camphrier
013
SEJOUR DANS LES MONTS FUCHUN
de Gu Xiaogang
C'est un peu surprenant lorsque, à la fin d'une film chinois de 2h30, on voit, juste avant le générique de fin, apparaître la mention "fin de la première partie"... Ni Dominique ni moi n'étions au courant de la chose...
Un beau et ample film chinois (une histoire de famille comme je les aime, (quatre frères, leur mère, leurs épouses et leurs enfants) avec des thématiques chinoisissimes (démolition / reconstruction, politique nataliste (ou pas) du gouvernement, tripots et jeux clandestins, recherche du jour parfait pour célébrer quelque événement que ce soit, étalages de plats qui font saliver, fêtes familiales avec distributions obligatoires de cadeaux à des gens qui disent "Il ne fallait pas" mais qui les prennent quand même, difficultés de communication entre parents et enfants, grand-mère qui s'achemine lentement vers Alzheimer et la maison de retraite qui va avec, oui, tout ça et surtout surtout SURTOUT l'argent, le flouze, les yens, les pépettes, les ligatures de sapèques (avez-vous lu le Juge Ti ?), l'oseille l'artiche la fraîche, qui semble être le centre d'intérêt, le moteur (et le sujet de conversation) de tous ces gens-là...). L'argent est omniprésent comme le fleuve Fuchun, semble nous dire le réalisateur.
Avec un traitement de l'image idem (se rapporte à "chinoisissime", quelques lignes plus haut), avec la bonne nouvelle que ce film-ci est non seulement moins désespéré que les quelques précédents vus auparavant (Le lac aux oies sauvages, An elephant sitting still) mais semblerait presque... guilleret par rapport aux susdits (je ne sais pas pourquoi, ça m'a quasiment plutôt fait penser à un film japonais, une histoire de famille à la Kore-Eda).
On suit avec attention (avec intérêt, avec bienveillance) les histoires de ces gens, avec l'intérêt supplémentaire de profiter régulièrement des paysages dont le réalisateur a su régulièrement illustrer son propos (le fleuve Fuchun y a une place prépondérante), d'autant plus intéressants qu'ils sont filmés au fil des saisons (j'entends déjà à l'avance s'extasier certain(es) spectateurs-trices sur les mêêêrveilleux paysâââges, dans les files d'attente, quand le film sera projeté au FICÂÂÂ, ce qui serait d'ailleurs amplement mérité, et ils auront raison...).
Bref (...) Les deux heures trente s'écoulent comme une rivière tranquille, paisiblement, superbement.
Oui, ce qu'on appelle un "beau film". Très beau (et très doux, ce qui est somme toute relativement rare pour un film chinois). Encore plus fort lorsqu'on sait qu'il s'agit d'un premier film. (Et que le réalisateur a à peine trente ans!)
Et donc on attend la suite...