élevés par leur grand-mère, leur mère est internée dans un asile, leurs pères respectifs ne souhaitent pas s'encombrer d'eux... Misère affective, misère tout court, crasse, aigreurs, violence, désillusions, déconvenues. C'est très âpre (âcre) mais la splendeur de la cinématographie transcende le récit, en fait un monument de cinéma dont la hauteur des qualités pourrait presque donner le vertige.
C'est comme du Dickens chez Loach, mais c'est surtout l'histoire de Bill Douglas, et c'est une sublime paire de baffes (même une volée de, ce qui pourrait me permettre de rebondir dans le dithyrambe, tant, -coq à l'âne- ces films le sont, de haute volée, et réellement dans tous les sens du terme) dans la gueule du spectateur.
Un cinéma hallucinant de force, mais pourtant ne roulant jamais des mécaniques de sa virtuosité. A chaque plan ou presque, une vraie idée de cinéma. pourtant des scènes simples, des plans et des cadrages qui le sont tout autant. Mais dont l'intensité fait que le spectateur reste jusqu'au bout captif de ce récit, à la fois émerveillé et effrayé (ce qui pourrait être un bon résumé de l'enfance). fasciné, en tout cas. Je pense encore au dernier plan de My Ain folk : une route avec un virage en haut, un véhicule qui monte, une fanfare écossaise qui descend. Jusqu'à ce que ne reste plus que la rue vide. Revenue à son silence et à son rien.  mais un rien si plein. Et le réalisateur pousse alors le plan jusqu'à son paroxysme. Simplement.
Hautement indispensable.

21011547_2013061016374904

6 mars 2017

partisan

063
PERE
de Istvan Szabo

(On continue dans la découverte de pépites grâce à Uncut.) Un film hongrois de 1966, par un réalisateur dont je ne connaissais que Mephisto et Colonel Redl (très bien tous les deux, même si j'en ai peu de souvenirs). Le cinéma hongrois, c'est plutôt rare, et j'ai donc comme on dit risqué un oeil.
Bonne pioche. Un beau noir et blanc. L'histoire d'un gamin dont le père est  mort en 1946 lors de la prise de Budapest, mais qui n'a de cesse de faire revivre ce fameux père, de par l'admiration qu'il lui porte et la fertilitude de son imagination. le gamin réinvente des épisodes la vie du fameux papa (qui est alors reconstituée filmiquement sous nos yeux) et c'est assez délicieux.
Plus tard, le gamin est devenu un jeune homme, mais a toujours autant besoin de rêver (et de mentir), même lorsqu'il rencontre Esther, une jeune juive qui a perdu son père en camp de concentration, il ne peut s'empêcher de lui raconter des bobards.
Ils se sont rencontrés sur le tournage d'un film, à propos, justement de la déportation des Juifs (une scène fascinante, à propos de la reconstitution, et, justement, des mensonges : le jeune homme passera ainsi sans tradition d'un rôle de déporté à celui de soldat allemand. il suffit d'enlever une étoile et de lui donner une casquette et un fusil...)
Un film qui mérite d'être re-découvert (et du coup, il me semble en avoir vu quelques autres -du même réalistaeur- sur Uncut). Un film étonnamment "moderne", qui sent sa "nouvelle vague des pays de l'Est" (ce qui n'est absolument pas péjoratif, je pense à Forman, à Skolimowski, ou, en littérature, à Kundera...), un cinéma élégant  et joueur qui fait le (beau) portrait d'un menteur "pour la bonne cause"....

174050

4 mars 2017

roquette

062
EAT SLEEP DIE
de Gabriela Pichler

Mais comment a-t-on pu passer à côté de ce film épatant ? (Encore une fois un grand merci à Uncut -j'adore ce nom- l'offre d'unviersCiné).Un premier film, sorti en 2013. L'histoire de Raisa, qui perd son boulot dans une usine de salades (elle est licenciée) et en cherche désespérément un autre. Le sujet, l'héroïne, la caméra portée qui la suit, et tout le monde de rouler des grands yeux effarés et de les lever au ciel en répétant "Rosetta"...
C'est vrai, les frères Dardenne se seraient pas complètement étrangers au tableau, SAUF QUE le ton du film est aux antipodes. Rosetta m'avait laissé le souvenir d'un film tendu, opressant, barbelé. Désespéré. Alors que celui-ci semble aller plutôt en sens contraire. Grâce à son actrice principale, Nermina Lukac, carrément sensationnelle (mais qui n'a hélas plus rien re-tourné depuis), grâce à la qualité des autres personnages autour d'elle (une mention spéciale pour son père, et pour son copain Billy), et grâce à l'énergie joyeuse qui sous-tend le film (Raisa et son père ont des origines monténégrines, ceci explique-t-il en partie cela ?).
La réalisatrice a choisi de nous montrer, clés en mains, que la situation en Suède n'est pas aussi youp la boum qu'elle le fut il y a un certain temps, et que le beau rêve scandinave non seulement a fait long feu, mais n'a pas hésité à péter à la gueule d'une bonne partie de ses habitants. Les petites gens, bien évidemment, on les piétine, ici, comme partout.
Raisa a bien la même volonté que Rosetta, la même niaque, la même détermination (farouche, la détermination est toujours farouche), seulement elle n'en fait pas tout un plat. La rage au coeur, mais avec le sourire. Et même des chatouilles. Encore une fois, on reste scotché devant l'abattage de la demoiselle. D'autant plus qu'elle est affectueusement filmée. Pas de la caméra qui tressaute et soubresaute (et qui par le passé put à l'occasion nous donner mal au coeur), il s'agirait ici bien plutôt d'accompagnement. oui quelque chose d'affectueux et de joueur, dans le frôlement et la proximité.
Une très belle surprise.

20541918

3 mars 2017

et emporte avec lui les rires des enfants

061
ET LES MISTRALS GAGNANTS
de Anne-Dauphine Julliand

Vu ce samedi après-midi dans mon Victor Hugo chéri ce très beau film (qui m'a entre autres permis de relativiser mes (tout petits) problèmes intestinaux). La réalisatrice y va franco : cinq enfants  (Ambre, Camille, Charles, Imad et Tugdual) vivent (et se racontent) sous nos yeux. Chacun d'eux est malade, une saloperie de maladie au nom plus ou moins compliqué, dont il nous explique d'ailleurs les symptomes, avec laquelle il doit vivre, pour le temps qu'il lui reste. C'est dit, simplement, les yeux dans les yeux. Les jeux, les conversations, les soins, la famille, les soignants... Les moments de rigolade, mais aussi, tout autant, les chagrins, les douleurs, les souffrances. Un film magnifique, aussi simple que touchant. Film "inattaquable" certes (Le Monde pourtant a été assez puant sur le coup  "On ne peut que compatir, faute de se voir proposer un autre rôle." écrit la journaliste, mais quel rôle justement voulait-elle donc qu'on lui attribuât, du haut de sa condescendance ?) mais profondément justifié.  La réalisatrice, qui a perdu une enfant dans les mêmes circonstances, a eu l'envie de donner simplement la parole aux enfants, à leurs parents. C'est un film bouleversant qui parle de la vie (même si leur mort est un thème "habituel", présent, que les enfants n'hésitent pas à évoquer, avec leurs mots et leur philosophie à eux), de la façon dont dans la vie rien n'est jamais tout blanc ou tout noir. "Qu'il faut aimer la vie et l'aimer même si..." Avec intelligence, avec tact, avec délicatesse.

513860

28 février 2017

la marseillaise

060
CHEZ NOUS
de Lucas Belvaux

On était content de l'avoir en sortie nationale. Lucas Belvaux, on l'aime bien aussi (plus ou moins c'est vrai, mais globalement oui on l'aime). Ce film-là on en a sans doute plus parlé que des autres, parce qu'il évoque un parti que je ne nommerai pas (mais que j'abomine de tout mon coeur). Il y a une blonde, fille de son père, chef d'un parti facho surnommé "Le bloc", qui refonde un parti avec un nouveau nom, pour "adoucir" un peu les préceptes de son vieux facho de père (mais c'est juste du toilettage, juste une petite couche de sucre pour enrober les mêmes vieilles idées pourraves) et qui se présente aux municipales dans un patelin acquis à sa cause, mais qui cherche une candidate pour jouer les marionnettes en tête de "sa" liste, quelqu'un du cru, une locale, connue, aimée, et la trouve en la personne d'une jeune infirmière.
On va suivre le parcours de cette jeune femme (Emilie Dequenne, impeccable), depuis le moment où un médecin "ami de la famille" (André Dussolier, parfait en crapule déguisé en notable impeccable et bon enfant) propose de lui mettre le pied à l'étrier, jusqu'aux fameuses élections municipales en question. Elle aura d'abord des hésitations, des états d'âme (son père est communiste, elle se dévoue corps et âme à son travail et à ses enfants), mais acceptera finalement de se lancer dans l'aventure, après avoir fait la connaissance de la cheffe blonde du néo-parti (oui, ça rime avec néo-nazi, tiens) et s'être immergé dans un meeting surchauffé dont l'enthousiasme des participants fait froid dans le dos.)
Elle croit bien faire. mais réalise bientôt que les apparences sont trompeuses. Surtout qu'intervient une histoire d'amour avec un mec dans lequel elle reconnaît un de ses premiers amours. le mec en question, c'est Guillaume Gouix. et c'est là que mes grands yeux devraient commencer à s'embuer de larmes car mon Guigui chéri d'amour joue (très bien) un salopard au lourd passé d'exécutant zélé de la fachosphère, mais qui n'hésite pas , avec ses potes paramilitaires bien siglés cagoulés et armés à aller ratonner un peu la nuit pour garder la forme (sous prétexte de "sécurité"...).
Les choses se compliquent encore quand la cheffe apprend que sa poulaine roucoule avec le sale (et désormais indésirable) nervi qui a bossé avec son père, et dont elle ne souhaite pas qu'on aprenne leur relation roucoulante...
La pression va continuer de monter dans ce village où le racisme se pratique désormais à visage découvert. L'affaire suivra son cours, certains plâtres seront essuyés...
Un film d'une certaine façon terrifiant, puisqu'il ne fait que décortiquer un modus operandi déjà à l'oeuvre depuis un certain temps. En sortant de la salle, je regardais chaque personne et j'avais l'impression que chacun/chacune, pouvait "en" être, derrière son joli sourire ou sa rassurante politesse... Oui, terrifiant.

341939

27 février 2017

soirée acid

58
WILLY 1ER
de Ludovic Boukherma,  Zoran Boukherma, Marielle Gautier et Hugo P.Thomas,

Quatre (jeunes) réalisateurs, ça n'est pas très courant. On en avait dejà eu trois pour Party girl, qui ne m'avait pas complètement convaincu, et dont d'ailleurs, par moments, ce film n'est pas très éloigné. Par moments. Willy, c'est un personnage de fiction, mais créé d'après la "vraie" vie de Daniel Vannet, qui l'incarne d'ailleurs à l'écran. Il s'agit d'un homme d'une quarantaine d'années, "en situation de handicap", qui, à la suite du suicide de son frère (dans le film, de son jumeau) décide de s'émanciper (il habite encore chez ses parents) et d'aller vivre sa vie, à pied dans un premier temps, dans le village voisin, à 9km... Il squatte d'abord chez un copain, puis chez sa curatrice (jouée par la seule actrice "professionnelle" du film, Noémie Lvovsky, magnifique de justesse et de simplicité) avant de s'installer dans "son" appartement, de rouler sur "son" scooter pour aller à "son" nouveau boulot. Boulot où il rencontre un autre Willy avec qui les relations, dans un premier temps, ne vont pas être des plus faciles. L'ensemble du casting est composé de non-professionnels, ce qui fait qu'il faut un temps d'adaptation pour se sentir à l'aise. J'évoquais Party girl, où on se retrouvait un peu dans la même situation (je pourrais aussi parler des films de Bruno Dumont) : des "vrais" gens jouant une presque vraie vie à l'écran, et pouvant provoquer le malaise (ce fut mon cas) dans des situations pénibles de réalisme (le syndrome Strip-tease) où il suffirait de peu de choses pour que le regard du cinéaste se teinte de voyeurisme ou de condescendance.
Mais dans le cas présent, les quatre jeunes réalisateurs revendiquent leur fascination (et leur complicité) pour le personnage de Willy. Ce que la narration traduit parfaitement. J'adore l'introduction dans l'histoire du "fantôme" du frère mort, intervenant régulièrement, jusqu'à la magnifique scène où les deux Willy(s) sont assis par terre devant leur voiture, au petit matin, avec chacun son fantôme venant à sa rencontre. C'est vraiment le moment, même s'il est tard dans le film, où ça a basculé pour moi. Oui, j'ai versé ma petite larme. Et tout ce qui suit sera tout aussi magnifique (à la fin, on a même, aussi, et je pense que c'est une première, un fantôme de voiture!). Et j'ai constaté, comme à chaque fois, combien c'est important, de pouvoir échanger, à la fin du film, avec le réalisateur (ou quelqu'un qui le représente) qui vous apporte des éléments nouveaux, ou une nouvelle façon de voir (d'appréhender) le film.

 

296993

59
COSMODRAMA
de Philippe Fernandez

Philippe Fernandez, justement, s'était déplacé pour nous parler de l'ACID, de Willy 1er, et de son propre film (celui-ci). Cette soirée était prévue depuis belle lurette (novembre, me semble-t-il) mais n'a pu se concrétiser qu'en ce 23 février avec une soirée à deux films, qui sera suivie d'une semaine -ACID- à 3 films : Willy 1er, Cosmodrama, et Swagger. Un enchaînement de circonstances fâcheux (c'est souvent le cas) a fait que notre communication sur l'évènement n'a pas été optimale (et que la date retenue ne l'était pas non plus). Revenons à notre film. Il s'agit de science-fiction (mais c'est un peu un prétexte), où se réveillent, dans un vaisseau rétro-futuriste allant d'on ne sait pas où petit a jusqu'à on ne sait pas où non plus petit b, un certain nombre de personnes, des scientifiques plus un alienologue (un musicien auquel Sébastien Tellier prête ses traits) plus un philosophe/ psychologue /candide qui vont faire rien moins que de tenter de nous expliquer l'univers, le big bang, le cosmos, les trous noirs, le théorème de Gödel et autres joyeusetés futuristes, en même temps aussi vulgarisatrices qu'érudites (à moins que le contraire). C'est un peu comme si Science et vie ou La recherche s'étaient déguisées avec les sous-pulls en acrylique de Star Trek (le film est censé se dérouler en 1971) -les oripeaux de la (science-)fiction- pour mieux nous appâter. On vous montre des choses pour pouvoir vous en raconter d'autres. (Quant à moi, qui fus dans mes jeunes années un téléphage spécialisé dans les émissions bizarres, je me suis rappelé d'un téléfilm qui s'appelait La dame d'outre-nulle part. Le premier téléfilm de sf de l'ORTF. Ainsi que d'une histoire de navire de l'espace, vu un autre soir où je restais seul devant la télé, Icarie XB1.) Souvenirs souvenirs. Ainsi que les ouvrages de vulgarisation scientifique de G. Gamow, (avec ses aventures de Mr Tompkins) que j'avais dévorés à la bibliothèqe muncipale.
Le film est ce qu'il est (il m'avait moyennement enthousiasmé quand je l'avais vu en petit sur mon ordi, mais là sur grand écran ça n'avait plus rien à voir.) Même s'il ne pas toujours complètement conquis, je suis sorti très content  car par contre j'ai pris beaucoup de plasir à la discussion avec le réalisateur qui a suivi la projection. C'est toujours passionnant d'entendre quelqu'un vous exposer son point de vue, "son" projet (et de le comparer avec ce qu'on en a ressenti). Ce qu'il a voulu y mettre et ce que j'en ai pris. J'avais saisi le "sens général" du truc, mais certains détails, qui tenaient pourtant à coeur au réalisateur,  m'en avaient complètement échappé (le chemin de croix, par exemple).

410161

25 février 2017

et glou et glou

57
VILAINE FILLE, MAUVAIS GARÇON
de Justine Triet

(d'abord j'apprend -ce matin- que c'est une chanson de Gainsbourg, écoutable ici)
Un court de 2012, de la plébiscitée Justine Triet (celle de La bataille de Solférino et de Victoria).Une nuit à Paris, l'hiver frisquet, alors il faut boire pour discuter et se toucher et s'embrasser dans les fêtes ou dans les bars (et même à domicile). Boy (Thomas Lévy-Lasne, qui n'a rien tourné d'autre depuis, dommage il a une jolie barbe et une raie des fesses sympathique) meets girl (Laetitia Dosch, qu'on aura bien revue par contre depuis). La petite histoire habituelle de rencontre entre, ici, un jeune peintre bohème et une jeune actrice, accessoirement chauffeuse de salle. Elle a une frère un peu agité, lui un père et un grand-père avec qui il habite (je ne sais plus qui squatte chez qui), et le background familial de chacun a son importance... On boit, on parle, et re. Une déambulation nocturne attachante, une certaine dégaine, et une aimable simplicité (sincérité) un peu brute de décoffrage. Avec en prime Serge Riaboukine en papa. Grande qualité de liquide(s) ingéré(s), mais c'est ça la nuit, hein...

vilaine-fille-mauvais-garcon

vilaine fille

Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 384 511