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lieux communs (et autres fadaises)
30 avril 2011

ilan

UN COUP D'ECLAT
de José Alcala

On y allait sans attente particulière, simplement parce qu'on avait dit qu'on irait au cinéma en début d'après-midi, et que c'était la seule nouveauté. Et, dès le début, un mec qui court le long d'une palissade, comme Denis Lavant dans Mauvais sang, accompagné d'une jolie musique à la guitare électrique, on se regarde en souriant, et on dit "c'est bien...". Oui ça commençait bien, et ça continue pareil.
Je ne sais pas si on c'est parce qu'on avait bien mangé à midi, que j'avais trouvé la bière délicieuse, mais ce film, je l'ai savouré minute après minute. Jusqu'au bout.
C'est vrai, je l'avoue, j'avais vu la bande-annonce, et Catherine Frot m'y avait attiré l'oeil. Et là, c'est vrai, elle irradie dans ce coup d'éclat. Elle rayonne, mais en sourdine, astre mort, trou noir. Impériale dans un rôle de flic (commissaire) à la vie pas folichonne, (un peu alcoolo sur les bords), usée, désabusée, qui va soudain s'intéresser au destin d'une jeune prostituée tombée du haut d'un toit (et de son fils, à l'existence duquel elle semble seule à croire). Une enquête "en marge", qui la fait sortir insensiblement de ses rails d'habitude.
Un polar à l'image de son héroïne : ancré dans un quotidien pas joli joli mais genre c'est comme ça faut bien qu'on s'y fasse. Des gens qui tiennent, des gens qui résistent, qui se battent, chacun à sa manière. Une réalité désenchantée (des putes "tenues" par leur maquereaux, des lotissements de caravanes, des mecs qui vont bosser en mobylette qui tombe en panne, des usines qu'on démolit pour les délocaliser en Turquie, , des vieilles mères  un peu acariâtresdes sans-papiers qu'on reconduit mécaniquement parce qu'il faut faire du chiffre) mais très adéquatement mise en image (le film est plutôt nocturne, sombre, et quand il est en plein jour il serait presque blafard (on pourrait quasiment retrouver des relents de Winter bone, mais qui, ici, sonneraient bien plus  juste).
Sans misérabilisme, sans dolorisme (pourtant, je l'ai déjà dit, rien de vraiment guilleret à quoi se raccrocher...) mais avec une indiscutable force, le film persiste dans sa ligne minérale et taiseuse. Un polar, mais pas que. Une chronique sociale, mais pas que. Un univers esthétique cohérent et fort, mais pas que.
Et Catherine Frot, je le redis. (mais tous les rôles, même les dits "seconds", sont au diapason. avec toujours le minimum d'humanité requise pour leur donner l'épaisseur nécessaire.)
Une excellente découverte.
(pour mes trois lecteurs bisontins : allez-y!)

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28 avril 2011

la chute d'un corps

WOMEN WITHOUT MEN
de Shirin Neshat

J'ai appris par la suite, en lisant les critiques (hormis le titre, j'ignorais absolument ce que j'allais voir) que la réalisatrice est une artiste plasticienne vidéographe de renom, qui a fui son pays natal. Je comprends mieux. La première chose qui saute aux yeux, dans Women without men, ce sont ses extraordinaires qualités plastiques. Dès la première image (une femme sur un toit), on sait qu'on est incontestablement face à quelqu'un qui sait le sens des mots "cadre" et "cadrage".
Il y a véritablement des plans d'une beauté à couper le souffle. mais assez vite, on (le spectateur moyen) va commencer à se poser des questions, vu la tournure que prend le film. Est ce que l'esthétique est compatible avec le (la?) politique ? Car la réalisatrice entreprend de nous narrer, par le biais de plusieurs portraits de femmes, les événements politiques d'août 1953 en Iran -dont j'avoue à ma grande honte n'avoir jamais entendu parler- qui ont conduit au renversement du premier ministre  du Shah (et de la Shahbanou, j'ai toujours adoré ce mot-là).
Pour un film iranien,il faut reconnaître que Women without men est vraiment un objet d'exception : jamais je n'avais vu un film avec autant de femmes sans voile, voire même de femmes carrément nues : je pense que c'est la première fois dans un film iranien que je vois des seins, et ce à plusieurs reprises!). FIASV.
Des femmes à l'honneur dans un film réalisé par une femme, le projet est digne d'attention. Les choses se compliquent un peu lorsqu'il est question, en plus de la condition féminine en Iran, qui est déjà un sujet fort en soi, de l'évocation des événements historiques plus haut évoqués (on n'y comprend pas grand-chose), et que vient se greffer sur ces éléments déjà composites une variation fantastico-onirique (que j'ai eu, personnellement du mal à saisir et à accepter) : l'une des femmes étant morte et enterrée, la voici soudain qui chuchote de dessous la terre à sa copine, en visite dans le jardin, "j'ai du mal à respirer, sors-moi de là...", la copine grattouille,  hop la voilà sortie,à peine décoiffée, et prête à aller faire la révolution...  Réel ? Fantastique ? Peut-être quelque chose m'aura-t-il échappé... d'autant plus que le laps de temps écoulé entre la première et la dernière image du film pourrait faire classer celui-ci entre L'échelle de Jacob et Mystères de Lisbonne (avec un zeste de Sunset boulevard ?)
Comme le jardin merveilleux où elles vont se retrouver, l'une après l'autre -avec son ma foi bien joli jardinier...-  (la femme cultivée mariée à un militaire qui la méprise, la prostituée qui veut se laver des souillures subies, la jeune fille amoureuse du frère de sa copine), sans qu'on sache trop vraiment si c'est du juste onirique ou bien du un peu plus réel... jusqu'à ce que l'arrivée des militaires nous fasse basculer complètement dans le réel (encore que...).
On peut aussi cesser de couper les cheveux en quatre et se laisser porter par, je le redis, la beauté formelle époustouflante de l'ensemble. S'attacher à ces beaux portraits de femmes. En regrettant le côté "petit bout de la lorgnette" et riquiqui de la reconstitution historique (qui n'est, il faut le reconnaître, que sommairement esquissée...) Se laisser aller...

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26 avril 2011

rouge, bleu

TOMBOY
de Céline Sciamma

Mes anges tutélaires cinéphiles de service Hervé et Zabetta  avaient accordé unanimement leurs violons pour me le conseiller d'une même voix séraphique, et ils ont diablement eu raison : ce Tomboy est une incroyable réussite.
Pourtant j'étais un tout petit peu inquiet : les histoires d'enfants (aïe), de premiers émois amoureux (re-aïe), de détermination / différentation sexuelle (re-re-aïe), avaient a priori tout du sujet casse-gueule, avec le  double risque / danger d'avoir à éviter à la fois la mièvrerie à l'eau de rose cucul la praline (genre "vert paradis des amours z'enfantines") ou le graveleux sordide lourdingue (rires gras genre Cage aux folles et j'en passe). Et je dois dire que Céline Sciamma s'en sort miraculeusement bien.
A sujet simplement fort, traitement forcément simple. La jeune Laure (mais on ne l'apprendra qu'au bout de 10' de film,premier "tour de passe-passe" de la réalisatrice) se fait passer, auprès des enfants du quartier où elle vient d'emménager, pour Michaël. C'est le "garçon manqué" du titre. Elle se prend au jeu, et  pousse le bouchon de l'identification assez loin pour que Lisa, une fille de la bande ("la" fille, devrais-je dire) tombe amoureuse d'elle. Et qu'elle aussi peut-être d'ailleurs. Les choses vont suivre leur cours, la révélation de la vérité entraînera certains changements...
Le film a été tourné rapidement (trois semaines) avec équipe réduite (et appareil-photo). Ceci par choix de la réalisatrice.  Un film solaire (oui oui, Zabetta, c'est vrai, on sent le souffle et la chaleur lors de la scène d'ouverture), estival, un film de vacance(s) (celle-là je ne pouvais pas m'éviter de la faire!). Une merveille de simplicité apparente (même si les affects mis en jeux sont, eux, plutôt très complexes) où tous les acteurs (adultes et surtout enfants) sont au diapason question justesse (une mention spéciale à la jeune Zoé Héran, absolument parfaite -et impressionnante!- dans le rôle-titre).
Après avoir lu presque toutes les critiques (qui sont unanimement louangeuses) du film, j'en connaissais presque tous les rebondissements, mais ça n'est pas très gênant. Tout ça, une fois accepté le postulat de départ, est finalement assez logique. Une chose en entraîne une autre, et ainsi de suite. Techniquement, le film affirme ses choix, notamment au niveau  du découpage, Céline Sciamma en fait quelque chose de très construit où les scènes d'extérieur, très chorégraphiées en amont, retrouvent une dynamique supplémentaire au montage. Avec des plans plus "séquences" pour les scènes d'intérieur. Il y a notamment un plan tout simple qui me reste (et m'a quasiment mis les larmes aux yeux par son évidence) : le travelling arrière où la caméra abandonne doucement -comme à regret ?- Laure et son papa (Mathieu Demy).
Car je n'ai pas encore parlé de la famille : Laure a un maman enceinte, un papa copain-copain, une petite soeur -très féminine- craquante. C'est le versant intérieur, douillet, rassurant, confortable, de l"histoire plus "physique" -et plus déstabilisante- qui se joue à l'extérieur, au soleil. Chacun des trois personnages (quatre, avec le bébé qui sera né à la fin du film) a un rôle à jouer pour Laure/Michael, que ce soit dans l'intimité des rapports (les deux soeurs), la bienveillance complice (le papa), le "réalisme" (la maman).
La dernière partie du film est -pour moi-  bien évidemment la plus forte, c'est celle où je me suis vraiment laissé aller à l'émotion, à partir de l'apparition de la robe bleue et jusqu'aux toutes dernières images... Question émotion, j'ai pu ressentir des choses aussi fortes que, disons, celles que j'avais éprouvées à la vision des Rêves dansants...
Très fort, vraiment très fort (je finis la rédaction de ce post quelques jours après, et j'ai toujours en tête le visage de Laure/Michaël. C'est rare qu'un film, à travers un visage,  me laisse aussi longtemps son empreinte...)

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26 avril 2011

à chaque jour suffit sa

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22 avril

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24 avril

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25 avril

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26 avril

24 avril 2011

"foutaises, foutaises!"

j'apprends, à l'instant, la nouvelle du décès de Marie-France Pisier, et cela me rend très triste.
Une actrice singulière (hmmm cette voix que j'adorais), associée pour moi aux débuts de ma cinéphilie vaillante, dans au moins trois chefs-d'oeuvre personnels des années 70, trois films qui me sont particulièrement chers :

18839852(Céline et Julie vont en bateau, de Jacques Rivette)

souvenirs_d_en_france_03_g(Souvenirs d'en France, d'André Téchiné, où elle lançait, sortant du cinéma -Le roman de Marguerite Gauthier ?- ce grandiose "Foutaises, foutaises!")

barocco_1976_05_g(et, le plus cher des trois à mon coeur : Barroco, du même André Téchiné, où elle est sublime, en prostituée copine d'Adjani et mère d'un enfant qui n'a pas de nom...)

J'aurais pu aussi rajouter Cousin cousine, de la même époque...
Oui, ça m'attriste...

22 avril 2011

la contrevisite

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Je suis un incorrigible sentimental (un benêt, quoi). Ainsi, les lieux dits "de drague" (enfin, ce qu'il en reste, la tendance étant à la déforestation sauvage et à l'éradication rasibus), lieux par définition des rencontres furtives et -re par définition- sans lendemain, c'est plus fort que moi, quand je rencontre quelqu'un "digne d'intérêt", c'est plus fort que moi, faut que j'y retourne! Le lendemain.
Par exemple, le monsieur d'avant-hier soir, qui débarqua aux alentours de 18h, sortit de sa vieille grosse voiture poussiéreuse, et s'avança sous les frondaisons en me jetant au passage des coups d'oeil furtifs. Son apparence ne pouvait que me sembler sympathique : un grand mec, tête carrée cheveux courts, et sa tenue aussi : un vieux t-shirt, un pantalon visiblement "de travail" et des pompes idem.
Je suis donc sorti de ma voiture, voir si je pouvais lui donner un coup de main (ou, si, encore mieux, nous pouvions) et me suis engagé dans le sous-bois.
Il s'avéra que le monsieur en question était en plus mal rasé c(est un argument décisif pour moi), et agréablement pourvu de ce qu'il fallait là où il fallait. Nous nous ébattîmes.
Après avoir conclu, et tout en reprenant une plus civile apparence, nous avons échangé quelques banalités.
Moi : "tu viens souvent par ici ?
Lui : "de temps en temps ça m'arrive..."
Moi : "ben je t'y reverrais avec grand plaisir. A la prochaine!"
(Et de nous serrer virilement la pogne, tout en repartant vers nos véhicules respectifs.)
J'ai redémarré avant lui, encore sous le charme de cette brève rencontre

Et le lendemain, je n'ai pu m'empêcher de revenir au même endroit, à la même heure, dans les mêmes conditions, au cas où (tout en étant bien conscient qu'il y avait 999 999 chances sur 1 000 000 pour qu'il ne revînt pas). Je lui ai laissé jusqu'à 18h15...


Et je suis reparti, bredouille bien entendu (il ne me reste que le numéro de sa voiture...)

21 avril 2011

coutures de sièges

WE WANT SEX EQUALITY
de Nigel Cole

Une histoire de femmes. Basée sur des faits réels (ou comment, en 1968, les femmes ouvrières chez Ford firent grève pour obtenir l'égalité des salaires avec les hommes et finirent par obtenir gain de cause). Comme on connaît la fin dès le début, on a un peur de s'ennuyer, et on se demande comment le réalisateur va "tenir" tout le film. d'autant que quasiment dès les premières minutes, la grève est votée...
Et bien, il s'en sort très bien (le réalisateur). Une mise en jambes très british (le fameux "cinéma social" mi-Loach mi-Frears) et très sixties (les choucroutes, le mascara, les tubes de l'époque -le jerk et autres danses tribales- les mini-shorts) plante le décor et nous met assez vite dans le bain. On suit Rita (Sally Hawkins, aussi attachante ici qu'elle était agaçante dans le Be happy de Mike Leigh), une des ouvrières, qui va oser prendre la parole et devenir, justement, le porte-parole du mouvement.
L'encadrent plusieurs autres portraits de femmes (la vieille déléguée syndicale dont le mari perd les pédales, la blonde qui rêve de devenir mannequin, l'autre blonde, hyper-classe et cultivée idem que son mari traite comme une courge, et, last but not least, la "rousse incendiaire", Ministre du travail -on retrouve ici avec plaisir la so british Miranda Richardson-) amenant chacun(e) sa pierre à l'édifice dans les revendications du combat, ou, si l'on préfère son éclairage particulier sur la situation (dû à sa couleur de cheveux sans doute ? non non, je plaisante...).
Les hommes, là-dedans font tous plus ou moins honte, ce ne sont que machos, bornés, réacs, veules, lâches, pleutres, méprisants, j'en passe et des meilleurs (seul le -gentiment poupin- mari de Rita s'en sort à peu près avec les honneurs, et encore faut-il attendre la dernière partie du film! Et Bob Hoskins aussi, qui est quand même celui qui met le pied à l'étrier à Rita...)...
Ce que pouvait faire craindre l'application de la reconstitution historique (et le didactisme y afférant) est balayé par l'humanité de toute cette histoire (et le bien-fondé de cette lutte, évidemment) et l'enthousiasme qui va avec. Plus ça avance, et plus on est touché (le film culminant pour moi, question larme à l'oeil, dans la scène du discours que fait Rita aux représentants des syndicats tandis que son mari, venu la rejoindre à l'improviste et en moto, assiste au dit discours, et la scène suivante où il affirme à sa femme son soutien inconditionnel...)
Bien sûr, il y a peut-être dans tout ça une certaine "idéalisation", un aspect idyllique et youp la boum de la vie de l'entreprise, de la vie politique et du prolétariat, mais, comme pour La nostra vita, j'ai juste envie de rétorquer "Et alors ?" (dans le cas précis, ça serait plutôt "so what ?") Car le ton résolument alerte et positif du discours dissimule quand même une sacrée amertume, sans que jamais le pathos ne puisse prendre le dessus...

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18 avril 2011

chantier

LA NOSTRA VITA
de Daniele Luchetti

J'y suis allé suite à une double recommandation sur ce blog (Zvezdo et Mimi). Merci donc à eux. Même s'ils avaient tous deux usé d'un mot "fort" (adorer pour Zvezdo et exceptionnel pour Mimi) et donc que forcément le résultat fut un poil en-deçà de  mes espérances.
Le plaisir de voir un film 100% rital (j'adore ce mot, beaucoup plus parlant qu'italien, et je précise que sous ma plume il n'est absolument pas péjoratif...), à donf, et pas qu'à moitié, comme dans le Claudel,  était indiscutable (bizarrement -?-, en tant qu'espagnol de souche, j'ai autant de plaisir à entendre parler italien que de déplaisir à entendre le portugais...).
Une histoire de famille, qui démarre dans la joie, avec une caméra qui bouge bien (d'aucuns diront un peu beaucoup), peut-être un poil trop... (dans le sens du poil ?)  idéaliste (moralité 1: même quand t'es dans la merde, il suffit d'avoir une famille idéale pour t'en sortir, moralité 2 : l'argent ne fait pas le bonheur -mais quand même ça aide...-), centrée autour d'un acteur qui gagna là son prix d'interprétation à Cannes (et qui le mérite, ne serait-ce que pour la scène de la chanson à l'enterrement...) et de -donc- sa "famille", au sens large.
La galerie de personnages qui gravite autour de lui est suffisamment riche (étoffée) pour que ce récit haut en couleurs (et en éclats de voix -j'aime toujours bien entendre les stronzo et autres va fan culo...) emporte l'adhésion facilement.
Et le titre -pour une fois ?- dit justement et très exactement les choses. La nostra vita, notre vie à nous tous, quoi, par le petit bout de la lorgnette, pâtes refroidies, crises de fou-rire, supermarché, dettes, repas de famille, accouchement, projets de vacances, enterrement, et chansons italiennes (à tue-tête et faux) pour rire et pour pleurer (la même, en plus)...
On suit tout ça avec grand bonheur, d'utant que le réalisateur n'y est pas allé avec le dos de la cuillère de la main morte, (au risque d'en mettre trop plutôt que pas assez, et, conséquemment, de ne pas exploiter assez les multiples pistes qu'il lance). La générosité latine.
En plus des histoires familiales (un deuil à gérer, un frère qui n'y arrive pas avec les femmes, une séparation àchez la "nounou", deux gamins et demi ...) notre héros doit faire face à des problèmes financiers, professionnels, éthiques, moraux, affectifs, etc. La totale, quoi.
Il y a même un chantier, un cadavre "oublié", un patron véreux, un genre de chantage, des ouvriers de toutes nationalités (hmmmm pensais-je a priori mais non finalement pas la moindre scénette affriolante...), de la corruption, et des histoires de fric, de fric, et de fric (pas seulement caractéristiques de la Berlusconie), qu'on emprunte, qu'on doit, qu'on fait semblant de rendre, qu'on prête, etc. 
Et même une famille de roumains, où chacun des membres, le père, la mère, le gros fils, aura son rôle à jouer, et c'est d'ailleurs le fils de la famille en question qui aura, en quelque sorte, le mot de la fin, et donnera le bon conseil ultime, comme à la fin de The crossing guard, pour faire revenir notre héros -qui s'en sera pris un peu plein la gueule dans tous les sens pendant tout le film- aux vraies valeurs de la vie. Et lui faire penser à ce qu'il avait un peu perdu de vue.
Un mélo  ? Oui, et alors ? Traité de façon manichéenne ? Oui, et re-alors ? Irrealiste ? J'ai eu les larmes aux yeux quelques fois (la performance d'Elio Germano est vraiment à saluer..., mais tous les autres aussi) c'est ça qui compte. J'ai été attendri, ému, révolté, etc. Les Inrocks et les Cahiaîs ont fait la gueule, raison de plus pour accueillir La nostra vita avec les bras grands ouverts, et le serrer contre soi avec forces manifestations d'affection viriles et sonores genre grandes claques dans le dos.
Ritalissimo!

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17 avril 2011

sequel(les)

SCREAM 4
de Wes Craven

Il est des plaisirs coupables... ceci en est un. J'avais déjà vu les trois premiers de la série, il y a... un certain temps, et l'envie donc me titillait d'aller voir ce quatrième, d'autant plus que la majorité des critiques étaient plutôt enthousiastes.
Fêter le début des vacances dites "de Pâques" était un bon prétexte, et donc ce soir j'y suis allé. J'aime bien ce mélange pervers, et plutôt malin, de slasher-movie basique (un tueur masqué poignarde des djeunz) et de réflexion ironique au trente-sixième degré sur le film-d'horreur-en train-de-se-faire-sous-nos-yeux et tous les poncifs du genre y afférant, les protagonistes passant notamment leur temps à nous le répéter qu'ils n'y sont pas, justement, dans un film, et que s'ils y étaient vraiment ça serait différent. sauf que bien sûr, justement, ils y sont...  Du Pirandello, quoi, avec des couteaux et du sang en plus.
Oui, Wes Craven (et surtout son scénariste Kevin Williamson) est un gros malin. Un roublard. Qui joue à la fois sur le beurre et l'argent du beurre. C'est très perceptible pendant le film, on l'apprécie simultanément de deux manières différentes, l'une au niveau du ventre, on a toujours les tripes un peu serrées parce que c'est un film qui fout quand même les jetons, et ça fonctionne plutôt bien, autant dans l'attente -la tension- de ce qui va arriver que dans le bouh fais-moi peur!, le gros coup de musique qui te fait sursauter, le truc qui surgit du côté où tu ne l'attends pas, et l'autre plutôt au niveau du cerveau, cette jouissance intellectuelle face à l'ironie de cet objet -le film d'horreur- qui se regarde le nombril en miroir et nous fait profiter de ses multiples réflexions avec private jokes, phrases définitives, perspectives faussées, mises en abîme, bref un petit jeu  (les djeunz vont-ils pouvoir le comprendre ???) plutôt excitant. (le début et la fin sont, à cet égard extrêmement réussis...)
Bon j'avoue que j'avais un peu oublié l'original (à part le début et la fin...) et il semblerait bien que celui-ci soit un "genre de" remake du 1, dont il suit la structure grosso modo mais en la commentant, en en faisant un genre de work in progress, où l'on serait à la fois et dedans et dehors (et même quelquefois aux deux endroits à la fois), jouant l'actualisation, la "modernisation", et, bien entendu une certaine distance ironique, mais, comme il est dit vers la fin "On ne déconne pas avec l'original..."

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16 avril 2011

chirurgie

RIO SEX COMEDY
de Jonathan Nossiter

Comme je l'ai dit à mes voisins en sortant, accompagné d'un large sourire, "ça faisait longtemps que je n'ai pas autant apprécié quelque chose qui vient de là-bas..." (ils connaissent mon aversion -viscérale- pour, notamment, la musique brésilienne et ça les a fait sourire).
Nossiter n'est pas à proprement parler un réalisateur qui déclenche l'hilarité, et pourtant, ici, contrairement, par exemple à un Philippe Claudel, il réussit sa comédie. Improbable, mais il la réussit. C'est réussi,avec tout du long comme un nuage de gaz doucement hilarant. Rio n'avit pas jusque là, je pense été le centre et l'épicentre d'un aussi aimable délire marivaudant... Il est question d'amour, bien sûr, de sexe, bien évidemment (on est à Rio, tout de même, et le film peut se targuer d'entrer dans la catégorie, pas ouverte à tout le monde, des FAQV qui me sont si chers...) d'adultère et d'épreuves de fidélité, mais aussi de chirurgie esthétique, de politique, d'ethnologie même -on visite plusieurs favelas, on se précoccupe du sort des indiens, on se fait refaire le nez, on drague un(e) transexuel(le), on tourne un documentaire chez les petites gens...- dans une joyeuse et bordélique salade mêlée, entre aigre-douce et plutôt salée, qui a de plus la bonne idée de brouiller encore un peu plus les frontières -déjà bien poreuse  et chahutée - entre fiction documentarisée et documentaire fictionnarisé...
Délicieux  à tous point(s) de vue, ce chassé-croisé entre un ambassadeur américain en goguette, une anthropologue documentariste, son mari et le frère de son mari, un barbu allumé amoureux d'une jeune indienne, une chirurgienne esthétique renommée, son fils qui joue de la guitare mais qui n'est pas le bienvenu, etc etc. On se régale...
Tant pis pour ceux qui n'y allèrent pas! 

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