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lieux communs (et autres fadaises)
2 août 2013

je n'ai rien qui vaille la peine de rentrer

GOLD
de Thomas Arslan

Dans la catégorie "film de genre". Après le western-spaghetti, le western-choucroute. Étonnant d'entendre des cow-boys cracra s'exprimer (assez parcimonisuement d'ailleurs) dans la langue de Goethe. Le point de départ pourrait évoquer La dernière piste, de Kelly Reichardt, où la belle Nina Hoss tiendrait la place de la non moins belle Michelle Williams. Un groupe de pionniers, un guide (plus ou moins honnête et/ou expérimenté), l'attrait de l'or, des contrées inhospitalières, des indiens taciturnes, des incidents de parcours...
Mais là où, me semble-t-il me souvenir, le film de Kelly Reichardt, format carré, plans-séquences asséchés, fin (très) ouverte, nous la jouait "interrrogations métaphysiques et transcendance du western", Thomas Arslan, lui, opte pour une version réaliste (même hyper, pourrait-on dire par moments -scène de la jambe-), très physique (le fatigue la saleté la sueur) mais en même temps aussi graphique et lyrique dans ses images (les "grands espaces") que systématique (le côté "dix petits nègres", ou comptine enfantine à élimination) dans son déroulement. Le cahier des charges est impeccablement tenu à jour : les mecs puent, les chevaux trottinent, tombent ou refusent d'avancer juste ce qu'il faut, les chasseurs de primes sont obstinés, les pièges à ours sont cruels, les bivouacs fument, les caravanes pètent leurs essieux, les pépites d'or brillent dans les petits sacs de toiles et dans les yeux des hommes, et on voit se confirmer au fil du trajet l'histoire d'amour entre celle-ci et celui-là, qu'on avait assez vite vue venir, grosse comme une maison (comme on attend pendant assez longtemps que la piste de "nos amis" vienne à croiser celle des "méchants"...
On suit ça avec intérêt, on a assez vite compris le processus, et le fait qu'il y avait, au début du générique, les noms de deux acteurs en plus gros que les autres. Sept petits colons partirent chercher de l'or, l'un tomba de cheva, il n'en resta plus que six... On suit même ça avec plaisir (jolie musique à la guitare -électrique ?- qui fait dzoïng dzoïng comme celle de Neil Young accompagnant Dead man, de Jarmusch. On suit avec intérêt l'évolution de Nina Hoss (avec chapeau les cheveux tirés, sans chapeau les cheveux tirés, sans chapeau cheveux un peu lâchés, sans chapeau cheveux au vent, au fur et à mesure que les protagonistes sont ejectés du récit par un mouvement centrifuge inéluctable. On suit ça avec bonheur, n'ayons pas peur des mots, en se disant que Gold l'a bien méritée, sa place dans le (petit) pinacle des westerns atypiques et/ou contemplatifs... I am a poor lonesome cowgirl, far away from home...

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