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lieux communs (et autres fadaises)
31 décembre 2011

top combien

Zvezdo m'ayant envoyé un lien vers un monsieur qui fait son top 136 de l'année, l'idée m'a effleuré d'en faire un du même genre (pourquoi en effet s'arrêter à un certain nombre, et comment -sur quels critères- définir ce nombre ?)

Les premières listes rédigées m'ont montré que, finalement, 2011 n'était pas, cinématographiquement, une si grande année que ça,(peu de films "complètement sublimes") mais que, finalement, aussi, il y a avait eu pas mal de "bons" ou "très bons' films

Qu'est-ce qu'un "très bon " film pour moi ? D'abord quelque chose qui me touche (là, c'est facile, je suis, je l'ai déjà dit, plutôt bon spectateur), ensuite quelque chose qui m'intéresse -ou, mieux, me passionne- (formellement, narrativement, plastiquement, etc.), quelque chose qui m'apporte du plaisir, (du bonheur, voire de la jouissance) et quelque chose qui apporte "sa pierre à l'édifice " au cinéma en général.

Les deux premiers films (un français et un étranger, tiens) me semblent vraiment indiscutables, à l'aune du plaisir que j'y ai pris pendant toute la projection, et qui me fit d'ailleurs y retourner quasiment illico dans les deux cas. Première marche.

Deuxième marche. Le film suivant pourrait quasiment se hisser à la hauteur des deux premiers, si ce n'est que je m'étais un peu endormouillé à la première projection, et que ce n'est qu'à la deuxième vision que le film m'a semblé encore meilleur que la première fois. Le quatrième m'avait fait tellement jubiler à la première vision qu'il aurait pu figurer sur la première marche, si la deuxième vision ne m'avait pas fait redescendre mon appréciation d'un imperceptible petit cran.(Pas de hiérarchie entre les deux).

Troisième marche. Ca commence un peu à se bousculer, et les critères de sélection un peu à se flouter. Un film français que j'ai énormément aimé mais qui a peut-être un peu pâti de l'énorme battage médiatique qui a accompagné sa sortie. Un film américain que les critiques ont quasiment tous dédaigné, qui me semble pourtant être un des meilleurs de son auteur, mais qui avec le temps s'est un petit peu trop effacé, et un autre film américain dont j'aime beaucoup la réalisatrice, que j'ai énormément aimé sur le coup mais qui m'avait toutefois laissé un peu sur ma faim (sur ma fin ?)

Bon je ne vais pas faire un million de marches, voici la quatrième, et basta. 8 films, ici (mais j'aurais pu en mettre 50). Deux films français avec un titre en un seul mot, et qui parlent d'enfance, chacun à sa façon, un film danois dont j'adore le début et la fin mais dont le milieu m'agace parfois tout de même un peu, un film portugais (j'ai avec son réalisateur des rapports compliqués de je t'aime/je te hais), un vrai-faux documentaire américain passé tout de même scandaleusement inaperçu, et dont j'aime énormément l'acteur-sujet, un film belge au réalisateur chéri et aux paysages bien plus sublimes que ses personnages, et, enfin, deux films entrés ici in extremis puisque vus à Paris à la toute fin décembre : un hongrois que j'appréhendais un peu mais qui m'a laissé sans voix, et un autrichien en trois parties (mais que je suis obligé de compter comme un seul.)

et allez, pour faire mon malin, comme dans les Cahiais, je vais rajouter, pour faire bonne figure : un documentaire sorti l'année dernière, en noir et blanc sublime, un moyen-métrage,  au noir et blanc d'ailleurs tout aussi sublime, et, tiens, un film argentin vu en avant-première, et qui sortira début janvier, mais tellement aimé que je ne pouvais pas attendre

en images, et à l'envers :

mon malin :

19190734 19448994  19832884

quatrième marche :

19787873 19697284 19771826 19679273
19488877 19762456 19840106 19841228

troisième marche :

19766000 19791384 19730269

deuxième marche :

19706160 19746116

number one :

19733608 19819716

et voilà le travail... c'est finalement un top17 !

(drôle d'année ciné, tout de même, sans film roumain, sans film palestinien ou israelien, sans film nordique, sans film asiatique..., non ?)

30 décembre 2011

cancan

DERNIERE SEANCE
de Laurent Achard

Tant d'avis contraires, sur ce film, qui bien que sorti il ya une quinzaine ne passait déjà plus qu'au compte-goutte dans quelques salles parisiennes... Et quelle meilleure façon de de quitter l'année ciné que cette "dernière séance" ? Un film "petit" par la forme (peu de personnages, en-deça presque de la limite du vraisemblable, pour une économie narrative quasiment drastique. plusieurs critiques l'ont déjà fait, et je ne m'en priverai pas, d'évoquer Paul Vecchiali (et les fils de Diagonale) pour cet aspect simple, "populaire" de l'histoire et de la matière filmique, et en même temps, à sa manière, terriblement rêveuse.Nostalgique. D'une réalité grisâtre opposée à la splendeur technicolor (ou au noir et blanc glamour) de la splendeur passée du cinéma et de ses icônes. Le film regorge (raffole ?) de ces fenêtres sur l'ailleurs (beaucoup d'affiches, et autant de clins d'oeil me semble-t-il, du "Last days" en devanture du cinoche au "Playtime" sur la porte de la cave, en passant par le "Femmes femmes" dans la caisse), tout est signe et tout fait sens.
Histoire d'un projectionniste trop lisse et inexpressif pour être honnête (Pascal Cervo, vraiment impressionnant) employé dans un cinéma qui ferme (lambeaux de souvenirs du splendidissime Goodbye Dragon Inn, de Tsai Ming Liang, avec le même point de départ), projectionniste/caissier/homme de ménage le jour, et serial-killer la nuit (lorsque le cinéma, justement, ne l'occupe pas). Il tue des femmes à qui il découpe ensuite une oreille. qu'il affiche dans son musée secret, derrière justement l'affiche de Playtime.
Le pourquoi de l'affaire étant tout de même un des points faibles du film, je n'en parlerai donc pas ici.  Le réalisateur a un peu trop chargé la barque psychanalytique, en même temps qu'il dégraissait jusqu'à l'os la matière cinématographique.
A l'arrivée, un film curieux, pas aimable, un "film de genre", aussi maîtrisé dans ses cadrages qu'inégal dans sa forme, mais dont la majorité des critiques (y compris votre serviteur) a vanté la flamboyance émouvante de son ultime scène.
Le genre de scène à laquelle aucun cinéphile ne peut rester indifférent...

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25 décembre 2011

from Paris

De nombreuses déflagrations émotionnelles et cinématographiques de ces quelques jours :

- historiques et autrichiennes, avec la trilogie WELCOME IN VIENNA, d'Axel Corti
- esthétiques et hongroises avec LE CHEVAL DE TURIN de Béla Tarr
- poétiques et franco-finnoises  avec LE HAVRE d'Aki Kaurismaki
- complexes et asiatiques avec THE TERRORIZERS d'Edward Yang
- drôlatques et jouissives (et irish) avec L'IRLANDAIS de John Michael Mc Donagh
- péruviennes et barbues avec CONTRACORRIENTE de Javier Fuentes-Léon
- djeunz et guérilla avec DONOMA de Djinn Carenard

Du vrai, beau cinéma, quoi... J'y reviens si possible dès que de retour!

(je suis obligé de mettre un peu en quarantaine L.A ZOMBIE, de Bruce la Bruce, film le plus dégueulasse -au sens propre (!)- vu depuis longtemps... mon petit repas de falafels a d'ailleurs failli repartir à l'air libre et reprendre sa liberté! Du gay gore, à la fois triste, grotesque, et répugnant).

20 décembre 2011

forbidden

ce blog sera closed jusqu'au 27 décembre (PetitNoëlàChamplitteàParis oblige...)

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(mais quelqu'un en a-t-il seulement quelque chose à faire ? hihihi)

19 décembre 2011

lever le voile

NOCES EPHEMERES
de Reza Serkanian

Bonheurs : on avait le film, il y avait une cinquantaine de spectateurs dans la petite salle, et on avait la chance d'avoir le réalisateur!
Il y a deux choses qu'on n'avait encore jamais vues, à ma connaissance, dans un film iranien : un tableau de Bruegel et un personnage féminin "en cheveux" (qu'elle a fort jolis, d'ailleurs), sans son voile. Les deux sont dans le film de Reza Serkanian, (homme délicieux qui parle excellemment le français), ainsi qu'une foultitude d'autres petites choses, plus ou moins compliquée à comprendre / à accepter pour un occidental moyen, et qui constituent pourtant le quotidien de tout iranien moyen : la circoncision, la religion, le mariage, la religion, les funérailles, la religion, la mosquée, la religion, le mariage temporaire, la religion,le vinaigre alcoolisé, la religion,  le voile, la religion, les autorités religieuses, les mille et uns interdits et diktats religieux, et les mille et une façons de contourner (ou tenter de) en toute discrétion lesdits interdits et diktats.
Le film pourrait n'être que quasiment documentaire (et ce serait déjà très bien), si ne venait en plus s'y greffer  une histoire d'amour en sourdine, en taille-douce et en extrêmes pointillés entre nos deux héros : un jeune homme qui rentre du service militaire et doit se marier plus tard avec sa promise, qu'il connaît depuis l'enfance, jeune homme donc en qui on sent bouillonner les hormones de la mâlitude et de la jeunesse (on pourrait le définir comme chô-bouillant!) mais qui n'a hélas aucun exutoire autorisé et/ou légal pour évacuer les dites hormones (comme on dit chez nous, il n'a donc plus qu'à se la mettre sous le bras), avec, en face de lui, une jeune femme (une belle-soeur) qui se trouve dans une situation délicate parce que veuve de fraîche date, et donc seule, et donc elle-aussi soupirant au clair de lune comme la biche dans la poésie, sans pouvoir assouvir son besoin de tendresse et de câlinous... Dur dur (si je puis me permettre).
On va donc les suivre, eux et le reste de la famille, pendant un certain temps, jusqu'à ce qu'on revienne au tableau initial, et qu'un détail alors nous mette les points sur les i.
C'est très tendre, très joliment filmé -le réalisateur est aussi chef-op' et ça se voit, par son indéniable sens du cadrage de la composition et de la couleur-, très attachant. Un film "fragile" au tournage mouvementé comme beaucoup de films iraniens , avec tours et détours censuresques obligés, autorisations et refus, etc.
A défendre, donc, en applaudissant haut et fort, et en attendant avec intérêt le prochain film de Reza Serkanian...

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18 décembre 2011

les yeux dans le rétroviseur

Journée de grève (oui oui dans notre école on est des rouges...)  qui coïncidait, ô heureux hasard, avec une de prévisionnement à Dijon. Nous voilà donc partis, avec les B., arrivés juste à temps pour un café rapide avant hop! de démarrer quasiment illico (jamais vu autant de monde à l'Eldo, et entassé dans la petite salle qui plus est...

9h30

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On démarre très fort... Hervé nous en avait certes déjà parlé, mais là (vu de mes yeux vu), je confirme : ce film est une MERVEILLE. Me semble me rappeler d'un article dithyrambique dans Libé suite à la projection cannoise... Un camion rouge un peu déglingué, un routier taciturne un peu grincheux, une dame un peu encombrée avec un bébé et quelques sacs, et un voyage ensemble jusqu'à Buenos Aires (1500 bornes, tout de même)... Que demander de plus ? Une texture filmique simplissime pour un rendu émotif exponentiel... larmes aux yeux plusieurs fois, et là fin alors je vous raconte pas... (non, non rien de plus). Caméra d'or à Cannes, au fait...

11h

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Un film avec visiblement plus de moyens, plein de bonne volontés et de bons sentiments, mi didactique et mi fleur bleue (excellent pour midinet, bref) sur la relation  entre Tal, une jeune française à Jérusalem et Gazaman, un jeune palestinien de Gaza, d'abord épistolaire puis progressivement davantage... Conflit(s), attentat(s) , représaille(s) pourquoi tant de haine et réciproquement, interrogations et candeur(s) adolescentes... Oui oui j'ai versé ma petite larme, mais c'est incontestablement plus fabriqué que Les acacias précédents (mais pas forcément moins sincère ?)...

14h

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Prix du Jury à Cannes pour ce film aussi anxiogène que remarquablement réalisé. un américain moyen (marié, une fillette sourde, un travail sur les chantiers de forage) se met à faire des cauchemars commençant tous par une tornade (le film commence quasiment au moment précis où s'achevait A serious man, opus chéri des frères Coen), et lesdits cauchemars vont l'amener à avoir un comportement de plus à plus zarbi à l'égard de ses proches, dans un effet de contamination du plus stressant effet. Ami-chemin entre Les moissons du ciel, disons, et, euh... Bug ? Très impressionnant.

16h

louisewimmer

Et on termine la journée avec une belle baffe belfortaine (Prix du Public au Festival Entrevues), le portrait d'une femme "au bout du rouleau" affectif et social (plus de mec, plus d'appart', job de merde, voiture en panne, etc.) qui ne baisse pas les bras et se bat farouchement. L'actrice principale est époustouflante et son énergie irradie ce beau film qui aurait pu n'être qu'un genre de Rosetta 2, mais qui grâce à elle irradie soudain d'une belle humanité touchante. Le réalisateur (premier film, me semble-t-il) évite habilement la plupart des pièges qui guettent ce genre de scénario  et auraient pu le faire tomber dans le misérabilisme voyeuriste le plus grotesque, alors que là, pas du tout. Bravo!

ps : tous ces films sortiront en janvier, me semble-t-il...

17 décembre 2011

typographie

BONSAI
De Chritian Jimenez

problème d'éthique : a-t-on décemment le droit de chroniquer un film lorsqu'on a dormi comme un gros butor pendant une bonne moitié d'icelui ? oui, dans la mesure où "ce n'était pas un sommeil hostile"... Et pas de séance de rattrapage : le film ne passe plus dans le bôô cinéma, c"était la dernière séance (de trois).
Ce qui fait qu'à la sortie je n'arrêtais pas de poser des questions car il s'avérait que je ne comprenais rien. Et les autres charitablement de tenter de me répondre. Un jeune homme et une jeune fille, et le spectateur dès le début est prévenu qu'à la fin le jeune homme sera vivant, la jeune fille morte, et que tout le reste n'est que fiction... il est question, de façon récurrente, de Proust, et notamment des célèbres premières phrases de la recherche...
Et ce que j'en retiendrai, c'est un objet cinématographique à la facture impeccablement littéraire : le générique de début, puis les titres de chacun des chapitres, sont très élégamment composés et imprimés à la main (et c'est un vrai bonheur pour l'oeil que cette qualité typographique...)
Des regrets, donc. Le sentiment d'avoir manqué quelque chose qui aurait pu me plaire énormément. Peut-être pourrais-je me rattraper à paris la semaine prochaine ?

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15 décembre 2011

ivanhoé

CARNAGE
de Roman Polanski

Autant le dire tout de suite, j'ai vraiment passé un excellent moment... J'avais vaguement envisagé à un moment de le boycotter, à cause de la dame qui a écrit la pièce dont le film est l'adaptation -et qui a d'ailleurs co-signé le scénario- mais je me suis ravisé en disant qu'il ne fallait pas mettre de la politique dans tout, et surtout que j'avais diablement envie de voir ce quatuor d'acteurs faire craquer le vernis des conventions sociales dans ce huis-clos new-yorkais.
Jodie Foster, Kate Winslett, Christopher Waltz, et mon chouchou John C. Reilly ont été tous les quatre à la hauteur de mes espérances. Le film est sans véritable surprise, on sait d'avance ce qu'on va voir, le fissurage et l'éclatement de la mince cloison qui sépare l'homme du bestiau, et la révélation (le révèlement ?) des vraies identités de chacun. Le cahier des charges est strictement respecté (tout se passe en appartement sauf le prélude et le postlude, génériques de début et de fin filmés toutefois entre deux arbres), et chacun des quatre mousquetaires donne le meilleur de lui-même : Waltz dans l'odieux, Reilly dans le bonhomme, Foster dans la petite-bourgeoise et Winslett dans l'executive woman, dans un premier temps, car, passées les politesses (les préliminaires) et les minauderies fort civiles de circonstance (d'usage), les affontements vont se faire de plus en plus intenses (surtout après quelques rasades de whisky, même si c'est du 18 ans d'âge!)
Tout ça filmé assez astucieusement (quitte à être enfermé dans un appartement, Polanski sait en exploiter au mieux les ressources (et les espaces afférents), et fignole ses cadrages et re (cadrages), et rajoutant donc au plaisir un brin sadique du spectateur moyen à voir ses semblables s'entredéchirer et s'en foutre plein la gueule pour pas un rond, sans souci du qu'en-dira-t-on. agréablement jouissif (aimablement régressif ?).
Encore plus savoureux si vous aimez (dans le désordre) le clafoutis pomme-poire, les catalogues épuisés de Kokoshka, les gros cigares, les tulipes, les jets de vomi à l'horizontale, les sèche-cheveux, les portables dans la flotte, j'en passe et des meilleures...

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10 décembre 2011

pulsions

SHAME
de Steve Mc Queen

Vu en cet après-midi froid et brouillasseux. Une dizaine de personnes dans la grande salle pour cette première séance.
(un peu plus tard)
Fin du film. Générique, on reste assis, un peu groggy. Un film malcommode, malaisé, dérangeant,  mais sans aller jusqu'à l'insoutenable comme pouvait l'être Hunger, film précédent du réalisateur (vu dans l'épouvantable salle 6 du MK2 Beaubourg, et fini complètement en larmes -Marie-Hélène aussi d'ailleurs-).
Malcommode pour moi, perso, à plus d'un titre, puisque le héros souffre d'une dépendance au sexe, virtuel ou tarifé de préférence (aïe), qu'il a une soeur avec qui la communication n'est pas facile (aïe aïe), et du mal à s'engager dans une "vraie" relation (aïe aïe aïe) affective ou dans un rapport sexuel "normal" (aïe aïe aïe aïe).
Ca démarre fort avec, notamment,  une scène de drague dans le métro à mi-chemin entre Brian de Palma et David Lynch (si, si!) mettant en scène l'impressionnant Michael Fassbender (déjà époustouflant dans Hunger) qu'on ne quittera d'ailleurs pratiquement pas  de tout le film. Un personnage fermé, parlant peu, dont on sait au début (et dont on se saura à la fin que) finalement peu de choses. Genre beau bloc de granit. De l'appartement au travail, et du travail à l'appartement. Et retour. Vie new-yorkaise "normale" de mec sans problèmes financiers, sans véritable vie privée (sans âme ?). Au début, on pense avoir pigé le truc, on se dit "tiens, il nous filme un sex addict, mais on ne verra pas de scène de sexe, tout sera en off", puis, je ne sais pas vraiment pourquoi, on pense soudain au Crash de Cronenberg, mais peut-être en version "soft" (ou désintellectualisée ? ou plutôt réactualisée ?), puis non, finalement, on est transbahuté encore ailleurs, autrement, on zigzague, on dérive  au fil des manipulations adroites et des virages attendus / inattendus effectués par le metteur en scène.
Qui fait de ce personnage pas vraiment aimable (pas vraiment vivant ?) un objet de fascination, de séduction, de manipulation, de répulsion, de révulsion, de... On pourrait en rajouter ainsi toute une litanie. Avec, pour parler de l'emballage cinématographique, un sens toujours aussi incontestablede la composition et du cadrage (peut-être un peu moins étudiés / millimétriques / tape-à-l'oeil que dans Hunger), et une utilisation de la musique systématiquement assez bluffante, à contre-sens à contretemps (à contre-rythme, a contrario ?)
Elle n'accompagne ni n'illustre, elle serait plutôt contre (je pense notamment à cette version glamour minimaliste presque "dernier soupir" de New-York New-York chantée par la soeurette) assez souvent étonnamment calme/triste/simple par exemple à des moments où on aurait pensé habituellement à quelque chose de plus martial/violent/enlevé.
Un film glaçant, peut-être un poil trop sûr de ses effets. A l'image de la séduction "professionnelle" que pratiquent, justement, les... professionnelles. Quelque chose de joli, d'appétissant, de super bien carossé en apparence, de stimulant intellectuellement a priori mais qui n'est peut-être finalement que ça, une apparence, un faux-semblant.(C'était pas le titre français d'un film de Cronenberg, justement ?) Qui finalement vous trompe (dans les multiples sens du mot). Professionnellement. Il y a tout de même là-dedans, et tout au long du film, une froideur terrible, anxiogène. Et c'est dur de s'en protéger, de se blinder comme le sont la plupart des personnages (mâles) de cette histoire.
A la sortie, oui, j'étais soudain de retour dans la "vraie vie", mais j'étais encore profondément dans le film, et ça ne faisait pas un contraste si violent après tout. Bruinasse, froid, grisaille, gens qui trognent, trottoirs luisants mouillés glissants. (Il y a dans le film deux très belles scènes de courses, en sens inverse d'ailleurs, qui m'ont beaucoup plu, comme m'avait plu celle de Denis Lavant dans Mauvais sang...) Avec dans la bouche comme un sale arrière-goût.
Un film qui marque, oui.
A digérer.

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7 décembre 2011

tout le monde sait ramer

LES GEANTS
de Bouli Lanners

Depuis juillet qu'on nous faisait languir, avec la sortie de ce film, mystérieusement repoussée puis ajournée. On avait tellement aimé son Eldorado qu'on se languissait en attendant le troisième film en tant que réalisateur de "notre" Bouli L.
Et le voilà enfin, oh, juste pour deux soirs, sur les écrans de nôtre bôô cinéma. une séance de 18h, à la suavette (je voulais écrire sauvette, mais finalement suavette n'est pas mal non plus!), attrapée de justesse grâce à Marie (merci à elle).
Premiers plans (juste de l'herbe qui bouge, pourtant), j'avais déjà les larmes aux yeux : cet homme a un sens de l'espace inné, un sentiment géographique de la composition ahurissant. Dans un scope qui laisse respirer les paysages, verts, bleus, humides, aériens, il narre les aventures de trois gamins, mi-petits cochons mi-pieds nickelés, aux prises avec des adultes plus épouvantables les uns que les autres, dans un récit aussi goguenard qu'attendri, entre le conte et la fable. La Belgique, le "petit peuple", les tronches, le road-movie, on est en terrain de connaissance, le terreau fertilisant à histoires de "notre" Bouli (c'est qu'on l'aime, cet homme).
Là il n'a pas placé la barre "plus haut", il l'a juste mise ailleurs. En suivant ces trois enfants, il nous raconte encore une fois un peu la même histoire (défection parentale, force de l'amitié, chronique d'apprentissage) en opposant viscéralement pourrait-on dire le monde de l'enfance (ou du début de l'adolescence) à celui, sans espoir semble-t-il de l'état d'adulte. Ce sont trois versions masculines d'Alice au pays des pas merveilles du tout, sommés de grandir peut-être un peu trop vite, et contre leur gré aussi. Et nos trois Aliçons sont forcés d'aller sans cesse de l'avant, de fuir à chaque fois un peu plus loin.
Au sein de paysages amoureusement scénographiés (n'y aurait-il eu que ceux-ci que le film aurait déjà été magnifique), c'est un peu une cavale sans espoir qui se met en place (et on en veut presqu'un peu au réalisateur de les abandonner, ainsi, dans une fin ouverte et aquatique qui sous des apparences de calme idyllique n'est rien moins qu'inquiétante, tout de même. Oui, c'est le mot qui m'est venu : dommage qu'il les abandonne ...) en même temps qu'une chronique lumineuse (une comptine ?) oscillant perpétuellement entre la rigolade et le serrement de coeur.

Les trois gamins sont parfaits, avec une mention spéciale pour le petit, avec ses yeux de chien battu et ses bonnes joues, qui doit ressembler à Bouli quand il était petit, tellement il m'y a fait penser... Les adultes sont soit étranges (le personnage joué par marthe keller), soit absents (la mère, qu'on ne verra jamais), soit affreux (tous les autres). Grandir, ça veut forcément dire ressembler à ca ? On comprend que les gamins aient les boules et préfèrent prendre la poudre d'escampette...

19762456

Je viens de voir sur allociné (c'est maintenant aussi une chaîne de canals*t) une interview promo de Bouli himself, barbu hirsute, casquette, lunettes de soleil frime, bref total look fondant pour moi... Quest-ce qu'il est bien cet homme!

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