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lieux communs (et autres fadaises)
30 juillet 2014

micro135

 

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Avant que l'univers existe, il y avait quoi ?
(ça me tourmente)

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pluie, pluie, pluie
canicule
pluie pluie pluie...

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j'ai une autonomie d'éveil de 5h maxi

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quel plaisir de manger ses propres tomates-cerises!

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déjà troisième semaine de juillet, et pourtant
nulle vague tristesse ne vient voiler mon coeur
(hihi)

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toujours pas de roses-trémières jaunes

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oui, un été bien pourri, mais qu'importe

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"Colette, t'as des panini ?"

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"payer sans marchander le prix exorbitant de la beauté"

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Tomtom nous a conduits sans hésiter
jusqu'à l'Hôtel des Savoies, rue de la Charité

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I will explain everything to the geeks
I will explain everything to the geeks
(ad lib)

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Manue aime les Figolu.

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J'avais envie de lire du Simenon
A Emmaus, ils avient justement l'intégrale en 25 volumes
et j'ai donc tout acheté

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Combien de temps faut-il pour lire 20000 pages ?

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30 juillet 2014

photographies

BOYHOOD
de Richard Linklater

Deux heures quarante-cinq ? Vous rigolez , on n'a pas vu le temps passer...
Sauf que si,eh eh,  justement,  on n'a fait que ça, parce que c'est le sujet  du film et son matériau même, oui, on n'aura vu que ça, que ce gamin couché dans l'herbe, au début du film, à 6 ans, qui va se mettre ensuite à grandir quasiment à vue d'oeil, comme dans ces images scientifiques accélérées de fleurissement des plantes ou de n'importe quel autre processus naturel et pas forcément visible à l'oeil nu (sauf, peut-être exceptionnellement pour un observateur trèèèèèèèèèèèès patient), et ce même Mason, douze ans (et presque trois heures) plus tard, qui, majeur, quitte la chaleur du foyer dans son vieux pick-up pour voler enfin de ses propres ailes... Entre ces deux poses, on l'aura vu, précisément,  grandir, et sa soeur, et sa mère, et son père, et son beau-père, et son autre beau-père (mais pas tous en même temps),  et c'est indiscutablement ce qui rend ce film si fascinant, de les voir, tous ces personnages, vieillir, au même rythme, ce qui les rend si attachants, comme si on était un bibelot posé sur la cheminée et qu'on les observait, mine de rien, et qu'on  finissait par faire quasiment partie des meubles de la famille.
Oui, on les aura vus grandir en vrai, puisque le film s'est étiré sur douze ans, en temps "réel"), chaque année occasionnant le tournage de quelques scènes où l'on perçoit -ou pas- l'évolution de chacun, comment le temps a passé, pour lui, pour elle, pour eux, et, comme dans nos vraies vies à nous, à chacun(e), comment, finalement, subsistent dans la mémoire des temps forts (ruptures, crises, scènes, cris, colères, déménagements, séparations) mais aussi, en contrepoint (en contrepoids ?) des moments plus anecdotiques, plus tendres, plus doux, plus "creux" en apparence, comme chacun de nous en a dans sa mémoire. (Pourquoi mémorise-t-on, inexplicablement -et tout aussi définitivement- certains instants fugitifs où presque rien ne s'est passé en apparence, et pourtant qui restent imprimés, qu'on n'oubliera jamais ?).
Je l'ai déjà écrit et répété : pour moi la famille est quelque chose d'exotique, un objet de curiosité, de fiction quasiment, et donc, comme dans ce cas précis, un parfait sujet de film. D'autant plus qu'aux événements disons, inévitables de ce genre de saga (mariages, naissances, séparations, remariages, décompositions/recompositions familiales) et "générales", le réalisateur a rajouté des choses plus accidentelles, même si parfois récurrentes (la bibine, l'enseignement, les bagnoles, la photographie), plus "individualisées". Que, visiblement chaque personnage a plus ou moins apportées avec lui. Ou proposées au réalisateur. Dans les interviews, du réalisateur ou de Patricia Arquette, il apparaît que le travail d'écriture s'est, de plus en plus, effectué collectivement. Richard Linklater savait grosso modo les éléments qu'il souhaitait voir figurer dans son récit -dont il connaissait, par exemple, très précisément la fin-, mais, au fil des années, le travail scénaristique s'est semble-t-il élaboré de plus en plus collectivement, à la "famille fictive" du film correspondant une "famille réelle", composée des mêmes mebres que l'autre, mais qui avaient à chaque fois "grandi", en vrai, depuis le dernier épisode (muri, changé, évolué...) et faisaient des propositions en conséquences (ne serait-ce que  par leur physique ou  leur jeu).
Une autre chose importante (un autre choix fort) c'est que les "tranches" successivement ne soient jamais marquées nettement, ni datées, ni... tranchées explicitement. Au spectateur d'être attentif et de se faire sa propre chronologie (mais, sauf au tout début, c'est généralement assez facile), et, attentif, et je vous promets que je l'ai été ! je ne pense pas avoir manqué ne serait-ce qu'une seconde de cette histoire, tellement je trouvais ça bien.
Et à cette fameuse dernière scène (et même, et surtout, à l'avant-dernière) je peux vous dire que les larmes me sont venues aux yeux, wouf! comme ça sans que je m'y attende, tellement j'avais l'impression, magie du cinéma, que c'était mon grand fiston à moi qui fêtait son diplôme, ce gamin que j'avais quasiment vu grandir comme ça, wouf! en deux heures quarante et quelques, et devenir ce grand beau jeune homme piaffant de dix-huit ans qui n'allait pas tarder à disparaître de ma vie, après toutes ces années passées ensemble...

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28 juillet 2014

sparte et athènes

AU PREMIER REGARD
de Daniel Ribeiro

Oh que voilà un petit film doux pour les vacances,  une histoire simple, racontée avec ce soupçon de langueur typiquement brésilienne qui en fait tout le charme... Si j'étais de mauvaise humeur, j'aurais pu dire que ça ressemble à une histoire d'amour entre deux jeunes escargots, filmée en temps réel. (Le temps qu'ils y arrivent enfin, on aurait le temps de regarder un autre film, commencer une partie de scrabble, lire ses mails, etc. C'est comme Jeanne d'arc ou La dernière tentation..., on sait comment ça finit, forcément, alors on s'impatiente. Ou on pourrait.)
Sauf que j'ai envie de tout sauf d'être méchant, alors je parlerai d'atermoiements, de premiers émois adolescents, de regards sur la différence, de clin d'oeil aux teen-movies, de gentils (le héros, aveugle, sa copine d'enfance, et le nouvel arrivant, joliment frisotté, qui fait chavirer les coeurs et attise toutes les convoitises), contre le(s) méchant(s) (le vilain blond à cheveux gras -dans un film brésilien, forcément, ça fait tache-, mesquin, homophobe, méprisant, affreux, et tout et tout, avec toute sa bande, qui, bien sur, vont ennuyer notre  héros, le bousculer dans les toilettes, se moquer de lui, lui en faire voir de toutes les couleurs, etc.)
Mais l'amouûûûûûûûr bien évidemment sortira vainqueur de toutes ces turpitudes et ces malversations et autres manigances infâmes.  Ceux deux jeunes gens sont tous les deux gentiment pédés, même s'ils ne le savent pas encore, ils s'aiment chacun de leur côté sans oser se l'avouer, chacun craignant que l'autre ne l'aime pas, ne soit pas pédé, ne s'enfuie en hurlant s'il l'apprend, alors forcément, ça prend du temps, même si, si, si, vraiment il n'y a pas de doute pour le spectateur!, et c'est la bonne copine qui doit faire un peu le messager d'amour entre les deux tourtereaux hésitants et rosissants.
Donc, une petite douceur exotique et refraîchissante, pas trop trop alcoolisée, genre mojito ou capirinha légers, à siroter (j'allais écrire suçoter) indolemment à la paille, allongé dans son hamac, avec chapeau de paille bien évidemment, dont le seul défaut, finalement, est d'avoir été vue juste avant Boyhood, et d'en avoir donc conséquemment quand même un peu pâti...

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25 juillet 2014

elevator

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Oh oh
Voilà, c'est fini.
La saison 4 de Louie, 14 nouveaux épisodes que j'ai tenté de fair durer le plus longtemps possible, mais, même en se restreignant, les meilleures choses ont forcément une fin...
Exit la chanson ("Louie Louie Louie Louaaah") du générique de debut, il n'y a plus qu'un sobre "Louie" en blanc sur fond noir qui s'inscrit sur l'écran.
On l'avait laissé en Chine (à la fin de la saison 3), mais depuis il est revenu à NY, est toujours comedian, a toujours deux filles, une ex-femme, des potes avec qui il joue au poker, et des femmes dont il tombe amoureux. (Enfin, il n'y en a pas tant que ça, quatre au plus je pense, dont une tout au long de 6 épisodes! (Dans cet "arc", intitulé "elevator" (ascenseur) il fait la connaissance d'une jeune hongroise qui vit avec sa tante dans un appartement voisin, cette cellule familiale étant particulièrement émouvante cinéphiliquement parlant, puisque Louis C.K fait cohabiter dans cet appart' en tant que tante et nièce deux membres de deux autres familles de cinéma célèbres : Ellen Burstyn, (la maman de L'exorciste) et Eszter Balint, (la cousine de Stranger than paradise) qui se termine par un épisode -et une scène- d'anthologie tellement ça réussit à être touchant sans, justement, forcer du tout sur le lacrymal). Tout en délicatesse, dans un restaurant hongrois...
Oui, c'est très particulier, cette façon de remplir chaque épisode avec une, deux, trois histoires qui n'ont pas forcément grand-chose à voir (et sont toujours coupées avec un abrupt délicieux) ou bien au contraire de décliner la même problématique sur deux (les balances) trois (paméla) voire, six (elevator) épisodes consécutifs. Avec ce ton que j'adore vraiment,  alternant cet humour vache (plus lorsqu'il est sur scène que dans sa "vraie" vie), et ses déclinaisons : noir, absurde, à froid, vulgaire, incorrect, mais toujours avec, juste à côté, des grosses bouffées de tendresse et d'émotion qui vous font vous retrouver, fondant et rose comme un gros chamallow, la larme à l'oeil devant votre écran.
Louie met en scène sa vie, ou quelque chose qui y ressemble, et l'exercice d'auto-fiction est périlleusement maîtrisé, de par les libertés qu'il s'autorise (autant avec ce qui est montré qu'avec ce qui est dit, et même avec le rythme proprement dit). En ne semblant parler que de lui, ou presque, il réussit pourtant à élargir  le cadre, d'une façon impressionnante. Quasiment vertigineuse.
Louie a mal au monde, et le monde a mal à Louie. Gentiment, mais systématiquement. La famille, les potes, les enfants, les conquêtes, les spectateurs, les collègues, les voisin(e)s, les docteurs, les serveurs, les dealers, les proviseurs, les profs de science, les ex, tout y passe (en revue) mais sans qu'il (Louie) prétende pourtant à chaque fois y apporter une solution (ou un remède). Ce qui coince, ce qui grince, ce qui dérape, ce qui fait défaut... Le constat est drôle, la plupart du temps,  dérangeant parfois, émouvant souvent, mais toujours unique, en tout cas.
Oh Louie, je croise les doigts pour la season 5!

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24 juillet 2014

vive la vacance 3

toujours du cinéma...

 

 

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23 juillet 2014

vive la vacance 2

et si on essayait la fonction "panoramique"...

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22 juillet 2014

vive la vacance 1

variations pour vitre avant-gauche de voiture, averse, roses trémières et mise au point...

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22 juillet 2014

les quatre pieds blancs

L'HOMME QU'ON AIMAIT TROP
d'André Téchiné

Finalement, les films, c'est mieux de ne pas trop les attendre. (Comme dirait Snoopy, "Qui n'espère rien n'est pas déçu..."). Par exemple, ce dernier film de Téchiné que je n'avais pas trop envie de voir, de par son thème et les échos que j'en avais, j'en sors, et bien je dois dire que c'est plutôt une bonne surprise.
Je précise que téchiné et moi c'est une longue histoire d'amour cinéphile, je le suis comme on dit "depuis ses débuts" et plusieurs de ses films sont pour moi autant de pics cinématographiques : Souvenirs d'en France (est-ce que quelqu'un va enfin un jour se décider à le ressortir en dvd ?), Barocco, Les roseaux sauvages, Le lieu du crime, Hôtel des Amériques... Bon, André et moi, c'est tout de m^me une histoire de 40 ans, une amitié amoureuse, avec des hauts et des bas, comme toute liaison qui perdure... avec, il faut le reconnaître, sur les derniers films, un peu plus de bas que de haut, ou une certaine tiédeur de ma part. J'y suis allé, à chaque fois, parfois par envie et d'autres par habitude (c'est un peu pareil avec Woody Allen).
"un film de fiction basé sur des faits réels" . Mmmh, il l'avait déjà fait pour La fille du RER, et le résultat ne m'avait pas enthousiasmé. L'affaire Le Roux/Agnelet, j'en ai vaguement entendu parler, je sais qu'il y a eu trois procès, que le cadavre n'a jamais été retrouvé, et c'est tout. Je ne connaissais pas du tout l'arrière-plan financier (casino et gros sous), et j'ai donc regardé ça comme une histoire inventée, comme un film "normal", et c'est plutôt pas mal : Deneuve chamarrée en patronne de casino, Canet cintré en costume trois-pièces, et, surtout Adèle Haenel, teinte en brune (et qui a plutôt très bien grandi depuis Naissance des pieuvres) en héritière manipulable. et on retrouve même, dans le rôle du chauffeur (je lis attentivement les génériques), Mauro Conte, ce jeune et charmant rital qui jouait déjà dans Impardonnables, le précédent Téchiné... (mmmh mmh, moi, je dis ça je dis rien, hein...).
Il s'agit donc, surtout, comme souvent chez Téchiné, d'une histoire d'amour, (et même, bien sûr, d'amour malheureux), conjuguée à la tout aussi habituelle  problématique des relations familiales difficiles (ici, entre mère et fille). Oui, j'ai donc fait abstraction de la "réalité" (effets divers) pour ne m'attacher qu'au film proprement dit, à ses qualités d'écriture et de mise en image (de fort élégants mouvements de caméra au-dessus du vide, notamment, viennent ainsi, de temps en temps, aérer le récit et en accentuer le malaise.)
Guillaume Canet compose, sobrement, un personnage assez ambigument lisse (lissement ambigu ?) dont on se demande, tout compte fait, comment il peut bien provoquer de telles commotions amoureuses, face à une Adèle Haenel que j'aime toujours autant, à la fois frondeuse et fragile, méfiante et crédule, tout ça sous le regard impérial (et de plus en plus inquiet) de l'impériale Catherine (qui a tourné une sacré flopée d'excellents films avec notre ami André T.)
C'est le genre de film dont on sait a priori, et encore plus paradoxalement ici, dès le début comment ça va finir (elle disparaît, et ce n'est ici un spoiler pour personne j'espère!) et j'aurais donc bien aimé que le film s'achève sur cet énigmatique plan de jet d'eau, sur cette absence, sur cette disparition...
J'avoue que la dernière partie, genre "hmm années ont passé..." n'est, pour moi, ni la plus palpitante et la plus indispensable (je trouve toujours les maquillages de vieillissement plutôt pénibles, et, ici, Canet s'en sort presque mieux que Deneuve, en sur-vieillie à canne et perruque grise), mais, heureusement une très jolie scène de flash-back (qu'on n'attendait quasiment pas) vient parapher plutôt gracieusement l'ensemble.

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21 juillet 2014

pointe de flèche

BLUE RUIN
de Jeremy Saulnier

Ce film avec une très belle affiche, je l'avais depuis quelques temps déjà dans mon 'dinateur (mon dieu mon dieu comment était-il arrivé là ?) je l'avais pris sans trop savoir ce que c'était, et Hervé avait un peu éclairé ma lanterne en me précisant qu'il l'avait vu à Câânnes l'année précédente, et que c'était "quelque chose"... j'en avais même regardé un peu le début (il y était question d'un sdf qu'une fliquesse gentille vient réveiller un matin dans la voiture pourrie dans laquelle il dort pour lui apprendre que le mec qui a tué ses parents vient d'être libéré de prison...)
Et je m'étais arrêté là.
(C'est mieux de découvrir les films en vrai dans le bôô cinéma -ou un autre-.) Et comme il passait à Besançon, nous y sommes allés, avec Dominique. Pas de surprise, ça commence bien pareil, c'était bien le même film, bon, une histoire de vengeance, sauf que déjà le mec qui veut se venger, il est... pathétique. Pas du tout genre Bronson ou Steven Seagal ou Bruce Willis (les gros biscotos et la tronche burinée, bardés d'explosifs, de certitudes, et de testostérone), non non, pas du tout. Ce mec-là, il a ce truc qui lui tombe dessus (l'obligation viscérale de se venger) et pour lui alors c'est très compliqué, parce qu'il ne sait pas trop comment faire, ni comment se procurer une arme, ni s'en servir, ni viser correctement : il est exactement comme moi je serais si je devais me venger et trouver un flingue pour ce faire). Le principe de réalité est strictement respecté.
Le film  démarre au petit trot, on suit ce pauvre zigueà la trace, les choses, bien entendu, ne se passent jamais vraiment comme prévu, mais, bon, le méchant est occis (pas très proprement), sauf qu'on en est à peine à 20 minutes de film, et qu'on se demande alors comment le réalisateur va bien pouvoir remplir le temps qui reste...
Fort logiquement, il va le faire.
Dans cette Amérique où la vengeance appelle la vengeance et le fait d'être armé est quasiment un devoir. Et la famille une institution primordiale. Car si Dwight, notre héros, en a une, résiduelle (ne restent plus que sa soeur et l'enfant de celle-ci), le tueur lui aussi en a une, mais bien vivante elle, mère, frères, soeurs, un vrai nid de vipères (et vipéreaux) qui vont récupérer  avec fureur cette hache de guerre qui vient d'être déterrée, pour la renvoyer à qui de droit, tout aussi furieusement. Avec un peu plus d"éaln, même. Un genre de lutte tribale va donc se mettre en place, où à un mauvais coup ping! d'un côté va répondre aussi sec un autre, pong! venant d'en face. Et, bien évidemment, plus ça progresse, et plus ça s'envenime, et plus on est scotché. A la fois par les surprises et autres retournements de situation, qu'ils soient juste scénaristiques ou complaisamment sanglants (souvent les deux, d'ailleurs), mais aussi -surtout, et plus subtilement- par la façon dont  le réalisateur conduit son récit (et de la façon dont il met en scène ses personnages, mais comment il les observe aussi ).
On serait quasiment à première vue dans une chronique hyper-réaliste sur les déshérités de l'Amérique profonde (bâillements...), sauf que pas exactement. Parce que traitée d'une façon qui fait y regarder à deux fois : c'est malin, c'est roublard, c'est très intelligent et surtout terriblement efficace! (Et ça donne très envie de voir le premier film de Jeremy Saulnier, Murder party, jamais sorti chez nous). Une couche de réel, une couche de violence, une couche d'humour (noir), et on recommence...
Mais si le travail du réalisateur mérite des compliments, il ne faudrait pas non plus oublier l'acteur principal, Macon Blair, qui "porte" le film sur ses petites épaules maigrichonnes, et nous livre une performance bluffante, de bout en bout.  Cet aspect désespérément "Monsieur tout-le-monde" (une fois qu'il a quitté sa défroque initiale de sdf) accentue encore la fragilité du personnage, et c'est sans doute ce qui fait sa force affective. Au milieu de ce  catalogue des armes, des munitions, et des différentes façons de faire bien mal à son prochain, il s'avère réellement... désarmant!

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17 juillet 2014

traitement des abstractions

ZERO THEOREM
de Terry Giliam

"Braziiiiiiil tchh tchh tchh, tililalilalilalilala..." (air connu auquel on ne peut pas ne pas penser). Terry Giliam is back, avec un film qui , oui, évoque furieusement un autre de ses films... Il y a des modes cinéphiliques, des courants mouvants d'adoration, puis, refluant, de détestation, des chapelles et des querelles y afférant. Comme il est désormais bien venu d'abhorrer, au hasard, Peter Greenaway, il semblerait qu'il en irait de même, dorénavant,  pour notre ami Terry G. (Bon c'est vrai, tout ça est très humain, par exemple, en ce qui me concerne, n'ai je pas fait passer, par exemple,  Wim W. du plus élevé des podiums olympiques au plus tristounet des culs-de-bass-fosse  ? oui oui c'est vrai j'avoue...)
Pour ce film-là, il semble que tout le monde ou presque lui soit tombé dessus à bras raccourci, plaf!, comme un seul homme. Et boum, volée de bois vert, on prend un air pincé, on décoche un coup de pied à l'homme à terre et on part sans se retourner, en chantonnant que c'était mieux avant. Mais bon, il y a des réalisateurs, comme ça, qui mériteront longtemps mon indulgence, et Terry en fait partie (ne serait-ce que pour avoir réalisé le sublime FisherKing, même s'il n'était pas, lui non plus, "exempt de défauts"...).
Alors, ce Théorème, vraiment zéro ?
C'est vrai, le démarrage en est un peu pénible, c'est vrai Christopher Waltz n'était peut-être pas forcément le choix qui s'imposait, c'est vrai que tout le début paraît encombré (le décor, la déco, l'intrigue, les dialogues...) et encombrant, c'est vrai, c'est vrai, mais pourtant il y a là-dedans une cohérence interne, une homogénéité de la vision de cet univers giliamesque, univers futuriste (!) totalitaire concentrationnaire étouffant, mi-orwellien, mi-kafkaïen, et un si splendide entêtement à nous tendre dans le miroir l'image du mur dans lequel on fonce la tête baissée, qu'on ne peut qu'y être sensible.
Une belle obstination, oui. Belle comme Mélanie Thierry. Déguisée comme Tilda Swinton. Costumée comme Matt Damon. Même si on ne comprend pas toujours exactement tout ce dont il est question (d'autant plus que jai piquouillé du nez juste un peu au début), qu'on ne comprend pas forcément l'enjeu, (et qu'on s'en fout un peu d'ailleurs, aussi) c'est quand même un film en définitive assez plaisant (ma voisine n'arrêtait pas de glousser), un bric-à-brac, une machinerie, un pop-up "estival", dirons-nous, qui, même s'il ne marquera pas une date primordiale dans l'histoire du cinéma, mérite toutefois qu'on le regarde avec une bienvieillante* attention.

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* : bienvieillant (à la relecture), c'est quand on est comme moi : d'un certain âge, mais aussi d'assez bonne humeur ...

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