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lieux communs (et autres fadaises)
28 février 2009

film dans le film dans le film

LE BAL DES ACTRICES
de Maiwenn

Oh la bonne, l'excellente, la délicieuse, la divine surprise! (surtout que je l'ai vue juste après -zzzzzzz- le Chabrol!). J'avais raté son premier (que je n'avais à vrai dire pas trop envie de voir, mais dont les échos plus qu'enthousiastes de ceux qui l'ont vu me l'ont presque fait regretter...) mais celui-là, depuis que j'en ai vu la bande-annonce, j'ai su que je ne le raterais sous aucun prétexte.
Et bien m'en a pris. Je l'ai vu avec mes copines Marie et Véro, et en sortant on a croisé un autre copain (qui venait de voir -zzzzzzz- le Chabrol) et, s'étant étonné de nos mines unanimement réjouies, s'est enquis du film que nous venions de voir et qui provoquait cette douce et béate hilarité. On n'avait rien fumé de psychotrope, non, on avait juste vu Le bal des actrices.
A vrai dire, c'est quand même un drôle de machin. Où l'histoire d'une jeune réalisatrice (Maiwenn herself) qui se fait filmer en train de filmer soi-disant un documentaire sur les actrices (enfin sur des actrices, le panorama n'en étant pas exhaustif, manquent quelques pointures, la plupart de celles qui sont ici semblent être ses copines, et on comprend très tôt qu'on ne verra ni Cécile De F., ni Marion C., ni Audrey T., qui ne semblent pas du tout faire partie des copines en question...), pour en faire un "film", work in progress qu'on est justement en train de voir (on la voit filmer, et on voit ce qu'elle est en train de filmer, il y a  un caméraman qui la filme en train de),  qui est donc en train de se faire, et dont un producteur affirme pourtant, à la fin, qu'il ne sortira jamais. (après L'homme à la caméra, de Dziga vertov, voici La femme à la caméra, par Maiwenn ? L'un filmait une ville russe faite de  plusieurs villes russes, l'autre filme une actrice faite de beaucoup d'actrices... mais bon la seconde est plus rigolote que le premier!)
On est à nouveau -tiens donc- dans la fameuse problématique "entre documentaire et fiction" qui nous fit tant gloser l'année dernière : qu'est-ce qui est vrai/réel et qu'est-ce qui ne l'est pas ? le mélange des genres est assez étourdissant. Chaque actrice joue un personnage qui porte son vrai nom, mais dont on n'est pas trop sûr que ce qu'on lui fait jouer soit véritablement elle.Ou peut-être un peu si quand même ?
Et finalement, on s'en fout, et on se laisse emporter par ce joyeux bordel, gentiment iconoclaste, où on prêche le faux pour savoir le vrai, à moins que ce ne soit le contraire. Où la réalité (du filmage) deviendrait fictionnelle et la fiction (des personnages) presque réelle. un genre d'univers parallèle.
Un peu comme des sales gamines qui joueraient à "on dirait que je serais..." et où, à partir d'un certain point, tous les repères seraient abolis, du sacro-saint réalisme, de la comédie, de l'auto-portrait, de la comédie musicale (pas forcément ce que je préfère mais bon c'est fait avec tellement de conviction que ça passe, alors qu'on serait parfois à un fil du ça casse), de la chronique de couple (ouah la vie de famille de Maïwenn! on aimerait bien avoir le Jojoey Starr à la maison plus souvent, ça met vraiment de l'ambiance, ça mâche pas ses mots, ça ronchonne au pieu, ça éructe joyeusement à l'anniversaire du gamin...), du film de femmes (ohlala elles ont fumé quoi les copines ?), de la sincérité du bidouillage, du reportage animalier sur Nos amis les bêtes du monde merveilleux du cinéma...
Tout y passe,  du cours d'art dramatique (Karole Rocher, la maman dans Stella, y est grandiose face à Christine Boisson, dans une scène où se disent des choses sur le fait d'être une has-been qu'il faut avoir suffisamment de force et de recul pour être capable de les accepter)  au casting (là aussi, Romane Bohrinher est tout de même sur le fil...), des cours de langue à la retraite mystique, de la chirurgie esthétique au saphisme, de l'angoisse de vieillir aux metteurs en scène chiants, enfin, tout tout est joyeusement dynamité concassé pilé mixé dans un  gloubi-boulga qui a l'air d'autant plus bordélique qu'il a été je pense écrit au cordeau. Au rasoir.
Elles sont toutes nickel, parfaites, attachantes touchantes troublantes énervantes aussi parfois dans cette bulle légère qui réussit le prodige d'être à la fois branchouille et popote, sincère et roublarde, profonde et toc, individuelle et universelle, inconséquente et philosophique, inoubliable et vite oubliée, en nous faisant perdre je le disais plus haut tous nos repères habituels de spectateurs formatés.
Oui  vraiment j'ai adoré ça...

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27 février 2009

popote

BELLAMY
de Claude Chabrol

Ca commençait plutôt bien. Depardieu en mode mineur, à mots mesurés et voix posée, joue un commissaire en vacances. Un commissaire célèbre (le Bellamy du titre) et physiquement très impressionnant : cet homme-là est devenu un véritable éléphant. Il déborde de partout, et ce pif mon dieu ce pif! quand il est filmé de face, je ne pouvais en détacher mon regard tellement il est phallique et démesuré.
Il est en vacances avec son épouse, jeune, charmante, solaire, radieuse (Marie Bunel, excellente).Il somnole un peu devant la télé, fait ses mots croisés, libidine un peu avec sa moitié... Débarquent chez lui coup sur coup un homme mystérieux (Monsieur Gentil, joué par Jacques Gamblin, que d'ordinaire j'adore mais qui là m'a laissé un peu coi) qui recherche sa protection (et attire son attention), et son jeune frère (à Depardieu, pas à Gamblin) un "petite frappe" mal rasée (mmhh) et alcoolo (Clovis Cornillac, plutôt pas mal)...
Bellamy va plus ou moins mollement mener l'enquête (d'après une histoire réelle d'arnaque à l'assurance) et tenter de régler les problèmes avec son jeune et gueulard frérot. Mollement, très mollement. Pas désagréablement, certes (c'est un Chabrol plus doux, moins acide que d'habitude...praradoxalement, je trouve que c'est plutôt mieux filmé que d'hab', qu'il y a plus de matière...) mais sans véritable intérêt. (Claude ne se foule pas plus que Gérard). Chabrol se réclamait de Simenon, on serait plus proche de Derrick... Au terme d'une heure cinquante d'assoupissement progressif, tout est rentré dans l'ordre : l'arnaque est réglée, l'histoire avec le frangin est close, Gamblin a remisé tous ses postiches (il joue trois rôles) et Bellamy a toujours un nez aussi faramineux.
Une seule question reste en suspens pour Tyranosaurus Gégé : est-ce que sa (délicieuse) femme l'a trompé ou pas ? Question dont on n'aura hélas jamais la réponse (sauf en cas de Bellamy 2 huhuhu...)

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26 février 2009

cet obscur objet (du désir ?)

EDEN A L'OUEST
de Costa-Gavras

Elias vient, littéralement, de nulle part. Enfin, d'un pays jamais nommé, quelque part à l'est, qu'il fuit clandestinement pour aller voir à l'ouest si les mirages qu'on lui a fait miroiter existent bel et bien. C'est au  récit de ses aventures (on serait quelque part entre l'Odyssée et les aventures picaresques de Lazarilllo de Tormes) que nous convie Costa-Gavras, sur un ton de comédie (sociale) qu'on ne lui avait pas vraiment connu jusque là, et qui surprend plutôt agréablement.
Elias (Riccardo Scamarcio, plutôt mimi) a donc pris un bateau, avec d'autres clandestins, bateau qui va être arraisonné par les forces de l'ordre (omniprésentes d'un bout à l'autre du film). Il saute donc à l'eau et nage toute la nuit. Pour se réveiller sur une plage naturiste. Il laissera donc là ses oripeaux d'origine pour rentrer dans la peau du personnage, personnage qui justement ne va cesser de se transformer en fonction des gens qu'il rencontre, à la fois par les vêtements qu'il porte (ou l'identité qu'on lui prête) et par l'attention (le désir ?) qu'il génère. Clandestin, naturiste, bagagiste, plombier, latin lover, assistant d'un magicien, il change à chaque fois de rôle, il joue à être celui qu'on a envie qu'il soit, lors d'une série de rencontres successives qui vont lui permettre de passer chaque fois au niveau suivant, dans ce looong périple dont l'issue finale clignote au loin comme un eldorado de pacotille : Paris, le Lido...
Elias doit toujours avancer, dans ce grand jeu de l'oie (autant que de loi?) géographique, avec la contrainte perpétuelle de ne pas se faire arrêter par les gendarmes, les policiers, les douaniers, les flics, la maréchaussée, les poulets, bref tout ce qui de près ou de loin évoque la loi (et le respect de) et porte un uniforme,  et il n'arrêtera donc pas, tout au long du film, de jouer à cache-cache avec eux. (Je le redis, le ton du film est plutôt badin).
Et, comme au jeu de l'oie, chaque nouvelle case révèle une bonne (ou une moins bonne) surprise, ce sont les gens qui vont -plus ou moins- l'aider : un directeur d'hôtel, une touriste, un magicien, une paysanne, un couple de nouveaux riches, un couple de camionneurs, un sdf, etc, avec, à chaque fois une idée plus ou moins avouable derrière la tête, et qu'on pourrait nommer le désir (au moins pour le directeur, la touriste, la paysanne, les routiers...), mais sans que celui-ci soit forcément concrétisé. Une gueule d'ange, donc, avec des yeux splendides et un petit cul qui ne l'est pas moins, passe ainsi d'attente en convoitise, de baiser fougueux en contemplation silencieuse et admirative, c'est selon...
Elias est conscient de l'émoi qu'il suscite, et fait pourtant, la plupart du temps, comme s'il ne s'en apercevait pas. Cette fausse candeur est son alibi, tout comme la destination finale de son voyage n'est qu'un leurre. Mais le film est ainsi fait que, plus on se rapproche de Paris et plus l'intérêt qu'on porte à notre héros s'émousse doucettement. On connait le processus. On continue tout de même à sourire. On sait qu'il va être un peu secouru, puis encore un peu roulé dans la farine, puis de nouveau aidé, et de nouveau pas aidé, jusqu'à ce qu'enfin se réalise cette rencontre ultime qu'il avait appelé de tous ses voeux, et qui finalement  lui rapporte  beaucoup moins que ce qu'il avait espéré. A moins que... Ce n'est pas tout de même pas donné à tout le monde de faire pailleter la Tour Eiffel...

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25 février 2009

préparatifs de noce à la campagne

AU DIABLE STALINE, VIVE LES MARIES!
d'Horatio Malaele

J'adore le cinéma roumain (j'allais écrire "nouveau cinéma roumain" mais  je ne sais pas s'il y en a eu un ancien... pour moi, Pintilié -l'ancêtre- en fait partie aussi. Avant, c'est terra incognita), je ne me souviens pas d'un film qui m'ait (aie ? ça fait drôle, écrit comme ça...) vraiment déçu. J'y trouve toujours  cet élan vital, cette envie de faire, même sans moyens, cette énergie furieuse et bordélique, cette pulsion de vie, où le rire n'est jamais trop loin des larmes (et vice-versa) qui caractérisent souvent les cinémas dits "d'europe de l'est" (ou d'europe centrale,? ohhh je suis nul en géo), et on ne peut pas ne pas penser aux fanfares débraillées et tonitruantes et autres envols d'oies ou de mariées de l'ami Emir (du regretté temps où il était encore barbu et ne se la pétait pas...)
On est donc à la campagne, en 1953, en Roumanie donc (après une introduction "contemporaine", qui reviendra, de la même façon, clore le film) dans un village typique (on fait connaissance avec les protagonistes par une scène -off- d'accouplement juvénile et champêtre au milieu des blés doublement observée). Le fils de machin et la fille de truc, qui forniquent  joyeusement, et dont les pères respectifs (Machinu et Trucu, donc, chacun 150 kilos, la faconde et le profil de Shrek) vont faire en sorte  que la situation soit rapidement régularisée, par un mariage c'est à dire, illico fixé au jeudi suivant.
Sauf que, manque de bol, le jour-même, "on" (un officier soviétique à peine moins glaçant  que Ralph Fiennes dans La liste de Schindler) vient signifier à tout ce petit monde que, le Grand Camarade en chef Stalinechounet venant de casser sa camaradesque pipe, toute manifestation populaire et/ou de liesse est prohibée pendant une semaine. Arghh!
Mais comme machin a tué deux cochons et deux veaux pour l'occasion et que "dans sept jours tout sera foutu", ils décident de passer outre les injonctions des "camarades" et vont quand même faire la noce, en catimini, en prenant toutes les précautions possibles pour que ça ne s'entende pas... Après les pétaradances bucoliques et alcooliques de la première partie, ça fait un sacré contraste, je vous jure! C'est une scène quasiment d'anthologie, et c'est d'ailleurs le titre original du film (Nunta muta -j'ai fait des recherches- signifie "la noce muette" et est beaucoup plus adapté que le bêta titre français...)
Jusqu'à ce que... (mais là, c'est la troisième partie, et je n'en dirai pas plus!) à cause d'une gamine...
C'est un premier film, et je peux vous assurer que tout ça est délicieusement culotté. Pas tellement dans l'anecdote (quoique... il semblerait -et c'est un doux euphémisme- que le communisme n'ait pas laissé que de bons souvenirs en Roumanie), mais surtout dans la façon de filmer. Le mélange des genres, alternant chronique villageoise, comédie satyrique, drame politique, burlesque attendrissant, nous fait danser sur plusieurs pieds, la verdeur (et le fleurissement) des dialogues (on pourrait dire que c'est leste), sans qu'à aucun moment ça devienne lourdingue, nous (me) ravit les oreilles. Et l'insertion de petits effets poético-fantastiques fait sous la langue l'effet d'autant de pépites (de chocolat ou autre) dans la pâte d'un gâteau déja riche, grâce à la maîtrise du montage et des changements de rythme, entre l'accélération la plus slapstick (la scène du cinéma) au ralenti, voire carrément l'image fixe (on sent bien dans ces moments-là que le réalisateur est un théâtreux) les plus surprenants. L'ensemble crée un objet hors-normes, un mélange étonnant de candeur, de roublardise, de canaillerie, d'humour, puis d'émotion, définitivement séduisant. Un régal.

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24 février 2009

carnet de croquis

LES INSEPARABLES
de Christine Dory

Un joli film, tout chargé d"affect. Centré sur (et quasi uniquement sur, peu d'autres personnages parviennent à y exister vraiment et n'y sont tout au plus que des silhouettes) lui (Guillaume Depardieu, très bien, mais on en avait -je parle hélas à l'imparfait- l'habitude) artiste, camé, écorché vif, asocial, complexe, énervant, insupportable, et elle (Marie Vialle, une nouvelle venue, excellente dans un registre étendu), employée dans une agence immobilière, candide, charmante, souriante, prête -dans un premier temps- à toutes les concessions, complexe elle aussi, et parfois énervante aussi, et même insupportable...
Esquisse d'un couple typiquement NAT/NST (ni avec toi, ni sans toi), histoire de deux personnes qui s'aiment mais ne peuvent s'empêcher de faire du gâchis (bon, surtout lui tout de même reconnaissons le), état des lieux d'une relation en même temps banale mais pas si simple,  comme dans une chanson de Gainsbourg que chantait Jane Birkin il y a longtemps :
Nous nous sommes dit tu
Nous nous somme dit tout
Nous nous sommes dit vous
Puis nous nous sommes tus... ("Vie mort et résurrection d'un amour-passion")
(c'est drôle, je m'aperçois en recherchant sur le ouaibe que pas mal de personnes utilisent sur leur blog et autres cette formule que j'ai eu pourtant un peu de mal à reconstituer...)
Il dessine, il l'attend à la maison toute la journée, elle fait visiter des apparts, ils se retrouvent le soir... Mais il a besoin de se shooter pour créer, et malgré tout l'amour qu'elle lui porte (on pourrait dire qu'elle aussi est dépendante, mais de par cet amour-même) va se mettre en place une sorte de contamination de cette relation au reste de sa vie à elle (par rapport à son travail, à ses amis, son père, son enfant) qui est devenue leur vie à eux... La came fait tâche d'huile, et on assiste au processus de propagation, de diffusion...
Mais paradoxalement le film n'est pas traité sur le mode dramatique et grandes orgues lacrymales, et est plutôt joyeux, solaire (surtout dans sa première partie). C'est rien qu'une histoire vécue... La force des sentiments d'un côté et tout ce qui leur fait obstacle en face. On a quand même tous unanimement constaté, en sortant, que c'était quand même un petit peu long (surtout dans la dernière partie, peut-être un peu trop systématiquement crises et engueulades...)
Et Guillaume Depardieu, dans un rôle qui peut s'avérer systématique et parfois agaçant, réussit encore une fois à nous attendrir, à nous toucher (et quand, à la scène avant l'enterrement, il se met à dire de la poésie, il m'a carrément tiré des larmes...)

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23 février 2009

chien et loup

Série dite "en revenant de Dole" (après avoir vu une belle expo)

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22 février 2009

grain de

"Comme les larmes nous manquent parfois
comme nos paupières sont sèches
quand Cupidon dans son carquois
n'a plus la moindre flèche..."

(chanté par Chiara Mastroianni / écrit et composé par Alex Beaupain)

Comme quoi, même quand on est plutôt joyeux et léger, allegretto, on a toujours envie/besoin d'un petit contrepoint de tristesse et/ou de mélancolie, tout comme dans le chocolat que m'a fait découvrir (et acheter) mon ami Hervé hier, au C*sino de Dôle (on n'entrouve que dans les C*sini), où c'est une pointe de fleur de sel qui vient relever et exalter le goût du chocolat noir...

20 février 2009

aramis

SLUMDOG MILLIONAIRE
de Danny Boyle

JR m'avait prévenu qu'il valait mieux lire le bouquin, mais, comme je l'avais déjà lu, (avant de partir là-bas en février dernier, sur les conseils de mon amie Christine) et que j'avais bien apprécié l'histoire, et qu'on le projetait en VO (sur notre suggestion presque) dans le bôô cinéma, je m'y suis rendu d'assez bonne grâce. Ca m'a déjà agacé, en arrivant, qu'on ne soit que dix pelés dans la salle, alors que, quelques jours auparavant, le même film eut fait salle comble...
Effectivement, le film est moins bien que le bouquin, qu'il trahit d'une certaine façon (même si mes souvenirs de lecture n'en sont plus de première fraîcheur), surtout en ce qui concerne le personnage du frère.
Le principe en reste le même (bon je connaissais l'histoire, parce qu'au début, sinon, c'est un poil confus) : Jamal, un jeune slumdog (habitant des bidonvilles) qui participe à qui veut gagner des millions de roupies en a justement gagné dix millions, et, à l'interruption de l'émission, est arrêté et copieusement tabassé par des flics qui veulent savoir comment il a triché... Il leur raconte son histoire, et explique comment (pourquoi) il connaissait chacune des réponses...
Tout ça mis en images par Danny Boyle, en Inde donc, dans un style vaguement Bollywood, en tout cas un peu le cul entre deux chaises. Je me souvenais d'une scène dégueulasse de toilettes dans Trainspotting (que je persiste à ne pas aimer), eh bien ici l'ami Danny nous remet si j'ose dire le couvert, dès la scène d'ouverture... Ce mec là serait-il un maniaque des lieux d'aisance ?
A part ça, ça se regarde sans déplaisir, le jeune Jamal est mimi, sa copine Latika (dont - il - est - amoureux - depuis - toujours - et - dont - il -a - perdu - la - trace - et - qu'on - se - demande - bien - s'il - va - un jour - la - retrouver mais à Bollywoodland l'amououour finit toujours par triooooompher...) toute mimi aussi, et tout ça se finit en plus par une très sympathique scène de danse collective sur le quai de la gare de Mumbai...
Me reste le plaisir d'avoir revu des images d'Inde, et d'avoir eu une pensée spécialement émue pour mon amie Christine qui est à Delhi depuis jeudi, et puis voilà...
ps : et encore et toujours in India puisque reçu aujourd'hui le cd de la musqiue de Jodhaa Akbar qui la semaine dernière fort m'enchanta...

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18 février 2009

parcelle brillante

J'avais envie de donner à ce post le titre de la nouvelle de Surgeon (Theodore) que j'adore, parce que c'était plus juste que les "lambeaux" ou "fragments à la dérive" qui m'étaient d'abord venus.
Je voulais juste parler, au début, du mois de février, qui est un mois que je déteste, (et qui me le rend bien ?) où je plais à me morfondre et à sûffrir (mais pas si en silence que ça...) Hheureusement, il est plus court que les autres, c'est toujours ça de gagné... (avant, je ne sais pas pourquoi, c'était novembre qui avait cette fonction, et puis, une année, novembre s'est transformé en février et voilà.)
Juste dire que j'ai du mal, on commence tous à avoir du mal, avec l'hiver qui n'en finit pas de s'étirer de se prolonger et de verglacer et de neigoter et de gouillasser et de il fait froid dans le monde comme chantonnait Brigitte Fontaine il ya longtemps.
C'est le moment où on voudrait du soleil, mais pas que ça, on voudrait de la jeune chaleur, et des bourgeons qui bourgeonnent et des oisllons qui oisillonnent et enfin un peu de légèreté, quoi, ôter des épaisseurs, ranger les doudounes les lainages, se délester, s'alléger, et s'ébattre, gazouiller... (je sais, je sais, je suis parfois d'une extrême candeur).
Et aujourd'hui, cet après-midi pour être précis, voilà que, au lieu de bouffées de gémissements de ronchonnages et de grommellements habituels, voilà qu'a passé, fugacement, mais je peux vous dire que je l'ai senti, quelque chose de positif, de léger de..., oui, de joyeux. Une parcelle brillante, puis une autre, comme sur l'habituel fleuve boueux en crue qui charrie des glaçons des troncs d'arbres et des carcasses d'animaux, on verrait soudain passer un rayon de soleil, ou une fleurette, enfin un je ne sais quoi d'enthousiaste (oui oui, c'est le mot).
J'en ai été le premier surpris, et je voulais juste en parler. Peut-être que ça sent le printemps, peut-être qu'une conjonction de coordinations s'est soudain mise en place, par hasard, à ce moment-là précis, mais qu'est ce que ça (m') a fait du bien!
La joie, comme la tristesse, serait-elle ainsi, toujours inattendue, sans véritable motif ni raison ? Profitons- en.
Let's enjoy!

15 février 2009

éléphantesque

JODHAA AKBAR
de  Ashutosh Gowariker

Jodhaa Akbar, c'est un peu comme Louise-Michel. (Le titre, je veux dire, le film, n'a rien à voir!). C'est un nom composé avec les prénoms des deux protagonistes (enfin!) réunis. A ma gauche, donc Jodhaachounette, son oeil de gazelle (rassurez-vous, elle en a deux, c'est juste une figure de style) et son anneau dans le nez, et à ma droite le fringant Jalalchounet (qu'on appellera plus tard dans le film Akbar, parce qu'il est grand), à l'oeil de (comment s'appelle le mari de la gazelle, le gazellon ?) et à la moustachette frémissante.
Le film passait dans le bôô cinéma, dans le cadre du bôô Festival des Cinémas d'asie de notre bonne ville, auquel je n'avais pas envie de me rendre (pour des raisons personnelles mais c'est une autre histoire), mais mon amie Christine a, avec son enthousiasme et sa fougue habituels, organisé une séance commune à laquelle je n'ai pas pu résister,
- parce que c'est un film indien
- parce qu'il a été tourné dans quelques-uns des glorieux palais et sites par où nous sommes passés en février dernier
- parce qu'il sortait justement en Inde quand nous y sommes passés mais que nous n'avons pas réussi à le voir
- parce que j'adore, mais alors vraiment j'adore, les films de Bollywood,
quatre bonnes raisons, en somme, qui ont eu, justement, raison de ma grinchouillerie a priori par rapport au dit Festival.
Alors ? Eh bin ce fut beau comme là-bas, dis : Trois heures trente (yess!) de pure splendeur échevelée, sur un écran d'au moins cent cinquante kilomètres carrés (on était, Festival oblige, plus près que d'habitude, et au début, j'avais l'impression que les images étaient quasiment en relief!), avec musique à donf et tout,  pour nous narrer par le menu l'histoire de nos deux tourtereaux aux yeux rouges (remarquez, ils n'étaient pas les seuls : dans le film, tous les acteurs ont les yeux rouges, quelqu'un connaîtrait-il le pourquoi de cette spécificité bollywoodienne ?), avec en prime un petit cours d'histoire indienne d'il y a longtemps, que nous avait justement déjà prodigué Christine lors du même voyage en février dernier (ce fut elle notre vaillant et infatiguable tour opérator) et dont je n'avais, peu ou prou, dans mon insouciance de cigale culturelle, retenu que deux mots : Mogols et Rajpoutes. Coup de bol, c'était ces deux-là dont il fallait se rappeler.
Au début, donc, comme c'est un peu compliqué, une virile et docte voix off débrouille un peu l'embrouillamini des différents royaumes initiaux, avec les alliances, les trahisons, les coups fourrés, les magouilles, et, bien entendu, les batailles. Et comme on est à Bollywood, on en prend, sur l'écran, plein les yeux. Oserais-je dire que ce ne sont pas des batailles de pédés ? Quantité pharaonique de figurants, de part et d'autre (mais peut-être le numérique a-t-il aidé à multiplier, me demande-je candidement), chorégraphies humaines colossales et insensées, gros plans saisissants de réalisme (membres tranchés, corps écrasé par une grosse patte d'éléphant, ça fait le même bruit qu'une citrouille trop mûre...) Pour arriver à un des premiers noeuds si je puis me permettre) de l'histoire : le mariage (l'arrangement, au départ), entre le sémillant Akbar (qui adore Allah) et la frémissante Jodhaa (qui révère Krishna) : il leur faudra tout de même quasiment deux heures quarante-cinq pour que la flamme soit avouée, reconnue et réciprocée (en partie à cause des fourbes agissements de Maham Anga, la propre mère adotive de Jalal! Mais rassurez-vous l'innocence triomphera de la perversité...)
Vous verriez Jhojho dans sa chambre le soir de ce qui devrait être la nuit de noce, comme ça minaude dur, ça baisse pudiquement les yeux, ça soupire et ça retire sa main quand Jaja veut approcher sa papatte. Genre vierge très effarouchée (alors qu'on l'a vue, au début du film, se battre en duel au sabre avec son frère comme une vraie soudarde.) Comme dit ma copine Elisabeth "Elle avait envie d'être un peu bousculée..." Et notre ami peut donc, comme on dit, se la mettre sous le bras, lorsqu'il quitte la tente nuptiale en promettant qu'il reviendra quand elle sera pleinement consentante (mais elle a eu tort de ne pas lever les yeux, parce qu'il est vraiment mimi mimi). Mais bon, fatalement, l'amour finit par triompher, lors d'une loooongue scène chantée /dansée genre "Ô toi mon amour ma gazelle... Et toi ô mon léopard des sables mon vaillant guerrier n'entends-tu pas mon coeur qui soupiiiiiire?" qui ferait fondre même le coeur de la dernière des brutes insensibles... (vous aimez le sucre, non ?)
On est alors à quarante cinq minutes de la fin du film, et on se demande comment on va tenir jusqu'à la fin (euh, ils ne vont pas roucouler pendant quarante-cinq minutes, hein ?), mais, heureusement les scénaristes avaient, bieeen en amont, préparé quelques rebondissements et autres petites révoltes intestines à mater, qui nous occuperont sans souci jusqu'à la fin, concernant Sujamal, le frérot de jhooda et  Sharifudin, le  fourbe beauf' d'Akbar (ah, la famille...). Ne vous inquiétez pas, ça finit bien, après un suuuper duel de la mort grave ta race qui déchire..
On sort de là tout chamboulé (déjà la durée, on n'a pas l'habitude, mais bon les sièges du bôô cinéma sont doux et accueillants sous nos humbles postérieurs) par la démesure flamboyante des moyens de ce cinéma-là (j'ai déjà parlé des scènes de batailles, mais les scènes dansées / chantées ne sont pas en reste, avec notamment une scène de ballet collectif en hommage de chacune des provinces à la souveraineté d'Akbar qui me restera personnellement comme le morceau de bravoure du film (à côté, Cléopâtre, de Mankiewicz, ça fait un peu Bresson...) tellement tout ça est filmé à une autre échelle.), démesure inversement proportionnelle à la "simplicité" des personnages (on sait toujours, à permière vue, si on a affaire à un gentil ou à un méchant), des situations (si vous n'avez pas trop bien compris, l'expression du personnage insistera un peu plus, pour que vous ne puissiez pas vous tromper, et, si vous êtes vraiment distrait (ou très neuneu) c'est la musqiue qui viendra en remettre une couche, genre "oh la la attention vous avez bien compris, hein, il est très en colère, il va encore faire une saloperie!" ) et, finalement, cette  candeur extrême (pudeur et censure obligent) cette nunucherie attendrissanate et àl'eauderosesque des rapports entre  les  amoureux ne sont, mais vous me connaissez, midinet à fond, pas du tout pour me déplaire...)
Flamboyant.
(Et ça m'a donné très envie d'y retourner, mais, bon, c'est déjà planifié pour février 2010!)

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Ce sera donc mon (seul et unique) film du bôô festival 2009, et c'est très bien comme ça. Oui, je sais, je suis un rebelle...

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